Les médias annonçant la venue de Darius Rochebin (DR) sur LCI l'ont présenté comme l'étoile du journalisme suisse, un maître incontesté en entretiens. Je n'avais jamais entendu parler de lui mais tous ceux, professionnels ou amis suisses par exemple, à qui j'ai demandé leur avis m'ont affirmé qu'il était exceptionnel.
J'ai pu lire durant les vacances quelques portraits de lui où on le présentait comme un être cultivé, avec une intelligence courtoise, une écoute très attentive, un questionnement fin et informé.
On devine comme j'étais impatient de le voir à l'oeuvre sur LCI, dans un exercice qui exige le comble du talent et de la retenue, ses meilleures dispositions devant être mises au service des invités qui apparaissaient conscients de la chance qu'ils avaient d'être sollicités par une personnalité médiatique hors de pair.
D'emblée il y avait comme un climat de respect réciproque, une atmosphère préalable d'harmonie.
J'ai pu, téléspectateur attentif et observateur passionné, curieux du fond échangé comme de la technique dont usait DR, assister à quelques entretiens, ceux de Bruno Le Maire, de Robert Badinter, de François Molins et de Ségolène Royal. Je n'ai pas été déçu par le comportement tant vanté de DR.
Je l'ai analysé comme l'excellence d'un journalisme classique fondé sur quelques vertus essentielles : une attitude polie et bienveillante de sa part qui manifestait que celui qui allait interroger ne se prendrait pas pour plus important que la personne face à lui ; des questions courtes, sans roideur, comme emplies d'un doute qui allait donner toutes ses chances à la liberté et à la sincérité d'autrui ; aucune impasse sur les points controversés qui étaient abordés avec la même sérénité, ce qui écartait tout risque de conflit ; une intelligence d'autant plus vive qu'elle ne s'affichait pas ostensiblement et rencontrait l'intimité de l'autre grâce à un langage de qualité, sans la moindre vulgarité ; une écoute sans impatience ; parfois une interruption pour relancer ; toujours ce regard grave ou pacifiquement ironique : on n'était pas dans un guet-apens.
J'ai l'impression que DR - mais j'ai trop peu de recul par rapport à ses prestations - ne privilégie pas forcément les personnalités consensuelles mais qu'il fait tout pour les rendre consensuelles, pour les faire rentrer dans un cercle de bon aloi.
Une fois passé l'enthousiasme face à une pratique exemplaire, je me suis demandé pourquoi l'irruption de DR dans l'espace médiatique français était apparu comme un miracle alors que, pour moi, les qualités que j'ai évoquées et qu'il a, devraient être consubstantielles à tout journalisme ayant le désir de sonder le coeur et les reins d'un invité, quels que soient les thèmes abordés. En réalité, il m'a semblé que les médias français, malgré une apparence parfois d'arrogance et de contentement de soi, étaient si peu sûrs d'eux, si incertains sur leur compétence, qu'ils percevaient l'irruption de l'excellent DR comme extraordinaire, telle une bienfaisante rupture alors qu'elle aurait dû rappeler à tous que sa démarche d'écoute, de questionnement et d'intelligence était une évidence.
Ou bien faudrait-il pousser le pessimisme jusqu'à accepter l'idée que dans la classe médiatique ces dispositions fondamentales sont en régression au point de féliciter chaleureusement un journaliste suisse qui les porte au plus haut ?
Pour être franc, ayant lu sur DR et l'ayant écouté, je n'ai pas pu m'empêcher de songer à ce que, modestement, j'ai conçu avec mes entretiens "Bilger les soumet à la question". Je n'ose invoquer une similitude qui serait présomptueuse au regard de la machine de LCI et du succès justifié de DR. Il n'empêche que mes dialogues d'environ une heure, fondés sur le principe de ne jamais interrompre mes invités avant qu'ils aient fini leur réponse, aussi longue soit-elle, ne sont pas radicalement éloignés de l'esprit et de la méthode de DR. Paradoxalement, pour qu'une personnalité fasse court, il faut lui donner la certitude qu'on lui laissera tout le temps !
Qu'on veuille bien, comme exemple, comparer l'entretien avec Ségolène Royal mené par DR et celui qu'elle a bien voulu m'accorder.
Il n'empêche. Même si DR, exerçant ses talents en France, ne devrait pas être perçu comme un miracle mais comme une évidence, l'heureuse banalité d'une pratique digne de ce nom, il incarne un journalisme dont j'ai toujours rêvé.
