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Rédigé le 31 octobre 2021 | Lien permanent | Commentaires (12)
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Un intermède avant que demain vous puissiez entendre l'entretien formidable que m'a donné Patrick Roger, directeur général de Sud Radio, un ami dont la fidélité ne m'a jamais manqué et qui m'a beaucoup appris sur la technique médiatique...
On n'est jamais une gloire, un héros, un grand homme, partout et tout le temps. Non pas que j'ai eu envie, par un esprit de contradiction qui aurait été niais, de porter atteinte à l'encens historique et humain généralement et légitimement déversé sur Charles de Gaulle mais je n'ai pu m'empêcher de penser à trois attitudes qu'il a eues et qui me sont apparues comme de l'indifférence, voire du mépris. Comme une brèche dans la statue.
C'est presque rien mais c'est beaucoup pour moi qui ai toujours attaché une importance démesurée à des comportements discrets, privés, sans la solennité de l'officiel mais qui sont cependant très révélateurs d'une personnalité profonde.
Le 3 février 1945, à 22 heures, Maître Jacques Isorni est reçu par Charles de Gaulle pour le persuader d'octroyer la grâce de Robert Brasillach qui vient d'être condamné à mort dans des conditions indignes.
Jacques Isorni plaide avec toute la conviction émue dont il est capable. De Gaulle "l'écoute avec une telle impassibilité que l'avocat a du mal à aller au bout de son propos". Selon Isorni, "il tirait de grosses bouffées de cigare dans ma direction. Nous étions séparés par un mètre environ et jamais mon regard ne parvint à trouver le sien...".
Maître Albert Naud, une autre belle figure du barreau, décrit le même de Gaulle lorsqu'il est venu lui demander la grâce d'Henri Béraud et de Pierre Laval. De Gaulle le reçut le cigare aux lèvres... "Pas un pli de son visage ne bougeait. Ses yeux étaient fixés sur un point du mur derrière moi et n'avaient pas un battement de paupières. J'espérais une question, un rien, un rien qui animât cet homme. De guerre lasse et désirant être bref, je cessai mon monologue".
François Mauriac rencontrant de Gaulle l'avant-veille de l'exécution programmée de Robert Brasillach, pour solliciter lui aussi la grâce de ce dernier, a eu la même impression : "J'ai eu l'impression désagréable d'être enfermé pendant une demi-heure avec un cormoran...".
De Gaulle était catholique et je ne doute pas une seconde de l'époux solide et aimant qu'il a su être et du père admirable et touchant qu'il a été, avec les preuves qu'il a prodiguées spécialement pour sa fille Anne disparue à l'âge de 20 ans.
Je ne peux cependant m'interdire de penser, et de regretter, qu'en politique, dans l'Histoire, pour sa conception orgueilleuse de la France, de Gaulle aimait la mort des autres et que les exemples que j'ai donnés, tirés de "Isorni Les procès historiques" de Gilles Antonowicz (Les Belles Lettres), montrent pour le moins une âme peu compatissante, presque sadique, un zeste vulgaire, dans sa volonté de ne pas laisser, même dans les entretiens de dernière extrémité, la moindre place à l'espoir.
Pour ma part, j'avoue ma préférence pour les économes, les chiches du sang des autres.
Pour ce grand qu'était de Gaulle, c'était petit. Pour ce héros, c'était laid. Pour cet homme d'Etat, c'était trop peu d'homme !
Rédigé le 30 octobre 2021 dans Actualité, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (165)
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À l'approche de l'élection présidentielle, pour l'enrichir ou en limiter les effets négatifs, la théâtralisation permanente, beaucoup ont des fourmis dans l'esprit. Médias, associations, analystes, experts...
Par exemple je fais entrer dans cette catégorie la courageuse et très intéressante décision de la rédaction d'Ouest-France de ne plus publier ni commenter les intentions de vote, ces sondages qui quasiment au quotidien rendent moins compte des opinions qu'ils ne les créent, font passer les hiérarchies de l'instant pour des vérités définitives. Ils ont le grand tort de soustraire la politique à la réflexion personnelle mais de la livrer au spectaculaire d'un classement permanent.
