Du vivant d'une personnalité illustre et à peu près célébrée par tous, on a le droit de dire ce qu'on pense d'elle. On a le devoir, entre ombres et lumières, de faire le tri, de formuler des réserves ou de s'enthousiasmer comme on l'entend sans suivre forcément l'opinion commune. On a peut-être tort mais peu importe. Je ne renie aucun de mes billets à son sujet mais quelle acidité infinitésimale dans un océan de gloire et d'intelligence, quand il était là, présent, disponible, heureux sur tous les fronts !
Ainsi il n'était pas immortel !
Comme il l'a si lucidement déclaré un jour à Frédéric Beigbeder, "à sa mort on pourra juger son oeuvre" parce qu'elle sera en quelque sorte débarrassée de son auteur (France Culture, Le Figaro). J'aime qu'il ait toujours eu cette assurance sans morgue, cette ironie tendre et spirituelle sur les choses de la vie, sur les privilèges de sa classe, sur les grandeurs et les ridicules de cette aristocratie qui lui allait si bien, si mal... Il me semble qu'il ne surestimait pas ses livres - ce qui est le meilleur moyen pour en sauver de l'oubli ou de l'indifférence - mais portait au plus haut la littérature dont il est toujours parvenu à nous démontrer qu'elle était une merveilleuse grille de lecture du monde, à toutes les époques et sous toutes ses facettes.
Partisan mais tolérant, jamais coupable de sérieux mais ayant le sens du tragique, caustique mais aimable, léger mais profond, omniprésent mais pudique, volubile sur soi mais empli d'estime et d'admiration sincères pour ceux qui le dépassaient, agaçant peut-être mais incroyablement divers, échappant au jeunisme mais si royalement, authentiquement jeune, curieux, vif - j'ose aujourd'hui cet adjectif -, admis partout, à l'aise avec tous, accordé à tous les milieux parce que n'ayant de mépris pour personne, il étincelait, éblouissait, rayonnait et gardait pour lui les démons que son extrême intelligence et sa sensibilité ne devaient pas manquer de faire surgir dans ses tréfonds. Doué pour le bonheur certes mais n'ignorant pas, j'en suis sûr, à partir de lui, que la condition humaine était, selon sa belle expression, "une fête en larmes", drôle à pleurer.
Jean d'Ormesson a eu une existence tellement intense, riche, immense, désinvolte et grave, si éclatante et en définitive si respectée qu'on pourrait souhaiter, pour rendre hommage à ce qu'elle a été, à ce qu'il fut, par contraste, le silence, le recueillement, la simple mémoire nue.
C'est déjà l'inverse. Evidemment.
Dans toutes les émotions, ce saisissement : ainsi Jean d'Ormesson n'était pas immortel...
"Les barricades mystérieuses", de Couperin :
https://www.youtube.com/watch?v=sf-LMHrslHw
Toutes sortes d'hypothèses sur ce nom de barricades mystérieuses. Celle qui me plaît le plus, et est de circonstance, les barrières entre la vie et la mort.
Pour les morts, donc, qu'on pleure mais qu'on chasse quand ils reviennent, si on en croit les légendes de fantômes. Parce que quand on aime quelqu'un, on aimerait être avec, de quelque côté que ce soit.
Contre les barrières s'il y en a, et plus probablement, mais je ne crois pas à l'existence d'oeuvres dédiées à cela, contre le néant qui nous mange les uns après les autres comme le cyclope les compagnons d'Ulysse.
Rédigé par : Noblejoué | 19 décembre 2017 à 13:49
Jean d’Ormesson redoutait deux choses s’il venait à mourir.
Que ce soit François Hollande qui prononce son oraison funèbre. Là pas de problème, mais heureusement qu’il n’a pas eu l’idée de se représenter car il avait bien des chances d’être réélu vu le pataquès de l’élection présidentielle.
