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22 mai 2021

Commentaires

Robert Marchenoir

@ vamonos | 23 mai 2021 à 21:18

Merci pour ces précisions. C'est bien ce que je craignais.

"Je ne ressens pas la fougue, l'envie de travailler. Par contre, ils n'aiment pas les riches, les livres, la police et bien d'autres repères."

Voilà : il faut aimer les riches et les livres. Utile critère en politique. Ça dégage déjà beaucoup de monde.

Julien WEINZAEPFLEN

Les gens que vous interrogez, cher Philippe, gagnent à être connus, peut-être parce qu'ils sont interrogés par vous, ce doit être votre côté transformiste. Pour l'avoir entendu deux ou trois fois, je prenais Florian Bachelier, questeur, pour un parlementaire économe et austère au talent oratoire peu marqué. Je découvre à l'écoute un homme souriant et dégagé qui ne me paraît pas correspondre à la caricature du député LREM qui n'a pas besoin de s'embourgeoiser puisqu'il était bourgeois dès l'origine, mais d'une bourgeoisie trentenaire de bobo désidéalisé, d'une bourgeoisie vidée de ce qu'en faisant un saut de classe, j'appellerais les devoirs de "noblesse oblige". Telle était du moins ma petite sociologie du macronisme. Mes certitudes en la matière commencent à se fissurer, je cours un grand danger.

Florian Bachelier ne croit pas qu'il faille diaboliser ses adversaires, j'applaudis à cette nouveauté à laquelle je ne m'attendais pas. Il inverse la charge de la thématique en appropriant les thèmes de droite à la gauche et peut-être vice versa, c'est pousser assez loin la triangulation.*

Il développe le slogan d'Emmanuel Macron dans Le Figaro, que je n'avais pas repéré: "Accueillir moins pour accueillir mieux", c'est un slogan qui a de l'avenir, car le problème est moins l'immigration que l'anarchie migratoire et un accueil des migrants qui est un empilement de populations. Il reconnaît à demi-mot la confiscation de l'élection à François Fillon et contre la posture bayrouiste sur la moralisation de la vie politique, il plaide avec sagesse pour la déjudiciarisation de l'action publique. Il se montre impatient que les promesses pourtant minimales faites pendant la campagne soient suivies d'effet si possible avant la fin du quinquennat: réduction du nombre de parlementaires et il ne l'a pas évoqué, mais instauration de la proportionnelle dès prochaines élections législatives, promesse qui si elle n'est pas tenue, sera "le vote des étrangers" du quinquennat Macron et que l'exécutif ne portera pas, soi-disant faute de parlementaires pour la soutenir, au lieu de quoi on a préféré nous mener en bateau avec un référendum sur le climat pour se moquer du RIC proposé par les Gilets jaunes en disant "Chiche ! Oublions la démocratie participative, revenons à la démocratie primitive puisque c'étaient les rois primitifs qui faisaient la pluie et le beau temps".

Florian Bachelier ne croit pas au clivage entre ancien et nouveau monde. Il n'est pas un courtisan: il avoue que "le président de la République a énormément de défauts" et a sans doute raison d'ajouter que "c'est le punk du système".

"Pour entendre les gens, il s'agit de les écouter", lapalisse-t-il, recommandant que ce soit la préoccupation de chaque heure de tout responsable politique et c'est ici que s'amorce mon revirement: bien avant les élections européennes, la République en marche avait organisé une vaste enquête pour savoir comment les Français voyaient l'Europe. Deux personnes ont sonné à ma porte et sont venues me consulter. Le questionnaire était très bien fait et contenait des possibilités de déborder des réponses prévues. Ils m'ont écouté et ont discuté avec moi. Ce fut le premier moment où j'envisageai que LREM pût avoir une conception sérieuse de la consultation des citoyens (c'était une sorte de Grand débat avant le Grand débat et surtout avant les Gilets jaunes).

