Je n'étais pas seul l'autre soir au Théâtre des Déchargeurs.
Je pourrais continuer : ...ce n'était que Luchini... et me glisser infiniment petit dans l'ombre de Musset.
On ne fait jamais le tour de Fabrice Luchini.
Il y a des personnalités notamment artistiques qu'on entend et qu'on voit partout. Et à chaque fois c'est un sentiment de saturation qui vous envahit. Elles ne sont pas à la hauteur de la surabondance qu'on leur octroie.
On entend et on lit beaucoup Fabrice Luchini, pas seulement à l'occasion de la promotion de ses spectacles et de ses films. Parce qu'il a autre chose à dire et que, se répétant, toutefois il innove.
Avec lui, la coupe n'est jamais pleine, au contraire on en a besoin, on en redemande !
Parce que, pour moi, il demeure un mystère et que celui-ci exige, pour être percé à jour, une inlassable fréquentation de sa personnalité, des mille variations de son être, avec l'admiration qu'il suscite, une curiosité infinie pour sa manière de lire, de commenter, de railler, d'éblouir ou de digresser, une écoute jamais lassée des tonalités de sa voix - je l'adore quand soudain elle devient puissante, formidablement articulée, puis qu'elle retombe dans le familier ou le complice.
Je me casse l'esprit à tenter de découvrir les secrets de sa fabrication, les "recettes" qui font de ses représentations des objets artistiques non identifiables (OANI) mais non pas en pure perte, seulement avec l'intuition qu'il y a encore quelque part de l'inconnu et qu'il est sans doute vain de s'efforcer de démembrer l'invention, que le jaillissement ne s'analyse pas. Il y a de l'inépuisable qui est en même temps, pour la curiosité et la passion de comprendre, une tentation et une heureuse défaite renouvelée.
Pourtant il faut s'y risquer, d'abord à cause de la gratuité de l'exercice - les élucidations désespérées sont les plus belles - et parce qu'aucune des pistes qu'on trouve ici ou là dans les journaux et magazines n'est totalement convaincante.
Ce n'est pas à l'évidence le seul talent de savoir lire des textes superbes, faciles d'accès ou austères. Il s'en éloigne parfois et surtout, dans son dernier spectacle, "Des écrivains parlent d'argent", ses choix n'ont rien d'une quelconque démagogie littéraire mais visent à élever l'auditeur en le contraignant à une exigence qui le détournera du confort de l'esthétique au bénéfice de l'intelligence et de l'éthique.
Emile Zola, Marx ou Charles Péguy ne permettent pas plus à Fabrice Luchini d'éclabousser superficiellement qu'ils n'autorisent le spectateur à décrocher de la gravité en attendant patiemment l'ironie ou le sarcasme qui seraient la spécialité de celui qu'ils sont venus applaudir (Le Figaro Magazine).
Pourtant je pressens que la relation qu'entretient Luchini avec la littérature, la philosophie ou la modernité disséquée par un Philippe Muray est fondamentale. Non seulement parce qu'elle représente pour lui une permanente opportunité d'admiration - il n'est pas l'autodidacte caricatural qui vous inonde mais il partage ce qu'il a lu et appris pour en enrichir les autres - mais surtout parce qu'elle le garde de lui-même, met un écran entre le réel et sa part sombre, trop clairvoyante.
Non que Luchini soit médiocre dans ses "shows" audiovisuels où sa spontanéité et sa liberté font merveille mais l'entraînent parfois vers des dérives où il n'est plus gouverné, au point qu'il s'abandonne à des vulgarités qu'il détesterait profondément ailleurs. Il sait, il sent combien il est facile de stimuler l'intérêt et de faire s'esclaffer avec parfois une gouaille salace qui n'est pas de lui et en lui.
Il est d'ailleurs si lucide sur ses failles qu'avec tolérance et certainement adhésion, il n'hésite jamais à faire écho à la critique ou au regret sur ce plan précis. Je l'ai constaté. Il ne cache pas ce qui l'affecte : il l'a deviné bien avant vous tant il raffole de l'introspection qui pour être authentique doit savoir être amère. Tout entretien avec lui qui se contenterait d'être hagiographique manquerait sa plénitude qui laisse d'immenses qualités et quelques débordements non pas se contredire mais se compléter.
La littérature est précisément ce ce qui le sauve. Lire, comprendre, offrir ce qu'il y a de meilleur ici ou là dans l'écriture est un miraculeux garde-fou. Les textes l'emplissent d'une véritable allégresse et en même temps constituent un butoir. Ils sont présents comme des amis qui vous évitent de dépasser les limites, de donner trop de place à l'effervescence d'une personnalité au détriment de l'essentiel.
Ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas capable, avec les beaux textes penchés sur lui comme de bienveillants tuteurs, d'enthousiasmer par une parole et une invention libres, décapantes, se moquant de lui comme elles mettent en pièces la modernité financière erratique d'aujourd'hui. Son passage sur les subprimes est un parfait exemple de ce talent exceptionnel qui fait rire une salle de ce qu'elle a pu connaître ou endurer parce que précisément Fabrice Luchini, avec son ton et son verbe, fait de ces épisodes une épopée drolatique du quotidien. Le commun des spectateurs n'est pas loin de toucher, alors, à un statut héroïque. Tout ce courage qu'il a fallu pour supporter même l'idée qu'on allait tout perdre !
Cette infinie capacité d'admiration vraie, cette générosité dans le partage de la beauté, cet acharnement à se mettre au service d'autre chose que de lui-même est définitivement ce qui l'écarte de la vanité. L'orgueil de Luchini tient à la richesse de ce qu'il propose, à la manière somptueuse, royale dont il délivre ses messages et prodigue ses offrandes, au fait qu'à sa place, résistant irremplaçable et modeste à une société qui tombe sans même plus avoir le charme romantique des déclins, il participe d'un combat de haute volée. Rien qui se rapporte à lui intimement, tout pour son art et le bouclier qu'il constitue.
Je n'ai pas levé tout le voile. J'ai ajouté quelques lueurs.
Fabrice Luchini, on en redemande !
@Tipaza | 10 avril 2017 à 07:58
En effet. Il est incompréhensible qu'il fasse systématiquement une faute d'orthographe à son nom. Il tombe sous le sens que ça s'écrit Lucchini.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 11 avril 2017 à 13:51
@ Jérôme Lyothier | 10 avril 2017 à 11:49
« L'éloquence sur la forme fait-elle la pertinence sur le fond ? »
Qu’est-ce que l’éloquence sinon l’art de se faire entendre et comprendre du public que l’on souhaite atteindre.
Dès lors l’éloquence peut prendre mille et une formes.
La forme la plus brève est celle-ci, trois lettres, un symbole et un chiffre, et tout est dit ou presque.
E = mc2
Parmi les formes les plus longues, celle de Fidel Castro en 1998, devant les 595 députés qui venaient de réélire, dans son discours pour vanter les mérites du socialisme, sept heures et quinze minutes sans une seule interruption, et pourtant quand il s'est arrêté il a dit ne pas avoir fait la liste complète de ses mérites.
Vous ne vous en souvenez pas ?
C’est la preuve que l’éloquence disparaît souvent dans des détails sans fond.
Je ne parle pas des discours de Hollande, d’ailleurs il a préféré se taire.
Rédigé par : Tipaza | 10 avril 2017 à 16:35
@ Jérôme Lyothier 10/04 11:49
Ce que vous appelez "l'éloquence sur la forme" ne fait certainement pas toujours "la pertinence sur le fond", mais les deux ne sont heureusement nullement incompatibles. Et il est tellement plus agréable que "la pertinence sur le fond" se pare de "l'éloquence sur la forme".
Et pourquoi ne pas mettre autant que faire se peut cette forme au service de l'intelligence, ne serait-ce que pour permettre à cette dernière de briller encore plus ?
Et à ce petit jeu, Fabrice Luchini, même s'il force parfois trop le trait mais parce qu'aussi trop médiatisé, réussit à mon avis fort bien.
Rédigé par : Michel Deluré | 10 avril 2017 à 16:00
Question d'ordre philosophique, voire métaphysique : l'éloquence sur la forme fait-elle la pertinence sur le fond ? Le fondamental est-il l’intelligence que l'on a ou l'utilisation qu'on en fait ?
Rédigé par : Jérôme Lyothier | 10 avril 2017 à 11:49
J'adore Fabrice Luchini...
C'est un exemple pour tout le monde.
Qu'il continue.
Bravo et je l'embrasse.
Rédigé par : Mangin | 10 avril 2017 à 11:21
Vous avez bien de la chance d'avoir trouvé des places pour le spectacle de Luchini, Philippe Bilger !!
J'avais vu "Tout sur Robert" qui m'avait (nous avait) ravi, mais son dernier spectacle, "Poésie ?", m'a laissé un peu sur ma faim.
Je déplore comme vous que Luchini se complaise parfois dans des vannes de chansonniers ou des imitations, assez drôles, qui semblent trop décalées par rapport à la beauté des textes choisis.
