J'ai appris récemment une très bonne nouvelle. Il y a des lustres - difficile de situer la date exacte - le Barreau de Paris, outre la Conférence du stage et la Conférence Berryer, disposait aussi de la Conférence Tronchet pour apprécier les talents et la qualité de la parole.
Les deux premières, à mon sens, ne relèvent pas, à cause de leurs modalités, de l'exercice de la parole tel que je le conçois. Peu ou prou elles permettent une préparation, une élaboration, une écriture bien avant l'heure de sorte que le moment venu on a moins un orateur qu'un lecteur ou une personnalité suffisamment habile pour paraître s'éloigner d'un texte pourtant bien présent. Ce n'est pas la parole dans sa pureté, son improvisation et sa liberté. Ce n'est pas un saut dans l'inconnu mais un confort avec un parachute déployé dans le secret d'un bureau ou d'un cabinet plusieurs jours avant l'expression publique. Cette épreuve n'est pas médiocre mais qu'on ne dise pas qu'elle est est susceptible d'appréhender, chez celui ou celle qui parle, le don fondamental de l'oralité. Au mieux, surtout sa mémoire.
Je tiens pour rien les saillies de la Conférence Berryer où des Secrétaires sont condamnés à être méchants sur le vif durant quelques minutes en oubliant le plus souvent que l'intelligence est encore plus nécessaire pour l'acide systématique que pour le bienveillant. Rien de plus pitoyable que l'esprit volant bas et prétendant faire mal alors qu'il ne fait rire que de soi.
La Conférence Tronchet a disparu, vers 1975, faute de combattants et de candidats. Elle avait cette particularité de proposer un sujet cinq heures avant la prestation - un peu plus que dans mon Institut où, après avoir choisi leur thème, ceux qui souhaitent perfectionner leur parole essaieront aussi de le structurer dans leur tête - et d'entendre l'orateur ensuite, dénué de tout sauf de lui-même et de ses forces et lumières intrinsèques. Et que de révélations qui s'ignoraient et se découvrent enfin ! Des tribuns miraculeusement éclaboussent et des sérénités convainquent.
C'est cela seulement, la véritable parole. Surgissant de soi, elle autorise l'auditeur à la prendre de plein fouet dans le bonheur ou la déception, pour l'évaluer, l'admirer ou non. Elle représente un univers autonome dont le verbe, la conviction, l'élan sont créés dans l'instant même où ils brisent à chaque seconde le silence. Une coulée d'existence, un lien indissociable qui pousse autrui à juger l'être grâce à sa parole et la parole grâce à la personne qui à ses risques et périls la profère - mais comme c'est exaltant dans un monde où les prudences sont partout !
Après une seconde d'étonnement, il m'est apparu évident que la Conférence Tronchet, avec ce qu'elle impliquait et imposait, disparaisse. Et plus que jamais nécessaire qu'elle renaisse avec le terreau exemplaire qui la portait. Une telle démarche, toute de liberté, d'audace et de talent, ne peut plus demeurer dans les oubliettes. Même si inventer est épuisant quand lire ou se souvenir est si reposant.
Il suffit de dépasser cette triste constatation liée à la Tronchet pour prendre conscience que dans tous les univers de la parole, celle-ci est longtemps mâchée avant d'oser montrer le bout de sa formulation. Dans l'entreprise, même chez les plus hauts dirigeants, en politique, même chez les personnalités apparemment les plus douées, dans les médias, dans le judiciaire, dans tous les lieux et institutions où le verbe tel que je le rêve devrait être à l'honneur, dans les joutes comme dans les dialogues, dans l'empathie comme dans l'antagonisme, la parole nue est perdue ou en perdition. Je n'ai même pas besoin d'évoquer la cause principale de ce naufrage se rapportant à la peur de soi parce qu'avec angoisse, faute de culture générale et d'Humanités, on s'effraie à l'idée de devoir seulement compter sur soi pour la substance.
Cette parole riche et libre dont on a de plus en plus la nostalgie n'est que la conséquence d'un monde qui se délite et s'appauvrit. Mais rien ne serait pire qu'un déclinisme résigné et impuissant.
Je suis sûr qu'on peut remettre la Conférence Tronchet et la parole à l'honneur. Pour ma part je suis partant.
Qui parle me suive.
MMLP ? Poncifs à gogo, slogans récités à l'envi, mensonges répétés, peurs agitées, l'héritière d'une PME qui vit aux dépens de ceux qui l'écoutent, on a vu les limites démantelées par un EM qui à l'aide d'une arithmétique simple a éclaté une diatribe vide de contenu.
