Denis Tillinac est mort.
C'était un hussard et un ami.
Pas l'un de ces hussards flamboyants, ostensibles, un zeste "ramenards" mais un authentique hussard par son intelligence non dogmatique, sa liberté, son imprévisibilité, sa passion du compagnonnage, son amour de la France et sa détestation des clans et des chapelles. Un hussard qui à bride élégante et sincère, quand il écrivait ou parlait, s'efforçait à la justesse et à la vérité. Mais en acceptant profondément celle de l'autre pour compléter la sienne, pour l'enrichir. Ses batailles étaient celles de l'esprit même s'il admirait les personnalités de notre Histoire, qui avaient, par le verbe et par l'épée, laissé une trace inoubliable dans nos esprits, dans nos mémoires et notre culture. On n'était pas obligé de partager toutes ses dilections politiques et l'ensemble de ses fraternités corréziennes mais il n'empêche qu'il était un hussard courageux, volant au secours des faibles, se portant à la rescousse des causes sacrifiées parce que trop belles, trop peu modernes, à la fois discret et en première ligne, un hussard comme je les aime.
Un hussard et un ami.
Certes je n'aurais pas la prétention, n'étant pas, de loin pas, dans ses proches, le plus proche, tant d'autres bénéficiaient de la faveur de son amitié, de cette tendresse bourrue avec laquelle il savait marquer, sans la moindre équivoque, qui lui plaisait, qui lui déplaisait.
Je me souviens cependant de rencontres, d'instants où avec délicatesse il exprimait ce qu'il ressentait, notamment quand il m'avait remercié parce que dans un tweet j'avais pourfendu une lamentable et injuste critique de l'un de ses livres, allant même jusqu'à lui reprocher ce qui était son point fort : son style remarquable, limpide, sans lourdeur, tout de grâce française. Nous n'étions pas d'accord sur tout - notamment sur sa vision très négative de la Justice - mais débattre avec lui était un bonheur quand s'accorder avec d'autres n'était même pas une aubaine.
Il m'avait envoyé son magnifique "Dictionnaire amoureux du Général" et parfois j'avais l'impression, lisant certaines entrées, qu'il parlait de lui et que Cyrano de Bergerac, aussi, n'était pas loin.
Rien de vulgaire chez lui. La grandeur et l'élégance de cette France des racines, des provinces et des sources avec en même temps cette appétence pour ce que Paris avait de meilleur et qui le situait aux antipodes du parisianisme et lui mettait des fourmis dans la tête, dans les jambes et dans l'esprit, happé par l'impatience de rejoindre sa chère Corrèze.
Je me souviens quand il m'a fait le plaisir et l'honneur de se "soumettre" à mon questionnement, préoccupé seulement par l'intégrité et l'honnêteté de ce qu'il avait à exprimer, à me répondre (voir mon Entretien du 20
septembre 2015).
Denis Tillinac était un hussard et un ami. Là où il passait avec ses émotions, ses idées, ses répliques, sa verve, sa fidélité, mais non empesée, aux traditions et au chant de la France, rien ne demeurait comme avant. Il était trop bon, trop remarquable : il parlait, il écrivait pour beaucoup d'entre nous, à la place d'une majorité silencieuse qu'il respectait et qu'il n'avait jamais eu le front de qualifier de populiste.
Denis Tillinac est mort.
Il va manquer à la France, à l'intelligence, à la liberté et à l'humain.
@ Mary Preud'homme | 01 octobre 2020 à 23:28
Merci Mary pour ce joli couplet.
Roger Pierre a raté sa carrière.
Au lieu de jouer les saltimbanques avec Jean-Marc Thibault, il aurait mieux fait de jouer des rôles comme dans Mon oncle d’Amérique de Resnais où il est méconnaissable.
Il avait un physique proche d’Alan Bates, acteur anglais.
Le cabaret français des fifties ou sixties a gâché beaucoup de talents. Mais il fallait vivre, le cacheton, le loyer à payer, etc.
Ce fut tout le génie de Resnais de lui faire jouer un contre-emploi.
Rédigé par : Savonarole | 05 octobre 2020 à 22:44
@ Savonarole, sbriglia et leur muse calamity jane :
"J'suis un petit gars plombier zingueur
J'fais des semaines de quarante-huit heures
Et j'attends qu'les dimanches s'amènent
Pour emmener ma grosse Germaine
Ou bien une autre ça revient au même
Mais moi j'préfère quand même Maimaine
A qui qu'un jour fougueux j'ai dit
Si qu'on allait s'promener chérie...
À Joinville-le-Pont pon pon !
Etc.
