Dans cette période du confinement, une étrange alternative existe sur le plan médiatique.
Une hypertrophie de la dérision, un culte des fous rires ou une focalisation sur les larmes.
Ou le droit, comme nous vivons au quotidien une expérience hors norme, de nous intéresser à des sujets inédits ou à des personnalités en général exilées, ostracisées, méconnues.
Il faut remercier la nouvelle Revue Universelle qui publie un passionnant numéro sur "Le nouvel âge du maurrassisme" avec des contributions notamment d'Alain Finkielkraut ou d'Eric Zemmour.
Pourquoi ?
Parce qu'il convient de saluer tout ce qui cherche à réduire l'inculture générale, historique, littéraire et politique.
Parce qu'il est utile, dans un temps d'intolérance et de sectarisme - on déteste en ayant mal lu ou, encore mieux ou pire, sans avoir lu - d'introduire de force dans un monde étriqué les ferments de la curiosité, de la liberté et de l'ouverture, de quelque côté qu'ils se tournent.
Parce qu'il est navrant que certaines superbes intelligences et incontestables talents littéraires ne soient connus que pour leurs déboires, leurs fautes et leur condamnation.
Charles Maurras né en 1868 et mort en 1952, relève de ces influentes, transgressives et capitales destinées.
Loin d'être un bloc, cet homme a été contraste, littérature et engagement, pertinence prophétique, contradiction, haine, violence verbale mais aussi lucidité, repentance et regret.
Anglophobe certes mais encore plus germanophobe, n'ayant soutenu le maréchal Pétain et le régime de Vichy qu'à cause de cette "divine surprise" de voir la République défaite.
Puisque l'Action française, dont il a été le principal animateur, est le vecteur du monarchisme, du nationalisme intégral et se revendique contre-révolutionnaire et antidémocratique. Partisan d'un antisémitisme d'Etat - contre la double nationalité des Juifs qu'il qualifie pourtant de "glorieuse" pour celle qui ne serait pas française -, il comprend plus tard, emprisonné, ses erreurs sur ce plan, affirmant avoir ignoré en 1944 le sort tragique réservé aux juifs arrêtés par l'Allemagne nazie et il récuse l'extrémisme scandaleux d'un Maurice Bardèche.
C'est ce même homme qui reproche à Robert Brasillach d'avoir envisagé de faire reparaître "Je suis partout" à Paris en 1941 "parce qu'il ne reverra jamais les gens qui admettent de faire des tractations avec les Allemands".
Entre 1886 et 1952, il est si prolifique qu'il publie la bagatelle de 10 000 articles dont certains sont féroces à l'égard des ultras de la collaboration mais aussi à l'encontre des résistants et des gaullistes, par "feinte" affirmera-t-il plus tard.
Arrêté lors d'une conférence de presse, son procès durera du 24 au 28 janvier 1945. Il sera condamné, pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi (alors que toute son existence intellectuelle et politique il l'a haï), à la réclusion criminelle à perpétuité avec dégradation nationale. Les jurés avaient été choisis sur une liste établie par les ennemis de Maurras.
Son incarcération sera l'occasion pour lui d'une réflexion lui permettant d'approfondir ou d'amender certaines de ses convictions.
Il serait trop long - des historiens objectifs l'ont fait - de décrire l'itinéraire intellectuel et politique de Maurras qui serait incompatible avec le caractère simpliste et manichéen de l'ignorance contemporaine. Il me suffit de mentionner quelques-uns de ceux qui ont été marqués et influencés par lui. Ainsi Jacques Bainville, Georges Bernanos, Jacques Maritain, la famille littéraire des Hussards, notamment Michel Déon qui a été un temps son secrétaire et bien sûr de Gaulle dont le terreau a été maurrassien.
Pour dire la vérité, si j'ai eu envie d'écrire ce billet, ce n'est pas parce que j'ai été saisi par une illumination mais à cause de cette pensée très profonde de Charles Maurras qui m'a poussé à faire partager mon assentiment. Il se pose cette question : "Y a-t-il un progrès ?... Il y en aurait à coup sûr si chaque âge ne s'oubliait à perdre d'un côté ce qu'il gagne de l'autre ; si, la plupart du temps, l'homme ne négligeait de mettre bout à bout ses plus admirables profits".
C'est totalement juste et remarquablement écrit.
C'est aussi Charles Maurras.
Oui, il vaut la peine de connaître Maurras, pour comprendre la bêtise française.
La pensée de Maurras était un avatar du positivisme - un matérialisme, au fond. Pie XI l'a bien vu, et condamné. Le matérialisme profond n'en demeura pas moins. Et la bêtise de Maurras éclata pendant l'Occupation.
De Gaulle aurait dit: "Maurras est devenu fou à force d'avoir raison". Non, il n'était pas fou, mais bête, tout simplement, bête à force d'être intelligent ; car sa vision du monde reposait sur des principes fallacieux qu'il confirmait sans cesse, justement à l'aide de son intelligence. Maurras n'était pas un penseur mais un idéologue. Si vous préférez l'idéologie à la pensée, partez de principes que vous croyez vrais, injectez-les dans votre intelligence (qui peut être exceptionnelle), moulinez, moulinez, puis confrontez vos conclusions à la réalité et... attention, c'est décisif: voyez la réalité avec vos lunettes, fabriquées par vous-même, c'est-à-dire que le "réel" n'est pas ce que vous voyez mais ce que vous voulez voir, et enfin réinjectez ce "réel" dans votre machine intellectuelle, sans vous départir de vos principes, et ainsi de suite: c'est le mouvement perpétuel d'une intelligence qui finira dans la bêtise pure et simple, voire l'ignominie, lors d'événements tragiques auxquels vous n'aurez rien compris.
