Thierry Lévy est mort le 30 janvier 2017.
Je déambulais et soudain j'ai appris la terrible nouvelle. Un ami cher venait de disparaître.
Le 10 février 2008 j'avais écrit sur ce blog un billet : "Vraiment Maître", dans lequel j'analysais et célébrais l'avocat incomparable qu'il était.
Le 1er mai 2015 il m'avait fait la grâce d'un entretien sur ma chaîne YouTube. Saisi, je l'avais découvert avec les stigmates d'une grave maladie et quand il m'a quitté, il a rassuré mon inquiétude avec un sourire dont j'espérais n'avoir pas à suspecter la sincérité. Ses réponses, au cours de notre échange de 45 minutes, ont été éblouissantes d'intelligence, de profondeur et de provocation stimulante. Beaucoup d'avocats m'ont fait savoir qu'ils avaient entendu un "Maître" et un exemple.
Un dîner où nous l'avions convié, il y a quinze ans. Nous quittant, avec un sombre satisfecit il me déclare : "Tu es le seul magistrat avec lequel je consente à partager le pain et le sel".
Ce n'était pas un vain mot de sa part. Le signe que, pour ses appétences et ses choix, il ne transigeait sur rien. Et que le bonheur était d'avoir été élu.
On ne fait pas le tour de son immense personnalité en la réduisant à sa part judiciaire et à ses combats contre la prison et, plus généralement, à sa détestation de tout ce qui de près ou de loin apparaissait comme une répression. On devine comme nos philosophies pénales étaient opposées mais cet antagonisme n'avait pas la moindre importance parce que j'estimais trop la force de son engagement, la puissance de sa pensée, la singularité de sa démarche pour me préoccuper de ces divergences. J'admirais son éloquence, la plus belle langue du barreau, son refus absolu du narcissisme, du cynisme et de la médiatisation judiciaires, sa solitude hautaine mais jamais condescendante, cette capacité inouïe qu'il a eue toute son existence de ne jamais laisser sa personne se dégrader en personnage, l'avocat tourner à l'histrion même talentueux. Jamais Thierry Lévy n'a pu être pris en flagrant délit de représentation de soi. L'orgueil de défendre, jamais la vanité d'être.
Un avocat d'exception.
Si Thierry Lévy a été ce professionnel à l'envergure indépassable, c'est qu'il était irrigué, nourri et sublimé par la densité et la culture de l'intellectuel, la passion de l'écriture et le génie de l'écrivain capable aussi bien d'essais fulgurants sur la justice et la société que de développements complexes et riches sur l'art de convaincre ou d'une biographie magnifique, pour finir, de sa mère Rose. Rien de ce qui relevait du registre de l'esprit et de la sensibilité, malgré l'apparence parfois roide qu'il affectionnait pour décourager les importuns, ne lui était étranger.
Je le vois, je l'entends, dans certaines émissions rares où il acceptait d'aller - notamment "Ce soir (ou jamais !)" chez Frédéric Taddéï - avec son air indigné ou serein, jamais méprisant, et sa concentration intense dans l'écoute et pour sa réplique qui allait surgir, le plus souvent grave mais parfois lestée d'une ironie décapante et sans merci. Là où il intervenait, la futilité et la superficialité s'effaçaient.
De sa bouche, de son intelligence ne sortaient jamais les banalités que l'univers médiatique impose pourtant même aux invités les plus libres, les plus rétifs. Il n'avait peur de rien parce qu'il avait une indicible confiance, sans arrogance, en son courage de penser et de dire. Cette extraordinaire indépendance qui lui était consubstantielle, il ne la déniait pas aux autres et ce n'est pas de lui qu'auraient pu surgir des menaces de judiciarisation de la pensée.