Le FN ne sait plus où il en est sur l'Europe, à part connaître la position du tiroir-caisse et la façon de l'ouvrir, on verra ce qu'en pensent ceux qui lui demandent des comptes.
Ce sont d'excellents industriels du ventilateur, à part brasser du vent rien de concret.
Parti légal du malheur et sans aucun doute de la misère, 9 000 000 de citoyens qui vivent sous le seuil de pauvreté, forcément ils sont à l'écoute, surtout quand on leur promet la lune et qu'ils n'ont même plus l'électricité pour faire bouillir la marmite.
Rédigé par : Giuseppe | 07 mai 2017 à 14:33
Véhicule de la pensée, l'expression, qu'elle soit écrite ou orale, suscite l'intérêt du propos, lui apporte sa force, renforce sa crédibilité, décuple son impact.
Mais désormais, au prétexte de principes d'efficacité, de simplicité, de facilité, la règle est trop souvent de ne pas s'embarrasser de ce que l'on considère comme des fioritures inutiles.
Et le développement des technologies modernes est loin d'être de nature à freiner cette évolution. Il n'est qu'à voir l'impact négatif sur l'écrit et l'oral et sur l'orthographe des moyens d'expression modernes par messagerie ou SMS ! Quel appauvrissement !
Rédigé par : Michel Deluré | 07 mai 2017 à 11:02
Cher Philippe,
Les mots perdent tout sens quand les maux les dépassent,
quand les émotions et les passions rétrécissent la raison.
Poème à Penelope F.
Notre dame de cœur,
est à la peine,
Finesse de porcelaine,
Penelope de nos pleurs,
Rimes embrassées,
Tournants enlacés,
Moteur moqueur,
Des paroliers et justiciers,
Neutralité choyée,
Démocratie broyée,
Penelope joli cœur,
Atout émetteur,
Radio filon,
Désamorçons,
Mars et ses furies
Avant la tuerie.
A tout récepteur,
Sur les sillons,
De l'orateur,
Liberté, nous te clamons,
Egalité, nous te cherchons,
Fraternité, nous t'aimons,
Dénouons la chevelure,
Le fil d'une élection,
De perdition,
De contorsions,
De manipulations,
De triste augure.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 07 mai 2017 à 03:59
Invective : il y a vecteur là-dedans ; le pont sur lequel devaient passer les électeurs, sous lequel, dans le fossé, les partisans les interpellaient pour influencer leur vote. C'était l'imprécation sur le chemin, le vecteur.
Mille pardons, je n'ai pas pu résister.
Rédigé par : genau | 06 mai 2017 à 22:12
@ fugace
Belle citation ! Mais franchement, que le groupe et l'agressivité puissent abrutir date des premiers pas de nos ancêtres. Le monde moderne est à la fois meilleur et pire. Il a aboli l'esclavage et créé les camps de concentration, fait emerger l'individu et amalgamé les gens dans les masses. Vous savez bien pourquoi il en est ainsi.
Plutôt que de le déplorer encore, je préfère dériver un peu. Saint-Exupéry me fait penser à l'allumeur de réverbère, que je trouve bien poétique, et au réverbère à la frontière, plutôt les limbes de l'univers de Narnia, soit un ensemble de livres pour enfants mais si on le veut bien aussi, pour adultes, de CS Lewis. Les enfants sortent d'une armoire, sont dans la neige éclairée par un reverbère, un faune joue de la musique et double jeu. Sans doute le meilleur moment de l'histoire, si tout était à ce niveau, Lewis égalerait son compère Tolkien. Et dans Les gouttes de dieu, série de mangas sur le vin, il y a une belle description de vins d'Alsace ressemblant à l'impression qu'on peut avoir en regardant un réverbère, le soir. Je gage qu'on pourrait écrire une anthologie poétique sur les réverbères !
Rédigé par : Noblejoué | 06 mai 2017 à 21:08
J'ai écouté Macron invité direct de Mediapart, la parole est précise, économe, c'est un autre aspect pour établir, pour rétablir, humble et visionnaire, douce invite à l'émancipation des citoyens.
Il n'est pas un seconde ligne tracteur mais un demi de mêlée, il est à la manœuvre, il a la langue du stratège, s'il est entendu et pour peu que le cinq de devant soit à la hauteur, il peut faire la différence.
La paire de demis est incontournable dans le gain d'un match et comme l'avait dit Berbizier au bout du compte "seule la victoire est belle".
Sans adhérer à tout, il a expliqué, détaillé, pédagogue clair, on était loin des éructations d'une MLP sans profondeur de champ.
Par la parole, Macron lui a plaqué un cadrage débordement digne d'école de rugby, lors du débat.