Il est affligeant que Maurras revienne. Le maurrassisme massif d'un Zemmour est une calamité. Hélas, ça plaît... La France, ce phare de la pensée est, encore une fois, un phare de l'idéologie.
Rédigé par : Henri Kleszczowski | 12 mai 2020 à 17:29
Chacun peut avoir l'opinion qu'il veut sur les hommes du passé et du présent, mais pour ce qui concerne les auteurs ou les personnalités qualifiées d'"intellectuels", la première démarche honorable avant de louer ou de condamner est de les lire avec probité. Merci à Philippe Bilger de le rappeler.
Juste une petite remarque en marge de ce billet intelligent et courageux d'un homme honnête. Ce n'est pas la défaite de la République que Maurras a saluée de la formule "divine surprise" mais l'arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain. Le héros de la Grande Guerre lui apparaissait, à l'instar des "quarante millions de pétainistes" d'alors, comme la personnalité la plus rassurante pour sauvegarder ce qui pouvait l'être. Dans l'article où cette formule est apparue, il n'est question ni de défaite, ni de guerre ; c'est donc indûment qu'on l'y rattache.
Rédigé par : Bernard LIMOUSIN | 30 avril 2020 à 09:45
Ce qui me surprend dans beaucoup de ces posts c'est la contradiction entre la méconnaissance de Maurras et la volonté d'avoir un avis dessus.
Stupéfiant... mais explicable car Maurras est le seul véritable doctrinaire de la droite française ; donc est incontournable.
C'est pourquoi Philippe Bilger a eu raison de l'évoquer.
Rédigé par : Philippe Lallement | 28 avril 2020 à 17:17
@ Tomas
Un grand merci - je vois que vous n'êtes pas tenté par une VIe République comme LFI qui rêve toujours de prendre le pouvoir en jetant des paillettes devant le véritable culte de la personnalité sur lequel repose leur mouvement.
Je ne sais pas grand-chose des Républiques antérieures, mon goût pour l'observation politique étant trop récent, mais je vais m'y intéresser désormais.
Rédigé par : Toto | 13 avril 2020 à 08:28
@ Toto
Mon avis est que la Ve République est une catastrophe car elle concentre trop de pouvoirs autour du président, surtout depuis le quinquennat.
Cela ouvre évidemment la porte à toutes les dérives, du népotisme à l'autoritarisme.
Il n'est pas inutile de se souvenir que cette Ve République est née d'un coup d'Etat militaire. Le grand mérite de De Gaulle, selon moi, est d'avoir su résister à la tentation de la dictature et d'avoir compris à temps quand il devait quitter la scène.
Il n'est pas anodin de faire remarquer qu'aucune autre démocratie parlementaire ne donne autant de pouvoir au chef de l'Etat, vidant le Parlement de tous ses pouvoirs et prérogatives. Regardez l'assemblée de godillots que nous avons, avec ça même le scandaleux article 49.3 est superflu.
Je serais personnellement pour un retour dès que possible à une constitution style IIIe République avec les quelques améliorations nécessaires pour éviter les gouvernements faits et défaits tous les trois mois. Les Italiens y sont arrivés, ce doit être possible.
Au pire, le septennat non renouvelable. Cela permettrait de conclure une carrière politique en beauté et de diriger du premier au dernier jour sans les inévitables arrière-pensées électorales du candidat élu pour la première fois.
Car sinon oui on risque d'en arriver insensiblement au même résultat qu'avec un régime fasciste, ce sera juste plus long et plus insensible. Et plus irrémédiable. Je ne fais par partie de ceux qui voient dans Macron un apprenti dictateur, mais il est bon qu'il y en ait qui tiennent ce discours car il y a chez lui les mêmes réflexes autoritaires et pressés que chez Sarkozy, derrière un air plus avenant. Et sans doute plus de détermination dans l'atteinte des objectifs.
Autant de bonnes raisons de souhaiter le retour à un vrai parlementarisme.
Rédigé par : Tomas | 12 avril 2020 à 10:41
Merci encore Tomas (sans ironie du tout). Oui j'avais perdu de vue cet ingrédient : l'antiparlementarisme. Aujourd'hui la crise politique que nous connaissons fait craindre la montée de ce type de position : qu'elle structure une doctrine politique spécifique (extrême droite ou autre), qu'elle soit adoptée par les exclus (exclus de la redistribution des richesses et/ou exclus des prises de décision punis jusqu'à la mutilation en France aujourd'hui).
Mais il y a une troisième voie, peut-être, celle de la majorité actuelle qui, au prétexte que des élections lui auraient donné cette validité que d'autres contestent, est totalement fermée aux les aspirations des membres des différentes strates sociales pour seulement satisfaire une orientation qui profite à une frange de plus en plus restreinte de citoyens français. Ce parlementarisme antiparlementaire en quelque sorte, résultat notamment d'un manque de goût pour le vote (grandissant depuis plusieurs années) me semble bien plus dangereux, quoique sournois, car il va aboutir fatalement à un blocage des issues possibles. Avec tous les risques dont l'Histoire nous a déjà appris qu'ils sont réels.
