Mona Ozouf, avec finesse et intelligence, a fait récemment un superbe éloge des manières, qu'elle appelle les "égards", citant le philosophe Alain qui les définit, avec la politesse, "comme un allègement de l'existence". Elle dénonce "la spontanéité qui paraît gage d'authenticité mais ne permet pas d'accéder à la vérité... Pour l'atteindre il faut miser sur la lenteur et se garder de la transparence" (Le Figaro).
Il est clair que je suis sensible à la théorisation des manières, de la politesse et de la civilité parce que je crains d'en manquer... Je me sens concerné, par exemple, par la critique de la spontanéité qui m'est toujours apparue comme une chance, sans présomption, de ma nature.
Pourtant il faut réfléchir, douter de soi, tant certaines personnalités sont si brillantes et incontestables dans leurs analyses qu'elles contraignent à se remettre en cause.
D'abord convient-il que je questionne mon obsession de la forme, de la qualité de l'expression sur quelque support que ce soit - et j'admets que pour tenter de les respecter et de ne pas succomber à la vulgarité, surtout sur Twitter, cela relève d'un travail d'Hercule. Pourtant je crois n'avoir aucun mérite dans l'exercice de cette ascèse quotidienne tant la grossièreté me semble ressembler à des pustules sur un beau visage mais qu'on se plairait à défigurer à loisir.
Cette passion du langage urbain ne serait-elle pas un prétexte pour m'abandonner sur le fond ou dans beaucoup de mes attitudes sociales ou personnelles, à des contradictions, des résistances, des énervements ou des injonctions qui pourraient caractériser un défaut de civilité ? En effet dans celle-ci il devrait y avoir d'abord une acceptation sereine des propos de l'autre, une indifférence délibérée à l'égard de toutes les scories de la parole et de l'être - c'est répétitif, trop long, ennuyeux, aucun détail ne vous est épargné, c'est une conférence et plus du tout un échange - et une urbanité délicate incitant à prendre l'autre comme il vient et se montre, et encore plus quand il s'agit d'un ami...
Dois-je battre ma coulpe et considérer que j'éprouve sur un mode trop précipité des lassitudes ou des impatiences et que je ne saurais m'en exonérer par la priorité systématique donnée à mes humeurs ?
Quand par ailleurs je pourfends cette habitude lamentable de ne jamais répondre aux courriers et aux mails, d'être incapable même du plus modeste accusé de réception en dépit, parfois, d'un secrétariat très étoffé et que, obstinément, je renvoie dans l'attente d'une réaction, faut-il me féliciter pour ma constance ou me juger trop peu civil ? Mettre l'autre face à ses carences est-il honteux même si on tente d'échapper, soi, aux abstentions qu'on lui reproche ?
Avoir des enthousiasmes, des compliments sans fard et des critiques sans complaisance - je songe à ces journalistes que j'ai appréciés et qui m'en ont voulu parce que j'ignorais que d'autres discutables étaient dans leur mouvance très amicale - à l'expérience crée plus d'incommodités et de retraits que de satisfactions. S'avancer trop, c'est faire reculer certains. Souvent ceux qu'on préfère. La passion est-elle une offense à la civilité ?
Ne jamais pécher par indifférence, tout prendre à coeur et à esprit, ne tenir rien pour léger et dérisoire, ressentir comme un devoir, dans les mille circonstances de la quotidienneté, l'impératif de dire et de faire savoir, cela relève-t-il d'une pathologie qui oublie que la vie sociale est d'abord élégamment hypocrite, ou d'un courage personnel ? Malappris ou provocateur, trop sincère ou pas assez dissimulateur pour la bonne entente ?
Convient-il de s'estimer si peu important, tellement secondaire par rapport aux joutes sociales et intellectuelles, que devraient compter seulement les attentions pour l'autre ?
Le paradoxe est que dans mon existence sur laquelle pèse une rusticité à tous points de vue - on n'est pas petit-fils de paysan pour rien ! -, je n'ai pas cessé d'admirer les êtres pétris de classe et d'allure, d'une élégance infinie, avec un art de se mouvoir dans la vie comme s'ils étaient chez eux, naturellement sociables et distingués.
Mais en même temps je n'ai cessé de dénoncer la superficialité et le conventionnel des pensées tièdes et monotones faute de liberté et d'inventivité, à cause de la propension à ne pas prendre l'intelligence pour un défi mais comme une rente confortable et à la longue usée, une façade destinée seulement à faire illusion ? C'est à distinguer de ce qui serait "sans tabou" selon Bigard (Valeurs actuelles) qui n'est qu'une tentative de "vulgariser" le vulgaire !
Suis-je trop peu civil ?
Je ne veux pas être dupe de moi. Cette apparente contrition, cette lucidité un zeste masochiste ne seraient-elles pas le moyen le plus sûr pour me permettre de continuer comme avant ? Y a-t-il des examens de conscience vraiment authentiques qui vous condamnent au lieu de vous laisser les coudées franches pour l'avenir?
On ne se débarrasse pas si aisément de soi.
VARIA
François Gachoud, en 2005, a écrit un article de journal titré : « Heidegger ou Heil Hitler ? ».
Qui n'a pas lu tous les écrits de Heidegger sera tenté de réagir en disant : inadmissible question !
Or, je lis une lettre de Heidegger du 11 août 1934 à Rothacker, qui se termine par « Heil Hitler ! »
Les vrais spécialistes pourront la retrouver. De plus, mille preuves irréfutables de nazisme ont été fournies par Emmanuel Faye, dans son livre qui fait autorité Je fais observer aux défenseurs têtus de Heidegger que le nombre de philosophes dignes de ce nom qui terminaient leurs lettres par « Heil Hitler ! » ne sont pas légion.
*
Les enfants que je n'ai pas eus ne savent pas tout ce qu'ils me doivent. (Cioran)
*
Les mortels n'ont pas moins de soin d'ensevelir les pensées de la mort que d'enterrer les morts mêmes. (Bossuet)
*
Rien n'est plus vieux que le journal de ce matin, et Homère est toujours jeune. (Péguy)
*
J'ai redoublé ma 4e, ma 3e et ma 1ère. (Charles Gave)
*
L'Europe sera un Etat fédéral. (Aristide Briand, 1926)
*
Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. (Boumédiène)
*
Ne dites à personne que vous lisez Joseph de Maistre. (Sollers, 2006)
*
Vous savez qui m'a influencé ? Tout le monde. (id.)