Or quelle n'est pas ma surprise, venant d'achever la lecture du premier livre de Marc Endeweld, "l'Ambigu Monsieur Macron", que ce livre, présenté sur le Média par Denis Robert comme un livre à charge, nous fait découvrir qu'Emmanuel Macron est certes vibrionnant, mais qu'il a des constantes et que la démocratie délibérative est une de celles-là. Son défaut est d'avoir une conception de la gouvernance plutôt qu'un grand dessein pour la nation. Le livre nous le montre aussi avoir été un ministre de l'Economie atypique pouvant passer au-dessus de son administration parce qu'il connaissait ses dossiers de la première à la dernière ligne. Ça ne fait pas de lui un visionnaire. Le fait d'avoir dédoublé les classes de CP en REP ou d'organiser à la carte un petit déjeuner une fois par semaine sont des réformettes. Mais la méthode pourrait être un bon début.

"Pour l'instant, on a plutôt vu un ancien monde en pire", vous désolez-vous, Philippe, en fin de quinquennat. Mais l'ouvrage de Marc Endeweld me fait comprendre pourquoi les gens avertis ont pu être séduits par les promesses du ministre Macron à l'ouvrage et pas seulement dans l'exercice de promotion de sa personne au mépris jamais atteint avant lui de toute solidarité gouvernementale. Il ne faudrait pas que Marc Endeweld continue à me montrer dans "le Manipulateur" (il y a certes peu de risques, vu le titre) des constantes macronistes à l'oeuvre dans les louvoiements observés dans la recherche de la bonne décision, je pourrais m'y laisser prendre, je suis en danger, vous dis-je.

*Je me fais une autre idée de l'intersectionnalité ou de la triangulation. Selon moi, elle n'est pas un renversement tactique pour pêcher et pécho une autre clientèle électorale ; mais si elle voulait se hisser à la hauteur de l'histoire, elle ferait la synthèse des solutions de droite et de gauche remises au goût du jour pour chercher le sens de la modernité. La triangulation actuelle rate sa cible parce qu'elle fait table rase, moins des habitudes économiques des différents segments que de l'humanité classique à laquelle elle veut opposer des androgynes non genrés réduits à leur plus simple identifiant et en lutte avec ceux des autres.

vamonos

@ Robert Marchenoir | 23 mai 2021 à 00:31

Les outils collaboratifs informatiques sont disponibles aussi bien dans les systèmes d'exploitation de Microsoft que dans les distributions Linux. Parmi les plus connus, on utilise Messenger, Jabber, Teams, Skype, Pidgin mais il y en a beaucoup d'autres.
En période de pandémie et de généralisation du télétravail, l'utilisation de ces outils permet de partager des informations de type texte, images et même vidéo.

Sans entrer dans les détails, sans citer de nom, il faut bien admettre que le niveau de grammaire et d'orthographe est déplorable. Les gens peuvent en arriver au point où ils s'expriment sous forme de "gif" qui sont des images animées. Issues de séries américaines, elles reflètent l'état d'esprit de l'émetteur.
Ces gens ont entre 20 et 40 ans, ils constituent les forces vives, l'avenir du monde de l'entreprise. Je ne ressens pas la fougue, l'envie de travailler. Par contre, ils n'aiment pas les riches, les livres, la police et bien d'autres repères.

Lucile

Bien que Florian Bachelier ne se décrive pas comme représentatif de LREM, on peut se faire grâce à lui une idée de l'état d'esprit des députés de ce mouvement. Sur tout ce qu'il dit, je ressens une part d'adhésion et une part de réserves, d'où un sentiment de dissociation qui m'est devenu familier depuis qu'EM est arrivé au pouvoir.

FB sent "une tension extrême dans ce pays" ; d'accord avec lui sur ce point, bien que chez beaucoup, ce soit du découragement et un vif sentiment de déclin plutôt que de la tension ; mais une proportion de la population est certes très "inflammable", pour reprendre son terme. Il semble donc que LREM soit conscient qu'il y ait un danger latent de désordre.

Il semble attribuer cette tension au traumatisme de la pandémie. Pour ma part je dirais en partie seulement, car le sentiment qu'ont les Français de vivre dans un pays inexorablement en déclin mérite aussi d'être pris en considération ; pour ce qui est de la pandémie, la façon dont elle a été gérée n'a pas toujours été des plus rassurantes.

