Le rapport entre les politiques et les médias ne sera plus incestueux. Transparent et fusionnel, il va devenir légitime.
Il n'y a pas de quoi s'indigner ou s'étonner de voir ce mercato "politique" qui, selon des modalités diverses, va conduire un certain nombre de personnalités à un emploi ou à des interventions régulières dans l'espace médiatique (Le Monde).
Pour elles, à vrai dire, ce sera la continuation de la politique et de l'affirmation partisane mais par d'autres moyens.
Certes toutes les situations ne se ressemblent pas. Par exemple rien de commun entre un Jean-Pierre Raffarin sur France 2, un Henri Guaino à Sud Radio, un Gaspard Gantzer ou une Aurélie Filippetti sur RTL, une Raquel Garrido sur Canal Plus (Le Figaro).
Le premier va se commettre comme chroniqueur dans la nouvelle émission dominicale de Laurent Delahousse. Après avoir décidé de quitter la vie politique et évoqué une Fondation, lui, l'ancien Premier ministre, a accepté cette banalisation. Peut-être faut-il du courage pour oublier ce qu'on a été ? En tout cas, tel que je l'écoute et le lis, il s'entendra très bien avec l'inévitable Caroline Fourest. On peut compter sur Laurent Delahousse pour ne pas déroger à la bienséance médiatique !
Jean-Louis Debré avait ouvert la voie en passant sans transition de la componction constitutionnelle à la futilité médiatique.
Quant à Henri Guaino, comme il aura son parti pris durant quatre minutes et qu'il ne sera pas contredit, il sera heureux d'être toujours d'accord avec lui-même. Le monologue ne devrait pas lui déplaire.
Pour Gaspard Gantzer qui va, avec d'autres, "refaire le monde", qu'il ne s'illusionne pas. Ce sera déjà beaucoup de pouvoir exprimer sa pensée. L'Elysée lui semblera lointain et ce sera sans doute moins drôle qu'avec François Hollande dans ses meilleurs jours ! Aurélie Filippetti, quant à elle, s'efforcera de réussir médiatiquement ce qu'elle n'est pas parvenue à mener à bien politiquement !
Raquel Garrido, aux côtés de Thierry Ardisson, aura tout loisir de nous exposer ce qu'est la France insoumise, dans un curieux mélange de révolte et d'intégration médiatique.
Pour rester sérieux, si je ne considère pas que cette arrivée en masse des politiques au sein des médias représente une bouleversante avancée, cela tient au fait que la classe médiatique étant, sans abus de langage, majoritairement politisée avec une impartialité trop souvent battue en brèche, il semble logique que les politiques, eux, se médiatisent et qu'en définitive se crée cette triste cohérence d'une homogénéité mêlant le partisan subtil au partisan ostensible.
Surtout je ne crois pas que l'espace médiatique sera enrichi, avec ce mélange, par une pensée, une parole plus libres, des contradictions plus stimulantes, moins sectaires, des postures moins conventionnelles. Le politique défait ou vacant ne s'oubliera pas et le journaliste sera légitimé dans ses préjugés.
Peut-être y a-t-il chez quelques-uns de ces transfuges par nécessité le rêve de pouvoir devenir quelqu'un d'autre mais on ne change pas.
La seule certitude est que cet engouement conjoncturel ne va pas redorer le blason de la politique dans l'opinion. Parce qu'il est clair que tous, contrairement à Roselyne Bachelot qui a abandonné le métier, n'attendront avec impatience que le moment délicieux où la politique leur tendra à nouveau les bras.
Devenus des sortes d'histrions au cours de la parenthèse, ils aggraveront le sentiment populaire selon lequel la vérité et le mensonge, l'apparence et la profondeur, la gravité et le divertissement sont mêlés dans une confusion qui ridiculise la démocratie.
@ lefort
"Une enfant de neuf ans disparaît à trois heures du matin, dans l’heure qui suit la police est prévenue.
Les critères de l’alerte enlèvement ne sont pas réunis, dit le juge..."
Je me posais la même question, pourquoi pas d'alerte enlèvement ?
