Cette année, probablement au mois de mai, les trois pamphlets antisémites de Céline vont être réédités par Gallimard (L'Express a publié, au moins de décembre 2017, un article très informé de Jérôme Dupuis sur le sujet).
Bagatelles pour un massacre, L'Ecole des cadavres et Les Beaux draps avaient été initialement publiés en 1937, en 1938 et en 1941.
Céline avait toujours refusé qu'ils fassent l'objet d'une nouvelle publication mais sa veuve, Lucette Destouches, âgée de 105 ans, a autorisé leur réédition, sous l'égide de son ami et meilleur connaisseur de l'oeuvre de Céline, François Gibault.
Pas seulement sans doute pour des raisons financières même si sa veuve a besoin d'une assistance médicalisée 24 heures sur 24.
Depuis l'annonce de Gallimard, une polémique a éclaté et indignations ou approbations de s'opposer. Décidément Céline ne laissera jamais personne indifférent (Le Monde).
Je ne tiens pas pour rien les points de vue de Serge Klarsfeld ou d'Alexis Corbière hostiles à la réédition de ces écrits polémiques mais je ne partage pas leur avis.
Je serais tenté d'énoncer quelques banalités factuelles ou littéraires.
Céline est un immense écrivain, le génie d'un langage inventé, renouvelé et on peut le créditer de plusieurs chefs-d'oeuvre dont notamment Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit.
Ces écrits sulfureux peuvent être trouvés sur Internet, certes sans aval officiel.
En 2012, au Québec, ils ont été publiés et il s'agissait d'un énorme volume comprenant un appareil critique si remarquable que Gallimard se propose de le reprendre.
La réédition française, outre les trois pamphlets, offrira à la lecture A l'agité du bocal (sur Jean-Paul Sartre), Hommage à Zola et le superbe Mea Culpa (à la suite de son voyage en URSS).
En 2015, Les Décombres de Lucien Rebatet avait été réédité, avec des commentaires d'historiens, et la controverse s'était vite éteinte pour un livre dont l'antisémitisme n'était pas moins éclatant que celui qui inspirait Céline.
En 2031 les trois pamphlets de Céline seraient tombés dans le domaine public et devancer cette échéance de quelque 13 ans n'a rien de proprement scandaleux.
J'ai bien conscience que cette argumentation n'est pas suffisante à elle seule pour emporter la conviction. Elle a un caractère trop négatif comme s'il convenait seulement de s'accommoder d'une réédition au lieu de positivement la souhaiter.
Déjà, instinctivement, j'éprouve comme une répugnance à l'idée d'une interdiction qui s'attacherait à la partie, même odieuse, d'une oeuvre écrite par un grand auteur faisant la démonstration de son talent non seulement dans le noble mais aussi dans l'insupportable. Le génie ne se divise pas et laisse ses traces ici et là.
Si on décidait de supprimer de la littérature universelle, par exemple du prodigieux Shakespeare, les passages contestables (Le Marchand de Venise) au nom d'une morale et d'une bienséance d'aujourd'hui inadaptées au siècle de leur écriture, des chefs-d'oeuvre seraient amputés, dénaturés. On n'aurait pas l'idée absurde de les censurer et il n'est pas davantage acceptable, pour d'autres, de les maintenir dans un ostracisme officiel.
Céline est partout, tout entier dans l'indigne comme dans l'unique.
Serait-ce que la réédition de ces pamphlets risquerait d'aggraver l'antisémitisme de certains à cause du concours d'une délirante perversion ? On sait bien que non, heureusement. On ne peut que réprimer les actes motivés par l'antisémitisme, les délits ou les crimes directement commis sous l'emprise de ce dernier mais pour les tréfonds de chacun, l'antisémite ne sera pas rendu plus antisémite par Céline pas plus qu'il ne sera converti à l'humanisme par de seules injonctions morales.
Et ceux qui sont préservés de ce poison n'en seront pas atteints à cause de Céline.
Les pamphlets, surtout dans ce domaine, ne convainquent que les convaincus mais laisseront indemne la masse de lecteurs que la curiosité littéraire, l'intérêt historique ou la veine sociologique pourrait pousser vers eux.
Surtout, Céline est universel. Il n'appartient à personne, à aucun clan, à aucune famille, à aucune religion, à aucune monstruosité. Pour le meilleur ou pour le pire.
Que Serge Klarsfeld et ceux qui pensent comme lui dans la communauté juive soient indignés par la réédition à venir de ces écrits polémiques est parfaitement compréhensible. Mais ce n'est que leur point de vue intéressant, estimable mais fragmentaire, sur une oeuvre.
On n'a pas à s'approprier, en exigeant leur interdiction, des écrits qui, grâce à leur auteur, relèvent d'un capital indivis. Cette remarque n'est pas applicable qu'à Céline. Elle vaut pour les créateurs qui dans dans leurs éclatantes lumières ont laissé se glisser des ombres.
Je n'irais pas jusqu'à discuter l'antisémitisme célinien, dans sa traduction pamphlétaire, délirante et frénétique, alors que pour une fine intelligence comme celle d'André Gide, il était imprégné d'une telle outrance, constitué par une telle globalité, tellement désaccordé du Juif en tant que tel qu'il paraissait vomir plutôt l'humanité elle-même. Pour André Gide, la haine du Juif chez Céline dépasse le Juif pour atteindre la détestation de la vie. Je conçois bien volontiers que pour des mémoires meurtries, cette analyse puisse apparaître pour des arguties.
Pour terminer, derrière ces joutes aussi bien intellectuelles que politiques, prônant l'emprise d'un passé tragique sur le présent ou un présent libre mais non oublieux, il y a toujours la même hantise, la même crainte, presque le même mépris. A quel titre prétend-on se mêler de ce qui regarde le citoyen, le lecteur, de son choix et de son intelligence ?
Je sais bien que les Français, durant cette année, ne se rueront pas sur ces trois pamphlets mais n'aurait-il pas été concevable, convenable de les rééditer et de laisser tous ceux qui admirent Céline pour partie ou pour le tout, qui le détestent pour le tout ou pour partie ou qui sont tout simplement curieux de l'ensemble se forger leur opinion, élaborer leur conviction et prendre un parti ? Faut-il donc toujours les prévenir, les alerter, les dissuader, leur enjoindre, les priver AVANT au lieu de les laisser lire, vivre ?
Même quand il s'agit de Céline et qu'on ne doit pas couper en tranches un génie furieux de la littérature.
Au sujet d'une autre réédition abandonnée finalement : https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/l-album-bamboula-est-annule-trop-d-humanite-et-de-fraternite/86728
Rédigé par : Moggio | 14 janvier 2018 à 10:25
@ jlm 11 janvier 2018 à 19:18
Bien d'accord avec vous... Je me suis trouvé contraint de lire un de ces pamphlets pour les besoins d'une recherche, et au-delà de toute considération sur l'abjection du personnage, j'ai trouvé ça d'une grande médiocrité.
Rédigé par : luc nemeth | 12 janvier 2018 à 11:48
Prémonition ?
"...ils ont de trop ! si vous faites pas le bon Dieu vous-même, une juste répartition des biens, vous mourrez sûrement enragé, d'indignation, de refoulement de trop de colères... je sais ce que je dis, je suis à la veille... je vous parlais de l'édition, l'arnaque que c'est !... et l'abominable goût du public !... moi qu'ai pourtant bien l'habitude des dissections et de sujets très avancés, le coeur me flanche quand je pense aux livres et commentaires... pas plus pires scolopendres velus, au fond des Sargasses, que les lecteurs très avertis... bâfreurs d'excréments dialectiques, pris dans les algues, et phrasibules formés polypes, formid "messages"... "sensa" bulles de vase... rien que d'entrevoir ces fonds de rien peut très bien vous éteindre la vue, le goût, l'odorat à jamais..." (Nord, encore)
Nous ne sommes pas encore prêts à nous regarder en face, et Don José n'est pas un assassin.
Rédigé par : Aliocha | 12 janvier 2018 à 10:37
Les éditions Gallimard ont décidé de ne pas rééditer les trois pamphlets rédigés pendant les années pendant lesquelles l'idéologie national-socialiste a connu son apogée en France et en Allemagne.
En ce matin froid, cette bonne nouvelle me donne le courage d'aller travailler, l'éditeur a pris une décision juste. Pourtant, ce matin, les couloirs et les abords de la machine à café vont répercuter les lamentations de socialistes et de musulmans qui vont répandre des germes de haine à l'encontre de ce qu'ils appellent un complot.
Dans la vie, certains personnages comme Céline ont un pouvoir de nuisance tel qu'il perdure longtemps après leur disparition.
Rédigé par : vamonos | 12 janvier 2018 à 07:25
"Céline est un immense écrivain, le génie d'un langage inventé, renouvelé et on peut le créditer de plusieurs chefs-d'oeuvre dont notamment Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit."
Pardon cher Monsieur Bilger, mais bien avant lui des auteurs ont inventé ce genre mixant les registres et le cynisme touchant la poésie (Quevedo par exemple). Pour ce qui me concerne, je n'ai jamais apprécié cet auteur, les quelques lignes que je me suis forcée à lire parce qu'elles étaient imposées par un enseignant m'avaient donné envie de "gerber" tant son vomi textuel sent mauvais. Cet auteur est vraiment surévalué et j'attends avec impatience le jour où enfin il sera remis à sa juste place : celle d'un écrivain (?) cinglé, haineux, égoïste, puant et prétentieux, aussi sale dans son âme que sur lui-même, et dont le style tant loué ne reflète qu'une langue incontinente.