Elle ne s'en remettra pas, et en excellent demi il a aplati l'essai entre les perches, la pire des conclusions pour elle.
Personne ne s'y est trompé, même les footeux s'étaient rendu compte de la classe d'EM, là où elle aurait dû se monopoliser en défense, ne faisant qu'aboyer elle était devenue passoire.
Rédigé par : Giuseppe | 06 mai 2017 à 21:01
@ Noblejoué | 06 mai 2017 à 00:04
"Le bas, qui peut aimanter l'individu, comment, à plus forte raison, ne risquerait-il pas d'attirer la foule ?"
Glisser en pente douce ou abrupte peut être un régal sur le beau tapis blanc neigeux, voire sur le chemin de vie ; mais à condition qu'une grande harmonie y demeure.
Mais hélas, et ça ne date pas d'hier :
[On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu'à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande (pardonnez-moi). Deux milliards d'hommes n'entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots.
Un sens à la vie (1956), Antoine de Saint-Exupéry.]
Rédigé par : fugace | 06 mai 2017 à 13:07
Pour le lecteur admiratif des orateurs antiques, des orateurs sacrés du XVIIe et du XVIIIe ou de ceux de la Révolution que je suis, votre article, cher Philippe a des résonances assez fortes.
Je partage la crainte que vous exprimez à la fin : lorsque la parole libre, riche et spontanée s'affadit et s'étiole, c'est signe d'un recul de la liberté. L'Empire romain a connu, durant sa longue décadence, cette rhétorique creuse, ces lieux communs fatigués qui donnaient aux anciens la nostalgie des Hortentius, des César et des Ciceron, dont l'inspiration vivante venait de la vie même de la cité.
A propos de ce dernier, votre affirmation du début s'applique mal, cependant. Ses discours étaient minutieusement préparés - comme ceux de Démosthène - mais bien qu'il les apprît par cœur, les témoignages sont unanimes pour dire que cela n'ôtait rien à sa force d'entraînement et à une certaine liberté d'improvisation selon les incidents du procès.
Rédigé par : Frank THOMAS | 06 mai 2017 à 09:36
"Rien de plus pitoyable que l'esprit volant bas et prétendant faire mal alors qu'il ne fait rire que de soi."
Oui et non. Certains... Mais souvent, c'est justement la bassesse qui plaît, comme on le voit dans certains spectacles, politiques notamment.
Le mensonge, la bêtise, l'injustice et la vulgarité, attirent à cause de leur laideur.
Le bas, qui peut aimanter l'individu, comment, à plus forte raison, ne risquerait-il pas d'attirer la foule ?
De toute manière, quelqu'un a dit, à raison "qui court après l'esprit attrape la sottise".
Rédigé par : Noblejoué | 06 mai 2017 à 00:04
"En revanche, "l'autre" a traité son adversaire de personne indigne, menteuse et disant des bêtises."
Rédigé par : Antoine Marquet | 05 mai 2017 à 11:26
Plus de dire "n'importe quoi", ce qui lui permettait d'éluder toute remarque ou question gênante. Et cela une bonne dizaine de fois. Sans oublier qu'il l'a aussi qualifiée de parasite ! Un bien triste sire ce Macron à l'image de son mentor !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 05 mai 2017 à 20:37
Toute référence à la soirée de mercredi étant, bien entendu, fort loin du sujet traité...
Rédigé par : Solon | 05 mai 2017 à 17:25
La parole s'exerce aussi dans les débats, même télévisés, où chacun construit pour partie un résultat à déterminer.
Il arrive cependant que certains avocats portés aux nues en des circonstances particulières, assénant leurs convictions humanistes ou révélant une passion suprême pour l'exercice et la recherche de la vérité se découvrent porteurs d'un défaut radical de raisonnement qui consiste dans un défaut de logique dès lors que la vérité à rechercher requiert un esprit de synthèse immédiatement confronté à des avis émanant d'agents rompus à cet exercice contradictoire, et non à l'expression unilatérale de l'indignation.
Alors, l'avocat n'a plus pour lui que son volume, ses mimiques et la vacuité de son esprit qui n'arrive pas à aligner son indignation permanente devenue manie et titre de gloire sur les subtilités de ses préopinants éventuellement contradicteurs et déclenche ainsi le sourire, ce qui chez Tronchet ou Berryer n'est jamais un signe de réussite. C'est la parole-spectacle contre la parole-pensée.
Rédigé par : genau | 05 mai 2017 à 17:05
Bonjour Philippe,
Vanter l'un des nombreux mérites de Mme Taubira de votre part est un acte qu'il m'est nécessaire de relever.
