Durant l'accalmie des vacances, l'imagination médiatique s'en donne à coeur joie.
Dans ce quotidien - Le Monde -, on a une rubrique : "Ma chanson d'amour". Dans cet hebdomadaire - L'Obs - on annonce : "Le livre qui a changé leur vie".
Même si le second thème est banal et revient régulièrement quand l'actualité s'essouffle, j'approuve cette volonté de nous faire entrer dans le for intérieur de personnalités, célébrités et écrivains pour qu'ils nous offrent ce qu'en général ils gardent pour eux-mêmes.
Et c'est aussi la limite du genre que cette focalisation exclusive sur des êtres que la lumière a déjà mis en évidence. J'avoue, sans ressentir la moindre acrimonie, que j'ai plutôt un faible pour les médias s'assignant pour ambition d'être la voix des sans voix et de nous transmettre ce qu'on n'entend ou ne lit jamais.
D'autant plus que tout à mon sens n'est pas bouleversant d'intelligence et de finesse dans ces moments qui se voudraient de bravoure sur les chansons et les livres.
En même temps comment ne pas remercier ces entreprises estivales qui autorisent chacun à se glisser dans le débat ou à affirmer une dilection cherchant moins la surprise que la sincérité ?
Ma chanson d'amour ? Au fond il n'est pas si simple de sélectionner, dans le champ très étendu des possibles, celle qui aura été décisive pour l'enchantement et l'émotion, qui non seulement nous aura éblouis par sa musique et sa qualité mais se sera trouvée merveilleusement accordée à notre vie lors de son écoute, nous embarquant dans sa joie ou dans sa mélancolie. Il y en a tant qui exigeraient d'abord de mettre au clair la fabuleuse et illimitée équivoque du terme "amour".
Parce que, si une familiarité m'a par exemple uni à la personnalité ayant arbitré en faveur de "Message personnel" de Françoise Hardy, en raison de circonstances très particulières qui m'ont attaché à cette adresse intime, le hasard m'a remis en mémoire et en sensibilité une chanson qui n'est pas à proprement parler d'amour mais presque davantage puisqu'elle touche tout ce qu'il y a de tristement et d'intensément humain en moi. Il s'agit de "Si tu ne me laisses pas tomber" de Gérard Lenorman sur des paroles exaltantes de Pierre Delanoë. C'est dans cette chanson qu'il y a ces deux vers, constatant face à une envie puissante de départ, "Les espoirs de nos aurores n'avaient pas dépassé Saint-Maur".
Cette phrase est restée dans ma tête comme l'exemple d'une poésie simple, directe et entraînante. Comme un écho à la fin de L'humeur vagabonde d'Antoine Blondin : Un jour nous prendrons des trains qui partent.
Pour les livres, si Jérôme Garcin et Philippe Lançon m'ont impressionné par leur argumentation riche de coeur et d'esprit, j'ai été frappé par l'absence, dans les réponses, de toute référence à l'oeuvre de Marcel Proust.
Car pour moi je n'aurais pas eu la moindre hésitation : la lecture de Marcel Proust a en effet littéralement changé ma vie, jeune homme, en me faisant comprendre qu'il y avait là, dans ces pages géniales, l'offrande d'une vision qui disait tout sur l'existence, les sentiments humains capitaux, le temps, au point qu'elle permettait de prendre un raccourci entre soi et la compréhension de soi.
Des chansons et des livres... A la fin de ce billet, la reconnaissance l'emporte pour cette magie ordinaire qui est venue enrichir, irriguer, transcender une quotidienneté douce et oisive de son irremplaçable parfum.
Face à la question des livres qui auraient changé ma vie ou qui plutôt m'auraient éveillé
- L.F. Céline "Voyage au bout de la nuit"
- F. Dostoïevski "Souvenir de la Maison des morts"
- H Bauchau "Œdipe sur la route" et "Diotime et les lions"
- P. Hadot "Qu'est-ce que la philosophie antique"
- R. Hilberg "La Destruction des Juifs d'Europe"
- Jared Diamond "De l'Inégalité parmi les sociétés"
- P. Pettit "Républicanisme"
Pour les chansons, je suis peu "chanson", je choisi
- Fanny de Laninon
- Ma liberté (Moustaki)
@ boureau | 14 août 2018 à 20:04
Dans les livres de mer et d'aventure j'ai aimé les aventures de Bolitho, Jack Aubrey et Hornblower, sans doute mon côté adolescent attardé ?
Rédigé par : Charles | 17 août 2018 à 17:19
@ Julien WEINZAEPFLEN 15 août 2018 à 08:47
"Il a prétendu (mais personne ne le croit) avoir écrit "Ne me quitte pas" en ne pensant à personne"
A l'époque où je faisais paparazette (qui m'a baptisée comme ça déjà ici ? je ne m'en souviens plus et je le regrette c'était tellement bien vu) pour le Télégramme de Brest et pour Ouest France, pour payer mon logement à des pas de prix à Paris quand j'étais à l'ISG, j'avais photographié Jacques Brel en tournée à Rennes et, à l'époque, il bavardait avec nous, il n'était pas encore devenu la GRANDE vedette d'après.
Il nous avait dit en parlant de "Ne me quitte pas" que c'était une chanson qu'il n'aimait pas du tout car c'était la traduction de l'humiliation d'un homme trompé.
Nous on avait 19/20 ans on n'avait pas tout bien compris, mais bon c'était Brel...
Après on est allé avec lui boire un ou quelques verres au Triumph, c'était un p'tit bar à jazz assez sympa, place de la Mairie.
En lisant votre post je me suis souvenu de cette confidence (c'était en 63-64 je crois, et pas faite qu'à moi) et à chaque fois que j'entends cette chanson, que tout le monde admire à juste titre et qui a été reprise par plusieurs grands interprètes notamment par Nina Simone, j'entends encore Jacques Brel dans la coulisse et j'ai compris, longtemps après, ce qu'il voulait dire.
Rédigé par : breizmabro | 17 août 2018 à 17:14
Pour ma part, modestement ou immodestement, j’ai produit ceci, qui est sorti de moi comme un jet d’encre ou d’expérience il y a deux ou trois jours :
https://cooperativepoetique.blogspot.com/2018/08/le-pacte-des-larmes.html
J’en donne un bon à lire à qui voudra, non pour satisfaire l’exhibitionnisme du « poète », mais pour en tirer quelque chose d’utile si j’ai été capable de le lui permettre.