(paroles Roger Pierre)
Rédigé par : Mary Preud'homme | 01 octobre 2020 à 23:28
@ sbriglia 01 octobre 2020 à 15:57
Ah ça quelle surprise, c’est une découverte ! Merci de m’avoir alerté.
Quoique je n’en étais pas loin dans mon commentaire, les vaches, les brebis, les bouses, le foin...
Le tableau est désormais clair, c’est comme pour les impressionnistes, il faut se reculer de 3 mètres pour en saisir le sens.
Rédigé par : Savonarole | 01 octobre 2020 à 18:55
"...mis Germaine aux fourneaux, et alors là vous pouvez vous adresser à moi."
Rédigé par : Savonarole | 01 octobre 2020 à 11:45
"...mis Germain...!"
Pas très observateur, Savo !
Chemin de traverse n'est autre que calamity jane... célèbre ici pour avoir échappé à un moine lubrique et ses bottes de foin…
Rédigé par : sbriglia@Savonarole | 01 octobre 2020 à 15:57
@ Chemin de traverse | 30 septembre 2020 à 04:35
À 4:35 on n’a pas les yeux en face des trous.
Pauvres vaches et brebis qui vous attendent dans l’étable, vous avez dû abuser du Chouchen local.
Vous ne devriez commenter qu’après 18 heures, lorsque vous avez rentré les vaches et brebis, rempli les râteliers de foin, pris une douche, mis Germaine aux fourneaux, et alors là vous pouvez vous adresser à moi.
Rédigé par : Savonarole | 01 octobre 2020 à 11:45
@ Trekker 29 septembre 23:48
Concernant votre dernier paragraphe la réponse est non.
Sachez en outre qu'en matière d'expérience du risque et de vivre dangereusement il n'y a pas que le sport et autres prouesses essentiellement physiques.
Rédigé par : Mary Preud'homme | 30 septembre 2020 à 20:41
@ sbriglia | 29 septembre 2020 à 17:22
""Jamais tant de sacrifices n'ont été demandés à notre jeunesse"... a déclaré Emmanuel Macron lors d'un déplacement à Vilnius…"
Je n'avais pas entendu ces paroles prononcées par le Président, votre réponse est cruelle pour lui, bien plus que méritée. C'est un gamin au fond.
Je n'hésiterais pas une seconde à vous prendre pour avocat.
Rédigé par : Giuseppe | 30 septembre 2020 à 13:29
Philippe de Commynes ! ce quinqua-centenaire...
Et bientôt dans votre blog préféré les aventures des contemporains du prophète de l'erg...
Pauvre Savonarole qui n'a pu se faire éditer par l'Harmattan !
Rédigé par : Chemin de traverse | 30 septembre 2020 à 04:35
@ Mary Preud'homme 28 septembre 2020 à 21:15
"…j'ai vécu bien d'autres expériences et aventures dont certaines non moins dangereuses et risquées sinon plus que le parachutisme sportif !"
Indiscrétion : auriez-vous pratiqué le base-jump, le wingsuit, ou l’escalade sur les sommets de l’Everest ?
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@ Vamonos 28 septembre 2020 à 18:19
"Une para ne meurt pas, elle sort de la carlingue par la portière"
Désolé elle ou il peut mourir après une série de figures en chute, et cela après l’ouverture de sa voile. Voir l’accident mortel qui a lieu au Blanc (Indre) l’an dernier, et qui concernait un moniteur de 67 ans ayant près de 4 000 sauts à son actif : il a fait un infarctus ou un AVC lors du déploiement de sa voile.
Certes ce type d’accident ne mettant pas en cause le matériel est très rare, un similaire mais en avion a coûté la vie au docteur Xavier Maniguet, célèbre entre autres pour sa participation à l’attentat du Rainbow Warrior.
Rédigé par : Trekker | 29 septembre 2020 à 23:48
"Jamais tant de sacrifices n'ont été demandés à notre jeunesse"... a déclaré Emmanuel Macron lors d'un déplacement à Vilnius…
Il est vrai que ne pouvoir picoler dans un bar ou porter un masque est sans commune mesure avec les pauvres imbéciles qui s'enterraient dans les tranchées, étaient gazés ou hachés par la mitraille.
Comment peut-on proférer de telles imbécilités ?
On peut rêver à ce qu'aurait été la chronique féroce de Tillinac dans Valeurs actuelles.
Imagine-t-on le Général sortir une pareille obscénité ?
Rédigé par : sbriglia | 29 septembre 2020 à 17:22
@ Vamonos
Merci pour vos paroles amicales, mais je vais peut-être vous décevoir : mon expérience de parachutiste civil remonte aux années soixante ! Et depuis j'ai vécu bien d'autres expériences et aventures dont certaines non moins dangereuses et risquées sinon plus que le parachutisme sportif !