Quels sont les critères ?
Rédigé par : Sergio Carioca | 30 août 2017 à 00:20
@ seraye yves | 29 août 2017 à 19:57
Je viens de lire le blog d'Ivan Rioufol (liberté d'expression). C'est tellement vrai que c'est (presque) trop bon de le lire.
Maintenant nous allons avoir du Roger-Petit (TRES petit). Un autre genre.. :D
(En même temps un amoureux (commercialement) de l'OM qui choisit un amoureux (rémunéré) du PSG ne peut pas être complètement... désintéressé (politiquement parlant ;))
(J'aime l'OM et "en même temps" je prends à mes côtés un défenseur du PSG ; bien joué !)
Rédigé par : Breizmabro | 30 août 2017 à 00:02
Les 'politiques' deviennent journalistes tandis que des journalistes deviennent 'politiques'. Quelle drôle d'affaire, et après "on" nous dit de croire tout ce qu'"on" nous dit ; mais comme dirait Anne Roumanoff ""on" ne nous dit pas tout !"
Donc le porte-parole de l'Elysée est celui-là même qui critiquait l'année dernière ses petits camarades qui se faisaient soudoyer, manipuler par LE pouvoir.
Bruno Roger-Petit, THE polémiste, celui qui s'est toujours vanté, se vante et se vantera encore j'en suis certaine, de sa liberté d'expression, sinon de pensée.
Macron a mis un Premier ministre de droite à sa droite, un ministre de l'Economie à... sa droite, un ministre du Budget à... sa droite, il nomme pour contrebalancer ce casting un chroniqueur journalistique de gauche, parce qu'il faut respecter le "en même temps"... :D
Entre le bellâtre Castaner et l'"intellectuel" des dîners-en-ville Roger-Petit, va y avoir du sport :D
Vivement septembre ! ;)
Adéo
Rédigé par : Breizmabro | 29 août 2017 à 23:37
Une enfant de neuf ans disparaît à trois heures du matin, dans l’heure qui suit la police est prévenue.
Les critères de l’alerte enlèvement ne sont pas réunis, dit le juge.
Les heures passent, un chien piste l’enfant jusqu’au parking.
Les critères de l’alerte enlèvement ne sont pas réunis, dit le juge.
Si par malheur l’enfant était retrouvée agressée… le juge jugerait-il qu’il est temps de déclencher l’alerte ?
Les forces de police, plus pragmatiques, ont lancé tout de suite un appel à témoin qui, il me semble, est un désaveu de ce juge inconscient et elles font un travail considérable
La piste criminelle n’est pas exclue, puis la piste criminelle est privilégiée, dit enfin le juge sans toujours juger utile de lancer une alerte…
Vingt heures après la disparition, les pompiers, le samu attendent-ils des « critères » pour se lancer au secours des citoyens, au risque de fausses alertes ou d’accident mineur mais qui font d’abord passer la vie devant de désagréables déconvenues.
Attristante attitude.
Rédigé par : lefort | 29 août 2017 à 20:37
J'ai lu chez Ivan Rioufol son texte de ce jour, brillant et réaliste comme toujours. J'y ai lu également un commentaire de cette adorable Michelle D-LEROY qui est de retour après une dure épreuve.
Bien entendu chez Philippe Bilger ces textes feraient désordre.
http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2017/08/pourquoi-macron-naime-pas-le-p.html
Rédigé par : seraye yves | 29 août 2017 à 19:57
"La seule certitude est que cet engouement conjoncturel ne va pas redorer le blason de la politique dans l'opinion. Parce qu'il est clair que tous, contrairement à Roselyne Bachelot qui a abandonné le métier, n'attendront avec impatience que le moment délicieux où la politique leur tendra à nouveau les bras."
Pour faire le lien avec un autre billet : le pouvoir est une addiction... Prévoir une détox pour les politiciens ? Ce sont quand même ceux qui peuvent le plus impacter la vie des autres qu'on ne contrôle pas, tandis que si le voisin du dessus fume, je ne crois pas que le sort du monde va en être changé.