« La vie c’est du cinéma, j’en ai fait », chantait Serge Reggiani. » Des chansons, j’en ai écrites. Mais je partage sur deux points au moins la méthode ou la pensée de Brel :
- « Je n’écris jamais de chansons d’amour ». Brel voulait certainement dire qu’il n’écrivait jamais de chansons sur ses amours (au fait, quel est le sexe de l’amour, et pourquoi ne l’accordons-nous plus au féminin quand il est au pluriel ? « À vos amours, disait mon père à qui éternuait. Qu’elles soient nombreuses et courtes ou qu'il soit unique et dure toujours. L’amour était déjà au masculin. Normal, c’était mon père). Brel ne dépeignait que des amours imaginaires. On l’a vu se noyer en cherchant le fanion de la Fanette que la mer emportait. Il a prétendu (mais personne ne le croit) avoir écrit « Ne me quitte pas » en ne pensant à personne. On n’a plus assez d’imagination pour écrire des chansons d’amour. On n’écrit plus que des bluettes sentimentales ou sentimentalistes. Je préfère m’abstenir, partageant cet autre point commun avec Brel :
- alors que son ami Pierre, dans la chanson des bourgeois, se prenait pour Casanova, « moi, j’étais aussi soûl que moi » et « je me prenais toujours pour moi ».
C’est ce qui fait que je n’ai pas de livre-culte. J’ai des procédés que j’envie : celui de Proust à la recherche de la réminiscence, ressuscitant un monde artificiel, ce qui me fait trouver, avec le recul des années, le résultat beaucoup plus décevant par exemple, que ce plus personnel des livres de Nathalie Sarraute que m’a aussi enseigné Jean-Yves Tadié, spécialiste de l’un et de l’autre auteur : "Enfance". J’aurais voulu, comme Balzac, écrire une comédie humaine, d’autant que j’ai croisé tant de monde dans une position des plus étranges : un peu comme un petit marquis, toujours à côté des choses et des événements, y assistant aux secondes loges, sans y participer, car invité par la puissance invitante qui fait de nous les témoins qu’elle veut, non à y participer, mais seulement à les observer sans être vu, pour en être un témoin oblique.
Plus j’avance en âge et plus je n’aime lire que des mémoires, comme j’aimerais en écrire, mais tout le monde en écrit. Une de mes casquettes est même d’en écrire pour les autres, ce qu’on n’ose appeler des biographies, mais seulement des récits de vie, ce qui distingue un récit de vie d’une biographie étant que celle-ci raconte la vie palpitante d’une personnalité. Les anonymes, les « sans voix » comme dirait Philippe, ont des vies qui ne supportent que le récit. Même les « malgré nous » ? Même des gens qui sont allés au bout de leurs voyages ou de leur atypisme ne sauraient écrire de mémoires ou de biographie s’ils sont anonymes. N’importe.
Les mémoires que je recommanderai le plus chaleureusement, pour leur mysticisme, nié dans le premier tome, qui se change en objectivité faussement asséchée dans les deux suivants, sont ceux, je vous le donne en mille, de Simone de Beauvoir. Ma grande découverte de ces dernières années. Elle ne prétend pas en jeter, mais elle en jette. On l’accuse d’être insincère au niveau des caniveaux. Mais sa sincérité de fond n’a rien à envier à Simone Weil ou à Edith Stein. Lisez ses méditations sur la mort. Quand Sartre construit dans les mots une vocation niée à laquelle il n’a jamais cessé de croire, Simone de Beauvoir raconte la perte de la foi sur le terrain miné qu’était déjà en elle le refus de la maternité, mais aussi à partir de la mort de son amie Zaza, victime de sa famille catholique et ultra-pharisienne. Mauriac n’a jamais décrit un tel nœud de vipères.
Marcel Proust a fait de la mémoire la matière de la littérature. Montaigne nous a enseigné bien plus tôt que chacun était « la matière de son livre ». L’autofiction a tendance à fécaliser, étroniser ou introniser cette matière dans le « tout à l’ego ». On devrait plutôt se situer sur la ligne de crête entre mémoire et automatérialisation. On n’est la matière de son livre que lorsque les péripéties de nos existences chantent cette langue des signes intraduisible dans laquelle Dieu nous parle dans des champs magnétiques tout de synchronicités, et lorsque l’aspect circonstanciel de nos vies est un miroir déformant de l’universel auquel c’est au lecteur de donner forme, qui le peut si le « moi » ne se cantonne et ne se complaît pas trop narcissiquement dans une expérience trop singulière.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 15 août 2018 à 08:47
@ boureau | 14 août 2018 à 20:04
Merci pour l’information car quasiment tous les livres que vous citez ne sont plus réédités actuellement, même en format poche. Avec de la chance je devrais trouver sur eBay L'Aigle de mer d'Edouard Peisson et L'Ancre de Miséricorde de Pierre Mac Orlan. Ces deux derniers, notamment Mac Orlan, sont quasiment inconnu des moins de 50 ans et pourtant ses romans furent nombreux. Qui se rappelle de « Le Quai des brumes », ainsi que de son adaptation au cinéma par Marcel Carné avec dialogues de Jacques Prévert ?
Cordialement
Rédigé par : Trekker | 15 août 2018 à 01:00
@ Trekker et Cn 14 août 2018 16:15
"Les Mutinés de l'Elseneur" ont été publiés dans une collection (édition reliée) de Laurent Rombaldi dans les années soixante-dix.
Collection tout à fait intéressante pour ceux qui aiment la mer et l'aventure :
L'Aigle de mer d'Edouard Peisson
L'Ancre de Miséricorde de Pierre Mac Orlan
Les Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Poe
Le Pacifique contre l'Amour de John Caldwell
La Grande Aventure des Baleines de Georges Blond
La Mer cruelle de Nicholas Monsarrat
Trafalgar de René Maine
Un feu s'allume sur la mer d'Henri Queffelec
Par une nuit sans lune de Pierre Humbourg
Les Frères de la Côte de Maurice Besson
Etranges Histoires de mer de Bryan Breed
Le Négrier d'Edouard Corbière
Voyage autour du Monde de Bougainville
La plupart de ces livres ont des illustrations sépia qui ponctuent agréablement la lecture et encouragent l'imagination.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 14 août 2018 à 20:04
@ breizmabro | 14 août 2018 à 15:54 "Cool, cool"
J'apprécie que vous m'y fassiez penser. Mais ça va, aujourd'hui le temps n'est pas trop orageux.