Pourquoi ces initiatives s'arrêtent-elles devant l'institution judiciaire comme si l'organisation et le fonctionnement de celle-ci, l'état de droit monolithique sur lequel elle s'appuie et qu'il serait sacrilège de discuter si peu que ce soit, ne méritaient pas la moindre avancée, évolution, voire révolution tant la France d'aujourd'hui devrait appeler un traitement de choc ?
Il ne s'agit pas seulement de s'attarder sur le constat de la Cour des comptes selon lequel "la justice est mal gérée" (Le Figaro). Il n'est pas nécessaire d'avoir été magistrat en exercice ou familier de l'univers judiciaire pour valider cette évaluation qui ne fait que confirmer ce que le citoyen, impliqué ou non dans le processus judiciaire, ressent.
Mais l'ensemble des dysfonctionnements relevés offre cet avantage de pouvoir être redressé, atténué, voire supprimé si nous avions un jour une autorité politique et des hiérarchies judiciaires conscientes de leurs devoirs qui pourraient ainsi se résumer : constituer la Justice comme un service public dont le commun des citoyens pourrait être fier. La crise n'est pas fatale : elle sert trop souvent à justifier l'impuissance ou les mauvais résultats.
Evoquant plus haut l'exigence de révolution, je faisais référence à la multitude des scandales, injustices, coups de force, iniquités, triomphes de la culpabilité et faiblesses de l'innocence, étonnements stupéfiés, colères rentrées, envie de se faire justice ou d'être des justiciers pour les autres, ce climat actuel d'incompréhension, écoeuré par le deux poids deux mesures, invinciblement porté vers un populisme qui n'est que le sursaut d'un peuple n'en pouvant plus de voir l'infirmité des protections anciennes contre les défis, les dangers nouveaux.
Même si on n'est pas un politique ou un ministre, on a le droit aussi d'avoir des fourmis dans la tête et de l'impatience dans la main.
Il me semble que dans le domaine pénal, il conviendrait d'oser faire le partage entre, d'un côté, les affaires exigeant des investigations approfondies, des enquêtes suivies ou non d'instructions (obligatoires en matière criminelle), à maintenir dans le processus judiciaire classique, dans le cadre de l'état de droit ordinaire et, de l'autre, les situations d'évidence, les infractions incontestables et toutes ces quotidiennetés attaquées, volées, délogées et pourtant moquées au nom d'une impunité assurée.
Cette distinction reviendrait à apposer sur le monde ponctuel de la transgression une grille qui ne ferait plus dans le raffinement juridique, l'analyse sophistiquée et très lente mais une action répressive immédiate qui ne s'embarrasserait plus de précautions conventionnelles cherchant à faire accroire que la cause n'est pas entendue quand elle l'est de manière éclatante pour qui l'observe et la subit ou s'en indigne.
Dans ce même mouvement prêt à tout pour restaurer vite l'ordre d'une société trop souvent bousculée et déchirée, j'étais allé jusqu'à aspirer, derrière le train-train, insupportable pour les plaignants et les victimes, de la normalité judiciaire, à la création de brigades d'urgence qui seraient intervenues dans les lieux "chauds" socialement et médiatiquement signalés, par celui qui avait scandalisé à Marseille quand des dealers, se considérant comme chez eux dans la cité, avaient validé ou non l'accès des personnes extérieures à celle-ci.
Il y a en France, tous les jours, des effervescences, des malfaisances portant l'indignation du citoyen à son comble et semblant ne devoir susciter rien d'autre, compte tenu de leur caractère malfaisant sans l'ombre d'un doute, que des répliques punitives immédiates qui par exemple, pour les squats, rendraient sur-le-champ justice aux familles chassées honteusement.
J'ai conscience que cette Justice de rupture, dont je rêve, est à peu près aussi prévisible qu'un Eric Zemmour assagi mais, aussi utopique qu'elle soit, elle a sa justification dans un monde qui ne cesse pas de montrer que l'état de droit ordinaire n'est plus totalement accordé avec la société extra-ordinaire pour le pire où il nous arrive de vivre.
