Je me suis fait un petit plaisir facile avec le titre mais il faut entendre le terme miction non pas dans son sens propre mais plus généralement comme l'expression d'une déjection personnelle, d'une représentation ostensible, vulgaire et impudique de soi. Par opposition à la fiction, à l'invention romanesque, à la gratuité illimitée de l'imagination et donc à l'oubli de soi.
Ce contraste ne m'est pas venu de rien. Outre qu'il peut relever de discussions quotidiennes pour les passionnés de littérature, il m'est apparu essentiel à la suite des échanges que j'ai pu avoir récemment avec le grand critique et analyste littéraire André Clavel - qui contribue notamment à America - dont la modestie est à la hauteur de l'immense culture dont il nourrit l'autre sans jamais l'accabler.
Nous nous étions engagés dans un questionnement qui nous avait semblé évident. Pourquoi aujourd'hui la fiction est-elle en chute libre au point qu'on peut compter sur les doigts d'une main - sans discriminer entre eux - les auteurs français capables encore de faire surgir un univers sans rapport apparent avec eux.
Pourtant aucune fatalité ne paraissait peser sur l'intelligence et le talent contemporains pour qu'ils abandonnent ce qui avait constitué la richesse de notre histoire littéraire et la veine formidablement romanesque de nos écrivains emblématiques. Dont le dénominateur commun était d'abord de ne pas se prendre pour sujet exclusif.
André Clavel voyait la cause de la dégradation actuelle - au fond, seul Michel Houellebecq ne serait-il pas à sauver ? - dans le fait que le réel était devenu la matière unique des oeuvres et que cette prédominance avait naturellement coupé court à toute fantaisie et débridement de l'esprit et des songes.
Pourtant, y a-t-il un grand écrivain qui ne soit pas parti de la réalité pour l'enrichir des variations de sa puissance créatrice ? Pour tous ceux qu'on pourrait nommer et qui malgré la subjectivité des goûts susciteraient un consensus, le réel, s'il était évidemment nécessaire comme terreau et ressort fondamental, n'enfermait pas mais au contraire libérait. Il ouvrait un immense espace pour le génie propre de l'auteur qui imposerait à la matière brute de la réalité les infinies métamorphoses que l'art sécrète sauf à être réduit à un pauvre décalque. Ce qu'on aime alors par-dessus tout est précisément le sentiment d'une familiarité mais en même temps d'un magnifique éloignement.
Si Marcel Proust ou Tolstoï sont incomparables, cela tient d'abord à cette magie constituant le réel qu'ils prennent en charge pour une incitation à le débarrasser de ses scories pour nous le présenter dans une nudité riche d'universalité. Leur "je", de surcroît, s'efface au profit de la pluralité des personnages et ils se multiplient au travers d'eux.
Peut-être convient-il de cibler un autre manque qui de nos jours affecte ce que l'exploitation honnête du réel pourrait engendrer ? Il s'agit moins dorénavant du réel que de leur réel, moins de la réalité objective et constatable par tous, même si le livre la dénature, que de leur seule réalité personnelle qu'ils ne parviennent plus par ailleurs à transcender parce qu'ils sont prisonniers d'elle et qu'elle impose sa loi à l'écrivain heureux de n'avoir plus le moindre effort d'imagination à faire.
Il y a peut-être là la clé de tout. Comme on peut remarquer un délitement intellectuel dans l'oralité, l'écriture pâtit, elle, d'un tarissement de l'invention. La source n'existe plus qui permettait un jaillissement continu de la fiction bienvenue parce qu'elle était justement de la fiction. Du vrai recréé et sublimé. L'enchantement de récits plongeant dans un monde qui n'était pas le nôtre mais qui à chaque page aurait pu l'être si l'auteur n'y avait pas mis bon ordre en préférant à soi le champ infini de son aptitude imaginative.
Un très grand livre, je le concède, est un miracle. Hier comme aujourd'hui. Parfois le style est ostensiblement présent, se regarde écrire, trop soucieux de briller et l'histoire, la matérialité du récit sont écrasées. Ou bien le contraire. Elles dominent et leur surabondance crée presque une indigestion narrative parce que le langage et le talent ne les rationnent pas.
Je ne vais pas reprendre l'alternative de mon titre mais choisir l'espérance. Il n'y a aucune raison pour que la littérature ne soit pas belle sans être ennuyeuse, ne soit pas porteuse d'universel sans être séparée de la pâte de l'humain, des choses et des êtres.
@ Julien Weinzaepflen | 29 août 2018 à 03:10
Votre critique de la start-up est typique des détracteurs issus de l'ancien monde qui n'ont rien compris à l'économie actuelle.
Évidemment que la vie d'une start-up est fortement orientée par la recherche d'investisseurs. C'est une tautologie pour des entreprises dont le modèle est basé sur une croissance explosive.
Vous semblez croire qu'investisseur est un gros mot. Ce n'est pas le cas. La recherche de financement est l'une des principales activités d'un chef d'entreprise, quel qu'il soit.
Vous prétendez que les start-ups vendent du vent. C'est de la diffamation. Les entreprises qui vendent du vent, ce sont la SNCF, Air France, la Sécurité sociale... ça, ce sont des gens qui vous vendent un fantasme, qui vous livrent le contraire de ce qu'ils promettent, puis qui se payent avec vos impôts, et avec la dette que vos enfants devront rembourser sous la menace des Sig Sauer de la police nationale.
Amazon vend du vent, alors qu'il a ouvert aux Français un monde de culture auquel ils n'avaient jamais eu accès auparavant, en leur permettant d'acheter la totalité du catalogue de livres publié dans de nombreux pays y compris le leur, même s'ils habitent un hameau dans les nuages, rapidement, livrés à domicile pour un prix imbattable, et avec un service d'une qualité absolument inconnue en France jusqu'à présent ?
Google vend du vent, alors qu'il permet à n'importe quel habitant du globe d'accéder gratuitement à un savoir qui n'était, jusqu'à présent, accessible qu'à une poignée d'universitaires triés sur le volet ?
Blablacar vend du vent, alors qu'il permet aux pauvres et aux vieux de se déplacer n'importe où pour un prix modique, y compris dans les déserts organisés par les cheminots communistes, qui ont décidé que les campagnards vieux et pauvres devaient crever sur place sans avoir le droit de prendre l'autocar pour la ville voisine, parce que cela porterait atteinte au monopole du train ?
Non seulement les responsables de start-ups ne sont pas "en peine d'expliquer clairement en quoi consiste leur production", contrairement à ce que vous dites, mais la capacité à expliquer clairement son activité en soixante secondes constitue, justement, une qualité sans laquelle ce n'est même pas la peine de penser devenir créateur de start-up.
"L'elevator pitch" (présentation de votre entreprise à un interlocuteur inconnu en quelques mots, le temps d'un trajet dans l'ascenseur) est devenu une figure de style du monde des start-ups.
Si l'on peut faire un reproche aux créateurs de start-up, à cet égard, ce serait plutôt de simplifier excessivement leur activité, de la présenter trop succinctement et de façon trop simpliste. Justement en raison des exigences de rapidité qui président à leur développement. Votre réflexion est tout simplement à l'opposé de la vérité.
Cela étant, les collaborateurs de start-up que vous avez côtoyés étaient peut-être de mauvais salariés, et ils travaillaient peut-être dans de mauvaises start-ups. Start-up, c'est comme paysan, intellectuel ou scientifique : ce n'est pas un brevet de sainteté. Il y en a de bons, et il y en a de mauvais.
Le propre de la création d'entreprise, et plus encore lorsqu'il s'agit de start-ups, est la concurrence et l'élimination des moins bons. Contrairement à ce qui se passe dans le doux monde du "modèle social français" (c'est-à-dire l'anti-modèle socialiste français), la plupart des tentatives de création d'entreprise (et plus encore de start-ups) échouent. Cela ne condamne pas l'activité des créateurs d'entreprises et de start-ups ; ça la justifie, bien au contraire.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 01 septembre 2018 à 14:39
@ Robert Marchenoir
Il n'y a pas que la littérature dans la vie et l'imagination est souvent à l'origine des startups, mais celles-ci se caractérisent, pour ce que je connais de certaines que me décrivent des gens qui y travaillent et qui croient à ce qu'ils font, autant - sinon plus - par la recherche d'investisseurs qui leur permettent de continuer de vendre du vent que par une production, dont ils seraient bien en peine d'expliquer clairement en quoi elle consiste, voire de faire sortir de terre... La startup est (souvent) en ce sens la métaphore du macronisme : des plans peu crédibles sur une comète invisible...
Rédigé par : Julien Weinzaepflen | 29 août 2018 à 03:10
@ yamamotokaderaté | 27 août 2018 à 14:26
"Ces très petites 'entreprises' sont pratiquement exonérées de tout et si elles sont si nombreuses c'est qu'elles ne réalisent que peu ou pas du tout de chiffre d'affaires... On y trouve des jardiniers qui ne peuvent pas se faire embaucher, des repasseuses, des coiffeurs à domicile, des artisans qui ne le sont pas, etc."
Je ne parlais pas de ça. Le phénomène que vous décrivez existe. Une part des statistiques de la création d'entreprise est fausse, en raison de l'inclusion des auto-entrepreneurs.
Je vous parle de ce dont on ne parle jamais sur ce blog, à savoir les vraies créations de véritables entreprises, ayant vocation à avoir une croissance explosive et à s'implanter dans le monde entier : ce qu'on appelle les startups.
Ce n'est pas un phénomène français, c'est un phénomène mondial. Mais les Français s'y illustrent fort bien. Il font partie des nationalités les plus représentées parmi ce type particulier de créateurs d'entreprise.
J'en ai un peu assez qu'on ne nous parle que des paysans à trois vaches qui se suicident, des jardiniers qui ne peuvent pas se faire embaucher et des fonctionnaires qui sont "méprisés". Il y a bel et bien une part de la France qui s'active et qui réussit. Il serait bon qu'on lui prête un peu plus d'attention, et qu'on la libère de ses contraintes.
A cet égard, l'éternelle complainte socialiste que vous relayez, selon laquelle les auto-entrepreneurs seraient "exonérés de tout", suffit à expliquer le mal français.