La seconde c’était de mourir en même temps qu'une star, prenant pour exemple les disparitions de Cocteau et Piaf. Or il n’y avait qu’une star qui pouvait vraiment lui faire de l’ombre : Johnny ! Avouez que ce n’est pas de chance quand même !
Imaginez un peu qui étaient présents à ses obsèques : le président de la République et les deux ex-présidents, le Premier ministre, un ex-Premier ministre (Raffarin, grand fan de Johnny), le président du Sénat. Tout le gotha du showbiz et du cinéma.
Le dernier show du chanteur est encore une fois une réussite absolue.
Mais je pense que Jean d'Ormesson ne lui en voudra pas. Là où il est, ce genre de contingence n'a plus guère d'importance.
Rédigé par : Achille | 09 décembre 2017 à 20:28
Bonjour Philippe,
Beau billet.
Jean d'O.
L'oeil coquin, parfois presque égrillard, et le sourire mutin m'enchantaient.
Je n'ai jamais pu lire plus de vingt pages de sa littérature, elle ne me plaisait pas.
Je me suis toujours arrêté de zapper quand je le rencontrais sur une chaîne, "conversationnant" avec amabilité, souvent espièglerie et immanquablement beaucoup d'humanité.
Rédigé par : Jérôme | 07 décembre 2017 à 17:49
@ Exilé | 06 décembre 2017 à 09:08
Voilà qui est encore plus incriminant que les citations que j'avais relevées tantôt...
Jean d'Ormesson avait certes de grandes qualités, et c'est ce qui le rendait apprécié de tout le monde. Mais se faire aimer de tous peut aussi être une lâcheté.
@ Claude Luçon | 06 décembre 2017 à 10:50
"A propos de Russie, je parle [...] à cause du seul Poutine qui semble tant vous fasciner !"
Mais non. C'est vous, que Poutine semble fasciner, pour que vous rameniez sans cesse tout à lui. Moi, je m'intéresse à la Russie. Je vous l'ai déjà dit à de multiples reprises, mais vous continuez à mentir.
"A propos de Russie, je ne parle que de vous."
C'est bien ce que je vous reproche. C'est exactement la méthode de désinformation et de diffamation communiste.
"Les sciences, humaines et autres, ne semblent pas faire partie de vos compétences !"
Bien sûr que si. Plus que vous, en tout cas, puisque vous vous employez à mentir sans cesse, à nier les faits et à leur substituer des attaques personnelles. Votre comportement est à l'opposé de l'esprit scientifique.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 06 décembre 2017 à 20:29
@ Robert Marchenoir | 06 décembre 2017 à 01:30
De même que personne n'oblige un ex-perceur de trous en Afrique à la recherche de pétrole à y connaître quoi que ce soit en politique russe.
A condition que l'un et l'autre aient le bon goût de limiter leurs interventions à leur domaine de compétence. Bref, même la droite est de gauche, chez nous ; et c'est bien le problème.
Cher Bob,
J'utilise "Bob" bien sûr en référence à votre américanisation et pour vous éviter d'être embarrassé, quelqu'un prétend que Poutine s'appelle vraiment Vladimir Robert Poutine.
Mieux vaut éviter cette effarante similitude, si elle est vraie, et une quelconque confusion, sans compter l'humiliation pour vous !
D'où le plus américain Bob.
Mais je tiens ici, et surtout, à vous remercier pour cette allusion à mon passé en référence avec Jean d'Ormesson. Me mettre dans la même catégorie d'un homme pareil m'aurait presque fait pleurer d'honneur.
Je m'en imaginerais presque admis à l'Académie des Sciences avec votre aide !
Mais ça venait de vous hélas ! Et les sciences, humaines et autres, ne semblent pas faire partie de vos compétences !
Vous avez raison je ne connais rien à la Russie, n'y ayant jamais foré de trou, ni passé de vacances, c'est pourquoi, à propos de Russie, je ne parle que de vous et uniquement à cause du seul Poutine qui semble tant vous fasciner !
