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12 janvier 2019

Commentaires

Bruno Féral

J'ai beaucoup de respect pour cet écrivain, qui est définitivement un Seigneur, comme pouvaient l'être en leur temps Giono ou Pagnol.

Natif d'un petit village pyrénéen, je reste pantois à la lecture de "Pays perdu" ou de "la Première pierre", car je connais un petit peu les codes non écrits qui régissent la vie de ces villages ; en gros, et en vulgaire, c'est "ferme ta gue*le", et en plus policé, "toute vérité n'est pas bonne à dire".

Oui, mais alors, que serait un récit dégoulinant de bons sentiments et de descriptions de lieux incontournables pour citadins en mal de nature ?

Courage, témérité, inconscience de l'auteur ?
Je ne saurais le dire.

Ce qui est certain, deux livres uppercut qui resteront dans la littérature, quand nous, nous retournerons à la poussière.

Aliocha

Il vous pardonnera, Xavier, comme vous pardonnez à ceux qui vous ont offensé, et dans cette exacte mesure, c'est encore plus simple que le plus simple, et vous serez jugé à la mesure dont vous avez usé pour juger.
Cela devrait modérer vos sévérités, et vous aider à maîtriser la bave des insultes qui brille à votre lèvre consacrée.

Mary Preud'homme

Entretien passionnant de bout en bout. Sans doute parce que l'homme est authentique, ne se dérobe devant aucune question et répond toujours au plus près de ce qu'il est (et fut) dans toutes ses dimensions et contradictions.

D'abord homme de dialogue et d'ordre mais capable de réaction et d'indignation (cf le coup de poing !) si l'interlocuteur se montre particulièrement virulent ou de mauvaise foi.

Catherine JACOB

Passionnant. Ça m’a donné des idées par rapport à une présentation épineuse sur laquelle je réfléchis à batailler courtoisement.

Xavier NEBOUT

La dégaine, la barbe, "participe de", dès les premières phrases, les limites sont posées.
L'intérêt de ces entretiens est de pouvoir faire l'économie de lire les invités, car il y a une constante - mais j'en ai peut-être raté certains en tout ou partie -, c'est le niveau spirituel zéro.

Alors je me demande: s'il m'invitait...

Tout d'abord, lorsqu'il me demanderait de me présenter, je répondrais que ça n'a aucun intérêt, qu'il n'y a qu'une question qui vaille: "qu'entendez-vous par le mot Dieu ?"
De là, je devrais m'efforcer de retenir l'être face au monde pour ne parler que d'être face au monde.
Le sujet devient plus facile avec l'âge. On se prend plus souvent à méditer et contempler.

Et puis viendrait la question "quelle est votre relation avec le Christ ?", ce à quoi je répondrais que l'intimité avec Jésus, aussi relâchée soit-elle, ne se dévoile pas.
Mais le sujet est vaste.

Et enfin : "aimez-vous assez votre prochain pour être attiré par lui après votre mort", et je devrais répondre en substance "Dieu me pardonne !".
Pardonnera-t-il ?

Patrice Charoulet

Cher Philippe,

On parle couramment du Jourde et Naulleau, comme on parle du Lagarde et Michard, qui, pour le dire en passant demeure irremplaçable dans les lycées. Vous aviez dialogué une heure avec Eric Naulleau. Tout naturellement, vous avez songé à inviter Pierre Jourde. Qui est venu.

Je viens de commettre d'affligeantes pauvretés sur la barbe épidémique. Je ne connaissais pas la tête de votre invité. Dès que je l'ai vu, j'ai pensé : c'est un type de gauche. Pas seulement d'ailleurs par la barbe. De même que, lorsqu'on voyait Georges Pompidou, on ne pouvait pas imaginer un seul instant qu'il fût de gauche. Dans l'entretien, ce fut confirmé explicitement quand on apprit que votre invité avait été de l'Union des étudiants communistes !

Le reste de ses propos m'a donné une idée beaucoup plus favorable de lui. J'ai beaucoup apprécié le développement sur Israël. Oui, Israël est la seule démocratie de la région. Oui, la peine de mort n'y existe pas. Oui, les antisionistes françaises disent des bêtises en se servant de ce grief pour être tout simplement antisémites. Oui, le parti antisioniste de Dieudonné était aussi débile que si l'on créait en France le parti antichinois, le parti antiaméricain, le parti antibritannique...