Bravo.
Rédigé par : Jérôme | 05 mai 2017 à 16:36
Et pourtant...
Quelle est la part de la communication non verbale dans un échange : 50, 70, 80 % ?
A ce stade, les mots prononcés, leur choix, et le sens dans les phrases ne compteraient que pour 30% !
A mon sens le ton de la voix, sa hauteur, son débit, la respiration, les muscles du visage (tension, sourire, crispation…), le regard, la gestuelle, la tenue vestimentaire, l'énergie irradiée par le charisme qui ne s'invente pas, tout parle de nous sans que nous nous en apercevions, bien plus que le message direct ou indirect.
Bien entendu, selon l'auditoire, le résumé du discours entendu sera bien souvent différent sinon contradictoire, car il faudra tenir compte de la sensibilité émotionnelle de chacun et de sa capacité à décoder le message majeur. Et là c'est pas gagné.
Avant de prendre la parole, et dans la perspective de séduire l'auditoire, le développement sur un sujet donné n'est pas tant ce que l'auditeur doit exprimer, mais bien plus ce que veut entendre cet auditoire à cet instant, vérité non dite si nécessaire.
Un discours, c'est comme une mayonnaise à 100 œufs. Il y a une chance sur 1000 que ça prenne. Mais quand la sauce commence à monter, alors c'est gagné.
Rédigé par : fugace | 05 mai 2017 à 15:08
J'ai constaté la même chose à l'écrit : j'ai vu le stress du directeur de mon agence bancaire au moment de devoir me faire signer une déclaration (c'était pour payer les 1% d'impôt par mon PEA, pour une société non cotée en bourse). Il n'avait pas le formulaire nécessaire.
Au quotidien, quand on demande une feuille blanche et qu'on improvise une déclaration de cinq lignes sur une feuille vierge, on est vu comme un extraterrestre.
Rédigé par : Alex paulista | 05 mai 2017 à 15:02
Je n'ai même pas besoin d'évoquer la cause principale de ce naufrage se rapportant à la peur de soi parce qu'avec angoisse, faute de culture générale et d'Humanités, on s'effraie à l'idée de devoir seulement compter sur soi pour la substance.
La parole ne sert que de véhicule à une pensée.
Or de nos jours, du fait de la relégation de la culture générale et des Humanités aux oubliettes au profit d'un utilitarisme à courte vue, la pensée s'est appauvrie de manière consternante, y compris chez les pseudo-élites, qui trop souvent ont renoncé à réfléchir et à penser en profondeur pour se contenter d'aligner des slogans conformistes ou bien des idées reçues à la queue leu leu.
Nous en avons encore eu de nombreux exemple au cours de ce qui aurait dû être une campagne électorale digne de ce nom.
Rédigé par : Exilé | 05 mai 2017 à 12:04
La parole ou le discours ?
Jamais l'homme n'avait autant déblatéré qu'en ce temps présent...
Et pour dire quoi, s'il vous plaît ?
Quant aux avocats, le niveau qui est le leur est tel que le désespoir s'empare de l'auditoire. Ceux qui admirent le propos convenu, appris par coeur, font pleurer Démosthène là où il se trouve...
Lui qui avec des cailloux dans la bouche préconisait :
1) l'action
2) l'action
3) l'action !
Rédigé par : duvent | 05 mai 2017 à 11:34
@breizmabro
Madame, je me permets de vous rappeler la définition du mot invective :
"Suite de paroles violentes et injurieuses"
J'ai suivi la totalité du débat auquel vous faites allusion. J'ai en effet été troublé par une telle violence verbale, mais je ne me souviens pas d'avoir relevé des injures proférées par "l'une"... En revanche, "l'autre" a traité son adversaire de personne indigne, menteuse et disant des bêtises.
En effet, la parole est d'argent mais l'écoute est d'or !
Cordialement
Rédigé par : Antoine Marquet | 05 mai 2017 à 11:26
Bonjour,
« Dans l'entreprise, même chez les plus hauts dirigeants, en politique, même chez les personnalités apparemment les plus douées, dans les médias, dans le judiciaire, dans tous les lieux et institutions où le verbe tel que je le rêve devrait être à l'honneur, dans les joutes comme dans les dialogues, dans l'empathie comme dans l'antagonisme, la parole nue est perdue ou en perdition. »
Le temps des grands orateurs est bien fini. Leur époque de gloire fut celle de la Grèce antique avec Démosthène, Eschine et quelques autres. N’oublions pas bien sûr, les orateurs de Rome du temps de sa splendeur, avec Cicéron et Quintilien. Pendant la Révolution française il y en a eu de bien éloquents, à commencer par Danton et Robespierre, ce qui ne les a pas empêchés de finir sur l’échafaud.