Rédigé par : Claude Luçon | 06 décembre 2017 à 10:50
"Vous connaissez Jean d’O ?" nous demanda notre guide à Udaïpur, "chaque fois qu’il vient ici, il me choisit et en profite pour améliorer mon français".
Dans ce Rajasthan adoré, nous en avons profité pour parler un peu de ce gentilhomme et de l’excellent souvenir qu’il avait laissé à cet Indien qui imaginait de venir un jour en France et lui rendre visite ; il ne pourra plus le faire.
Rédigé par : olivier seutet | 06 décembre 2017 à 10:45
J'ai souvent apprécié l'aristocrate classieux, séducteur, malicieux, blagueur habitué des ondes et des télés... un bon client assurément, mais assez moyennement les aphorismes dont il était coutumier...
Et puis il s'est entiché de Mitterrand... quelle faute de goût !
Peut-être avait-il décelé chez lui une culture d'homme de droite proche de la sienne ?
Rédigé par : caroff | 06 décembre 2017 à 10:40
...admis partout, à l'aise avec tous, accordé à tous les milieux parce que n'ayant de mépris pour personne
Bref, Jean d'Ormesson - quoi que nous puissions penser de lui par ailleurs - était le pur produit d'une éducation aristocratique, formule doublement honnie de nos jours chez nous où l'éducation se perd et où tout ce qui touche au gouvernement des meilleurs est systématiquement voué aux gémonies.
Oui, un véritable aristocrate, contrairement à tous ces parvenus qui étalent leur morgue partout, est capable de se mettre au niveau de son interlocuteur, de le mettre à l'aise et d'échanger avec lui avec bienveillance.
C'est aussi cela, l'art de la conversation, à savoir une forme de politesse naturelle.
Rédigé par : Exilé | 06 décembre 2017 à 10:04
Non ils n'étaient pas immortels !
L'écrivain et le rocker ont rejoint presqu’ensemble le jardin de Saint Pierre. Mauvaise semaine qui nous rappelle que nous non plus ne sommes pas immortels.
J'imagine Johnny s'adressant à leur hôte en lui demandant "Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?"
Rédigé par : Jabiru | 06 décembre 2017 à 09:24
Il est possible d'être immortel et parfois de dérailler complètement :
« J'ai toujours pensé et écrit - on me l'a assez reproché - que l'islam était une grande religion qui a marqué l'histoire des hommes. La civilisation musulmane est à l'origine de quelques-unes des plus belles réalisations du génie humain. Daech déshonore cette grandeur de l'islam. Chez nous et ailleurs, les musulmans en masse sont les premiers à condamner Daech. Il faut les remercier, les respecter, les soutenir. »
Ou :
« L’islam n’est pas représenté à l’Académie. Il serait normal qu’il soit représentée. »
Rédigé par : Exilé | 06 décembre 2017 à 09:08
Ce qui frappait entre autres chez Jean d'Ormesson et suscitait mon admiration, c'était son élégance.
Elégance dans sa présentation certes, qui était à la fois respect de soi-même mais aussi respect des autres.
Elégance dans le débat, faite de courtoisie, de respect, d'écoute, ce qui n'excluait nullement, lorsque nécessaire, le propos vif et ironique.
Elégance dans l'expression aussi bien écrite que verbale. J'éprouvais pour ma part autant de plaisir à écouter cette voix si typée et reconnaissable entre mille qu'à le lire, au point qu'en parcourant les pages de ses ouvrages il me semblait en fait que c'est lui-même qui me les lisait.
Rédigé par : Michel Deluré | 06 décembre 2017 à 09:07
Au-delà de la mousse médiatique, son propos le plus profond, le plus exact et le plus lourd de sens, dont la simplicité ne doit pas masquer la portée existentielle : "Nous avons le choix entre l'évidence de l'absurde et le risque du mystère".
Rédigé par : Guzet | 06 décembre 2017 à 08:52
Deux étoiles se sont éteintes à deux jours d’intervalle. Tout les séparait, mais tous les deux brillaient de mille feux au firmament des célébrités.