La liberté d'expression qui était la sienne à laquelle il ne dérogeait jamais et qui me touchait d'autant plus qu'elle était tendue vers la vérité, était inséparable d'une infinie faculté de compréhension et d'écoute. C'est en ayant bénéficié souvent de cette dernière que je lui ai dédié en connaissance de cause mon livre sur Robert Brasillach : "A Maître Thierry Lévy qui comprend tout et n'a peur de rien".
Un intellectuel d'exception.
Dans les notices nécrologiques (Le Monde, Le Figaro) qui lui ont été consacrées, aussi complètes qu'elles soient, manquaient forcément l'intimité de l'amitié, la douceur et la fraternité de liens irremplaçables, aussi rarement qu'ils aient pu se manifester à la fin de sa vie.
Ce sont les instants magiques glissés entre les obligations, nos déjeuners qui restent le plus intensément gravés dans ma mémoire parce que Thierry m'offrait ce dont naturellement il disposait et usait à profusion, avec une générosité de coeur et d'esprit qui me laissait reconnaissant et comblé.
Je ne tiens pas pour rien la complicité joyeuse, les rires qui permettaient à notre relation de jouer sur toute la gamme. Je n'oublie pas la tendresse et la fierté du père quand il évoquait ses enfants, et comme il était heureux alors d'en côtoyer deux qui avaient choisi comme lui - grâce à lui ? - la splendide mission de parler pour les autres quand elle n'est pas dévoyée ni assumée médiocrement. Je retiens encore les confidences jamais impudiques sur un compagnonnage amoureux qui le montrait toujours plus inquiet pour l'autre que pour soi.
Thierry Lévy n'était pas de ces amis qui se contentent des mots de l'amitié sans en donner les preuves. Je me rappelle, lors de l'ignominieuse attaque de Francis Szpiner à la suite du premier procès Fofana, qu'il était immédiatement accouru à ma rescousse, me proposant d'engager, avec son aide, une action qui aurait mis au jour les facettes multiples de l'avocat de la mère d'Ilan Halimi. Je n'avais pas osé, j'étais encore avocat général, et je me suis contenté du processus disciplinaire.
Mais il avait été le premier.
Au cours de ces deux dernières semaines, je l'avais eu au téléphone et sa voix affaiblie m'avait angoissé. Il répondait moins vite à mes SMS. Mon ultime question : tu ne me mens pas, tu vas bien, ce n'est pas la suite du cancer ? Mais non, Philippe, je vais bien.
C'était tout lui que ce voile jeté sur le trouble, la possible tristesse de l'autre, pour les étouffer.
Un ami d'exception.
Thierry Lévy n'a pas cessé de tenir les promesses qu'il s'était faites à lui-même, de rigueur, d'intégrité et de solitude si la vie sociale le contraignait à des compromissions. J'ose à peine l'exprimer tant il aurait en horreur un extrémisme de la louange, même le plus sincère qui soit. Je me risque. Je l'ai fréquenté, écouté, aimé comme s'il me présentait, parfois, le modèle de ce que j'aurais désiré être avec une rectitude et une liberté dont lucidement, par comparaison avec lui, je m'avouais n'incarner que des brouillons.
Je revois son visage puissant, fier, inoubliable.
Et je me souviens.
Pourquoi ne pas admettre que certains êtres ont deux faces, je salue son antisarkozysme, sa culture, son intelligence mais sûrement pas cet air si inquiétant, effroyable même quand il parle d'amour avec les enfants... Dans cette émission télévisée il était terrifiant, métallique.
Et vive Christiane Taubira. Qui est ce sylvain qui se permet de l'insulter elle, sûrement un nain de jardin, comme son cher Sarko.
Rédigé par : Zorro | 05 décembre 2021 à 17:58
Un article d'exception
L'homme de Strasbourg
Rédigé par : HAMANN Marius | 13 février 2017 à 16:46
Sur un plateau télé, Monsieur Lévy n'avait pas hésité à parler de sexualité différente à propos de pédophilie. L'avocat semblait avoir définitivement franchi le pas entre tentative de compréhension de la psychologie et des mobiles de ces auteurs d'actes criminels avec l'excuse pure et simple.