C'est une excellente chose que les auto-entrepreneurs soient "exonérés de tout" (ils ne le sont pas, mais peu importe). Ce qui est curieux, c'est le nombre de gens qui s'en plaignent, au lieu de réclamer que cette "exonération" (en bon français : liberté, suppression des chaînes qui nous oppriment) soit étendue à tous.
Au passage, pour les racistes anti-vieux qui pensent que les jeunes sont imbibés d'une essence supérieure (et qu'ils ne deviendront jamais vieux), les créateurs français de startup sont jeunes. Très jeunes. Voilà une chose que je n'entends jamais célébrer, ici, ou dans la réacosphère, d'ailleurs.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 28 août 2018 à 13:35
@ Robert Marchenoir | 26 août 2018 à 05:30
"L'explosion de la création d'entreprises, ce phénomène qu'on désigne sous le nom de startups, en témoigne. Et les Français sont plutôt bons dans ce domaine, malgré l'étatisme qui les étouffe."
Ces très petites "entreprises" sont pratiquement exonérées de tout et si elles sont si nombreuses c'est qu'elles ne réalisent que peu ou pas du tout de chiffre d'affaires...
On y trouve des jardiniers qui ne peuvent pas se faire embaucher, des repasseuses, des coiffeurs à domicile, des artisans qui ne le sont pas, etc. (la misère notabilisée).
Cette "ingéniosité" française a été mise progressivement en place dans ce siècle pour juguler le travail "au noir", c'est tout.
Sur le plan économie, la France s'est tirée une balle dans la tête et nous sommes dans la phase dégringolade qui ne s'inversera plus pour tous les motifs que vous connaissez.
Rédigé par : yamamotokaderaté | 27 août 2018 à 14:26
Des gens se plaignaient de manquer d'aventures maritimes et j'ai eu la flemme d'écrire sur un excellent auteur voire de chercher un lien là-dessus ! Je sens que je ne vais pas en dire tout ce qu'il faudrait et le liens manquent.
L'originalité même pas dite par l'auteur du lien à ce sujet, est que l'auteur exprime son HORREUR de la mer.
Mais il le place bien dans le chapitre horreur. Rien de maritime, mais "Le pays de la nuit" et "La maison au bord du monde" valent peut-être plus que ses récits maritimes la peine d'être lus. Peut-être parce que l’engloutissement du monde est plus fort que celui d'un navire !
Sur le fait que ses personnages ne sont guère consistants : c'est vrai mais une pente du fantastique et notamment de l'horreur, frappé de stupeur par une ouverture dans le réel, et surtout quand elle les terrorise, l'individualité des acteurs peine à s'exprimer... Il y a aussi que pour cette raison, des auteurs guère intéressés par l'individualité peuvent se tourner vers le fantastique. Mais il me semble qu'il est toujours bon de faire coïncider les contraires, et que des histoires de ce type avec personnages forts en est un.
http://williamhopehodgson.wifeo.com/
Rédigé par : Noblejoué | 26 août 2018 à 06:56
@ Julien WEINZAEPFLEN | 23 août 2018 à 03:10
"Le traumatisme contemplatif"
Très juste.
Une nuance sur notre époque qui serait obnubilée de mémoire. Votre remarque est tout à fait pertinente dans le cadre de votre comparaison.
Mais par ailleurs (et cela ne contredit pas votre point de vue), je trouve tout à fait frappante, au contraire, l'absence de mémoire qui, à un autre égard, caractérise notre époque. La phrase "Je n'étais pas né, donc je ne peux pas savoir" (ou son équivalent) est désormais un poncif de la conversation.
L'envers de cet argument est tout aussi répandu (et tout aussi fallacieux) : j'y étais (en particulier : dans ce pays), donc je sais.
C'est la culture journalistico-touristique : j'y étais, j'ai vu, donc je sais. A l'inverse, je n'y étais pas, je n'étais pas né, donc je ne peux pas savoir. L'un comme l'autre témoignent d'une inquiétante avancée de l'obscurantisme. Cela fait belle lurette que les hommes savent que l'apparence des choses ne suffit pas à les connaître : cela s'appelle la science.
Autre nuance : l'imagination, qui est en effet à la racine de l'action, est peut-être défaillante en littérature. Mais il n'y a pas que la littérature dans la vie, chose qu'en France on a un peu tendance à oublier.
L'explosion de la création d'entreprises, ce phénomène qu'on désigne sous le nom de startups, en témoigne. Et les Français sont plutôt bons dans ce domaine, malgré l'étatisme qui les étouffe.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 26 août 2018 à 05:30
@ Julien WEINZAEPFLEN | 23 août 2018 à 03:10
La crise dont vous parlez me paraît bien plus forte en France que dans d'autres pays. Idem pour le cinéma qui raconte encore des histoires, mais pas tellement en France, où l'on a tendance à sous-estimer une bonne vieille narration bien menée, sans trop d'artifices ni de procédés inédits, dense et riche en personnages, avec une vraie fin pour clôture. Il y a comme du puritanisme dans l'air autour du plaisir que procure un récit qui se présente comme tel.
On trouve bien sûr des contre-exemples je suppose, mais ça me paraît une tendance générale. Je reste prudente parce que je lis très peu de romans français modernes (le dernier, un Modiano assez prenant sur le moment mais qui ne m'a pas fait changer d'avis).
Rédigé par : Lucile | 24 août 2018 à 14:35
Le problème que vous soulevez me semble pouvoir se résumer ainsi : notre époque a perdu l'imagination et a retrouvé la mémoire. Elle a perdu en imagination ce qu'elle a gagné en mémoire. Elle a beau être visuelle, vingt-quatre images par seconde ne la rendent pas visionnaire. C'est trop pour ses yeux. Cette saturation favorise une recrudescence des écrits mémoriels au lieu de l'oralité qu'on attendait tous azimuts. Nous ne sommes pas des zébus, nous sommes des rebus.
Exhorté à la mobilité, quand ce n'est pas au nomadisme, l'homme d'aujourd'hui est de moins en moins capable de mouvement. La psychologie en est la cause. L'homme psychotrope juge son histoire, il ne la fait pas. Il use de sa mémoire pour juger son histoire. L'homme psychotrope a trop de mémoire et plus assez d'imagination. Mémoire et imagination ne croissent de concert que dans des individus exceptionnellement unifiés, concrets et harmonieux, et jouissant d'un bel élan vital.
L'imagination est la faculté de l'action et de l'histoire. La mémoire est la passion du jugement de l'histoire.
L'imagination créée la péripétie, la mémoire la repousse, la représente et en donne une image faussée.
L'imagination soutient l'événement, la mémoire lui sous-vient pour le distraire.
Il y a là un écho du "psychologisme français", ainsi que Sartre définissait le nouveau roman.
La mémoire est convoquée par une littérature de l'analyse qui récuse le personnage. La mémoire n'est pas propice à l'aventure. Elle n'a pas d'avenir et préfère le tropisme dissociatif de la sous-conversation.
La psychologie a sommé l'histoire d'être la fille de l'imaginaire et assigné à la littérature le rôle de l'analyse. La psychologie a sommé la littérature, dont la matière première est devenue la mémoire, de juger défavorablement de l'histoire en disséquant les blessures d'un "moi" traumatisé. Le "moi" est assommé. La littérature est l'expression complaintive d'un narcissisme en état de choc. Le traumatisme contemplatif paralyse, enlise, ankylose, d'où la crise de la narration.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 23 août 2018 à 03:10
@ hameau dans les nuages | 22 août 2018 à 10:06
"Cette manie de vouloir avoir raison jusqu'au bout du bout de votre raisonnement..."
Et vous, non, en fait. C'est pour ça que vous me répondez, sans doute.
Si vous méprisez Le Parisien, si vous penez que son influence est négligeable, ou que les gens qui le lisent ne comptent pas, cela montre votre biais, et non le mien.
J'ai relevé votre propos parce que j'ai lu mille fois cette phrase aussi irréfléchie qu'involontairement comique, de la part de réacs bon teint. Elle est stupide, et elle va à l'encontre des intérêts mêmes qu'ils prétendent défendre.
Vous ne nous avez toujours pas confirmé que, suite à votre impitoyable dénonciation "des médias", vous avez vérifié que votre fait divers n'est pas "passé à la télé". Vous ne nous avez toujours pas fait la liste des télés où il aurait dû passer, et où, vous le savez, il n'est pas passé.
En fait, vous n'en savez rien, tout simplement. C'était juste histoire de gueuler un bon coup.
Dernière chose : vous ne "savez" pas "que j'ai une aversion marquée pour les bouseux et la France périphérique". J'ai une aversion marquée pour les gauchistes, les menteurs et les pipoteurs. Y compris pour les gauchistes de droite, qui sont fort nombreux. Il y en a en ville comme à la campagne. Le fait d'avoir des bottes crottées ne rend ni spécialement intelligent, ni spécialement honnête, ni spécialement méritant. Le fait d'avoir des souliers vernis non plus.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 22 août 2018 à 15:57
@ Robert Marchenoir
"Il est donc parfaitement possible que nous entrions dans une période de décadence et d'obscurantisme, et en effet de nombreux signes peuvent nous le faire craindre. Il n'y a simplement aucun moyen de trancher cette question à l'échelle d'une simple vie humaine."
En effet ! Et donc on arrive avec désinvolture à ce terme fabuleux de "phobie" ! Soit, et partant de là, il ne faut pas s'excuser, pourquoi pas !
Et ainsi, la démonstration est faite !
Quelle démonstration ? On ne sait pas exactement... Mais la démonstration est faite, bien faite, il faudra en faire bon usage de façon à préserver des lendemains qui chantent...
Sinon, on peut consulter le très intéressant tableau La Calomnie d'Apelle de Botticelli.
S'y trouve tout ce qui est nécessaire pour porter la calomnie à des sommets...
Rédigé par : duvent | 22 août 2018 à 10:47
@ Robert Marchenoir | 21 août 2018 à 12:51
Cette manie de vouloir avoir raison jusqu'au bout du bout de votre raisonnement sans même laisser un trou de souris...
Des dizaines de chaînes, oui et alors, la belle affaire ! Avec des audiences ridicules se résumant au film à voir en famille sur le canapé mais certainement pas pour choper des actualités qui plus est crédibles ou au moins un peu plus fouillées.
