Il faut s'évader parfois de ce qui sépare, oppose et nourrit les controverses. En gros, des sujets politiques. Cela fait du bien. C'est une forme d'hygiène. Le consensus comme un repos, comme une caresse de l'âme et de l'esprit.
Il vaut mieux se tourner vers l'art, par exemple la peinture.
A peine ai-je écrit cette phrase que je songe à Bernard Buffet dont je suis allé voir la très belle exposition qui lui était consacrée au Musée d'Art Moderne de Paris.
S'il est un peintre qui a suscité les passions, c'est bien lui. Les uns l'admirent, sont fous de ses tableaux, de sa représentation du monde et de la vie. Les autres (mon épouse par exemple !) le détestent, lui dénient tout talent pictural et le jugent d'une pauvreté insigne dans ses visions et son schématisme.
J'appartiens à la première catégorie et je n'ai jamais pu me défaire, bien au contraire, d'une familiarité profonde avec la manière dont cette personnalité appréhendait les choses, les êtres, les paysages, le quotidien de l'existence, les séquences festives ou terrifiantes, tout ce qui suscitait sa curiosité au sein d'une modernité dont il distinguait les figures principales et ciblait aussi les horreurs passées ou présentes.
Buffet style unique, en effet. Car, malgré ses évolutions, l'audace avec laquelle il passait d'un genre à un autre, d'une géométrie aux couleurs pâles et retenues à un chromatisme désiré criard avec les phases intermédiaires qui l'avaient conduit de l'une à l'autre - il faudrait être un peintre soi-même pour bien nommer l'infinie richesse de la palette des tons -, Bernard Buffet a un style unique parce que celui-ci est reconnaissable entre tous, quel que soit le sujet, quelle que soit la diversité des thèmes abordés.
Il y a des artistes qui encombrent notre vision avec une multitude de détails, éprouvent le besoin de ne jamais abandonner l'effervescence, le désordre, la surabondance qui sont inscrits au coeur du temps, dans le jour et la nuit de notre rapport au monde.
Certes, chez les plus grands, l'art procède toujours à une recomposition, à une remise en ordre, l'oeil est source de cohérence mais jamais cette volonté ne doit faire perdre au réel sa saveur, son caractère hétérogène, complexe, éparpillé, éclaté, qu'il s'agisse de l'humain ou de la matière.
Chez Bernard Buffet, il est fascinant de constater l'inverse. De relever avec quel soin, quelle économie apparente de moyens mais quelle obstination, quelle philosophie, il a pris le parti, constamment affirmé, malgré les variations de ses humeurs et de ses teintes, d'épurer le réel, de réduire les visages, la matérialité, les objets, les scènes, la nature, à leur essence, à leur structure ; pour, en quelque sorte, concilier la contingence du singulier avec la permanence de ce qui le sous-tend. Sous l'éphémère, l'éternel. Sous la poussière d'aujourd'hui, la constance de toujours. Sous les visages, le visage. Sous les choses, la chose et sous les paysages, le paysage à la fois reconnaissable et typique.
Bernard Buffet est le peintre d'une puissante et omniprésente généralité jamais dégradée par l'irruption d'un obligatoire particulier presque obscène avec son évidence. Il ne chasse pas totalement le second mais donne toute sa place à la première qui nous protège contre l'angoisse de l'éparpillement.
Il est clair que, pour porter aux nues Buffet comme je le fais, je ne dois pas être dénué d'une pathologie qui renvoie à la peur, à la hantise d'une inventivité et d'une imprévisibilité telles qu'elles feraient disparaître l'archétype sous le type et le nécessaire sous le contingent. Pour certains dont je suis, le fouillis de l'existence dissimule plus qu'il ne révèle.
Un artiste - qui se soucie de l'ossature, ne prend pas les êtres et les choses comme ils sont mais les résume, les simplifie, les décape du superflu pour les conserver dans l'état où ils ont dû être avant que le temps infléchisse les lignes, perturbe les stabilités et suscite l'inquiétude parce que l'indestructible, à cause de lui, devient corruptible -, celui-là n'est pas n'importe qui. Il y a pour tel ou tel tableau du Van Gogh en lui, comme lorsqu'avec âpreté, ce génie étouffait, par exemple, le caractère trop réel de la chaise, sous une représentation qui la tord, torture, pour lui arracher son intolérable spécificité.
Bernard Buffet a été un pessimiste qui s'est servi de la peinture afin de pouvoir supporter le monde le plus longtemps possible. Réduit à presque rien. Dans une nudité sans indulgence ni empathie. Avec une lucide mélancolie.
Tant de chocs, tant de merveilles dans ce catalogue que j'ai sous les yeux.
Comment ne pas être saisi notamment par Déposition de Croix, en 1946, Le Buveur, en 1948, Autoportrait, en 1949, La Crucifixion, en 1951, Horreur de la guerre, en 1954, Tête de clown, en 1955, La Mer, en 1960, La Corrida, en 1966, Les Folles, en 1970, La Harpiste, en 1991 ?