Dans son sillage et honoré de l'être.
Retourné, l'âge venu, dans ma ville natale, je vais l'après-midi lire la presse nationale à la médiathèque municipale* d'une ville où le maire est communiste.
Ce jour, je trouve porte close. Un écriteau me précise pourquoi : mouvement de grève.
Je retourne au logis.
Dans l'enseignement, je n'ai jamais fait grève, même pas la grève annuelle, rituelle, pour « réclamer plus de moyens ». Comme j'ai toujours contesté ces motifs - les seuls moyens que j'espérais étaient des craies blanches - j'admettais que dans l'histoire certaines grèves pouvaient se concevoir. Par exemple, presque tous les profs de français, sauf moi, ont toujours adoré faire étudier à leurs élèves de lycée « Germinal », roman de Zola où l'on montre la lutte héroïque de mineurs surexploités par un patronat sanguinaire et sans pitié.
Ce jour, à Dieppe - c'est ma ville -, quand des employés municipaux dont l'employeur est communiste font grève, on lutte contre quelle surexploitation, contre quel odieux patronat, contre quelle mondialisation, contre quel capitalisme financier ? On espère quoi ? Une augmentation de salaire ? Pas question : la ville est surendettée et les finances sont au plus bas.
Alors, pourquoi diable faire grève ?
Mais quand des syndicalistes CGT d'une ville communiste ne travaillent pas, leurs journées de grève sont-elles payées quand même ? Dans l'affirmative, ils auraient bien raison de rester chez eux. Qui ne le ferait pas à leur place ?
*Plus d'employés (masqués) que d'usagers (masqués) ces temps-ci...
Rédigé par : Patrice Charoulet | 17 septembre 2020 à 15:47
Ne connaissant nullement DR, c'est donc par simple curiosité qu'à l'annonce de sa première intervention sur LCI je suis passé sur cette chaîne, histoire de découvrir le personnage dont j'entendais dire le plus grand bien et son style d'animateur.
J'avoue avoir été plus qu'agréablement surpris et avoir immédiatement apprécié sa pratique de l'interview qui contribue à mettre entre autres parfaitement à l'aise, sans inutile agressivité, avec élégance et courtoisie, son interlocuteur, sans jamais chercher à lui voler la vedette.
Je me suis même surpris à suivre avec lui des interviews d'invités qu'en d'autres circonstances je n'aurais pas écoutés.
Rédigé par : Michel Deluré | 17 septembre 2020 à 15:13
Bonjour Philippe,
C'est, je vous rejoins, très agréable d'écouter des interviews réalisées telles que vous les pratiquez, ça m'a permis de faire de belles découvertes, Mohed Altrad, François Sureau, par exemple, d'avoir une approche très ouverte dans les questions, de laisser le temps à un interlocuteur d'apporter par ses réponses un éclairage non ou peu contraint par le temps sur les questions posées.
Peut-être l'une des limites à cet exercice serait de ne pas contredire un interviewé qui mentirait, auquel on laisserait tout loisir de continuer dans une manipulation mensongère.
J'ai en mémoire un exemple, dont j'ai probablement déjà fait état. C'est le blog qui veut ça, à force de fréquenter des gens du 3ème âge on finit, par imitation, par radoter.
À l'époque du vote sur la Constitution européenne, promue entre deux borborygmes par Valéry Giscard d'Estaing, j'écoutais un matin, tout à fait par hasard, France Inter.
Je suis tombé sur Bernard Guetta interviewant le priape du Hilton.
Dans la conversation, B. Guetta dit à DSK :
- Vous pouvez donc confirmer aux auditeurs que la directive Bolkenstein est abandonnée.
DSK répond :
- Oui (peut-être plus développé mais le résumé était celui-là)
Les bras m'en tombent, Guetta ne dit rien.
Outre que la directive Bolkenstein ne faisait pas partie de la Constitution européenne, elle n'était en rien abandonnée mais suspendue.
Guetta ne corrige pas.
Le dimanche suivant, l'excellent Daniel Schneidermann invite Quentin Dickinson, rédac chef de France Inter à l'époque.
Et il le questionne sur ce sujet précis à mon grand contentement.
- Pourquoi votre journaliste ne corrige pas DSK puisque celui-ci dit des mensonges (le terme était peut-être contre-vérités) ?
Réponse de Quentin Dickinson, le Goebbels de l'information de France Inter à l'époque:
- Ce n'est pas au journaliste de tout dire, les auditeurs doivent se faire une opinion par eux-mêmes.