(Ayant hébergé pas mal d'enfants américains cet été, j'ai appris qu'on dit maintenant "chill" quand on est vraiment cool).
Rédigé par : Lucile | 14 août 2018 à 17:15
@ Cn | 14 août 2018 à 09:48
"Tout à fait juste concernant l’adaptation au cinéma des Raisins de la colère, absolument magistrale. Comment parvenir à faire oublier à ce point qu’il ne s’agit « que » d'un film et non pas du réel... Bluffant !"
Je partage totalement votre appréciation, mais visionnez si vous en avez l’occasion la version initiale de 1939 de Des souris et des hommes de Lewis Milestone. Elle est quasiment aussi sublime que du John Ford !
Dommage que vous n’ayez pas lu Martin Eden et Les Mutinés de l’Elseneur, à mon sens bien supérieurs à ceux que vous citez de Jack London…
La littérature américaine des années 1900 à 40 est d’une incroyable richesse : outre les auteurs déjà cités, il y a « Le facteur sonne toujours deux fois » de James Cain, William Faulkner et son « Lumière d’août », Erskine Caldwell et combien d’autres. Romans souvent classés comme « noirs », voire méprisés par certains soi-disant intellos français !
@ boureau | 14 août 2018 à 12:32
"…Adaptation fabuleuse des "Raisins de la colère ». C'est le génie de John Ford !"
Bis repetita, entièrement d’accord avec votre commentaire élogieux !
J’avais oublié de citer une chanson du grand et intemporel Léo Ferré, et qui est liée pour moi à un souvenir fort : "C’est extra".
https://www.youtube.com/watch?v=MjlkYxP2OLg
Rédigé par : Trekker | 14 août 2018 à 16:15
@ Lucile
Cool, cool Lucile, on ne répond pas à Charoulet, lui-même reconnaissant qu'il est lassant :D
En ce moment en Bretagne c'est super. Pas trop chaud (ouf !) et avec des couchers de soleil à vous couper le souffle.
Adéo Lucile ;)
Rédigé par : breizmabro | 14 août 2018 à 15:54
Je suis étonnée que M. Bilger n'ait pas choisi - à la place du planplan Lenorman - son idole, celui qu'il a accompagné avec tous les bobos de la place de Paris, je veux parler de d'Johnny chantant
"Quand tes cheveux s’étalent comme un soleil d’été et que ton oreiller ressemble aux champs de blé. Quand l'ombre et la lumière dessinent sur ton corps des montagnes, des forêts et des îles aux trésors" (paroles de Gilles Thibaut)
Je suis déçue, déçue, déçue.. :D
Rédigé par : breizmabro | 14 août 2018 à 15:29
@ Trekker et Cn 14 août 2018 09:48
Adaptation fabuleuse des "Raisins de la colère".
C'est le génie de John Ford !
Quatre chefs-d'œuvre tournés en moins de deux ans :
La Chevauchée fantastique (1939)
Les raisins de la colère (1940)
Qu'elle était verte ma vallée (1941)
Sur la piste des Mohawks (1939)
A noter que Jane Darwell (Ma Joa dans les Raisins de la colère) obtint un oscar pour sa prestation. Elle figure dans les plupart des films de John Ford.
Toujours une bonne soirée garantie quand on peut revisionner l'un ou l'autre.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 14 août 2018 à 12:32
VOUS ET VOS COMMENTATEURS
Cher Philippe,
Sur certains blogs, vous le savez, le maître des lieux répond parfois ou souvent. C'est possible quand le nombre des commentateurs est très petit... voire proche de zéro. Quand le nombre d'intervenants est ce qu'il est sur votre blog, c'est impossible. Vous n'intervenez que de manière rarissime dans l'espace que vous réservez aux commentateurs.
En conséquence, il serait malvenu de vous poser ici ce matin des questions, je ne vous poserai donc pas de questions, mais je me poserai des questions .
Avant de commencer (« D'où parles-tu, camarade ? »), pour la énième fois, je rappellerai, au risque de lasser, ceci :
Dans l'enseignement, entouré de gens de gauche ou d'extrême gauche, j'ai toujours été considéré comme de droite ou d'un peu plus que de droite. Moi-même, je me suis toujours considéré comme de droite. Je n'ai jamais fait grève (parfois seul dans mon établissement). J'ai toujours défendu, avec beaucoup de sincérité, les forces de l'ordre. J'ai toujours abominé les manifs. J'ai toujours préféré le général de Gaulle, Pompidou, Chirac, Sarkozy aux candidats de gauche. Dans le domaine culturel, de la langue française, de la littérature, tous mes goûts me classent très manifestement à droite.
N'ayant jamais été raciste, et ne l'étant toujours pas, il a fallu que je scribouille ici pour apprendre, par plusieurs, que je n'étais pas assez à droite, et, même, m'a-t-on dit, que je ne n'étais pas de droite du tout !
Cela étant rappelé, je me pose la question suivante : Comment se fait-il que presque tous vos commentateurs réguliers soient plus à droite ou nettement plus à droite que vous ?
Comme vous ne me répondrez pas - voir plus haut - il serait assez cavalier et désinvolte à moi de vous situer politiquement. Après tout, je ne sais pas ce que vous pensiez il y a dix ou vingt ans. Je ne sais de vous que ce que j'ai pu lire ici en quelques trimestres. Vous avez été pour Sarkozy, puis déçu par lui, vous avez choisi Hollande, puis, déçu par Hollande, vous avez choisi Juppé, puis, Juppé ayant disparu, vous avez choisi Macron avec enthousiasme.
Certes, il ne m'échappe pas que vous n'avez pas craint de vous dire plusieurs fois réactionnaire. Certes, votre défense ardente des forces de l'ordre, votre attitude à l'égard de la délinquance, de l'incarcération, de l'immigration pourraient vous classer à droite.
Reste que vos choix politiques additionnés et mentionnés plus haut conduisent à vous situer comme un modéré, un centriste, osons le mot. Vous n'avez jamais dissimulé votre estime pour M. Bayrou (on peut toujours réécouter votre dialogue avec lui). Bayrou et Macron ne sont guère éloignés sur l'échiquier politique.
Question : Pourquoi la plupart de vos commentateurs semblent-ils plus à droite que vous ? Parce qu'ils le sont, certes. Mais aussi parce que l'on n'a guère envie de prendre la plume quand on est centriste ou modéré. La plupart des gens écrivent sous le coup de la colère, de l'indignation, de la peur, de l'angoisse. Dire : "Je suis modéré, je suis paisible, je vous invite à ne pas tomber dans les excès" n'est pas très affriolant, pas très motivant, pas très sexy, pas très entraînant.