J'ai souvent formulé cette réflexion stupide face à certaines oeuvres qui à mon sens semblaient résulter d'une fantaisie erratique facile à copier : "Je pourrais le faire", puisque l'art authentique a pour principale caractéristique d'être profondément inimitable.
A ceux qui pourraient être tentés de me suivre dans cette ineptie pour Bernard Buffet, je me contenterai de leur dire : "Allez-y, faites-le".
Et ils feront amende honorable.
Parce que Buffet style unique.
La transformation progressive et accélérée des musées en grandes surfaces culturelles obligent à faire de "l'événementiel" (c'est l'art qu'on assassine). Donc on fait semblant de redécouvrir des artistes oubliés. Et on réveille à nos souvenirs des morts qu'on ferait parfois mieux de laisser dans l'oubli. Des artistes français bien de chez nous bien sûr.
Actuellement en magasin on trouve du Buffet style lourdingue dont les aplats de couleur et le trait façon BD en font davantage un dessinateur qu'un peintre. Hier on avait droit à du Bazille passablement pompier. Avant-hier sur le marché, il y avait du Caillebotte qui ne sait pas peindre l'eau et qui se perd dans ses verts, mais c'est pas grave, il fait très bien les parquets.
Soyons juste, parfois l'événementiel permet de découvrir des artistes attachants, comme Albert Besnard, portraitiste hors pair. On a beau sucer les os, on voit bien qu'après la période impressionniste, la peinture française n'occupe plus vraiment le devant de la scène.
Balthus avait raison quand il critiquait les musées transformés en hall de gare et cette massification qui tue tout. De nos jours, on fait un musée, une expo, comme on fait des crêpes.
Rédigé par : Raphael | 11 mars 2017 à 23:33
@ isa
"Voilà ! Nous nous sommes éloignés du billet du jour, j’espère qu’on nous le pardonnera !"
Je pense. On n'a après tout pas médit ni calomnié personne et les gens ont pu s'instruire sur un sujet connexe à la création : sa diffusion.
En tant que la personne la plus intéressée dans l'affaire, je vous prie de bien vouloir agréer mes remerciements pour avoir bravé la contrariété supposée de notre hôte pour le léger écart par rapport au sujet, et surtout pour les renseignements que vous m'avez apportés ainsi que l'amabilité avec laquelle vous l'avez fait.
@ Trekker
@ agecanonix
Je crois que Bergé n'est ni un Pygmalion trouvant de nouveaux talents, ni un parasite vivant au dépens des talents.
Pour moi, c'est un turbo, un multiplicateur de force pour un auteur : il s'occupe de la partie commerciale de l'oeuvre, ce qui fait que l'autre peut créer sans s'occuper de rien. C'est si vrai qu'il paraît que dans la couture, des binômes ont cherché à faire pareil, un couple où l'un crée et l'autre entreprend de commercialiser l'oeuvre de l'autre.
Mais bon, les gens aiment chercher la faille dans les couples. Il y a aussi que l'entrepreneur est souvent soupçonné d'exploiter, fût-ce son conjoint, et enfin que les amants dont nous parlons sont homosexuels... En fait, il est plus moral et plus profitable d'aimer l'art et l'artiste et l'argent, et en somme, jouir et faire jouir de tout, et je ne crois pas Bergé dénué de bon sens et de moralité.
Si on voulait trouver un défaut à Bergé, ce ne serait pas son manque de loyauté, mais son caractère épouvantable.
Il y avait une pub assez drôle, un lion rugissant sur une femme pour une bouteille d'eau, je crois. Eh bien, la dame surenchérissait et prenait la bouteille. C'est ce que mériterait Bergé : que quelqu'un lui réponde dans son ton, ou bâille à l'une de ses colères.
Cependant, comme il ne semble plus qu'il en fasse à des amants eux-mêmes tout aussi caractériels, mais à des gens subordonnés d'une manière ou d'une autre, cela n'arrivera pas.
Tant mieux pour les obligés de Bergé, tant pis pour lui, dans la mesure où l'impuissance ressentie par les gens augmente leur ressentiment donc leur injustice à son égard comme sa propre absence de limite.
Rédigé par : Noblejoué | 11 mars 2017 à 22:11
@Noblejoué
Faire traduire un livre n’est pas le travail de l’auteur, et ce n’est pas financé par lui. Quand vous êtes auteur d’un livre publié chez un éditeur français, appelons G votre éditeur, en faire la promotion auprès des éditeurs étrangers est le travail de G. Il y a des réseaux pour ça. Et aussi, les éditeurs étrangers ont des correspondants qui les informent des parutions en France et font des propositions. Vous êtes en contrat avec G, vous ne vous occupez de rien.
Si G « vend » votre livre à un éditeur étranger (disons E, cet éditeur E verse une somme à G, qui est partagée entre l’auteur (vous) et G. Cela signifie que vous (et G) cédez les droits de publication dans la langue étrangère à E. Cela fait l’objet d’un contrat d’éditeur à éditeur. A partir de là, E cherche un traducteur pour votre livre, et c’est E qui rémunérera ce traducteur (en général avec un à-valoir + un pourcentage sur les ventes après parution). Les éditeurs ont leur vivier de traducteurs.
