A intervalles réguliers, tel ou tel hebdomadaire ou notre quotidien de référence Le Monde - faisant de son lecteur un citoyen intéressé en même temps qu'un masochiste, un peu comme en écoutant France Inter ! - se penche sur la relation entre intellectuels et politiques pour généralement s'étonner du fait que les premiers n'approuvent pas les seconds, que la réflexion abstraite et critique n'adhère pas aux logiques de pouvoir.
Intellectuels évidemment de gauche, un pléonasme, alors que la réalité de l'esprit et des débats démontre pour le moins qu'un camp n'est pas le propriétaire exclusif de la lucidité conceptuelle. Intellectuels convoqués pour fustiger la gestion gouvernementale au nom de principes d'autant plus sacrés qu'ils bénéficient de cette grande chance d'être éloignés de la vulgarité du réel.
J'ai envie d'opposer, sur ce registre, Antigone à Créon. Non pas que celle-là, avec son intégrisme moral et sa volonté entêtée de demeurer sourde à tout ce qui n'est pas l'implacable loi de l'éthique contre les accommodements pragmatiques, soit totalement représentative des intellectuels.
On peut toutefois admettre que dans le for intérieur de ces intellectuels si souvent célébrés à raison même de leur faible capacité à l'effectivité, il y a toujours une Antigone qui sommeille. Elle les tirerait par la manche s'ils s'abandonnaient à une vision dangereusement empirique de ce qu'ils ont seulement pour mission de blâmer ; en invoquant des valeurs sur lesquelles ils se gardent de toute définition explicite. Elles offrent l'intérêt, dans leur noble imprécision, de pouvoir apposer une grille apparemment respectable sur tout et n'importe quoi et d'ériger l'impuissance concrète en vertu fondamentale.
Il est vraiment trop facile, dans cette joute en permanence réactualisée entre Créon et Antigone, de donner toujours l'avantage à Antigone parce que Créon, enfermé dans une autarcie obtuse et bêtement efficace, ne mériterait que les quolibets adressés par la pureté à l'indécence de l'action.
Je pense exactement le contraire. Antigone est vouée à se cantonner dans un rôle somptueusement solitaire, de vigie glaçante et admirée. Elle sera toujours incapable, fût-ce quelques secondes, -le temps de penser contre elle-même - d'endosser l'habit et les responsabilités de Créon.
Antigone et les intellectuels donnent des leçons. La société les écoute sans être persuadée que leur approche est la bonne puisqu'elle manque de cet élément capital qu'est l'affrontement des idées avec la vie du monde et le monde de la vie. Il y a des laboratoires brillants dont la finalité n'est pas la recherche mais une effervescence spéculative réjouissant ceux qui la pratiquent et appréciée par ceux qui n'ont pas la charge de gouverner.
Antigone est condamnée parce qu'il lui manque le désir de s'enrichir de qu'elle n'est pas. Trop sûre de son bon droit pour ne pas prétendre se suffire à elle-même.
Créon - et il y a des Créon de qualité car le pouvoir n'abîme pas par essence tous ceux qui l'exercent - est contraint, à chaque fois qu'il entreprend, qu'il invente, qu'il colmate, répare ou réagit, de laisser s'interroger en lui la nuit et le jour, le pour ou le contre, le désir d'accomplir et le doute, le scrupule. Ce scrupule qui va retenir la main avant qu'elle ne se pose sur les problèmes et les tragédies ; ou qui lui donnera toute latitude pour réformer ou réprimer.
Il y a donc, dans tout Créon, une Antigone obligatoire. Les intellectuels se font des illusions quand leur haute conscience se croit fondée à commander au pouvoir. Celui-ci, avant eux, avant même de décider, s'est, dans une délibération singulière ou collective, enrichi d'une pureté qui l'a heureusement entravé ou d'une efficacité pour laquelle il a opté en définitive.
A supposer que la politique se confronte souvent à une alternative aussi éclatante et non pas seulement à des pratiques plus ambiguës où un zeste de morale peut s'accorder avec des conduites opératoires.