Selon lui les Français ont 4 séries de préoccupations principales. 1) Santé : ils ont eu peur pour leurs parents. 2) École : ils ont peur pour leurs enfants. 3) Emploi : peur pour soi et la famille. 4) Reste la question de la sécurité, qu'il lie aussitôt à la toxicomanie, à laquelle il associe le problème de l'égalité devant la loi, et où il inclut le volet du terrorisme. Je ne nie pas ces peurs, mais je trouve la description des préoccupations qu'elles entraînent simplifiée, minimisée, non exhaustive, et trop compartimentée.

Il se demande ensuite : "Comment est-ce qu'on fait pour re-tisser le lien de confiance entre les Institutions et les Français" ? Les outils sur lesquels il s'interroge à ce sujet sont les : réseaux sociaux, émissions de radio et de télé, réunions publiques. C'est à dire des outils de communication, comme si cette méfiance se réduisait à une affaire de communication, ou à un simple manque d'écoute de la part des élus. La question de la compétence des acteurs et de l'efficacité des services de l'État ne semble pas entrer en ligne de compte. Ni celle de l'équilibre des pouvoirs qui, s'il est assuré, ne permet pas à un gouvernement de rester sourd longtemps aux aspirations de la population.

Le grand débat national lui a montré, dit-il, que "quand on se parle on résout pas mal de problèmes". Selon lui, les discussions avec gens d'autres bords répondent à une attente des électeurs. Il y aurait un besoin "nouveau" chez eux, une volonté de "dépassement des clivages politiques". Ce besoin a toujours été selon moi une nécessité politique en démocratie. D'accord pour dépasser les clivages, mais pour les dépasser, il faut qu'ils soient identifiés, et qu'ils ne soient pas écartés du débat quand ils sont trop brûlants. Les partis politiques loin d'être un obstacle à la négociation lui sont indispensables selon moi. Sans eux, qui négociera avec qui, et sur quel projet politique ?

Petit détail, Florian Bachelier dit à propos des députés LREM élus en 2017 que "tous les jours on leur dit vous ne servez à rien, vous êtes nuls, vous coûtez trop cher". Aussi, les députés se disent-ils : "je ne prends pas de risques, je ne vais pas m'exposer dans les media". Hum, on ne devient pas député si on est hyper-sensible à la critique…

Autre remarque : "Je pense que la sécurité est un sujet historiquement de gauche (…), pour le dire autrement (…) la sécurité, ce n'est pas la préoccupation des bourgeois" dit FB, qui assimile aussitôt la sécurité à "l'égalité devant la loi", pour expliquer que c'est une préoccupation digne de la gauche. Depuis quand les bourgeois ne se préoccupent-ils pas de sécurité ? Ensuite n'y a-t-il de bourgeois qu'à droite ? La gauche ne faisant plus recette auprès des classes populaires, compte bien des "bourgeois" dans ses rangs. Enfin, la droite n'est-elle composée que de "bourgeois", quid du nombre impressionnant d'électeurs de MLP ?

FB dit ensuite qu'il ne veut pas "faire des économies pour faire des économies" (mais pour "mieux dépenser"). Et pourquoi pas justement ? Quand un pays est criblé de dettes, faire des économies est une préoccupation légitime.

Quand FB dit "le président de la République a énormément de défauts, mais pas ceux qu'on lui prête", et "il est le punk anti-système au sein du système", j'aurais aimé qu'il développe !

Pour terminer, le message selon lesquels "les lignes ont bougé" me laisse sur ma faim.

Voilà en gros les points sur lesquels on pourrait discuter ; la perception qu'en a le gouvernement aura selon moi une incidence sur les élections dans un an.

Merci à Philippe Bilger et Florian Bachelier, à l'un pour les questions à l'autre pour les réponses.

Robert Marchenoir

Un homme agréable, certes, auquel on confierait les clés de sa maison. Mais celles de la France ? J'ai cru que jusqu'à la fin, il réussirait à ne prendre aucune position politique.