Cette façon de relativiser un crime qui détruit l'être humain, dont la sexualité en devenir est soudainement fracassée par un prédateur, était particulièrement choquante.
A l'heure de la criminalité organisée en réseaux et de certaines élites s'estimant au-dessus des lois, on n'a pas le droit à ce type de phrases, d'autant plus que ce Monsieur était un professionnel de la parole.
Rédigé par : Raphael | 06 février 2017 à 09:35
@Savonarole | 04 février 2017 à 19:26
J'avoue que je ne connaissais pas Thierry Lévy sous cet angle pas très flatteur pour lui.
Rédigé par : Achille | 04 février 2017 à 21:26
Qu'on m'apporte mon Bourdaloue !
https://m.youtube.com/watch?v=yi7XPB3fc3c
Rédigé par : Savonarole | 04 février 2017 à 19:26
@ Patrice Charoulet
L'important est que vous ayez certainement donné envie à des gens de lire Bourdaloue.
Cette malheureuse affaire Bourdaloue me fait penser que certains patronymes sont durs à porter et qu'il est dommage qu'il soit si dur d'en changer, en France. Et qu'outre la discrétion, ou la décision de se réinventer en fonction de son histoire, de ses idées, ou des deux, les noms de plume ou les pseudos évitent à des gens d'être attaqués pour cette cause ou de similaires.
Rédigé par : Noblejoué | 04 février 2017 à 18:19
Cher PB,
Je viens de lire votre livre dédicacé "A Maître Thierry Lévy qui comprend tout et n'a peur de rien".
J'ai pensé, lors de mes pauses de lecture, à vos deux personnalités, si originellement différentes et finalement si proches : c'est votre belle histoire. Une belle histoire que Robert Brasillach n'aura pas connue mais qui m'évoque "Notre histoire", celle d'Hélie de Saint Marc et August von Kageneck (présentée par Etienne de Montety). Il y a des hommes qui sont grands, plus grands que d'autres, et ça fait plaisir d'en rencontrer de temps en temps.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 04 février 2017 à 14:18
@Savonarole
Cher anonyme, vous avez raison, un bourdaloue est un pot de chambre. Ouaf, ouaf, ouaf ! Un rien vous amuse. Je redis qu'en principe, on ne pourrait pas rire de votre nom de famille, à moins de le connaître.
Le plus grand orateur sacré du XVIIe, selon Mme de Sévigné, qui n'est pas une autorité pour vous, si elle en est une pour moi, a eu la chance de ne pas s'appeler le P. Connard ou le P. Cocu. On aurait pu bien rigoler.
Le thème de notre hôte était un portrait d'un grand avocat, d'un grand orateur ("la plus belle langue du barreau", selon Ph. B.), pas les pots de chambre.
Je continuerai à vénérer le P. Bourdaloue, bien qu'il vous fasse penser à un vase de nuit. Chacun son univers. Lisez-le donc, sur Gallica. C'est gratuit et cela ne peut vous nuire.
Je ne me dissimule pas qu'on va vous louer, ici, une fois de plus, pour votre grand humour - vous avez un fan-club des deux sexes - et qu'on va me dénigrer pour mon manque absolu d'humour. Tant pis.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 04 février 2017 à 10:05
Merci Monsieur Bilger pour ce très beau portrait d'un avocat d'exception, le seul à avoir refusé de plaider aux assises comme partie civile, sachant sans doute que son talent aurait alourdi la condamnation.
Je recommande la lecture du livre "Convaincre", rédigé avec Jean-Denis Bredin. Un dialogue éblouissant sur l'éloquence.
Rédigé par : Kanji | 04 février 2017 à 08:35
Je me suis laissé dire que Jean d’Ormesson voulait que ce soit Philippe Bilger qui prononce son oraison funèbre quand le moment sera venu.
