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"Le cinéma français, cette vieille putain"
Éric Neuhoff n’est pas tendre avec Isabelle Huppert. Dans sa charge contre le cinéma français, il multiplie les formules assassines : « Un pays où Isabelle Huppert est considérée comme une grande actrice est un pays qui va mal ». Son pamphlet lui a valu le prix Renaudot. Il le méritait. Il osait enfin dire ce que chacun pense sans oser le formuler, à savoir que depuis une vingtaine d’années le cinéma français est un champ de ruines que plus personne n’a envie de visiter. Perclus de subventions, il a cessé de nous éblouir et dégouline d’une morale de boy-scouts qui donne moins envie de « vivre ensemble » que de s’entretuer pour échapper à tant de niaiseries." (Causeur).
Eric Neuhoff corrige ici.
Mais la phrase est plutôt ambiguë.
Pourtant je ne peux détacher le fond de la forme, il faut reconnaître à cette actrice une belle carrière. J'ai toujours trouvé qu'elle jouait faux, comme un instrument mal accordé - je ne suis pas le seul -, parfois à contre-temps.
C'est terrible, j'ai essayé à plusieurs reprises de revoir certaines prestations, je laisse tomber à chaque fois, je n'y arrive pas.
Rédigé par : Giuseppe | 28 avril 2021 à 16:56
@ Robert Marchenoir | 27 avril 2021 à 23:13
"Quant au cinéma, c'est un art qui est mort".
Mais les enfants aiment toujours qu'on leur raconte des histoires, c'est dans leur nature. Les adultes aussi je pense. Si les livres et les films leur en offrent, ils seront toujours preneurs, à condition que ce soit dans un langage qui leur parle. Cela leur fait percevoir la différence entre la réalité de la fiction, l'enchaînement des faits et leur narration, le cours des événements et la télé-réalité.
Rédigé par : Lucile | 28 avril 2021 à 11:21
@ Lucile
@ Robert Marchenoir
Je vois que j'ai affaire à de vrais cinéphiles.
Si le cinéma d'autrefois nous rend si nostalgiques, c'est que ce n'était pas seulement du cinéma, du visuel, c'était aussi de la littérature. De la vraie littérature, égale à celle des grands romans classiques. Avec de vrais auteurs pour les dialogues.
Michel Audiard a laissé une myriade de répliques cultes, pour employer un mot à la mode maintenant qu'on ne prie plus.
Et il n'est pas le seul. Les dialogues étaient aussi soignés que les prises de vue, avec l'avantage qu'ils étaient audibles. Les techniques de son actuelles obligent à utiliser des barres de son pour suivre des dialogues insipides, noyés par un bruitage qui se veut moderne.
Inutile de se répandre sur le passé antérieur, au moment où il paraît qu'on va supprimer le passé simple.
Une dernière citation d'Audiard que j'apprécie particulièrement, et qui va si bien avec les réseaux sociaux :
"Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière".
Rédigé par : Tipaza | 28 avril 2021 à 08:01
@ Lucile
@ Robert Marchenoir
Vous avez raison tous les deux. Il y a déclin de la cinéphilie et montée d'un cinéma qui n'est pas vraiment populaire et pas vraiment inspirateur de la cinéphilie. En somme, il y a une sorte de glose, mais de glose molle, pas comme à l'époque de la cinéphilie. Et puis, tout n'est pas la faute des cinéphiles : il me semble que le cinéma est un art particulier : beaucoup de films pourtant reconnus vieillissent moins bien que les livres. En revanche, les feuilletons se sont complexifiés et ce qui reste de cinéphiles a parfois le fair-play de reconnaître que bien des "séries" sont des chefs-d’œuvre, pire, que le cinéma a décliné et la production de feuilletons télévisuels augmenté.