Il a bien dit deux fois : je suis de gauche, et même mitterrandien, ce qui n'est pas spécialement pour me rassurer. Mais en ce qui concerne les mesures concrètes...

Bon, en poussant le son à fond et en mettant la loupe, on arrive à comprendre qu'il ne serait pas contre des mesures sécuritaires (lesquelles ?), qu'il envisagerait d'accueillir un peu moins de réfugiés (combien ?), qu'il est tout émoustillé d'avoir réussi à ne pas augmenter le budget de l'Assemblée nationale (donc il y aura moins de billets de train gratuits pour les anciens députés, et plus d'ordinateurs), qu'éventuellement, mais alors là avec d'infinies précautions, il n'excluerait pas forcément d'en faire autant au niveau national, voire de diminuer légèrement la dépense publique (et encore, je ne suis pas sûr qu'il ait osé aller jusque-là), et enfin, que la haute fonction publique en prenait un peu trop à son aise, et qu'il pourrait être question de l'obliger à faire des trucs qu'elle n'a pas spécialement envie de faire, une ou deux fois par an.

Ah ! et il faudrait diminuer un peu le nombre des députés avant la fin du mandat, parce qu'on l'avait promis. La grosse mesure qui va tout changer, quoi...

Sinon, il aime la France, il faut dialoguer avec les électeurs du RN, bla-bla. Okay. Je ne suis pas sûr qu'on va aller bien loin, avec ça.

Surtout que, si j'ai bien compris Philippe Bilger, il s'agit là d'un des députés les plus "polémiques" de LREM. A quoi doivent ressembler les autres...
______

@ vamonos | 22 mai 2021 à 21:36
"Les outils de travail collaboratifs reflètent l'état de désespoir et de sédition dans lequel se trouvent les trentenaires et les forces vives. L'absentéisme atteint des niveaux records..."

Qu'entendez-vous par là ?

Vamonos

Après 30 minutes d'entretien, M. Bachelier identifie deux causes de l'augmentation de la criminalité et de la violence en France. Il s'agit des produits stupéfiants et des actions terroristes.
Les produits stupéfiants sont majoritairement exportés par le Maroc qui produit le cannabis et par le Pakistan ou l'Afghanistan qui réalisent la transformation des produits opiacés.
Les actions terroristes sont majoritairement réalisées par des gens qui fréquentent des mosquées.
Les causes sont connues, les réponses de l'exécutif, du Parlement et du pouvoir judiciaire ne sont pas adaptées à la gravité de la situation.

vamonos

Après 15 minutes d'entretien, M. Bachelier aborde le sujet de la défiance envers l'autorité.
Il a raison, mais il ne s'agit que de la partie visible de l'iceberg. Dans ce pays, une part de plus en plus importante de mes concitoyens ne se sent pas française, n'adhère pas aux droits et aux devoirs d'un membre du peuple. Je le constate tous les jours dans les transports en commun, en entreprise ou dans les médias.
Les outils de travail collaboratifs reflètent l'état de désespoir et de sédition dans lequel se trouvent les trentenaires et les forces vives. L'absentéisme atteint des niveaux records, mais quand il s'agit de toucher le salaire, les allocations ou les émoluments divers, tout le monde est là.

vamonos

Les Bretons sont tous frères parce qu'ils ont Quimper.

Florestan68

Cher Philippe Bilger

En réaction à un de vos messages, le problème de la police, c'est d'abord l'immigration.

Et il est dommage que la manifestation des policiers n'ait pas été l'occasion de faire sauter cette digue du politiquement correct, ce qui nous interdit d'envisager un commencement de réponse appropriée à ce problème.

Achille

Personnage intéressant, Florian Bachelier. Né à Thionville, petite ville sympathique de Moselle. De parents de la gauche traditionnelle et donc respectable. Macronien sans être godillot.
Et finalement avec des idées qui collent parfaitement avec les miennes.

Bref, que du bonheur cet entretien. Merci Philippe Bilger. Cela montre que vous êtes ouvert à tous les courants de pensée y compris ceux que vous ne partagez pas.
Depuis quelque temps je n'y croyais plus. Me voilà rassuré !

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