Prenons l'exemple de Calais. La diatribe de Yann Moix n'était pas seulement insultante à l'égard du président de la République mais aussi en raison du fait qu'elle présumait que le gouvernement n'avait attendu que lui pour se poser les questions nécessaires et se soucier d'éthique. Ce Zola au petit pied s'imaginait rayonner et faire se lever des aurores alors que le gouvernement, bien avant lui, avait arbitré pour un humanisme responsable - et pas seulement miséricordieux sur le dos des Calaisiens.
Antigone seule, trop seule. Créon empli de la politique, de ses forces et de ses contraintes, riche d'Antigone mais portant aussi le monde sur ses épaules.
Que les intellectuels continuent à penser et à murmurer, au mieux, à l'oreille du Prince.
Le Prince n'est pas plus bête qu'eux, ni Créon qu'Antigone.
@ Catherine JACOB
"Sinon quoi ?"
Sinon je l'aurais gardé pour moi, bien évidemment, le à quoi bon et le manque d'envie de me recevoir une moquerie incitant à l'abstention. Le à quoi bon c'est moi, la moquerie, c'est vous. Soyons lucide.
Evidemment, j'ai une vue très lacunaire de la situation. Mais extérieure. Il n'est pas impossible, avec un point de vue différent, de trouver une issue non aperçue auparavant.
Rédigé par : Noblejoué | 07 février 2018 à 12:20
@ Noblejoué | 06 février 2018 à 19:00
"Il faut vraiment que je pense que la science doive avancer et que je vous trouve un beau style pour vous le dire, parce que sinon..."
Sinon quoi ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 février 2018 à 00:34
@ Catherine JACOB
"Mais bon, les petits maîtres qui copient tout à droite et à gauche, tant licitement que sur récupération illicite chez des auteurs qui ne sont jamais cités, ne s’embarrassent pas pour si peu et rattachent simplement le symbole original dont ils ignoraient jusque-là l’existence, au symbole le plus connu dans le monde occidental depuis la fin du XXe siècle, à savoir comme chinois, et qu’il ne faudrait surtout pas reconnaître dans des figurations occidentales antérieures à notre ère, à peine de crime de lèse-majesté, ce qui, pour ma part, commence à me courir sérieusement sur le haricot comme on le dit même quand le haricot est une fève."
Je sais ! Vous pourriez écrire un "Dictionnaire du Japon retrouvé". Sous-titre "Le Japon par-delà les mythes". Les mythes font moins polémique que malhonnêteté et font plus rêver le public qui, savant ou ignorant, sera plus tenté de vous lire.
Et vous écrirez bien ce que vous voudrez dans votre livre. Peut-être une partie historique et historiographique pour mieux resituer ?
Pourquoi écrire "retrouvé" ? Oui, alors qu'on n'a jamais rien su. Parce qu'on dit toujours qu'on rétablit la justice, ce genre de chose, quand elle n'a jamais été là, parce que les gens se consolent de s'imaginer un paradis perdu.
Et il y a Proust. Vous pouvez vous servir de votre anecdote sur la thé et Proust dans l'introduction, je crois. Les rapports France-Japon, vous présenter, tout ça.
Pourquoi pas les éditions Picquier ? Assez focalisé sur l'Orient, pas universitaire donc sans doute pas de problème avec les autres spécialistes du Japon. Un livre qui pourrait plaire au grand public voire inciter vos pairs à se remettre en cause, peut-être ?
Dommage qu'il n'y ait pas d'éditeur dans votre famille, un médecin de moins, un éditeur de plus, serait mieux pour le lectorat et pour vous.
Mais je crois que Picquier pourrait être intéressée. Ce que vous écrivez est intéressant, et votre style très plaisant. Pourriez-vous vous servir de ce que vous avez écrit ici pour le démontrer ? Je ne sais.
Mais vous n'aviez pas l'air contre l'option Picquier. Il ne s'agit évidemment pas d'écrire en abscons, mais vous savez piquer la curiosité, et après ce livre, pourriez certainement faire sur des sujets qui peut-être moins attendus ou qui vous tiennent plus à cœur, ou les deux, avec le même bonheur.
Il faut vraiment que je pense que la science doit avancer et que je vous trouve un beau style pour vous le dire, parce que sinon...