Donc le journaliste estime que pour défendre son point de vue (Guetta est un pro-européen convaincu, jusqu'à la malhonnêteté) il peut ne pas corriger un invité qui ment.
En ce qui me concerne, je suis sur ce fil. J'apprécie qu'un interviewé puisse s'exprimer et apporter une réponse aussi exhaustive que possible.
J'apprécie fort peu que le journaliste ne le reprenne pas si son interviewé ment, au risque de le couper abruptement, voire impoliment.
Le Darius je l'ai écouté deux trois fois. Rien de transcendant. Rien de plus qu'un Calvi.
Je préfère votre format ou celui de thinkerview.
Rédigé par : Jérôme | 17 septembre 2020 à 14:38
@ Savonarole 10h34
"Nous préférons les piliers de comptoir et autres sacripants, tels que Aphatie, Bourdin, Demorand, Christophe Barbier et quelques autres cantinières dont on taira les noms."
Le "nous préférons" est de trop !
"Certains préfèrent" auriez-vous dû préciser !!
Par ailleurs, j'ai vu que Fogiel, le patron de BFM TV, avait souligné la dérive droitière de CNews qui lui taille des croupières.
C'est comme dans le commerce, c'est une question d'offre et de demande: trop de gauche sociétale dans les médias et pas assez de droite conservatrice, la chaîne de Bolloré a trouvé son créneau pour combler le manque !
Rédigé par : caroff | 17 septembre 2020 à 14:20
J'avoue humblement que mon commentaire du 17 septembre 2020 à 09:07 basé sur l'avis élogieux de Philippe Bilger était un peu précipité.
Renseignements pris, il semblerait que M. Rochebin, vu par des Suisses, soit un des moins pires des journalistes de ce pays (la Suisse n'est plus non plus ce qu'elle était).
Il ne sera alors pas dépaysé en France et il pourra peut-être même vite progresser dans le genre.
Rédigé par : Exilé | 17 septembre 2020 à 13:42
On peut retrouver sur YouTube de nombreuses interviews de Darius Rochebin, dans son ancienne émission suisse "Pardonnez-moi".
Par ailleurs, j'aimerais beaucoup que M. Bilger interviewe l'ancien avocat général Luc Frémiot. Il est intervenu parfois sur d'anciennes affaires dans "Hondelatte raconte" et il donne envie d'être écouté par lui-même.
Rédigé par : Sophie | 17 septembre 2020 à 12:50
Je n'en ai vu qu'un moment, et je suis tombé sur le coup de Jarnac donné à Didier Raoult à la fin de son entretien dans le style de Michel Polac pour ceux qui s'en souviennent, un extrait totalement déconnecté de l'actualité pour dater des premières manifestations du covid en Chine. Je pense qu'à la place de Raoult, je lui aurais collé mon poing dans la figure. C'est quand même étonnant que ça n'arrive pas de temps à autre aux présentateurs. Le dernier que j'ai vu s'en prendre un à l'écran, c'était Jean-Edern Hallier, par François Chalais, et ça ne fait pas beaucoup en une quarantaine d'années.
Bref cher Monsieur Bilger, votre espoir médiatique, c'est un merdiacrate dans toute sa splendeur.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 17 septembre 2020 à 12:11
Bon, l'exemple des interviews de Ségolène Royal ne me semble pas constituer une référence. Quel intérêt ? Une carrière plus fondée sur le toupet, l'audace, que sur des compétences avérées.
Emboucher des trompettes, s'évanouir dans les échecs puis rebondir de façon éphémère. Elle devait faire rendre gorge aux sociétés autoroutières, résultat, augmentation des tarifs. Elle devait faire payer la circulation des camions sur les deux fois deux voies, résultat, 300 licenciements à Metz, démontage des dispositifs de péage, et les doux yeux aux bonnets rouges. On peut aussi parler de la fantomatique ambassadrice des pôles.
Ségolène est un marronnier pour journalistes qui auraient avantage à valoriser ceux qui créent de la richesse en France, qui embauchent, qui innovent. Donc ceux qui procurent des jobs à leurs enfants.
Rédigé par : jack | 17 septembre 2020 à 12:05
@ Savonarole | 17 septembre 2020 à 10:34
Ainsi donc le sondage porte sur les quatre ans et plus. Pauvres gosses !