Bien sûr le premier aurait ses formalités, ses procédures, ses recours, ses jugements, ses arrêts, ses lenteurs, ses indulgences, sa médiocre exécution des peines, sa faible efficacité mais on se féliciterait de son impeccable normalité. Mauvaise, elle aurait respecté les règles.
Nous serions hors du champ récent et de plus en plus cultivé qui bat en brèche la primauté du droit européen. Notre justice nationale est seule concernée et s'il convenait d'arbitrer entre l'abstraction de l'Europe et les fortes exigences de notre pays, le choix serait vite fait.
Je songe à une table démocratique renversée, attentive à une justice paisible, ordonnée et prenant son temps quand elle est possible mais aussi réactive, pugnace, décisive et sans mauvaise conscience quand le mal courant au sein de la France la sollicitera.
On en revient à la problématique centrale : on n'a pas besoin de sortir de la démocratie pour quitter la chiffe molle qu'elle est trop souvent. Car, pour rester fidèle à elle-même, elle se condamne à une faiblesse distinguée, elle s'aime si élégante que le désordre et la violence ne défroissent jamais ses habits républicains.
Si elle acceptait plutôt de ne plus se coucher afin de ne plus jamais susciter des envies perverses de dictature ?
Rédigé le 29 octobre 2021 dans Actualité, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (41)
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Maurice Garçon a été un immense avocat et aussi, ce qu'on ignorait, un artiste de qualité, un dessinateur de haut niveau. Durant les audiences, tout en écoutant les débats et en intervenant s'il le fallait, il s'amusait à produire des croquis, à croquer des portraits.
Cette passion n'était pas réservée qu'au monde judiciaire. Il l'exprimait partout, glissant par exemple dans ses courriers des illustrations et parfois comme des bandes dessinées.
Le génie de l'avocat était connu et sa place éminente dans le monde des lettres, dans l'actualité brillante de son temps et de tout ce que sa personnalité à la fois si singulière et si riche lui permettait d'embrasser. Un homme, un avocat, un citoyen célèbres, qui n'était désaccordé d'aucun des enjeux de l'époque et dont le courage intellectuel et la liberté de jugement garantissaient la sincérité et la lucidité.
Il avait rédigé un Journal destiné à lui seul et dont une partie (1939-1945) a été publiée en 2015 avec un succès considérable. Tant la vision de ce chroniqueur féroce et sarcastique du quotidien, de la politique et de la France sortait de l'ordinaire.
Pour être franc, ébloui par le talent et la justesse de tant de notations, admiratif face à des descriptions et des analyses qui ne s'accommodaient d'aucune hypocrisie, j'avais tout de même été gêné par la méchanceté, la cruauté de l'auteur de ce journal intime et en particulier par sa détestation sans nuance de la magistrature. Il est vrai que le barreau n'était pas épargné non plus.
Cette oeuvre, à laquelle rien de l'époque sombre et drolatique à la fois n'était étranger, engendrait de l'estime pour son auteur mais aussi une réserve, une considération largement atténuée par la férocité du personnage. Son indiscutable humanisme ne compensait pas tout.
C'est la très grande force du magnifique (au propre et au figuré) livre de Gilles Antonowicz, "Maître Maurice Garçon artiste" (éditions Seghers), de remettre les pendules à l'heure, de restaurer, si c'était nécessaire, la perception qu'on pouvait avoir de cette exceptionnelle personnalité, de la montrer certes sous un jour complexe mais toujours stimulant et positif.
Cet ouvrage - il est vrai que Gilles Antonowicz est le grand spécialiste et historien de ces gloires du barreau à l'égard desquelles nos vedettes d'aujourd'hui ne sont pas loin d'être des nains - est à la fois une biographie, avec de multiples entrées constituant un abécédaire complet, et une superbe compilation en couleurs des dessins, croquis, portraits, aventures dessinées et billets d'humeur enjolivés que cet artiste du regard et de la pointe a su merveilleusement ajouter à l'artiste de l'argumentation et du verbe qu'il était. Et reconnu par tous, confrères et chroniqueurs, malgré la jalousie qu'il suscitait et que son caractère indépendant, passant pour hautain, presque sauvage, ne cherchait pas à atténuer.