La bande dessinée est selon moi un art véritable mais le fait qu'il ne soit pas parfaitement reconnu ne me dérange pas trop... Pour qu'on conserve les œuvres, il faut quand même les reconnaître, mais il y a un côté nouveau riche possible d'art enfin reconnu, celui de trop se prendre au sérieux et de devenir moins créatif. Et dans la bande dessinée, le roman graphique peut donc donner le meilleur comme le pire, par ambition.
La bande dessinée, art difficile ou parce que je me projette : pour moi, les dessins doivent être très bons voire parfaits, le texte aussi, sans parler de l'interaction des deux. Je ne suis ni de la sainte image ni du saint texte, il faut que les deux soient excellents, point barre, et ce n'est pas difficile, les œuvres de qualité one shot pleuvent. Ecole franco-belge, mangas... One shot tiens :
https://www.bodoi.info/black-dog-les-reves-de-paul-nash/
Bon, Corto Maltese est trop connu, parlons vin et manga :
https://www.telerama.fr/livre/un-manga-du-meilleur-cru,30503.php#:~:text=%C2%AB%20Les%20Gouttes%20de%20Dieu%2C%20r%C3%A9sume,manga%20au%20monde%20du%20vin.
Pourquoi ai-je choisi ces BD plutôt que d'autres ? Il y en a tant...
À propos de toutes sortes d'art et de choses mal vues, si vous voulez des aperçus, il y a Mauvais genre de France Culture, émission que je n'ai pas écoutée depuis trop longtemps, mais d'un autre côté, il existe tant de choses intéressantes, à un endroit ou à un autre.
Poursuivons sur les arts qui meurent. Je n'y crois pas, point, mais pour exposer les jeunes pousses, il faut vraiment être expert, pédagogue et pas passe-pied, savoir joueur qui vous fait rentrer dans son jeu.
Bon, et tout le monde a ses impasses... En tout cas, je peux dire qu'il y avait à un moment une certaine peur que les auteurs de mangas se tournent vers les jeux vidéo, bien mieux payés. Je crois par parenthèse que la vidéo est un art, on me dira que tous les jeux ne sont point des chefs-d'oeuvre mais soyons juste : on a toujours considéré la littérature comme un art alors qu'une large partie de la production ne vaut rien. Rappelons que les romans étaient à l'origine mal vu face à la théologie, la philosophie et même les traductions des fictions des Anciens. Le neuf est suspect, mais il est plus libre. Pour moi, l'art n'est jamais où on l'attend, le cinéma était une attraction, à l'origine, on croyait que les théâtres allaient disparaître, mais ce n'est pas tout à fait le cas. L'art muse !
Qui voudrait d'un monde aux images pauvres ou au texte indigent ? Je projette ce refus sur le cinéma et la bande dessinée. Cela ne me fait pas bien voir par les amateurs de BD et de cinéma : si tout doit être parfait, le jugement est raide. Donc on est mal vu.
Dans un sens, j'aime mieux la bande dessinée en tant que critique : il est plus facile de juger d'une BD en la parcourant qu'un film d'après l'extrait donné au public et on sort moins facilement d'une salle qu'on ne referme un livre. D'un autre côté, l'avantage du film est qu'on peut le voir avec des amis, et que quand on est mal, revoir un film qu'on aime est encore plus facile que de relire une bande dessinée.
J'oubliais, il y a un art moderne, l'installation, les Nymphéas, c'était ça à l'origine :
https://www.musee-orangerie.fr/fr/article/linstallation-des-nympheas#:~:text=Apr%C3%A8s%20la%20Premi%C3%A8re%20Guerre%20mondiale,bordant%20la%20rue%20de%20Rivoli.
Ces fleurs, ce ne sont pas seulement des fleurs dans un vase, pardon, un tableau, mais une installation, revoir l’oeuvre pour mémoire :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/05/Claude_Monet_038.jpg
Et il existe encore des installations... lumineuses :
https://www.letemps.ch/culture/disque-dor-poetique-citoyen-dolafur-eliasson
Les muses inspirent fidèlement auteurs et amateurs, mais pas où et quand on les attend. Ce n'est pas moi qui prétendrai que l'art décline quand il y en a de nouveau et que certaines œuvres renaissent comme dans le Baroque.