Bien à vous
Rédigé par : Mary Preud'homme | 28 septembre 2020 à 21:15
@ Tomas | 27 septembre 2020 à 21:32
Merci, j'aurais dû me souvenir, honte à moi ! Ma dernière note brillante de latin fut la traduction de "L'Anneau de Gygès", aidé par quelqu'un d'extrêmement brillant par son père, chef de secteur EDF (pour la petite histoire, féru de latin/grec).
J'étais plus attiré intérieurement par tout ce qui touche à la l'acte de produire, construire, partir d'un terrain vierge et un an plus tard allumer les lumières, j'y pensais et cela s'est fait, et... Mais ceci est une autre histoire.
Rédigé par : Giuseppe | 28 septembre 2020 à 21:00
Je le connus tardivement bien que peu. Assurément, l'homme était pleinement humain et incroyablement sympathique. Ses écrits en quelques endroits atteignirent la perfection. Il n'oublia jamais ce qu'il devait à tous ceux qu'il avait aimés et qui l'avait précédé. Je crois que c'est son plus haut titre de gloire avec sa chaleur et sa large tolérance. Les éloges sont presque unanimes. Il est surprenant que Jean Raspail, décédé quelques mois plus tôt, qui est d'une pareille veine, n'ait point eu semblables louanges. Tous deux aimaient profondément la France et en avaient la nostalgie inconsolable.
Rédigé par : Jean sans Terre | 28 septembre 2020 à 19:07
@ Mary Preud'homme | 28 septembre 2020 à 17:15
Une para ne meurt pas, elle sort de la carlingue par la portière.
Rédigé par : Vamonos | 28 septembre 2020 à 18:19
@ Ellen
"Si vous avez parmi vos "amis" des jaloux, des médisants, des moralisateurs sans vous apporter de l'aide, des hypocrites, des manipulateurs, des menteurs... fuyez-les..."
Heureusement que Mary Preud'homme défend le droit des ses amis médecins de recourir à ses amis policiers pour empêcher les gens de fuir ceux que vous appelez les menteurs, les manipulateurs et les hypocrites.
Où en serions-nous si nous avions le droit de fuir ceux qui prétendent nous vouloir du bien ? Je vous le demande...
Rédigé par : F68.10 | 28 septembre 2020 à 17:55
@ Savonarole 15:20
Vos éloges funèbres ne manquent pas de piquant !
J'aimerais bien que vous rédigiez le mien, de préférence avant ma mort, afin que je puisse en rire et le cas échéant y répondre...
Rédigé par : Mary Preud'homme | 28 septembre 2020 à 17:15
Jean Cau c’était tout de même un autre Cognac... lisez-le.
À en croire le vent de notre époque, tout septuagénaire qui disparaît est une bibliothèque qui brûle, un génie qui nous quitte, allons, allons...
Reprenez vos esprits.
Et puis quoi, c’était qui Chirac ? C’est où la Corrèze ? Qui y passe ses congés payés ? Hein ?
Qu’est-ce donc que ce cirque ? Chaque fois qu’une célébrité septuagénaire ou octogénaire disparaît on s’en tord les mains. Drucker vient d’être hospitalisé, Michou est mort, Pascal Sevran est mort, Juliette Gréco est morte et moi-même je ne me sens pas très bien, comme disait Woody Allen.
Attendez Daniel Cordier, Macron va encore nous en faire un opéra en 3 actes. Le Panthéon sinon rien !
C’est pas parce qu’on a connu de Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac qu’on est forcément un génie.
Philippe de Commynes doit dans sa tombe rêver à la fortune qu’il aurait pu palper avec ses écrits...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Commynes
Rédigé par : Savonarole | 28 septembre 2020 à 15:20
"Vu de sa fenêtre", il semble qu'il s'imaginait davantage en mousquetaire qu'en hussard...
Je lisais toujours ses chroniques dans Valeurs actuelles avec beaucoup d'intérêt.
Je me souviens d'une en particulier, où il écrivait en substance que le désarroi actuel était la conséquence de la vision floue des gouvernants et du climat anxiogène entretenu par des "élites" autoproclamées.
Expliquant ensuite que les Français, plus gaulois que "luthériens", avaient besoin de rêve, d'un idéal qui les dépasse et les fasse vibrer et non d'un "modernisme décharné".
Il a quitté la glèbe et par-delà les cimes rayonnantes rejoint les étoiles.
Paix à son âme !