*
On peut appeler de plusieurs façons les militants ou les élus macronistes. Il m'est absolument insupportable de lire ou d'entendre pour parler d'eux « les marcheurs ».
*
Après avoir fourni mille preuves de nazisme et d'hitlérisme en étudiant Heidegger, Emmanuel Faye
écrit : « Il ne nous est plus possible de voir en lui un philosophe. » Cette conclusion s'impose en effet. Qui sera contestée par ceux qui n'ont pas lu le livre de Faye et aussi, c'est un comble, par ceux qui n'ont rien lu de Heidegger, en se contentant de la rumeur publique et/ou des manuels scolaires courants.
*
Le portable prend la place du chapelet. (Ormesson, 2013)
*
...« l'embrassadeur », surnom d'un ambassadeur français très entreprenant (une sorte de DSK, quoi)
Rédigé par : Patrice Charoulet | 14 février 2020 à 17:49
Les drapeaux du Maghreb qui ont été hissés sur une église d'Albi, est-ce un acte civil ?
Les autorités catholiques appellent au dialogue. Plus benêt que ça, tu meurs !
Vous savez bien que les chrétiens tendent l'autre joue quand on les frappe. Ils ont pour habitude d'être complètement masochistes !
Le Christ, grand illuminé devant l'éternel, a fini crucifié et en triste état. Sur la croix, il aurait dit à un dieu hypothétique : "toi aussi, tu m'as abandonné". Il avait cessé de croire, lui aussi, mais trop tard...
Il n'avait pas compris qu'il y a de vrais méchants...
Quelle naïveté !
"Les paroles du Christ : entre la naïveté et le sublime." Cioran
"Les religions, comme les idéologies qui en ont hérité les vices, se réduisent à des croisades contre l’humour." Cioran.
Les Français, qu'ils soient croyants ou athées, ont visiblement gardé en eux cette naïveté qui va finir par leur être fatale...
Ils se soumettent de plus en plus aux barbares qui utilisent les couteaux, les voitures bélier, les menaces récurrentes quand on les contrarie. Pauvres chéris, facilement susceptibles, qui sont protégés par la macronie et un Président de plus en plus affligeant.
Des barbares qui se moquent comme d'une guigne de la "civilité"...
De Gaulle privilégiait trois mots dans cet ordre : La France, l'Etat et ensuite le droit.
Aujourd'hui, c'est le droit qui prime avec une justice qui ne condamne pas les assassins mais au contraire leur trouve des excuses bidon pour les victimiser. Quant aux vrais victimes qui sont mortes, elles, tout le monde s'en fiche !
Excellent débat hier soir entre Eric Zemmour et Denis Tillinac. De la haute volée !
https://www.youtube.com/watch?v=wKowJ9PNenw
Rédigé par : Isabelle | 14 février 2020 à 09:46
@ breizmabro | 13 février 2020 à 12:56
Peut-être pas les GT, mais saoulant et idiotic, alors ça oui !
Charoulet et son FB m'éneeeerve !
Rédigé par : Ellen | 13 février 2020 à 17:23
@ Archibald | 13 février 2020 à 08:56
"Mona Ozouf ! 88 ans !
La vache !"
Archibald, ne vous leurrez pas, la photo date de 1995 !
;-)
https://www.gettyimages.fr/detail/photo-d'actualit%C3%A9/the-writer-mona-ozouf-in-paris-france-in-february-photo-dactualit%C3%A9/110140390
Rédigé par : Pierre Blanchard | 13 février 2020 à 17:01
@ Ellen 12 février 2020 à 22:19
Je confirme. Je crains pour mes gamma-GT.
Rédigé par : breizmabro | 13 février 2020 à 12:56
@ Ellen
"ENCORE CHAROULET - Lire de toute urgence"
J'ai lu : c'est encore de plus en plus patétrice. Et nous faire ça le jour où une philosophe agrégée reçoit tous les éloges, pour son dernier ouvrage, des commentateurs de ce blog (Mona Sohier est sur la longue liste des agrégés de philosophie, juste avant, hasard de l'histoire, monsieur Philonenko, qui enseigna en son temps notre nouvel et prolifique adhérent de Facebook). A chacun ses lecteurs.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 13 février 2020 à 11:54
"Suis-je trop peu civil ?"
Cher PB,
Ne vous inquiétez pas. Comme tout homme bien élevé, vous avez la civilité naturelle, et l'incivilité sélective. Passer du prétoire au plateau de télévision est certainement un très grand changement et c'est un plaisir toujours renouvelé pour nous de voir vos opposants présenter leur réquisitoire, et d'apprécier votre défense.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 13 février 2020 à 11:11
"Suis-je trop peu civil ?"
Votre intervention du 12/02/2020 à "L'heure des Pros" à propos de P Balkany :
"Au fil de certains mercredis, vous vous rappelez que, contre votre propre pensée Pascal, j'ai soutenu le processus judiciaire qui maintenait notamment Patrick Balkany en prison.
Je ne change pas d'avis, mais je ne voudrais pas tomber dans un acharnement médiatique et judiciaire. Apparemment son état de santé est très gravement dégradé et ça ne me choquerait pas si aujourd'hui, il était remis en liberté. Je ne voudrais pas faire d'un infini coupable, un martyr.
Et lorsqu'il sera libéré, s'il l'est, je crois qu'on recouvrera la raison, il perdra son aura un petit peu aujourd'hui d'être très malade, très affaibli.
Je ne veux pas qu'il devienne un martyr."
Doit-on comprendre cher P. Bilger, et si oui est-ce civil, que de dire (de celui dont vous soulignez qu'il est un infini (sic) coupable) que sa remise en liberté vaudrait mieux, non pour sa santé - me semble-t-il - mais pour éviter l'image possible du martyr s'il lui arrivait de fâcheux problèmes de santé en prison ?
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 13 février 2020 à 11:08
@ Patrice Charoulet
Ce qu'a écrit Emmanuel Faye sur Heidegger pour tenter de démontrer l’affiliation de son oeuvre au nazisme est complètement pipeau.
Il y en assez sur Internet pour s'en convaincre.
Il faudrait d'autant plus sortir de l’obsession antinazie, que le phénomène présente infiniment plus d'intérêt que la simple diabolisation, étant bien entendu que s'y intéresser ne signifie pas y adhérer.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 13 février 2020 à 09:58
Spontanéité et civilité ne sont pas forcément et heureusement incompatibles.