Rédigé par : Achille | 03 février 2017 à 22:56
@ duvent | 03 février 2017 à 19:54
Je ne remets pas en cause le très bel hommage de monsieur Bilger. Mais voilà... Bon allez, faisons silence. Il saura le plaider là ou il est.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 03 février 2017 à 22:02
@Patrice Charoulet | 03 février 2017 à 15:59
Bourdaloue ? J'en ai un en faïence de Gien, sous mon lit.
Rédigé par : Savonarole | 03 février 2017 à 21:32
Cher Philippe Bilger,
Quel bel hommage à votre ami.
Toutes mes condoléances.
Rédigé par : George | 03 février 2017 à 21:07
@hameau dans les nuages
Ce que j'en connais moi, c'est à peu rien si ce n'est cet hommage vibrant de M. Bilger, et cela me suffit pour reconnaître dans ce solitaire egregius, une personne digne du respect que l'on doit aux disparus, qu'ils soient des nôtres ou qu'ils soient ceux des autres.
Rédigé par : duvent | 03 février 2017 à 19:54
J’avoue humblement ne pas avoir connu médiatiquement ou même me souvenir de M° Thierry Lévy, et vos mots me le font regretter.
Monsieur Philippe Bilger vous lui rendez un très bel hommage, dont on peut être certain qu’il n’a rien de convenu. Pour vous les qualités cet homme priment de loin sur vos divergences passées, et en cela il en est d’autant plus émouvant.
Rédigé par : Trekker | 03 février 2017 à 19:26
Patrice Charoulet, que votre langue est douce... à lire.
Rédigé par : stephane | 03 février 2017 à 18:09
Je ne le connaissais que par la télévision, mais je l'avais repéré comme quelqu'un de différent, dont on attendait le tour de parole avec la certitude qu'on entendrait une voix qui n'était celle de personne d'autre. Impossible de balayer son avis comme on a si souvent envie de le faire de tous ces experts et prêcheurs qui hantent les plateaux de télévision. Sous ses airs glacés, il nous servait une pensée concise, mais bien sentie, quitte à déranger. On se demandait s'il était misanthrope ou si au contraire, il exerçait sa profession comme un sacerdoce. Il avait le côté aristocratique des gens qui ne craignent pas de déplaire.
Encore un vieux de la vieille qui s'en va, de ceux dont nous avons pourtant besoin pour qu'ils nous surprennent et nous sortent de l'uniformisation des esprits dans laquelle nous baignons.
Rédigé par : Lucile | 03 février 2017 à 17:19
@ duvent | 03 février 2017 à 09:43
"Je salue ici la mémoire d'un homme que je ne connaissais pas et qui s'appelait Me Thierry Lévy."
Etrange épitaphe.
Je ne connais de lui qu'une intervention télévisée de 2011 m'ayant laissé un goût amer dans la bouche et un silence de plomb sur le plateau.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 03 février 2017 à 17:19
J'ai dit et je répète que votre portrait de TL est un chef-d'oeuvre.
Plusieurs ont évoqué l'Aigle de Meaux. Pourquoi pas ?
Dix-septiémiste avant tout, j'ai lu quantité d'éloges funèbres de Mascaron, de Fléchier, de Bourdaloue et de... Bossuet, "l'Aigle de Meaux" (relire sa correspondance avec Fénelon, "le Cygne de Cambrai", sur Gallica).
L'esprit était tout différent. Pour au moins deux raisons. Primo, c'étaient des éloges contraints et très rarement sincères. Secundo, l'intention était fondamentalement religieuse : cela se terminait par Dieu.
Dans le cas d'espèce, rien de tel. La qualité de la langue est bien là, mais le ressort n'est nullement religieux. Il est triple : estime, respect et amitié.
Votre mérite est d'autant plus grand que les positions de TL étaient à mille lieues des vôtres.
Cela va se terminer par le Quai Conti, si je ne me trompe.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 03 février 2017 à 15:59
Très bel hommage, Monsieur Bilger.