Rédigé par : Mary Preud'homme | 28 septembre 2020 à 13:18
@ Achille
« Chirac n’était certainement pas le meilleur des présidents, mais ce n’était pas le pire. Il est vrai qu’il a filé une sacrée rouste à J-M Le Pen à l'élection présidentielle de 2002. »
Je ne suis pas sûr qu'avoir « filé une sacrée rouste » à un des rares hommes à avoir compris le danger de livrer la France à des populations qui trop souvent lui sont hostiles et le manifestent ouvertement à grands fracas, ce qui s'est accompagné inéluctablement de l'arrivée de « tueurs sans frontières » qui dépècent du Français à qui mieux mieux, soit un titre de gloire.
Rédigé par : Exilé | 28 septembre 2020 à 09:05
Honneur à Tillinac !
Sitôt écrit ici (le 27 septembre 2020 à 19:39), sitôt fait, j'ai re-attaqué l'Âme française.
Découvrant au passage que j'avais souligné quelques-unes de ses phrases dont :
*On est toujours mieux dans ses pompes quand on avance à visage découvert.
*Un coeur sans ancêtres est une fleur arrosée par personne.
*Tandis que nos rois existent toujours dans les replis de notre imaginaire.
*On veut un vrai chef mais on ne supporte pas son autorité.
*La vie comme une aventure et non comme un projet collectif emmitouflé dans une somme de droits acquis.
*À gauche, l'aventure doit se couler dans le béton du collectif.
*La vie est de prime abord une aventure privée.
J'aurais pourtant dû m'en souvenir !
De retour fin 2009, avec un demi-siècle de retard, dans l'urgence de me mettre au diapason national, en étant resté à BHL, Sorman, Glucksmann... que j'avais lus dans les années 70 (entre Alger et Londres), suivant ce que j'entendais à la télévision, dans le désordre j'ai lu : Philippe Bilger (à tout seigneur tout honneur), Onfray, Zemmour, Sansal, Mari, Houellebecq, Finkielkraut, Leiris, Polony, Merglen, Fillon... et Tillinac, pourtant le seul avec lequel je partage tout !
Un ami que j'aurais été fier d'avoir.
Ah mémoire quand tu nous trahis !
Rédigé par : Claude Luçon | 28 septembre 2020 à 02:14
@ Giuseppe
Lisez "De l'amitié" de Cicéron, ça devrait répondre à votre interrogation.
Rédigé par : Tomas | 27 septembre 2020 à 21:32
Attention ! Naufrage en vue ! Pour ceux qui s'approchent de leur neuvième décade !
Aujourd'hui à 15:04 j'écrivais ici "Je ne connaissais pas Denis Tillinac" !
Une heure plus tard je me souvenais que, de retour en France, j'ai lu son livre "L'âme française", commandé sur Amazon, livre avec lequel je partage tout et où j'ai admiré son style et son français il y a seulement quelques mois :(
Suggestion d'un vieux pétrolier contre la peur du naufrage de l'âge : creusez, creusez encore, creusez toujours... son cerveau, le forcer à se souvenir !
En creusant la terre autrefois j'allais déjà chercher le passé, celui de notre planète.
Pour Tillinac, pour le plaisir, je vais relire "L'âme française", celle à laquelle je crois tant après l'avoir admirée de loin et en pensant à ces jeunes soldats qui se battent au Sahel et ailleurs pour nous qui en sont l'expression.
Rédigé par : Claude Luçon | 27 septembre 2020 à 19:39
@ Marc GHINSBERG | 27 septembre 2020 à 15:22
"Un ami c’est quelqu’un à qui vous pouvez téléphoner à trois heures du matin pour lui dire : « Je viens de commettre un crime » et qui vous répond : « Ne bouge pas j’arrive pour t’aider à faire disparaître le cadavre ». Autant dire que les vrais amis sont rares."
Être ami avec quelqu'un, ce n'est pas couvrir son crime en laissant la ou les victimes innocentes dans leur désarroi, mais l'aider à trouver un bon avocat, Acquittator ou son semblable, et l'aider à payer les honoraires du conseil pour ne pas vous retrouver tous les deux dans la même cellule pour une décennie.
Rédigé par : Ellen | 27 septembre 2020 à 19:35
"Denis Tillinac est mort. Il va manquer à la France, à l'intelligence, à la liberté et à l'humain." (PB)
Les meilleurs nous quittent. A nous de reprendre le flambeau et continuer ce que nos anciens patriotes ont entrepris pour faire vivre la France.
Malheureusement, nous sommes tous unis par le même destin final, alors faisons de notre vivant et pour le mieux du monde, tout ce qui en notre pouvoir pour que notre pays se libère des ennemis infiltrés par les gouvernements successifs. La France nous appartient, elle est notre mère patrie.