Après on s’étonnera qu’ils deviennent de vrais poisons dès la maternelle !
Rédigé par : Achille | 17 septembre 2020 à 11:11
« Qu'on veuille bien, comme exemple, comparer l'entretien avec Ségolène Royal mené par DR et celui qu'elle a bien voulu m'accorder.« (PB)
DR est un pianiste qui joue sans regarder le clavier ou la partition.
Vous me semblez être plus... concentré, moins léger, plus scolaire.
Toute la différence entre le virtuose et l’amateur ce dernier fût-il talentueux.
Mais il est vrai que les Apolline et autres Bourdin sont renvoyés, par DR, au terminus des prétentieux.
Rédigé par : sbriglia | 17 septembre 2020 à 11:05
Avec ce prénom prestigieux, on pouvait penser que Darius Rochebin allait envahir nos écrans.
Hélas, sa gentillesse, son tact et son intelligence ne rencontrent pas le public français.
Nous préférons les piliers de comptoir et autres sacripants, tels que Aphatie, Bourdin, Demorand, Christophe Barbier et quelques autres cantinières dont on taira les noms.
Pourtant le pari de LCI en recrutant Darius Rochebin est annonceur d’une évolution dans les médias. C’est une bonne surprise.
Á BFM TV on a vu disparaître Apolline de Malherbe, qui officie aujourd’hui sur RMC, et qui dès potron-minet interroge en direct live l’auditrice Germaine Lambert sur l’effet des pesticides sur la reproduction des papillons.
Et puis, drame absolu, on a viré Ruth Elkrief, La République en Marche à elle toute seule. Et sans évoquer Anna Cabana, qui convole avec le gai luron Blanquer. J’imagine leurs dîners à la chandelle. Tordant.
Le succès incroyable de CNews, Romain Desarbres, Ferrari, Pascal Praud, Ferrari encore le soir, puis Zemmour, puis à nouveau Pascal Praud, contribue à faire émerger une TV de droite, pour la première fois depuis l’ORTF. Merci Bolloré.
LCI l’a compris.
https://www.toutelatele.com/darius-rochebin-debacle-d-audience-lci-balayee-par-pascal-praud-123142
Rédigé par : Savonarole | 17 septembre 2020 à 10:34
Vous décrivez le comportement naturel d'un demi-sémite étant de souche iranienne voire plus. Un nouvel animateur de télé pour passer le temps de ceux qui n'en ont rien à faire.
Rédigé par : Ninive | 17 septembre 2020 à 10:29
Cher Philippe,
Plus votre éloge de DR se développait, plus je me disais : dans l'art de conduire admirablement un dialogue, j'en connais un autre.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 17 septembre 2020 à 09:50
Je découvre Darius Rochebin.
J’attendrai pour me faire une opinion de suivre une interview par lui de Jean-Michel Aphatie ou l’inverse.
Du point de vue de la phrénologie et de la psychognomie, la photo montre des ressemblances évidentes entre les deux journalistes, ce qui prouve qu’il en est des deux disciplines en question comme de l’astrologie, tout est affaire de croyance.
Rédigé par : Tipaza | 17 septembre 2020 à 09:39
« J'ai pu lire durant les vacances quelques portraits de lui où on le présentait comme un être cultivé, avec une intelligence courtoise, une écoute très attentive, un questionnement fin et informé. » (PB)
Autrement dit, avec Darius Rochebin (né Darius Khoshbin) nous aurions en quelque sorte le Lebensstill suisse (politesse et respect des autres) au pays le plus poli du monde, allié à la légendaire courtoisie orientale, un OVNI donc au pays de « raconte c’que tu veux, c’est moi qu’ai raison » où déjà vous-même faites figure de personnage atypique, « au singulier » of corse.
Alors, les invités de LCI seront-ils désormais assis dans les « commodités de la conversation » ou véritablement poussés, le cas échéant mais en douceur, dans leurs derniers retranchements ?
En tout cas, la télévision suisse, tout comme TF1 en 2015 avec Anne-Claire Coudray née en 1977, ayant succédé à Claire Chazal née en 1956, semble avoir rajeuni la présentation de son JT de 19h30 avec Philippe Revaz, né en 1974, ayant succédé en août à DR né en 1966 et chevalier des Arts et Lettres, mais toutefois sans avoir attendu aussi longtemps pour changer et de tête et de style puisque ce Valaisan ne présente pas seul mais avec à la Fribourgeoise Claire Burgy.