J'aurais aimé avoir votre avis à ce sujet si vous le voulez bien.
Rédigé par : Toto | 12 avril 2020 à 09:03
@ hameau dans les nuages
En effet vous avez raison il faut préciser ce qu'est le racisme. Le petit Larousse propose deux définitions qui me vont tout à fait:
- c'est une idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races »;
- c'est une attitude d’hostilité répétée voire systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes déterminées par leur origine géographique ou leurs traits culturels communs
Donc "ne pas aimer une population, son mode de vie" n'est pas forcément raciste. Les racistes ne me dérangent d'ailleurs pas tant qu'ils gardent pour eux leurs opinions en public, en particulier vis-à-vis des étrangers, car il n'est pas poli de dire ouvertement à quelqu'un sans raison qu'on le méprise, qu'on ne l'aime pas, qu'il nous dégoûte, qu'il nous vole, qu'ils nous a chassé de notre terre durement colonisée, etc.
S'il y a des immigrés ou fils d'immigrés (la aussi, quand cesse-t-on d'être un immigré aux yeux des autres ?) qui viennent ici lire de temps en temps, ils doivent bien rire de nos débats identitaires.
Mais bon si c'est Maurras qu'on convoque pour redresser la France ça va, ils peuvent dormir tranquille, on pourra s'inquiéter quand on reparlera de quelqu'un comme Drumont, par exemple. Ou de Gobineau, esprit raffiné de son temps qui posa les bases du "racisme scientifique" dans son essai sur l'inégalité des races humaines dont je ne saurais que trop recommander la lecture. Car dans la France qui censure les intellectuels conservateurs, il est publié dans la Pléiade.
Rédigé par : Tomas | 11 avril 2020 à 22:20
@ Tomas | 10 avril 2020 à 19:24
Il faudrait déjà pour commencer que vous donniez une définition du racisme. Ne pas aimer un type de population, son mode de vie, n'a rien à voir avec le racisme. Mais bon, c'est le mode de pensée binaire de l’extrême gauche. "Toi y en a être raciste".
Rédigé par : hameau dans les nuages | 11 avril 2020 à 10:53
Bonjour Philippe,
Un électeur d'extrême droite, c'est un socialiste qui s'est fait cambrioler deux fois.
La colonisation contemporaine en Algérie vit ses pires heures avec Guy Mollet et Mitterrand.
Sous Pétain, Bonnafous, Belin, Laval... Des hommes de gôôôche.
Y'a pas qu'à l'extrême droite qu'on n’est pas fait d'un bloc... haus.
Rédigé par : Jérôme | 11 avril 2020 à 06:48
@ Toto
Question complexe en effet: j'ai déjà vu des gens qui me disaient "je suis socialiste mais j'aime pas les Arabes", je sais pas trop quoi faire avec eux. Je n'ai jamais vu de votant FN déclaré passionné d'histoire juive ou de culture maghrébine, par contre.
Mais j'ai quand même constaté que souvent tous les critères allaient de pair. Je dirais donc que rejet du parlementarisme et Etat de droit et racisme/xénophobie sont les deux éléments principaux, avec une prééminence pour le premier. En l'état actuel des choses, par exemple, je préfèrerais quelqu'un de raciste mais attaché au respect du droit que quelqu'un de pas raciste mais s'asseyant sur le premier.
On peut classer Maurras à l'extrême droite vu son antisémitisme, son nationalisme (autre élément constitutif), et son rejet de la République, que ne partageait pas quelqu'un de proche de lui comme Maurice Barrès.
Or ce n'est pas une idéologie qui a apporté de bonnes choses: qu'on me cite un dirigeant d'extrême droite qui ait fait du bien à son pays ?
Rédigé par : Tomas | 10 avril 2020 à 19:24
Merci Tomas, parfois on a l'impression que certaines personnes oublient leurs fondamentaux depuis que tout est pareil, gris et gris, que tout se vaut, et que haine des autres et amour de soi sont les mamelles du "nouveau" [pas si nouveau] business...
Ce qui me semble encore difficile à discerner concernant les adhérents à la doctrine extrémiste raciste [inclus antisémite], sexiste, homophobe, anti-franc-maçons, anti-socialiste, anti-droite douce [comme il y a sciences douces et sciences dures] : faut-il avoir adhéré à un ou quelques-uns des éléments que vous citez ou faut-il les avoir tous adoptés pour être rangé dans cette catégorie politique ?
En tout cas le fait de nier cette appartenance est un signe très repérable. J'avoue que je ne l'avais pas repéré jusqu'ici.
Rédigé par : Toto | 10 avril 2020 à 08:36
@ Toto
C'est ceux qui n'aiment pas les étrangers (Juifs, Arabes, Noirs, les trois, ça dépend des modes), les homosexuels et veulent que la femme reste à la maison pour procréer et nourrir son mari. Ils sont "pour les valeurs", pour l'ordre (peine de mort, donc) et n'aiment pas le parlementarisme, source de bavardages. Ni l'Etat de droit, inadmissible obstacle à la volonté populaire. Ils ont aussi un vague discours social jamais mis en oeuvre.
Niant nos différences, dont on peut rappeler qu'elles sont outre celle de nos origines l'expression de nos goûts, ils voudraient unir la communauté nationale autour de leurs fameuses "valeurs".
Mal définies, celles-ci sont plastiques, ce qui est commode pour rester au pouvoir.