Rédigé par : Noblejoué | 06 février 2018 à 19:00
@ Catherine JACOB
"Bref, le Yin dans le Yang et le Yang dans le Yin, c’est en effet, l’Antigone dans Créon et Créon dans Antigone, soit dit, sauf le respect que je vous dois..."
Certes je n'ai pas acquis l'immense somme de connaissances dont vous faites profiter les contributeurs de ce blog. Je ne suis même pas un amateur alors que vous avez fait une carrière émérite dans le domaine de la sagesse orientale. Cependant, il me semble opportun d'énoncer une idée qui était là sous mes yeux depuis des années et dont j'ai pris toute la mesure récemment.
La philosophie de Confucius est battue en brèche par celle de Lao Tseu qui semble avoir été un contemporain de Confucius. Le respect des anciens et la vertu de la piété deviennent démodés et inutiles. Le respect des lois ancestrales est bafoué au profit d'une idéologie où le bien et le mal se complètent, où la vérité n'est qu'une question de point de vue. Si tout est dans tout, la hiérarchie s'écroule, seule compte la loi taoïste de l'univers qui conduit au chaos.
Si je n'étais pas chrétien et que je devais choisir, je préfèrerais alors me tourner vers les préceptes et les vertus sous-jacentes au confucianisme.
Mais encore une fois, il ne s'agit que d'une analyse, une synthèse, une idée.
Rédigé par : vamonos | 06 février 2018 à 16:28
« Il y a donc, dans tout Créon, une Antigone obligatoire. »
Comme donc le petit cercle inclus dans le grand poisson à l'image de cet
insigne des Armigeri defensores seniores (l'un des détachements d'infanterie de l'armée d'Occident), dont il est dit qu’il reproduirait le "taiji" dans sa représentation "dynamique" qu'est le Tàijí yīnyáng tú (太極陰陽圖 / 太极阴阳图) ou « figure du faîte / pôle / exigence suprême, idée donc de clef de voûte de l’univers » dont le nom serait apparu pour la première fois dans un texte qui daterait du IVe siècle av. J.-C, attribué à Tchouang-tseu ou (Zhuāng zǐ → 莊子→ « Maître Zhuang » dont l’existence n’est par ailleurs nullement assurée), encore appelé « symbole du Yin et du Yang » ou « symbole taoïste », dont on retrouve également une image semblable sur des ornements de cheval celtique, comme je l’avais remarqué moi-même il y a plus d’une dizaine d’années, ce qui m’avait fait passer pour une zozote. Pourquoi appeler « symbole Yin Yang » la représentation occidentale du symbole qui n’en est en rien une copie et, qui, selon toute vraisemblance, en est plutôt l’original si l’on en croit ceci qui distingue le concept ou notion, de sa représentation graphique, par ex. celle-ci qui est une modernisation d’une représentation datant du début du 19ème des Bagua ou Pa Kua (trigrammes) , ou une de nombreuses autres : « While the concept of yin and yang dates to Chinese antiquity, the interest in "diagrams" (圖 tú) is an intellectual fashion of Neo-Confucianism during the Song period (11th century), and it declined again in the Ming period, by the 16th century ».
Mais bon, les petits maîtres qui copient tout à droite et à gauche, tant licitement que sur récupération illicite chez des auteurs qui ne sont jamais cités, ne s’embarrassent pas pour si peu et rattachent simplement le symbole original dont ils ignoraient jusque-là l’existence, au symbole le plus connu dans le monde occidental depuis la fin du XXe siècle, à savoir comme chinois, et qu’il ne faudrait surtout pas reconnaître dans des figurations occidentales antérieures à notre ère, à peine de crime de lèse-majesté, ce qui, pour ma part, commence à me courir sérieusement sur le haricot comme on le dit même quand le haricot est une fève…
Bref, le Yin dans le Yang et le Yang dans le Yin, c’est en effet, l’Antigone dans Créon et Créon dans Antigone, soit dit, sauf le respect que je vous dois... 😉
Rédigé par : Catherine JACOB | 06 février 2018 à 14:13
@ Claggart
""Je suis née pour l'amour et non pour la haine"
Alors en faisant de l'horrible Moix une Antigone de 2018, ce que j'ai cru comprendre, notre hôte me semble avoir totalement oublié ses humanités."