Il est parfaitement possible de réagir à chaud, d'exprimer sur-le-champ ses désaccords, ses mécontentements, voire sa colère, sans pour autant brandir une arme blanche mais en usant au contraire de ce que j'appellerai de bonnes manières.
Il me semble qu'ainsi notre attitude, nos arguments n'en auront d'ailleurs que plus de poids.
Ce devrait être là, me semble-il, une manière d'être et d'agir conforme à notre nature humaine, ce que Montaigne exprimait ainsi : «Il n'est rien si beau et si légitime que de faire bien l'homme et dûment ».
Quant à vous Philippe Bilger, ne vous torturez point l'esprit, s'il est un être pour qui le terme « civilité » a un sens, il me semble, au travers de ce blog auquel je prends plaisir à participer, que c'est bien vous.
Rédigé par : Michel Deluré | 13 février 2020 à 09:30
Mona Ozouf ! 88 ans !
La vache !
Rédigé par : Archibald | 13 février 2020 à 08:56
@ Patrice Charoulet | 12 février 2020 à 20:19
De père en fils: Emmanuel Faye est le fils de Jean-Pierre Faye qui, en 2013, affirme dans une Lettre sur Derrida (éd. Germina, Coll. Cercle de philosophie) publiée à l'occasion des 30 ans du Collège international de philosophie, que dès ses commencements « le nazi Heidegger devient le maître à penser du Collège international de philosophie ».
JP Faye est connu pour une dispute avec Philippe Sollers qui s'est poursuivie au fil des colonnes de L'Humanité en septembre 1969, chacun accusant l'autre d'inspiration « fasciste » et revendiquant « la légitimité d’une référence à Derrida et, à travers lui, à Heidegger ».
Ce qu'il y a à penser de Heidegger se dégage de la lecture du texte même, selon un principe qui lui était cher, celui du retour aux textes, autrement dit à l'original, et non pas en se contentant de la moulinette Faye dont ce qu'il y aurait à interroger en premier lieu c'est leur rapport violent à la pensée heidegerrienne ainsi qu'à celle de ceux par le truchement desquels cette pensée a été connue dans notre pays à savoir, Jean-Paul Sartre, Jean Beaufret, Emmanuel Levinas, Jacques Derrida, Maurice Merleau-Ponty, Michel Foucault, alors que ce qui fait avant tout problème pour les penseurs soucieux d'exactitude, c'est son attitude lors de la période 1933-1934 durant laquelle, ayant répondu à l'appel de l'ancien recteur von Möllendorff, un social-démocrate obligé de démissionner et qui lui demandait de se présenter pour empêcher la nomination d'un fonctionnaire nazi, il fut élu recteur de l'université de Fribourg (avril 33) et les concessions faites alors aux étudiants SA de cette université (SA = Sigle du Sturmabteilung qui joua un rôle important dans l'accès au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933 puis ensuite jusqu'à l'assassinat de leurs dirigeants par les nazis qui ne jugeait plus utiles la violence et la terreur qu'ils exerçaient depuis 1926), sachant qu'il a démissionné de cette fonction et du parti en avril 1934.
Les témoignages d'étudiants au sujet de cette période sont contradictoires, certains voyant en lui un admirateur du nazisme continuant sa propre « révolution spirituelle », d'autres voyant dans ses cours l'une des seules échappatoires à la pensée totalitaire nazie. Il poursuit son enseignement jusqu'en 1944, où il est réquisitionné dans la milice en tant que « professeur non indispensable » pour effectuer des travaux de terrassement en bordure du Rhin.
On est quand un peu loin là, de l'introduction du nazisme dans la philosophie alléguée par les Faye.
Rédigé par : Catherine JACOB | 13 février 2020 à 08:52
Dîner avec un jeune khâgneux ; les concours dans deux mois.
La conversation tombe sur l’architecture mussolinienne. Il aime. Sa famille est juive, pas d’ambiguïté !
Il parle de la gare de Milan, bien sûr mais aussi de ces deux diamants enchâssés dans le coin de la place à droite du Dôme, deux admirables pavillons jumeaux.
On passe à l'EUR, la ville idéale, où l'on vit dans la grâce et la beauté. L'architecture qui habille le cadre de nos activités journalières.
Une ville peinte par Chirico, suiveur des artistes de la Renaissance qui imaginaient des villes sans habitants – les meilleures !
Claude-Nicolas Ledoux peut aller se rhabiller ! [Chez les Bilger on aurait évoqué l'article de Mona Ozouf dans Les Annales. Forcément !]
Les civilisations de la tente, de la hutte, de la mechta, du gourbi, même sarcellisées, n'en sortiront jamais !
La beauté sauvera le monde ! L'intelligence aussi !
Rédigé par : Zonzon | 13 février 2020 à 08:25
@ Robert
"Mais je plains nos descendants de vivre dans un monde qui aura perdu toute notion de civilisation et d'héritage à transmettre."
Faux.
Outre le devoir de mémoire pour les génocides et autres repentances, le souci de préservation du patrimoine ne date en gros que de Mérimée.
La table rase date au moins de "adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré".
Mais d'un autre côté, moines copistes.
Il semble qu'il y ait intensification et de la destruction et de la conservation.
Pourquoi, comment ?
Je n'ai que quelques idées, dont la moindre serait bien trop longue à développer, pardon.
Rédigé par : Lodi | 13 février 2020 à 07:37
Superbe prestation de Mona Ozouf, hier à La Grande Librairie sur France 5.
Le charme, la distinction, l'élégance, l'intelligence qui surplombait le débat, et une certaine beauté, malgré le grand âge, la beauté qui émane de la sérénité.
Vue de loin, la perfection.
Vue de près, Mona Ozouf a dû traverser des zones de turbulences intenses, et des coups de blues, à la mesure de la perfection affichée.
Mais c'est un autre sujet puisqu'elle les a surmontés. Et c'est peut-être ça la perfection.
https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-12/1212021-la-grande-librairie.html
Rédigé par : Tipaza | 13 février 2020 à 06:52
"Elle dénonce "la spontanéité qui paraît gage d'authenticité mais ne permet pas d'accéder à la vérité... Pour l'atteindre il faut miser sur la lenteur et se garder de la transparence"."
Oui et non. La spontanéité permet d'accéder à une vérité superficielle, comme tout ce qui ressort de la transparence.
Cette transparence qu'exigent les dénigreurs de pseudonymes !