Je plaisante, enfin, plus ou moins ! Si j'étais du genre prohibition de drogue, sûr que je prônerais la prohibition que je dis : un minimum de cohérence m'y obligerait... Comme je suis pour la liberté, je dis aux citoyens de ne pas mal éduquer leurs politiciens en les reconduisant tout le temps au pouvoir, et de les aider à retrouver une vie normale en leur facilitant la reconversion, reconversion qui devrait être facilitée pour tous sans parler d'un revenu inconditionné pour tous.
Bref, sécurité pour tous mais impossibilité à quiconque d'exercer un pouvoir dont rien de très bon ne peut sortir, car addictif. Et pourquoi rien de bon ne peut sortir d'un pouvoir addictif ? demanderont les distraits. Parce que le pouvoir, de moyen devient une fin en soi, ce qui fait que le pays est au service des politiques, et non l'inverse.
Rédigé par : Noblejoué | 29 août 2017 à 19:49
Si quelques anciens ministres, ex-députés et conseillers présidentiels ont trouvé à se recaser dans les médias, il est un journaliste politique (et accessoirement commentateur de match de football surtout quand il s’agit du PSG) qui a fait le chemin inverse.
Il s’agit de Bruno Roger-Petit qui vient d’être nommé porte-parole de l’Elysée. Un homme de gauche « authentique » qui va renforcer le pôle communication jusque-là composé principalement de Sibeth Ndiaye au vocabulaire très « dépouillé ».
Voilà un tandem pour le moins cocasse qui ne fait qu’accréditer la pensée complexe de notre président. Je sens qu’on va vivre de grands moments de communication dans les jours à venir ! ☺
Rédigé par : Achille | 29 août 2017 à 17:56
"La seule certitude est que cet engouement conjoncturel ne va pas redorer le blason de la politique dans l'opinion"
La perméabilité entre les mondes politiques et médiatiques est telle qu'on ne peut s'étonner de ces recrutements !
Mais quel est le gain réel pour les radios ou télés qui ont fait leur "mercato" parmi les seconds couteaux de la politique ?
Peut-on croire une seconde que le ton hésitant de Guaino, cet incompris de l'électorat du 7ème arrondissement, va faire grimper l'audience, que "Raffarien" et ses blagounettes vont attirer le populo sur France 2 ?
Peut-on imaginer que Garrido, l'épouse d'Alexis Corbière, va faire bondir l'audience chez Bolloré ?
Une chose paraît sûre : tout ce petit monde fricote, couche et s'entend au mieux, rien de nouveau sous le ciel gris parisien, et si la politique n'y gagne rien, comme nous le dit notre hôte, le journalisme non plus...
Rédigé par : caroff | 29 août 2017 à 17:45
Vos propos de ce jour sont du plus vif intérêt.
Quelques noms me donnent à parler.
Jean-Louis Debré. Quand on a présidé le Conseil constitutionnel, on ne vient pas faire blague de tout dans une émission d'histrions.
Jean-Pierre Raffarin est sopo. L'audience va tomber.
Aurélie Filippetti est mauvaise et grise. Tant pis pour elle.
Raquel Garrido, avocate exaltée et vibrionnante, est une erreur de casting partout, même chez Ardisson.
Henri Guaino, quoi qu'on puisse lui reprocher, fut une providence pour Sarkozy en lui écrivant ses plus beaux discours. On peut toujours l'écouter quelques minutes à Sud Radio. Il y a pire compagnie, en cherchant bien.
Enfin, petit rappel s'agissant de Gaspard Gantzer. Il fut d'abord sur le première liste des candidats à la députation choisis par le mouvement de Macron. Et fut contraint de se retirer, devant le déluge de moqueries, très opportunes, qu'il dut essuyer : il venait de conseiller Hollande jour après jour des années durant.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 29 août 2017 à 17:36
Pour le moment, la coupe politico-médiatique est déjà pleine avec super marchand de vent et sa midinette.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 29 août 2017 à 16:08
Tous pourris ?
Oui sans doute, cher P. Bilger !