Célébrité du monde des lettres et, à un degré moindre, de la politique pour Jean d’Ormesson, idole du monde de la chanson et du show-biz pour Johnny (avec le temps, ajouter Hallyday était devenu inutile. C’était Johnny tout simplement).
J’ose à peine le dire mais j’ai chialé comme un gamin quand j’ai appris au réveil la mort de Johnny. Je lui dois tant de souvenirs inoubliables, d’instants magiques. J’ai l’impression d’avoir perdu une partie de moi-même.
Ce matin j’écoute les éloges dithyrambiques, les poncifs un peu pathos des personnalités qui l’ont bien connu, mais le cœur n’y est pas. Je sens que je vais couper la radio et écouter quelques disques de lui.
Journée de m... !
Rédigé par : Achille | 06 décembre 2017 à 08:34
Ah que coucou ah que c’est Jôhnny qui est pas immortel !
Rédigé par : sylvain | 06 décembre 2017 à 08:29
En moins de 24 heures la France confirme son génie de l'équilibre social, après un aristo on perd aujourd'hui un prolo.
Rédigé par : Savonarole | 06 décembre 2017 à 07:57
Après le décès de Jean d'Ormesson, Taddéï a fait réécouter aux auditeurs d'Europe 1, deux heures durant, plusieurs entretiens qu'il eut avec l'écrivain. Cela vaut le détour. Je retiens :
1. Je doute en Dieu
2. C'est très fatigant de détester les gens. Je déteste détester.
3. (A sa fille, éditrice, mais qui, dit-il, fut d'abord de gauche) Tâche de ne pas me déborder sur ma droite.
4. (Son père ayant été ambassadeur de France en Allemagne de 25 à 33) J'ai d'abord parlé allemand.
5. Il cite Louise de Vilmorin : « Mais, voyons, de nos jours, plus personne ne veut se marier, sauf peut-être, quelques prêtres et quelques homosexuels. »
Rédigé par : Patrice Charoulet | 06 décembre 2017 à 07:01
Ce qu'il y a de bien avec les nécros c'est que les titres et certains paragraphes peuvent servir pour la fournée suivante...
Lui non plus n'était pas immortel et Savo va nous dire que sa pub pour lunetier était inconnue ailleurs qu'en France...
Rédigé par : sbriglia | 06 décembre 2017 à 06:26
J'interromps cinq minutes l'hagiographie en cours, pour relever les sottises énoncées par Jean d'Ormesson lui-même dans l'une des innombrables interviews rediffusées à l'occasion de sa disparition.
Sur le drâââme des migrants : c'est très difficile de les accueillir chez nous, mais bien sûr on ne peut pas les rejeter. Ce qu'il aurait fallu faire, c'est... chez eux... les conditions qui les forcent à partir... blabla.
En d'autres termes, la France devrait recoloniser d'urgence l'Afrique entière (plus l'Afghanistan, le Bangladesh, la Roumanie, la Chine et quelques autres poubelles du bout du monde), y établir une dictature communiste (ou nazie, ou napoléonienne, ou gaulliste, ou poutiniste, cochez la case qui vous arrange), puis dépêcher sur place des centaines de milliers de fonctionnaires coloniaux pour y déverser des flots de bon pognon de l'Etat "monétisé par la Banque de France à taux zéro".
Et là, tout le monde serait heureux, l'immigration stopperait et les petits zoziaux chanteraient. Tandis que tout simplement fermer les frontières et expulser les immigrants illégaux, ça, ce serait trop compliqué et fâchiste et franchement pas convenable, ma chère, prout.
Sur le drâââme du conflit israélo-palestinien : il faut que les Israéliens tendent la main pour se réconcilier avec les Palestiniens. Il n'y a pas d'autre solution.