Gallimard nous la baille belle, désirant en extraire le dernier suc avant la libération des droits d'auteur, alors que cette maison illustre a préféré pendant des années dissimuler autant que possible, avec l'aide de l'épouse d'icelui, son passé sulfureux d'antisémite militant, dans le simple but de ne pas risquer d’altérer les ventes profitables pour elle de ses autres livres.
Rédigé par : jlm | 11 janvier 2018 à 19:18
La veuve de Céline à 105 ans ne dormait qu'à moitié et n'a pas dit son dernier mot. Pour preuve Gallimard fait marche arrière et les pamphlets sujets à polémique ne seront logiquement pas publiés avant le terme où ils entreront dans le domaine public.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 11 janvier 2018 à 18:08
Pamphlets antisémites de Céline : Gallimard suspend la publication.
C'est ballot quand même ! 😊
Rédigé par : Achille | 11 janvier 2018 à 17:35
Pour vous réveiller, Mary :
"...Le vrai rideau de fer, c'est entre les riches et les miteux, les questions d'idée sont vétilles entre fortunes égales, l'opulent nazi et l'administrateur de Suez y parcourent les mêmes golfs, ils ouvrent la chasse ensemble, ils soupent à Saint-Moritz. Mais nous, là, haves, pénailleux, trimards, mégottiers, revendicateurs, allez, à la niche !"
https://www.youtube.com/watch?v=Z3BC2pmw_RY
Wouaf, wouaf !
Rédigé par : Aliocha | 07 janvier 2018 à 09:45
Mon Dieu, quel piteux verbiage que certains de ces commentaires... Lisons Céline et tout Céline, on laisse bien lire tout Bernard-Henri et même l'intégrale de son ami Marc Lévy... Bagatelles que tout cela. Bien à vous.
Rédigé par : Sébastien | 07 janvier 2018 à 01:14
@ luc n. | 06 janvier 2018 à 13:04
A vrai dire, votre opinion particulière m'intéresse assez peu. Si je me suis donné la peine de l'analyser, c'est que vos manières de penser sont adoptées par un grand nombre de Français, et qu'elles ont des conséquences funestes.
Mais puisque vous tenez tellement à remettre votre pensée personnelle au centre de la discussion, allons-y. Vous prétendez :
"Marchenoir falsifie ailleurs la réalité là où il prétend que j'accepterais cette réédition mais... sous un autre titre, et qui serait 'Ecrits antisémites' : s'il avait commencé par me lire au lieu de se précipiter sur sa souris pour écouler sa bave il aurait vu que j'ai énoncé sans ambiguïté mon opposition à ce projet."
Je n'ai rien prétendu du tout, et vous mentez d'ailleurs sur vos propos. Vous avez écrit :
"Bref mon point de vue est que si on devait en toute inconséquence donner suite à ce projet alors qu'on se contente de rassembler ces trois seuls écrits (auxquels on pourrait tout au plus ajouter les articles parus dans la presse collaborationniste) et ce, sous le titre : 'Ecrits antisémites'."
Il serait donc bon que vous arrêtiez de pinailler : vous réclamez l'interdiction d'un livre, et à défaut, vous réclamez le changement de son titre. Je n'ai pas écrit autre chose.
L'un comme l'autre sont scandaleux, pour des motifs différents. J'ai expliqué le premier de ces motifs, en m'appuyant sur le commentaire d'Achille, puis le second, en m'appuyant sur votre proposition de changement de titre. C'est l'ensemble de cette idéologie que j'ai appelé le fascisme mou. Si votre objectif est de bien revendiquer le fait que vous êtes, en réalité, un fasciste mou de tendance un peu plus dure que ce qu'un lecteur superficiel de mon texte aurait pu comprendre, je vous en donne acte bien volontiers.
"Le furieux [ça, c'est moi] est bien seul à ignorer que cette dame ["cette dame", c'est la veuve de Céline... on appréciera], après avoir été solidaire de Céline sur ce point, prétendrait maintenant effacer jusqu'aux traces de leur insanité à tous deux... Elle a le droit de tenter sa chance... Mais si en cette affaire quelqu'un mérite, non pas un coup de pied de l'âne mais un crachat dans la figure alors c'est bien l'éditeur, qui en toute rapacité se serait prêté à cette basse besogne."
Le furieux, c'est vous : c'est vous qui prétendez interdire des livres. C'est vous qui déclarez cracher à la figure des éditeurs de livres qui vous déplaisent. Moi, je défends la liberté. Mais nous sommes habitués à l'inversion accusatoire des communistes...
D'ailleurs, votre phrase est incompréhensible. Qu'essayez-vous de dire ? Que Lucette Destouches n'a pas fini par revenir sur son opposition à la publication de ces écrits, revirement qui, seul, a permis aux petits despotes de blog tels que vous de déchaîner leur haine en réclamant la seule chose qu'ils savent réclamer, c'est-à-dire l'interdiction ?
Quant à la "rapacité" de Gallimard, eh bien ce serait la première fois que des gauchistes se déclareraient marris d'une surabondace de "moyens" pour la culture... Bien évidemment, il n'y a nulle rapacité, et ce n'est pas la reparution de trois obscurs écrits d'un écrivain que personne n'a jamais lu, publication qui agite tout de suite cinq cents personnes à Paris, qui va faire la fortune de Gallimard.
Enfin, assumez vos opinions : fasciste n'est pas une insulte ; c'est une constation. Cela existe, le fascisme, figurez-vous. Vous réclamez l'interdiction d'un livre : vous êtes donc fasciste. Les gauchistes croyaient pouvoir, éternellement, opprimer le peuple et, simultanément, revendiquer la supériorité morale. Ils avaient le monopole de l'aspersion de l'adjectif "fasciste" sur la foule apeurée. Ce temps est fini ; ils sont furieux que leur petite combine soit éventée, et il est fort plaisant de les voir s'étrangler d'être traités comme ils ont traité leurs contemporains pendant des décennies...
Rédigé par : Robert Marchenoir | 06 janvier 2018 à 21:49
@ Véronique Raffeneau | 06 janvier 2018 à 05:37
Merci chère Véronique pour votre message.
Connaissant votre objectivité et votre souci de l'exactitude, j'ai fini par lire l'interminable prêche d'Aliocha qui bien souvent me semble soporifique !
Et si ce que vous en citez me semble plausible, je préfère néanmoins m'en remettre à la seule version de Lucette Destouches dont la connaissance intuitive de l'homme de sa vie était proverbiale.
Et peut-être découvrirons-nous après sa mort, dans son testament, ce qu'elle n'a jamais vraiment livré à personne, y compris à ses plus proches.
Ah si la grande maison de la route des Gardes de Meudon Bellevue pouvait parler, elle nous en apprendrait des choses de ce couple étrange, puis de cette femme aérienne et discrète parfois rencontrée au hasard de mes promenades à Meudon Bellevue dans les années 80.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 06 janvier 2018 à 20:37
Puisque vous le dites, duvent, cela doit être vrai que la lumière aveugle, peut-être même au point d'avoir rendu fou le philosophe, et pamphlétaire propagandiste le génial romancier.
Rédigé par : Aliocha | 06 janvier 2018 à 20:10
J'ai un peu de mal à comprendre ces délires sur une réédition de ces livres.
Environ soixante secondes de recherches sur Amazon, et on obtient ceci :
https://www.amazon.fr/Bagatelles-Massacre-Louis-Ferdinand-Celine/dp/1911417401?SubscriptionId=AKIAILSHYYTFIVPWUY6Q&tag=duckduckgo-ffab-fr-21&linkCode=xm2&camp=2025&creative=165953&creativeASIN=1911417401
https://www.amazon.fr/LEcole-Cadavres-Louis-Ferdinand-Celine/dp/191141741X?SubscriptionId=AKIAILSHYYTFIVPWUY6Q&tag=duckduckgo-ffab-fr-21&linkCode=xm2&camp=2025&creative=165953&creativeASIN=191141741X
https://www.amazon.fr/Beaux-Draps-Louis-Ferdinand-Celine/dp/1911417428?SubscriptionId=AKIAILSHYYTFIVPWUY6Q&tag=duckduckgo-ffab-fr-21&linkCode=xm2&camp=2025&creative=165953&creativeASIN=1911417428
Pour 60 € maximum on obtient, livrable en 48 heures, ce qui fait délirer tous les bobos bien-pensants.
Halte à la bêtise !
PS : pour Bagatelles dépêchez-vous, il en restait deux et je viens d’en acheter un !
Rédigé par : Stereden | 06 janvier 2018 à 19:31
@ Jacques V
"On mentionne beaucoup plus rarement que Rebatet est l'auteur d'un roman (Les Deux Etendards) considéré bien souvent pas ses lecteurs comme un des chefs-d'œuvre inconnus de la littérature française du XXe siècle"
Je l'ai lu en son temps dans l'édition Gallimard. J'avais été passionné par cette histoire...
Jean-François Louette en fait une admirable recension ici :
http://journals.openedition.org/recherchestravaux/714
En 2015 sortait dans la série Bouquins "les Décombres" et "L'Inédit de Clairvaux" introduits par Pascal Ory.