Donc on envoie rarement son livre « à l’aventure », ce qui ne marcherait d’ailleurs que très difficilement. Evidemment il y a le cas où vous publiez votre livre « à compte d’auteur », c'est-à-dire que vous êtes votre propre éditeur. A ce moment-là, c’est en effet à vous de chercher, mais ce n’est pas facile car les éditeurs sont frileux par les temps qui courent. Il vous faut trouver l’éditeur étranger qui a la ligne éditoriale correspondant à votre livre, puis en effet le contacter si possible dans sa langue mais en général ça marche en anglais aussi. Dans ce cas précis et plus rare et plus difficile, le BIEF (Bureau International de l’Edition Française) peut sans doute aider à trouver l’information.
Pour un texte autre qu’un livre, le système est différent, c’est au nombre de mots ou à la page (25 lignes de 60 signes et espaces), et là le prix est fonction d’un tas de paramètres : la langue cible, la nature du texte… Il y a par exemple la Société française des traducteurs (SFT) qui peut renseigner, ou pour un texte littéraire l’ATLF. Ils ont des sites internet et on peut les contacter par ce moyen.
Voilà ! Nous nous sommes éloignés du billet du jour, j’espère qu’on nous le pardonnera !
Rédigé par : isa | 11 mars 2017 à 19:53
@ agecanonix | 11 mars 2017 à 12:44
« Voulez-vous dire que Pierre Bergé est un envoûteur qui dévoile les talents et égare les brebis ? »
Pierre Bergé est certes un envoûteur hors pair, mais surtout bien connu pour tondre - financièrement - les brebis sur qui il jette son dévolu : de Bernard Buffet en passant par Jean Giono, à Yves Saint Laurent, cet homme à toujours su choisir des brebis qui contribueront à l’édification de sa fortune.
Rédigé par : Trekker | 11 mars 2017 à 19:45
@ isa
Je n'ai pas de question précise sur la traduction de livre ou trop. On m'a déjà un peu répondu, soit un auteur fait apprécier son livre et une maison d'édition le fait traduire, soit il fait traduire son livre et envoie son texte à l'aventure.
On m'a dit aussi qu'il fallait demander un devis.
Mais là, je me demadais si on écrivait en français à un éditeur étranger, ou dans sa langue - ce qui repose la question de la traduction.
A propos d'écrire à des éditeurs, j'en viens à me demander si l'auteur est le mieux armé pour ça, s'il ne faut pas demander à quelqu'un d'autre de rédiger un texte pour un ou des éditeurs, étant donné que dans la vie, tout le monde prône la sincérité mais qu'elle est souvent punie.
Bref, que de questions !
Et il est bien possible que je ne pose pas les bonnes.
Rédigé par : Noblejoué | 11 mars 2017 à 13:28
@ Patrice Charoulet | 10 mars 2017 à 16:56
Voulez-vous dire que Pierre Bergé est un envoûteur qui dévoile les talents et égare les brebis ?
Rédigé par : agecanonix | 11 mars 2017 à 12:44
Buffet, je comprends.
Mais Bontems, qu'est-ce qu'il avait fait ?
Vous qui êtes un spécialiste du monde judiciaire ?
Rédigé par : Jean-Yves BOUCHICOT | 11 mars 2017 à 07:46
@genau | 10 mars 2017 à 19:37
Quel rapport avec mon témoignage ?
D'autant qu'aucune comparaison possible entre Marguerite Maeght femme de bon sens, sans artifice et très humaine bien que dotée d'un caractère difficile et votre Staline qui à ma connaissance a ouvert plus de goulags que de galeries d'art et a pourchassé plus d'un artiste, jugé dissident, là où les Maeght, au contraire, les protégeaient, faisaient connaître leurs oeuvres et avaient créé à leur usage exclusif une fondation demeurée célèbre.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 10 mars 2017 à 22:40
@Noblejoué
Je lis que vous avez une question à propos de la traduction d'un livre. J'avoue qu'elle m'a échappé, il y a tant de sujets qui s'entrecroisent ici (c'est d'autant plus intéressant, d'ailleurs). Pourriez-vous la reformuler ? J'ai peut-être la possibilité de vous renseigner.
Rédigé par : isa | 10 mars 2017 à 21:56
@ Mary Preudhomme
Savez-vous, la boutique, c'est comme cela que Staline appelait le Parti "lavotcha" je crois.
Rédigé par : genau | 10 mars 2017 à 19:37
@ kmn(jlm)
Certains prétendent collaborer avec vous et vous laissent au milieu du gué, d'autres, comme vous, conseillent ceux envers lesquels ils n'ont aucune obligation.
Merci.
Rédigé par : Noblejoué | 10 mars 2017 à 18:08
@ Patrice Charoulet
En plaçant le débat à cette altitude, ne craignez-vous pas de manquer d'oxygène ?
Rédigé par : Lionel Treno | 10 mars 2017 à 17:25
@Robert Marchenoir
"Buffet venait de quitter Pierre Bergé"
Complétons. Pierre Bergé l'a remplacé par Yves Saint Laurent. Et, à présent, Pierre Bergé raffole de Macron.