La vérité vient d'un dialogue poussé avec quelques personnes choisies, j'y inclus les créateurs, donc selon ses aptitudes, les écrivains, les compositeurs, leurs interprètes, les artistes plastiques...
...et soi-même.
Bref, nôtre hôte est une hermine, certes, mais s'il n’enchâssait des réflexions pertinentes dans un style vivant à moins que ce ne soit l'inverse, s'il n'atteignait pas sa vérité, il ne serait pas capable d'attirer les lecteurs et d'inspirer les réflexions.
Puisque monsieur Bilger dit qui il est, il en profite pour rendre hommage à son épouse.
Rendre hommage, si on est en position de le faire et que ses proches acceptent d'être exposés, peut être une raison de lever son anonymat.
Il y en a d'autres... Mais pas celles prétendues contre les porteurs de masque, toutes fausses et pour tout dire, répugnantes.
"Pourtant je crois n'avoir aucun mérite dans l'exercice de cette ascèse quotidienne tant la grossièreté me semble ressembler à des pustules sur un beau visage mais qu'on se plairait à défigurer à loisir."
Ou à dose raisonnable, le désir d'une expression couvrant tous les registres.
"...un défaut de civilité ? En effet dans celle-ci il devrait y avoir d'abord une acceptation sereine des propos de l'autre, une indifférence délibérée à l'égard de toutes les scories de la parole et de l'être (...) et une urbanité délicate incitant à prendre l'autre comme il vient et se montre, et encore plus quand il s'agit d'un ami..."
L'autre est un être plein de scories, que ce soit à l'oral ou dans un écrit ressemblant à l'oral comme un commentaire de blog.
Par la charte, on veut diminuer les scories, mais voilà le piège : on perd le naturel, et il ne reviendra pas. On prend plus de temps pour la forme, il est probable que ce soit au détriment du fond, qu'on ait moins d'idées.
Ou alors, il faut consacrer bien plus de temps au commentaire. Dans ce cas, on peut en effet gagner d'un côté sans perdre de l'autre voir atteindre à l'oeuvre, mais ce ne sera que de l'artifice pur, exactement comme l'oral selon notre hôte, me semble-t-il.
La vie, de l'oralité à tout autre chose, est-elle une oeuvre d'art ? Je ne crois pas que cela soit dans le sens d'une représentation constante.
Bien sûr, il faut être attentif à ne pas ennuyer, mais chacun est, par convention tacite, l'ennuyeux et l'ennuyé de l'autre.
Plus on est passionné, sincère et plein d'idées, plus, si on croit que toute oralité et écrit tenant de l'oral devant être maîtrisé, plus il faut travailler, et donc aboutir à une oeuvre.
Qui pourrait être jugée avec ou sans talent, il faut être à l’ouest pour estimer sans talent ce qui est relativement, car en fait toute spontanéité est relative, surtout chez les gens réfléchis, spontané.
Nous avons aussi en magasin le commentateur à velléité de noter ses pairs. Il y a une pression constante, et on s'étonne que les gens soient calculateurs - agressifs, ça soulage, inspire et, n'étant au-dessus d'aucune intelligence, se retrouve donc applaudi - et formatés.
Mais c'est ce qui doit advenir. Et qui arrivait même à une époque où les gens avaient plus d'esprit, comme le montre le film Ridicule. Non ?
Sur ces mots, fin de la conférence.
Rédigé par : Lodi | 13 février 2020 à 05:06
"Quand par ailleurs je pourfends cette habitude lamentable de ne jamais répondre aux courriers et aux mails, d'être incapable même du plus modeste accusé de réception en dépit, parfois, d'un secrétariat très étoffé et que, obstinément, je renvoie dans l'attente d'une réaction, faut-il me féliciter pour ma constance ou me juger trop peu civil ? Mettre l'autre face à ses carences est-il honteux même si on tente d'échapper, soi, aux abstentions qu'on lui reproche ?"
Sans aucun esprit de retour ; non, rassurez-vous, ça libère comme l'Eglise détourne de l'Esprit.
Rédigé par : genau | 12 février 2020 à 23:31
@ Patrice Charoulet | 12 février 2020 à 20:19
SVP M. Charoulet, insérez simplement le lien ce sera plus court, plus simple et moins barbant (pour utiliser un terme du "bas peuple"...).
De plus, si vous pouviez vous passer de vos hors sujet de plus en plus nombreux et egocentrés sur votre papage facebook et vos soi-disant 991 amis virtuels...
Parlez donc à vos voisins, cela vous fera le plus grand bien !!
Rédigé par : Pierre Blanchard | 12 février 2020 à 23:11
ENCORE CHAROULET - Lire de toute urgence
Vous êtes saoulant !
Rédigé par : Ellen | 12 février 2020 à 22:19
Au hasard, deux exemples d'incivilité bloguesque.
Humour judiciaire ou militaire ?
Lorsqu'un ancien avocat général se demande "suis-je trop peu civil" ?
Faut-il nécessairement le suivre dans sa réflexion ?
Humour noir
Les congés pour la mort d'un enfant seront de quinze jours dorénavant.
Faut-il craindre une recrudescence de la mortalité infantile ?
Bon d'accord je sors.
Rédigé par : Tipaza | 12 février 2020 à 20:41
ENCORE HEIDEGGER
Un de mes 991 (!) amis Facebook, qui a écrit des choses pleines d'intérêt, a la curieuse idée, sur sa page Facebook, de mettre une photo de Heidegger, avec cette simple légende :
"Superbe photo de Martin Heidegger".
Je commente sur sa page en ces termes :
"Patrice Charoulet. Lire de toute urgence :
Emmanuel Faye, Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie*. Ce livre offre mille preuves de l'action nazie de cet homme. Qui refusera de lire ce livre d'Emmanuel Faye, professeur à l'Université de Rouen, demeurera dans l'aveuglement."
J'ajoute ici pour les esprits ouverts qui veulent s'instruire :
*coll. Biblio, Essais, le Livre de poche 2007, 769 p., 9 euros.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 12 février 2020 à 20:19
Vous vous posez trop de questions !
En particulier :
"Dois-je battre ma coulpe... ?" et
"Suis-je trop peu civil ?"
Ni l'une, ni l'autre !
La preuve en est que vous laissez publier ici nos élucubrations dont certaines sont pourtant, disons, pour le moins déplacées et pour le pire grossières et insolentes.
Seul un gentleman est capable de cela.