Je crains qu'en dehors de ce qui fait sa marque de fabrique (de Fabrice...), son art de la diction inégalé, il ne s'égare dans un rôle que d'autres occupent volontiers.
Le soir où il se produisait dans "Poésie ?", il a passé plus de temps sur ses apartés politico-humoristiques ou sur les épisodes de sa vie que sur les textes proprement dits.
Bien sûr les spectateurs viennent aussi pour le personnage drolatique mais il ne devrait pas se départir d'un judicieux équilibre entre le bonheur de la récitation et la joie de se raconter !
Rédigé par : caroff | 10 avril 2017 à 10:27
@genau
"Ce matin, oh le crétin prétentieux, j'ai rendu vie à un orgue dans une petite église de province, modeste, avec un bourdon et une flûte de rêve."
L'organophile que je suis vous congratule. Vive le roi des instruments (même quand il est modeste de taille).
Rédigé par : caroff | 10 avril 2017 à 10:14
Cher Luchini, comment dit-on LOL en suédois ?
"Nous ne reviendrons plus jamais aux niveaux d'immigration massifs que nous avons connus en 2015. Jamais. Je suis furieux de ce qui s'est passé."
(Premier ministre Stefan Löfven)
Il manque le Na ! à la fin de sa bouderie ; ça lui aurait donné une allure un peu plus pittoresque de cage aux fofolles.
"Nous les accueillons à bras ouverts, nous sommes le pays le plus humaniste au monde, et voilà comment ils nous remercient !! Quelle ingratitude !! Ô mon dieu, Firmin, des sels vite !"
Comme quoi rien de tel qu'une camionnette bombinette pour remettre les neurones en place.
Pour nos gauchouillards islamouillards bien d'chez nous vivrensemblistes padamalgamistes, aucun risque, ils sont immunisés, aucun camion aucune bombe ne les guérira de leurs crétineries habituelles : "c'est la fôôôte aux gros beaufs christianisés frontistes FNistes... NA !"
Rédigé par : sylvain | 10 avril 2017 à 10:10
@Tipaza 10 avril 2017 07:58
Vous avez raison de rappeler la performance de Daniel Sorano dans ce rôle prodigieux de Cyrano. J'ai eu la chance de le voir la veille exactement du premier jour de l'écrit de mon baccalauréat.
Quel souvenir ! Quel talent ! Toutes les facettes du personnage était rendues avec une profondeur, une incandescence de souffrance dans le regard inoubliables. Il portait ce drame au niveau du meilleur de Racine !
Le Cyrano de Gérard Depardieu était plus matamore, plus Alexandre Dumas qu'Edmond Rostand. Mais fabuleux acteur aussi.
Courtoisement.
Rédigé par : boureau | 10 avril 2017 à 09:44
Luchini, c’est Narcisse au service des autres !!
Les autres étant morts depuis longtemps, ce qui relativise son altruisme et amplifie son narcissisme.
Il arrive qu’un acteur fusionne avec une œuvre et finisse par se confondre avec elle. Il devient alors plus que le porteur de l’œuvre, il devient emblématique de l’œuvre qui ne se pense plus qu’au travers de l’acteur qui finit par égaler l’auteur en réputation.
Certains rôles favorisent cette fusion, Raimu par exemple dans le rôle de César avait complètement phagocyté la trilogie de Marcel Pagnol, le Cyrano de Gérard Depardieu est resté exemplaire, bien que Daniel Sorano ait eu son heure de gloire également dans ce rôle.
F. Luchini n’est pas de cette sorte d’acteurs. Il est très bon, mais il ne fait pas partie de ceux qui empruntent définitivement le costume du rôle.
Il fait différemment, ou peut-être mieux, il crée son propre rôle, avec ses propres textes soigneusement choisis.
Il ne se fond pas dans le personnage, il est le personnage, ce qui lui donne l’avantage de ne pas jouer, mais d’être lui-même tout simplement.
Un cabotin hyper génial, qui donne libre cours à sa personnalité, mais une personnalité qui a besoin des autres, des auteurs, pour s’affirmer tout en les servant.
Un Narcisse utile aux autres, qui les sert en se servant.
Par contre dès qu’il sort du service de la littérature, son narcissisme se retourne contre lui et il est mauvais. Je l’ai vu il y a deux ou trois mois dans La Grande Librairie, émission de François Busnel, et je l'ai trouvé emprunté, artificiel, pensant et parlant faux. Enfin, lui au service de lui, l’erreur qu’il ne fallait pas commettre.
PS : Chaque fois que j’écris son nom, « Lucchini », j’ai tendance à doubler le « c », je trouve que ce doublement correspond mieux à son phrasé, au rythme de son élocution.