Pierre Jourde n'a pas lu tous vos textes de votre blog, contrairement aux habitués, dont je suis depuis deux ans. Il ne savait pas que l'un de vos thèmes chéris est que vous n'êtes pas conservateur, mais réactionnaire. Vous tenez beaucoup à ce qualificatif. Or, il m'a amusé de l'entendre dire, en vous répondant, qu'il n'était pas réactionnaire, et il a dit pourquoi, mais qu'il était conservateur, et il a dit pourquoi. Cela m'a ravi, car, à mon niveau, infime et obscur, je revendique, moi aussi, être conservateur.

Enfin, il a eu raison de décrier Angot, à deux reprises, dont Naulleau a dit aussi publiquement qu'il s'agissait, avec cette dame, d'une véritable imposture.

Je ne sais pas ce que pense Jourde du dénommé Houellebecq, mais je sais très bien ce que Naulleau vient de dire - ce n'est pas la première fois - dans le dernier « Zemmour et Naulleau ». Ce fut un éreintage en règle, tout à fait justifié. Je partage tout ce qu'il a dit. Mais il aurait dû être beaucoup plus sévère encore. Il a au moins eu le mérite de dire en commençant : « Houellebecq est aux grands écrivains ce que le beaujolais nouveau est aux grands crus ». Cent fois oui.

semtob

Cher Philippe,

En suivant cet entretien, il semblerait que la recherche stylistique de Pierre Jourde, le Paul et Micoeur ou le Paul et Mickey se rapproche de la recherche de Henri Ghéon qui, décédé avant la fin de la guerre, a vu son immense travail sur le théâtre tomber dans l'oubli. Or, il existe à la BNF un important fonds sur ses correspondances avec James Joyce et contemporains et son oeuvre théâtrale qui intéresse la période sur laquelle votre invité travaille beaucoup qui dort injustement dans des cartons.
Les correspondances d'Antonin Artaud sont sorties de la poussière et nous aimerions que le travail d'Henri Ghéon trouve lui aussi la lumière et participe à la rencontre des temps.
Cet auteur oublié se battait pour que le théâtre retrouve à la fois la simplicité des décors et la richesse du style théâtral dans les ressorts de la tragédie et des mythes avec une certaine créativité.
françoise et karell Semtob

duvent

Mais qu'est-ce que c'est que cette barbe ? Comme dirait M. Charoulet...
Et puis, qu'est-ce que c'est que cette masse de platitudes ? Comme dirait moi...

Tout est plat, mais le plus plat est le propos sur la boxe, que je ne pratique pas, évidemment, c'est la raison pour laquelle je peux en parler très bellement...

Je ne suis pas contre la possibilité de rosser copieusement M. Jourde, car il existe en moi aussi un certain plaisir à me confronter à la biologie de l'autre...

En ce début d'année nous sont livrés quantité de scribouilleurs héroïques et indépendants, c'est extraordinairement vivifiant.

Bonté divine ! Que c'est beau les hommes libres, indépendants d'esprit et charmants...

"Si tout est bon rien n'est bon." C'est fort, c'est puissant, comme quoi déjà ?? Comme complexité et force d'un coup de poing donné par un homme courtois...

sbriglia

N’imaginez surtout pas que "Pays perdu" soit une image fidèle de tous les villages du Cantal !....

Merci de lui donner cette visibilité sur votre blog... pour sortir des « happy few ».

Savonarole

@ vamonos

Sur Angot

https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20081021.BIB2243/christine-angot-un-big-bang-litteraire.html

Robert Marchenoir

Bon client, bel entretien.

Je retiens sa défense de l'indépendance d'esprit, son étonnement devant la servilité de la critique littéraire, son constat de l'indifférence totale des journalistes français à l'égard des faits... et aussi :

"Un mauvais langage infecte les esprits. Ce qui est mal écrit ne dit rien."

Sur la mode des livres d'autofiction :

"Je suis intéressant parce que je suis moi. Ou breton, ou noir, ou bossu. C'est le discours infantile de l'homme contemporain."

(La bataille des pseudos.)

Sur l'agression qu'il a subie, suite au livre écrit sur son village :

"Ça a été extrêmement violent. J'ai eu six personnes sur le dos qui cherchaient visiblement à me tuer. Les enfants ont pris des jets de pierre. Il y avait danger de mort d'enfants."

"Je savais que ce pays était violent. Il l'est toujours. Les gens qui vont dans certains coins reculés d'Auvergne sont frappés par la violence des mœurs."