L'exemple frappant a été les attentats du 11 septembre. Sans rentrer dans le fond (surtout pas avec vous !), je faisais la remarque à des gens sensés et observateurs quelques jours après, alors que l'on avait été gavé d'images, qu'il n'y avait pas eu deux mais trois tours qui étaient tombées. On me regardait avec des yeux comme des soucoupes... Je devais aller chez l’oculiste ou arrêter de fumer la moquette.
Je sais que vous avez une aversion assez marquée pour la France périphérique et ses ruraux bouseux mais pour eux "le Parisien" c'est celui qui vient voir la famille en été. C'est comme si je vous parlais de "Sud Ouest" à Paris. Vous penseriez côte basque ou à la rigueur Bayrou. Je vous cite comme médias faisant l'actualité ceux qui matraquent quatre titres avec une bande vidéo de dix secondes tournant en boucle. On peut, vous pouvez, le regretter mais c'est comme ça.
Té ! Par exemple, votre complot poutinien, vous avez beau le ressasser en boucle en petit comité sur ce blog, tout le monde s'en fiche... malgré vos arguments massue avec liens à la clef. Mais par contre si BFM ou CNews prennent le relais alors là ! aïe ! aïe mon fils ! Comment il était ! Comment il est dvenu ton complot ! * :)
* prendre l'accent pied-noir en faisant tournoyer la main droite
Rédigé par : hameau dans les nuages | 22 août 2018 à 10:06
@ Robert Marchenoir
Ah zut, "phobophobie" existe en effet !! Je l'ignorais. Moi qui étais tout fier de ma trouvaille...
"Il ne faut pas utiliser les mots de l'ennemi."
Vous avez probablement raison mais j'expérimente.
Un truc me chiffonne toutefois, si vous n'utilisez pas les mots de l'ennemi, quel usage allez-vous faire de "hainophobie" ? qui est une construction du même type que les autres "phobies" dont vous récusez l'usage...
Je n'ai pas compris.
Question subsidiaire : en quoi l'accusation de gauchiste est-elle d'essence différente de l'accusation de raciste ? Et en quoi est-elle différente de "hainophobe" / "phobophobe" du coup ? Pour moi gauchiste est un quasi-synonyme de ces deux-là, et un quasi-antonyme de raciste et autres "phobes", ché pas si je suis clair...
Rédigé par : yoananda | 22 août 2018 à 09:34
@ Robert Marchenoir
Il n'y a pas de bon côté, il n'y a qu'une bonne frontière, définie par l'Amour, seule juste définition de Dieu :
"La bonne frontière, c'est la frontière entre l'amour et le ressentiment."
Lisez donc :
http://www.rene-girard.fr/offres/doc_inline_src/57/entretien+avec+RG+31+Mai+1994+au+CIEP+E0+SE8vres.pdf
Rédigé par : Aliocha | 22 août 2018 à 09:28
Cela dit, s'il faut se résoudre à ce que des formes d'art, qui nous semblent indispensables aujourd'hui, disparaissent, si elles seront à coup sûr remplacées par d'autres, si l'homme a toujours cherché des moyens d'exprimer sa sensibilité artistique, il n'en reste pas moins qu'il est des époques, et des lieux, fructueux pour la création, et d'autres où règne l'obscurantisme.
Dans l'ensemble, et vu de Sirius, l'homme a toujours cherché à créer le beau et à exprimer ce qui le dépasse. Dans le détail, il n'y a aucune garantie d'un progrès ininterrompu, en cette matière comme en d'autres.
Il est donc parfaitement possible que nous entrions dans une période de décadence et d'obscurantisme, et en effet de nombreux signes peuvent nous le faire craindre. Il n'y a simplement aucun moyen de trancher cette question à l'échelle d'une simple vie humaine.
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@ yoananda | 21 août 2018 à 13:37
Alors la phobophobie, elle, est un concept entériné par la Faculté, et, en effet, la simple utilisation du suffixe "phobe" devrait condamner son auteur à la déportation en Guyane. Quel que soit le mot qui vient avant.
Combien de fois faudra-t-il le répéter ? Il ne faut pas utiliser les mots de l'ennemi. Il ne faut pas tenter de combattre des accusations malhonnêtes de quelque chose-phobie par des accusations de quelque chose d'autre-phobie. Il ne faut pas se défendre des accusations de "racisme" en disant qu'on n'est pas "raciste". Il ne faut pas s'excuser à la télé d'avoir dit des choses pabien au regard du politiquement correct. Il ne faut pas s'excuser d'avoir offensé la délicate sensibilité des fâmes, des musulmans, des Noirs, des Tutur ou des fox à poil dur.
Il faut refuser en bloc, non seulement les accusations persécutrices, mais l'idéologie qui les sous-tend. Il faut refuser de se laisser attirer sur le terrain des voyous intellectuels et moraux. Il ne faut pas leur donner le choix des armes.
Si vous leur faites ce plaisir, vous êtes mort. Il est en effet impossible de prouver que vous n'êtes pas "raciste", que vous n'êtes pas un "bourgeois", que vous n'êtes pas un "ennemi du peuple soviétique", que vous n'êtes pas un "phobe" d'une chose ou d'une autre, que vous n'êtes pas "haineux" ou "extrémiste" -- et d'ailleurs les ingénieurs du politiquement correct s'emploient à allonger sans cesse la liste des "phobies" interdites, et à rabaisser le seuil de déclenchement du phobomètre.
Tout en phobant eux-mêmes de façon intensive, comme tiennent à l'illustrer nos amis Aliocha et Charoulet ; mais eux ils ont le droit, puisqu'il sont du Bon côté.
La seule réponse à une malfaisance radicale est un refus radical. Le communisme est un mal radical, c'est amplement prouvé, et le politiquement correct, avec son cortège de persécutions, n'est autre que l'avatar contemporain du communisme. Les mots changent, mais les objectifs et les pratiques demeurent.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 21 août 2018 à 23:05
@ yoananda | 21 août 2018 à 13:37
Un bon livre à lire et cadrant dans le sujet : "La Pitié dangereuse" de Stefan Zweig.
Rédigé par : yamamotokaderaté | 21 août 2018 à 15:11
@ Robert Marchenoir
Je vous en prie ! Je devine que vous avez parfaitement compris, mais pour le plaisir de m'écouter parler, permettez-moi d'élaborer un poil.
Ce n'est pas juste pour faire un bon mot que je l'emploie. Je parle aussi de "phobophobie" parfois : j'estime qu'il y a des gens qui ont peur des émotions dites "négatives" des autres, du moins de "certains" autres, et qui donc rajoutent la peur à la peur, ou même la peur de le peur, la haine à la haine ou la haine de la haine.
Il s'agit vraiment d'une phobie (souvent à rebours des accusations qu'ils profèrent) car c'est une peur/haine inconsciente, démesurée et irrationnelle : avoir peur des peurs des autres.
C'est pour cela qu'ils sont bien en peine d'argumenter la plupart du temps. Et quand on ne sait pas argumenter, quand on est dans le pré-conscient, ben le cerveau habille ça sous forme d'une évidence : une évidence ne s'argumente pas. Elle se partage, entre gens bien, entre gens civilisés. Alors qu'en fait d'évidence, il s'agit simplement d'une émotion irrationnelle déclenchée par certain codes/mots clés.
D’où les accusations d'islamophobie ou de xénophobie (qu'ils appellent le plus souvent "racisme" puisque c'est le mot qu'on leur a appris à dire et qu'ils répètent par réflexe pavlovien), ou judéophobie (nommé antisémitisme). Et d'autres.
Là encore, je n'emploie pas le mot pavlovien par analogie, mais littéralement. C'est ainsi qu'ils ont été conditionnés à réagir par les médias, les voisins, le gouvernement, et tout ce qui a un semblant d'autorité.
Du point de vue psy on est en pleine projection, ça semble assez évident.
Bien sûr, il y a des racistes, des xénophobes, des islamophobes et des antisémites qui traînent ici ou là, mais... ça ne veut pas dire que ces gens-là ont (totalement) tort, c'est juste qu'eux aussi ne savent pas argumenter (et parfois ils ont tort).
Ne savent pas (ils n'ont pas les capacités), et parfois ne veulent pas (car ça remettrait en cause trop de "certitudes"), et parfois ne peuvent pas (sous peine de mort sociale).
Nos cerveaux nous jouent bien des tours.
Rédigé par : yoananda | 21 août 2018 à 13:37
@ yoananda | 21 août 2018 à 10:09
"Hainophobie"
Très joli. Je note et je réutilise. C'est la première fois que je vois ce bestiau. Je sens qu'il va me faire de l'usage.
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@ Tipaza | 21 août 2018 à 07:41
@ Savonarole | 21 août 2018 à 06:28
Je savais pouvoir compter sur des piliers sûrs. Donc, Céline a vraiment narré les exploits de Tutur. Je m'en souviendrai.
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@ Tipaza | 21 août 2018 à 11:10
"Aïe, je crois bien que cette fois, je suis en total désaccord avec vous."
Pas du tout. Vous n'êtes nullement en désaccord avec moi. L'Iliade et l'Odyssée, ce ne sont pas des romans. Le roman est un genre littéraire bien défini, qui a tout au plus quelques siècles.
Je n'ai jamais écrit que l'art allait disparaître. J'ai dit que les formes d'art étaient mortelles, et je vous ai cité quelques exemples. Vous m'objectez les peintures rupestres. Ça fait combien de temps que l'homme ne dessine plus des canassons sur les murs des grottes ?
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@ hameau dans les nuages | 21 août 2018 à 08:49
"Quand je parle médias il ne s'agit pas d'un canard papier mais des médias télévisuels."
Ah, d'accord. Si c'est pas à la télé, ça n'existe pas. Et donc ? Ce n'est pas passé à la télé ? Vous avez vérifié ?
Je vous ferai remarquer qu'il n'est pas sérieux de dire que "les médias n'en parlent pas" si c'est passé dans Le Parisien, mais pas à la télé. Le Parisien est un journal populaire de grande diffusion, par conséquent l'accusation implicite qui était la vôtre, et qui est celle de tant de gens, selon laquelle "le système nous cache tout parce qu'il censure les médias à sa botte" est... fausse. En tous cas sur ce coup-là.
De quelle télé parlez-vous, d'ailleurs ? Vous savez que l'ORTF n'existe plus ? Vous savez qu'il y a davantage qu'une chaîne de télévision, maintenant ?