A partir du moment où vous mettez un seul doigt de pied dans la politique, toutes les compromissions s'ouvrent à vous, sans grand danger. Petites et grandes ! Le nier c'est jouer l'autruche.
Jamais le sens de l'Etat n'a été si bas en France dans le monde politique.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 29 août 2017 à 15:56
Cher PB,
A une demi-journée près, vous auriez pu ajouter Bruno Roger-Petit dans votre énumération. N'ayant aucune admiration pour cet homme en tant que chroniqueur sportif, et encore moins comme chroniqueur politique, je me pose des questions sur la capacité d'Emmanuel Macron à comprendre le monde réel. Ce choix me paraît une très grave erreur. Tant pis pour eux.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 29 août 2017 à 14:11
Ils continueront à faire ce qu'ils ont toujours fait, de la "pédagogie", se prenant eux pour des maîtres à penser et leur auditoire pour des écoliers à instruire. Ils justifieront leur appât de toujours plus de notoriété, de prestige et d'argent, en dispensant ce qu'ils croient être la bonne parole. Consternant.
Rédigé par : Lucile | 29 août 2017 à 14:02
Au moins ça a le mérite de clarifier effectivement les rapports entre journalistes et politiques (et inversement : Bruno Roger-Petit vient d'être nommé porte-parole de l'Elysée).
J'espère au moins que pour les politiques encore encartés, le temps de parole de toutes leurs interventions sera décompté de celui de leur parti à l'occasion des prochaines élections...
Rédigé par : Bibasse | 29 août 2017 à 13:30
Bonjour,
J’ai un petit peu anticipé votre billet du jour dans mon dernier commentaire en parlant des tricards de la politique, en clair ceux qui n’ont plus aucun débouché dans ce domaine dans lequel que ce soit à gauche ou à droite, les militants ne savent plus trop à quel leader plus ou moins charismatique se fier.
On peut le constater à LR qui est en train de se choisir son nouveau leader.
Entre les fillonistes revanchards, les juppéistes frustrés, les sarkozystes qui y croient encore et les wauquiezistes qui s'y voient déjà, bonjour l’ambiance !
Au PS ce n’est pas mieux. J-C Cambadélis qui est censé avoir quitté ses fonctions de Premier secrétaire du parti est toujours à son poste rue de Solférino. Sans doute n’a-t-il pas encore trouvé un poste de chroniqueur. Mais entre nous on ne voit pas trop la station qui serait prête à l’engager.
Concernant Gaspard Gantzer, je sens qu'on va se trimballer ce type pendant trente ans comme Attali et Minc. Misère ! ☹
Rédigé par : Achille | 29 août 2017 à 12:56
Sur France Inter, nul besoin d'attendre l'arrivée de 'politiques', la gauche est bien représentée par des journalistes.
Rédigé par : jack | 29 août 2017 à 12:29
Qu'ils sont nombreux ces personnages qui se prennent pour des dieux et qui se vautrent dans l'argent facilement gagné !
C'est triste pour l'humanité qui ne peut que régresser avec de tels êtres ! Même dans leurs tombes ou leurs urnes on les entend crier "moi je" !
Rédigé par : petit soldat | 29 août 2017 à 12:24
Le rapport entre les politiques et les médias ne sera plus incestueux. Transparent et fusionnel, il va devenir légitime.
Cette connivence ambiguë entre le monde politique et une presse qui dévoie son contre-pouvoir n'est pas nouvelle, mais elle ne fera qu'accroître la méfiance, le mépris voire la détestation de la part des Français de gens qui ont en pratique détourné à leur profit le peu qui restait encore de démocratie en France, entre autres en verrouillant un peu plus encore toute contestation des dogmes à la mode.
Le Système, c'est aussi cela.
Rédigé par : Exilé | 29 août 2017 à 12:22
Excellent article qui hélas souligne des comportements irresponsables mais certainement fructueux qui ne donnent envie ni de voter ni d'écouter la radio ou la télévision.
Rédigé par : bernard | 29 août 2017 à 12:03