Beaucoup de lecteurs ont d'ailleurs tendance à se dire ou à dire à ce modéré-là : Si rien n'est grave, si tout va à peu près bien, tais-toi donc, va te recoucher et ne nous dérange plus !
Les furieux, les violents, les déchaînés, les impitoyables, les insulteurs, les ricaneurs (qui sont censés incarner, ce faisant, l'humour à eux tout seuls) étonnent moins. Rien de plus naturel, rien de plus conforme à la nature humaine. Rien de plus répandu. Ici, comme partout.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 14 août 2018 à 12:28
@ Trekker
Tout à fait juste concernant l’adaptation au cinéma des Raisins de la colère, absolument magistrale. Comment parvenir à faire oublier à ce point qu’il ne s’agit « que » d'un film et non pas du réel... Bluffant !
En revanche, en ce qui concerne Des souris et des hommes, c’est la version plus récente (1992) avec Gary Sinise et John Malkovich que j’ai seulement vue. Je devrais aimer regarder celle de Lewis Milestone de 1939 ; à l’occasion, je le ferai certainement !
Jack London : vous avez raison mais je n’ai lu que Croc-Blanc et L’Appel de la forêt (lectures scolaires, je me souviens !).
Merci pour ce partage :-) Il y a tant d’œuvres à découvrir ou redécouvrir !
Rédigé par : Cn | 14 août 2018 à 09:48
Me concernant, point de chansons ou de livres pouvant être associés à un moment précis de ma vie, au point que cette rencontre en serait devenue mémorable, voire aurait influencé le cours de mon existence.
Simplement, au fil de ma vie, des coups de cœur, des oeuvres artistiques ayant suscité en moi au moment de leur découverte une émotion intense, un réel bonheur, un pur plaisir.
Ces sentiments, je les ai ainsi éprouvés et les ressens toujours à l'écoute de « L'aigle noir » de Barbara, d'un concerto de Beethoven, le 5ème notamment, à la lecture de l'oeuvre de Stendhal « Le rouge et le noir » qui m'a ouvert la porte à la littérature classique, ou encore à la contemplation d'un tableau de Turner, pour l'art avec lequel ce peintre maîtrise la lumière.
Point de maîtrise chez moi de chacun de ces domaines dans lesquels je ne suis, à regret, qu'un triste profane. Simplement le partage, lorsque j'écoute, lis ou observe ces œuvres, d'un délicieux moment d'évasion, de bonheur.
Rédigé par : Michel Deluré | 14 août 2018 à 09:25
le yin et le yang
l'eau et l'huile
le feu et la pluie
morale et justice
que des traits opposés ou contraires qu'on voudrait marier.
Alors... chansons, musique, poésie, farniente, vague à l'âme et attaques de Cupidon sur le terrain à découvert d'un bourreau de travail et de certitudes... ça se tient et ça fait du bien... de passer de l'autre côté du miroir.
Rédigé par : kacendre | 14 août 2018 à 08:58
LUMIÈRE D’AOÛT
Les médias véritables – ceux qui sont grassement subventionnés par beaucoup de gens qui ne les lisent jamais – rédigés par des professionnels aux ordres ont l’habitude de repasser pendant les vacances des textes anciens, histoire de dépayser ! Et c’est autant à ne pas écrire !
On ne voit pas pourquoi les blogueurs se priveraient de cette roublardise. Surtout quand le patron ne s’arrête jamais, voire redouble sa production !
Ce n’est pas sans intérêt de se replonger dans les idioties d’antan, de vérifier si nos camarades aujourd’hui étaient aussi stupides hier ! « Mesurer » des évolutions serait enrichissant, sans aucun doute.
Voici deux commentaires de camarades. Se reconnaîtront-ils ? Seront-ils reconnus ? Là est la question !
C’était encore le temps où
Pressé par sa Lady, Bijou tel Artaban
Nichant dans le château, perçait sous le Sandan.
Déjà sous le Moijeu, le Bijoutron pullule.
Et l’on sait qu’en secret l’un et l’autre s’embrassent !
COMMENTAIRE 1 - 24 février 2016
« Je suis las de ces grandes proclamations, d'autant plus péremptoires qu'on ne fait jamais l'effort de les démontrer : "Les nations, c'est la paix".
Par exemple, la Russie, où le nationalisme est virulent, fait régner la paix autour d'elle.
Ah non ! pardon... après vérification, il s'avère que c'est le contraire : la Russie génère la guerre à ses frontières, exactement comme l'islam. Afghanistan, Tchétchénie, Géorgie, Moldavie, Ukraine, Estonie, Lithuanie, Lettonie... »
COMMENTAIRE 2 - 22 avril 2016
« L’Italie est une nation criminogène. Dans ses prisons un tiers seulement des détenus sont d’origine étrangère.
Une Smart conduite par une maman. En marche. Vers les sommets.
Les vieux Français ne sont pas islamophobes. Ils sont christianophiles.
L’homme de Vesoul est prêt à aller à l’affrontement avec l’islam politique. Pour l’islam religieux c’est selon.
Face aux syndicats sa position est claire et nette : il ne discutera pas avec eux. Jamais.
Cela nous rappelle étrangement le grand Chirac, Rodomont 86, qui se répandit, s’embourba et se noya dans l’opération Devaquet, nul, flasque, fangeux.
Quelle est la différence entre un petit et un grand bonzaï ? Le petit brûle plus vite. Pareil pour les bonzes.
Banzai ! Nouveau cri de guerre du FN. Même du temps des gars d’Indo on n’aurait pas osé.
Taubira regarde Nuit debout avec les yeux de Chimène. Elle se voit accrochant sa bécane au pied de la statue républicaine et danser la nuit entière au son des tam-tams au milieu des boubous colorés. La Guyane à Paris.
Les ex-présidents nous coûtent près de 10 millions d’euros par an. La facture va augmenter lourdement dès l’an prochain. Plusieurs solutions sont envisageables : réélire Sandan, élire un ex, prévoir un décès naturel, supprimer la fonction, la conserver mais sans rémunération du titulaire, élire une femme mariée, pacsée ou concubine qui serait matériellement prise en charge par son partenaire. Les solutions ne manquent pas.
Le risque d’un Brexit n’a jamais été aussi élevé. Chic !