Il y a, pour l'ancien avocat général que je suis et le passionné de l'Histoire judiciaire et de l'Histoire tout court, une émotion toute particulière à trouver en ce livre les ressorts et les trésors d'une intelligence, d'une dialectique et d'une éloquence uniques et, à la fois, la désinvolture brillante et ironique d'un oeil moqueur et d'une main talentueuse.
Un artiste dans tous les sens du terme, une multitude de dons, des plus familiers aux plus solennels.
François Sureau a écrit une très belle et dense préface où il met en lumière deux traits qui ne sont pas contradictoires dans l'être rare qu'était Maurice Garçon : un réel pessimisme sur la nature humaine, accordé avec une volonté de servir le Bien, la Vérité et la Justice. J'incline à penser que, sans paradoxe, les plus grands pessimistes sont aussi les plus fidèles serviteurs des valeurs et des principes sans lesquels la Justice serait mort-née.
Le hasard, qui peut nous surprendre agréablement, vient de me livrer un autre livre de Gilles Antonowicz: Isorni - Les procès historiques (éd. Les Belles Lettres). J'ai eu la chance, au début de ma carrière, de batailler avec Isorni, cet avocat exalté et sans peur, une figure respectée par le barreau. Je m'étais servi de lui, si j'ose dire, pour mon livre sur Robert Brasillach dont il avait été le conseil à la fois intrépide et inutile puisque la cause était entendue, et la mort avec elle. La biographie de Jacques Isorni par GA demeure une référence.
Gilles Antonowicz lui aussi a été un avocat intègre, libre et courageux, notamment dans l'affaire du Gang des barbares où il défendait, avec une consoeur, "l'appât". Il a écrit sur ces procès (en première instance et en appel) le seul ouvrage informé et objectif : L'affaire Halimi.
Alors qu'il est devenu exclusivement écrivain, historien, je n'ai aucun scrupule à rendre hommage sincèrement à ses deux derniers livres, tant certains des précédents - par exemple, le très remarquable L'Enigme Pierre Pucheu, ont fait l'objet d'un ostracisme qui n'honore pas la critique officielle française. Pour cette dernière à l'évidence, il faut non seulement être historien mais choisir les "bons" sujets. L'Histoire mais pas n'importe laquelle !
Mais à la fin de ce billet, m'imaginant dans l'espace infini de la mort et de la vie, dans cette éternité brassant anonymes et glorieux, je n'ai qu'une envie : faire signe à "Garçon, pour une plaidoirie et un croquis, s'il vous plaît" !
Rédigé le 27 octobre 2021 dans Actualité, Art, Justice, Livres, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (44)
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Quoique engagé par ailleurs, j'adore me pencher sur l'analyse de débats et de complicités qui ne me regardent pas directement.
Je commence ce billet après avoir écouté Eric Zemmour (EZ) qui, dans Le Grand Jury, a littéralement mis KO debout Benjamin Sportouch et Adrien Gindre, Guillaume Roquette ayant été réduit à une portion congrue. Les deux premiers, en effet, ont été saisis par une stupéfaction qu'un reste d'objectivité ne rendait pas aussi indignée qu'ils l'auraient souhaité.
Il est vrai que EZ a fait fort, renvoyant par exemple Marine Le Pen et son programme à une aimable bluette, en poussant notamment jusqu'à des limites extrêmes la préférence nationale, induisant selon lui une distinction radicale entre Français et étrangers. Il a également confirmé, reprenant un point de vue déjà exprimé, que le mouvement #MeToo n'était pas "émancipateur mais éradicateur" et avait plus relevé de la "délation" que de la dénonciation légitime. On imagine comme avec de telles pensées provocatrices et totalement assumées, il a secoué le ronron de cette émission dominicale que je ne manquerais pour rien au monde.
Elle ne m'a pas éloigné de mon thème initial qui visait à attirer l'attention sur le lien fort entre EZ et Michel Onfray (MO). On sait depuis longtemps, au fil de leurs débats, de leurs rencontres et du point de vue qu'ils expriment l'un sur l'autre, qu'ils sont de plus en plus proches pour ce qui concerne le constat sur la France, sur l'immigration et la réalité dramatique d'un vivre-ensemble dévasté.