Tous ceux qui comme moi sont intrigués, stupéfaits, par les événements et les théories élaborées dans la période 1934-1945 ne devraient pas manquer de lire ces pages.
Rédigé par : caroff | 06 janvier 2018 à 18:30
@ Lucile | 06 janvier 2018 à 11:19
"Le problème pour moi serait que les citoyens commencent à trouver la démocratie neu-neu."
C'est en effet le but du poutinisme. Qui, de même que le communisme, n'est pas spécifiquement russe. La Russie fut, et demeure, un propagateur majeur du communisme et du poutinisme ; mais n'importe quel abruti peut être l'un ou l'autre, voire l'un et l'autre de son propre chef. Quant au poutinisme, Poutine ne l'a évidemment pas inventé ; il est de tous les temps et de tous les lieux. Poutine l'a simplement perfectionné et systématisé.
Les citoyens qui trouvent la démocratie neu-neu, ce sont tous les gros malins qui se répandent sur Internet en faisant mine de pouffer lorsque quelqu'un mentionne la démocratie : haha, elle est bien bonne.
C'est le fameux humour pas drôle contemporain, celui qui rend stupide et lâche. Réflexe conditionné : quelqu'un parle de démocratie, appuyer sur le bouton "rires enregistrés".
Pourquoi est-ce poutiniste ? Eh bien parce que la Russie promeut la destruction de la démocratie, naturellement. Mais surtout, parce que c'est le comble du mensonge. Le poutinisme, comme le communisme, c'est avant tout le mensonge. Bien avant d'être la torture et le massacre, c'est le mensonge.
L'humoriste qui affecte d'être très malin car à lui, on ne la fait pas (il voit bien que la démocratie de son pays n'est pas aussi démocratique qu'on veut bien le dire), cet "humoriste" affecte de défendre la démocratie. Il prétend être révolté par le manque de démocratie qu'on lui impose. Mais dans le même temps, ce qu'il fait en réalité est d'exprimer sa haine de la démocratie et sa préférence pour la tyrannie.
Car sinon, il ne se précipiterait pas pour s'indigner qu'on "censure" RT, qu'on soit "méchant" avec Poutine et qu'on ne lui livre pas les Mistral : il s'indignerait du manque de démocratie en Russie, tout comme dans son pays. Et il réclamerait qu'on reconduise les "journalistes" russes à la frontière, le fusil dans le dos, comme le font les pays réellement démocratiques et souverains : la Lettonie, par exemple.
C'est ce qui s'appelle la mauvaise foi. On ne peut pas discuter avec des gens de mauvaise foi : on les combat.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 06 janvier 2018 à 17:36
On cite souvent "Les décombres" de Rebatet lorsqu'on aborde le sujet des écrits "maudits" de Céline, et vous n'avez pas failli à la tradition, M. Bilger. On mentionne beaucoup plus rarement que Rebatet est l'auteur d'un roman (Les Deux Etendards) considéré bien souvent pas ses lecteurs comme un des chefs-d'œuvre inconnus de la littérature française du XXe siècle. Curieux destin que celui de cet ouvrage, toujours disponible depuis sa parution en 1951 dans la collection blanche de Gallimard et qui, à ma connaissance, n'a jamais eu l'honneur d'être édité en format de poche. La lecture des commentaires de ses lecteurs chez Amazon, très pertinents à mon avis, donnera peut-être l'envie de le découvrir à ceux qui ignoraient son existence.
Rédigé par : Jacques V. | 06 janvier 2018 à 17:03
@ Lucile de 11:19
"Dans le cas de Céline, le débat porte sur le respect ou non respect des volontés de l'écrivain, qui aurait interdit la diffusion de ses écrits antisémites. Je comprends le dilemme."
Lorsque Céline a pris cette décision, il ignorait que la France aurait un jour un président décoré de la Francisque par le Maréchal Pétain et que ce même président mangerait à Latche des ortolans avec René Bousquet, organisateur de la rafle du Vél d'Hiv.
Rédigé par : Savonarole | 06 janvier 2018 à 15:41
@ Aliocha
"Nietzsche et Céline sont l'incarnation de ce refus de la lumière, les ténèbres où s'échoua le premier qui n'avait pas utilisé l'outil des aveux du roman et finit dément, n'épargnèrent pas le second, bien qu'il s'en soit mieux sorti grâce à sa science du Verbe, ses pamphlets en témoignent et devraient nous permettre de regarder en face ce que le génie de ses hommes a entrevu, mais n'a pas suffi pour leur donner le courage de supporter d'être juste, reconnaissant ce que la lumière révèle de notre impureté, et de l'assumer pour s'en corriger :..."
Quelle audace ! Votre "lumière" vous aveugle et votre "humilité" vous porte vers un jugement hardi et faux...
Rédigé par : duvent | 06 janvier 2018 à 15:38
On peine à ne pas rire là où Marchenoir, non content d'insulter le contradicteur, se prend la pose vertueuse et écrit, le 05 janvier 2018 à 17:42 : "Non : il est tellement moins risqué de donner le coup de pied de l'âne à la veuve de Céline, qui a 105 ans et qui vient d'autoriser la reparution de ces ouvrages".
Le furieux est bien seul à ignorer que cette dame, après avoir été solidaire de Céline sur ce point, prétendrait maintenant effacer jusqu'aux traces de leur insanité à tous deux... Elle a le droit de tenter sa chance... Mais si en cette affaire quelqu'un mérite, non pas un coup de pied de l'âne mais un crachat dans la figure alors c'est bien l'éditeur, qui en toute rapacité se serait prêté à cette basse besogne.
Marchenoir falsifie ailleurs la réalité là où il prétend que j'accepterais cette réédition mais... sous un autre titre, et qui serait 'Ecrits antisémites' : s'il avait commencé par me lire au lieu de se précipiter sur sa souris pour écouler sa bave il aurait vu que j'ai énoncé sans ambiguïté mon opposition à ce projet. Mais à son insu il attire mon attention sur ce qui est plus qu'un... détail : un tel titre serait faire trop d'honneur à celui qui n'aurait pas eu le courage de titrer 'Ecrits antisémites' ! Si tant est que les antisémites en général ne sont pas seulement des salauds, mais des lâches. Aussi je crois que le mieux, en cas de réédition, serait : 'Les écrits antisémites de Céline'.
Rédigé par : luc n. | 06 janvier 2018 à 13:04
@ Achille
Je suis d'accord avec votre objection si pour vous la démocratie = le laisser-faire. C'est sur le mot "démocratie" en fait que nous divergeons.
Pour moi l'égalité démocratique, ce n'est pas le collectivisme, l'interdiction du débat contradictoire, ou le lobbying des minorités ; c'est l'égalité stricte des droits et des devoirs, l'acceptation d'une Constitution commune, le respect de la loi, où est inscrit le droit à la légitime défense, à l'échelle individuelle comme à celle de la nation. C'est aussi une éducation digne de ce nom, et pas seulement la disparition de l'illettrisme, pourtant devenue un objectif inatteignable. C'est encore un gouvernement tendant vers l'intégrité, non soumis aux groupes de pression, contrôlé par un Parlement responsable, suffisamment représentatif. C'est enfin un Etat intransigeant sur le respect du droit, une armée au service de la nation, et une justice indépendante, mais soumise elle aussi aux lois. J'en ai peut-être oublié, toujours est-il qu'il y a encore du boulot, dans pas mal de domaines.
Le problème pour moi serait que les citoyens commencent à trouver la démocratie neu-neu. Qu'ils acceptent par petits bouts de transiger avec ses caractéristiques essentielles. Qu'ils se fatiguent de leurs droits et de leurs responsabilités comme d'une mode qui passe, qu'ils leur préfèrent la servitude des individus et l'abandon vertigineux au charisme du chef tout-puissant. Cette tendance se dessine et c'est la soumission à cette tendance que je crains, soumission qui en entraînerait d'autres.
Digression : notre parlement fabrique des lois comme une usine, lois que j'appellerais pour la plupart "de confort", comme les médicaments du même nom qui ne s'attaquent pas au problème mais qui endorment la douleur du patient. L'autre jour à C dans l'air, c'était le consensus, l'émerveillement joyeux concernant le train d'enfer des réformes après la rentrée. Je n'écoutais ce déploiement consensuel que d'une oreille, aussi je ne serai pas trop affirmative, mais je les ai entendus qui parlaient beaucoup de lutte contre les fake news, la diminution du nombre de sénateurs, la réduction de vitesse de 10 km/h sur les routes nationales. Ah, et un ministre ou le président lui-même auraient dit : "On doit accepter les migrants, c'est un devoir. Mais on ne peut pas vraiment les accepter tous", et un autre aurait dit "On ne peut pas accepter tous les migrants, mais c'est notre devoir d'en accepter". Voilà pour les réformes.
Pour revenir à notre discussion, ce qu'évoque Houellebecq a plus à voir avec les résultats d'une immigration non choisie, non contrôlée, qu'avec la censure.
Dans le cas de Céline, le débat porte sur le respect ou non respect des volontés de l'écrivain, qui aurait interdit la diffusion de ses écrits antisémites. Je comprends le dilemme.