En fait, les arts sont... florissants !
On peut être très exigeant pour n'importe quel art quand on sait combien il y a de chefs-d’œuvre qui n'attendent que notre regard.
Même sans cela, le monde peut être beau même dans des endroits désolés, nuages, lichens inspirent à présent des livres en célébrant les mérites.
Donc on peut exiger, certes, mais se rappeler que si on ne voit pas, c'est peut-être qu'on n'a pas le regard assez large pour considérer toutes les disciplines artistiques possibles.
Pas assez profond pour discerner ce qui sera les classiques de demain.
D'ailleurs, un tel regard ne me paraîtrait à la portée que d'un Apollon et de quelques autres dieux dédiés à la beauté.
Rédigé par : Lodi | 28 avril 2021 à 07:37
@ Robert Marchenoir
"Voyez la musique classique, c'est à dire la musique tout court : c'est terminé. On réinterprète, certes, mais on ne compose plus rien de valable."
Philip Glass ?
Rédigé par : F68.10 | 28 avril 2021 à 03:19
@ Lucile | 27 avril 2021 à 11:23
Le chiffre de 5 000 personnes donné par Éric Neuhoff (de mémoire) correspond à celui des grands lecteurs. C'est à dire, non seulement des personnes qui sont à l'aise avec le livre et qui lisent régulièrement, mais des personnes qui lisent de façon intensive, et possèdent une connaissance approfondie de la littérature.
J'ignore d'où vient ce chiffre, mais même s'il fallait le multiplier par dix, la tendance est claire : les gens ne lisent plus, y compris les membres les plus gradés de la société (diplômés d'études supérieures, titulaires de postes à haut prestige social...).
Quelle est la dernière fois que vous avez vu une bibliothèque chez quelqu'un ?
Quant au cinéma, c'est un art qui est mort. Son apogée est derrière nous. Il sort toujours des films, mais aucun art n'est éternel. Voyez la musique classique, c'est à dire la musique tout court : c'est terminé. On réinterprète, certes, mais on ne compose plus rien de valable.
Petit détail sur le cinéma, en France, au temps de sa splendeur, c'était le contraire de ce que vous dites. Certes, d'une part c'était un art populaire, mais d'autre part (et c'est cela qu'Éric Neuhoff semble regretter), c'était justement un lieu où l'on se rendait comme "à un cours magistral, au catéchisme".
Il existait une forte secte de "cinéphiles", pour lesquels le cinéma était presque plus important que la vie, qui se rendaient religieusement au cinéma, puis qui s'empoignaient pendant des heures à son sujet comme si leur existence en dépendait.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 27 avril 2021 à 23:13
Éric Neuhoff m'a fait passer un bon moment.
Juste une remarque, mais c'est un détail : je trouve injustes ses reproches à l'Internet, quoique je les comprenne de sa part.
Et une petite réflexion : je me demande d'où viennent les chiffres qu'il a cités sur le nombre très restreint de personnes susceptibles de s'intéresser à la critique littéraire ou cinématographique. Ce n'est pas la première fois que je les entends. Je ne les conteste pas, mais c'est sidérant. Je me demande si c'est particulier à la France, et comment l'expliquer. Cela vient-il de la formation intellectuelle des gens en général ? Les livres ou les films sont-ils devenus inintéressants ou surtout inaccessibles, sauf pour une poignée d'initiés ? Le domaine a-t-il été annexé par une espèce rare ? Est-il concurrencé, et par quoi ?
Le cinéma il y a encore quelques années était à la portée de tout le monde, de tous les intellects et de presque toutes les bourses. On se faisait avant tout plaisir en y allant. On ne s'y rendait pas comme à un cours magistral, ou au catéchisme. Une chose est sûre, depuis que le sceau de la culture s'est abattu sur lui, il a perdu de sa fraîcheur.