Vous savez aussi que la télé est un média de vieux, et que les jeunes ne s'informent plus à la télévision, mais sur Internet ? Sur Internet, là où vous avez trouvé cette information, d'ailleurs... Vous pensez que les Français n'ont pas accès à Internet ?
C'est fini, l'époque de lémédias. Même pour la télévision. Il y a des dizaines de chaînes de télévision disponibles. Bien malin serait celui qui pourrait dire si votre fait divers "est passé à la télé" ou pas.
Aujourd'hui, les gens prennent connaissance de l'information sans se soucier de la façon dont elle leur est parvenue. Souvent, ils ne le savent pas, d'ailleurs. En général, elle leur est venue de dix sources différentes à la fois.
C'est comme la thalassocratie, ça. Vous avez deux guerres de retard.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 21 août 2018 à 12:51
Je n'ai apprécié le roman que lorsqu'il "m'apportait quelque chose", une étude de la société, des caractères de personnages profonds, voire exaltants pouvant se révéler des modèles.
Proust m'a profondément ennuyé, le style de Céline, au-delà de son parti pris, ne m'a guère enchanté.
Comme d'autres, j'ai apprécié Balzac, Hugo, Flaubert ou Zola, voire Camus qui m'ont fait comprendre leur société ou l'âme humaine. Plus récemment, effectivement Houellebecq m'a agréablement surpris, alors que son expression publique m'est plutôt désagréable.
Donc, comme beaucoup, j'ai quasiment abandonné la lecture des romans, notamment ceux qui n'ont qu'une vocation commerciale liée tout particulièrement à l'attribution annuelle de prix littéraires destinée plus à accroître les ventes et la fortune des éditeurs, accessoirement des écrivains.
Notre société qui légitime le vide intellectuel et l'apparence, le festif, donc le néant, se croit supérieure à celle des générations précédentes, alors que l'esprit français a quasiment disparu.
En revanche j'ai apprécié le long entretien accordé par "Robert, dit Fabrice Luchini" à Valeurs actuelles. De magnifiques réflexions dont certaines à sûrement retenir.
https://www.valeursactuelles.com/culture/fabrice-luchini-il-y-dans-le-succes-de-mes-spectacles-quelque-chose-didentitaire-98045
Rédigé par : Robert | 21 août 2018 à 11:40
@ Robert Marchenoir | 20 août 2018 à 23:22
"Ou autre chose"
Evidemment, la nature ayant horreur du vide, ce seront les ordinateurs qui se mettront à écrire sans l'aide des humains, devenus de plus en plus humanoïdes...
Oui mais tant qu'il y aura des hommes et surtout des politiciens nous n'aurons rien à craindre et l'être continuera à faire des poteries.
Rédigé par : yamamotokaderaté | 21 août 2018 à 11:17
@ Robert Marchenoir | 20 août 2018 à 23:22
« Le roman n'a pas toujours existé. Il disparaîtra probablement un jour. En fait, l'apparition du roman est très récente. Rares sont les formes d'art qui sont éternelles. »
Aïe, je crois bien que cette fois, je suis en total désaccord avec vous, encore plus que lorsque vous critiquez les poutiniens, où parfois vous n’avez pas tort.
Mais là, c’est le contresens absolu.
Tout dépend de ce que vous appelez roman, s’il s’agit d’une histoire imaginaire racontée aux hommes, cela existe depuis la nuit des temps (pourquoi parle-t-on de la nuit des temps je n’ai jamais compris, mais c’est un autre sujet).
L’histoire et l'épopée de Gilgamesh ont été écrites environ au IIIe millénaire avant J.C. sur des tablettes d’argile, plus fiables que Word, et ont fait le bonheur de l’Antiquité.
Ensuite Homère, la légende de la Table ronde, et entre les deux, il y a certains textes de la Bible, comme l’histoire de Salomon et de la reine de Saba, le Cantique des cantiques, qui relèvent plus du roman que du message religieux, l’un n’empêchant pas l’autre pour certains.
L’homme a besoin d’imaginaire, pour supporter son existence et comprendre qu’il n’est pas le seul à vivre cette épreuve pénible qu’est la vie, c’est pourquoi le roman, le conte, l’épopée, la sage existeront toujours parce qu’ils sont une explication de l’existence.
Quant à l’art sous toutes ses formes, évidemment qu’il est éternel, puisqu’il est l’expression des profondeurs de l’âme humaine, ou de son inconscient, selon que vous croyez à l’âme, à l’inconscient ou à ce que vous voulez, mais qui est la marque de l’humanité. C’est l’art qui fait l’humain, et qui porte l’éternité en l’homme.
Tenez au hasard, les peintures rupestres à Lascaux ou Altamira, et la statuette de la Vénus callipyge, avec ses belles fesses qui manquent tant aux déesses d’aujourd’hui.
Bon, vous voyez nous divergeons sur l’essentiel, et encore je n’ose pas parler des icônes orthodoxes et de leurs enluminures que j’adore. ;-)
Rédigé par : Tipaza | 21 août 2018 à 11:10
"L'enchantement de récits plongeant dans un monde qui n'était pas le nôtre mais qui à chaque page aurait pu l'être si l'auteur n'y avait pas mis bon ordre en préférant à soi le champ infini de son aptitude imaginative."
Le monde qui n'est pas le nôtre c'est celui des autres, parfois, celui de l'écrivain qui, faute d'imagination débordante va utiliser la pâte factuelle et quotidienne qui l'accable pour la transmuter en art.
Peu importe la novation du récit, ce que je retiens d'un livre réussi c'est sa faculté à nous fondre dans les habits du héros, nous plonger dans le bain photographique et découvrir avec lui un monde qui lui appartient.
Cette opération consistant à prendre le lecteur par la main et l'emmener sur les rivages de son imagination consacre le talent, voire le génie.
Je passe beaucoup de temps à lire des "livres d'érudition". Des deux seuls écrivains lus récemment, je retiens que
Houellebecq possède suffisamment de génie pour marier la réalité observée avec les fulgurances issues de son imagination. Cela signe une grande partie de son succès.
Quant à Tesson répondant à une question sur la forme romanesque qu'il n'utilise pas, il avoua que n'ayant aucune imagination il n'était pas capable de s'affranchir du récit de ses aventures.
On est donc avec lui à mi-chemin du récit de voyages et d'une introspection menée avec lucidité.
Je ne sais pas si ces deux écrivains représentent notre époque en tant qu'écrivains représentatifs des temps actuels ou s'ils s'inscrivent dans une façon française d'écrire sur l'actualité : Flaubert et son éducation sentimentale illustrant la révolution de 1848 par exemple ?
Rédigé par : caroff | 21 août 2018 à 10:17
Proust antisémite ! Savon noir tout à coup nous ressort l'Obs et sa pédagogie du "Il ne faut pas lire sinon vous comprendriez qu'on est sectaire."
Ils sont prêts à tout, les petits blancs incultes, pour ne pas se regarder au miroir des génies, on va donc la répéter, pardon pour ceux qui entendent, la phrase la plus longue de la littérature française :
"Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu’à la découverte du crime ; sans situation qu’instable, comme pour le poète la veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver un oreiller où reposer sa tête, tournant la meule comme Samson et disant comme lui : « Les deux sexes mourront chacun de son côté » ; exclus même, hors les jours de grande infortune où le plus grand nombre se rallie autour de la victime, comme les Juifs autour de Dreyfus, de la sympathie — parfois de la société — de leurs semblables, auxquels ils donnent le dégoût de voir ce qu’ils sont, dépeint dans un miroir qui, ne les flattant plus, accuse toutes les tares qu’ils n’avaient pas voulu remarquer chez eux-mêmes et qui leur fait comprendre que ce qu’ils appelaient leur amour (et à quoi, en jouant sur le mot, ils avaient, par sens social, annexé tout ce que la poésie, la peinture, la musique, la chevalerie, l’ascétisme, ont pu ajouter à l’amour) découle non d’un idéal de beauté qu’ils ont élu, mais d’une maladie inguérissable ; comme les Juifs encore (sauf quelques-uns qui ne veulent fréquenter que ceux de leur race, ont toujours à la bouche les mots rituels et les plaisanteries consacrées) se fuyant les uns les autres, recherchant ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas d’eux, pardonnant leurs rebuffades, s’enivrant de leurs complaisances ; mais aussi rassemblés à leurs pareils par l’ostracisme qui les frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ayant fini par prendre, par une persécution semblable à celle d’Israël, les caractères physiques et moraux d’une race, parfois beaux, souvent affreux, trouvant (malgré toutes les moqueries dont celui qui, plus mêlé, mieux assimilé à la race adverse, est relativement, en apparence, le moins inverti, accable qui l’est demeuré davantage) une détente dans la fréquentation de leurs semblables, et même un appui dans leur existence, si bien que, tout en niant qu’ils soient une race (dont le nom est la plus grande injure), ceux qui parviennent à cacher qu’ils en sont, ils les démasquent volontiers, moins pour leur nuire, ce qu’ils ne détestent pas, que pour s’excuser, et allant chercher, comme un médecin l’appendicite, l’inversion jusque dans l’histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l’un d’eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu’il n’y avait pas d’anormaux quand l’homosexualité était la norme, pas d’antichrétiens avant le Christ, que l’opprobre seul fait le crime, parce qu’il n’a laissé subsister que ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu d’une disposition innée tellement spéciale qu’elle répugne plus aux autres hommes (encore qu’elle puisse s’accompagner de hautes qualités morales) que de certains vices qui y contredisent, comme le vol, la cruauté, la mauvaise foi, mieux compris, donc plus excusés du commun des hommes ; formant une franc-maçonnerie bien plus étendue, plus efficace et moins soupçonnée que celle des loges, car elle repose sur une identité de goûts, de besoins, d’habitudes, de dangers, d’apprentissage, de savoir, de trafic, de glossaire, et dans laquelle les membres mêmes qui souhaitent de ne pas se connaître aussitôt se reconnaissent à des signes naturels ou de convention, involontaires ou voulus, qui signalent un de ses semblables au mendiant dans le grand seigneur à qui il ferme la portière de sa voiture, au père dans le fiancé de sa fille, à celui qui avait voulu se guérir, se confesser, qui avait à se défendre, dans le médecin, dans le prêtre, dans l’avocat qu’il est allé trouver ; tous obligés à protéger leur secret, mais ayant leur part d’un secret des autres que le reste de l’humanité ne soupçonne pas et qui fait qu’à eux les romans d’aventure les plus invraisemblables semblent vrais, car dans cette vie romanesque, anachronique, l’ambassadeur est ami du forçat ; le prince, avec une certaine liberté d’allures que donne l’éducation aristocratique et qu’un petit bourgeois tremblant n’aurait pas, en sortant de chez la duchesse s’en va conférer avec l’apache ; partie réprouvée de la collectivité humaine, mais partie importante, soupçonnée là où elle n’est pas étalée, insolente, impunie là où elle n’est pas devinée ; comptant des adhérents partout, dans le peuple, dans l’armée, dans le temple, au bagne, sur le trône ; vivant enfin, du moins un grand nombre, dans l’intimité caressante et dangereuse avec les hommes de l’autre race, les provoquant, jouant avec eux à parler de son vice comme s’il n’était pas sien, jeu qui est rendu facile par l’aveuglement ou la fausseté des autres, jeu qui peut se prolonger des années jusqu’au jour du scandale où ces dompteurs sont dévorés ; jusque-là obligés de cacher leur vie, de détourner leurs regards d’où ils voudraient se fixer, de les fixer sur ce dont ils voudraient se détourner, de changer le genre de bien des adjectifs dans leur vocabulaire, contrainte sociale légère auprès de la contrainte intérieure que leur vice, ou ce qu’on nomme improprement ainsi, leur impose non plus à l’égard des autres mais d’eux-mêmes, et de façon qu’à eux-mêmes il ne leur paraisse pas un vice. Mais certains, plus pratiques, plus pressés, qui n’ont pas le temps d’aller faire leur marché et de renoncer à la simplification de la vie et à ce gain de temps qui peut résulter de la coopération, se sont fait deux sociétés dont la seconde est composée exclusivement d’êtres pareils à eux."