Quant à Mona Ozouf, ayant suivi son interview sur C à vous, quel exemple, quelle belle femme, quelle Dame !
Elle cumule à la fois la beauté de l'esprit et celle de la nature à 88 ans, à en émouvoir même un de ses aînés !
Rédigé par : Claude Luçon | 12 février 2020 à 17:40
@ sbriglia 12 février à 09:05
Drôôôle.
Un peu de légèreté dans les prises de tête me font le plus grand bien ; un peu comme quand je vais à Ouessant oublier les co****ies que j'entends sur le continent... ou que je lis sur ce blog...
Rédigé par : breizmabro | 12 février 2020 à 17:21
Visiblement M. Bilger a besoin, comme les députés de Manu, d'un peu de calinothéraphie.
Mais oui M. Bilger, on vous aime comme vous êtes. Et moi ce matin chez Pascal Praud plus encore lorsque vous avez soutenu que la femme d'un président de la République ne DOIT PAS interférer dans les débats politiques du pays, même sur RTL.
Que Brigitte Macron reste à sa place avec son allocation annuelle de 400 000 euros ("rigolez pas c'est avec vos sous" disait Coluche)* pour faire jolie (?) sur les photos comme le fait Melania Trump, comme l'a fait madame Chirac, qui pourtant était conseillère générale de Corrèze, contrairement à madame B. Macron pour qui PAS UN péquin français n'a voté.
(D'aucun auront noté que je n'ai pas dit en parlant de la femme de Manu, Brizit, ni Brijou, ni Bribri ;))
*J'ai lu le livre "les Voraces". Après lecture j'en déduis que notre république bananière est, vraiment, En Marche.
Rédigé par : breizmabro | 12 février 2020 à 17:11
La bonne éducation est reposante dans ce monde "Twitter" où fusent vulgarité et indélicatesse, insultes et grossièretés qui ne font pas avancer le débat.
M. Bilger, restez comme vous êtes, vrai et civil donc, c'est-à-dire vous-même. Vous enviez "les êtres pétris de classe(...)avec un art de se mouvoir dans la vie comme s'ils étaient chez eux, naturellement sociables", vous êtes trop modeste, vos analyses sont recherchées.
Et pour rejoindre Robert, je dirai comme lui que les aînés que nous sommes ont appris dès leur plus jeune âge à respecter l'autre et donc à parler avec une certaine réserve. Alors peut-être parfois, cette réserve semble-t-elle un peu plus terne mais tellement plus tolérante et apaisante dans ce monde irrévérencieux.
Comme chacun d'entre nous, vous avez vos coups de colère mais vous savez si bien les enrober en vous retranchant derrière les extraits littéraires d'écrivains ou d'intellectuels que c'est une bonne technique, une technique où vous excellez afin de rester toujours courtois.
"On n'est pas petit-fils de paysan pour rien !"
Soyez-en fier au contraire.
Dans ce monde troublé où trop souvent le bon sens ordinaire et rigoureux de nos grands-parents paysans échappe à la correction et aux convenances élémentaires entre les individus, ce bon sens permet les échanges sans violence entre gens civilisés et un flair extraordinaire pour détecter la fausseté et la superficialité d'un interlocuteur ou d'un beau parleur... ce qui n'empêche pas de recadrer poliment les dérapages.
Je remarque que les jeunes d'aujourd'hui, lorsqu'ils sont interrogés, ont une aisance verbale pour s'exprimer que nous n'avions pas à cet âge, sans doute toujours à cause de cette réserve inculquée par nos aînés avec cette crainte de vexer nos interlocuteurs. Changement d'époque.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 12 février 2020 à 17:05
Pour égayer les commentaires sur un sujet ardu :
À un officier connu pour être un rustre de la pire espèce et qui lui disait avec morgue: « Nous appelons civil tout ce qui n’est pas militaire », Talleyrand répondit: « Nous appelons militaire tout ce qui n’est pas civil ».
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 12 février 2020 à 16:44
« La passion est-elle une offense à la civilité ? »
Je comprends vos interrogations Philippe Bilger. Il m’arrive d’avoir les mêmes.
Je suis plutôt d’une nature calme et pondérée, n’en déplaise à certains esprits chagrins qui prétendent le contraire, mais il m’arrive parfois de me laisser emporter par une bouffée, pas vraiment délirante, mais un brin passionnelle et alors les civilités, j’ai tendance à ne pas trop m’y attarder.
Mais bon Dieu que c’est bon de se fâcher un bon coup et tant pis pour celui (ou celle) qui se trouve en face !
Je ne serais pas Achille si je n'étais pas comme ça ! :)
Rédigé par : Achille | 12 février 2020 à 16:34
@ sylvain | 12 février 2020 à 13:23
"Les gros beaufs balourds vulgaires crados sont, derrière leur carapace de carnaval, des êtres très sensibles."
Y en a un qui va être content alors : Elusen, ami pour toujours ?
Rédigé par : Ellen | 12 février 2020 à 14:34
Sans entrer dans le débat éternel entre la part de l’inné et celle de l’acquis dans nos comportements, la nature humaine est ainsi faite que chaque homme, chaque femme, sont différents dans le secret de leurs pensées, dans leurs rapports à l’autre, dans l’expression, verbale, écrite, gestuelle, de leurs convictions. Et c’est tant mieux. Il faut la vulgarité d’un Bigard pour mieux apprécier la finesse d’un Devos, le propos ordurier d’un Matzneff pour se réjouir du verbe puissant d’un Zola.
Quel plaisir intellectuel serait le nôtre dans une société uniforme où tous s’exprimeraient dans un même langage codifié, débité d’une voix monotone, le corps et le visage figés ? Laissons cela à nos rapports avec l’Administration - qui, sur ce point, évolue quelque peu - et souhaitons que nos énarques, un jour, fendent la cuirasse...
Nous Français - ou, plus exactement Francophones - avons une chance supplémentaire : notre langue, la cinquième la plus parlée au monde, est riche d’un vocabulaire si précis et évolutif qu’il nous permet de ciseler au plus près les nuances de nos différences. Ne la gaspillons pas ! Ne la noyons pas dans un détestable salmigondis anglo-mondialiste ! Elle est le garant le plus sûr de la force de notre cohésion sociale, de la pérennité de notre culture, aujourd’hui trop souvent agressée au sein même de son espace.