Rédigé par : Lucile | 27 avril 2021 à 11:23
@ Jacques V. (comme vielen Dank)
Je commis cette erreur, mille excuses, j'avais les ornementations des variations pourtant dans l'oreille, je ne sais ce qui me désorienta, le rappel de l'émission de Finkielkraut peut-être - un grand moment de mise en route de notre attention, là aussi -, la persuasion qu'il choisit une autre plage d'illustration.
Glenn Gould emballant son toucher, oui, certainement, bien que linéaire, la rapidité est là, peut-être y voir la main de Rosalyn, qui sait ?
Puisqu'on y revient, Eric Neuhoff nous offre un excellent moment de discussion au sujet de la nouvelle et du roman, épinglant pour la bonne bouche Hemingway, maître du domaine bref dès 25 ans.
Gould qui disait que Mozart était mort trop tard.
Le généreux Pivot, tweetant très tôt, dès l'aube, préférait les arpèges longues et mécaniques de Rachmaninov.
Salutations.
Rédigé par : xavier b. masset | 26 avril 2021 à 23:43
@ xavier b. masset
En fait, il ne s'agit pas du clavier bien tempéré mais des variations Goldberg, la 14e pour être précis, jouée je pense par Glenn Gould. M. Bilger semble s'être inspiré d'Alain Finkielkraut qui lui a choisi la première variation pour son émission Répliques.
Rédigé par : Jacques V. | 26 avril 2021 à 17:32
Je prends tout chez lui... sauf ses « ouais... » traînants.
Mais je dois faire de l’hyperacousie... ouais c’est sûr.
Rédigé par : sbriglia | 26 avril 2021 à 16:23
Bel entretien.
Quelqu'un qui admire Antoine Blondin et qui ose dire que le cinéma des frères Dardenne, icônes vivantes, est "prévisible" en soulignant que les pauvres ne sont pas tristes 24h sur 24, ne peut être foncièrement mauvais.
Un sens de l'humour et de la dérision bienvenu qui détend l'amateur de cinéma et de bonne littérature que je suis !
Sa critique de l'avance sur recettes du CNC qui condamne les prises de risque dans un domaine où le maître-mot doit rester la passion, m'a fait jubiler.
Bref, un stoïcien libéral: tout ce que j'aime !
Rédigé par : caroff | 26 avril 2021 à 15:17
@ Olivier Seutet | 26 avril 2021 à 10:54
"Il n’est pas brillant. Il n’est pas un bon orateur."
C'est une qualité. Il dit, de façon simple, des choses justes et pertinentes. On en a soupé, de la "brillance" à la française, des "orateurs" qui s'emploient surtout à nous faire prendre des casseroles pour des carrosses.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 26 avril 2021 à 12:56
Il n’est pas brillant. Il n’est pas un bon orateur. Et pourtant il dénonce une tare essentielle des médias : la rareté des critiques dans tous les domaines culturels. Survit à la radio, sur France Inter, « Le Masque et la Plume ». À la télévision le désert est intégral : Claire Chazal se répand en flagorneries devant tous ses invités de « Passage des arts » ; Busnel qui rame pour trouver quelques écrivains présentables toutes les semaines n’ose pas dire ce qu’il pense d’eux (surtout s’il font partie d’une quelconque minorité). Partout règne l’entre-soi qui refuse de dénoncer le système pervers des avances sur recettes qui envoie le cinéma français au tapis, les grotesques célébrations des Molière, des César qui ne servent que de tribunes de défense des intermittents du spectacle, le caricatural Festival de Cannes qui valorise les films en fonction de leur degré d’adhésion à une doxa ou gauchiste ou progressiste ou mondialiste.
Bon sniper, il touche juste en stigmatisant Xavier Dolan et Isabelle Huppert au cinéma, Madeleine Chapsal ou Delphine de Vigan dans les librairies.