Toutes mes condoléances à vous.
Rédigé par : Camille | 03 février 2017 à 12:38
@Patrick EMIN | 02 février 2017 à 16:46
"J'aimerais bien écrire comme vous quand mes amis seront morts."
Vous pensez donc survivre à tous vos amis ?
Rédigé par : Antoine Marquet | 03 février 2017 à 12:09
@duvent
Je ne parlais pas pour Maître Lévy, mais par exemple Mitterrand que tout le monde encense.
Je me suis toujours demandé et me demande encore comment Christian Didier a pu trouver l'adresse de Bousquet et faire venir les journalistes aussi rapidement.
Me justifier serait fillonniser.
Rédigé par : stephane | 03 février 2017 à 11:04
@Catherine JACOB | 02 février 2017 à 17:23
"Je crois qu'au fond vous devez être très malheureux à crachouiller tout le temps sur tout le monde à l'exception de Sarko."
Non pas vous ! Dire à quelqu'un qui ne bêle pas avec le troupeau qu'il doit être malheureux, c'est l'argument répété ad nauseam sur tous les sites et blogs quand on est en panne d'arguments ; ne vous rabaissez pas au niveau de ces petits surfeurs insignifiants du Net !
Crachouiller ? Vous êtes bien gentille, par politesse je ne dirai pas ce que je ferais effectivement sur tous ces guignols crétinisés incapables de la moindre liberté de penser par eux-mêmes ; vous connaissez le fameux "j'irai cracher sur vos tombes", eh bien moi je ferai mieux : "j'irai c... sur vos tombes ! Complétez à votre guise.
Sarko ? trop mou ! Le Pen ? trop molle ! Je rêve d'un Trump à la tête du pays ! Poutine à la rigueur. Merci d'être passée, c'est trop d'honneur que vous me faites.
Rédigé par : sylvain | 03 février 2017 à 10:35
@ stephane
"Les autres, n'en faites pas trop quand même et pour certains, acceptez que sylvain ait un avis autre que le vôtre. J'apprécie sa capacité à exprimer ses perceptions et le décès ne transforme pas une crapule en saint homme. Je ne dis pas cela pour Maître Lévy."
Je crois que mon commentaire et celui de Catherine JACOB ont été les seuls à manifester un désaccord avec celui de sylvain.
Catherine JACOB étant toujours mesurée dans ses propos, je suppose que vous faites allusion à mon commentaire plus particulièrement.
Tout d'abord, vous êtes comme votre protégé, étroit dans votre analyse ; puis vous avez la prudence, après avoir insulté par insinuation la mémoire d'un homme (que vous avez peut-être connu...) en utilisant le mot de "crapule", de vous couvrir par votre prudence hypocrite.
Ainsi, je maintiens que je n'accepte pas, que je n'accepterai pas de lire ce genre de propos dans ces circonstances.
Pour plusieurs raisons, la première étant que je respecte l'affliction de M. Bilger.
Ce que vous appelez, relativement aux interventions de sylvain, "un avis" ou "ses perceptions", ne sont que l'expression d'une sottise crasse dont votre protégé nous abreuve.
Il semble qu'il soit au-dessus de ses capacités de laisser l'instant du recueillement hors de ses propos bas et haineux.
Je salue ici la mémoire d'un homme que je ne connaissais pas et qui s'appelait Me Thierry Lévy.
Rédigé par : duvent | 03 février 2017 à 09:43
C'était votre ami, cher P Bilger, et un ami, un vrai, ça ne se discute pas ! Bel hommage ! Encore une fois : "Parce que c'était lui, parce que c'était moi !"
Ne le connaissant qu'à travers ses interventions télévisuelles, je ne l'appréciais pas : trop péremptoire, trop sûr de sa propre vérité, souvent sectaire et cassant, persuadé à l'excès de la justesse de ses jugements et de ses combats.
Une flamme sombre et tourmentée qui a brûlé trop vite.