Toutes mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rédigé par : Ellen | 27 septembre 2020 à 18:56
Cher PB,
"Denis Tillinac : un hussard, un ami..."
"Il va manquer à la France..."
Un hussard certes, mais aussi "un chevalier de la Table Ronde". Le contraire de Sartre, et l'ami d'Antoine Blondin, ce que je viens de découvrir. J'ai retrouvé le livre "Boulevards des Maréchaux". À l'époque, je n'avais pas prêté attention à ce dont il avait prévenu : "Je pense à Blondin. Si ce petit voyage me tenait à coeur, c'est aussi à cause de lui. Plusieurs fois, il m'avait raconté l'ébauche de l'esquisse du plan d'un roman qu'il avait envie d'écrire... Un clampin débarque de sa province, échoue sur les Maréchaux, en fait le tour et se prend pour l'un et l'autre, au gré des comptoirs où il pose le coude. Blondin est mort sans avoir écrit ce roman, je ne voulais pas mourir sans lui avoir rendu cet hommage en faisant le petit tour de mes songeries impériales".
Blondin, c'est aussi l'auteur du roman "Un singe en hiver", qui a servi de base au film éponyme d'Henri Verneuil. Quand je traverse Villerville (un peu avant Honfleur), où a été tourné le film, je ralentis pour éviter Bebel et sa muleta. Maintenant, j'y associerai Denis Tillinac et sa Xaintrie, dont j'ai découvert l'existence grâce à sbriglia. Quelle richesse que ce blog : merci à Philippe Bilger.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 27 septembre 2020 à 17:40
On avait envie de boire un canon et éventuellement partager une clope avec lui.
Un excellent écrivain et un éditorialiste plein de bon sens ce qui, en ces temps troublés, n'était pas pour me déplaire.
Cerise sur le gâteau il n'était pas "chiraquien" en dépit de son amitié pour ce"pays".
Beaucoup de lucidité par conséquent chez cet homme de bien que beaucoup regretteront !
Rédigé par : caroff | 27 septembre 2020 à 17:36
@ Giuseppe | 26 septembre 2020 à 21:19
Réponse à votre question:
Un ami, c'est d'abord un allié, c'est-à-dire quelqu'un qui se réjouit vraiment de votre bonheur et de votre réussite. La vraie amitié, c'est aider l'autre gratuitement, juste parce que son bonheur à lui est un peu votre bonheur.
Un vrai ami est fidèle, attentionné, généreux, aidant, positif, disponible, humble et ouvert.
Si vous avez parmi vos "amis" des jaloux, des médisants, des moralisateurs sans vous apporter de l'aide, des hypocrites, des manipulateurs, des menteurs... fuyez-les....
Un Ami, un vrai, a une âme profonde et sincère (et non pas ceux qui cliquent sur Facebook pour en avoir au compteur virtuel 1 000 sans les avoir rencontrés et analysés).
Rédigé par : Ellen | 27 septembre 2020 à 16:08
Merci M. Bilger pour ce beau billet sincère et amical.
En apprenant cette mort brutale, j'ai été tout de suite très triste car j'aimais ses coups de gueule, son côté bourru mais qui respirait l'authenticité, j'aimais lire ses billets dans VA chaque semaine, et surtout pour moi, il représentait encore ce lien qui nous relie aux terroirs, à notre culture et à l'Histoire de notre pays. C'est un petit bout de la France qui est parti avec lui.
Homme à la forte personnalité, qui s'emportait parfois, mais toujours discret, il est parti comme il a vécu, sans bruit.
Aujourd'hui, dans la République du Centre, le maire d'Orléans, Serge Grouard écrit : "Peut-être étais-tu las d’habiter les ruines d’un monde révolu. Peut-être en avais-tu assez d’écrire dans une mélancolie sans fond la chronique de l’irréparable. Je t’emprunte ces mots..."
De beaux hommages, d'Alexis Brézet à Philippe Bilger, de Sébastien Le Fol à Françoise Laborde. Des hommages politiques aussi mais dont la sincérité me paraît souvent plus obligée qu'authentique... je les prends donc pour ce qu'ils sont, de la bienséance.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 27 septembre 2020 à 15:54
Denis Tillinac, un de ces intellectuels qui avait ce courage d'afficher clairement, sans honte, avec sincérité, ses convictions de droite tout en gardant l'esprit toujours ouvert et à l'écoute de l'autre, son enracinement profond dans son terroir ne le rendant que plus accessible, abolissant la barrière virtuelle que la qualification d'intellectuel aurait pu dresser entre son interlocuteur et lui.