Rédigé par : Olivier Seutet | 26 avril 2021 à 10:54
Une génération s'en va, une autre arrive et le cinéma est toujours là. Le syndrome des modernes et des classiques est immortel. Quand M. Eric Neuhoff avait 20 ans, il détestait le film "La Grande Bouffe". Aujourd'hui, il arrive à le trouver acceptable dans la mesure où il envisage ce film selon un point de vue différent. Les acteurs arrivés au terme de leur vie refusent de subir la doxa et choisissent de finir libres et égaux devant le stupre et le lucre. Certes la forme est importante, mais le sujet, inhérent à la conception du film, est obligatoire pour que le spectateur se passionne pour ce qui n'est en définitive qu'une fiction.
Pour M. Neuhoff, il sera bientôt l'heure de raccrocher le stylo pour faire valoir ses droits à la retraite. J'espère pour lui qu'il n'aura pas la même désagréable surprise que Siné et autres journalistes qui découvrirent le montant calamiteux versé par la caisse de retraite des journalistes. Mais "Le Figaro" est une maison sérieuse, aux antipodes de celle fondée et dirigée par le professeur Choron de sinistre mémoire. Lui aussi avait le sens de l'humour ; mais de l'humour à la méchanceté il y a un petit pas qu'il est si facile de franchir.
Revenons au sujet qui nous est cher. Le cinéma possède ses codes, ses us et coutumes, il faut bien s'en accommoder. Isabelle Huppert, mondialement connue, y compris par mon correcteur orthographique, ne déroge pas aux règles de sa caste. Elle récite où on lui dit de s'exprimer et elle est libre de refuser le scénario ou l'entretien qu'elle juge a priori dangereux pour sa carrière. Cependant, il faut bien vivre, payer les impôts et les charges. Alors les acteurs acceptent de se mettre à nu ou font croire qu'ils se mettent à nu. Ainsi, pendant la cérémonie des César, l'actrice qui incarne le Capitaine Marleau a exhibé sa nudité. Je pense que c'était voulu, répété et enregistré pour ridiculiser encore plus le corps des forces de l'ordre. Les gendarmes étaient visés, c'était un acte politique. M. Neuhoff a raison de souligner que la politique n'a pas à s'immiscer dans le divertissement, cela gâche la fête en quelque sorte.
Robert Marchenoir n'a pas sorti l'artillerie habituelle, par contre duvent, fidèle à sa réputation, n'a pas voulu se tenir à carreau.
Rédigé par : vamonos | 26 avril 2021 à 10:16
@ Patrice Charoulet | 25 avril 2021 à 22:33
Cet entretien avec Éric Neuhoff est la brillante démonstration de ce qui est arrivé hier à la cérémonie des Oscars à Hollywood.
Le Français Florian Zeller a reçu de nombreuses récompenses pour son film "The Father".
"Colette", un court métrage documentaire qui relate l’itinéraire de Colette, une Normande de 75 ans qui part à la recherche des dernières traces de son père résistant français mort dans un camp de concentration allemand, a également reçu un Oscar.
On constate qu’il ne serait jamais venu à l’idée de Florian Zeller de réaliser ni produire son film en France...
Quant au documentaire sur un sujet poignant, on doute qu’une œuvre semblable ait jamais la moindre chance d’obtenir l’avance sur recettes du CNC.
Rédigé par : Savonarole | 26 avril 2021 à 06:22
Philippe Bilger aurait pu infliger au gars Neuhoff une interview à la Desproges devant Sagan, bien lui en a pris.
J'ai aimé leurs échanges impromptus à propos des magnifiques trois Américains, Fitzgerald-Hemingway-Faulkner, articulés sur la personnalité de Stendhal, puis jeter un œil sur quelques aspects de leur descendance dans le roman américain d'aujourd'hui.
Bravo à eux deux.