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proust_-_%C3%80_la_recherche_du_temps_perdu_%C3%A9dition_1919_tome_9.djvu/31
Que ceux qui acceptent de s'édifier entendent, laissons les autres s'auto-détruire.
Rédigé par : Aliocha | 21 août 2018 à 09:40
Robert Marchenoir nous rappelle que le roman n'a pas toujours existé, et on l'en remercie vivement.
Mais en réalité il ne s'agit pas de ça, il est question du fond plutôt que de la forme.
Car il ne fait pas de doute que si notre époque était porteuse d'un nouveau genre de qualité, la discussion porterait sur ce nouveau genre.
Tout ce qui vogue, navigue et flotte sur la toile est certainement la corne d'abondance, celle-ci abreuve de folie et savoir.
Mais qui peut trier le bon grain de l'ivraie ?
Il ne serait pas faux de penser que c'est celui qui a déjà beaucoup reçu.
Celui qui connaît les racines peut lever les yeux vers la canopée, et ne pas rester comme les pourceaux agglutinés le nez dans une auge où est déversée toute l'ordure dorée tant convoitée, désirée, rêvée, qui réveille et entretient ce qui est le plus bas, médiocre et délétère dans chacun de nous.
Les aspirations sont plus grandes que les hommes, mais encore faut-il se souvenir de la destinée, du fatum.
Pourtant, voilà le genre de héros qu'il faudrait admirer, un Houllebecq, et cela n'est pas concevable, n'est-ce pas...
Non, je sais qu'il n'est pas convenable d'affirmer que cet écrivain, s'il en est un, ne l'est que pour une raison horriblement pathétique, celle du vide, du néant et du silence fracassant de la pensée.
Quand le vide tient lieu d'époque, alors nous pouvons parler du roman qui est mort depuis fort longtemps. Ne chantez pas la mort c'est un sujet morbide, le mot seul jette un froid aussitôt qu'il est dit !!
Nous attendrons donc que surgisse une muse artificielle et porteuse de génie.
D'ici là, il demeure les racines universelles qui ne doivent pas pourrir et c'est la responsabilité de tous et de chacun, point n'est besoin d'être en bande, fort, riche, et influent, non, il suffit de vouloir rester debout et les yeux ouverts.
L'espoir fait vivre, n'est-ce pas ? Demain sera beau pour qui aime, pour celui qui est aimé il sera éblouissant, et pour celui qui amasse il sera d'or, Midas lui en parlera !
Mais pour celui qui ferme les yeux il ne sera pas !
Rédigé par : duvent | 21 août 2018 à 09:21
@ Tipaza | 20 août 2018 à 16:07
"La narration d’un quotidien terriblement banal, par un bourgeois désœuvré autocentré"
Dans la lecture d'un quotidien "terriblement banal", plus tôt que Proust vous trouverez Mme Bovary et autocentré pensez à la citation de Flaubert "Mme Bovary c'est moi !"
@ Trekker | 20 août 2018 à 15:19
"Notre civilisation fait un saut dans le virtuel et il ne restera rien."
Ah les fantasmes numériques mêlés à cette perception que notre monde disparaît...
Quelle que soit votre appréciation sur la "production littéraire", jamais en France il n'a été publié autant de romans.
Rédigé par : Charles | 21 août 2018 à 08:13
Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir eu un bon prof de français, et déjà ils n'écoutaient rien et préféraient la danse du scalp à l'étude attentive. Maintenant ils se sont persuadés, les incultes, que ce sont les noirs qui font baisser le niveau d'éducation, alors que ce n'est que leur sale exemple de petits blancs privilégiés incapables d'être à la hauteur de ce qu'ils ont refusé de recevoir pour mieux retourner au vaudou de leur ignorance.
Bonnet d'âne et au coin, Marchenarole et Savon noir !
Rédigé par : Aliocha | 21 août 2018 à 07:43
@ Robert Marchenoir | 21 août 2018 à 01:12
Ce n’est pas deux cents pages, mais trois cents pages qu’a compté Céline, dans sa lettre à Milton Hindus, mais bon à partir d’une certaine longueur chez Proust on perd le compte et puis qu’importe le flacon Totor ou Tutur pourvu qu’on ait l’ivresse !
« Proust explique beaucoup trop mon goût, 300 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c’est trop »
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Les-Cahiers-de-la-NRF/Celine/Lettres-a-Milton-Hindus
Rédigé par : Tipaza | 21 août 2018 à 07:41
Cher Philippe,
Vos réflexions sur les oeuvres littéraires de fiction m'ont intéressé. Elles me font penser à ce qui me semble une bizarrerie : l'émission "Le Masque et la Plume", que j'écoute depuis... cinquante ans, on le sait, est consacrée soit au cinéma, soit au théâtre, soit à la littérature. Or pour ce dernier secteur, il n'est parlé que des romans ! Pourquoi diable ? J'ai évidemment lu et aimé des romans du XVIIe au XXe siècle (les plus renommés de l'histoire littéraire, comme par hasard), mais plus ça va, moins je lis de romans (ne parlons pas des auteurs actuels). J'ai un faible pour les essais, les correspondances, les journaux intimes (ex. "Journal inutile", de Morand), les mémoires, les maximes.
Jérôme Garcin, si vous m’entendez...
Rédigé par : Patrice Charoulet | 21 août 2018 à 07:32
On recommence, ça doit être l'âge qui détruit les mémoires, ne laissant place qu'au reptilien, molécule moins élaborée que celle de l'amour, quand tout s'écroule :
"Ça fausse un peu le jugement qu'on peut avoir sur Proust, ces histoires pédérastiques, cette affaire de bains-douches, mais ces enculages de garçon de bain, tout ça, c'est des banalités... Mais il en sort que le bonhomme était doué... Extraordinairement doué... Ah oui, doué, doué, quand y voit ces gens qu'ont si changé, là... Et d'ailleurs, je crois qu'il a un peu piqué ça dans George Sand... George Sand, dans ses souvenirs, raconte qu'elle a vu les gens d'Ancien Régime... Vous avez lu ?... (...) Elle raconte... Elle dit : j'ai vu la jeunesse dorée qui faisait horreur... Parce que elle, elle était jeune fille, et elle voyait ces gens d'Ancien Régime, y z'avaient des manières à eux qu'étaient tellement spéciales qu'elle les voyait comme des vieux tableaux, pleins de grimaces... Y n'pouvaient rien faire... Quand y s'offraient une chaise, c'était tout une grimace... (...) Y mettaient leur perruque dans leur gilet, puis enfin, ils faisaient tout un tas de trucs extravagants de procédure qui la remplissaient d'horreur, parce qu'elle allait au-devant de la vie, n'est-ce pas ?... Et les gens croient qu'il a dû lire ça... Je ne dis pas que c'est ça qu'il a fait, mais enfin son très puissant tableau de la vieillesse prenant les gens et les faisant grimacer, ça, c'est un peu similaire... (...) Proust est un grand écrivain, c'est le dernier... C'est le grand écrivain de notre génération, quoi..."
Ben, oui, mes petits cocos, c'est Céline à propos de Proust, déjà cité, aussitôt oublié par nos possédés qui ne savent que haïr en rond au bocal des amnésies.
Rédigé par : Aliocha | 21 août 2018 à 07:25
@ Robert Marchenoir du 21 août à 01:12
Cette sentence de Céline sur Proust est donnée pour authentique dans le Cahier de l'Herne qui lui est consacré.
Lors d'un entretien il était exaspéré par le journaliste qui ne cessait de l'encenser comme étant le Proust du siècle, ce qu'il contestait, trouvant que chez Proust le lecteur se perdait dans un labyrinthe de niaiseries, avant de trouver l'interrupteur.
Je ne saurais être affirmatif sur Totor, ou Tatave, tant dans cette confrérie on ne prend pas le temps de s'échanger des cartes de visite...
Toutes les adaptations cinématographiques de Proust ont été des échecs, il aurait fallu faire des films de 18 heures pour condenser un de ses romans.
"Marcel Proust ?
300 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c’est trop..."
LF Céline.
C'est primaire mais pas faux.
France Télévisions a connu de véritables gouffres financiers chaque fois que cette chaîne a voulu porter à l'écran une adaptation de Proust. Alain Delon lui-même y a perdu des plumes en jouant Charlus... Jouer du canotier et de la canne avec de fausses moustaches a fait fuir le spectateur.