Je me demande comment il doit vivre cette éternelle faute d’orthographe sur son nom.
Rédigé par : Tipaza | 10 avril 2017 à 07:58
Fabrice Luchini je l’aime bien comme comédien, sa personnalité est attachante, mais je ne saurais éprouver pour lui l’admiration de groupie que vous lui portez.
A petite dose il passe bien mais après une demi-heure d’interview ou encore de show sur scène, son côté exalté commence un peu à m’agacer.
Et puis je ne vois pas vraiment l’intérêt d’écouter pendant des heures un comédien lire des passages d’un livre, même s’il le fait admirablement. Encore que parfois, emporté par un lyrisme un peu désuet, je trouve qu’il a tendance à surjouer.
Quand un livre m’intéresse je le lis, tranquillement à mon rythme, m’attardant s’il le faut sur les passages intéressants. Je n’ai pas besoin qu’on me tienne la main.
Ceci étant Fabrice Luchini est un garçon sympathique qui peut parfois sortir de belles réparties et puis, surtout il n’appartient pas à la fine équipe de comédiens bobos qui passent leur temps à s’apitoyer sur les malheurs du monde alors qu’eux-mêmes se vautrent dans le luxe.
Un bon point pour lui.
Rédigé par : Achille | 10 avril 2017 à 07:51
@genau
Enfin, une bonne nouvelle ! Il y a des émotions qui restent intactes dans les souvenirs d'enfance et le son de l'orgue dans une église vide en fait intégralement partie. Pendant les offices avec l'odeur de l'encens et ses volutes c'est le transport en élévation assuré.
Comme Noblejoué (épatant ce pseudo pour l'occasion) je vous dis "merci" dans le matin clairet.
Rédigé par : calamity jane | 10 avril 2017 à 06:39
@ genau
Bravo d'avoir rendu la vie à un orgue !
Rédigé par : Noblejoué | 09 avril 2017 à 21:03
Luchini est ce qu'il est parce qu'il joue de façon ininterrompue. Il ne se déboutonne jamais en public. Quant à l'intime, aucune envie d'en connaître, ce n'est qu'à lui. Et ne croyez pas en savoir quoi que ce soit. Ce ne serait pas "du jeu".
Ce matin, oh le crétin prétentieux, j'ai rendu vie à un orgue dans une petite église de province, modeste, avec un bourdon et une flûte de rêve. La joie dans le regard des paroissiens, assez nombreux ; je me serais pris pour un Luchini si mon jeu, modeste lui aussi, n'avait pas été dévoué à notre partie non humaine.
Rédigé par : genau | 09 avril 2017 à 18:59
@ Claude Luçon | 09 avril 2017 à 11:48
"...lui demander de nous lire la Constitution (…) ou au moins, la lire à tous nos députés et sénateurs pour leur rappeler ce pourquoi nous les avons élus..."
Excellente suggestion à Fabrice Luchini, s'il venait à la suivre ce serait un ravissement intellectuel. Il nous rendrait alors quasi tous addict du droit constitutionnel !
@ Philippe Bilger
Superbe billet sur ce grand artiste talentueux, déroutant et quasi incernable… même par vous…
Rédigé par : Trekker | 09 avril 2017 à 16:23
La lecture sur un ton monocorde laisse à celui qui l'écoute son subconscient se confronter au contenu et ainsi provoquer l'émotion qui lui est propre.
Et combien il est difficile de contraindre la musique des mots à la lecture monocorde.
L’enthousiasme que soulève le talent extraordinaire dans le domaine de l'ordinaire de Fabrice Luchini, ne semble pas associer le subconscient à l'écoute mais relever de l'inconscient collectif.
En somme, si Fabrice Luchini est le Mozart de la lecture, Mozart n'a été qu'un saltimbanque au regard de Guillaume Dufay...
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 09 avril 2017 à 15:57
@ Catherine JACOB | 09 avril 2017 à 09:46
Pour l'arthrose vous avez sans doute raison, mais c'est de son âge...
"Il est d'ailleurs si lucide sur ses failles qu'avec tolérance et certainement adhésion, il n'hésite jamais à faire écho à la critique ou au regret sur ce plan précis" nous écrit Ph. Bilger.
Comme quoi...la preuve par Luchini c'est : il ne suffit pas d'être instruit pour être intelligent.
Même Columbo le sait ! :-D
Rédigé par : breizmabro | 09 avril 2017 à 13:13
Vos réflexions sur Luchini sont des plus intéressantes.