Le changement dans la continuité.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 10 mars 2017 à 16:56
J'avoue ne pas apprécier outre mesure la peinture de B. Buffet, peinture devant laquelle je ne ressens pas de sensations particulières si ce n'est qu'elle tend à me mettre mal à l'aise.
Mais il est vrai qu'il y a peut-être de mauvaises raisons, surtout pour le profane que je suis, de ne pas aimer tel ou tel peintre.
Sans doute suis-je après tout comme la plupart des gens, non connaisseurs, qui aiment trouver dans un tableau ce qu'ils aiment en fait dans la réalité, ce qui est conforme à l'idée, forcément subjective, qu'ils se font du beau.
Rédigé par : Michel Deluré | 10 mars 2017 à 09:17
@Noblejoué
Au fait, avez-vous trouvé une réponse à votre question concernant le coût d'une traduction ? En fait la procédure à adopter consiste à trouver la maison d'édition étrangère prête à éditer votre livre qui se chargera elle de trouver la personne adéquate pour le traduire. Sinon vous demandez un devis à plusieurs agences de traduction.
PB, je partage l'avis de votre épouse et préfère par exemple James Ensor pour sa peinture du triste spectacle du monde.
Rédigé par : kmn(jlm) | 10 mars 2017 à 07:17
Buffet réinvente la thématique culpabilisante d'un monde clos, et remet en question la démarche spirituelle de notre condition. Mais la contemplation de ses toiles me donne très vite envie d'aller ailleurs voir autre chose.
Rédigé par : Lionel Treno | 10 mars 2017 à 03:08
@ Claude Luçon
"...y figurait un grand tableau de Turner, un coucher de soleil sur la mer dans des tons de jaune, orange et rouge. Fabuleux !…"
Bien dommage que ce tableau n'ait pas figuré dans l’exposition au Grand Palais en 2010. Ses oeuvres exposées étaient majoritairement de style académique, certes quelques-unes penchaient un peu vers l’impressionnisme.
@ boureau
Totalement d’accord avec vous sur votre appréciation de cette exposition : peu d'œuvres majeures et sélectivité trop axée sur un certain style, espaces bien trop restreints surtout au regard de la foule présente.
"Toute la tristesse de cette fin de siècle imprègne totalement son œuvre. Pessimistes s'abstenir sinon c'est la morbité immédiate. Buffet me fait penser à Yukio Mishima ou Henry de Montherlant : même distanciation hautaine, même raideur, même orgueil de soi, même rejet d'un monde qu'ils méprisent, même fin tragique…"
Très bonne définition de l’oeuvre de Buffet, je comprends d’ailleurs fort bien que la tristesse suintant de ses oeuvres et leur graphisme puissent susciter le rejet chez certains.
@ Savonarole
"Le second tableau affiché me fait terriblement penser à François Fillon au réfectoire de la prison de la Santé.(…) Dans la foule des visiteurs, tout juste à côté de moi, le juge Tournaire contemplait ce tableau silencieusement…"
Seriez-vous dans votre période Charlie Hebdo style feu Cabu ?
Rédigé par : Trekker | 09 mars 2017 à 23:49
@Trekker
@Claude Luçon
Déçu de l'exposition Turner au Grand Palais en 2010.
D'abord peu d'œuvres majeures de ce grand peintre. Ensuite un parti pris d'œuvres sombres et académiques. Et donc pas les fameux jaune/orange/rouge chers à Claude Luçon et couleurs fétiches de Turner.
De plus, il y avait un monde fou, dans des espaces fermés trop restreints ce qui ne permettait pas une pleine appréciation des œuvres. Dommage !
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 09 mars 2017 à 21:17
Un autre regard.
http://marthouret-peinture.com/l-art-du-faux.htm
Rédigé par : Giuseppe | 09 mars 2017 à 21:00
"S'il est un peintre qui a suscité les passions, c'est bien lui. Les uns l'admirent, sont fous de ses tableaux, de sa représentation du monde et de la vie. Les autres (mon épouse par exemple !) le détestent, lui dénient tout talent pictural et le jugent d'une pauvreté insigne dans ses visions et son schématisme."
Il m'ennuie, c'est grave, docteur ?
Rédigé par : Noblejoué | 09 mars 2017 à 20:37
@ Trekker | 09 mars 2017 à 15:58
Pendant trois ans à Londres, mon bureau était à Berkeley Square, non loin de la National Gallery, y figurait un grand tableau de Turner, un coucher de soleil sur la mer dans des tons de jaune, orange et rouge. Fabuleux ! Je retournais souvent le contempler, le genre de tableau qui vous agresse l'âme, qui me sortait de ce monde d'acier qui était le mien la plupart du temps.
Imaginez une plate-forme de forage au milieu de la mer du Nord déchaînée !
Pourtant, qui sait, Turner en aurait peut-être fait un tableau émouvant.
Buffet ne me déplaît pas, à le voir on penserait qu'il a commencé par le dessin industriel, mais par sa rigueur, il ne m'inspire pas. Il a l'âme trop sombre, lui agresse par sa tristesse et je ne pourrais pas rester assis devant un de ses tableaux cinq minutes comme devant mon Turner.