Éric Neuhoff cite des noms, comme celui de Joyce Carol Oates, qui viendraient casser l'autofiction française, en rejeter la vile pratique du métier du mauvais côté du miroir.
Il le signale pour Blonde, 2000 - mais pour moi c'était dejà le cas dès them, dix ans plus tôt - livre qui n'échappait pas à la metafiction qu'instaurèrent les écrivains en Amérique, très prolixes dans l'affreux exercice d'un New Journalism qui bouffait tout, sans, je crois, devoir envier quelque chose à leurs confrères français.
Il essouffle très vite hélas sa reflexion, sautant les Mailer et Styron qui survitaminèrent les soupes de leurs essais artistiques en allant arracher les jeunes pousses des légumes du potager de Dos Passos, collant au tout-politique pour faire genre et ne pas noyer le lecteur dans l'exposition de leur portrait, qu'en réalité ils proposaient avec le gros appétit propre à l'impudeur, une tempête du moi qui aime se mirer avec le tango d'un peu de beurre flottant à la surface de son dernier bol à Paris.
Je crois savoir qu'il respecte beaucoup Nabokov, qui, avec l'énorme Ada, 1969, renvoya ce beau monde copiste à ses chères études, et autres plâtres, Pynchon, Didion - elle, extra - et même le père du Catcher in the Rye, en prirent bonne note.
L'entretien est serré, les 55 minutes de clavier bien tempéré du générique de Bach n'autorisent pas d'interminables préludes suivis de fugues non moins longues.
Éternel désigné à la vindicte, représentant officiel du cynisme et du contre-féminisme, je trouve qu'Éric Neuhoff s'en sort avec pas mal de classe lorsqu'il évoque le beau nom d'Iris Murdoch et convie son œuvre à notre attention, puis redit son admiration pour Françoise Sagan.
Les deux femmes éprouvèrent un vif intérêt, presque scientifique pour l'une, trempé d'émotions pour l'autre, devant les manifestations de la morale romantique du vieux fauve de Saint-Germain-des-Prés.
Stanley Donen en vint à reconstituer l'époque avec son Funny face, 1957, aussi subtil que furieusement vachard, lorsqu'il montra le personnage de Flostre, démarque trop connue et claire de Sartre, incarné par un Michel Auclair plus célestement existentiel que nature, si l'on excuse le poncif.
Un Éric Neuhoff qui fait baisser la réserve du bassin des amateurs de littérature à 5 000, sans blâmer Netflix.
Noblesse oblige en lui, loin de tous ces élégants arbitres des allégeances qu'on rencontre en pagaille sur le Net.
J'aimerais signaler que le confort de (re)création qu'apportent les différentes instances étatiques américaines rien que pour le "secteur" de la poésie, en pépettes, chèques et dotations, ne pâlit en rien devant les mêmes efforts consentis à leurs élus par les huiles du CNC.
N'avoir rien contre certaines aides est principe acceptable, même lorsqu'elles cautionnent toujours les mêmes chapelles, je suppose que c'est une question d'honneur personnel, les grandes vérités humaines - car elles existent - rendues par l'art d'Homère et le génie de Shakespeare seront toujours là, même lorsque, entrés par une porte dérobée dans l'édifice, après avoir payé de leur personne, vous suiviez Toni Morrison et James Baldwin, pour vous retrouver face à la molle Amanda Gorman ruisselante de gloire une fois franchi le seuil du parvis de la nouvelle église.
Reprogrammons de nouveaux Desproges avec notre peu d'argent.
Rédigé par : xavier b. masset | 26 avril 2021 à 02:02
La vache !
Ici, la platitude atteint des sommets !
Il est tellement drôle et subtil que je m'en tiens encore les côtes... Autant d'esprit dans un seul homme, c'est rare...
M. Bilger, il doit bien exister quelque part dans ce petit monde étroit et rance, un monsieur bien sous tous rapports, qui va quelquefois chez le coiffeur et ne porte pas de chemise de cet acabit.