Alessandro Piperno, écrivain italien, a déboulonné la stèle dans son livre : "Proust antijuif", où il démontre toute l'ambiguïté du personnage et de cette bourgeoisie fin de siècle dont il ne nous reste que le boulevard Pereire...
https://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20071206.BIB0448/proust-antisemite.html
Rédigé par : Savonarole | 21 août 2018 à 06:28
@ Mary Preud'homme | 21 août 2018 à 00:17
Ne vous en faites pas pour le roman ni pour les histoires de fin du...
- Roman
- De la conversation
- De la culture...
Les gens qui croient à ces fins n'essaient pas de les provoquer, ils ne sont pas un danger.
Le roman va continuer, parce que notre espèce a besoin de fictions et que cette forme a essaimé bien au-delà de notre culture.
Ceci étant, j'ai apprécié que vous défendiez les romans... Que serait une vie sans roman, sans ce miroir du monde, miroir de soi, sans cette machine à rêve et à empathie, sans ce revivificateur de langage ?
Rédigé par : Noblejoué | 21 août 2018 à 01:13
@ Savonarole | 20 août 2018 à 23:35
"PS : Spécial dédicace pour Aliocha, le jugement de Céline sur Proust :
'Deux cents pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave, c'est trop long'. "
Ayant récemment employé la même citation (et, il me semble, à l'égard du même interlocuteur), je suis inquiet de savoir si c'est Tutur ou Totor qui est à la manoeuvre. J'ai lu les deux. La distinction me paraît cruciale. Sans doute l'un des éminents lettrés qui fréquentent ce blog saura-t-il nous éclairer.
Et nous dire si cette citation est authentique ou apocryphe, ce que je n'ai pas réussi, pour ma part, à déterminer. C'est presque trop beau pour être vrai.
______
@ yamamotokaderaté | 20 août 2018 à 14:24
Je suis bien triste de voir A Fileta, qui fait de la musique magnifique, en tête de cette liste. Comme quoi, chacun devrait se cantonner à son métier.
Au passage, cette énumération montre que l'immigrationnisme n'est pas un complot planifié par d'obscurs intérêts financiers, mais bien un phénomène idéologique. Une religion dévoyée, si vous voulez.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 21 août 2018 à 01:12
Le fait que vous citiez Houellebecq comme unique vestige de l'art du roman me laisse croire que vous parlez en quelque sorte des écrivains dont on parle. De là, peut-être pouvons-nous déduire que l'imagination n'a pas forcément disparu, mais plutôt que le lecteur a abandonné la fiction, au profit des biographies, ou des oeuvres inspirées par le réel.
A mon humble niveau, je n'observe pas le même phénomène aux Etats-Unis, sauf pour l'art cinématographique. Je lis des romans extraordinairement imaginatifs ici. Peut-être que l'état dépressif des Français y est pour quelque chose? Je n'ai pas de réponse.
Rédigé par : Herman kerhost | 21 août 2018 à 00:46
Délivrez-nous de ces gens qui diffusent des informations mensongères destinées à tromper et qui ne sont écrites qu'en recourant au copier-coller ou au plagiat sans vergogne... Y compris sur ce blog où plus c'est long et plus ça prend ! Jusqu'à suggérer que le roman serait une denrée surannée appelée à disparaître...
A l'image sans doute de ceux qui voudraient imposer chez nous (auprès des esprits faibles) la culture islamique en lieu et place de la tradition chrétienne plurimillénaire.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 21 août 2018 à 00:17
@Tipaza | 20 août 2018 à 16:07
Entièrement d'accord avec vous.
Le dernier roman qui m'a impressionné "Un endroit où aller", de Robert Penn Warren.
Ses romans ont parfois été portés à l'écran.
1949 : Les Fous du roi (All the King's Men), film américain réalisé par Robert Rossen
1957 : L'Esclave libre (Band of Angels), film américain réalisé par Raoul Walsh
2006 : Les Fous du roi (All the King's Men), film américain réalisé par Steven Zaillian
PS : Spécial dédicace pour Aliocha, le jugement de Céline sur Proust :
"Deux cents pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave, c'est trop long"
Rédigé par : Savonarole | 20 août 2018 à 23:35
Le roman n'a pas toujours existé. Il disparaîtra probablement un jour. En fait, l'apparition du roman est très récente. Rares sont les formes d'art qui sont éternelles.
Mettons que la poterie est de tous les temps et de toutes les civilisations -- mais même cela est faux. En Occident, aujourd'hui, la poterie n'est plus pratiquée que par une minorité insignifiante "d'artisans d'art", dépourvus de tout statut et de toute influence.
L'opéra est apparu, puis il a disparu. Ne me dites pas que Nixon in China est de l'opéra. Le cinéma a déjà disparu. OK, j'admets que je suis un peu biaisé sur ce coup-là : la forme de cinéma que j'aime a disparu. Mais personne ne peut nier que l'âge d'or du cinéma soit derrière nous, qu'on le situe à l'ère du muet ou à celle de la cinéphilie française.
De nouvelles formes d'art naissent, suscitées à la fois par les nouvelles techniques et par les changements sociaux. Demain, ce seront peut-être les jeux vidéo qui prendront la place prestigieuse occupée par le roman aujourd'hui. Ou les blogs. Ou autre chose.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 20 août 2018 à 23:22
Ce n'est peut-être pas seulement un problème d'auteur. Si Proust, Balzac ou Tolstoï proposaient de nos jours un de leurs romans à un éditeur, il est probable qu'il n'y aurait personne pour les publier.
Rédigé par : Lucile | 20 août 2018 à 22:55
Le livre étant devenu un objet de consommation comme un autre, style machine à laver ou home cinéma, peut-être faudrait-il voir du côté des éditeurs (marchands plus que découvreurs de talent) pourquoi ils privilégient et publient autant de navets, au détriment de créations de l'esprit et d'œuvres de grande qualité, qui ont de plus en plus de mal à se faire connaître dans une société bassement mercantile où le sexe, le voyeurisme et l'argent sont devenus la clé de toute réussite.
Pour les vrais créateurs qui existent tout autant qu'avant, circulez y'a rien à voir, ils sont de nos jours (marketing oblige) systématiquement catalogués comme ringards et pas vendeurs !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 20 août 2018 à 19:40
"CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape François, chef d'une Eglise confrontée à de multiples scandales de pédophilie, a adressé lundi une lettre sans précédent aux catholiques du monde entier pour leur demander de contribuer à l'éradication de "cette culture de la mort".
Dans cette lettre "au peuple de Dieu", il évoque notamment le rapport publié la semaine dernière par le procureur général de Pennsylvanie sur les abus sexuels commis par 300 prêtres pendant 70 ans aux dépens d'un millier de victimes et promet de ne ménager aucun effort afin que de tels actes ne puissent se reproduire ni être dissimulés."
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Cher pape, faut-il marier de force les prêtres ou les castrer, de toutes manières on n'en veut plus et de vous non plus. Ne laissez plus venir à eux les petits enfants, le Christ est mort !
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LIRE AUSSI - Le Figaro - Les harkis, ces soldats oubliés de la France, dont l'intégration a été difficile
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Il y a aussi les pieds-noirs qui n'ont jamais été indemnisés, mais c'est toujours le même cinéma, dès que des élections approchent ou lorsque le pouvoir en place se sent menacé. Vivement l'après-Macron ! Et pourvu que ce ne soit pas après lui encore un s...d !
Rédigé par : yamamotokaderaté | 20 août 2018 à 18:14
C'est vrai qu'il est devenu rare de trouver des romans à la fois bien écrits et dont la trame captive le lecteur jusqu'au bout avec le désir de finir au plus vite le livre pour en connaître la fin, un récit qui laisse un souvenir fort. Le dernier en date qui m'ait fait une forte impression était celui de Pierre Lemaitre, "Au revoir là-haut". Sans être un chef-d'œuvre littéraire, il fallait tout de même imaginer une histoire pareille, même si des faits historiques pouvaient faire galoper une imagination fertile. J'ai acheté la suite que je tarde à lire, comme si j'avais peur d'être déçue.
Par contre, j'ai peu aimé le film, comme souvent lorsqu'un film est inspiré d'un livre.
Justement, puisqu'il est question de Tolstoï, si je pense à Guerre et Paix, par exemple, ce roman historique qui dépeint si bien l'âme russe de l'époque et les sentiments des personnages, cette fresque romanesque tournée au cinéma n'a plus la même saveur. Le cinéma a bien du mal à traduire la pensée intime, ce qu'un auteur décrit si savoureusement.
Ce genre de romans est bien rare aujourd'hui, mais dans la même lignée, on s'aperçoit que les cinéastes ont également bien du mal à être imaginatifs. Ils leur faut trop fréquemment reprendre des romans, de nouvelles versions de films ou encore de nombreux biopics, souvent sans intérêt.
Et côté romans nous voyons pourtant fleurir un nombre important de livres rocambolesques aux histoires invraisemblables écrits par des auteurs connus du grand public, pressés par leurs éditeurs de trouver des sujets vendeurs. Une fois refermés, ce genre de livres ne laissent pas un souvenir impérissable. Mais parfois aussi, contre toute attente, un auteur inconnu nous surprend par une belle histoire et une chute surprenante.
Tout est question d'époque, cinéma, littérature et même peinture, comparées aux œuvres emblématiques nous apparaissent bien fades, bien vides, à moins que ce ne soit qu'une nostalgie d'un ancien monde révolu et qu'il nous faille nous habituer.
A contrario, il m'est arrivé récemment de relire un roman anglais que j'avais bien aimé plus jeune et d'être déçue par la mièvrerie des personnages, leurs sentiments dépassés et leurs vies étriquées. Forcément la société a tellement évolué depuis cinquante ans que celle du XIXe siècle nous apparaît comme surannée et ridiculement hypocrite. Sauf que dans les bons romans des grands auteurs, les sentiments décrits restent universels et finalement d'actualité. Et c'est là toute la différence !
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 20 août 2018 à 17:22
Longtemps je me suis demandé si je pouvais commenter ce billet, alors que je ne lis jamais de littérature romanesque ou de fiction, me contentant d’une littérature d’érudition comme on dit dans les milieux bien informés.
Considérant toutefois que le mépris de mon ignorance était pour moi un gage de sérénité intellectuelle, je me suis décidé à donner mon opinion.
« Il s'agit moins dorénavant du réel que de leur réel… » (PB)
En langage moins châtié ça s’appelle du nombrilisme, un recentrement sur soi pour parler de soi, un certain autisme.