A noter que le militant d'extrême droite en est rarement fier, puisqu'il passe son temps à nier le fait qu'il le soit.
Voilà, je crois ne rien avoir oublié, la consultation est gratuite !
Rédigé par : Tomas | 09 avril 2020 à 19:34
@ Serge HIREL
Tiens c'est vrai je n'y avais pas pensé, la catholique déclarée Marion Le Pen est l'héritière directe de Maurras du moment. Ce qui est savoureux d'ailleurs, car si Maurras voulait une Eglise forte pour encadrer la société il ne croyait pas en Dieu.
Je ne pense pas qu'un numéro de revue confidentielle animé par un philosophe médiocre et un éditorialiste d'extrême droite vaille "mise en lumière" de ce penseur, cependant.
Il est juste de rappeler qu'il a existé puisque c'est une figure importante de l'histoire des idées politiques en France au XXe siècle, mais il n'est pas forcément injuste de l'omettre d'un hommage officiel. Ses livres ne courent pas les rayonnages des librairies, en outre, il me semble. Le traitement historique dont il fait l'objet me semble tout à fait équitable.
Et je ne pense pas que 10 % des électeurs du FN aient entendu parler de lui, même si on doit sans doute trouver un pourcentage d'électeurs du FN plus élevé que la moyenne chez les lecteurs de Maurras, s'il y en a !
Rédigé par : Tomas | 09 avril 2020 à 18:45
Au fait, c'est quoi déjà l'extrême droite ?
Rédigé par : Toto | 09 avril 2020 à 17:46
Nous devrions nous interroger un peu plus sur le système qui a permis les procès de ladite "Libération".
Nous sommes passés de l'emprise physique des Allemands à celle intellectuelle du communisme et des procès staliniens - belle libération !
Or, nous ne sommes toujours pas libérés de cette racaille qui sévit toujours dans les merdias, à commencer par Radio France, mais aussi dans l'enseignement.
Pour preuve, la loi Gayssot n'a non seulement pas été abrogée, mais s'aggrave sans cesse.
Nous ne voyons pas poindre un Franco pour nous en libérer, peut-être l'Islam...
Bercoff fait ce qu'il peut, mais il en faudrait beaucoup comme lui.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 09 avril 2020 à 11:58
@ Serge HIREL | 08 avril 2020 à 14:59
Excellent commentaire auquel je souscris en très grande partie.
Toutefois, quant à la notion de "nation", si le nationalisme intégral était celui de Charles Maurras, d'autres formes de "nationalisme" purement républicain que je qualifie de "nationisme" ne sont aucunement rattachées à celui de Charles Maurras.
Ce que vous englobez dans votre notion d’extrême droite et de frange de la droite républicaine françaises actuelle dans cet alinéa : "Non bien sûr, parce que, sans en avoir la stature, ni la cohérence dans la doctrine, ni même le verbe, l’extrême droite d’aujourd’hui - voire une frange de la droite dite « républicaine » - est, en partie, inspirée par Charles Maurras. Les notions de « nation », d’« autorité du pouvoir », de « génie français » qu’il exaltait ne sont pas étrangères, loin s’en faut, aux discours des diverses tendances de ce courant" me semble trop général.
De fait, prenons le cas du général de Gaulle, défenseur s'il en est de la nation française ou du génie français, qui n'a jamais été maurrassien (même si son père relevait de cette pensée). On trouvera ici sa position philosophico-religieuse : http://www.ipolitique.fr/archive/2010/06/15/politique-charles-de-gaulle.html
Par ailleurs, il a été influencé par la tradition chrétienne sociale du XIX° siècle (Marc Sangnier notamment). On trouvera plus de précisions ici : https://books.openedition.org/irhis/1080?lang=fr (voir § Climats notamment).
Sans oublier que la notion de "nation" pendant la Révolution française était à l'époque de gauche, ce que la gauche actuelle a naturellement oublié !
Il n'y a donc pas lieu de considérer que ces expressions, certes abondamment utilisées par Charles Maurras, correspondraient à la seule extrême droite et à une frange de la droite françaises actuelles, d'autant que Charles Maurras était fondamentalement opposé à l'Eglise catholique (il en a d'ailleurs été excommunié) alors que de Gaulle était un catholique revendiqué dans sa vie privée.
Rédigé par : Robert | 09 avril 2020 à 11:54
Nous pouvons certes parler reparler avec emphase de personnages d’une certaine époque qui ont contribué grandement à l’essor national, mondial, humain.
Perso, c’est pas trop mon truc le passé de ceux qui ont défrayé les chroniques, qui ont, auraient, un passé noir, grisâtre, sulfureux, honnis depuis leur disparition, laissons-les à leur place dans les placards .
D’autant que la coupe pleine, cela ravive des rancoeurs, des excès de langage, ces prises de positions entraînent toujours un cortège d’adhésion comme d’opposants.
C’est aussi vrai que de ramener hors sujet exagérément un événement actuel à toutes les sauces, en se comportant comme un coucou parasitaire qui fait profiter sa progéniture de la chaleur du nid des autres, quitte à balancer de côté la couvée de notre hôte bienveillant.
Cependant il n’était pas inutile d’accrocher son wagon à la locomotive, en évoquant par ricochet un aspect peut-être superficiel du susnommé quant à sa participation contributive inattendue à une oeuvre dont le sujet est sans controverse.