Rédigé par : Lucile | 06 janvier 2018 à 11:19
Tout l'article cité dans mon précédent commentaire est à lire impérieusement et démontre encore une fois que l'anthropologie du religieux est indispensable pour tenter d'apercevoir l'insoutenable de notre situation. Cet outil romanesque qui permit à Céline de devenir ce revenant kafkaïen, inventant la nouvelle langue, expression de la nouvelle loi, seule à même d'inventer un futur viable pour l'humanité sans craindre l'illisibilité, il l'a, par lâcheté, abandonné pour un retour à l'illusion de propagande publicitaire des réflexes confortables et mortifères d'avant les révélations des monothéismes. Comme Nietzsche, mais d'une façon plus clairement avouée car il était déjà passé par l'aveu romanesque, Céline crève de son incapacité à se passer du remède empoisonné de ses obsessions, comme l'Occident chrétien enferme la puissance de l'Evangile, ravalant sa vision révolutionnaire à la domination d'un ordre qui ne sait jamais être rien d'autre qu'un ordre petit-bourgeois. Je cite à nouveau cet article :
"Comme n’importe quel autre de ses personnages, Céline tend, selon la recommandation que Kafka se faisait à lui-même dans le célèbre fragment « Résolutions », à devenir un « revenant » de la vie. « Il est de meilleur conseil de tout accepter, de se comporter comme une masse inerte, même si l’on se sent comme emporté par le vent, de ne se laisser entraîner à aucun pas inutile, de regarder les autres avec un regard vide d’animal, de n’éprouver aucun remords, bref, d’écraser de ses propres mains le dernier fantôme de vie qui subsiste encore, autrement dit, d’ajouter encore au silence de la tombe et de ne rien laisser exister en dehors de lui. »
La « résolution » littéraire est donc bien d’écrire ce qui se passe sans s’expliquer pourquoi (c’est-à-dire « à cause de… »), d’accepter animalement la réalité la plus cruelle, sans jamais y apposer son jugement moral, et de fait, ne pas craindre de devenir « illisible ». Cette « illisibilité », qui n’est rien d’autre qu’une suspension du jugement, voire une absence de l’idéologie, traverse de part en part les romans de Céline, atteignant le sublime dans la trilogie allemande.
Avec leur invention du Dieu monothéiste et de toutes ses catégories empoisonneuses d’âmes, Lois, Commandements, Péché, Pardon, Miséricorde, c’en est fini de l’innocence sauvage d’antan et de son grand rire dionysiaque. « Les Juifs ont inventé la conscience », dira non sans raison Adolf Hitler, et comme le rappellera George Steiner. Bref, si nous souffrons, c’est à cause précisément de ceux-là qui sont partout, qui ont pris notre place dans la hiérarchie sociale, qui ont spolié nos biens, se sont enrichis sur notre dos, et qui par-dessus le marché, ont créé le dieu le plus impitoyable tout en crucifiant le nôtre.
La singularité de l’antisémitisme célinien vient du fait que celui-ci jaillit sous la plume d’un auteur qu’on aurait cru blindé contre la tentation positive. Comme le dit Philippe Muray, « Le négatif occupant intégralement les romans, ce qui fait retour dans les pamphlets c’est le positif, du moins le sien, qui recoupe d’ailleurs largement celui de la collectivité d’alors. » [7] Une communauté de petits-bourgeois positivistes plutôt antichrétiens qui croient au progrès et à la Science, celle-ci dont Céline disait dans l’un de ses premiers écrits qu’il attendait le jour « où elle se suffira à elle-même et où elle créera la Vie. »[8] Une vie parfaite, toute positive, fraternelle et égalitaire, où le travail rend heureux et où l’amour est une question sociale plutôt qu’intime. En attendant ce grand jour, il s’agit d’extirper ce qui va mal chez nous, et d’abord cette propension religieuse à souffrir – ce négatif que les Juifs (et les Chrétiens) ont placé au cœur de notre être. Pour Céline comme pour ses frères de pensée, « l’enjeu est de déloger définitivement ce que les religions dites judéo-chrétiennes maintiennent tant bien que mal : la dimension négative. Si la vérité du langage est chrétienne, comme l’affirmait Georges Bataille, il est évident que les pamphlets constituent l’exemplaire tentative de se passer de cette vérité, c’est-à-dire aussi – par le symptôme de la rapidité d’écriture – de se passer du langage. »[9] A ce propos, remarquons que dans l’esprit de Céline, l’anti-christianisme est la suite logique de l’antisémitisme. Mais comme il est plus facile dans cette France des années trente de s’en prendre aux Juifs qu’aux Catholiques (aujourd’hui, c’est le contraire), Céline se lâche contre les premiers. Pour autant, l’Eglise romaine reste dans son collimateur : « La religion christianique ? La judéo-talmudo-communiste ? Un gang ! Les Apôtres ? Tous Juifs ! Tous gangsters ! Le premier rang ? L’Eglise ! La première racket ? Le premier commissariat du peuple ? L’Eglise ! Pierre ! Un Al Capone du Cantique ! Un Trotski pour moujiks romains ! » lit-on dans L’école des cadavres.[10] Des années plus tard, dans Rigodon, il confirmera sa haine de « la religion à petit Jésus » : « Il n’y qu’une seule religion : catholique, protestante ou juive… succursales de la boutique « au petit Jésus »… qu’elles se chamaillent s’entre-tripent ?…. vétilles ?… corridas saignantes pour badauds ! Le grand boulot le seul le vrai leur profond accord… abrutir, détruire la race blanche. » Moïse et Jésus contre la race blanche ! La voilà la guerre « célinienne » par excellence. En fait, et comme le remarque Muray, pour Céline, c’est dans la Bible que l’on a dit pour la première fois, et bien avant la génétique aujourd’hui, que les races n’existent pas et qu’il n’y a que des métissages. Le Verbe s’est fait chair, mais c’est une chair mélangée, aussi blanche que noire ou que jaune ! Pas d’exclusivité aryenne ! « Tous issus de la Bible, absolument total d’accord qu’on est que blancs, viandes à métissages, tournés noirs, jaunes, et puis esclaves, et puis soldouilles et puis charniers… » [11]écrit encore Céline dans son dernier livre. C’est pourquoi c’est au Verbe qu’il faut s’en prendre, cet odieux Verbe monothéiste et anti-racialiste qui nous a créés impurs (mélangés) plutôt que purs - le racisme n’étant, comme on sait, rien d’autre qu’un fantasme de pureté."
Nietzsche et Céline sont l'incarnation de ce refus de la lumière, les ténèbres où s'échoua le premier qui n'avait pas utilisé l'outil des aveux du roman et finit dément, n'épargnèrent pas le second, bien qu'il s'en soit mieux sorti grâce à sa science du Verbe, ses pamphlets en témoignent et devraient nous permettre de regarder en face ce que le génie de ses hommes a entrevu, mais n'a pas suffi pour leur donner le courage de supporter d'être juste, reconnaissant ce que la lumière révèle de notre impureté, et de l'assumer pour s'en corriger :
"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement en Dieu.
Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue."
http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2008/02/18/l-antisemitisme-est-un-humanisme.html
Rédigé par : Aliocha | 06 janvier 2018 à 09:28
Croyez-vous que publier Céline va renforcer la haine que les zones de non droit vouent indifféremment à notre société et aux juifs ? Certainement pas parce que ces jeunes issus de l'immigration (et une chance pour la France) ne savent pratiquement pas lire. Tout le reste n'est que réflexions intellectuelles entre personnes âgées.
Rédigé par : centurion | 06 janvier 2018 à 05:48
@ Mary Preud'homme
Je pense, chère Mary, qu'Aliocha (commentaire du 05-01 - 23:10), par la voix de Philippe Muray, apporte une clé très pertinente d'explication du refus de Céline à autoriser la publication de ses écrits antisémites :
"La jouissance littéraire n’est plus celle, grandiose, d’un Verbe qui s’invente et s’élève au-dessus de la « langue de la tribu » mais celle, mauvaise, basse, libidinale, qui rassemble tout le groupe. Le Verbe n’est plus celui de l’incarnation du singulier mais celui de « l’incarnement » du collectif. Ce n’est plus un corps qui parle, c’est la viande de la meute qui beugle. Voyage au bout de la nuit embrassait le monde, Bagatelles pour un massacre dresse les communautés les unes contre les autres."
Je ne suis pas du tout une spécialiste de Céline mais ce que je pressens de l'homme Céline, ce qui selon moi était fondamental pour l'écrivain : incarner, faire tenir ensemble le singulier et de l'universel, rien de moins, était détruit, explosé, dans par exemple Bagatelles pour un massacre.
Le fait que Lucette Destouches, de façon constante pendant près de 60 ans, se soit conformée à la volonté de Céline en refusant la publication des écrits antisémites démontre que l'opposition de l'écrivain à toute nouvelle édition était pour lui une volonté impérieuse.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 06 janvier 2018 à 05:37
Extrait d'une interview :
"Ensuite, je me méfie de l'homme. il ne lui manque que le cirque. Il nous faut de la mise à mort douloureuse, du Colisée de la vivisection sanglante. C'est général et au plus profond de nous. Epuration, 1789, Saint Barthélémy, camp de concentration. Actuellement, le peuple s'ennuie, il veut de l'épuration et l'homme ne change pas.