Et si c’était un phénomène de société qui n’affecte pas seulement la littérature, mais aussi les autres arts ? (Je rappelle que le sujet n’est pas l’autisme des intervenants d’un blog, je n’en parlerai donc pas.)
Il y a déjà longtemps que peinture et sculpture ne sont plus des représentations de la réalité dans une recherche du beau, qui reste toujours à définir, et qu’on ne trouvera qu’en le cherchant, recherche qui semble avoir été abandonnée.
Et je ne parle pas de la musique, car si pour les livres, la peinture, la sculpture on peut dans un effort pudique baisser les paupières, pour la musique contemporaine, nous n’avons pas de paupières pour protéger nos tympans, erreur fatale du créateur qui avait seulement pensé le contrepoint et les Passions de Bach, mais pas imaginé la dissonance et le bruit sophistiqué comme règle musicale.
Phénomène de société qui traduit l’individualisme où chacun, et en particulier les créateurs ou qui se disent tels, se considèrent libres de toutes règles pour exprimer leurs émotions, leurs états d’âme.
Jusqu’à présent, quand des règles étaient rejetées, c’était pour en établir de nouvelles et on a vu ainsi se succéder des écoles littéraires ou de peinture, jusqu’au moment où le fin du fin a été pour chacun de définir sa propre expression pour le meilleur ou pour le pire.
Il me semble qu’il n’y a plus d’écoles au sens de courant ou de tendance, chacun faisant un peu, beaucoup, ce qu’il a envie de faire avec le seul souci d’en faire suffisamment pour se différencier des autres et être médiatisé.
Le nombrilisme poussé à ses limites en peinture.
Par exemple, les tableaux d’un noir profond de Soulages devant lesquels il est de bon ton de s’extasier sont-ils une représentation d’une nuit sans aurore boréale et pire sans lune ni étoiles ?
À l’inverse ses vitraux de l’Abbatiale de Conques sont parfaitement blancs pour restituer l’esprit cistercien, et pour le coup c’est une réussite.
Mais revenons à la littérature.
Proust, cité comme modèle, porte une lourde responsabilité dans le nombrilisme ambiant de la nouvelle littérature.
La narration d’un quotidien terriblement banal, par un bourgeois désœuvré autocentré, donne l'impression que ce n’est pas une fiction tellement c’est bien écrit, on a le sentiment d’une parfaite biographie écrite avec une apparente facilité au point que lorsque j’ai commencé à le lire, il y a bien longtemps, je n’ai pu aller plus loin que la moitié du premier tome.
Plus tard, bien plus tard, j’ai compris que l’apparente facilité d’écriture cachait le génie, et que l’individualisme du narrateur ramenant tout à lui était un individualisme universaliste (n’ayons pas peur des oxymores) et qu’à travers la narration de sa vie bien ennuyeuse d’oisif, ce sont les travers des hommes et des femmes (pour une fois soyons inclusifs) qu’il décrivait, et Albertine m’a fait rêver jusqu’au moment où j’ai découvert son défaut majeur !
Peut-être que par une lecture superficielle de Proust, nos auteurs contemporains se sont arrêtés à l’aspect individualiste, oubliant l’aspect universaliste que peut avoir la fiction.
Encore que, si je ne lis plus de romans depuis une éternité c’est que je considère qu’il me suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles pour m’apercevoir que la réalité autour de moi est toujours bien plus riche que la fiction.
Ceux qui sont sur ce blog ne me démentiront pas, quel Balzac aurait pu écrire la Comédie humaine que nous livre chaque jour le blog ?
Enfin je voudrais terminer ce commentaire par un conseil.
Lisez « Un été avec Homère » de Sylvain Tesson, une pure merveille dont vous sortirez enchanté, sa vision d’Homère est sublime.
D’ailleurs Laurent Ruquier lui a fait le meilleur éloge qu’il pouvait faire, il a déclaré dans Le Point du 16 août que c’était « un livre réac » (sic) !!
Rédigé par : Tipaza | 20 août 2018 à 16:07
"Un très grand livre, je le concède, est un miracle"
Vous avez tout dit cher P. Bilger.
Même les laïcards sectaires approuveront le mot "miracle" dans ce cas !
Peut-être que le développement des sciences humaines, et notamment la sociologie, a desséché notre imaginaire.
Par ailleurs, le relativisme monstrueux qui depuis un demi-siècle nous saoule de lieux communs écrase-t-il la croissance des talents ?
Le siècle n'est pas au génie cher P. Bilger. Et s'il fallait sauver un seul écrivain de très grand talent serait-ce vraiment Houellebecq ?
Cordialement.
Aurons-nous la chance, un jour, de vous voir interviewer George Steiner ?
Rédigé par : boureau | 20 août 2018 à 15:56
@ semtob | 19 août 2018 à 21:25
"Notre civilisation fait un saut dans le virtuel et il ne restera rien.
Déjà les films se dégradent, les livres également. Les photos s'effacent et les data centers plongeront dans un chaos numérique, privant les générations futures des traces de leur imaginaire et scientifiques.
Et ce sera comme si tout devait recommencer à zéro.
La dématérialisation est un radeau qui coulera dès la première guerre galactique."
Il n'y aura pas besoin d’une guerre galactique pour que tout s’effondre, et pour nous ramener a minima 200 ans en arrière. Il suffira seulement de : heurt de notre planète par un astéroïde seulement de taille moyenne, une ou des éruptions volcaniques conséquentes non connues depuis une dizaine de millénaires, un conflit nucléaire même de taille moyenne avec emploi probable de bombes à effet EMP, etc.
Alors adieu nos datas centers et système informatique, tous nos systèmes reposant sur l’électricité, et sans parler des fortes modifications climatiques induites. A priori les peuples ayant alors le plus de chances de survie seront les tribus africaines et d’Amérique du Sud, considérées actuellement comme des arriérés voire de quasi-sauvages.
Nos actuelles discussions politiques et sur la dégénérescence de notre littérature ne seront alors plus d’actualité. Seule la survie d’une partie de nos contemporains sera d’actualité : manger, boire, dormir et se protéger contre nos prédateurs dont naturellement les autres humains survivants…
Rédigé par : Trekker | 20 août 2018 à 15:19
La question avait été posée : "qui finance l'Aquarius" voici la réponse.
Financement de "l'Aquarius"...
Origine des fonds :
• 20 500 donateurs particuliers dont 3 300 réguliers. • 330 mécènes ou entreprises, associations et fondations • 5 subventions publiques • 24 versements provenant des réserves parlementaires
Le comité de soutien comptait 90 personnalités publiques à la fin de l’année 2017, issues principalement du monde de la mer, des arts, de la recherche et des médias…
A FILETTA, ensemble vocal, d’ABOVILLE Gérard, navigateur, ADLER Laure, journaliste, AGNES B., créatrice de mode, AGRINIER Thomas, artiste peintre, AMBROGIANI Marc, directeur du festival Nuits Métis, AUTISSIER Isabelle, navigatrice, BADIE Bertrand, politologue, BASSY Blick, chanteur, musicien, écrivain, BEAUNE François, écrivain, BENDERBOUS Djamila, neurochirurgienne, BIGNOLAS Laurent, journaliste, BLANCHY Jacqueline, présidente de la Fondation, Les Arts et les Autres, BONNAFFE Jacques, comédien, BOUCHERON Patrick, historien, BUSSI Michel, écrivain, BRUSK, artiste graffeur, CALAME Claude, anthropologue, CHAMOISEAU Patrick, écrivain, poète, CLUZAN Sophie, archéologue, CURLET François, artiste peintre, DAKHLIA Jocelyne, historienne, DAMASIO Alain, écrivain, D’ALMEIDA Fabrice, historien, DAYAN-HERZBRUN Sonia, sociologue, DESCHAMPS Fabianny, cinéaste, DESGRANDCHAMPS Marc, artiste peintre, DI ROSA Hervé, artiste peintre, DISIZ LA PESTE, rappeur, DROZ-VINCENT Philippe, politologue, ESTRELLA Miguel Angel, pianiste, FABRE Thierry, essayiste, FLEURY Eric, artiste peintre, FOCCROULLE Bernard, organiste, compositeur, chef d’orchestre, FOURRIER Philippe, entrepreneur, FRANÇOIS Etienne, historien, GABART François, navigateur, GAGLIONE Nielo, musicien, GAUDE Laurent, écrivain, GLUCKSMANN Raphaël, essayiste, GEZE François, éditeur, GUEDIGUIAN Robert, réalisateur, GUYARD Pierre, producteur de cinéma, HELFER-AUBRAC Renaud, militant humanitaire, HENIN Nicolas, journaliste, HERBELIN François, capitaine de la marine marchande, HOUSSEIN Rohan, artiste vidéo, graff, musique, IAM, artistes, musiciens IMHOTEP, DJ, musicien, JOURDAIN Roland, navigateur, KAHN Axel, médecin généticien, KSIKES Driss, auteur, dramaturge, LABORIER Pascale, politologue, LABOURGADE Christelle, artiste peintre, LAMAZOU Titouan, artiste, navigateur, LAVILLIERS Bernard, auteur compositeur interprète, LOIZEAU Emily, auteur, compositeur interprète, LOJKINE Boris, cinéaste, MADAME MONSIEUR, auteurs, compositeurs interprètes, MAKEÏEFF Macha, auteure, metteure en scène, MARCOU Jean, politologue, MEURICE Guillaume, chroniqueur radio, MOATTI Jean-Paul, économiste, MONCANY DE SAINT AIGNAN, Frédéric, président du Cluster, Maritime français, MOREL François, chronique radio, comédien, chanteur, NEKFEU, rappeur, OGRES DE BARBACK, musiciens, ORSENNA Erick, écrivain, OUJDI Rachid, réalisateur, PENNAC Daniel, écrivain, PERALDI Michel, anthropologue, PIKETTY Thomas, économiste, QUEFFELEC Anne, pianiste, RENAUD, auteur compositeur, interprète, RYFMAN Philippe, avocat et politologue, SAVALL Jordi, musicien, SISSOKO Ballake, musicien, STORA Benjamin, historien, THURAM Lilian, sportif, TORRETON Philippe, comédien, TROUBLE Bruno, skipper, URVOY Marianick, psychologue, VANHONAECKER Charline, journaliste, VIDEAU Philippe, armateur, WIEVIORKA Michel, sociologue, WILD Nicolas, auteur de bandes dessinées, WIHTOL DE WENDEN Catherine, politologue,
MÉDIAS (GRANDE CAUSE NATIONALE) Dons en nature valorisés dans nos comptes : Amaury Media (L’EQUIPE TV) CANAL+ (VICELAND, Planète +, Comédie +, Infosport +, Non stop people, Campagne TV) IP France (RTL) Lagardère Publicité (Europe 1, Virgin radio, RFM, RFM TV, VIRGIN radio TV, Elle Girl) M6 (6TER, W9) NRJ (NRJ12, NRJ hits, Station 25, NRJ, Chérie 25, Nostalgie, Rires et Chansons) REGIS (Mangas, TREK, Animaux, Toute l’Histoire, Sciences et Vie TV, Chasse et Pêche, AB Moteurs, AB1) TF1
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Source : le 20/08/2018 mariedefrance commentatrice chez Ivan Rioufol (d'après le journal le parisien)
Rédigé par : yamamotokaderaté | 20 août 2018 à 14:24
La définition de la miction est l’évacuation des urines de la vessie rendue possible par le relâchement de son sphincter et la contraction de son muscle, le détrusor. Philippe Bilger aurait pu utiliser le mot 'pisse' moins précieux mais tout aussi imagé. On l'emploie bien dans l'expression : 'pisse-copie' se référant à ce qui n'est qu'un 'écriveur' tâcheron rédigeant abondamment et médiocrement.