Après, ma foi, comme on dit ça ne mange pas de pain, mélomane ou exécutant, chacun peut choisir son instrument de musique, grosse caisse, fifre ou tambourin et jouer en solo sa partition.
Qui trouverait donc à redire ?
Rédigé par : Lionel | 08 avril 2020 à 19:48
Charles Maurras a partagé, promu et défendu des idées qui étaient présentes dans la société française à son époque et dont certaines sont totalement contraires aux valeurs qu’est censée exprimer notre devise républicaine. République qu’une partie de la droite conservatrice n’appréciait guère. Beaucoup d’entre nous avons probablement des aïeux qui, sans être aussi féroces dans leurs propos que lui, n’ont pas été loin de faire leurs quelques-unes de ses postures. Qui ne détestaient pas les Allemands avant 14 ? Combien la France a-t-elle compté de « dreyfusards » et d’« antidreyfusards » ? Ce qui, au début du XXe siècle, revenait souvent à exprimer sans l’avouer clairement son opinion quant aux Juifs...
Maurras est-il aux oubliettes comme l’écrivent certains ?
Non bien sûr, parce qu’un procès politique, tel celui qui, en 1945, a abouti sans surprise à sa condamnation, n’a jamais réussi et ne réussira jamais à faire disparaître la liberté de pensée. Sur ce point, mieux vaut un combat d’idées à la loyale qu’un arsenal de lois interdisant telle ou telle opinion. L’amendement n°1 de la Constitution des Etats-Unis est exemplaire...
Non bien sûr, parce que le courant de pensée qui fut le sien, même s’il a abandonné son aspect haineux d’avant-guerre, marque encore profondément la France d’aujourd’hui. A tel point que ses adversaires - la gauche dans son ensemble -, s’ils ne font pas référence publiquement à leur combat contre lui, n’ont de cesse, pour l’abaisser, de le confondre avec le fascisme. La page « discussions » de la rubrique « Maurras » de Wikipédia est, sur ce point, très éclairante.
Non bien sûr, parce que, sans en avoir la stature, ni la cohérence dans la doctrine, ni même le verbe, l’extrême droite d’aujourd’hui - voire une frange de la droite dite « républicaine » - est, en partie, inspirée par Charles Maurras. Les notions de « nation », d’« autorité du pouvoir », de « génie français » qu’il exaltait ne sont pas étrangères, loin s’en faut, aux discours des diverses tendances de ce courant.
Jean-Marie Le Pen, qui partage aussi avec lui le goût de la provocation, en a été le plus proche, tout en se complaisant dans son rôle d’opposant. Tout aussi « nationaliste » que lui, sa fille, elle, pour ratisser plus large, a habillé son discours d’oripeaux socialistes... et se complaît dans le populisme... Ce qui l’éloigne d’un des piliers de l’Action française : le recours à l’élite.
Reste Marion Maréchal-Le Pen. Moins présente dans les médias, elle tisse sa toile en silence, n’hésitant pas à fréquenter les congrès de ce mouvement devenu groupuscule, à se montrer aux côtés d’éditorialistes dits « sulfureux », à donner des preuves de son penchant pour la tradition, le mérite, le « réarmement intellectuel »... Maurras n’est pas loin...
Certes, les temps ont changé, les mœurs aussi. Des pans entiers de sa doctrine sont définitivement obsolètes. La finance, honnie par lui, le multiculturalisme, qu’il rejetait tout autant, triomphent... Même si, ces jours-ci, leurs faiblesses sautent aux yeux et pourraient bien perdre une large partie de leur lustre. Mais il ne saurait néanmoins être question d’appliquer à la lettre une doctrine qui date d’un autre siècle. En quelque sorte, Maurras lui-même le dit dans cette pensée citée par notre hôte, que l’on peut comprendre comme un appel à « ne pas négliger de mettre bout à bout les admirables profits [du progrès] »... et à les prendre en compte dans la conduite de la nation.
La question que pose Philippe n’est pas si « taquine » que cela. L’alignement des planètes provoqué par la crise sanitaire mondiale et le besoin d’isolement et d’autorité qu’elle a entraîné redonne du souffle à cette doctrine dont de Gaulle lui-même - avant l’erreur fatale de Maurras vis-à-vis de l’occupant - n’était pas très éloigné. La finance, le mondialisme, le progressisme, l’européanisme vont tenter de terrasser cet adversaire jusqu’alors un peu oublié...
Mais l’ignorer, le mépriser n’est pas la meilleure arme. En 2018, se piquant d’intellectualisme, notre jeune Président a cru bon d’obéir aux « antiracistes » et d’éliminer Maurras de la liste des penseurs français qui comptent... Censuré hier, le voici à nouveau dans la lumière...
Rédigé par : Serge HIREL | 08 avril 2020 à 14:59
@ Isabelle
"En plein confinement, la venue de Macron en Seine-Saint-Denis provoque un attroupement et des critiques"
C'est de Funès, en moins comique !
http://www.leparisien.fr/politique/en-plein-confinement-la-venue-de-macron-en-seine-saint-denis-provoque-un-attroupement-et-des-critiques-07-04-2020-8295975.php
Rédigé par : Sophie | 08 avril 2020 à 11:43
Charles Maurras était doué d'une certaine clairvoyance, voir par exemple le paragraphe « La Mosquée », figurant dans ses écrits du 13 juillet 1926 dans l'Action française:
http://maurras.net/textes/113.html
Rédigé par : Exilé | 08 avril 2020 à 11:08
@ Michel Deluré | 08 avril 2020 à 09:29
« Le civilisé, parce qu'il est civilisé, a beaucoup plus d'obligations envers la société que celle-ci ne saurait en avoir jamais envers lui. Il a, en d'autres termes, bien plus de devoirs que de droits ».