Rédigé par : Michel Deluré | 27 septembre 2020 à 15:26
On n’a jamais autant d’amis que lorsqu’on est mort. Un commentateur se demande ce qu’est un ami. Voici la définition que j’ai entendue, il y a longtemps, et qui m’avait marqué. Un ami c’est quelqu’un à qui vous pouvez téléphoner à trois heures du matin pour lui dire : « Je viens de commettre un crime » et qui vous répond : « Ne bouge pas j’arrive pour t’aider à faire disparaître le cadavre ». Autant dire que les vrais amis sont rares.
Je n’étais pas un ami de Denis Tillinac. Je ne l’ai jamais rencontré, je l’ai un peu lu et entendu à la télévision ou à la radio. En désaccord avec lui sur à peu près tout, je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine sympathie à son égard. Outre un indéniable talent d’écriture, il m’a toujours semblé sincère et je crois au fond de lui désespéré. Dans « l’Âme française » il écrit : « Autant jouir de la vie en déconnant pour mieux cacher ses larmes tel Blondin dont la mélancolie était inguérissable. » Ici, me semble-t-il, Blondin et Tillinac sont une seule et même personne, en parlant de Blondin, Tillinac parle de lui.
Il se revendique de droite, se définit comme un pessimiste lucide : « À l’angélisme de la gauche, la droite oppose une lucidité pessimiste. L’homme doit être protégé contre lui-même et la seule loi échouera à brider ses instincts de mort, si manque le socle d’une morale transcendante. La nôtre repose sur le prédicat judéo-chrétien d’une faute initiale avec la perspective d’une rédemption, au prix d’un combat contre le satanisme sous-jacent à notre volonté de vivre. »
Profondément catholique, Denis Tillinac ne craignait pas la mort. Il quitte une époque qu’il n’aimait pas.
Rédigé par : Marc GHINSBERG | 27 septembre 2020 à 15:22
@ Giuseppe | 26 septembre 2020 à 21:19
"J'aimerais bien que quelqu'un me définisse ce qu'est un ami."
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5510824n/f7.image.texteImage
Rédigé par : duvent | 27 septembre 2020 à 15:09
@ Giuseppe
Ami, de âme, donc auquel on est psychologiquement attaché.
Trop fort pour les érudits du cnrtl et autres auteurs...
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 27 septembre 2020 à 15:09
Je ne connaissais pas Denis Tillinac.
En lisant son CV sur Wikipédia je le regrette, c'était le type d'homme dont nous avons bien besoin en France.
Paix à son âme !
Pour Philippe : c'est dur de perdre un ami pareil !
---
@ Jean le Cauchois | 26 septembre 2020 à 23:43
Cette nomination va mettre les femmes américaines en difficulté de choix lors de l'élection présidentielle, les femmes votent en majorité pour les démocrates.
Je suis "ami" de trois d'entre elles sur leur compte Facebook, toutes trois y font une campagne féroce contre Trump, pourtant deux sont les filles de vieux copains pétroliers américains, décédés tous deux, qui étaient inconditionnellement républicains.
Trump n'a pas perdu son sens du marketing !
Rédigé par : Claude Luçon | 27 septembre 2020 à 15:04
@ Giuseppe | 26 septembre 2020 à 21:19
"J'aimerais bien que quelqu'un me définisse ce qu'est un ami."
Quelqu'un(e) qui vous accompagne dans la vie, de près ou de loin, à pied, à cheval ou en voiture, et qui vous donne spontanément un coup de main en cas de difficulté, et réciproquement, ou auquel vous pouvez demander ce coup de main !
Ou, plus simplement : la version non consanguine d'un frère !
J'espère que vous avez connu cela ?
Rédigé par : Claude Luçon | 27 septembre 2020 à 14:02
@ Exilé | 27 septembre 2020 à 13:19
« Achille est tellement féru de masochisme que les nuisibles actuels ne lui suffisent plus, il faut qu'il évoque aussi les pires de ceux qui nous ont quittés... »
Chirac n’était certainement pas le meilleur des présidents, mais ce n’était pas le pire. Il est vrai qu’il a filé une sacrée rouste à J-M Le Pen à l'élection présidentielle de 2002. D’ailleurs j’ai même voté pour lui… au second tour, bien sûr ! :)
Rédigé par : Achille | 27 septembre 2020 à 13:44
@ Achille
"Je pense à Jacques Chirac, bien sûr, qui nous a quittés voilà juste un an..."
Achille est tellement féru de masochisme que les nuisibles actuels ne lui suffisent plus, il faut qu'il évoque aussi les pires de ceux qui nous ont quittés...
Rédigé par : Exilé | 27 septembre 2020 à 13:19
Je m'y colle, mais préfère raisonner sur la haine. Un ami est quelqu'un qu'on aime, tout simplement.