Rédigé par : Catherine JACOB | 17 septembre 2020 à 09:35
En fait, par opposition à ce modèle helvétique, il apparaît que la plupart des journalistes français parmi ceux qui font la pluie et le beau temps sont des sauvages.
Mais nous étions depuis longtemps nombreux à le suspecter avant d'en être sûrs.
Rédigé par : Exilé | 17 septembre 2020 à 09:07
Bienvenue à Darius Rochebin !
Face à des aveux de taille, il reste de marbre et renvoie chacune, chacun à ses responsabilités... À la RTS c'était ainsi.
Rédigé par : Chemin de traverse | 17 septembre 2020 à 07:49
« Je l'ai analysé comme l'excellence d'un journalisme classique fondé sur quelques vertus essentielles : une attitude polie et bienveillante de sa part qui manifestait que celui qui allait interroger ne se prendrait pas pour plus important que la personne face à lui. »
Darius Rochebin (DR) a commencé fort dans ses nouvelles fonctions à LCI puisqu’une de ses premières interventions a consisté à interviewer la star des épidémiologistes - virologues – immunologistes - infectiologues - bactériologistes. Je veux parler, bien sûr du professeur Didier Raoult (DR lui aussi).
Malgré les qualités que vous lui attribuez, Philippe Bilger, il a cependant été recadré sans ménagement par le professeur pour avoir osé faire allusion aux bustes à son effigie dans son jardin. Attitude pas très bienveillante me semble-t-il…
Rédigé par : Achille | 17 septembre 2020 à 07:34
"Paradoxalement, pour qu'une personnalité fasse court, il faut lui donner la certitude qu'on lui laissera tout le temps !"
C'est normal : si on se sent enfermé par le temps, on veut sortir, si on a un petit territoire, on veut l’agrandir. Par contre, si on est sûr de posséder de vastes terres, on peut les résumer en un mot, je ne sais pas moi, les landes sous le vent ?
"une attitude polie et bienveillante de sa part qui manifestait que celui qui allait interroger ne se prendrait pas pour plus important que la personne face à lui "
Il ne se prend pas pour plus qu'il n'est.
"une intelligence d'autant plus vive qu'elle ne s'affichait pas ostensiblement"
Il ne se prend pas pour moins qu'il est... Quel luxe : sans doute personne n'a-t-il jamais vu remettre ses compétences et son intelligence en doute. Je suppose qu'il a conscience de sa chance car :
"J'ai l'impression que DR - mais j'ai trop peu de recul par rapport à ses prestations - ne privilégie pas forcément les personnalités consensuelles mais qu'il fait tout pour les rendre consensuelles, pour les faire rentrer dans un cercle de bon aloi."
J'ai l'impression qu'il veut intégrer les outsiders qui n'ont pas eu sa chance. S'il parvient à leur donner l'occasion de s'exprimer sans agressivité, contentes, elles ne peuvent qu'être un peu moins à cran. En somme, il donne la chance aux insiders de ne pas être enfermés dans l'entre-soi et aux outsiders de ne pas être enfermés dans leur solitude.
Et chacun peut sortir de sa routine ronronnante ou fracassante par la paix. En somme, c'est ce que devraient faire tous les animateurs : renouveler les invités, et par eux, leurs spectateurs.
Rédigé par : Lodi | 17 septembre 2020 à 07:04
Darius Rochebin vient d'un pays plus avancé démocratiquement que la France, où l'on sait que la vérité est éclairée de plusieurs points de perspectives, et quel consensus est nécessaire pour savoir la nommer.
Il est intéressant de remarquer que depuis son arrivée à LCI, la violence de notre société est conductrice de sa ligne éditoriale, permettant à la courtoisie naturelle de son exercice de comprendre qu'elle n'est pas, à votre exemple notre hôte, flagornerie, mais le meilleur moyen de poser des questions qui pourraient sinon paraître inconvenantes, voire insolentes, allant alors plus loin dans l’accouchement d'une pensée sans jamais céder à l'agressivité d'un JJ Bourdin, par exemple.
Nous voyons déjà l'effet de sa méthode sur les débats à la française, où les invectives tournent à l'aliénation, au brouhaha permanent de la violence collective, qui nécessite plus les mensonges du buzz pour faire entendre son déni d'autrui, que la voix simple et nue de la vérité.
Ce n'est pas un hasard si son émission sur la RTS s’appelait "Pardonnez-moi", cela tiendrait effectivement du miracle suisse si Darius Rochebin savait implanter en France cette évidence.