Hidalgo, qui nous vient de toutes les Espagnes, pourrait être en 17 le sauveur de toutes les gauches. Les experts se demandent s’il n’y a pas là, sous-jacente, la recherche d’une symétrie, axée sur la personne de l’actuel président. Royal échoue en 2007 ; Hidalgo pourrait essayer d’échouer en 2017 ; au centre Hollande, macho triomphal en 2012, encadré par des femmes qui, de près ou de loin, lui sont attachées. Un groupe à sculpter dans le marbre. Qu’on aille quérir Le Bernin.
L’US-ambassadeur en République dominicaine revendique son homosexualité. Au Quai on reste perplexe.
Il sait ce qu’il me doit.
La phrase avait pourtant été balancée mezza voce, quasiment inaudible ; une phrase dont on mesure l’ignominie dans le moment où on la prononce ; avant même qu’on l’ait achevée.
Par quels circuits de la mémoire s’est immédiatement imposée aux rares téléspectateurs, trop paresseux pour aller nuidebouter, l’image du Titanic sombrant, de l’orchestre jouant ses dernières notes et des messieurs en smoking sortant des carnets de chèques devenus inopérants.
Une phrase « panique », au demeurant absurde car on n’est jamais assuré qu’ « il sait » ce qu’il doit.
La classe médiatique a fait en sorte de ne pas avoir entendu. No comment. Ce qui en dit long sur la situation morale de la nation.
Les personnes honorables, celles que nous aimons, disent plutôt « Je sais ce que je lui dois ».
Exemples.
Je sais ce que je dois à mes parents, aux parents de mes parents, à tous mes ascendants, aux ascendants de mes voisins, ceux de mon village, de ma province, de ma nation, tous ceux qui ont construit sur ce bout de continent au fil du temps une manière acceptable de vivre, de croire et d’espérer.
Je sais ce que je dois à Beethoven, à Poussin, à Racine. Et à Newton, Pasteur, Lavoisier.
Je sais ce que je dois à Péguy qui fait soliloquer Dieu, seul Être à pouvoir dire : ils savent ce qu’ils me doivent.
On sait combien les impôts sont nécessaires pour accroître le nombre des nécessiteux. Une manière particulière de pratiquer la charité. Or, tandis que des arrivages copieux nous arrivent d’un peu partout voici que des fols proposent d’en supprimer un, le plus justifié de tous, qui frappent tous ceux qui sont scandaleusement riches.
Ceux qui veulent supprimer l’ISF ne sont pas chrétiens.
Celui qui partira le dernier éteindra avant de sortir et sera chargé d’aller dire au Pape que les Européens commencent à se faire du souci pour la survie de leur civilisation. »
Rédigé par : Zonzon | 14 août 2018 à 08:03
Pour Pascale et Philippe Bilger. En souvenir des plus tendres et émouvants moments.
https://www.youtube.com/watch?v=TSatRFUUS4Q
Rédigé par : Ellen | 14 août 2018 à 01:31
@ Cn | 13 août 2018 à 20:36
"Quelques auteurs toutefois se démarquent dans mes souvenirs de lectures, comme Steinbeck (Des souris et des hommes ou les Raisins de la colère),"
Nous avons quasi les mêmes souvenirs littéraires, auxquels j’ajouterai Martin Eden et Les Mutinés de l’Elseneur de Jack London. Les deux premiers sont aussi pour moi liés à leur adaptation au cinéma en 1939 par Lewis Milestone (Des souris et des hommes), et en 1940 par John Ford (Les Raisins de la colère).
Rédigé par : Trekker | 14 août 2018 à 00:18
@ hameau dans les nuages 13 août 2018 à 16:18
Ah, ah, ah ! Seriez-vous le pendant de She, Lui Qui Doit Etre Obéi ?
http://ecrire-libere.blogspot.com/2010/11/elle-roman-de-henry-rider-haggard.html
On peut aimer Proust et les romans d'aventure, à mon avis Haggard est bien meilleur que Kipling.
Rédigé par : Noblejoué | 13 août 2018 à 23:44
Je pense avoir appris à lire avec la Sélection du Reader's Digest dans l'atelier de mon grand-père et la collection du Masque, couverture partagée en deux, jaune et noire.
La rubrique sur laquelle je me jetais pour le premier était "L'homme le plus extraordinaire que j'ai rencontré", pour le second "La fleur de l'orchidée" si je me souviens bien a été le déclencheur.
Ian Fleming et son roman "James Bond contre Dr No", à l'époque tout ce qui sortait des littératures de lycée que nous trouvions ennuyeuses.
Musique pour passionnés uniquement
https://youtu.be/U5Iyt3oCvAk
Tout Boris Vian, "L'écume des jours"... "Chroniques de jazz"... J'ai remarqué que ceux qui suivaient des filières mathématiques sortaient des routes balisées du français des écoles… Mais je n'ai aucune statistique pour le prouver.
Rédigé par : Giuseppe | 13 août 2018 à 23:22
Enfin M.Bilger parle de choses intéressantes sur son blog ! De musique et en plus de "chansons d'amour". C'est pas trop tôt !
Dire qu'il faut qu'il soit en vacances pour y penser. Ça laisse songeur sur ce qu'il a dans la tête le reste du temps s'il n'a pas de chanson et pas d'amour.
Certains dont peut-être lui répondront, des choses plus importantes.
Les pauvres gens.
Qu'y a-t-il de plus important dans la vie que l'art et l'amour ? Rien.
Enlevez ces deux concepts à l'être humain et il n'est guère mieux qu'un mammifère ne fonctionnant qu'à l'instinct. Même pas un singe qui a des sentiments et de la culture.
"Ma chanson d'amour ?(...)nous embarquant dans sa joie ou dans sa mélancolie. Il y en a tant qui exigeraient d'abord de mettre au clair la fabuleuse et illimitée équivoque du terme "amour"."
D'abord M.B., une bonne chanson d'amour est triste, jamais joyeuse. C'est comme ça.
Excusez-moi M.B. mais vous parlez de chansons d'amour avec une bluette de Lenorman dont personne ne se souvient.
Si c'est en raison de souvenirs perso comme par exemple "votre chanson" avec Madame B., je veux bien mais si c'est juste faire rebelle ou snob, c'est ridicule.
Même sans parler des Anglo-Saxons en termes de chansons d'amour qui sont la plupart du temps d'un niveau bien supérieur aux Français, il y a quand même du lourd, du costaud en chansons d'amour françaises avant ce pauvre Lenorman. Excusez-moi !