Tandis que l'hypothèse que les Palestiniens tendent la main aux Israéliens pour se réconcilier avec eux, ça, bien sûr, ce n'est pas une solution. Personne ne songe à leur demander quoi que ce soit, à eux. Si les Juifs se font massacrer à domicile, dans leur timbre-poste, par des fanatiques musulmans qui égorgent jusqu'à leurs bébés, on ne m'ôtera pas de l'idée qu'ils doivent y être pour quelque chose. En sorte que c'est à eux de faire le premier pas.
Et tant pis si le premier, le second et tous ceux qui ont suivi n'ont jamais déclenché la réciproque chez ces pauvres Palestiniens tant persécutés, qui refusent de reconnaître jusqu'à la légitimité de l'Etat d'Israël. Mais ça ne fait rien : que Messieurs les Juifs fassent un effort.
Comme quoi, personne n'oblige un littérateur virtuose de la langue française, et apte à charmer les dames à un âge avancé sans déranger les plantes d'intérieur, à y connaître quoi que ce soit en politique des migrations, ou dans la diplomatie moyen-orientale.
De même que personne n'oblige un ex-perceur de trous en Afrique à la recherche de pétrole à y connaître quoi que ce soit en politique russe.
A condition que l'un et l'autre aient le bon goût de limiter leurs interventions à leur domaine de compétence. Bref, même la droite est de gauche, chez nous ; et c'est bien le problème.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 06 décembre 2017 à 01:30
@ Savonarole | 05 décembre 2017 à 18:57
Dans le Fig-Mag il nous chantait L'hymne au bonheur entre deux publicités Chanel /YSL et les joies de la défiscalisation tropical….
Dans l’éloge funèbre vous êtes bien moins lyrique qu’André Malraux, et maniez avec délectation l’acerbe. Médisant que vous êtes : vous avez déjà oublié que le défunt est entré dans « La Pléiade », et cela ne peut être que la reconnaissance de son immense oeuvre impérissable !
Sur ce, je me replonge dans Faulkner et Caldwell...
Rédigé par : Trekker | 06 décembre 2017 à 00:01
Nous avons perdu un honnête homme sans doute, un écrivain, sûrement pas.
Rédigé par : Frank THOMAS | 05 décembre 2017 à 23:28
Merci pour ce magnifique hommage à Jean d'Ormesson.
Je l'aimais bien pour toutes les raisons que vous évoquez. Il semblait un éternel optimiste, un éternel séducteur et ce qui va nous manquer c'est non seulement sa culture mais aussi sa grande classe. Car son éducation aristocratique, sa courtoisie pouvaient paraître désuètes et même un peu surannées mais dans ce monde où règnent les incivilités, le français approximatif, la vulgarité, l'entendre s'exprimer et le voir souriant et aimable, était rassurant. Un morceau de la vieille France qui part avec lui... à mon grand regret en tout cas.
Et puis au moins il avait des attachements politiques, culturels et humains et ne prenait pas de gants pour le dire ; même avec le sourire, même élégamment, c'était dit. C'est si rare aujourd'hui de voir des personnalités qui n'aient pas un peu honte d'aller et de penser à contre-courant. Cela allait si bien à son personnage séducteur et taquin, à son côté léger en apparence mais qui pouvait se permettre ce côté un peu réac, du fait même de ses origines nobles.
Et, dans ce pays atteint par le jeunisme et le multiculturalisme, il représentait une sorte de socle.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 05 décembre 2017 à 19:57
Cher PB
C'est en allant sur votre blog en fin de matinée que j'ai appris le départ de Jean d'Ormesson. A la lecture du début de votre billet j'ai essayé de me dire que ce n'était pas lui. Mais ce ne pouvait être personne d'autre. J'ai beaucoup d'admiration pour votre capacité à avoir construit un tel texte si peu de temps après la prise de connaissance de l'information. Je me suis mis nu-pieds dans mes mocassins d'été, et je m'imagine en Corse ou en Grèce que, comparativement, je connais si peu.