Rédigé par : Claude Luçon | 09 mars 2017 à 20:08
Buffet style unique.
Parlons plutôt de graphisme (talentueux ô combien) que de peinture en ce qui concerne Buffet.
Toute la tristesse de cette fin de siècle imprègne totalement son œuvre. Pessimistes s'abstenir sinon c'est la morbité immédiate.
Buffet me fait penser à Yukio Mishima ou Henry de Montherlant : même distanciation hautaine, même raideur, même orgueil de soi, même rejet d'un monde qu'ils méprisent, même fin tragique...
Pour sortir du Barnum actuel de l'art moderne (sic) avec ses bulles spéculatives, ses escroqueries, ses manipulations, cher P Bilger, allez passer quelques jours à Florence - avec votre épouse - pour retrouver les génies de la peinture. Et la cuisine florentine c'est quelque chose !
Ou, au choix, un week-end à New York pour s'émerveiller de la Frick Collection (10av 70th) : dans des décors un rien précieux, une des plus belles collections au monde des peintres des 17ème et 18ème siècles. Rarissime !
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 09 mars 2017 à 18:43
A la fin des années soixante, j'ai travaillé deux ans à la Galerie Maeght, située à l'époque à l'angle de la rue de Téhéran et de l'avenue de Messine. Il y avait aussi une annexe rue Treilhard, et l'imprimerie rue du Bac. Sans parler de la Fondation à Saint-Paul-de-Vence.
J'en ai vu défiler des "artistes" à l'époque, d'authentiques, de moins bons et de très mauvais. Sans vouloir citer d'autre nom que celui de Chagall dont j'ai gardé un souvenir merveilleux... Et côté technicien Claude Gaspari un photographe de talent qui opère toujours.
Néanmoins, question clients, une majorité de snobinards ignares (en dépit d'un phrasé digne du Bourgeois gentilhomme) qui achetaient n'importe quoi.
Marguerite Maeght, une femme de caractère qui ne connaissait rien à l'art, contrairement à son mari Aimé, ne désignait la galerie de la rue de Téhéran que par le terme on ne peut plus commun sinon vulgaire de "la boutique". C'est dire !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 09 mars 2017 à 17:09
La peinture, c'est comme la musique, une question d'émotivité en voyant un tableau ou en écoutant un morceau. Cela ne s'explique pas tant c'est personnel et intime. Et, parfois, comme c'est le cas pour les tableaux de Bernard Buffet, seuls quelques-uns trouvent en nous une résonance. J'aime particulièrement ceux sur le cirque, le clown musicien ou la harpiste mais aussi la Montagne Sainte-Victoire, les natures mortes ou les visages de femmes épurés mais qui restent esthétiques.
"Bernard Buffet a été un pessimiste qui s'est servi de la peinture afin de pouvoir supporter le monde le plus longtemps possible."
Fort heureusement tous les pessimistes ne se suicident pas, sinon par les temps qui courent il y aurait des dégâts.
Si les artistes n'étaient pas des écorchés vifs, ils ne seraient sans doute pas des artistes géniaux à la sensibilité à fleur de peau... et on peut aimer leurs oeuvres sans pour autant être des inconditionnels de leur personnalité. Pour ma part, je désarticule les deux.
Merci en tout cas de nous avoir créé cet intermède artistique.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 09 mars 2017 à 17:03
"Un artiste - qui se soucie de l'ossature, ne prend pas les êtres et les choses comme ils sont mais les résume, les simplifie, les décape du superflu..."
Ce que vous dites me fait penser à Giacometti. Mais pour moi cet art de Buffet s'adresse à l'intellect, je peux être intéressée mais pas touchée. Il faut dire que je sors de l'exposition Vermeer du Louvre...
Rédigé par : isa | 09 mars 2017 à 17:00
J'ai toujours été partagé sur Buffet. Pascale a raison, c'est pauvre, affecté, réducteur sans être minimaliste. Et vous avez raison, c'est un style, une signature graphique réelle et unique que je regarde sans déplaisir. De la peinture de fond comme il y a de la musique de fond : c'est bien pourvu que ça ne dérange pas.
Anecdote : je me retrouve un jour dans une chambre d'hôte et dans les toilettes de la salle à manger, je remarque une copie d'un portrait de Buffet. "Ah non, c'est un véritable Buffet ! me dit la propriétaire. C'était à mon beau-père mais mon mari ne veut pas le voir ailleurs."
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 mars 2017 à 16:03
Il faut s'évader parfois de ce qui sépare, oppose et nourrit les controverses. En gros, des sujets politiques. Cela fait du bien. C'est une forme d'hygiène. Le consensus comme un repos, comme une caresse de l'âme et de l'esprit.
Il vaut mieux se tourner vers l'art, par exemple la peinture.
Manque de chance, l'art sépare et oppose parfois encore plus que la politique, surtout quand il s’agit de cette fumisterie qu'est le prétendu art contemporain.
Cher monsieur Bilger, vous devriez vous en remettre au jugement sûr de madame votre épouse...