Ça ne vous dit rien ça ?
https://www.youtube.com/watch?v=0k63grkip5I
ou ça... ENORME !
https://www.youtube.com/watch?v=dU-OD5_Dxrs
Ou THE FRENCH spécialist de la chanson d'amour.
https://www.youtube.com/watch?v=7HSlUnG2Now
ou...
https://www.youtube.com/watch?v=aTvF77Suf_I
Et tellement d'autres.
Et si on parle de l'anglois, alors là... Pfff.
"Ma" chanson d'amour à moi, c'est celle-là.
https://www.youtube.com/watch?v=YFood_bTOX4
Pour ceux qui ne parlent pas anglois, les paroles sont terriblement tristes.
Je l'ai chantée il y a vingt ans à une petite amie américaine magnifique qui détestait le chanteur mais qui aurait bien aimé ramener l'interprète du moment aux USA dans ses valises et qui a pleuré quand je la lui ai chantée.
Il faut dire que je chantais pas mal à cette époque et que j'étais beau et c*n à la fois évidemment.
Rédigé par : Wil | 13 août 2018 à 22:34
Gavé par la variété, je pars dans le passé pour trouver de belles chansons d'amour. En ce moment, j'écoute ce genre de chansons :
https://www.youtube.com/watch?v=Mensk0Y6HIs&index=30&list=RDRZV-eGIccr0
Rédigé par : vamonos | 13 août 2018 à 21:17
Bonsoir,
J’admire toujours les personnes au jugement sûr qui peuvent sélectionner parmi tous les possibles, en effet et même pour des questions aussi simples apparemment que « quelle est votre chanson d’amour préférée » ou « quel livre a changé votre vie » ?
J’aime souvent me reconnaître dans l’ingéniosité des réponses que je croise ça et là. Surtout si la réponse est sincère. J’ai lu quelques-unes des réponses des personnalités interrogées par Le Monde cet été. Vos réponses personnelles m’ont un peu surprise, je l’avoue, pour ce qui est de la chanson car à vrai dire cette chanson m’est totalement inconnue...! Je dois dire que la chanson Message personnel me touche toujours à son écoute.
Le choix littéraire est bien moins surprenant tant il s’associe à la finesse de l’art littéraire sous toutes ces facettes (je n’ai lu que Du côté de chez Swann, toutefois). Mais Marcel Proust, forcément. Pour ma part, les livres ne m’ont pas d’emblée intéressée mais ils me prennent beaucoup plus maintenant. Quelques auteurs toutefois se démarquent dans mes souvenirs de lectures, comme Steinbeck (Des souris et des hommes ou les Raisins de la colère), Maupassant (Une vie).
Et puis c’est surtout la rencontre avec la philosophie en classe de terminale qui a réellement eu un fort écho en moi. J’essaie de cultiver ce goût !
Rédigé par : Cn | 13 août 2018 à 20:36
Que Proust, cher P. Bilger, soit votre "madeleine", rien de surprenant.
Beaucoup de points commun, me semble-t-il, entre vos deux personnalités.
"A la recherche du temps perdu" (même la partie "Du côté de chez Swann") m'est rapidement tombée sur les genoux. Et ce malgré plusieurs tentatives.
Comme pour "Les possédés" de Dostoïevski : je n'ai jamais dépassé la page 77 de mon édition !
Quant à "Si tu ne laisses pas tomber" - œuvre magnifique - elle est la preuve que "c'était mieux avant" (en tout cas dans le domaine de la chanson !).
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 13 août 2018 à 20:11
Les modes changent, la lecture évolue. A une époque où il n’y avait pas de télévision, de rares radios, des numéros de téléphone à quatre chiffres et où les mots informatique, ordinateur, smartphone, photocopie, puce électronique n’existaient pas encore, on lisait plus et mieux.
J’ai eu la chance de pouvoir lire la quasi-totalité des romans de Jules Verne dans l’édition Hetzel d’origine de 1939 à 1944. La trilogie LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT, VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS, et L’ÎLE MYSTERIEUSE m’avait profondément marqué.
Ma famille très stricte surveillait de près mes lectures. Ma mère commit même le crime de brûler une édition rare et illustrée des Contes de La Fontaine (que j’avais d’ailleurs lue en cachette sans y comprendre grand-chose !). En revanche Paul Bourget m’était autorisé à égalité avec ‘’Ces Dames au chapeau vert’’ de Germaine Acremant. Ah, Paul Bourget, dont le passage le plus torride, insoutenable, s’agissant d’une femme mariée se rendant chez son amant était :
« Il l’attendait en haut de l’escalier qu’elle monta avec fébrilité et elle s’abandonna » ! Limite porno, hein ?
En 1947, parut un bouquin signé Vernon Sullivan, J’IRAI CRACHER SUR VOS TOMBES, qu’on se refilait sous le manteau parce qu’interdit. C’est vrai qu’à l’époque, c’était osé, Boris Vian s’était même permis, le bougre, l’infâme, d’utiliser un pseudonyme ! C’était la même année que l'actrice italienne Silvana Mangano montrait ses superbes cuisses sur affiche géante dans le film ‘’Riz amer’’ au grand scandale de la presse bien-pensante. J’ai été assez étonné de voir le livre de Boris Vian au programme de la classe de seconde en 1981 dans un lycée religieux de jeunes filles.
En passant, l’année 1947 fut une année difficile. Trois ans après la libération du territoire, le rationnement des principales denrées était beaucoup plus strict que sous l’Occupation. L’horrible pain jaune au maïs était dû à l’ignorance de notre ministre du ravitaillement (Paul Ramadier que tout le monde appelait Ramadiète) qui ne savait pas que le mot CORN signifie bien blé en anglais mais se traduit par maïs aux USA. Il commanda donc deux bateaux de corn aux Américains… et nous mangeâmes du pain jaune pendant des semaines.
Ce fut aussi l’année des grèves insurrectionnelles organisées par le Parti Communiste et la CGT qui firent des dizaines de morts et paralysèrent le pays en pleine reconstruction. De Gaulle qui s’était fait rouler par Staline en 1944 et avait promu le déserteur Maurice Thorez ministre d’Etat avec ministres communistes aux postes-clés avait démissionné en janvier 1946, écoeuré. C’est Jules Moch, ministre socialiste énergique, qui mit fin à ce début de guerre civile.