Ce qui est nouveau et ne devrait pas étonner les esprits lucides et de bonne foi est l'affirmation récente de MO sur CNews selon laquelle il pourrait voter pour EZ, à condition qu'il "muscle son bras gauche" concernant la question sociale (Le Point).
Il me semble que cette éventualité qui constituerait tout de même un choc dans le monde médiatico-politique, apporterait à EZ une crédibilité d'importance largement aussi décisive que, à rebours, les attaques programmées des politiques contre lui.
Il est piquant que cette relation entre EZ et MO résulte d'un double mouvement contradictoire qui se rapporte au terreau intellectuel et politique de ces deux personnalités et à leur évolution.
D'une certaine manière, EZ, déçu par la droite classique et l'extrême droite de Marine Le Pen, n'a pas eu, selon lui, d'autre choix que de proposer aux Français, à partir d'une vision extrême du réel, un programme en tirant les enseignements, aussi abruptes ou choquantes qu'en soient les conclusions.
C'est parce que MO croit à une gauche humaniste et sociale et que la gauche d'aujourd'hui a trahi celle-ci qu'il se retrouve accordé avec EZ et a la tentation de lui apporter sa voix.
Reste que j'imagine mal MO valider un renforcement social d'EZ si ce dernier demeure dans la conception intégriste et implacable qu'il a développée le 24 octobre, par exemple, sur la préférence nationale.
MO n'a pas peur de la vérité, ni des idées et des mots même les plus décapants, mais il y a chez EZ - qui ne ressemble à personne d'autre qu'à lui-même - une sorte d'audace suicidaire à faire advenir dans l'espace public et médiatique ce qu'on n'a jamais entendu, ce qu'on n'a jamais osé dire et dont il espère que cela fera de lui le porte-voix d'une majorité de citoyens. Ceux qui, selon lui, approuvent largement ses thèmes dominants.
Pour que la droite traditionnelle s'immisce victorieusement dans ce langage qui rend caduques les scrupules et les précautions d'avant, il conviendra qu'à partir de l'acceptation sans doute du même constat, LR maîtrise la politique comme "l'art de rendre nécessaire ce qui est possible" selon la belle formule du Cardinal de Richelieu.
MO doit encore hésiter.
Rédigé le 25 octobre 2021 dans Actualité, Art, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (101)
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Je n'ai aucune raison de cacher que la couverture du Figaro Magazine - "France Inter, France Télévisions : à gauche toute" - m'a empli d'aise un instant. J'y ai vu la continuation d'un combat mené par CNews et, sur un autre mode, par Sud Radio dont le slogan "parlons vrai" renvoie à "parlons libre et parlons pluraliste".
Cette lutte commence à convaincre une multitude de citoyens lassés de payer une redevance pour un audiovisuel public qui tient si peu compte de leur existence, et elle donne mauvaise conscience à certaines radios, par exemple France Inter saupoudrant sa pensée unique avec les propos au compte-gouttes d'éditorialistes de droite ou souverainistes.
J'ai relativisé ma satisfaction parce que cette excellente enquête, fondée sur des constats indiscutables, mêle des histrions vulgaires, d'une pauvreté partiale totale et enflés d'eux-mêmes - par exemple Charline Vanhoenacker sur France Inter - à des journalistes ou animateurs de diverse qualité mis dans le même sac délétère. Il est permis de ne pas apprécier Patrick Cohen mais son comportement professionnel n'est pas aussi caricatural qu'on l'affirme et que celui d'autres à l'engagement ostentatoire et méprisant.
Surtout, il me semble que qualifier de "gauche" l'ensemble des personnes visées est une solution de facilité qui occulte l'essentiel : le plus grave n'est pas l'expression ici ou là d'un parti pris partisan mais le rapport dévastateur qu'elles entretiennent avec la pensée, l'opinion, les convictions, celles des autres comme les leurs propres. Si l'idéologie de gauche était leur seul moteur, nul doute que même un CSA tactiquement intermittent et volontiers partial aurait réagi.