Cordialement
Rédigé par : boureau | 03 février 2017 à 08:57
Que Philippe Bilger parle ainsi de son ami, c'est bien, cela recadre les vraies valeurs à défendre.
Les autres, n'en faites pas trop quand même et pour certains, acceptez que sylvain ait un avis autre que le vôtre. J'apprécie sa capacité à exprimer ses perceptions et le décès ne transforme pas une crapule en saint homme. Je ne dis pas cela pour Maître Lévy.
C'est comme maintenant, il n'y a plus que des mitterrandistes, peu de droite comme de gauche soulignent le malhonnête homme que ce fut, même s'il a tenu son rang, dans vingt ans il y aura de plus en plus de sarkozystes et il y aura peut-être même des fillonnistes.
On se croirait chez Drucker à voir ce concours d'allégeance.
Rédigé par : stephane | 02 février 2017 à 23:57
Ca fait deux billets que j'attends celui-ci.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 février 2017 à 23:15
@sbriglia | 02 février 2017 à 14:19
Il fallait le rappeler, c'est aussi un très bel hommage.
Rédigé par : Giuseppe | 02 février 2017 à 20:20
Parfait éloge funèbre, Monsieur Bilger, qui pourrait être prononcé devant le cercueil de Maître Lévy et que le commentaire de sbriglia | 02 février 2017 à 14:19 complète de manière parfaite.
Que rajouter de plus quand on ne connaît cet homme que par ses interventions publiques ? Qu'il s'agit d'un vrai "maître du barreau" qui a fait honneur à sa profession et qui mérite l'hommage que vous lui rendez.
Rédigé par : Robert | 02 février 2017 à 18:00
Que voici une oraison funèbre digne de l'"Aigle de Meaux".
"Tu es le seul magistrat avec lequel je consente à partager le pain et le sel"
Comment mieux dire tant de choses suspendues entre les lignes.
@Véronique Raffeneau | 02 février 2017 à 12:48
Ah, une revenante.
@ sylvain | 02 février 2017 à 08:43
Ne pas apprécier les gens n'oblige en rien à dire du mal d'un défunt. Cela a été de tout temps dans notre culture et dans d'autres.
Je crois qu'au fond vous devez être très malheureux à crachouiller tout le temps sur tout le monde à l'exception de Sarko.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 février 2017 à 17:23
Très bel hommage, et beau commentaire aussi de sbriglia.
On se dit après leur lecture que cet homme va beaucoup manquer à ses proches, même s'il est certain que sa mémoire comblera généreusement leur perte.
La mort poursuit son oeuvre de destruction.
RIP
Rédigé par : Herman Kerhost | 02 février 2017 à 17:12
Il y a plus admirable encore que le portrait d'un ami par Philippe Bilger, c'est sa capacité à accepter les voix discordantes dans ce moment de recueillement. Ayant eu des échanges un peu vifs avec lui hors de ce blog, je dis que ce genre de comportement de sa part dépasse de loin nos désaccords en rendant futiles les sujets sur lesquels ils portaient.
Rédigé par : stephane | 02 février 2017 à 17:00
J'aimerais bien écrire comme vous quand mes amis seront morts.
Rédigé par : Patrick EMIN | 02 février 2017 à 16:46
@Philippe Bilger
Très ému par votre bel hommage.
Rédigé par : caroff | 02 février 2017 à 16:08
Cela me rappelle ces quelques mots du cardinal Lustiger à la fin de sa vie : "Malheureusement, le temps va me manquer".
Rédigé par : anne-marie marson | 02 février 2017 à 15:43
Cher PB,
Merci pour ce billet exceptionnel, qui nous permet de partager votre grande peine. Je lirai "20 minutes pour la mort", avec le souvenir des émissions de Frédéric Taddéï où j'ai appris à connaître et à apprécier votre ami disparu.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 02 février 2017 à 15:04
Jamais, sans doute, dans la longue histoire judiciaire, ne fut prononcé par un magistrat un tel hommage à un avocat.