Rédigé par : Aliocha | 27 septembre 2020 à 10:28
Monsieur Bilger, merci pour votre hommage chaleureux à un écrivain que j'appréciais énormément pour ses livres et pour ses chroniques dans Valeurs actuelles. Qu'il va nous manquer....
Rédigé par : Myrto | 27 septembre 2020 à 08:48
Depuis quelques mois nous assistons à la disparition de personnalités de premier plan du monde du spectacle, du cinéma, de la littérature et de la politique.
Je pense à Jacques Chirac, bien sûr, qui nous a quittés voilà juste un an, mais aussi et surtout à des artistes de grand talent comme Charles Aznavour, Annie Cordy, Michael Lonsdale et dernièrement Juliette Gréco.
Même si tous ces gens avaient atteint un âge respectable, nous nous sentons un peu orphelins suite à leur décès, car ils nous ont accompagnés tout au long de notre vie et inconsciemment ils faisaient un peu partie de notre famille.
Denis Tillinac, je dois l’avouer, n'était pas de mes écrivains préférés, même s’il a obtenu quelques prix littéraires qui, bien que ne faisant pas partie des plus prestigieux, n’en sont pas moins flatteurs.
Certes j’ai dû lire quelques articles de lui, écouter quelques entretiens, dont, bien sûr, celui avec Philippe Bilger qui était son ami. Il est toujours douloureux de perdre un ami. Les souvenirs, soudain, surgissent et je compatis au chagrin de Philippe Bilger.
Rédigé par : Achille | 27 septembre 2020 à 07:28
Quand j'ai appris la nouvelle, j'étais sûr que Monsieur Bilger allait en parler.
Je ne le connaissais pas personnellement évidemment, nous ne sommes pas du même monde, mais il avait l'air d'un type bien, même si c'était un ami de Chirac, on a tous nos défauts, parce qu'il était quelqu'un qui ne change pas d'avis selon les circonstances, ce qui se fait de plus en plus rare.
Une parole intéressante de moins, c'est la vie.
C'est quand une parole intéressante se tait qu'on réalise à quel point on est envahi par le bavardage.
Rédigé par : Wil | 27 septembre 2020 à 02:02
Cher PB,
Merci pour ce billet.
Je viens d'assister en direct sur CNN à la nomination de madame Barrett comme nouveau juge à la Cour suprême. La scène a eu lieu dans le cadre du Rose Garden de la Maison Blanche. Je pense que Denis Tillinac aurait apprécié la prise de parole, sobre et chaleureuse, de madame Barrett, devant son mari et ses sept enfants. Belle leçon de démocratie, dans un pays républicain qui a la même Constitution depuis près de 250 ans.
Rédigé par : Jean le Cauchois | 26 septembre 2020 à 23:43
La France périphérique, la France profonde, la France éternelle viennent de perdre plus qu'un de ses éminents défenseurs.
C'était un de ces hommes de tradition qui assurait une continuité de culture, un de ces hommes qui font le lien entre le passé et le présent, et ce faisant assure l'avenir.
Ce que je ne comprends pas, par contre, c'est comment et pourquoi, au-delà de l'amitié qui le liait à Chirac, il n'a pas perçu que toute la politique de celui-ci était à l'opposé des positions politiques qu'il défendait.
Quant à Sarkozy, on comprend bien que le soutien qu'il lui a apporté était un soutien par défaut, mais tout de même. Certaines proximités sont de celles dont on ne se lave jamais.
Ceci dit, la droite "classique" est dans un tel état idéologique, il a fait tout son possible dans les limites de la doxa à laquelle il était soumis.
Il avait quand même changé ces derniers temps, et dans le bon sens !
Rédigé par : Tipaza | 26 septembre 2020 à 23:11
@ Xavier NEBOUT
Entièrement d'accord avec vous. Il n'est pas interdit de dire que la terre est plate, et Soral ou Zemmour auraient nettement moins d'adeptes s'ils n'étaient pas victimisés par la justice. Le "pays de la liberté" a encore des choses à apprendre.
Et pourtant, je vomis autant les antisémites que les islamo-, négro-, russo-, américano- ou francophobes primaires. Dans la même veine, Noam Chomsky a raison de soutenir le négationniste Vincent R., même si c'est faire beaucoup d'honneur à celui-ci. La liberté d'expression se prend en bloc, ou pas.
Rédigé par : Tomas | 26 septembre 2020 à 21:44
J'aimerais bien que quelqu'un me définisse ce qu'est un ami.