Rédigé par : Exilé | 09 mars 2017 à 16:01
@ Claude Luçon | 09 mars 2017 à 09:55
"...le sketch d'une Maserati exprime la vitesse, Buffet exprime la tristesse. Technicien, je préfère quand même Turner, sobre lui aussi sans être sombre…"
J’ai eu la chance de visiter la rétrospective consacré à William Turner, en mai 2010 au Grand Palais à Paris, mais cet indéniable grand peintre est néanmoins à mon goût un peu trop académique. Je place Bernard Buffet au-dessus de lui, car ainsi que le dit notre hôte "Un artiste - qui se soucie de l'ossature, ne prend pas les êtres et les choses comme ils sont mais les résume, les simplifie, les décape du superflu pour les conserver dans l'état où ils ont dû être avant que le temps infléchisse les lignes, perturbe les stabilités et suscite l'inquiétude parce que l'indestructible, à cause de lui, devient corruptible."
Rédigé par : Trekker | 09 mars 2017 à 15:58
Sûr que pour rien au monde je ne voudrais un Buffet chez moi, trop lugubre.
Par contre un Emile Bernard ou un Henry Moret, je ne dis pas non.
Rédigé par : Claggart | 09 mars 2017 à 14:53
Bernard Buffet est un pithécanthrope. Les querelles entre buffettistes et anti-buffettistes sont, elles-mêmes, complètement surannées.
Je propose un article sur le walkman ou le hula-hoop.
Le passage du temps a beaucoup d'inconvénients, mais jusqu'à présent il nous avait permis de nous débarrasser de Bernard Buffet. Parle-t-on encore de Paul Bourget ?
Quand même, vivre à Paris et se rendre à une exposition de Bernard Buffet... L'époque ne nous aura rien épargné : non seulement nous avons à subir le "vagin de la reine" d'Anish Kapoor à Versailles, mais en plus on nous ressort de la naphtaline les Anish Kapoor des années cinquante !
L'explication se trouverait-elle dans ce passage de Wikipédia ? "En mai 1958 [...] Bernard Buffet venait de quitter Pierre Bergé, avec lequel il vivait depuis plusieurs années et qui gérait sa carrière."
Rédigé par : Robert Marchenoir | 09 mars 2017 à 14:18
Quand j’étais étudiant, j’avais sur un mur de ma chambre le poster du clown de Buffet.
Une erreur de jeunesse parce que je le déteste à présent. Est-ce moi ou lui qui avons changé ?
Le fait est que c’est une peinture déprimante d’un peintre dépressif, l’horreur absolue.
Pour trouver pire il faut aller chercher chez les expressionnistes du début du XXe siècle. Et encore ceux-là s’exprimaient, le cri de Munch résonne toujours, mais les dépressifs de Buffet sont des taiseux, des silencieux, les pires des dépressifs.
Un regard sur une toile de Buffet et me voilà au trente-sixième dessous, surtout si on me dit en prime que Macron dépasse Marine dans les sondages.
Buffet me met mal à l’aise maintenant par son enfermement sur soi, sa morbidité et son manque d’ouverture.
Il manque à sa peinture la lumière qu’il y a chez Van Gogh, autre peintre dépressif, mais d’une dépression à l’opposé de celle de Buffet.
Buffet exporte sa dépression dans ses toiles, alors que Van Gogh l’efface avec sa quête de lumière, même dans sa nuit étoilée.
Il est difficile de parler d’émotions artistiques sauf à être un poète, donc j’en resterai là.
Rédigé par : Tipaza | 09 mars 2017 à 13:19
@ vamonos | 09 mars 2017 à 10:14
Pour moi, il transmet du dynamisme... ce n'est pas de la poésie, du lyrisme, du spleen, du rêve, mais du concret, du réel et puis je l'avoue c'était l'un des peintres les plus faciles à reproduire... Gauguin, Picasso période bleu et rose, Dali le tout arrosé d'un petit morceau de Miles Davis... le bon temps !
Rédigé par : agecanonix | 09 mars 2017 à 12:29
Je ne vous cacherai pas qu'apercevant le thème de vos propos et voyant les tableaux de ce peintre, je me suis dit : là-dessus, je vais me taire et n'ai nullement l'intention de contrister un admirateur dont je lis la prose depuis longtemps avec un grand respect.
Or, dans tout ce que vous dites, je tombe sur une confession qui touche votre famille même : Madame votre femme, dites-vous, déteste ce peintre. Je me sens moins seul.
Si on le compare, en effet, à trois cents peintres les meilleurs des quatre siècles précédents, sans être un expert en peinture, et je ne le suis pas, on ne peut que convenir de cette évidence : il s'agit d'un art pauvre, fruste, schématique. Je ne vois pas là de quoi s'extasier.
Il est vrai que, depuis ce peintre, on a fait mille fois pire dans l'insignifiance, la nullité ou la hideur. Jusqu'où la peinture descendra-t-elle ?
Rédigé par : Patrice Charoulet | 09 mars 2017 à 12:17
@sbriglia | 09 mars 2017 à 01:08
"PS : pourquoi, de façon irrésistible, le second tableau me fait-il penser à l'un des éminents commentateurs de ce blog contemplant la folie du Camp Nou ce soir ?..."