Belle citation de Maurras qui ressemble étrangement à celle de J-F Kennedy qui a dit :
« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
Rien que pour cela il mérite notre indulgence.
Rédigé par : Achille | 08 avril 2020 à 10:48
Vous nous parlez de Maurras. Pendant ce temps-là, un fou inconscient dirige ce qui nous reste de pays.
"Irresponsable et dangereux", Macron fait le beau à Pantin. Mouvement de foule.
Pas de masques bien entendu, distances de sécurité pas du tout respectées. Nous pataugeons en pleine folie furieuse !
https://www.facebook.com/ECIOTTI/videos/247184159783631/
Rédigé par : Isabelle | 08 avril 2020 à 09:40
@ Achille 07/04 20:19
Je ne maîtrise sans doute le sujet de ce billet guère mieux que vous Achille et je pourrais, comme vous, passer mon tour ou alors, comme le font certains, faire du hors-sujet en parlant par exemple de chloroquine !
Je ne m'abandonnerai cependant pas à cette facilité et, bien qu'éloigné des idées maurrassiennes, je me permets de vous soumettre une citation de cet auteur : « Le civilisé, parce qu'il est civilisé, a beaucoup plus d'obligations envers la société que celle-ci ne saurait en avoir jamais envers lui. Il a, en d'autres termes, bien plus de devoirs que de droits ».
Même sans adhérer à la philosophie maurrassienne, il me semble que nombreux sont ceux qui peuvent partager ce point de vue, quel que soit son positionnement idéologique, point de vue qui me semble toujours particulièrement vrai et parfaitement d'actualité.
Rédigé par : Michel Deluré | 08 avril 2020 à 09:29
Charles Mauras est un auteur que je n'ai pas lu. Un ami sémite m'avait prévenu de la teneur choquante de certaines de ses pages et je n'ai pas souhaité acquérir cette expérience.
De ce billet je retiens l'alternance des sentiments qui sont exprimés pendant cette époque de confinement. Tels des enfants, les gens montent vers la joie éphémère de l'ironie hilarante pour mieux redescendre aussitôt vers la torpeur terrifiée.
La vie est courte, il y a tant de choses à lire. Je fais des choix.
Rédigé par : Vamonos | 08 avril 2020 à 05:22
"Pour "réduire l'inculture générale", il serait tout de même bon que "le quotidien royaliste sur la Toile" ne cède pas à l'épouvantable mode qui fait aujourd'hui écrire : "La Nouvelle Revue Universelle n°58 et son exceptionnel sommaire consacré à 'Le nouvel âge du maurrassisme'."
Son sommaire consacré à le nouvel âge... Avant de s'occuper à lustrer la gloire du Roy de Frônce, ces messieurs pourraient peut-être commencer par apprendre le français."
Rédigé par : Robert Marchenoir | 07 avril 2020 à 19:38
Hum !
Vous oubliez les guillemets...
Mais j’avoue mon ignorance.
Certes ce n’est pas très « musical »...
Pour autant est-ce une faute de français ?
Qu’en pense notre éminente correctrice ?
Rédigé par : sbriglia | 07 avril 2020 à 22:00
"Ou le droit, comme nous vivons au quotidien une expérience hors norme, de nous intéresser à des sujets inédits ou à des personnalités en général exilées, ostracisées, méconnues." (PB)
C'est un effet de style, j'imagine... Sinon, on a toujours le droit de s’intéresser à ce qu'on veut.
Disons que le public, moins volage grâce au confinement, pas exactement captif mais plus disponible, devrait être plus réceptif, plutôt.
Mais je pense bien qu'on ne peut pas le dire.
""Y a-t-il un progrès ?... Il y en aurait à coup sûr si chaque âge ne s'oubliait à perdre d'un côté ce qu'il gagne de l'autre ; si, la plupart du temps, l'homme ne négligeait de mettre bout à bout ses plus admirables profits" (Maurras)"
Cette question s'avère une des plus complexes qui soit. Davantage que la question de la liberté de l'être humain, dont la faiblesse comme l'existence me semble prouvée par l'expérience de Libert.
Bref, j'ai tendance à contredire et mitiger toute appréciation péremptoire, selon ce qui me vient à l'esprit sur le moment.
Maurras était un écrivain. Doit-on considérer que l'écriture ne soit pas un progrès ?
Il est encore d'autre cas où les progrès, comme les erreurs, ne se voient qu'à long terme.
De même, on ne saisit pas un tableau par ses coups de pinceau, mais avec un recul proportionné à sa taille, son objet, le peintre, l'éclairage et son humeur de l'instant.
Il me semble encore discerner des cas de progrès.
Rédigé par : Lodi | 07 avril 2020 à 21:35
J'extrais de l'article de Wikipédia les phrases suivantes:
"À l'occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Charles Maurras, l'historien Olivier Dard rédige une notice de trois pages pour le livre des commémorations nationales 2018. À la suite de protestations d'associations antiracistes, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, retire la référence à l'écrivain dans le livre ; les trois pages de Dard sont intégralement « supprimées » et les ouvrages déjà imprimés envoyés au pilon.