Hier dans les prétoires, aujourd’hui dans vos billets, vous exprimez, Philippe, vos enthousiasmes, vos colères, vos émois, vos doutes. Vous nous les faites partager, les disséquez, sans jamais tenter de les imposer. Même aux assises, vous tonniez sans pour autant oublier l’humain derrière le criminel. C’est votre façon d’être, bien loin de la « rusticité ». Vous recherchez le dialogue et acceptez même des critiques au-delà de la bienséance.
Il s’agit moins de convaincre, d’emporter une sorte de victoire, que de faire surgir, chez vos commentateurs, un besoin de réfléchir ensemble, l’occasion pour chacun d’approfondir son propre point de vue. Vous êtes un médiateur, dans les sens exact et noble du terme : une personne qui facilite la relation. Ce qu’aujourd’hui trop de journalistes, notamment sur les plateaux TV, ont oublié, préférant se consacrer à des guéguerres picrocholines entre eux.
En cela, votre blog est diamétralement opposé à d’autres, dont les auteurs sont plus proches, dans leurs messages, des certitudes et des affrontements du monde politique que des cheminements et des fulgurances de la pensée que vous aimez. Outre la qualité - rare - de votre rédaction, c’est probablement cette liberté que vous accordez à l’esprit et aux convictions de chacun qui assure votre succès.
Ne changez rien, Philippe... Mais, bien sûr, cette forme impérative vous laisse néanmoins tout loisir de ne pas écouter ce conseil...
Rédigé par : Serge HIREL | 12 février 2020 à 14:08
« D'abord convient-il que je questionne mon obsession de la forme, de la qualité de l'expression »
La correspondance entre l’effort de précision et la politesse est un motif récurrent chez Alain : « L'ordre humain se montre dans les règles, et c'est une politesse que de suivre les règles, même orthographiques. Il n'est point de meilleure discipline ».
Pour le reste, ce billet n'est pas sans avoir son petit côté Alceste…
Le ciel ne m’a point fait, en me donnant le jour,
Une âme compatible avec l’air de la cour.
Je ne me trouve point les vertus nécessaires
Pour y bien réussir, et faire mes affaires.
Être franc et sincère est mon plus grand talent ;
Je ne sais point jouer les hommes en parlant.
En tout cas, ne vous désolez surtout pas ! La liberté que vous autorisez sur ce blog et l’absence d’autocensure qui en résulte en fait un des espaces les plus agréables à mille lieues à la ronde, tant dans le virtuel que dans le réel…
Rédigé par : Metsys | 12 février 2020 à 13:46
@ Ellen | 12 février 2020 à 06:56
"...celles des gens finement éduqués"
Mouais, je me méfie de ces "finements éduqués", c'est dans ces milieux-là que l'on trouve les pires hypocrites, les pires salauds, les pédos, surtout les politiques... Tous les faits divers horribles sont le plus souvent du fait d'un monstre "finement éduqué"...
Les gros beaufs balourds vulgaires crados sont, derrière leur carapace de carnaval, des êtres très sensibles.
Rédigé par : sylvain | 12 février 2020 à 13:23
Mes chers frères, mes chères soeurs,
Vous vous recueillerez un instant en songeant au grand moment de solitude qu'a connu Robert Marchenoir, lorsque le grand Moïse lui a dit que compte tenu du sujet, il devrait se contenter d'un commentaire d'une ligne et demie.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 12 février 2020 à 12:20
Mais non, mais non, Monsieur Bilger ! Inutile de battre votre coulpe. Quoique vous sembliez le penser, vous êtes toujours urbain et civil, marques de générations honnies par le Nouveau Monde de monsieur Macron.
De fait, nous faisons partie des générations anciennes auxquelles on avait appris l'existence de plusieurs niveaux de langage.
Le premier, privé et principalement oral, dans lequel on peut se permettre un vocabulaire moins châtié, des formes de français moins orthodoxes.
Un second, entre expression publique et privée, notamment dans le monde professionnel, dans lequel le respect de l'autre impose de s'exprimer à l'oral comme à l'écrit en respectant les règles de la langue française, expression du respect dû à son interlocuteur.
Le troisième enfin, public, où l'expression se doit d'être excellente dans la forme, avec l'usage si nécessaire d'un vocabulaire plus recherché en fonction des destinataires.
Mais dans le monde actuel, foin de toutes ces règles "sans intérêt" : le vocabulaire public est celui de charretier, sans recherche ni retenue aucune. On ne se gêne plus pour utiliser un vocabulaire ordurier, naturel en somme...
C'est pour cela que nos générations apprécient avec le plus grand plaisir madame Mona Ozouf. Son langage, recherché mais sans préciosité, montre sa vraie personnalité. Enfin, une Dame, une vraie ! J'ai eu un plaisir profond à l'entendre récemment dans l'émission de France 5 à laquelle elle participait : l'image d'un monde civilisé désormais quasiment disparu.
Un monde nouveau qui retourne à la sauvagerie de l'espèce humaine, un monde où hommes et femmes sont, non plus des citoyens éclairés, mais simplement des individus centrés sur leur propre personne, l'autre n'étant qu'un gêneur en puissance, si ce n'est un ennemi dès lors qu'il ne partage pas vos idées...
Comment dans ces conditions "faire société", créer le sentiment d'appartenir à une collectivité à laquelle on s'attache profondément, intimement et qu'on apprend à aimer ? Homo homini lupus est !
Du passé faisons table rase : telle est le fond de la pensée de notre actuel président de la République. Le problème est que l'Histoire nous a montré qu'elle a abouti en France à la Terreur, en Allemagne au régime nazi, en Russie et en Chine à un système totalitaire.
Ce monde qui s'organise dans sa sauvagerie de plus en plus accentuée n'est donc pas sans rappeler celui que la chaîne Arte a montré dans son excellent documentaire sur le Goulag https://www.arte.tv/fr/videos/080114-001-A/goulag-une-histoire-sovietique-1-3/
Sans doute aurons-nous disparu avant de le voir se réaliser. Mais je plains nos descendants de vivre dans un monde qui aura perdu toute notion de civilisation et d'héritage à transmettre.
Rédigé par : Robert | 12 février 2020 à 11:46
"Le paradoxe est que dans mon existence sur laquelle pèse une rusticité à tous points de vue - on n'est pas petit-fils de paysan pour rien ! -, je n'ai pas cessé d'admirer les êtres pétris de classe et d'allure, d'une élégance infinie, avec un art de se mouvoir dans la vie comme s'ils étaient chez eux, naturellement sociables et distingués".