Merci d'avoir été le premier à m'informer, avec un si beau billet, qui évoque parfaitement, pour moi, ce que j'ai retenu de Jean d'Ormesson. Merci pour nous tous.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 05 décembre 2017 à 19:47
Jean d'Ormesson était, en toutes choses, l'élégance française telle qu'on aimerait toujours la voir !
Rédigé par : Claude Luçon | 05 décembre 2017 à 19:44
@ sbriglia
Depuis ce matin bousculade devant les micros pour encenser Jean d'Ormesson.
Qu'entend-on ? "Élégant, charmeur, spirituel, dandy, séducteur, plein d'humour, malicieux, un personnage de Downton Abbey".
On attend toujours que la demi-douzaine de ministres de la Culture interrogés citent un seul livre du défunt.
Ils auraient pu citer un livre phare, un menhir de sa pensée, une comète époustouflante qui aurait traversé le ciel littéraire. Que pouic.
À l'étranger, il demeure inconnu.
PS : Je ne savais pas que Marc Ghinsberg lisait le Fig-Mag rue de Solférino et lorsqu'il nous dit que "la lecture de d'Ormesson rend la vie supportable", on se pince pour ne pas rire.
Dans le Fig-Mag il nous chantait L'hymne au bonheur entre deux publicités Chanel /YSL et les joies de la défiscalisation tropicale, il est resté scotché au pompidolisme.
Rédigé par : Savonarole | 05 décembre 2017 à 18:57
Dès qu'un chanteur connu, un comédien connu, un écrivain connu... meurt, les quotidiens, les hebdos, les radios, nous abreuvent d'éloges et d'hommages.
Dans le langage journalistique, on dit qu'on a pondu une "nécro". Quand les gens sont très vieux, certains grands journaux ont déjà des "nécros" au frigo, toutes prêtes, qu'il suffit de sortir.
Curieusement, certains ne font jamais d'éloges des vivants. Certains commentateurs, à notre modeste étage, ici, ne font également jamais d'éloges et ne savent que décrier, flinguer, démolir, rabaisser.
C"est un reproche qu'on ne peut guère vous faire. Que de gens avez-vous été capables d'admirer, de louer, d'aimer, quand ils étaient encore vivants ! Vos textes et vos dialogues en témoignent. Finkielkraut, Zemmour, Temime, Dupond-Moretti... ne me démentiront pas.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 05 décembre 2017 à 18:34
Cher Philippe,
La littérature entre dans un crépuscule et nous perdons avec l'élégance de la personne attachante de Jean d'Ormesson une étendue de ciel bleu.
Que toutes les étincelles de sa spiritualité animent les écrivains, les politiques, les journalistes, les pensées de ce siècle et consolent sa famille, ses amis et ses lecteurs.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 05 décembre 2017 à 18:18
Jean d'Ormesson a été immortel, son œuvre sera probablement immortelle, mais que deviendra la France qu'il quitte, telle qu'elle est gouvernée ?
Il est toujours intéressant d'observer la presse des pays visités par les VIP français(es).
Le quotidien algérois El Watan cite aujourd'hui les propos du ministre Tayeb Zitouni à la veille du voyage d'Emmanuel Macron à Alger.
"L'Algérie attend beaucoup de cette visite.(....) compte tenu des déclarations de M. Macron lors de sa précédente visite en Algérie."
Les propos de M. Macron sur "les crimes contre l'humanité sont les plus lourds qu'ait prononcés un président français."
Le ministre souligne que "l'Algérie ne construira pas les relations futures avec la France sur la base de déclarations mais sur le concret."
Il est aussi question dans les médias locaux des pressions exercées sur les autorités françaises par de nombreux jeunes Algériens, en quête de visas universitaires...
"Sa précédente visite en Algérie", c'est en février dernier ; le candidat français n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour s'attirer les faveurs de l'électorat immigré.
À nous, désormais, d'avaliser les aveux et les promesses faits avec quelque légèreté.
Rédigé par : Yves | 05 décembre 2017 à 17:52
Laurent Gerra vient de perdre un de ceux qu'il imitait à merveille.