Il y a en réalité de quoi rire à lire Catherine Nayl, directrice de l'information à France Inter, venant soutenir que "l'objectif consiste à transmettre une information fiable, plurielle et indépendante..."
Mais pas de quoi badiner à écouter Claude Askolovitch faire la revue de "sa" presse, choisie au regard de ses préjugés (France Inter) ou instiller sur Arte (28 minutes) sa mansuétude à l'égard de réactions islamistes choquantes qualifiées de simple "mauvaise humeur".
Ou quand sur France Info on se questionne gravement pour savoir si on doit interdire l'accès d'Eric Zemmour aux médias.
Derrière le sentiment dominant que l'audiovisuel public a tous les droits, et d'abord celui de parler entre soi et d'exclure, il faut questionner la qualité morale et intellectuelle, plus largement le caractère démocratique de ces personnalités emblématiques qui ne conçoivent l'information que comme le vecteur de ce qu'elles sont et de ce qu'elles pensent. De toute éternité et sans jamais dévier d'une ligne qui leur offre la voluptueuse opportunité de n'être jamais contredites.
D'abord, penser contre soi-même, s'interroger, douter, envisager même l'hypothèse qu'un esprit contraire au leur serait utile au débat est une radicale impossibilité. Ils ont forcément raison et pourquoi iraient-ils s'encombrer de précautions qui n'apporteraient rien de plus à la certitude de leur supériorité naturelle ? Frédéric Taddéï juge bien quand il décrit les journalistes du service public "comme ayant souvent une mentalité d'assiégés(...)Ils s'estiment être les seuls journalistes objectifs".
Pour ces détenteurs de la vérité - étrangement elle a toujours la même odeur et la même couleur -, le pluralisme, dans sa définition correcte, n'a pas lieu d'être puisque toute pensée adverse, discutable par principe, trop nuancée ici ou pas assez indignée là, doit être interdite, étant entendu que le champ de la rationalité, de la bienséance, des audaces et provocations acceptables et de l'humanisme breveté leur est exclusivement dévolu.
La différence capitale entre CNews et France Inter ou France Télévisions est que la première n'imagine pas d'autre moyen pour aboutir à la vérité qu'un authentique pluralisme - elle ne peut pas contraindre ses critiques en chambre à venir sur les plateaux apporter leur richesse et leur dissidence et ce n'est pas sa faute s'ils préfèrent cultiver une hostilité sans aller y voir de près - - et que les autres s'en passent très bien. Puisque la recherche de la vérité est une démarche beaucoup trop sérieuse pour être confiée à ceux qui pensent autrement, donc à n'importe qui !
Même si la résistance s'est organisée et que leur conformisme sans inventivité ni liberté commence à être battu en brèche, reste que pour l'instant ces médias - en l'occurrence journalistes et humoristes (?) mélangés - peuvent encore se croire en terrain conquis car pour un formidable Tanguy Pastureau on a dix Daniel Morin, pour une Marion Mourgue le dimanche on a une Léa Salamé toute la semaine et partout ! Pour une matinale d'Europe 1, on en a d'autres que le matin n'éveille pas mais rétrécit.
Le coeur du problème est là qui non seulement rend toute incertitude scandaleuse, délimite très exactement qui a le droit de penser et de parler dans l'espace médiatique mais autorise qu'on stigmatise honteusement, et souvent de manière indigne, ces malheureux égarés qui ne sont pas du bon côté des seules convictions qui vaillent.
Certes je ne peux que me réjouir de ce front qui se constitue contre la bêtise et l'intolérance, contre la pensée mécaniquement unique et totalitaire, mais je relève que sa détestation n'émane que du camp, largement entendu, de la droite et que c'est dommage.
D'abord, pour rien au monde, je ne voudrais qu'on prît le risque de substituer au conformisme de gauche une pensée unique de droite. Le danger existe et je serais toujours le premier à le dénoncer et à ne pas m'agréger à un troupeau qui aurait seulement changé de préjugés.