Je ne vous connais pas personnellement, mais si je me fie à votre blog, c'est l'aristocratie du genre !!! Il a la classe, l'allure que vous admirez, mais sans jamais être un produit fini trop léché, puisque vous le déroulez jour après jour au gré de l'actualité, en y incluant vos incertitudes, vos admirations et vos réticences, le tout avec suffisamment de présence pour donner le la, mais suffisamment de détachement pour laisser le champ libre à vos commentateurs. On peut être rustique avec classe, style gentleman farmer aux champs, et Philippe Bilger à la ville.
Rédigé par : Lucile | 12 février 2020 à 11:35
Cher monsieur Bilger, j'ai l'impression que vous vous torturez l'esprit pour pas grand-chose en vous laissant envahir par des scrupules qui vous honorent mais qui risquent cependant de vous enfermer dans une sorte de prison mentale vous empêchant de penser et d'agir comme vous le devriez.
Soyez vous-même en toute simplicité, avec vos qualités et vos défauts, acceptez-vous tel que vous êtes, ce qui ne vous empêchera pas de vous surveiller pour combattre par exemple ces impatiences que vous vous reprochez.
Et sachez que nous vous estimons tel que vous êtes.
Rédigé par : Exilé | 12 février 2020 à 10:51
@ M. Bilger
Le doute vous habite et c'est une excellente chose !
Le doute me hante et c'est une chose excellente !
C'est ainsi qu'il y a peu ici même, il a été porté à ma connaissance un détail affreux qui est celui-ci : la valeur ajoutée que j'apporte à ce blog est quasi nulle, et je pense que cela est dû en grande partie à mes mauvaises manières !
Dès lors, je propose rudement de donner mon point de vue sur la position de Mme Ozouf, que je dissocie difficilement de M. Furet mais ceci n'a que peu d’intérêt.
Voici donc mon avis, sur « les égards », je crois pouvoir affirmer sans risque que « les égards » ne font de mal à personne et ne coûtent rien.
C'est pourquoi je m'interroge et conjecture sur l'intérêt de ce caillou très petit dans une mare à sec.
N'étant pas d'un naturel moutonnier, je dis qu'il faut, plutôt que des égards, remettre à la mode « la bonté », oui je sais que ce mot est lamentable de simplicité, pathétique de suavité, mais je réclame à hauts cris de « la bonté », sans ronds de jambe, ni flonflons, de la bonté à tous les étages, et même sur les toits !
Mais il faut rassurer les pingres, les avaricieux, les cupides, les grippe-sous, ils ne risquent rien, car « la bonté » ça se donne, ça ne se prend pas, et donc le risque pour eux d'être dépouillés n'existe pas.
Je réclame encore et toujours de « la bonté », et qu'elle ne soit pas organisée, ni un objet de consommation, qu'elle ne serve pas de faire-valoir ni de bonne conscience.
Je veux de « la bonté », et qu'elle se déverse à profusion, abondamment, sans retenue, partout !
J'en veux comme s'il en pleuvait... Beatus qui prodest quibus potest !
La bonté, chose rare et insolite, vient de la cime pure des âmes, elle descend et cascade jusque vers cette mer d'hommes, elle court, dévale, et glisse dans les herbes, y laisse des gouttes d'eau qui brillent sous la lumière du regard.
L'eau est belle et bonne, elle est pour celui qui en a besoin et pour tous, elle est comme le pain sur la table, elle n'a pas de maître.
Et c'est ainsi, que chaque jour, il faut être bon avec ceux qui nous sont proches, ceux qui ne le sont pas, car le temps nous est compté, et que rien ne sert à rien, exception faite de « la bonté », qui contrairement aux égards superflus, fait entrer dans la vie le soleil !
Ici, nous voyons trois hommes dans un bateau et un sentiment :
https://www.theguardian.com/culture/video/2016/oct/03/monty-python-star-terry-jones-and-son-tearful-at-bafta-ceremony-video
BE GOOD AND WISE !
Rédigé par : duvent | 12 février 2020 à 10:21
"Suis-je trop peu civil ?"
Non, cher Monsieur. Continuez ainsi !
Rédigé par : PR CALGUÈS | 12 février 2020 à 10:20
Nous pouvons certes porter un regard bienveillant sur la profondeur des blessures psychiques de celui qui se laisse aller aux injures comme réaction instinctive à ce qui porte atteinte à son intelligence, mais nous devons aussi reconnaître qu'une bonne torgnole, ça évacue la tension nerveuse.
C'est une question de santé !
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 12 février 2020 à 10:05
Mona Ozouf(...)dénonce "la spontanéité qui paraît gage d'authenticité mais ne permet pas d'accéder à la vérité... Pour l'atteindre il faut miser sur la lenteur et se garder de la transparence" (PB)
Autrement dit prendre de la distance avec l'événement, et ce faisant avec soi-même !
Des propos d'historienne. Sans le vouloir, ou peut-être en le voulant, elle a défini son métier et s'est définie elle-même.
Mais pas des propos de n'importe quelle historienne, ceux d'une historienne devenue philosophe, c'est-à-dire aimant la sagesse.
Une grande Dame de l'histoire, de la littérature, une grande Dame tout simplement.
La suivre dans cette voie, se hâter lentement dans un monde où la vitesse est la règle du nouveau savoir-vivre, n'est pas donné à tout le monde.
Était-elle aussi sage dans sa jeunesse ?
L'âge, celui d'une retraite bien vécue, sans regrets ni remords, mais seulement avec des souvenirs, est peut-être le moment idéal pour atteindre cet idéal de vie.
Un mot sur la photo.
Belle et intelligente.
Moralité: on ne devrait pas vieillir. Surtout les femmes !
Rédigé par : Tipaza | 12 février 2020 à 10:00
@ Philippe Bilger
Je trouve que vous vous débrouillez bien. Il est inutile d'être vulgaire ou incivil quand c'est inutile. Personnellement, j'ai un goût pour le caustique, et j'adapte mon seuil de grossièreté ou d'inconvenance à la gravité ou l'absurdité des propos de mon interlocuteur. Ce qui ne dispense pas d'une argumentation concomitante de l'incivilité assumée.
Le critère principal me semble simple: ne pas laisser la civilité entraver indéfiniment le traitement de problèmes sérieux.