Rédigé par : Giuseppe | 26 septembre 2020 à 21:19
À peine hors sujet tant Denis Tillinac s'insurgeait contre la police du politiquement correct: Alain Soral a été condamné à 134 000 euros de dommages-intérêts au profit de la LICRA pour rééditer "le Salut par les Juifs" de Léon Bloy que l'on trouve librement et intégralement sur Internet !
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Salut_par_les_Juifs/Texte_entier
On ne peut pas dire que les écrits antisémites en général soient particulièrement intéressants tant ils sont au ras des pâquerettes. Les juifs feraient aussi bien d'encourager à les lire, car ils ne donnent pas envie de devenir antisémite !
Par contre Léon Bloy vaut le coup d'être lu pour l'extraordinaire richesse de son vocabulaire.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 26 septembre 2020 à 20:53
Cher Philippe,
Votre éloge est très juste. Je ne connaissais que l'excellent éditeur et le très bon écrivain. Vous connaissiez aussi l'homme. Votre dialogue d'une heure avec lui est à réécouter.
Immense tristesse. Il va nous manquer.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 26 septembre 2020 à 20:39
Bonsoir Philippe,
Il a une bonne tête.
Je ne lis pas, je n'aime ni les livres ni, encore moins, les professeurs de lettres, ces sinistres individus qui vous font lire Marcel Proute au lieu de Charles Exbrayat.
Bref, bonne tête.
Voilà.
C'est ma participation au débat qui s'annonce sur la chloroquine, les étrangers, les salauds de gôche et les en*ulés d'islamo-gôcho.
Rédigé par : Jérôme | 26 septembre 2020 à 19:51
Je n’avais pas écouté l’entretien que Denis Tillinac avait accordé en septembre 2015 à notre hôte. Je viens de le faire. Il est saisissant d’actualité. Hormis quelques détails circonstanciels qui le datent, on le croirait réalisé à l’instant. Les problèmes évoqués, qu’ils soient politiques ou sociétaux, sont ceux qui dominent aujourd’hui... et les analyses, les choix, les engagements de Denis Tillinac restent ceux que la droite devrait opposer sans ciller à la chienlit soixante-huitarde, ceux que la droite devrait faire siens pour relever la tête.
Le seul dommage à regretter est que l’amitié humaine, « corrézienne », qui le liait à Jacques Chirac n’ait pas été aussi une amitié politique, que l’écrivain n’ait pas eu la volonté de franchir le pas, le goût de passer de la pensée, du verbe, à l’action. C’était un « hussard », un homme de conviction. Ne pourrait-on pas dire aussi, en forme d’hommage, qu’il était tout simplement « un Français » ?
Rédigé par : Serge HIREL | 26 septembre 2020 à 18:37
Un ami qui n'était pas bien loin de Marion Maréchal...
Mais son problème, comme celui de beaucoup, c'était d'être prisonnier du gaullisme, car comme tous les gaullistes, ils sont des inconditionnels de de Gaulle, ce qui les pousse à commettre beaucoup d'erreurs.
Zemmour lui-même dans son débat face à lui, est encore bien trop aimable à l'égard de de Gaulle, notamment lorsqu'ils lui attribuent tous deux les mérites d'avoir évité une guerre civile en 1944.
Ceci dit, il était manifestement un honnête homme, et bien sympathique.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 26 septembre 2020 à 18:17
C'était un grognard de Chirac, disparu un an avant lui.
Auteur du tout récent "Dictionnaire amoureux du Général" sorti à l'occasion du triple anniversaire du Général de Gaulle: le 18 juin, sa naissance et son décès.
Il vénérait les grands hommes au propre comme au figuré.
Mais de Gaulle a été la figure historique du XXe siècle dont l'ampleur rendait vaine toute tentative raisonnable de comparaison.
Tillinac aurait aimé citer Churchill qui disait de De Gaulle : « De Gaulle restera à jamais le symbole de l'âme de la France et de sa fermeté inébranlable face à l'adversité. Je me souviens lui avoir dit lors des sombres jours de 1940 : " Voici le CONNÉTABLE de la France". C'est un titre qu'il a bien mérité depuis ! »
Churchill, l'armistice demandée, avait aussitôt soutenu De Gaulle : « Vous êtes tout seul ? Eh bien… je vous reconnais tout seul. »
De Gaulle bien qu'ayant beaucoup ferraillé avec Churchill aux heures rudes, le respectait profondément ainsi qu'il l'a confirmé dans ses Mémoires de Guerre : « Winston Churchill m'apparut, d'un bout à l'autre du drame, comme le grand champion d'une grande entreprise et le grand artiste d'une grande Histoire. »
Face à ces géants, Denis Tillinac ne pouvait qu'être grand dans l'évocation de ses vénérations.
Rédigé par : finch | 26 septembre 2020 à 16:26