Trouvez-le et laissez-le raconter sa vie, et si nous avons de la chance il parlera d'autre chose...
Nihil admirari !
Nota bene : en tant que critique de cinéma il doit bien encaisser les critiques...
Rédigé par : duvent | 25 avril 2021 à 23:20
Cher Philippe,
Vous avez bien fait d'inviter Eric Neuhoff à deviser avec vous.
Il se trouve que j'écoute "Le Masque et la Plume" depuis sa création. Quand j'avais une vingtaine d'années, j'étais enchanté des joutes entre Georges Charensol et Jean-Louis Bory. Ce dernier était particulièrement drôle. Or
Neuhoff a deux reprises dit que que c'est Bory qui lui a donné envie de devenir critique de cinéma. Je le comprends.
En outre, Neuhoff, je l'ai toujours su, annonce la couleur : il a toujours voulu être dans le sillage des Hussards (Nimier, Blondin, etc.). Belle famille !
Il a dit, dans ce dialogue, cent choses qui m'ont ravi. Que d'esprit, que de classe, quel charme ! Vers 1985, un ami lettré, parlant de l'écrivain Neuhoff m'avait dit : "Quelle teigne !" C'était, dans sa bouche un... éloge. Au vrai, il voulait dire : c'est un homme franc, libre, léger, un anti-Sartre.
Dans "Le Masque et la Plume", ce sont, on le devinera, ses interventions que je préfère, et, je le confesse, que j'attends. Sa dernière réponse, dans votre dialogue ("Un désastre !") est, à mes yeux, sa séduction la plus grande. Jamais personne, dans vos dialogues, ne vous avait fait ce coup-là ! Vous ne vous attendiez pas à ça, avouez-le !
Voilà quelqu'un avec qui Savonarole, comme je le connais, aimerait bien dîner à Paris, je parie. Moi aussi : mais je n'ai pas de blé et je bois de l'eau. Dans une vie ultérieure, peut-être...
Rédigé par : Patrice Charoulet | 25 avril 2021 à 22:33
Quelqu'un qui dit des choses simples à l'aide d'une langue juste.
C'est d'autant plus curieux qu'il s'exprime sur la fiction, alors que les hommes politiques, censés s'exprimer sur le réel, nous enfument l'entendement tout en massacrant le français.
Un type qui fait la queue pour voter, puis qui s'en va parce qu'il en a marre d'attendre, c'est déjà quelqu'un d'intéressant.
Méta-remarques tout en superficialité : le générique est bien meilleur (et plus adapté à la personnalité de l'intervieweur). Et puis je sais bien qu'on est sur Fréquence protestante, mais si l'équipe de 250 éclairagistes et décorateurs de la radio pouvait faire un effort pour mieux mettre en valeur les protagonistes... (on est d'accord, c'est mieux qu'avant). Mettre l'horloge dans l'axe du regard de l'animateur, peut-être ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | 25 avril 2021 à 20:45
J'écoute rarement par manque de temps les interviews mais là je dois dire que j'ai bien fait d'écouter Eric Neuhoff. Une personnalité intéressante et surtout quelqu'un qui n'a pas peur de dire ce qu'il pense. Par les temps qui courent c'est rassurant.
Tout le contraire de notre époque en manque de repères.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 25 avril 2021 à 18:47
Pauvre cinéma français qui, de l’avis d’un expert du 7e art, est mort. Ce qui n’est pas totalement faux.
Et lorsqu’on assiste à la cérémonie des César, on se dit que la relève n’est pas pour demain.
Idem avec la cérémonie des Molière concernant le théâtre.
Quant au festival de Cannes, les réalisateurs français ne font même plus partie des récompensés. La mode est désormais aux films coréens, japonais…
Et pour finir, une petite perfidie sur Isabelle Huppert qui a refusé d’être soumise à la question…😊
Rédigé par : Achille | 25 avril 2021 à 09:33