A mon avis, notre hôte a ramassé un symbole, qu'il a tordu à sa guise comme dans un billet où on accusait encore Néron d'avoir incendié Rome... Décidément, même quand historiens ou magistrats vous innocentent, on passe éternellement pour coupable !
Alors oui, comme le dit René Girard, Antigone est une figure christique... Ce qui ne veut pas dire que Créon soit idiot.
A mon avis, pour bien penser et pour bien gouverner, il faut, dans la position de Créon, penser Antigone et dans celle d'Antigone, penser Créon.
Les gouvernants ordinaires gèrent plus ou moins le présent, de meilleurs ouvrent un peu le futur.
Quelques penseurs ouvrent, pour le bien comme pour le mal, plus sur l'avenir. Le monde tourne autour du désir, et secondairement, je dirais, des idées. La force ? Applique des idées, souvent de penseur, à moins que le gouvernant soit, cela arrive, homme de pensée autant que d'action. Et puis, il y a des cas intermédiaires, forcément.
Le monde serait pire sans figure christique. Pire aussi sans de bons gouvernants. Un des meilleurs est le calomnié Dioclétien. Certes, et je le déplore, il a persécuté les chrétiens, et les manichéens, mais tout le monde s'en fiche, il a prolongé l'Empire romain deux siècles, à défaut de le sauver. Energie, qui le fit sortir de rien, vertu exceptionnelle, il a abdiqué pour que l'empire survive, hélas, ses successeurs ne le valaient pas, mais très peu de gens dans l'Histoire, grand militaire, gouvernant inventif aussi bien qu'organisateur, admirable Dioclétien.
Comme intellectuelle, pour ce que j'en sais, irréprochable, il y a madame de Staël.
Comme vous évoquiez l'amour qu'on porte aux autres, je vous laisse les figures christiques dont vous parlerez mieux que moi.
Rédigé par : Noblejoué | 05 février 2018 à 18:04
Mes souvenirs de lycée, à l'époque maintenant révolue où on commentait Sophocle dans le texte, me rappellent cette phrase d'Antigone que je cite de mémoire :
"Je suis née pour l'amour et non pour la haine"
Alors en faisant de l'horrible Moix une Antigone de 2018, ce que j'ai cru comprendre, notre hôte me semble avoir totalement oublié ses humanités.
Rédigé par : Claggart | 05 février 2018 à 16:55
@ Lucile 05 février 2018 à 13:31
"Yann Moix est installé dans son petit confort intellectuel et matériel, il est gâté pourri par sa position d'intellectuel"
Quand vous avez écrit "Yann Moix" et "intellectuel" votre ordinateur ne vous a crié "erreur fatale !" ? ;)
Perso j'écrirais dans sa bio :
"Yann Moix : opportuniste télévisuel. A filmé une situation pérennisée depuis plusieurs années, en 48 heures chrono pour ne pas trop traîner dans les parages. S'est transformé en écrivain en chambre, en filmeur de week-end comme dans les années 70 on filmait des scènes extravagantes en super 8, et ça chiffonne Breizmabro qu'il porte un prénom breton."
A part ça...
Rédigé par : breizmabro | 05 février 2018 à 16:30
@ jean-christophe 05 février 2018 à 10:55
Antigone fille d'Oedipe, déjà on voit se profiler le malaise si Caroline De Haas s'en mêle (j'dis ça j'dis rien c'est juste Freud qui me l'a soufflé ;)
"Macron n'est ni Créon ni Antigone mais un employé de banque ayant fait l'ENA et choisi par les riches pour les servir"
Tout est dit et bien dit, pas besoin d'en faire un billet sur quinze paragraphes !
Rédigé par : breizmabro | 05 février 2018 à 16:07
Merci pour cet excellent billet.
Rédigé par : Florence | 05 février 2018 à 14:20
Antigone
Pour ceux qui sont passionnés par cette figure mythique :
"Les Antigones" de George Steiner (Gallimard).