Je suis sans doute naïf mais ces exigences de liberté, de vérité, de pluralisme, d'une richesse née de la contradiction, d'honnêteté intellectuelle, de respect de l'autre quelle que soit son idée me paraissent se rapporter à des attitudes humaines bien plus qu'à des options idéologiques.
De sorte que j'attends avec impatience qu'au sein de l'autre camp, qui aime tellement sa pensée qu'il ne la partage avec personne, des voix s'élèvent pour crier halte au feu, halte à la réduction de l'intelligence, au mépris, à la profanation systématique et à la lancinante progression d'une guerre de moins en moins civile, de plus en plus dévastatrice.
Rédigé le 23 octobre 2021 dans Actualité, Art, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Religion, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (64)
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Cette interrogation peut apparaître futile et sans intérêt mais pour moi elle a du sens car elle permet d'analyser la difficulté d'être président sous le regard de citoyens de plus en plus vigilants ou jaloux ou aigris ou malheureux. En tout cas, pour beaucoup, impitoyables à l'égard de tout ce qui pourrait représenter un détournement de ses devoirs par Emmanuel Macron.
Le 14 octobre à Poissy, le président a participé à un match dans l'équipe du Variétés Club de France pour l'opération caritative des pièces jaunes. Il a marqué un penalty dans des conditions moins complaisantes que celles offertes à Valéry Giscard d'Estaing lors d'un match il y a des années.
En dépit de la finalité généreuse, on pourrait déjà se demander si la présence d'Emmanuel Macron dans une telle compétition était bien nécessaire et adaptée à son statut.
Mais la polémique, nourrie et très hostile sur les réseaux sociaux, a surgi parce qu'une soirée a été organisée ensuite à l'Elysée avec un indéniable caractère festif, libations, musique et danse. Même le président s'est déhanché sur I will survive ! (Le Parisien)
Le hiatus entre le caritatif et le somptuaire même relatif peut surprendre.
On s'est offusqué de cette fête alors que certains "n'arrivent pas à boucler les fins de mois". Sur la même veine amère, "pendant que le petit peuple compte ses petites pièces pour ses fins de mois, le roi et ses courtisans se goinfrent sur le dos des gueux".
Et pire encore : "Chez les bourgeois ça se la gave, champagne fête bouffe, et chez nous les prolos on n'a même plus de quoi se mettre le plein d’essence. Et après ça vient demander des efforts au peuple" (Valeurs actuelles).
Je comprends ces réactions mais je voudrais pouvoir y résister parce que je les juge outrancières et injustes.
Je déteste cette acrimonie vengeresse qui court dans l'Histoire de France depuis longtemps et qui a été portée au comble de l'horreur collective sanglante par une Révolution française déchaînée. Mais cet exemple odieux ne nous a pas guéris.
Ce gouffre entre le futile, le dominant et les privilégiés d'un côté et le dur de l'existence de l'autre, continue sinon de s'agrandir du moins de peser dans l'esprit public. Les réseaux sociaux massacrent au figuré ce que la guillotine tuait au propre.
J'imagine comme la vision de cette soirée toute d'allégresse, d'apparente désinvolture, d'oubli de ce que la France silencieuse vivait ou subissait, pouvait susciter de ressentiment jaloux : eux mais pas nous !
Observer le président de la République être tellement accordé à cette joie collective, à l'unisson de cette effervescence, a dû ajouter à la malveillance acide.
Pour aller au plus vrai et qui ne fait pas de ce billet un exercice vain, dans notre République où tout ce qui est officiel est montré, du grave au ludique, peut-on admettre les moments même rares où un président s'amuse, paraît sortir de sa charge et risque d'être perçu, un temps, comme indifférent à sa mission ?
Emmanuel Macron, comme d'autres le seront sans doute après lui, sera-t-il victime de cet étrange paradoxe où à la fois à l'extérieur il devra s'abandonner au comble de la familiarité et de la proximité - ces selfies qui font illusion en laissant croire au citoyen que le président est tout près de lui - mais où à l'intérieur, au grand jamais, il ne devra donner l'impression de gérer son temps comme un Français ordinaire.