Enfin au début du siècle dernier, nous avons eu Clemenceau, Gambetta et Jaurès, qui étaient capables de faire basculer les opinions par leur simple talent oratoire. Mais c’est déjà loin tout ça.
Aujourd’hui qui pouvons-nous honorer du titre de grand orateur dans le monde bien organisé de la politique ?
Mis à part le Général qui rédigeait lui-même ses discours et était capable de les exposer sans la moindre note, quel président, responsable de parti est capable d’émouvoir un public du haut d’une tribune ?
Peut-être J-L Mélenchon. Ce qui lui a valu de remonter tous ses adversaires et finir quatrième au premier tour de cette élection présidentielle, tout près de François Fillon. Mais son style ressemble plus à celui d’un bateleur de foire qu’à un maître de la rhétorique.
Désormais nos « élites » ne rédigent plus leurs discours. D’ailleurs ils ne s’en cachent même pas. Le discours est devenu une simple affaire d’intendance. Ce sont des « plumes » qui sont payées pour s’en charger.
La dernière anecdote du moment est un discours de Marine Le Pen dans lequel ont largement été utilisés des extraits d’un discours de François Fillon. Discours qui, bien sûr, a été écrit par une de ses plumes, en l’occurrence Paul-Marie Coûteaux.
Ce cas est suffisamment édifiant pour démontrer que la parole est désormais à ranger aux accessoires des "éléments de langage".
L’orateur (ou supposé tel) se limite à réciter des discours préparés avec le ton et la gestuelle appropriés comme le ferait n’importe quel comédien de théâtre. Espérons toutefois que les idées contenues dans ses discours soient vraiment les siennes. Mais parfois il est permis d'en douter.
Rédigé par : Achille | 05 mai 2017 à 10:51
Bonjour Monsieur Bilger,
Je ne fréquente pas les tribunaux mais il suffit d'écouter les journalistes pour constater que parole et culture vont ensemble.
Mais l'écrit n'a rien à leur envier.
Il est bien loin le Certificat d'études à 14 ans !
Rédigé par : Popol | 05 mai 2017 à 10:05
Mon cher Philippe, la conférence du stage se déroule sur trois tours : le second tour est un tour d'improvisation, les sujets étant donnés aux candidats le matin, à la bibliothèque de l'Ordre, avant le discours à 14 heures.
Ce deuxième tour, où sont éliminés 18 candidats sur 36, puis, au troisième tour, 9 candidats pour n'en conserver que les 9 secrétaires de l'année est en lui-même une sorte de conférence Tronchet... laquelle avait déjà disparu en 1978 à l'époque où votre serviteur passait la conférence et obtenait le prix "sbriglia" de l'improvisation ainsi que la fierté d'avoir un premier secrétaire ultra-marin.
Que l'on me pardonne ce moi haïssable et parfaitement immodeste : ceux qui me connaissent savent pour autant que la dérision est mon vice le moins perfectible.
Et puis, assez de repentance : "ne pas avoir conscience de son talent, c'est faciliter la réussite des médiocres"... comme disait Marchenoir, ou peut-être aussi Audiard, lors d'un débat avec Savonarole...
Rédigé par : sbriglia | 05 mai 2017 à 09:15
"Cette parole riche et libre dont on a de plus en plus la nostalgie n'est que la conséquence d'un monde qui se délite et s'appauvrit. Mais rien ne serait pire qu'un déclinisme résigné et impuissant."
"Un monde qui se délite et s'appauvrit", la preuve par le débat du 3 mai qui n'a été de la part de l'une qu'invectives et de l'autre que platitude scolaire de classe primaire.
Je suis d'autant plus étonnée que j'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'avoir écouté Marine Le Pen lorsqu'elle était avocate et que certains juges l'autorisaient à développer ses arguments, et de constater à quel point la politique/le pouvoir détériore les meilleurs.
Pour Macron je n'ai pas été déçue.
Rédigé par : breizmabro | 05 mai 2017 à 08:55
Vous avez mille fois raison. Les grands orateurs judiciaires, les grands orateurs politiques, ne lisent rien et ne récitent rien. Une plaidoirie, un réquisitoire, une intervention politique au cours d'un débat, s'écroulent quand l'orateur se noie dans ses notes ou ses dossiers. On le voit tous les jours dans les prétoires. On l'a vu l'autre soir dans le duel final présidentiel.
Pour devenir chef de l'Etat, il ne faut pas savoir seulement lire un prompteur.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 05 mai 2017 à 07:27