Un monument d'intelligence, d'érudition et de passion.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 05 février 2018 à 13:32
Antigone, elle, risquait sa peau, c'est pour cela seulement que son personnage est crédible.
Yann Moix est installé dans son petit confort intellectuel et matériel, il est gâté pourri par sa position d'intellectuel omniprésent à la télé, il s'écoute parler.
Quant à Macron, désolée, mais il penche plus vers les intellectuels que vers les décideurs. Il spécule, il répand sa parole, il fait des gestes, il voyage. Tout au plus gère-t-il les problèmes. Être "en même temps" Machiavel et le Prince, ce n'est guère possible.
Rédigé par : Lucile | 05 février 2018 à 13:31
@ semtob | 05 février 2018 à 01:30
Moi pas comprendre charabia de petit blanc, on mesure les dégâts de l'Education nationale.
Rédigé par : Savonarole | 05 février 2018 à 13:24
Magnifique billet.
Pour la tirade de Créon, voir Anouilh, c'est cette version que je préfère. Ça date de 1944, mais si on sait lire les signes ou lire entre les lignes ça reste très actuel...
On voit passer au travers de cette tirade comme un film au ralenti, la IVe République, le gaullisme d'affaires, le giscardisme, le mitterrandisme, le roi fainéant Chirac, le RPR, etc.
"Mais, bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J’ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce, pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou « non », de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour, et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe devant le groupe n’a pas de nom. C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a plus de nom. Et toi non plus tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ?"
Rédigé par : Savonarole | 05 février 2018 à 13:03
Yann Moix et Christine Angot.
Je ne vois pas quel est l'intérêt d'aller se faire étriller dans une émission de télé où le droit de parler n'est principalement réservé qu'aux intervieweurs avec l'aval de Ponce Pilate Ruquier.
Moix à Calais, c'est du même tonneau : un moralisateur, un donneur de leçons. Au surplus, cet individu est méprisant puisqu'il considère qu'il ne peut s'abaisser à répondre à la maire de Calais, son seul interlocuteur habilité est Macron. Voilà le type de comportement de grenouille qui veut se faire aussi grosse de le bœuf qu'engendre la télé d'On n'est pas couché. Heureusement, il y a des exceptions: Zemmour et Naulleau sur Paris Première ; ils ont bien évolué.
Rédigé par : jack | 05 février 2018 à 12:19
L'oublié dans l'histoire, c'est Polynice.
Cette situation a causé mort d'homme dont tout le monde se cogne (pensez, un chauffeur routier d'Europe centrale, ayant le double tort d'être du petit peuple et d'une contrée sauvage qui refuse l'immigration illégale massive). Ce n'est qu'un exemple, qui devrait pourtant marquer les esprits, des ravages causés par ce phénomène. On découvre d'ailleurs que ces prétendus réfugiés ont en fait des armes à feu sur eux, et n'hésitent pas à s'en servir dans les rues de Calais.
Celui qui trinque, ce n'est pas plus l'élu de passage, largement artisan de la situation, que l'intellectuel bon marché.
Rédigé par : Marcel P/ | 05 février 2018 à 10:57
Rétablir le mélange des genres.
"Le plus souvent, Créon est interprété comme le type même du tyran : il représenterait le dirigeant qui applique la loi de façon aveugle, sans tenir compte des circonstances particulières ni de l'avis de son peuple. Face à lui, Antigone est vue comme le symbole de la liberté et de la rébellion face au totalitarisme. Cette interprétation majoritaire est poussée à son paroxysme dans la réécriture que Jean Anouilh fait de la pièce dans son Antigone. A un second niveau, dans l'Antigone d'Anouilh, Créon représente la position adulte : une acceptation du compromis et de la norme sociale, peu glorieuse mais qui permet de vivre, face à l'idéalisme intransigeant de l'adolescence, qui empêche toute résolution du problème et mène à une impasse, ne laissant d'autre choix que la mort." source Wikipédia
Macron n'est ni Créon ni Antigone mais un employé de banque ayant fait l'ENA et choisi par les riches pour les servir.