Le 21 mars 2018, dix des douze membres du Haut Comité des commémorations nationales — Christian Amalvi, Marie-Laure Bernadac, Gilles Cantagrel, Nicole Garnier, Claude Gauvard, Robert Halleux, Jean-Noël Jeanneney, Évelyne Lever, Pascal Ory et Jacques Perot — donnent leur démission ne pouvant plus « siéger avec, en permanence, la menace soit de la censure soit de l’autocensure »".
Voila comment la force politique dominante a un moment tente de réécrire l'histoire.
Rédigé par : PAUL | 07 avril 2020 à 21:19
@ Achille 07 avril 2020
"...ce personnage que je n'hésiterai pas à appeler "sulfureux"... n'en déplaise à l'ami boureau."
Mais Achille, je suis d'accord avec vous ! Les bras vous en tombent ?
C'est dommage que vous ne vous soyez pas intéressé à l'Histoire : bien connaître l'Histoire vous en apprend beaucoup pour appréhender l'avenir.
"...ses idées qui sont à mille lieues des miennes" écrivez-vous.
Voilà des certitudes qui montrent effectivement - comme vous l'indiquez vous-même - votre méconnaissance de Charles Maurras.
Les idées que vous avez sur lui sont celles développées contre lui par la gauche et l'extrême gauche. En le connaissant un peu plus, vous seriez surpris de constater qu'il a eu pratiquement toutes les idées ! Il faut trier !
Mais son siècle est passé et avec lui son contexte "sulfureux" (lui aussi) : la honte de 1870, la guerre de 14/18, les années dites "sombres", la guerre 39/45, le communisme, le fascisme...
Comment ne pas avoir développé des idées "sulfureuses" dans ce demi-siècle sans doute - jusqu'à nouvel ordre - le plus fou de l'histoire du monde ?
Ne sortez pas surtout.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 07 avril 2020 à 21:10
Cher Philippe,
Ce que vous pouvez être taquin.
Vous n'avez pas tort, nul n'est fait d'un bloc.
Hitler aimait les enfants… blonds.
Yuval Noah Harari dont j'ai déjà parlé ici, dans "Sapiens", s'amuse à ce sujet. Il énonce que l'humaniste est celui qui se soucie du sort de l'humanité. Et qu'à ce titre, Hitler était un humaniste considérant que pour sauver l'humanité il ne fallait conserver que les blonds aux yeux bleus. Après tout ce n'est qu'une question de perspective.
Tout comme lui, que je plaisante.
Mais il ne faut pas faire semblant de ne pas comprendre ce qui provoque chez les uns et les autres un regard univoque sur le personnage.
Il a émis des opinions qui, à une époque où l'antijudaïsme a fait tant de mal, auraient dû rester par-devers lui.
Le prisme de la dernière guerre mondiale est puissant, et si je ne peux vous contester que le regard pourrait être plus nuancé, compte tenu de l'inculture générale sur le personnage, dont la mienne, c'est ce qui reste. Injuste ? Pas sûr.
On pourrait lui appliquer cette maxime de je ne sais qui disant qu'il ne faut pas juger les hommes sur leurs opinions mais sur ce que leurs opinions font d'eux. D'après vous, ça permettrait plus de nuances.
Donc qu'a-t-il fait ? A-t-il été un homme honorable ? non. Vichyste. Pétainiste. Raciste. Il n'aimait pas les Allemands. Ce n'est pas un brevet d'honorabilité. Anti-dreyfusard primaire.
Etait-il un salaud ? Ordinaire à l'époque. Majoritairement l'Europe détestait les juifs. Cela fait-il de l'antijudaïsme quelque chose d'acceptable au prétexte qu'il était très partagé ? non. C'est une saloperie. Quelque époque à laquelle il fut pratiqué.
La culture ne fait pas nuance en soi.
Que Polanski ait fait des films n'empêche en rien de le regarder au prisme du viol d'une fillette de 13 ans qu'il a sodomisée à deux reprises en la droguant alors qu'il en avait plus de quarante. Le reste n'a pour moi aucune importance. Ses films sont anecdotiques en regard de cela.
Je suis moi-même taquin, mais il me semble que, parfois, selon vos dilections naturelles vers une forme d'autoritarisme, de rigorisme, vous avez des indulgences pour des personnages qui, pour peu qu'ils répondent à celles-ci, vous rend nuancé, nuances qui titillent la complaisance pour l'inacceptable.
Rédigé par : Jérôme | 07 avril 2020 à 20:49
« Parce qu'il convient de saluer tout ce qui cherche à réduire l'inculture générale, historique, littéraire et politique. »
Personnellement, Charles Maurras, connais pas. Quand j’étais à l’école il n’était pas au programme d’Histoire et en plus je n’aimais pas cette matière.
J’en ai vaguement entendu parler, par des documentaires sur l’Occupation qui passaient tard le soir à la télé.
Je dois dire que le personnage, tout comme ses idées qui sont à mille lieues des miennes, ne m’a jamais fasciné au point que je m’intéresse à sa vie et à son œuvre.
Bref, je passe mon tour. Mais je ne manquerai pas de lire les commentaires qui, j’en suis certain, permettront de combler mes lacunes sur ce personnage que je n'hésiterai pas à appeler "sulfureux"... n'en déplaise à l'ami boureau.