La préhistoire ? l’archéologie nous dit que toutes ces pierres sont des pierres à tortures. Hiroshima, cela ne satisfait pas assez, ce n'est qu'une mise à mort.
Pourquoi les Romains ont duré ? Grâce aux siècles du cirque, quand les chrétiens sont arrivés et ont refusé, tout a fini par se casser la gueule.
"Non, je ne regretterais pas l'homme."
"Je suis l'ennemi de la violence et donc un monstre car l'homme est l'ami de la violence."
L'Inde ? Pas mieux !
Les animaux ? Tous des sadiques entre eux !
Le sadisme et la violence de l'homme m’écœure.
L'instinct de violence est tout-puissant.
Les idéologies ? des mensonges qu'on fourgue aux hommes pour leur cacher leurs instincts. Le fait est qu'il nous faut du pain et des gladiateurs. Oui des gladiateurs, c'est notre désir.
Demain on mettrait Céline place de la Concorde, on le découpe en morceau, ce serait de la bonne distraction."
http://porte-cierge.blogspot.fr/2012/11/celine-et-girard-un-rapprochement-ou.html
Extrait d'un article passionnant :
"Évidemment, fort de sa syntaxe unique et de sa puissante verve, Céline peut faire semblant d’écrire mais cette écriture n’est plus qu’un procédé destiné à exprimer non plus le « silence de la tombe », mais le bruit de l’opinion mêlé à la fureur du tribunal. Le Calvaire apparaît dès lors moins important que ceux dont on présume qu’ils en sont la cause. Les revenants deviennent des bouc émissaires qu’il faut lyncher. Au lieu de prier l’homme-dieu crucifié, on se met à chercher les crucifieurs pour les crucifier à leur tour. Comme le rappelle Philippe Muray dans son Céline, essai canonique dont est directement inspiré cet article, « dans les pamphlets, c’est au service du refoulement sauvage des revenants qu’il met toute la puissance de la plus-value de son écriture. D’où il devient aussitôt éminemment lisible. »[3] Lisible, c’est-à-dire, en langage célinien, raciste. La jouissance littéraire n’est plus celle, grandiose, d’un Verbe qui s’invente et s’élève au-dessus de la « langue de la tribu » mais celle, mauvaise, basse, libidinale, qui rassemble tout le groupe. Le Verbe n’est plus celui de l’incarnation du singulier mais celui de « l’incarnement » du collectif. Ce n’est plus un corps qui parle, c’est la viande de la meute qui beugle. Voyage au bout de la nuit embrassait le monde, Bagatelles pour un massacre dresse les communautés les unes contre les autres.
« Est déjà antisémite quiconque se sent médecin devant la littérature », [13]dit Muray avec justesse. Le Céline médecin est le Céline pamphlétaire, raciste, charlatan – celui qui ne supporte plus l’horrible. Encore Muray : « L’horrible, finalement, lui a fait horreur. Alors, par sursauts, il s’est mis à penser contradictoirement la mort comme une maladie de la vie, comme une maladie dont on pouvait guérir. Il s’est remis, en somme, à penser comme tout le monde, et c’est cette idée de guérison qu’il a tenté de fonder dans son élaboration de l’antisémitisme. Or, l’espoir de guérir est la maladie de l’homme ainsi que le disait Kafka. »
Si Céline avait été « le salaud idéal » à la Robert Brasillach, soit bourgeois, réac et facho, il aurait été beaucoup plus facile d’en finir avec lui. Hélas pour les humanistes, Céline est à bien des égards cette « voix du peuple » tellement prisée à gauche et que l’on a si rarement entendue en littérature mais qui est aussi celle des pamphlets, eux-mêmes constituant les preuves les plus accablantes de la tentation utopique socialiste. « En quoi, écrit Muray, il [Céline] est bien toujours la gaffe, l’énorme gaffe de la communauté, le lapsus horrible qui lui a un jour échappé. »[17] Irrécupérable génie qui a révélé dans toute son horreur l’innocence du peuple ou dans toute son innocence l’horreur du peuple ! Impensable dans une démocratie où le peuple est normalement sacré, Céline reste celui qui a pensé comme tout le monde et écrit comme nul autre, démontrant à son corps défendant que c’est toujours lorsque le Verbe tombe dans l’opinion, lorsque la langue devient tribale, lorsque le style se fait social, que la souillure a lieu.
Au fond, comme le conclut Muray, « pour la communauté qui panique, les pamphlets sont bien moins « méchants », en effet, que les romans. »[18] Les pamphlets ont rassuré un monde qui avait été pris à partie par les romans. De Mort à Crédit à Bagatelles pour un massacre, on passait de l’ombre à la lumière. Avec quelques réformes et quelques aménagements, la tragédie du monde ne pouvait être qu’un mauvais souvenir. On pouvait enfin « nommer » le négatif et même si cette nomination était précisément l’innommable, la vie redevenait vivable. Les braves gens étaient saufs. Et peut-être allaient-ils moins baffer leurs enfants."
http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2008/02/18/l-antisemitisme-est-un-humanisme.html
Les pamphlets sont donc une pièce indispensable du dossier Céline, charge aux enseignants de donner les références nécessaires pour appréhender les feux du réel.
Rédigé par : Aliocha | 05 janvier 2018 à 23:10
@ Lucile | 05 janvier 2018 à 14:30
Je vous invite à lire (ou relire) "Soumission" de Michel Houellebecq qui dresse un tableau assez éclairant de la situation qui pourrait bien arriver prochainement en France. Si ce n'est pas en 2022 ce sera plus tard, mais le contexte s'y prête bien.
Certes ce n’est qu’une fiction et rien ne permet d’affirmer que l’auteur soit un visionnaire. Mais trop de démocratie tue la démocratie aussi sûrement que la liberté mal maîtrisée renverse les régimes qui se laissent déborder par les exigences de minorités qui posent leurs exigences au nom du respect du droit.
A force de tout tolérer l'on finit par tout accepter. A force de tout accepter l'on finit par tout approuver. Saint Augustin 430
Rédigé par : Achille | 05 janvier 2018 à 22:42
Céline : arrêtons d'en parler, lisons.
C'est ce que ne veulent pas ceux qui hier comme aujourd'hui vont l'enfermer en Enfer.
A qui profite le crime ? Et quel est son mobile ? Questions intéressantes jamais traitées !
Et nos moralistes d'aujourd'hui ne diront rien, en même temps, de ce fait : 50% du trafic Internet dans le monde est aux sites pornographiques, qui ne les gênent donc pas... Ah, ah, et pourquoi donc.
Rédigé par : blick | 05 janvier 2018 à 22:38
De toute façon, ces œuvres auraient fini par tomber dans le domaine public, mais pas avant 2061... (5 janvier 14:08)
Il fallait lire "mais pas avant 2031 et non 2061", le délai après la mort de l'auteur étant de 70 ans.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 05 janvier 2018 à 20:44
@ Robert Marchenoir | 05 janvier 2018 à 19:16
Pas de problème, nous sommes d'accord.
Rédigé par : Savonarole | 05 janvier 2018 à 20:33
@Robert Marchenoir
"Je pense qu’il existe suffisamment d’ouvrages de qualité, tant sur le plan de l’écriture que de l’apport culturel" (Achille)
"Mais c'est faux. Le fascisme, c'est ce que vous venez de lire ci-dessus. Le fascisme contemporain, il est pépère, centriste, raisonnable, modéré, il vote Macron, il prend sa tension le soir et il trouve qu'on est méchant avec Poutine."
Oui je voulais bien écrire culturel et non cultuel... Ceci étant, je trouve assez gonflé de votre part de m’accuser de fascisme même mou, vous le raciste pur et dur qui n’hésitez pas, tout au long de vos interminables commentaires, à nous gaver de liens destinés à présenter les Noirs et les Latinos comme des délinquants notoires poussés par une malfaisance atavique.
Vous qui ne tarissez pas d’éloges sur nos cousins d’Amérique du Nord qui, soit dit en passant, ne sont rien d’autres que des colons qui ont exterminé les autochtones, confisqué leurs terres et parqué les survivants dans des réserves où ils survivent en se parant de plumes sur la tête et en se peinturlurant le visage devant les touristes ébahis. Ces vilains Indiens qui dans les films de John Ford n’ont d’autre obsession que de violer les femmes blanches et de se saouler lorsqu’ils ont réussi à massacrer un convoi de colons.
Vous nous prenez la tête avec votre vision angélique de l’Amérique et de ses super-héros, toujours là pour défendre la veuve et l’orphelin contre les forces du mal. Vision angélique bête à pleurer, qui a fait le succès des séries B américaines. Le pire c’est que vous croyez fermement à vos âneries alors que les USA sont partout présents dans les conflits mondiaux, de façon directe ou indirecte.
Rédigé par : Achille | 05 janvier 2018 à 20:20
@ Savonarole | 05 janvier 2018 à 18:42
Mon cheval peut consentir à vous contourner, et à se diriger vers ceux (ils sont nombreux) qui défendent vraiment toutes ces choses-là.
En tant que démocrate, je lui demanderai son avis, mais il serait néanmoins de bon ton qu'il m'obéisse.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 05 janvier 2018 à 19:16
@ Robert Marchenoir | 05 janvier 2018 à 17:42
Retenez votre cheval.
J'évoquais la série d'actes de bravoure de notre président dont la presse nous a daubés.