Rédigé par : jean-christophe | 05 février 2018 à 10:55
"Il y a des Créon de qualité car le pouvoir n'abîme pas par essence tous ceux qui l'exercent" (Ph. B)
Hélas oui, le pouvoir abîme ceux qui l'exercent.
C’est un grand classique du pouvoir et de la politique en général ; vu d’en bas, cela s’appelle l’usure du pouvoir, vu d’en haut c’est la perte des repères du quotidien et donc de la micro-société pour passer à la gestion des concepts et des grands principes sans lesquelles une société ne peut vivre mais dont elle peut en mourir si les principes oublient le concret du quotidien, et c’est ce que nous vivons.
C’est ce que nous vivons sur les deux sujets qui gouvernent notre société, l’immigration et la mondialisation, double sujet qui en fait n’est qu’un seul, quel est le système vers lequel doit tendre le monde.
Un système ouvert et une circulation libre de la finance et des hommes à son service, bon gré mal gré, le rôle des États consistant simplement à rafler une partie de la mise sous forme de taxes et d’impôts sélectifs, car il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or.
Ou bien un système fermé à l’ancienne où les échanges et en particulier les flux migratoires continueraient à être contrôlés pour préserver la vie du pays et ce qui est au moins aussi vital que la vie, la mémoire collective.
Et c’est ici qu’apparaît un paradoxe surprenant, l’ultralibéralisme et le gauchisme faisant avec des arguments différents, cause commune pour ouvrir les frontières effacer les différences et niveler tout, pour le plus grand profit de la finance des uns et de l’idéologie des autres.
Créon et Antigone jouent le même jeu, l’intérêt brutal de la finance et la bien-pensance niaise ou perfide sont unies et effectivement, « Il y a donc, dans tout Créon, une Antigone obligatoire » (PB), et on ne peut que le déplorer, un système qui marche à l’amble comme celui que nous vivons ne peut que trébucher et nous entraîner dans sa chute.
Il y a chez Créon et chez Antigone le même mépris des hommes réels, au fond ils sont complices dans ce mépris, et c’est le même mépris que l’on observe en politique, les massacres des Khmers rouges pour purifier le peuple et les morts implicites provoqués par la recherche du profit maximum.
Quant au passé qui lie les hommes, Créon ou Macron, la finance au pouvoir, qui nie la culture française pour créer une Europe fédérale sans culture, vaut certes mieux parce que moins brutale que les Khmers rouges qui voulaient un homme nouveau, mais le fond idéologique d’une épuration du passé est le même.
Rédigé par : Tipaza | 05 février 2018 à 09:43
Le mythe d'Antigone est toujours d'actualité. On le retrouve cycliquement sous différentes formes.
L'intellectuel et le politique sont opposés par le journal Le Monde depuis des décennies comme l'explique notre hôte dans ce billet.
"Le savant et le politique", livre de Max Weber rédigé au dix-neuvième siècle, a repris ce mythe d'Antigone sous la forme d'une étude sociologique de si haute volée que cela reste pour moi d'un niveau stratosphérique.
De même Yann Moix et Emmanuel Macron sont artificiellement juxtaposés par le sieur Laurent Ruquier sur ONPC, l'émission que je ne regarde jamais parce que je suis déjà couché. Je précise que ce n'est pas dans une meule de foin et pas avec une grenouille de bénitier non plus.
Rédigé par : vamonos | 05 février 2018 à 09:41
Quel billet ! Quel talent cher P. Bilger ! Admiration !
Pour échapper à la lecture hémiplégique du monde par Le Monde, heureusement, nous avons Le Figaro. Car il le vaut bien.
Somptueuses photos, merci. Du temps où les acteurs avaient du talent et les metteurs en scène de l'humilité.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 05 février 2018 à 09:40
Bonjour,
Ainsi donc par une métaphore sur fond de drame antique vous associez le pouvoir, en l’occurrence Emmanuel Macron qui dicte ses volontés, à Créon et les intellectuels à Antigone la rebelle. Après tout pourquoi pas.