Rédigé par : F68.10 | 12 février 2020 à 09:41
Est-ce qu’il n’en irait pas des mots de la conversation comme de tout autre moyen susceptible de blesser comme de guérir, de flatter comme de froisser.
Prenez l’histoire du couteau. Je reproduis ci-après un extrait de l’article qui s’y rapporte :
« Le couteau de table moderne à bout émoussé ou arrondi est traditionnellement attribué au Cardinal de Richelieu qui, lassé de voir les mauvaises manières de ses convives qui se curaient les dents avec la pointe du couteau, ordonne au début du XVIIe siècle à son maître d'hôtel de limer la pointe de ces ustensiles. Une anecdote précise que le cardinal raffiné prend un édit à cet effet afin d'empêcher le puissant chancelier Séguier de garder cette mauvaise manie de se curer les dents sans pour autant le froisser. La mode en est adoptée par les Français à la fin du XVIIe siècle, favorisée par Louis XIV qui voyait dans ce couvert de table un raffinement faisant partie de l'étiquette et un moyen d'éliminer le couteau pointu dangereux pour sa sécurité. Il fut dès lors très vite introduit dans les différentes cours européennes et les colonies américaines.»
On rapporte également que ce même cardinal s’adressait à table à chaque convive selon son rang, ayant le souci des susceptibilités de chacun. Aussi disait-il à son voisin de droite : « Monsieur le duc, vous reprendrez bien encore un peu de ce délicieux rôti? » Tandis qu’il apostrophait le bout de sa table d’un « Rôti ? »
Et donc, les mauvaises manières dont nous avons sujet de nous plaindre de la part de nos concitoyens ne traduiraient-elles pas le sentiment que d’une façon générale ils n’en ont de plus en plus rien à faire de ce que nous pensons ? Ainsi, les mots ne sont-ils pas tel le bout émoussé de ce couteau dont le paysan ne saurait se satisfaire qui parfois continue de se curer les dents de son bout pointu !
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 février 2020 à 09:28
@ Robert Marchenoir | 12 février 2020 à 08:28
"Il serait fâcheux que vous cédiez à ces doutes. Car, alors, à quelles remises en cause devrions-nous nous livrer ?"
MDR ! Voilà une question qu'elle est bonne ! Sans aucun doute !...
Montagne claire, temps couvert mais vent d'est. Il ne va pas pleuvoir. Je repars au bois.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 12 février 2020 à 09:24
- Mon Père pardonnez-moi parce que j’ai péché !
- Je vous écoute mon fils…
- Je confesse être trop peu civil.
- ?... C’est tout ? Pas de concupiscence, pas de blasphème, pas de mépris de poétesse noire place Vendôme ?
- Non, trop peu civil, modestement…
- Mais mon fils vous êtes un saint !
- Mon Père quelle est la peine d’être ainsi vil car trop peu civil ?
- Pas de médias pendant un mois et suspendez votre blog itou.
- Mon Père c’est impossible pour le blog : Achille, le bouillant Achille, a l’estomac dans les talons, enfin le clavier… serait-ce civil, serais-je si vil de le priver de son os à ronger quotidien ?
Rédigé par : sbriglia | 12 février 2020 à 09:05
La civilité, la vulgarité, la brutalité. Difficile parfois de rester "civil" face à des actes violents et brutaux... Histoire de survie !
"Un monde civilisé et timide n'a rien trouvé d'autre à opposer à la renaissance brutale et à visage découvert de la barbarie, que des sourires et des concessions. L'esprit de Munich est une maladie de la volonté chez les peuples nantis. Un état d'âme permanent chez ceux qui se sont abandonnés à la poursuite de la prospérité à tout prix, ceux pour qui le bien-être matériel est devenu le but principal de leur vie sur terre. Ces gens-là - et il y en a beaucoup dans le monde aujourd'hui - ont choisi la passivité et la reculade, afin de prolonger un peu leur train-train quotidien, afin d'éluder la difficulté aujourd'hui. Et demain, vous verrez, tout ira bien. Mais rien n'ira bien. Le prix de la lâcheté est toujours le mal. Nous ne récolterons la victoire que si nous avons le courage de faire des sacrifices."
Soljenitsyne, Discours de Stockholm, 1972.
BÂILLER DEVANT DIEU, Iñaki Uriarte (Éditions Séguier).
"L’homme a d’abord cru en Dieu, puis a cessé de le faire, et a commencé à croire en des choses telles que la Raison, l’Histoire, le Progrès. Désormais, il en vient même à douter de ces idées. Quelque chose me gêne dans ce constat. Il me paraît étrange que l’histoire millénaire de l’Humanité soit à ce point en phase avec mon histoire personnelle."
Iñaki Uriarte, né en 1946 à New York.
Et pour finir, avec humour :
"J'aimerais terminer sur un message d'espoir. Je n'en ai pas. En échange, est-ce que deux messages de désespoir vous iraient ?" Woody Allen
Merci, Monsieur P. Bilger ainsi qu'à votre épouse, pour votre civilité. Ne changez rien.
Rédigé par : Isabelle | 12 février 2020 à 08:53
Il serait fâcheux que vous cédiez à ces doutes. Car, alors, à quelles remises en cause devrions-nous nous livrer ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | 12 février 2020 à 08:28
"Suis-je trop peu civil ?" (PB)
On a le droit de douter de ses défauts, mais pas de ses qualités. Restez comme vous êtes. Etre soi-même fait partie de votre identité à part entière même si vous êtes un passionné bouillonnant. Nous sommes là pour rééquilibrer la balance.
Bigard devrait surveiller un peu son langage. Ses vulgarités très crues ne sont pas celles des gens finement éduqués.
Rédigé par : Ellen | 12 février 2020 à 06:56
Cher Philippe,
Il y a des décisions qui empêchent de dormir et qui sont puantes.
Un magistrat, c'est supposé être classe, fin, intellectuel, neutre, civilisé, connaître l'histoire et comment des décisions qui entraînent la mort probable de deux personnes peuvent être mises en oeuvre par des injustes.
Comment dormir s'il vaut mieux en France s'appeler Cahuzac que Balkany ?
Est-ce être inciviles que de rappeler "TU NE TUERAS PAS TON PROCHAIN" ?
Ce qui est monstrueux eh bien il est très difficile de le dire en termes doux.
Les règlements de compte et ce qui reflète l'antisémitisme rampant, c'est terriblement crade même s'il est plus correct de dire que c'est exceptionnel.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 12 février 2020 à 03:30