Quel dommage !
Rédigé par : Jabiru | 05 décembre 2017 à 17:23
Il y a quelques années, j'avais noté, comme pour remercier Jean d'Ormesson de l'avoir sélectionnée dans un de ses livres, la petite histoire juive que voici :
Fin fond de la Pologne. Une calèche. Un fameux rabbin est accablé de louanges par deux assistants.
"Mais qu'ai-je donc fait ? Je suis peu de chose aux yeux des hommes, rien aux yeux de Dieu".
Le premier assistant : "Ô Rabbi, si toi tu n'es rien, je ne suis que l'ombre de rien."
Le deuxième assistant se lamente : "Si Rabbi n'est rien, si le premier assistant n'est que l'ombre de rien, alors moi, je suis plus bas que la poussière de la terre."
Cri déchirant du cocher qui pleure : "Si le grand Rabbi n'est rien, si le premier assistant est moins que rien, si le deuxième assistant est au-dessous de moins que rien, qui suis-je donc, moi, misérable cocher ?"
Du fond de la calèche, le Rabbi : "Non mais pour qui se prend-il, celui-là ?"
Rédigé par : Yves | 05 décembre 2017 à 17:09
...il étincelait, éblouissait, rayonnait et gardait pour lui les démons que son extrême intelligence et sa sensibilité ne devaient pas manquer de faire surgir dans ses tréfonds.
Oui, Jean d'Ormesson était par son intelligence, par sa finesse et par sa légèreté apparente qui cachait avec modestie une réelle profondeur de pensée, un archétype de ce que nous pourrions appeler l'esprit français, de plus en plus rare de nos jours où la vulgarité et la sottise sont le lot commun de l'ensemble de la société et de ses fausses élites.
Avec un léger bémol toutefois, cette réelle intelligence de type littéraire n'a manifestement pas été en mesure de discerner, sous un angle politique, certains changements inquiétants dans la composition de la société française risquant d'en altérer complètement la nature au point de risquer d'empêcher l'apparition de personnalités qui lui ressembleraient, mais peut-être est-ce dû au fait qu'il évoluait dans un milieu artificiel et clos, déconnecté des réalités contemporaines.
Rédigé par : Exilé | 05 décembre 2017 à 16:44
http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2017/12/05/26010-20171205ARTFIG00062-la-premiere-chronique-de-jean-d-ormesson-publiee-dans-le-figaro-en-1969.php?redirect_premium
A chacun sa manière de baisser l'abat-jour, cher Savo...
Rédigé par : sbriglia@Savonarole | 05 décembre 2017 à 16:17
Pour un air de Liberté, sous les applaudissements des "gens bien" de l'époque, je préférais avoir tort avec Jean Ferrat que raison avec Jean d'Ormesson.
Je ne sais si Stéphane Courtois hait sa jeunesse, mais moi si.
Quelle belle vie vous avez eue, Monsieur Jean d'Ormesson !
Rédigé par : bernard | 05 décembre 2017 à 15:41
Bonjour
Jean d’Ormesson nous a quittés. Je l’aimais bien même si parfois il m’agaçait un peu.
Il ne s’était jamais démarqué de ses idées de droite, ce qui était assez courageux de sa part, surtout pendant la période post-soixante-huitarde pendant laquelle tout intellectuel digne de ce nom se devait d'être de gauche, tout particulièrement lorsqu’il était agrégé de lettres et sortait de Normale Sup.
Mais il savait défendre ses idées avec une intelligence teintée de malice, ce qui lui lui valait l’indulgence de ses pairs de gauche.
Au cours de ces dernières années, il avait commencé une réflexion existentielle sur le monde qui nous entoure, se posant des questions du genre « Comment fonctionne l’univers ? Pourquoi y a-t-il quelque chose au lieu de rien ? », réflexions très bien développées dans son livre « C’est une chose étrange à la fin que le monde » qui figure en bonne place dans ma bibliothèque.