Rédigé par : Achille | 07 avril 2020 à 20:19
Pour "réduire l'inculture générale", il serait tout de même bon que "le quotidien royaliste sur la Toile" ne cède pas à l'épouvantable mode qui fait aujourd'hui écrire : "La Nouvelle Revue Universelle n°58 et son exceptionnel sommaire consacré à 'Le nouvel âge du maurrassisme'."
Son sommaire consacré à le nouvel âge... Avant de s'occuper à lustrer la gloire du Roy de Frônce, ces messieurs pourraient peut-être commencer par apprendre le français.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 07 avril 2020 à 19:38
Réflexions bienvenues en ces temps où simplifications et catégorisations donnent le ton des débats politiques.
Les grands penseurs se brûlent généralement les ailes en choisissant l'action politique.
Maurras comme d'autres l'ont payé cher, leur oeuvre disparaissant sous les coups de mises à l'index.
Rédigé par : caffer | 07 avril 2020 à 17:25
Charles Maurras a fait partie du mouvement du Félibrige. Suite à votre billet, il me revient à l’esprit le nom de Frédéric Mistral.
Voici un hymne d’espérance d’actualité.
Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru
Coupo santo
E versanto
Vuejo à plen bord
Vuejo abord
Lis estrambord
E l’enavans di fort !
D’un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin
Et si les félibres tombent
Tombera notre nation
D’une race qui regerme
Peut-être sommes-nous les premiers jets
De la patrie, peut-être, nous sommes
Les piliers et les chefs
Viejo-nous lis esperanço
E li raive do’u jouvent
Do’u passat la remembranço
E la fe dins l’an que vèn
Vuejo-nous la couneissènço
Dou verai emai do’u bèu
E lis àuti jouïssènço
Que de trufons dou toumbèu
Verse-nous la Poésie
Pour chanter tout ce qui vit
Car c’est elle l’ambroisie
Qui transforme l’homme en Dieu
Pour la gloire du pays
Vous enfin qui êtes nos alliés
Catalans, de loin ô frères
Tous ensemble communions !
Admirable, transposer, changer quelques mots, rien de plus facile et les dédier à des personnes méritantes et une en particulier à Marsiho.
Rédigé par : Lionel | 07 avril 2020 à 17:22
"Charles Maurras : le retour ?"
Vous n'y pensez pas et vous le savez bien cher P. Bilger !
Intellectuellement en France, depuis cinquante ans, nous sommes au creux de la vague. Vous le soulignez avec raison. Mais le siècle de Maurras est passé.
Employer le mot Maurras ou maurrassien dans une conversation médiatique, provoque instinctivement le recul réprobateur des voisins du coupable qui ose introduire ce mot maudit.
Il y a quelques mois, Eric Zemmour était interviewé par une des madones relais du pouvoir macronien, Ruth Elkrief, à l'occasion de la sortie d'un de ses livres. A une des réponses de Zemmour, la caméra par hasard étant sur le visage de Ruth, celle-ci s'est écriée, les yeux exorbités : "Eric Zemmour, vous n'êtes pas maurrassien tout de même ?"
Ah ce "tout de même", qui en dit si long sur l'esprit médiatique du temps.
Maurras est parti pour l'oubli, comme tant d'autres ! Quant au progrès, si j'ai le temps et l'esprit libre, j'y réfléchirai après la crise.
Cordialement.
Rédigé par : boureau | 07 avril 2020 à 17:01
Il ne me semble pas que Maurras soit si oublié que vous semblez le suggérer au début de votre billet. Tout étudiant en sciences politiques, notamment, a ce penseur important du conservatisme français à son programme. Comme Barrès, il fait partie de notre histoire. Mais c'est vrai qu'il est probablement peu lu, et que l'indignité nationale qu'a constituée sa condamnation en 1945 dure encore, et le relèguera d'ailleurs probablement dans l'oubli, car il faudra bien qu'on oublie cette époque un jour.
Eric Zemmour a sans doute l'ambition de lui succéder dans ce panthéon des penseurs de la droite réactionnaire française. Je doute qu'il y parvienne, il n'est pas du même calibre intellectuel. Si l'Action française était "le parti de l'intelligence" (au moins pour les cadres), ce n'est le cas d'aucun des partis qui se réclament de près ou de loin de sa tradition aujourd'hui, il faut bien le constater.
Rédigé par : Tomas | 07 avril 2020 à 16:54
Il serait trop long - des historiens objectifs l'ont fait - de décrire l'itinéraire intellectuel et politique de Maurras qui serait incompatible avec le caractère simpliste et manichéen de l'ignorance contemporaine. Il me suffit de mentionner quelques-uns de ceux qui ont été marqués et influencés par lui. Ainsi Jacques Bainville, Georges Bernanos, Jacques Maritain, la famille littéraire des Hussards, notamment Michel Déon qui a été un temps son secrétaire et bien sûr de Gaulle dont le terreau a été maurrassien.
Mais l'influence de Charles Maurras ne s'est pas cantonnée loin s'en faut au seul domaine littéraire, elle a inspiré l'engagement d'hommes d'action dans les divers mouvements de résistance, hommes qui ont été parfois membres de l'Action française ou bien des Camelots du Roi, y compris des gens qui ont par la suite été connus sous une étiquette gaulliste.
Les effets sur l'histoire de notre pays de l'influence de quelqu'un qui était surtout un penseur et un écrivain sont assez remarquables.
Charles Maurras : une personnalité complexe dans une période complexe elle aussi.
Rédigé par : Exilé | 07 avril 2020 à 13:28