"Un village du Cantal très isolé, vingt habitants, les derniers paysans. Nous vivons la fin de la vieille société paysanne française. Là je le dis avec nostalgie, parce que c'était beau."

(Explication des Gilets jaunes.)

Sur l'idéologie anti-raciste :

"Ce sont des gens qui inventent un racisme en grande partie imaginaire pour pouvoir accuser tout le monde de racisme. C'est une manière de prendre le pouvoir à la garde rouge, et pour persécuter. C'est un des grands dangers. On ne peut plus rien dire de rien ni de personne. Peut-on encore parler de l'islam ?"

"Dieu sait que l'antisémitisme me paraît un crime contre la pensée, mais la loi Gayssot me paraît mortifère de ce point de vue-là. La pensée s'attaque par la pensée."

"Je suis conservateur, parce que nous avons à préserver un héritage."

"Jadis, il y avait plus de dureté, mais plus de civilité."

Et puis, cet échange :

"-- Mais pourquoi est-ce que le réel fait peur sur beaucoup de plans aux journalistes, aux politiques ?... Qu'ils soient parfois de droite ou de gauche ?..."

"-- Parce qu'il les met en contradiction. Comment penser que celui qu'on considère comme un opprimé, comme une victime, soit en même temps un oppresseur ?"

Et cet autre, qui me rappelle quelque chose :

"-- Je suis frappé de voir une forme de contraste, chez vous, entre le formidable batailleur des lettres que vous êtes, et en même temps l'être infiniment urbain, courtois, modéré, tranquille dans la forme. Ça a toujours été comme ça, chez vous ?"

"-- Pour vous prendre un exemple très concret, j'essaie, je ne sais pas si c'est toujours le cas, d'être très courtois. Dans la ville, dans la rue, dans le métro. Mais quand je m'aperçois qu'il y a, en face, quelque chose qui ne va pas avec cette courtoisie, et qui tient de l'agressivité, je ne comprends pas. Et à ce moment-là, je passe directement au coup de poing dans la figure. C'est un fonctionnement..."

vamonos

J'avais commencé à lire "La littérature sans estomac", je m'étais arrêté assez vite après avoir détaillé le pamphlet féroce à l'encontre de Christine Angot. Ce n'était pas à cause de Pierre Jourde mais à cause de la vacuité immense de la littérature de Christine Angot. Ex nihilo, nihil.

Cet entretien m'a donné l'énergie pour reprendre la lecture de "La littérature sans estomac" dont j'ai toujours un exemplaire, Dieu merci.

boureau

Pierre Jourde

Personnalité intéressante. Spécialiste de la littérature du XIXe siècle dit-il, j'aurais aimé qu'il développe tellement ce siècle est passionnant en matière de littérature.

Pourquoi les enseignants se croient-ils obligés de se présenter dans un décontracté vestimentaire et poilu ?

Digression :

A vérifier sa production littéraire et ses multiples occupations, il me fait penser inévitablement au syndrome de "l'enseignant mal payé - dit-on - pour le travail qu'il fait".

Ils se disent débordés par leur travail et mal payés, alors qu'ils cumulent entre quatre et cinq mois d'absence par an de leur lieu de travail, alors qu'ils publient à tour de bras des livres que peu lisent (c'est incroyable le nombre d'enseignants qui seraient débordés par leur travail d'enseignement et qui sont de véritables stakhanovistes de la publication) !

Il est vrai que la République, bonne fille finalement, ne leur fait que peu d'obligations. Et leur a accordé, au cours de ce demi-siècle passé, des privilèges par brassées.

Cordialement.

Achille

Invité intéressant et plaisant à écouter. J’ai bien aimé l’anecdote où il parle des élèves chaudronniers échangeant avec Mohamed.
Bel exemple d'échanges démontrant qu'il est possible d'agir sur certains préjugés simplement par le dialogue.

Savonarole

Un vrai bonheur !
Je n'ai pas tout lu de Pierre Jourde, mais je garde un excellent souvenir de ses pastiches et lorsqu'il lui est arrivé de dégonfler quelques montgolfières du milieu littéraire il l'a fait avec talent et une férocité réjouissante (Philippe Sollers) !

France Télévisions devrait lui donner une émission littéraire du type "La grande librairie", qui est devenue un véritable assommoir.

P.-S.: À quand un entretien avec Patrick Rambaud ? Ses parodies étaient également formidables ("Mururoa mon amour", Lattès, 1996 - sous le pseudonyme de Marguerite Duraille).

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