A la lecture de Proust, j’ai été surpris par son sens de l’humour dont je le croyais incapable. Ses phrases d’une page sont pénibles à lire surtout aux générations d’aujourd’hui dont la ‘’communication’’ (on ne rédige plus) se résume à des citations de ‘’liens’’ et autres fessesbouqueries en style anarcho-inculte.
La langue française se meurt.
Rédigé par : Mitsahne | 13 août 2018 à 19:43
Cher Philippe,
Quel titre à la Steinbeck, pour commencer !
"Message personnel", un souvenir de Michel Berger ou une évocation de Charles de Gaulle.
Tiens, personne n'a encore écrit "Les messages personnels" de l'histoire.
Eh oui, il aurait été intéressant de connaître les messages personnels de Charles de Gaulle, ses plumes, celle du préfet Valleur qui a été à l'origine d'une célèbre ordonnance au mot près et qui interroge singulièrement notre actualité.
Une intuition, une analyse des difficultés que nos civilisations traversent et des réponses aussi.
Nul ne nous dit à qui s'adresse le texte de Yannick Noah et qui pourrait être une réponse à votre chanson d'amour préférée, que nous entendons comme l'écho du carnet des ex.
Yannick Noah "J'aurais dû comprendre", extrait de l'album Pokhara 2003 :
"J'aurais dû comprendre au son de ta voix
J'aurais dû sentir ce qui ne se dit pas
J'aurais dû comprendre au moins cette fois
J'aurais dû savoir ce qui n'allait pas
Mais toutes ces choses que les hommes ne savent pas
Ces gestes simples que l'on ne fait pas
Qu'on oublie chaque fois,
Ces silences si forts mais que l'on n'entend pas
Mais pourquoi les mères ne le disent-elles pas
Les secrets des femmes, leurs doutes et leurs joies
Elles ont pourtant souffert au moins une fois
Dans les bras d'un homme, sourd à leur voix
Là tant de choses que les hommes ne savent pas
Ces gestes simples mais qu'ils ne font pas
Qu'ils oublient chaque fois,
Ces silences si forts mais qu'ils n'entendent pas {x2}"
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 13 août 2018 à 19:13
@ Xavier NEBOUT
Il semble que l'on puisse être bon en maths et en même temps aimer Proust, puisque c'est en classe préparatoire que j'ai découvert cet auteur ; il était au programme (Du côté de chez Swann, pour être précis) cette année-là, en même temps que Hemingway (Pour qui sonne le glas). Notre excellent professeur de français n'a pas eu l'air d'accorder beaucoup d'importance au dernier et a focalisé notre attention sur le premier. Il est vrai que les premières pages ont été un peu dures à avaler, mais ça en valait la peine : c'était la découverte d'un univers à nul autre pareil, et d'une œuvre qui m'a accompagné toute ma vie. La Recherche paraissait pour la première fois dans le livre de poche et j'attendais avec impatience la sortie des volumes suivants, qui se faisaient attendre un peu trop à mon gré. Depuis, pour varier, je l'ai relue dans des éditions différentes, du relié cuir au livre électronique, avec un plaisir toujours renouvelé.
Je place Montaigne sur le même piédestal, lui aussi je n'ai cessé de le lire et le relire (l'âge avançant, ce n'est jamais tout à fait le même livre) ; je pense qu'il y a une affinité entre les deux, d'ailleurs si je me souviens bien, Jean-François Revel a placé un chapitre sur Montaigne dans son livre "Sur Proust".
Ces deux auteurs ont illuminé ma vie de lecteur.
Rédigé par : Jacques V. | 13 août 2018 à 17:32
@ Noblejoué
"...d'autres risquent d'être harcelés pour leur beauté."
Sans aucune forfanterie, c'est mon cas. Pourquoi croyez-vous que je me suis réfugié dans un hameau dans les nuages ?
Rédigé par : hameau dans les nuages | 13 août 2018 à 16:18
Bonjour Monsieur Bilger
Une chanson qui vous marque "à vie" est un mélange subtil entre des paroles, une mélodie et des circonstances : à mon sens, la personnalité de l'artiste intervient peu.
En ce qui me concerne, je citerai "Elle est d'ailleurs" de Pierre Bachelet.
En supplément, "L'éducation sentimentale".
Le livre : "Une journée d'Ivan Denissovitch".
Je vais passer pour un barbare au yeux de certains, mais je n'ai jamais lu Proust, ni d'ailleurs aucun "classique" autre que ceux qui étaient au programme des cours de français.
J'ai pourtant essayé, mais ça me gonfle.
Rédigé par : Philippe Dubois | 13 août 2018 à 13:50
@ Patrice Charoulet
"Autre exemple : Stendhal. Maître écrivain, esprit pénétrant, intelligence aiguë... avait une tête d'abruti."
Et en plus Henry Beyle a eu le culot d'utiliser un pseudonyme !!
Je ne sache pas qu'il ait eu une tête d'abruti, d'où vous vient cette assertion ?
Sur Céline la phrase complète dans le "Voyage" : "Le monde n’est pas ce qu’on croyait ! Voilà tout ! Alors on a changé de gueule ! Et comment ! Puisqu’on s’était trompé ! Tout de la vache qu’on devient en moins de deux ! Voilà ce qui nous reste sur la figure après vingt ans passés. Une erreur ! Notre figure n’est qu’une erreur !"
Cela ne correspond pas vraiment à ce que vous voulez nous dire !
Rédigé par : caroff | 13 août 2018 à 12:48
@ Xavier NEBOUT 13 août 11 h 18
Il y a fort longtemps, lors de mes années de taupe, les chansons paillardes étaient effectivement une espèce d'exutoire mystique indispensable pour évacuer la pression extrême que les cours, les études et les colles nous infligeaient du matin au soir.
Le tout sous l’œil bienveillant des bons pères, même quand nous entonnions sur le chemin de la prière du soir, le célèbre couplet "Les jésuites dans l'désert".
Mais tout cela était dans l'ancien monde.
Rédigé par : Claggart | 13 août 2018 à 12:34
@ Patrice Charoulet | 13 août 2018 à 11:55
La querelle de "comment nous identifier" prend toujours un nouveau visage, c'est le cas de le dire, avec vous !
Vous feignez d'oublier que l'on peut être pisté par son apparence aussi bien que par le reste, et qu'a propos de celle-ci, si certains peuvent être moqués pour leur laideur, d'autres risquent d'être harcelés pour leur beauté.
Les gens sont prudents de se protéger de la mauvaiseté réveillée soit par une forme qu'on écarte violemment de soi par dégoût, soit qu'on veut s'approprier par violence à moins qu'on ne la tourne en dérision par envie.