La "poignée de main virile et ferme à Trump", la "fermeté devant Poutine", quant à Bachar, simple facilité de rédaction, n'allez pas tout de même croire que j'ignore ce que vous en dites, à juste titre.
Rédigé par : Savonarole | 05 janvier 2018 à 18:42
@ Achille | 04 janvier 2018 à 21:12
"Même si on peut le regretter, tout le monde n’est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits véhiculant des idées malsaines... Je pense qu’il existe suffisamment d’ouvrages de qualité, tant sur le plan de l’écriture que de l’apport cultuel [culturel ?], sans s’encombrer l’esprit avec des œuvres à connotation raciste, antisémite ou autres perversités du même genre."
@ Luc Nemeth | 04 janvier 2018 à 19:11
"BANALISATION... REVISIONNISME... POUR UNE FOIS... Mon point de vue est que si on devait en toute inconséquence donner suite à ce projet alors qu'on se contente de rassembler ces trois seuls écrits (auxquels on pourrait tout au plus ajouter les articles parus dans la presse collaborationniste) et ce, sous le titre : 'Ecrits antisémites'."
Quand on écrit en majuscules, ça veut dire qu'on a raison. C'est un truc magique, qui ne marche que sur Internet. Mais ça marche.
Les Français, qui ont toujours au minimum une guerre de retard, s'imaginent que le fascisme, c'est quand des grands blonds en bottes de cuir se promènent rue de Rivoli dans des costumes dessinés par Hugo Boss, et torturent des gens dans les caves de la rue Lauriston.
Mais c'est faux. Le fascisme, c'est ce que vous venez de lire ci-dessus. Le fascisme contemporain, il est pépère, centriste, raisonnable, modéré, il vote Macron, il prend sa tension le soir et il trouve qu'on est méchant avec Poutine.
Le fascisme moderne est mou, consensuel : il ne censure pas les livres au nom de l'antisémitisme, il les censure au nom de la "qualité" ; et qui pourrait être contre la qualité ?
Le fascisme moderne se gratte le nombril d'un air supérieur en estimant "qu'il existe suffisamment d'ouvrages de qualité" -- et les autres, mon Dieu, qu'on nous en débarrasse.
C'est combien, "suffisamment" ? Cinq cents ? Mille ? Vingt mille ? Deux millions ? Le nombre d'ouvrages qui traînent sur les étagères du fasciste mou, c'est-à-dire cinquante, en comptant les livres de cuisine ?
Et qui va décider de la "qualité" ? Qui va décider du nombre "suffisant" ? Qui va décider ce qui "encombre l'esprit" avec des "perversités" ? Qui va décider, d'ailleurs, où passe la limite entre la "perversité" et "l'apport culturel" ?
Pas le fasciste mou, à en juger par le caractère évanescent de sa prose. Mais le tyran auquel il consent bien volontiers à sacrifier sa liberté (ce qui ne serait pas si grave), mais aussi la nôtre, ce qui l'est bien davantage.
Le fasciste mou hait la liberté. La sienne, mais surtout celle des autres. Il ne supporte pas qu'on ne soit pas aussi servile que lui. Il appelle un tyran de ses voeux, mais c'est surtout pour opprimer les autres : lui n'a rien à perdre, il a déjà abdiqué sa liberté. Mais celle des autres lui est un rappel insupportable de sa lâcheté.
Il ne suffit pas au fasciste mou de ne pas lire, de mépriser le savoir, de refuser de "s’encombrer l’esprit avec des œuvres à connotation raciste, antisémite ou autres perversités du même genre", comme il dit. Encore faut-il qu'il interdise aux autres de lire les livres qu'il ne lit pas.
La rage égalitariste du socialisme incarné français (comme il y a des ongles incarnés) ne se satisfait pas de sa médiocrité et de son ignorance : le socialiste ne sera pas en paix avant qu'il n'ait ravalé tous les autres à son niveau.
Comme si 99 % des livres jamais édités n'étaient pas dépourvus de cette fameuse "qualité" que le fasciste mou se plaît à louanger, sans qu'il soit lui-même capable de la reconnaître ; car si c'était le cas, il saurait que son hypocrite appel au "non-encombrement de l'esprit" est en réalité un appel à l'autodafé de bibliothèques entières.
Comme si la lecture, et l'écriture, n'étaient pas des choses éminemment individuelles, impossibles à enfermer dans des listes d'ouvrages "de qualité", "cultivés" et "non pervers", établies par je ne sais quelle armée de fonctionnaires.
Comme si nous n'étions sortis du nihil obstat de l'Eglise que pour mieux rentrer dans la dictature prétendument "culturelle" et "de qualité" des petits flics du fascisme contemporain.
Ce fascisme contemporain est parfois si mou qu'il n'exige même pas qu'on brûle les livres : il lui suffirait qu'on en change le titre. C'est sûr qu'Ecrits antisémites, c'est un bien meilleur titre que Bagatelles pour un massacre, L'Ecole des cadavres ou Les Beaux draps...
Mais c'est ainsi que procèdent nos hypocrites modernes : ils commencent par salir, dépouiller et détruire, et puis ils disent : vous voyez, c'est sale et laid, à quoi bon garder tout cela ?
Depuis des millénaires, des générations d'écrivains, de savants, de moines copistes, de bibliothécaires, d'historiens, de libraires et j'en oublie, ont usé leur vie dans le scrupule, la recherche de l'exactitude des textes, la transmission des écrits de leurs aînés, le respect absolu de la volonté de l'auteur. Ils ont dépensé des centaines d'heures à discuter de la position d'une virgule, de l'état d'un texte, tout cela pour transmettre un jour, à des hommes qui n'étaient pas encore nés, la création authentique d'un esprit disparu depuis des siècles.
Là-dessus, le fasciste moderne se ramène, et dit : vous me mettrez Ecrits antisémites à la place, ce sera beaucoup mieux. Sur quoi, il retourne tapoter Facebook sur son téléphone portable. L'économie de moyens est considérable.
Sans compter que le fasciste moderne se flatte, par là même, de faire oeuvre anti-fasciste. Ne pas en faire une rame, et revendiquer la supériorité morale par-dessus le marché : que voilà une combine prodigieusement avantageuse !
Peu importe que les nazis n'aient pas attendu Céline pour échafauder leur théorie raciale génocidaire. En revanche, je n'ai jamais entendu aucune de ces belles âmes réclamer que l'on change le titre du Capital de Marx, et qu'on le remplace par : Comment faire cent millions de morts en mentant comme un arracheur de dents à la terre entière. Ce qui, du coup, aurait le mérite de la vérité historique. Marx est effectivement à l'origine du communisme, contrairement à Céline qui n'a nullement provoqué le nazisme.
Pas davantage que je n'ai entendu aucun de ces messieurs réclamer qu'on interdise l'édition du Coran, ou qu'au minimum on en remplace le titre par : Autobiographie d'un bandit pédophile, pillard, violeur et égorgeur.
Non : il est tellement moins risqué de donner le coup de pied de l'âne à la veuve de Céline, qui a 105 ans et qui vient d'autoriser la reparution de ces ouvrages...
@ Savonarole | 05 janvier 2018 à 13:54
"On imagine les pages savoureuses que pourrait aujourd'hui écrire Céline sur un président qui morigène Trump, enguirlande Poutine et sa presse, traite Bachar d'assassin."
C'est sûr que Bachar el-Assad n'est pas du tout un assassin. A la prison militaire de Saidnaya, les autorités ont bâti un crématorium pour faire disparaître les corps des 13 000 détenus qui y ont été pendus sans procès en 5 ans. Un rapport d'Amnesty International qualifie le lieu "d'abattoir humain" où est appliquée "une politique d'extermination".
Le régime pratique la torture systématique, le viol des détenus des deux sexes, le viol forcé entre détenus, le bombardement systématique et délibéré d'hôpitaux, le bombardement volontaire des civils y compris avec des armes chimiques, etc.
53 000 photos de corps suppliciés ont été exfiltrées du pays par un photographe de la police militaire syrienne, révulsé de ce qu'on lui faisait faire. Un rapport des Nations Unies affirme que ces images rappellent celles d'Auschwitz et de Belsen.
Moyennant quoi, un certain snobisme "anti-système" trouve très malin, en France, d'appeler "Bachar" par son petit nom, et de s'offusquer que la France le qualifie d'assassin. Bachar el-Assad n'est pas seulement un assassin. C'est un massacreur de masse, un criminel de guerre, un tortionnaire qui n'a rien à envier aux nazis.
Le même politiquement correct d'extrême droite, aussi détestable que l'autre, fait mine d'avoir ses vapeurs lorsque la France (et non Emmanuel Macron) "morigène" Trump, ou "enguirlande" Poutine "et sa presse". Mon Dieu mon Dieu chochotte, ce n'est pas correct, ça ne se fait pas, que va-t-on penser de nous, ma chère ?
Ces bons apôtres font mine de croire que la diplomatie est un aimable club de gentlemen en gants beurre frais, qui se réunissent le soir pour parler du temps qu'il fait, sans jamais un mot plus haut que l'autre.
Bien entendu, ni Trump, ni Poutine, ni "Bachar" n'ont jamais, au grand jamais, "morigéné" ou "enguirlandé" personne. Voulez-vous que je vous dresse la liste des insultes, des mensonges, des menaces et des infamies qui ont été proférées par ces personnages ? Dont une part non négligeable à l'endroit de la France, de l'Europe et de l'Occident ?