Sauf que depuis l’ère mitterrandienne la gauche a perdu le monopole de la pensée brillante et révolutionnaire. A force de nous rabâcher toujours les mêmes slogans éculés depuis Mai 68 sans prendre en compte l’évolution économique et technologique qui a profondément modifié le paysage socioculturel, en France comme ailleurs, elle a perdu toute crédibilité.
Jaurès, Blum, Zola, Sartre vivaient dans une époque qui n’a plus rien à voir avec la nôtre.
Non le terme « intellectuel de gauche » n’est plus un pléonasme. Aujourd’hui ce terme serait plutôt devenu un oxymore tant ces intellos s’empêtrent dans leurs contradictions.
Quant à ce pauvre Yann Moix que vous appelez à juste raison un Zola au petit pied, il n’a d’autre préoccupation que de faire parler de lui,
♪ Parlez moi de Moix, y ‘a qu’ ça qui m’intéresse ♫
♪ Parlez-moi de Moix, y ‘a qu’ ça qui m’ donne de l’émoi ! ♫
Rédigé par : Achille | 05 février 2018 à 09:18
...le gouvernement, bien avant lui, avait arbitré pour un humanisme responsable - et pas seulement miséricordieux sur le dos des Calaisiens.
Ô humanisme, que de crimes commet-on en ton nom !
Le précédent gouvernement - puisqu'il faut appeler ce machin comme cela - avait aussi par un humanisme mal placé caché sous le tapis la poussière migratoire de la jungle calaisienne en l'ayant disséminée à travers la France profonde de façon autoritaire et absolument pas empreinte d'une quelconque pitié humaine envers les élus locaux et les habitants qui ont été sommés de recevoir chez eux ces invités forcés.
Bien entendu, la jungle s'est reconstituée sous une autre forme et les problèmes n'ont pas disparu pour autant.
Un véritable humanisme ne devrait-il pas commencer par s'attaquer à la question des migrations-invasions à la base, en restaurant les barrières protectrices que devraient être les frontières, qu'elles soient européennes ou françaises ?
En quoi le fait de laisser en liberté des délinquants parfois dangereux ayant violé plusieurs de nos lois et pis encore de les entretenir aux frais et au détriment des Français a-t-il le moindre rapport avec un prétendu humanisme ?
N'est-il pas possible de les interner de façon humaine avant de les expulser ?
Tordons le cou à cet humanisme du n'importe quoi : en réalité, l'humanisme, c'est la guerre.
https://www.polemia.com/lhumanisme-cest-la-guerre-i/
Rédigé par : Exilé | 05 février 2018 à 09:03
Ayant soutenu Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Jacques Chirac, Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy (pour M.Macron, j'attendrai pour juger la fin du quinquennat), ma pente est de toujours comprendre les dures réalités et contraintes du pouvoir et à renvoyer les purs spéculateurs à leurs chères études.
Vers la fin de votre texte sur Antigone et Créon, vous évoquez le cas du pauvre Yann Moix, qui a voulu singer quelques écrivains célèbres.
Cette affaire de Calais, pour user d'un mot qui vous est cher, est atypique.
Pourquoi ? Parce que tous ceux qui dans notre pays trouvent qu'il y a trop d'immigrés (Moix veut qu'on dise "exilés") sont réduits à exiger que la police soit FERME à l'égard de gens qui ne veulent pas immigrer chez nous mais quitter note sol. C'est la quadrature du cercle.
Ah ! comme il était plus facile depuis des lustres de vouloir (écoutez Zemmour !) limiter "l'immigration arabo-musulmane" venue d'Alger, de Rabat ou de Tunis. C'était d'une limpidité de cristal.
Mais des Erythréens qui rêvent de Londres et qui fuient la France ! Quel casse-tête !
Rédigé par : Patrice Charoulet | 05 février 2018 à 07:41
Cher Philippe,
Créon est crédible dans la représentation du Sur-moi de son temps.
Antigone, la rebelle crée des voies nouvelles.
Yann Moix crée le buzz pour le documentaire de mai 2018.
L'émoi ne se commande pas.
Antigone se dresse, refuse la douleur. Elle jette la terre, et le père à terre.
Elle se construit.
Yann Moix, un anti-Créon, nous aurions des difficultés à le croire.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 05 février 2018 à 01:30