Rédigé par : Aliocha | 17 septembre 2020 à 06:56
"Je n'ose invoquer une similitude qui serait présomptueuse..." (PB)
Vous n'avez probablement pas le même talent, mais la similitude de l'approche existe bel et bien.
Je regrette parfois la non-pugnacité de Darius, mais il joue un rôle dans l'espace médiatique et il le joue bien.
Rédigé par : F68.10 | 17 septembre 2020 à 02:08
"Darius Rochebin : miracle ou évidence ?" (PB)
Evidence of course ! Enfin, une étoile venue d'ailleurs à qui les plus hautes personnalités de la planète ne refusent pas son interview, et pour cause.
Ecoutez-le
https://www.youtube.com/watch?v=-Hg9eLHdaOM
Rédigé par : Ellen | 17 septembre 2020 à 02:06
« Pour être franc, ayant lu sur Darius Rochebin et l'ayant écouté, je n'ai pas pu m'empêcher de songer à ce que, modestement, j'ai conçu avec mes entretiens "Bilger les soumet à la question". »
Vos entretiens sont très intéressants Philippe Bilger, nul ne le conteste, mais il ne faut pas confondre entretien et débat. Ce n’est pas du tout la même technique d’animation.
Dans un entretien il est relativement facile pour celui qui le conduit, de laisser la parole à son invité, revenir sur une réponse qui n’a pas paru claire. Généralement ça se passe toujours bien.
Mais il n’en est pas de même dans un débat où les autres invités peuvent intervenir sans l’accord de l’animateur, parfois tenant des propos polémiques. Situation assez classique dans certains émissions traitant de l’actualité, dans lesquelles, bien que ceux qui sont autour de la table soient toujours à peu près les mêmes, il n’est pas rare que les échanges se transforment très vite en brouhaha incompréhensible, vu que chacun des intervenants veut imposer son point de vue sans écouter celui des autres.
C’est là que le professionnalisme de l’animateur intervient en empêchant les bavards de monopoliser la parole, les "chauds bouillants" de montrer de l’agressivité et en permettant aux timides de pouvoir s’exprimer.
Cela se passe fort bien dans l’émission "Face à l’info". Mais il n’en est pas de même dans "l’Heure des pros" où, disons-le clairement, c’est carrément le foutoir, ainsi que le souligne Savonarole dans le billet précédent.
Mais il est vrai que le succès de certains talk-shows repose sur les clashs entre invités. Ces derniers étant même soigneusement choisis pour la circonstance. Taux d'audience oblige...
Rédigé par : Achille | 17 septembre 2020 à 01:45
En réponse à l’un de vos mails sur DR du 26 juillet, avant qu’il ne commence à officier sur LCI, voici ce que j’en disais : « Un vrai journaliste, courtois, pertinent, cultivé, connaissant ses dossiers, ayant le sens de l’humour, un modèle. »
J’avais eu l’occasion de l’apprécier à la télévision suisse.
De façon générale, concernant les interviews, je pense qu’il faut savoir déroger à la règle qui consiste à ne pas interrompre l’interviewé lorsque celui-ci pratique la langue de bois et l’enfumage manifeste. Par ailleurs, il faut savoir le relancer quand il répond à côté de la question. Il faut aussi le reprendre quand il se contredit ou lorsqu’il dit une contre-vérité. Faute de quoi, quelle que soit la qualité des questions posées, l’intervieweur risque d’apparaître complaisant.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 17 septembre 2020 à 00:41
Quand les chaînes de TV françaises en sont réduites à aller chercher des journalistes suisses pour en faire leur "Nouvelle Star", d'abord ça en dit long sur le niveau général des journaleux français et ensuite, après avoir essayé des pseudo-humoristes belges après les Québécois, c'est vraiment que la France est au fond du trou.
Mieux vaut directement déclarer officiellement que le territoire géographique qui s'appelait autrefois France est à vendre aux enchères chez Sotheby's ou Christie's.
Et encore, vu qu'ils ne font que dans la propriété de luxe, il n'est même pas sûr qu'ils veuillent se charger du fardeau d'essayer de la vendre vu que ça ne leur rapportera sûrement rien.
C'est pitoyable... C'est français quoi.
Quant à DR, pour moi, avec sa gu*ule de vieux premier de la classe, il a autant de charisme qu'une déclaration d'impôt.
Rédigé par : Wil | 17 septembre 2020 à 00:26