Il savait parler des choses sérieuses avec légèreté. Son humour était parfois féroce mais jamais vraiment méchant. D’ailleurs François Mitterrand l’appréciait, même si parfois l'académicien n’hésitait pas à l’égratigner. Et je pense que l’estime était réciproque. L’amour des lettres les avaient réunis.
Par contre Jean d’Ormesson n’a jamais ressenti une grande sympathie envers François Hollande. Sa petite phrase assassine "J'ai peur de mourir pendant son quinquennat ! La pensée que Hollande puisse me rendre hommage me terrifie !" ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Ceci étant il l’a échappé belle, il s’en est fallu de quelques mois…
Rédigé par : Achille | 05 décembre 2017 à 15:17
Il aura dévoré sa vie comme Paul Morand mais avec le talent de Paul Géraldy, mince bagage.
Rédigé par : Savonarole | 05 décembre 2017 à 15:09
Le comte Jean d’Ormesson n’est plus.
Il avait l’art de tenir des propos sérieux avec futilité et d’être sérieux dans ses propos futiles avec juste ce qui fallait d’humour ou d’ironie selon son interlocuteur.
En politique, un esthète engagé maniant le verbe comme une dague empoisonnée.
Il appréciait en Mitterrand l’incarnation de Janus, un président de gauche avec des convictions de droite, et il savait se faire courtisan avec lui, pour le simple plaisir de jouer ainsi son rôle préféré, celui de dernier des représentants de l’Ancien Régime.
Sa plus grande crainte, avait-il dit un jour, « mourir sous le quinquennat de Hollande » de peur que celui-ci ne fasse son éloge funèbre ; il aura évité ce supplice.
Pas sûr qu’il ait à s’en réjouir dans sa tombe, à sa façon Hollande faisait aussi partie de l’Ancien Régime, celui de la lenteur d’avant le numérique qui pervertit tout, même la lecture qui se fait sur des tablettes essayant maladroitement de reproduire le doux bruit des feuilles que l’on tourne.
Rédigé par : Tipaza | 05 décembre 2017 à 15:04
Merci Monsieur pour ce si bel hommage. En communion.
Rédigé par : Veronique | 05 décembre 2017 à 14:59
La mort, c'est la mort, l'oeuvre reste pour certains, mais tout disparaîtra avec notre espèce, et l'univers paraît-il voué lui-même à la destruction.
Pas d'âme, des corps dont les cellules se reproduisent mal, d'où vieillesse, de la souffrance endurée et de la mort généralement subie et non choisie pour les humains, des deuils plus durs à traîner que la peur de sa propre fin et des qui perd gagne qui prétendent que tout ce qui nous diminue, souffrance et mort, serait notre grandeur.
On n'est pas obligé d'approuver l'inacceptable parce qu'on n'a pas la force de le repousser, on n'a rien de mieux à faire que d'essayer de changer ce monde.
Rédigé par : Noblejoué | 05 décembre 2017 à 14:09
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire Jean d’Ormesson, j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écouter. Il possédait l’art de la conversation comme personne. Il faisait partie des gens précieux qui rendent la vie supportable. Il appartenait à une espèce rare, celle des optimistes lucides. L’impression de perdre un proche.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 05 décembre 2017 à 14:04
Dans son livre "Et toi mon coeur pourquoi bats-tu" il avait sélectionné ce petit texte de Molière (page 76) :
"Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire...
Ne cherchons pas de raisonnement pour nous empêcher d'avoir du plaisir."
Du d'Ormesson avant l'heure en somme.
Rédigé par : breizmabro | 05 décembre 2017 à 13:50
Son œuvre passera-t-elle à la postérité, lui conférant ainsi sa réelle immortalité ? C'est tout ce que l'on peut lui souhaiter et qu'il rejoigne ainsi nos auteurs qui, quelques décennies plus tard, deviennent des "Classiques" ! Mais il l'était déjà naturellement.
Rédigé par : Robert | 05 décembre 2017 à 11:41