J'occupe, dans ma sous-préfecture, un beau 80 m2. Pour le même loyer, mon fils, qui travaille à Paris, occupe un 20 m2 au cinquième étage sans ascenseur, dans un immeuble modeste.
Si nous échangions nos logements, j'aurais pu, comme vous, aller écouter Luchini.
Je ne suis pas sûr, ma femme et moi, que nous pourrions vivre dans la studette de mon fils.
Je ne puis donc admirer "l'énigme" Luchini que de loin, dans ses prestations télévisées, ou dans le dialogue, éblouissant, que vous aviez eu avec lui, et que l'on peut toujours réécouter, pour l'occasion.
Je reproche une seule chose à Luchini, c'est de céder, très souvent, au verlan. Cela fait rire. Mais le procédé ne me paraît ni de bon aloi ni de bonne compagnie.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 09 avril 2017 à 12:15
Luchini est à la mode !
Avec le temps, je l'apprécie moins : sous la modestie calculée, une haute idée de sa personnalité complexe.
De grands textes certes, mais surtout une voix ! Unique, prodigieuse ! Une voix des grands moments de bonheur de la Comédie française, Beaumarchais, Marivaux, Musset... Mais le travail d'équipe lui est impossible : son ego ne le supporterait pas. Et puis, la Comédie française, c'est tellement ringard par les temps qui courent.
Son public, c'est celui de Woody Allen : les enseignants de gauche ! Qui adorent se faire frictionner aux orties dans ses critiques, mais retrouvent leur statut dans la reconnaissance de textes qu'ils n'ont sans doute jamais lus de toute leur carrière mais qui vous posent en dépositaire de la culture !
Quant à la dernière partie de son interview du Figaro du week-end, elle reflète parfaitement les égarements dont il devient de plus en plus coutumier : "Poutou est une expérience métaphysique à lui tout seul (sic). On sent qu'il ne veut pas y arriver. Il n'est pas dans la dynamique de la réalité (re-sic). Il n'est pas haineux (re-re-sic). Il plane, il flotte. Poutou, je l'aime."
Il y a du Trissotin dans cet homme-là !
Courtoisement.
Rédigé par : boureau | 09 avril 2017 à 11:51
L'ayant vu et entendu à la télévision et admiré sa captivante diction, en ces jours de misérable campagne présidentielle, il serait bon de lui demander de nous lire la Constitution sur un ou plusieurs canaux pour nous rappeler ce pourquoi nous allons réellement voter, et expliquer à JL Mélenchon qu'il n'y a guère besoin de la changer.
Ou, au moins, la lire à tous nos députés et sénateurs pour leur rappeler ce pourquoi nous les avons élus.
Rédigé par : Claude Luçon | 09 avril 2017 à 11:48
"Je me casse l'esprit à tenter de découvrir les secrets de sa fabrication"
Vous vous y essayez avec bonheur et je gage qu'un tel billet vous donne bien de la peine pour rendre la complexité de ce que vous ressentez à la contemplation de ce génie pur du texte dit.
Je ne me hasarde pas à cet exercice, j'en suis incapable, j'admire Luchini comme l'auteur d'une oeuvre et non seulement comme un passeur. Je suis face à lui comme je le suis face à Gogol ou La Fontaine : comment fait-il ? Comment est-ce possible ? Par quel cheminement de l'esprit et de l'invention parvient-il à faire parler tous les mots d'un texte ?
Je me souviens d'un Knock où Luchini avait bien compris qu'il devait jouer deux textes simultanément : le texte de Jules Romains et la musique de Jouvet. C'était à tomber.
Bienheureuse réminiscence lorsque vous évoquez la Soirée perdue de Musset : ici aussi Musset se laisse porter par les mots de Chénier tout en s'emportant contre les moeurs du temps dans une divagation de l'esprit sur laquelle, d'ailleurs, j'aimerais bien entendre la musique de Luchini.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 avril 2017 à 11:37
Bonjour,
Ah, un petit billet sur votre petit chouchou Fabrice Luchini. Ça permet de décompresser un peu.
Les Fillon, Hamon, Mélenchon, Macron ♪ et ron et ron petit patapon ♫ que les médias nous servent depuis des mois, perso j’arrive à saturation.
A deux semaines du premier tour, ça permet de détendre l’atmosphère. Car les uns comme les autres, ils finissent tous par avoir vraiment une tête d’atmosphère !
Rédigé par : Achille | 09 avril 2017 à 11:37
Une solution pour son arthrose de la main On observe en effet quelques nodosités d'Heberden en formation sur votre cliché, à moins que ce ne soit un effet de la lumière, mais je n'en ai pas l'impression.
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 avril 2017 à 09:46