Je ne critique pas par là qui défierait sa laideur ou offrirait sa beauté à la contemplation.
Vive la liberté !
Rédigé par : Noblejoué | 13 août 2018 à 12:15
PHOTOS
Cher Philippe,
Vous écrivez. Madame votre femme est correctrice et modératrice. Ce qui lui demande plusieurs heures de travail, parfois fastidieux, chaque jour, même pendant les vacances. Je suppose qu'elle se charge aussi de l'iconographie. Elle cherche et trouve pour chacun de vos textes une ou deux photos,
Ce jour, nous voyons le visage d'un chanteur et d'un écrivain.
On sait que la collection de la Pléiade offre depuis des lustres à tout acheteur de trois « Pléiade » un album. L'album contient une foule de photos en lien avec un écrivain.
Il est étrange que nous croyions mieux connaître les écrivains après avoir vu une foule de photos.
C'est évidemment une illusion. Proust en est la preuve la plus parfaite. Sa tête ne nous dit pas grand-chose. « La Recherche » et sa correspondance nous en disent mille fois plus sur lui que sa tête, qui n'a d'ailleurs rien d'enthousiasmant. Je cite, ici, le succulent Céline : « Notre figure n'est qu'une erreur ». Autre exemple : Stendhal. Maître écrivain, esprit pénétrant, intelligence aiguë... avait une tête d'abruti.
Beaucoup d'entre nous, au fond, sont tellement persuadés que le visage n'apprend rien d'essentiel sur les gens, contrairement à leurs paroles, à leurs écrits et à leurs actes, qu'ils ne veulent non seulement pas dire leur nom, leur profession, leur ville, leur adresse, leur téléphone (ne rouvrons pas le débat : il est clos et archiclos), mais qu'ils ne veulent pas non plus que l'on puisse voir leur photo (donc leur visage).
Sans oublier aussi que beaucoup ne sont pas très contents d'avoir la tête qu'ils ont. Et qu'on les comprend.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 13 août 2018 à 11:55
Le chant collectif est le moyen indispensable de la communion mystique chez les scouts comme chez les moines. J'ai eu à le rappeler cet été à des cheftaines de guides dont le travail était excellent par ailleurs.
Dans un tout autre registre, il semble que les chansons paillardes aient disparu. On n'ose même pas imaginer entendre "La digue du cul" à la télé.
Ça doit être d'extrême droite...
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 13 août 2018 à 11:18
P. Bilger me dira peut-être : "Que faites-vous sur mon blog si vous n'avez pas lu Proust", ce à quoi je lui répondrai que j'y tiens le rôle de la brute pour mettre les admirateurs de son auteur préféré en valeur.
Mais entre nous, je me demande si un adolescent lecteur de Proust pouvait être bon en maths, et même si un bon en maths peut lire Proust, car si l'art des maths est de symboliser les raisonnements, l'art de Proust est de les diluer jusqu'à l'homéopathie.
Quoi qu'il en soit, la brute, en ce moment, elle restaure un WC 51 dont la conduite est inaccessible aux femmes (vitesses non synchronisées et direction pour bras musclés) et dont le gros diesel emm... les écolos.
Alors, Proust, il peut éventuellement lui servir de cale.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 13 août 2018 à 10:23
Ma chanson d'amour actuelle, à mon avis très belle, est celle d'une femme complètement déjantée hantant les bistrots parisiens. Je ne connaissais d'elle que "Lettre à monsieur le chef de gare de la tour de Carol".
https://www.youtube.com/watch?v=Y3LdMPaqExc
Les paroles sont dans les commentaires.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 13 août 2018 à 09:36
Bonjour,
Qu’il est bon de s’éloigner un peu des turpitudes de la vie politique pour s’attarder quelques instants sur des sujets plus ordinaires, mais qui n’en sont pas pour autant moins intéressants car ils touchent à notre jardin secret.
Les chansons, les livres, les films également qui ont marqué notre existence sont révélateurs de notre personnalité et de notre sensibilité.
Il est une chanson qui n’est pas une chanson d’amour mais qui m’a particulièrement ému à sa sortie. Il m’arrive encore de l’écouter de temps en temps avec une petite pointe de tristesse, car elle me rappelle les relations un peu compliquées avec mon père au temps de mon adolescence. Il s’agit de « Mon vieux » de Daniel Guichard. Nous avons finalement renoué des relations heureuses cinq ans avant sa mort. Que de temps perdu, mais ces cinq années intenses sont pour moi inoubliables.
En matière de littérature, je le dis tout net, Marcel Proust ce n’est pas mon truc, même si je suis prêt à reconnaître la qualité de sa plume. D’une façon générale je n’aime pas trop le style alambiqué où dès la troisième ligne il faut revenir au début de la phrase pour en retrouver le fil.
Personnellement, je préfère des auteurs comme Guy de Maupassant, Balzac, ou encore Marcel Pagnol. Le style est clair et concis. Le lecteur se laisse porter par l’auteur dans l’histoire qu’il lui raconte avec un réel bonheur.
Il est un livre à qui je voue une passion toute particulière. Il s’agit du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier. Un roman d’amitié particulièrement poignant, une histoire d’amour un peu triste aussi avec un personnage tourmenté et insaisissable qu’est le Grand Meaulnes. Un romantisme envoûtant !
Dommage qu’Alain-Fournier, mort en septembre 1914, au tout début de la Grande Guerre à 27 ans n’ait pas pu poursuivre une carrière d’écrivain qui s’annonçait prometteuse. Quel gâchis !.
Pour terminer je mentionnerai un film que j’ai revu dernièrement sur Arte et que je considère comme un des meilleurs westerns jamais réalisés. Il s’agit de « l’Homme des vallées perdues » de George Stevens réalisé en 1953, tiré d’un roman de Jack Schaefer. Le livre est, lui aussi, excellent.
Déjà pointait le mythe du justicier solitaire qui vient en aide à des fermiers menacés par un grand propriétaire terrien qui veut s'emparer de leurs terres. A noter l’apparition de Jack Palance en tueur impitoyable.
Film culte qui déjà annonce les futurs westerns spaghetti de Sergio Leone, mais en plus subtil.
Il retrace avec une grande fidélité la vie un peu rustre et le puritanisme naïf des pionniers de la fin du XIXe siècle, avec en prime les Rocheuses en arrière-plan. Un régal !
Rédigé par : Achille | 13 août 2018 à 07:43