Vous connaissez des gens qui mangent dans une soupière avec une fourchette à trois dents en regardant la retransmission d'un match de foot ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 mars 2017 à 12:02
Bernard Buffet avait un talent de dessinateur incomparable pour saisir l'expression d'un visage à l'état pur, mais bien d'autres avant lui on su y ajouter le beau qui lui manque sérieusement.
Buffet, chez moi, on appelait ça des croûtes, et pour parler en artiste, je le préférerais dans mes toilettes que dans mon salon.
Quant à avoir peur d'y voir des archétypes, ou de l'idée de la chaise sous la chaise, je doute que Jung ou Platon y trouvent leur compte.
Pour travailler en face d'un peintre, c'est Hubert Robert que j'ai choisi de faire trôner dans mon bureau.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 09 mars 2017 à 11:59
Bonjour
Déjà à la base, relativement hermétique à la peinture, j'ose avouer que les quatre photos ne me donnent pas du tout envie d'aller voir l'exposition.
Rédigé par : Philippe Dubois | 09 mars 2017 à 11:34
Connu lorsqu'il habitait dans les Alpes de Haute-Provence, avec Annabel, je crois. C'était une époque de dérèglement : on y saoulait les chiens, des whippets, comme un abandon des valeurs élémentaires pour cet animal fugace qu'est l'homme.
Sa peinture, comme son personnage, enflait jusqu'à l'absurde, mais il y restait l'instillation d'un doute permanent : cet homme se moque-t-il de nous ? Muni d'un réel talent, immarcescible, il a suscité un concert de louanges démesuré, bien concerté, à la façon dont Jean Clair traite l'art contemporain. Il faut dire qu'il était beau, séduisant et fantasque. Les commentaires et critiques s'entrechoquaient, témoignant de la validité de l'épreuve de la fosse aux lions.
De longs silences s'ensuivirent.
L'individu était imbuvable, mais c'est normal chez un artiste.
Le trait s'épaississait comme l'homme.
Qu'en reste-t-il ? L'opportunité de ressortir un style abandonné, de relancer la machine à commentaires, sûrement.
L'exhumation d'une "patte" unique, inspiratrice de nombreux dessins publicitaires, d'imitateurs dans le registre mineur et de nostalgie pour un dessin tout de même très achevé, que les meilleurs faussaires n'ont aucune peine à reprendre, sauf la profusion par l'auteur qui le rapproche d'Utrillo, artiste sans doute le plus pillé.
Car, enfin, 10 000 oeuvres, ça fait beaucoup, surtout en longueur de toile.
Rédigé par : genau | 09 mars 2017 à 11:13
"Sous l'éphémère, l'éternel."
Le regard du personnage contemplant, miroir du tout :
"...Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide,
Le Poëte serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l’aspect des peuples furieux :
— « Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
Je sais que vous gardez une place au Poëte
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l’invitez à l’éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.
Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
À ce beau diadème éblouissant et clair ;
Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! »
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal/1861/B%C3%A9n%C3%A9diction
Merci pour ce partage.
Rédigé par : Aliocha | 09 mars 2017 à 10:37
Le bon vieux temps.
Rédigé par : agecanonix | 09 mars 2017 à 10:18
Je ne connaissais pas ces toiles de Buffet, merci de les avoir affichées sur votre blog.
Le tableau du clown de Buffet est gravé dans ma mémoire depuis que j'en ai vu une reproduction sur un timbre-poste, il y a bien longtemps de cela. Dans ses toiles, Buffet parvient à inscrire des expressions symptomatiques de sentiments. J'ai l'impression que le personnage de Buffet est capable de transmettre quelque chose. Ce n'est pas de la wi-fi, ce n'est pas du fantastique, c'est quelque chose que je ne m'explique pas.
Rédigé par : vamonos | 09 mars 2017 à 10:14
Buffet attire aussi le technicien car il y a chez Buffet, à la base, une technique de dessin industriel.
Ligne droite, pas de perspective, contour renforcé, il ressemble aux sketches des prototypes de l'industrie. Même froideur, même sévérité, même platitude.
Comme le sketch d'une Maserati exprime la vitesse, Buffet exprime la tristesse.
Technicien, je préfère quand même Turner, sobre lui aussi sans être sombre.
Rédigé par : Claude Luçon | 09 mars 2017 à 09:55
Bonjour,
Il y a un faussaire qui a peint beaucoup de Bernard Buffet dans les années 70/80, il se nomme Montfort. Il a écrit un livre "Emballez, c'est signé...! : les tribulations d'un faussaire" (Fayard).
Dans cet ouvrage, très amusant, il révèle les noms de ses clients, Sammy Davis, Bernard Tapie entre autres.
Quelques tableaux de Jean-Jacques Montfort signés Buffet sont accrochés dans des musées.
Il a fait de la prison à Fresnes et offrait des tableaux.
Alphonse Boudard était un de ses amis et il me l'a présenté, un personnage...
Rédigé par : Christelle Andrieu | 09 mars 2017 à 09:18
J'admets que le regard vide des ses personnages est assez captivant (nous le retrouvons dans Modigliani dont le vide est différent)...