Que les opinions de l’un et de l’autre soient diamétralement opposées, sur la politique pénale pour l’essentiel, ne fait que renforcer la puissance de l’oraison.
Bienheureux, dans leur douleur, les fils qui ont suivi le sillon et qui reliront et feront lire aux générations suivantes ce texte magnifique, où, à chaque phrase, s’élève le souffle puissant de l’amitié.
Il y a plus de quarante ans, les jeunes avocats que nous étions, voyions, les jeudis, débouler en la bibliothèque de l’Ordre les douze secrétaires de la promotion de Thierry Lévy : chacun de nous était fasciné par le masque hiératique de ce jeune secrétaire, glaçant par son autorité naturelle et son regard fiévreux, les pauvres candidats se liquéfiaient à sa vue et regardaient ailleurs pendant leurs discours, les candidates se pétrifiaient devant son œil infirme… Quelques mois après, il assistait au pire de la vie d’un avocat, la décapitation de deux hommes qu’il n’avait pu soustraire à cette abomination, malgré leur crime, malgré son talent et celui de Rémi Crauste.
Désormais, devant ses yeux, il y aura, pour toujours, les têtes tranchées de Buffet et Bontems… nous les suivants, les petits, les sans grade, ne pourront jamais porter cette croix.
Une des dernières photos de lui le montre chauve d’une cruelle chimio, tel Nosferatu, étranger à notre petit et dérisoire quotidien, tel qu’en lui-même l’éternité va le changer.
Il fut l’insolente exigence dont parlait Stephen Hecquet, celle des Hervé Catta, cette génération qui n’enfantera plus que des nains, et à laquelle j’appartiens.
« Ah, juges de tous les âges et de toutes les nations, magistrats blanchis sous l’hermine et sous l’obéissance, jurés gris et tristes, pris dans vos gilets de laine et vos élans de haine, venez voir vos victimes, car voilà votre vérité : ceux que vous avez tués ne sont pas morts. Vous les avez déshonorés, et ils sont l’honneur du monde ».
Que Saint Louis vous bénisse, Philippe, pour votre texte sublime.
Rédigé par : sbriglia | 02 février 2017 à 14:19
"A Maître Thierry Lévy qui comprend tout et n'a peur de rien"
Je veux ajouter que pour le lecteur de "20 minutes pour la mort" que je tiens pour votre livre le plus essentiel, le plus important, cette phrase adressée à Thierry Lévy était une sorte de viatique car les gouffres et les précipices que vous exploriez dans ce livre consacré au procès Brasillach me faisaient peur.
En effet, de quoi pouvait avoir peur, qu'est-ce que Thierry Lévy n'aurait pas pu comprendre de la noirceur et de la détresse les plus absolues, lui qui jeune avocat avait accompagné et soutenu le pire : une exécution capitale.
C'est enveloppée de cette compréhension, de l'humanité de Thierry Lévy que j'ai lu ce grand livre.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 02 février 2017 à 12:48
Ignorant qui était Maître Thierry Lévy, en lisant ce texte on se dit qu'on aimerait bien aussi être l'ami de Philippe Bilger.
Peu d'hommes offrent une oraison pareille à leur ami défunt.
Rédigé par : Claude Luçon | 02 février 2017 à 12:27
Je ne le connaissais pas mais ce vibrant hommage rassure sur l'amitié et les sentiments humains. Un peu de sincérité revigore !
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 02 février 2017 à 11:19
Il est des êtres assez bas pour ne pas se taire lorsque la fin d'une vie survient.
Il est des êtres assez vils pour ne pas respecter le chagrin des autres.
Il est des êtres assez rustres pour ne pas comprendre la condition humaine.
Sylvain, taisez-vous !