Pour une obscure raison, Philippe Bilger affectionne l'emploi des termes médicaux pour enrichir ses billets. Qui n'a pas lu le terme "hémiplégie" qui revient à foison sur son blog, toujours évidemment utilisé dans son sens figuré.
Mais l'emploi n'est pas toujours pertinent.
Ainsi à un des tweets de l'ex-magistrat daté du 27 juillet dernier : "Le problème des députés est qu'ils sont hémiplégiques. Untel* en pointe dans la commission d'enquête #Benalla c / Macron freinait des quatre fers quand hier on visait #NS @Le_Figaro" ayant généré le commentaire : "Je crains que Philippe Bilger n'ait été victime d'un dérapage de vocabulaire. Il parle d'hémiplégie là où il eût fallu parler d'amnésie. En médecine, on ne confond pas la motricité avec la mémoire. Recherche de préciosité de langage n'excuse pas tout", il répliqua, sentencieux : "Je maintiens hémiplégie !".
* Guillaume Larrivé
Rédigé par : finch | 20 août 2018 à 11:24
Pour un grand livre, il faut un grand talent (ne parlons pas du génie). Lorsque le talent fait défaut, on a recours à la documentation. Un prix littéraire récent fait étalage dans ses remerciements de tous les spécialistes consultés, des revues spécialisées, des bouquins consultés etc., comme une justification de l’absence d’inspiration, de flamme, de chaleur, de talent, d'originalité. L'auteur a bien étudié son sujet et pond un bidule stéréotypé avec des personnages convenus et une intrigue sans surprise. Il est vrai qu'il écrit bien. sans plus.
Imagine-t-on Maupassant, Zola ou Mauriac faire étalage de leurs sources ? Et nous expliquer pourquoi ceci et pourquoi cela ? C'est le travail des critiques, des lecteurs, des passionnés. Un auteur inspiré ne devrait pas avoir à se justifier.
Rédigé par : Solon | 20 août 2018 à 11:15
Le journaliste André Clavel ne disposant pas de fiche Wikipédia, si on ne sait pas de qui il s’agit on peut toujours lire de ses articles ICI où ils sont mis en ligne de façon récapitulative par le quotidien suisse, Le Temps.
Mais vous n'échapperez pas à Wikipédia pour autant, en l'espèce, le wiktionnaire :
« Miction (fém.) Du latin mictio dérivé de mingere (« uriner »).
1. (Physiologie) Action d’uriner.
Le pantalon mâle s’est enlisé dans une ornière, spécialement la braguette, qu’il faudrait reporter à l’entre-jambes, sous forme de pièce à bascule par où, indépendamment de toute question sordide de miction, les bourses pourraient sortir prendre le frais, tout en restant cachées aux curieux. Le caleçon serait naturellement à corriger dans le même sens. — (Samuel Beckett, Mercier et Camier, 1946. p. 118.) »
Donc, a priori, pas de sens figuré mais un bon conseil.
« Je me suis fait un petit plaisir facile avec le titre mais il faut entendre le terme miction non pas dans son sens propre mais plus généralement comme l'expression d'une déjection personnelle, d'une représentation ostensible, vulgaire et impudique de soi. » (PB)
Je sais un auteur auquel je devrais faire part de votre opinion…
Maintenant, je ne sais pas s’ils apprécieront la qualification mais la miction est, au sens où vous l'entendez, un genre littéraire au Japon.
Il s’agit de la période de l’histoire littéraire qui est celle des ères Meiji (1868-1912) et Taisho (1912-1926) donc de 1868 à 1945.
La littérature japonaise moderne (fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours) correspond à l'ouverture du Japon et à son exposition au monde occidental. Une seule forme littéraire tend à se développer dans cette période : le shishōsetsu (ou watakushi-shōsetsu, soit le roman à la première personne, une expression où shi (ou watakushi ont pour sens "JE" et où shōsetsu désigne « le roman ».
Je cite : « Ces courtes histoires ont pour personnage principal l'écrivain lui-même et ont une allure assez confessionnelle dans leur façon de transmettre les expériences signifiantes de la vie de l'auteur. La littérature moderne combine les influences existentialistes des anciens écrits zen et les réalités du monde actuel en les plaçant dans un contexte moderne où le progrès rapide ne sert qu'à exacerber le sentiment d'aliénation ressenti par l'auteur. »
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 août 2018 à 10:04
Merci duvent, merci les semtob des tombes qui parlent, merci notre hôte, de mettre en lumière nos imperfections de sources taries qui ne savent plus être au monde sans en être, qu'il n'y a plus que l'espérance de savoir repérer la trace que le réel laisse en nous, nous gardant de la tentation héroïque du romantisme, celui qui nous empêche d'accéder à la juste conversion romanesque, mais :
Tout proche
et difficile à saisir, Le Dieu !
MAIS aux lieux du péril, croît
aussi ce qui sauve.
Dans la ténèbre
Nichent les aigles et sans frémir
Les fils des Alpes sur des ponts légers
Passent l'abîme.
Ainsi, puisqu'autour de nous s'amoncellent, dressées,
Les montagnes du Temps,
Et que les bien-aimés vivent là tout proches, languissant
De solitude sur les cimes séparées,
Ouvre-nous l'étendue des eaux vierges,
Ah ! fais-nous don des ailes, que nous passions là-bas, cœurs
Fidèles, et fassions ici retour !
Hölderlin, Patmos
La suite du poème est ici, dans une traduction à mon sens moins éclairée :
http://francais.agonia.net/index.php/poetry/1788096/PATMOS
Rédigé par : Aliocha | 20 août 2018 à 09:57
Bonjour,
« Peut-être convient-il de cibler un autre manque qui de nos jours affecte ce que l'exploitation honnête du réel pourrait engendrer ? Il s'agit moins dorénavant du réel que de leur réel, moins de la réalité objective et constatable par tous, même si le livre la dénature, que de leur seule réalité personnelle qu'ils ne parviennent plus par ailleurs à transcender parce qu'ils sont prisonniers d'elle et qu'elle impose sa loi à l'écrivain heureux de n'avoir plus le moindre effort d'imagination à faire. »
Il est vrai qu’aujourd’hui les écrivains manquent d’imagination. Je ne parle pas seulement des auteurs dont les historiettes, qui font encore rêver quelques esprits fleur bleue, se retrouvent régulièrement en tête de gondole au rayon librairie des grandes surfaces. Non je parle d’écrivains, des vrais, dont le talent ne saurait être contesté et qui ont tendance à délaisser le fruit de leur imagination pour puiser sans vergogne dans les bases de données quasiment illimitées d’Internet.
Il est si facile, en quelques clics, d’aller trouver des renseignements utiles, sur le plan historique, politique, philosophique, scientifique, qui ne demandent qu’à être récoltés sur la Toile et qui serviront de matière au livre que l’on est en train d’écrire.
Si l’on n’y prend garde cela peut même aller jusqu’au plagiat en pompant allégrement des paragraphes entiers d’un autre auteur. Beaucoup de personnalités connues se sont fait prendre à ce jeu-là.
Il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, ainsi que vous le soulignez, même nos « belles plumes » ont tendance à s’attarder davantage sur leur réel, souvent fataliste et tristounet, plutôt que de nous offrir une vision poétique, pourquoi pas déjantée de notre monde. Hélas, il semble que la banque de données ait supplanté l’imagination de nos auteurs préférés.
La faute à la paresse sans doute.
Rédigé par : Achille | 20 août 2018 à 09:19
Bonjour
Deux remarques :
Vous regardez le passé avec les lunettes du présent, donc vous ne voyez que les écrivains qui ont "survécu". Au milieu du XIXe vous auriez peut-être eu du mal à identifier que ce serait sans doute le siècle du roman français avec notamment Stendhal, Balzac ou Flaubert et vous auriez regretté Choderlos de Laclos, Chamfort, Montesquieu, Voltaire...
Je sais que "tout était mieux avant" mais si vous êtes attentifs vous pouvez lire de bons livres autrement que chez Michel Houellebecq avec par exemple Pierre Lemaitre, Emmanuel Carrère, Henry Bauchau...
Rédigé par : Charles | 20 août 2018 à 09:19
Fiction ou perfection poétique et onirique de l'imaginaire ? Lire le cycle des Contrées, c'est commencer par un rêve de pierre et ne plus voir sortir d'une terre qui appelle ailleurs... Il y a le mouvement de la découverte, du rêve, et l'immobilité, le repos, la contemplation de la perfection d'un style.
Pour l'autorité d'un autre avis que le mien, pour ne pas chercher (j'hésiterais trop longtemps pour trouver un extrait rendant justice à l'auteur et je n'aime pas copier) et qu'il m'a davantage plu que d'autres :
http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2012/01/11/jacques-abeille-%C2%AB-les-jardins-statuaires-%C2%BB-une-langue-d%E2%80%99or-au-service-d%E2%80%99un-imaginaire-poetique/
Rédigé par : Noblejoué | 19 août 2018 à 22:27