Il paraît que la grande mode est pour d'anciens amants "de nouer une relation d'amitié après la séparation. Mon ex c'est comme mon frère, c'est comme ma soeur, assurent les as de la réconciliation" (Le Monde).
On me pardonnera d'aborder ce thème intime qui relève de la psychologie de chacun mais offre l'avantage de nous faire quitter les rivages de la politique où, semble-t-il, les ex sont condamnés à le rester.
Dans le domaine du coeur et du sentiment, tout est possible certes. Ceux qui souhaiteraient le régir par des règles rassurantes seront forcément déçus. Son imprévisibilité fait peur à des âmes qui ont besoin de repères fixes.
Pourtant j'avoue que j'ai du mal à me situer dans un monde où les frontières ne sont pas nettes. Un monde où des glissements s'opèrent et où une forme de relativité s'inscrit dans le processus humain fondamental qu'est un amour puis dans son effacement. Je ne discute pas l'implacable couperet du divorce et de la séparation souvent inéluctable, voire nécessaire mais il me semble que pouvoir migrer sans difficulté de l'intensité d'une passion amoureuse à la chaleur d'un lien amical n'est pas loin peut-être de représenter un déficit sur les deux plans. On n'aimait pas assez puisqu'on a pu se satisfaire ensuite de l'amitié. On n'avait pas un sens suffisamment profond et intrinsèque de l'amitié puisque cette dernière s'est contentée d'être un rebut de l'amour.
Je sens bien comme cette aspiration à maintenir les sentiments dans leur univers spécifique sans que les uns viennent polluer les autres est contraire à la modernité. Elle aime ériger la précarité au sein du durable et le contingent dans l'absolu. Peut-être comme une sagesse, voire un pragmatisme du coeur et de l'esprit qui consisterait à prévenir, dans le présent du bonheur, les atteintes que causera le futur. Une philosophie du quotidien interdisant de s'avancer trop avant, de peur d'être déçu après...
En même temps ce n'est pas si simple. J'ai conscience que la force d'âme peut être précisément de ne pas chasser les ex, de ne pas répudier toutes les pages du passé malgré l'écriture d'un nouveau livre. La coexistence entre ce qu'on avait vécu dans l'amour fou et ce qui s'est délité est peut-être la manifestation d'un être suffisamment assuré pour laisser advenir l'amitié après l'amour ; pour procéder à une séparation de raison comme il a pu exister des mariages de raison.
Dans les milieux artistiques et culturels, sans que j'aie à juger les évolutions des vies et des destins, en me méfiant d'un puritanisme de mauvais aloi, je suis toutefois attentif à la multiplication de ces éternités de courte durée sur lesquelles les médias brodent et qui à chaque fois nous servent un bonheur tout neuf jusqu'à son usure quasiment inéluctable.
La souplesse me fait défaut. Alors que je raffole de la psychologie et des chemins obscurs par lesquels notre condition est obligée de passer, quand je lis que "l'ex est la seule personne à qui je peux déposer ma douleur : ma fausse couche, ma dépression...Nous éprouverons toujours de la compassion l'un pour l'autre", je ressens comme un immense gâchis. Puisque c'est si bien après, pourquoi avoir rompu pendant ?
A tort ou à raison, je ne pourrais pas m'empêcher de craindre que, les ex toujours là, il y ait à cause de cette persistance comme une preuve de la fragilité de mon choix d'après. Besoin d'une absolue certitude : que le passé soit mort et le présent seul maître.
Qu'il y ait de la folie dans la passion n'est pas bouleversant de nouveauté : les siècles en témoignent.
Voilà que vous nous plongez dans le monde des bisounours cher P. Bilger ! Nous voilà repartis dans les salons de Madame de Lafayette et de Mademoiselle de Scudéry !
Monde totalement dans l'hubris ! L'égoïsme et l'amour de soi puissance mille !
J'aimerais tellement mieux que l'on se préoccupe des enfants de ces couples, ballottés entre la deuxième et la troisième famille bientôt la quatrième, et des rapports entre eux de tous les enfants issus de cette smala !
Silence ! Il ne faut pas faire de chagrin aux "ex" !
Des rapports occultés nous disent pourtant que les enfants de ce désordre artistique présentent pour une part non négligeable des retards scolaires, des problèmes de santé et des problèmes d'adaptation à la société (on s'en serait douté).
Mais booff ! Nous sommes une société du miroir : nous ne voyons que soi ! C'est le plus important. Le reste : booff !
Ce qu'est devenu le vivre-ensemble me révulse. En plus c'est faux : chacun vit uniquement pour soi !
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 11 septembre 2019 à 08:54
Tout ce que je peux dire sur les divorces, en tant qu’enfant de parents divorcés alors que je n’avais pas cinq ans, est que ce sont d’abord et surtout les enfants qui sont les premières victimes de la séparation de leurs parents que ce soit à l'amiable ou pas. En particulier à un âge où la cellule familiale constitue le seul univers que connaît l’enfant, ce qui est souvent le cas.
Se retrouver soudain avec un père, une belle-mère, une mère et un beau-père est quelque chose de traumatisant que je ne souhaite à aucun bambin.
Je n’évoquerai pas, bien sûr, la situation d’un enfant qui se retrouve avec deux pères ou deux mères car ceci est un autre sujet. Mai je pense qu'elle ne manquera pas de poser des problèmes d'ordre psychologique aux enfants concernés par cette cellule familiale déstabilisante.
Rédigé par : Achille | 11 septembre 2019 à 08:41
« Dans le domaine du coeur et du sentiment, tout est possible certes » dixit l’Honorable Honoraire.
J’ai pas compris ; tu veux que l’on se remette ensemble ?!
Rédigé par : Elusen | 11 septembre 2019 à 05:54