Rédigé par : duvent | 02 février 2017 à 11:03
"...Victor Hugo dit : « Il faut que l’herbe pousse et que les enfants meurent. » Moi je dis que la loi cruelle de l’art est que les êtres meurent et que nous-mêmes mourions en épuisant toutes les souffrances pour que pousse l’herbe non de l’oubli mais de la vie éternelle, l’herbe drue des œuvres fécondes, sur laquelle les générations viendront faire gaiement, sans souci de ceux qui dorment en dessous, leur « déjeuner sur l’herbe »..."
Le Temps Retrouvé
Sincères condoléances.
Rédigé par : Aliocha | 02 février 2017 à 10:53
Votre portrait de TL est un chef-d'oeuvre.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 02 février 2017 à 10:22
La mort est devenue, bien plus qu'une barrière physique, une barrière intellectuelle. Toute vie devrait, au nom de la République, s'arrêter à la fin de l'existence. Alors, on ne prie plus qu'en cachette pour le salut de l'âme des êtres même les plus chers.
Jadis on allumait des chandelles près du corps du défunt, puis sur sa tombe comme on le fait encore chez les orthodoxes, puis des cierges pour favoriser l'élévation de la prière, car c'est la prière ou seulement la pensée pour les morts qui serait un soutien au maintien de son âme au ciel.
Tout cela n'avait pas qu'un sens symbolique, mais relevait d'un rapport effectif avec l'âme des morts.
Alors, relisons le très beau texte de P. Bilger, pour ce qu'il est en réalité : une prière pour le salut de l'âme de son ami, car c'est ce qui l'a rendu si touchant et qui nous invite par la même à entrer en communion avec lui.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 02 février 2017 à 09:51
Tout est changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n’est pas encore (Épictète)
Rédigé par : duvent | 02 février 2017 à 09:42
"Mais non, Philippe, je vais bien."
Dans ces quelques mots, se trouve l'ultime refuge d'un malade qui lutte de toute ses forces et qui met toutes ses forces dans la lutte contre la maladie. Le malade préfère couper court à la discussion qui pourrait s'engager, qui lui coûterait des forces, qui lui rappellerait son état désespérant. La fuite dans la solitude est alors préférable.
Dans le monde virtuel, on peut changer de pseudo, se refaire une nouvelle identité, redémarrer une nouvelle partie ; dans la vraie vie, ce n'est pas possible, on assume autant que possible, jusqu'au mensonge s'il le faut, avant de remettre son âme à Dieu. Adios Thierry Lévy, Vaya con Dios.
Rédigé par : vamonos | 02 février 2017 à 09:20
Bonjour,
Quand j’ai appris le décès de Thierry Lévy, j’ai pensé que vous lui consacreriez un beau billet afin de lui rendre hommage.
Perdre un ami cher est toujours un déchirement. Je m’associe à votre tristesse.
Rédigé par : Achille | 02 février 2017 à 09:15
Magnifique hommage M. Bilger.
Merci pour ces superbes lignes qui constituent aussi un témoignage réconfortant sur le genre humain.
Rédigé par : Michel Deluré | 02 février 2017 à 09:08
MAGNIFIQUE hommage que vous rendez là à un être également MAGNIFIQUE.
Rédigé par : Jérôme Lyothier | 02 février 2017 à 08:47
Mouais ! Un être d'exception ! En effet il était exceptionnel surtout en antisarkozysme paranoïaque quand il défilait en boucle sur les plateaux télés pour vomir son fiel sur Sarkozy et ses supporters ; je me souviens lors d'une émission chez Taddéï, sa haine, ses rictus grimaçants envers Alain Bauer nous rappelaient ces images sinistres des procureurs soviétiques déchaînés contre leurs cibles.
Thierry Lévy fera partie de la longue liste de ceux qui ont massacré la justice, la vraie, celle que les citoyens normaux réclament ; depuis Badinter, les juges de gauche, le SM d'extrême gauche, Taubira, encore un nom à graver sur le fameux mur de la honte judiciaire.
Rédigé par : sylvain | 02 février 2017 à 08:43