Nous avons les esclaves dans l'âme qui désirent être dominés par un tyran ; nous avons aussi les pervers qui adorent, par-dessus le marché, se faire insulter.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 05 janvier 2018 à 17:42
C'est chose assez piquante de voir "boureau" crier à la... censure, le 05 janvier 2018 à 13:32, et nous infliger son bouleversant questionnement :
"Car enfin, qui va décider qu'une œuvre ne peut être lue par Pierre, David, ou Mouloud ?
Qui ?"
On s'étonne presque d'avoir à rappeler que c'est... l'intéressé - je n'y peux rien, mais c'est ainsi - qui n'ayant pas même le courage de ses insanités, a pris la décision de s'opposer à leur réédition ! Dès lors, et bien que n'étant pas juriste, je crois savoir que la loi prévoit le délai au terme duquel une oeuvre passe dans le domaine public.
Rédigé par : luc n. | 05 janvier 2018 à 17:14
"Nom du c.l", on n’a pas fini de se bidonner !
D'un côté "Bagatelles pour un massacre" dont chaque page ferait marrer un mort, et de l'autre, le couillon qui ira en taule s'il s'avise d'en citer trois mots ne serait-ce que devant le miroir de ses toilettes...
Le problème, c'est que ça n'a pas pris une ride, et qu'après l'avoir lu, on peut se demander s'il resterait de la place dans la tête d'un non-juif pour un peu de compassion devant une deuxième Shoah...
Et si quelques imams se mettent à le lire à leurs ouailles, on peut deviner, venant des cités de Trappes, l'immense rire qui s'entendra jusqu'au Sentier.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 janvier 2018 à 15:38
@ Achille | 05 janvier 2018 à 13:21
Jusqu'ici, les grandes démocraties (USA, GB, France) l'ont emporté haut la main avec leurs déclarations de principe selon vous neu-neu. Si jamais le cheik Trucmuche et son pays l'emportent sur nous, c'est que la France ou l'Europe ne seront plus démocratiques et qu'elles imposeront à leurs populations des lois dont elles ne veulent pas.
Et ce n'est pas parce qu'on publiera l'œuvre de Céline sans la caviarder que nous nous mettrons en danger.
Le conformisme a ses limites surtout si c'est pour s'en remettre à ce genre d'autorités.
Rédigé par : Lucile | 05 janvier 2018 à 14:30
@ boureau | 05 janvier 2018 à 13:32
« On commence par limiter l'accès au savoir pour certains, puis on finit par choisir qui doit vivre ou mourir ! L'Histoire dont on oublie toujours qu'elle est tragique est pourtant là pour nous le rappeler ! »
Où avez-vous lu que je voulais limiter l’accès au savoir ? C’est justement parce que des gens n’ont pas accès au savoir et à l’apprentissage de la pensée qu’ils ne sont pas en mesure de discerner le bon grain de l’ivraie dans des écrits qui colportent des concepts antisémites, racistes voire sexistes et autres pensées malsaines.
Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les propos de jeunes de la « minorité visible » qui sont totalement désocialisés et qui vouent à notre société une haine que nous sommes bien en mal de canaliser.
Ces jeunes-là ne connaissent pas l’humanisme des bien-pensants et se laissent facilement influencer par les moindres discours et écrits déviants.
Ce n’est pas une question d’intelligence, ces jeunes seraient parfaitement capables de faire la distinction entre le bien et le mal dans des écrits sulfureux du genre des pamphlets de Céline, encore eut-il fallu qu’ils aient pu bénéficier d’une éducation stabilisée.
Rédigé par : Achille | 05 janvier 2018 à 14:25
@ Véronique Raffeneau | 05 janvier 2018 à 07:13
S'opposer à la réédition de ses œuvres les plus polémiques, n'était-ce par une manière de reconnaître qu'il s'était trompé ? Ce qu'il n'a cependant jamais voulu admettre selon sa veuve qui a toujours veillé à respecter ses dernières volontés. Jusqu'à l'année dernière alors qu'elle venait d'avoir 104 ans !! De là à penser qu'il y aurait eu abus de faiblesse il n'y a qu'un pas... Il faudrait poser la question à son amie Véronique Robert et à son médecin.
De toute façon, ces œuvres auraient fini par tomber dans le domaine public, mais pas avant 2031...
Ah si Céline pouvait écrire une lettre d'outre-tombe à Gallimard (qui a fini par le couill..er et baiser sa Lili) cela risquerait d'être saignant !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 05 janvier 2018 à 14:08
"Bagatelles pour un aéroport"
On imagine les pages savoureuses que pourrait aujourd'hui écrire Céline sur un président qui morigène Trump, enguirlande Poutine et sa presse, traite Bachar d'assassin, prévoit la victoire sur Daech pour la mi-février et qui se tortille dans tous les sens pour construire ou pas un aéroport sur un champ de carottes occupé par des glands.
Rédigé par : Savonarole | 05 janvier 2018 à 13:54
@ Achille 04 janvier 2018 21:12
"Même si on peut le regretter, tout le monde n'est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits..."
Je ne peux me résoudre à sortir de l'enseignement humaniste reçu dans mon enfance et entretenu - tant bien que mal - tout au long de ma vie pour entrer (même à reculons) dans une société orwellienne !
Certains sont-ils assez aveugles pour envisager une limitation des droits d'une catégorie de citoyens ? Limitation qui pourrait conduire au chemin emprunté par les deux grands fléaux du XXe siècle : le nazisme et le communisme.
On commence par limiter l'accès au savoir pour certains, puis on finit par choisir qui doit vivre ou mourir ! L'Histoire dont on oublie toujours qu'elle est tragique est pourtant là pour nous le rappeler !
Car enfin, qui va décider qu'une œuvre ne peut être lue par Pierre, David, ou Mouloud ?
Qui ?
E Macron himself ? La Société des Agrégés ? Le Grande Loge de France ? Le CRIF ? SOS Racisme ? La Licra ? La CGT ? Les Lapins Crétins ? L'Amicale des boulistes de Trifouilly-les-Oies ?...
Alors, Messieurs les censeurs à vos claviers, vous qui voulez limiter la liberté pour certaines catégories de vos compatriotes ! Qui ?
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 05 janvier 2018 à 13:32
@ Lucile | 05 janvier 2018 à 11:44
"Je réclame la liberté et l'égalité, et le droit. Mais autant par réalisme que par foi en la démocratie."
C’est le cheikh Youssouf al Qaradawi, l'un des principaux de la Fédération des organisations islamiques en Europe (FOIE, dont la branche française est l'UOIF), qui déclarait en 2002 : « Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques nous vous dominerons. »
C’est avec le genre de sophisme neu-neu que vous déployez au nom de la démocratie et la liberté de dire tout et n’importe quoi que nous risquons de basculer un jour dans une civilisation qui n’est plus la nôtre.
Rédigé par : Achille | 05 janvier 2018 à 13:21
"Ceux qui sont préservés de ce poison n'en seront pas atteint"
Vous faites erreur Monsieur.
Rédigé par : phineus | 05 janvier 2018 à 12:39
On n'enferme pas les gens à cause des crimes qu'ils pourraient commettre, mais à cause des crimes qu'ils ont commis, et encore, certains ne s'en tirent souvent pas trop mal. C'est une part de risque inhérente à la démocratie. Aussi laisse-t-on en liberté, ou relâche-ton à la moitié de leur peine, des gens potentiellement dangereux, en toute connaissance de cause : violeurs récidivistes, bourreaux d'enfants, trafiquants, extrémistes et allumés en tous genres. Et nous acceptons sans broncher les inconvénients de la démocratie, parce qu'ils sont bien moindres que les avantages.
Et voilà que l'on se montre extraordinairement pointilleux lorsqu'il s'agit de publier des écrits d'une autre époque, même si ces écrits ne doivent jamais être lus que par une toute petite frange lettrée de la population, écrits qu'ils connaissent d'ailleurs déjà, et qu'ils ne partagent pas, à 99,9%.
Le problème avec la censure, comme avec le secret, c'est qu'elle donne le pouvoir à certains de décider pour les autres de ce qu'ils ont le droit de savoir. Le savoir est ainsi usurpé par certains, le pouvoir de le partager également. La censure me révulse, je préfère accepter les scories de la liberté plutôt que de subir les scories de la censure.
Je réclame la liberté et l'égalité, et le droit. Mais autant par réalisme que par foi en la démocratie. Les pays où l'empirisme est de rigueur pratiquent le plus possible la liberté d'opinion et de parole. Ils en font un droit constitutionnel. Là où règnent l'idéologie et la contrainte, certains s'arrogent le droit de censurer pour protéger disent-ils le bon droit, mais comme par hasard, en temps de guerre, c'est là où régnaient la liberté et l'égalité, qu'on les défend le mieux quand elles sont menacées.
La liberté de pensée n'explique pas le crime, ni le racisme, ni l'antisémitisme, dont les racines sont ailleurs que dans les livres. On ne les guérit donc pas en empêchant les gens de s'exprimer, ni d'entendre. Un livre haineux n'est qu'un symptôme. Mais chez nous, on va souvent chercher la cause ultime dans le symptôme. La parution d'écrits datés témoigne surtout d'un certain état d'esprit à une certaine époque. Ils sont trop littéraires pour apporter de l'eau au moulin des antisémites virulents qui peuplent la France aujourd'hui. Les intellectuels feraient bien de se passionner pour les menaces réelles de la société, dont l'antisémitisme, et la criminalisation de la liberté de parole, censure et surveillance des individus à l'appui.