Pourtant, je soutiendrai Mme Bilger dont le ressenti n'est pas sans explication.
Les lignes puissantes, lourdes, limitantes, s'imposent au regard qui par cette force ne peut lire que la volonté de dominer celui qui observe, c'est la raison de ma réserve. Il ne s'agit pas de proposer une lecture du monde, il s'agit d'imposer une vision de laquelle l'espoir est absent... Pourquoi pas ? Nobody's perfect !
Rédigé par : duvent | 09 mars 2017 à 09:09
Les lignes sont fantastiques, cela me rappelle certains tableaux de Matisse où la peinture est presque inutile.
Le mouvement est créé avec quelques traits.
Rédigé par : Jean-Marc | 09 mars 2017 à 08:35
A l'instar de Lucian Freud dont les boursouflures des corps le consolaient du désespoir, Bernard Buffet se prolonge dans les figures qu'il propose (ce mot convient-il pour une vie de pratique du pinceau) à voir.
Pourtant quelque chose manque à ce systématisme du désespoir !
Mais mieux que certains contemporains faisant surgir des membres de nulle part, sectionnant les corps à la verticale ou à l'horizontale et présentant ces écartèlements ici ou là, singeant une forme de désespérance à la B. Buffet.
Je peux comprendre, Philippe Bilger, que Hopper, Lucian Freud et B. Buffet trouvent en vous une résonance.
Rédigé par : calamity jane | 09 mars 2017 à 08:26
Bonjour,
Contrairement à vous Philippe Bilger, les œuvres de Bernard Buffet n’ont jamais provoqué chez moi le moindre frémissement d’enthousiasme. Je ne conteste pas toutefois son style qui en vaut bien un autre.
Une chose est sûre, je préfère de loin sa peinture à celle de Pierre Soulages qui voit tout en noir et pour qui j’ai la même appréciation sur sa peinture que votre épouse concernant Buffet.
Bonne idée d’avoir pensé à écrire un billet sur un thème différent de la politique. Ça permet de décompresser un peu. Connaissant votre passion pour le football je suppose que bientôt vous nous en ferez un sur la défaite du PSG face au Barça alors qu'il avait quatre points d'avance.
Pauvres supporters du PSG, on sent bien qu’ils en ont gros sur la patate. Quant aux bookmakers, c’est une très bonne affaire pour eux...
Rédigé par : Achille | 09 mars 2017 à 08:22
J'aime pas trop, mais j'aime bien La Mer, en revanche. J'aime bien aussi Les Folles que vous avez citées mais dont vous n'avez pas publié le tableau. Cette mise en regard me fait tout à fait penser à l'une de mes grand-mères, qui si elle aimait les chapeaux, de plus exactement de ce style, ne tirait pas la langue, même dans les derniers temps, et n'était pas folle du tout. Mais bon.
Un jour, j'ai demandé à un artiste que je ne nommerai pas mais qui l'a fait gracieusement, car notre jeune association bien que pleine de bonne volonté n'avait que des moyens limités, une affiche pour annoncer une exposition de peinture contemporaine japonaise à Strasbourg avec de grosses pointures parisiennes dont Aki Kuroda (ex. ce trou de serrure en forme de femme, ou l'inverse:
) qui peint de très très grande toiles, noires, qu'il a fallu exposer dans le couloir.
Il l'a peinte avec du matériel de calligraphie sur du papier de calligraphie qu'il ne maîtrisait pas trop et ça a donné quelque chose qui rappelait quelque part B. Buffet.
Les peintres ont crisé, je ne vous dis que ça. C'était l'été 1981...!
Ils ont aimé en revanche l'article des DNA dont l'épouse de l'un d'eux a dit que pour une fois il n'y avait pas trop de c.....ies !
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 mars 2017 à 08:02
@sbriglia | 09 mars 2017 à 01:08
Le second tableau affiché me fait terriblement penser à François Fillon au réfectoire de la prison de la Santé.
J'ai vu cette exposition hier.
Dans la foule des visiteurs, tout juste à côté de moi, le juge Tournaire contemplait ce tableau silencieusement.
J'ai immédiatement sorti des gousses d'ail et mon crucifix.
Rédigé par : Savonarole | 09 mars 2017 à 06:28
P.Bilger, j'épouse en tout point votre approche de Bernard Buffet. Evidemment, il y en a qui lui préfèrent Pollock par exemple !
Et lorsque la maladie l'a atteint, ne pouvant plus peindre, il a appuyé sur la détente.
Rédigé par : Antoine Marquet | 09 mars 2017 à 01:13
"Bernard Buffet est le peintre d'une puissante et omniprésente généralité jamais dégradée par l'irruption d'un obligatoire particulier presque obscène avec son évidence. Il ne chasse pas totalement le second mais donne toute sa place à la première qui nous protège contre l'angoisse de l'éparpillement."
Après lecture je suis certain que votre épouse va changer d'avis...
PS : pourquoi, de façon irrésistible, le second tableau me fait-il penser à l'un des éminents commentateurs de ce blog contemplant la folie du Camp Nou ce soir ?...
Rédigé par : sbriglia | 09 mars 2017 à 01:08