Rédigé par : Lucile | 05 janvier 2018 à 11:44
@olivier seutet
"D’autres crimes sont bien plus graves, et ceux qui y incitent sans barguigner ne peuvent avoir la parole. Personne n’imagine laisser actifs des sites d’enrôlement dans le djihad."
Mais alors, pourquoi autorise-t-on en France la diffusion à grande échelle d'un certain ouvrage (le Coran) incitant de façon explicite au meurtre de différentes catégories humaines, pour ne pas parler de tortures et autres, sachant de plus que l'histoire suffit à nous rappeler les innombrables ravages et désolations dont il a été directement la source dans le temps et dans l'espace, de ses origines plus que millénaires à nos jours ?
Rédigé par : Exilé | 05 janvier 2018 à 11:19
@ Noblejoué
Un grand merci, de votre commentaire.
J'aurais aimé pouvoir donner une réponse imparable à votre question concernant... ce que je préconiserais de faire ! Disons qu'a priori votre idée d'une collection de classiques d'écrits sur l'infériorité de certaines catégories d'êtres humains (qu'ils aient ou non comporté l'appel au meurtre) me paraît excellente, étant bien entendu qu'il n'est pas question de se limiter au seul antisémitisme - qui de toute façon a déjà largement été étudié par Léon Poliakov et autres.
Cela dit le "risque zéro", en ce domaine comme en tout autre, n'existe pas. Le risque direct est de voir apparaître ces théories comme un courant d'IDEES (étant bien entendu que tout courant se doit d'être abordé avec une certaine équité, même s'ils ne se valent pas tous) ; et ce alors qu'on est en présence de voies de FAITS.
Pour cette raison d'ailleurs je désapprouve l'approche d'auteurs comme Taguieff dont j'estime qu'en se plaçant du point de vue de ce qu'on appelle "Histoire des idées" ils aboutissent trop souvent, même s'ils devaient s'en défendre avec la dernière énergie, à une insidieuse mise en respectabilité de la production adverse.
Rédigé par : luc n. | 05 janvier 2018 à 11:04
@ Achille
"Même si on peut le regretter, tout le monde n’est pas en mesure de prendre le recul qui convient face à certains écrits véhiculant des idées malsaines. C’est même sur cette fragilité intellectuelle que s’appuient les sectes et groupements terroristes pour endoctriner leurs adeptes."
Conclusion, certains qui sont mieux équipés sur le plan de la validité du raisonnement choisiront ce que la masse débile pourra comprendre afin que ladite masse se bonifie et que le mal disparaisse à jamais...
C'est très puissant comme réflexion ! Partant de là qui seront donc ces êtres supérieurs ? J'imagine qu'ils seront choisis avec le plus grand soin, et suivant des critères excellents par eux-mêmes ou, mais cela pourrait être dangereux, par un logiciel de grande performance.
Il faudrait également et suivant le même principe vertueux extirper de ce monde toutes sortes de dangers comme il a été fait pour les oreillons qui, dit-on, rendent stérile l'adulte masculin qui les attrape.
Il faudrait aussi quand le temps s'y prêtera supprimer les aliments indigestes ou nocifs pour le confort sans fin d'une vie digne d'intérêt.
Céline est un grand écrivain mais par un sens très puissant des responsabilités certains qui se croient les représentants de l'humanité entière désirent la damnatio memoriae...
Cependant, ma conscience captive de la vérité et de la justice ne peut se résoudre à désirer le confort délétère d'une vie avec les Lotophages. L'histoire appartient à tous !
Rédigé par : duvent | 05 janvier 2018 à 11:01
@ Noblejoué
A lire également de Shlomo Sand "Comment le peuple juif fut inventé".
Passionnant et révélateur.
Personnellement, étant assis à la fois sur l'Allemagne et la France, j'ai toujours déploré qu'on confondît nos erreurs de 1918 (lire Von Salomon, les Réprouvés) avec une juste cause et qu'on laissât prospérer le régime qui se dessinait tout en sachant très bien ce qu'il était. Cela se fit au nom d'une idéologie criminelle qui se répète aujourd'hui, mais à l'époque personne n'a voulu tenir compte de la somme de défiance à l'égard des Juifs en raison de leurs positions dans l'Histoire chrétienne et populaire, de Flavius Josèphe à Gobineau. Là encore, ignorance, aveuglement, refus de se séparer de l'idéologie ou, comme vous le dites, conception lacrymale. La position actuelle d'Israël est la somme de toutes ces erreurs.
Alors, quand notre président parle de faire une loi contre les fausses novelles, alors qu'il existe des textes parfaits en France pour les poursuivre, je me demande s'il ne devrait pas être poursuivi le premier pour cet immense mensonge qui, déjà, nous a entraînés jadis dans une guerre exemplairement honteuse.
Rédigé par : genau | 05 janvier 2018 à 10:35
"Si on décidait de supprimer de la littérature universelle, par exemple du prodigieux Shakespeare, les passages contestables (Le Marchand de Venise) au nom d'une morale et d'une bienséance d'aujourd'hui inadaptées au siècle de leur écriture, des chefs-d'oeuvre seraient amputés, dénaturés."
Mais c’est ce qui se passe en ce moment, l’inimaginable devenu banal !
Je viens d’apprendre sur France Culture que l’opéra Carmen qui doit être présenté à Florence dans quelques jours a été modifié par le metteur en scène, au motif qu’on ne peut pas applaudir à la mort violente d’une femme, et donc dans le « new opéra » Carmen prend le pistolet des mains de son amant et le tue, la mort d’un homme étant plus « acceptable » que celle d’une femme.
http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/societe/l-opera-carmen-repris-a-florence-avec-un-gros-retournement-de-situation-04-01-2018-7483173.php
Remarquez qu’à tout prendre je suis moins choqué que si on avait fait de Carmen un.e transgenre, quoique au train où vont les choses, je m’attends à tout.
Nous vivons une époque complètement schizo, obsédée par la volonté de refaire, de réécrire le passé à la « lumière » de la morale d’un politiquement correct qui n’est que la marque d’une décadence absolue.
Puisque nous sommes incapables semble-t-il de faire des chefs-d’œuvre assurés, plus ou moins d’éternité, refaisons le passé éternel en nous appropriant son éternité.
Des nains se voulant à la hauteur de géants trop grands pour eux.
Rédigé par : Tipaza | 05 janvier 2018 à 08:59
Je ne sais pas s’il est vraiment opportun de faire reparaître des écrits que Céline avait refusé de voir rééditer ; les trouvait-il ratés, ou en avait-il seulement honte ? Un artiste a un droit souverain sur son œuvre : un peintre détruit ses toiles qu’il pense ratées, un sculpteur ses œuvres qu’il juge mal venues ; pour un écrivain il ne peut que renier les écrits qu’il souhaite voir oublier.
Néanmoins, la liberté d’expression est un bien si grand qu’il faut admettre qu’elle soit insupportable, blasphématoire, porteuse de haine.
La seule raison qui vaille d’interdire un propos, ou un écrit, ne peut être qu’une absence de talent exprimé, ou une incitation au crime.
Il serait judicieux de ne pas éditer des auteurs qui écrivent aussi mal que Christine Angot, Dominique Bona ou Philippe Jaenada tant qu’ils n’auront pas justifié d’une formation continue adéquate (atelier d’écriture par exemple). Il serait opportun d’interdire d’antenne des saltimbanques à la vulgarité achevée comme les Cyril Hanouna ou Charline Vanhoenacker jusqu’à ce qu’ils aient appris à parler en français. Les uns et les autres sont coupables de crime contre notre langue.
D’autres crimes sont bien plus graves, et ceux qui y incitent sans barguigner ne peuvent avoir la parole. Personne n’imagine laisser actifs des sites d’enrôlement dans le djihad.
Rédigé par : olivier seutet | 05 janvier 2018 à 08:46
"A quel titre prétend-on se mêler de ce qui regarde le citoyen, le lecteur, de son choix et de son intelligence ?"
Eh bien, Céline lui-même devait considérer que le lecteur n'est pas tout.
"Céline avait toujours refusé qu'ils fassent l'objet d'une nouvelle publication..."
J'ignore la ou les motivations exactes qui ont fondé le refus de Céline d'une publication de ses écrits antisémites. Il reste que sa volonté était qu'ils ne fassent pas l'objet d'une réédition.
"Pour Céline tout entier !"
Non, Philippe.
L'écrivain lui-même a choisi qu'une part de ses écrits soit retranchée de l'idée qu'il se faisait de la littérature. Peut-être a-t-il simplement refusé l'idée - le cauchemar - de lecteurs camés, toxicos à ses écrits comme le sont les intoxiqués à une drogue dure, à un poison d'épouvante. Ce qu'est l’antisémitisme.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 05 janvier 2018 à 07:13
Il paraît que sera bientôt interdite toute réédition de "Si le grain ne meurt" pour cause d'incitation à la pédophilie.
Rédigé par : Claggart | 05 janvier 2018 à 07:07