Celui-ci, aussi travailleur qu'il soit, a des loisirs, s'abandonne à ce que la vie offre de plaisant. Il n'a rien à cacher tandis que le président de la République se doit d'occulter la part du rire, du divertissement et de la jubilation collective dont en plus il est le créateur. Il n'a pas d'autre ressource que de garder pour soi et à l'abri les moments de bonheur intime que son couple a à partager. Le pouvoir, tel qu'on souhaite aujourd'hui qu'il soit exercé, est plus proche de l'enfer que de la béatitude.
Mais cela n'empêche pas quelques-uns de revenir régulièrement remettre leur ambition sur le métier et d'autres de tenter leur chance pour la première fois : parce que la "gloire, deuil éclatant du bonheur" pourtant, selon Madame de Staël, reste malgré tout une formidable tentation...
J'ai écrit que je comprenais les réactions de ces puritains d'une présidence toujours austère. Mais je m'en veux parce que je crains, tombant dans cet absolutisme de la rigueur permanente, de priver le président d'une disposition capitale : son humanité.
Rédigé le 21 octobre 2021 dans Actualité, Jeux, Médias, parole, politique, Société, Sports, Télévision | Lien permanent | Commentaires (88)
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Avec ce président de la République, Dieu sait qu'on est invité à les revisiter, les pages sombres de notre Histoire !
Le 16 octobre, il a reconnu "les crimes du 17 octobre 1961". Il évoque "des responsabilités" lors des violences policières contre les manifestants algériens.
Il faut créditer Emmanuel Macron d'une constance méritoire : plus le pouvoir algérien se plaint des contritions françaises, plus il en rajoute. Bientôt il ne saura plus où donner du regret ! On ne va tout de même pas aller jusqu'à inventer des horreurs imaginaires pour battre la coulpe française jusqu'à la lie !
Cette volonté présidentielle de cultiver un fort masochisme - les tragédies ont eu lieu mais en plus il faut les faire revivre en pleurant sur elles - n'est d'ailleurs pas perçue à sa déplorable valeur par ses opposants puisque, par exemple, Alexis Corbière en exige plus : "Il reconnaît les morts mais ne dit pas qui sont les tueurs ?" (JDD)
Il n'a mis en cause que Maurice Papon ! Petit bras dans l'affliction, il aurait pu et dû faire mieux. Ou pire !
Emmanuel Macron a beau faire des efforts pour montrer une image de notre pays en "mater dolorosa", cela ne suffit pas !
Je donne l'impression de badiner mais pourtant il n'y a pas de quoi rire.
D'abord, par quels étranges détours ce président - certes intellectuel de gauche dans beaucoup de domaines encore, ceux qui relèvent notamment de notre Histoire, de notre protection et de l'évolution sociale - s'est-il fait une spécialité de cette volupté de la désolation nationale ? Certes celle-ci peut nourrir de beaux discours mais je ne crois pas que ce soit la raison essentielle. Il me semble que le président n'a au fond qu'un lien abstrait avec la France et les Français de sorte que s'exprimer au nom du pays en l'invitant à se fustiger ne le met pas en position d'appréhender les dégâts concrets, tangibles qu'il cause à notre mémoire nationale, à notre honneur collectif.
Ensuite, à la rigueur, on pourrait admettre de revisiter des pages sombres de notre Histoire si des pages splendides, épiques, glorieuses, ou tout simplement consubstantielles à la destinée de notre pays dans ses bons ou mauvais jours, faisaient l'objet de la même adulation pour le meilleur que celle prodiguée quasi-exclusivement pour le pire !
Comme à chaque fois qu'une date capitale et un hommage incontestable se présentent, on sent la gêne, le malaise, il ne faut pas en faire trop, on chipote, les lumières certes mais aussi les ombres ! Sous l'influence d'un clan d'historiens pour lequel la seule réalité française acceptable est une France couverte de cendres. Austerlitz, Napoléon : pourquoi célébrer avec fierté et munificence ce qui au fond devrait nous donner mauvaise conscience aujourd'hui : repentons-nous car il est arrivé à notre pays d'être grand !
Le paradoxe d'Emmanuel Macron, à bien lire l'ouvrage de Davet et Lhomme, notamment sur ses rapports avec Stéphane Bern et sa conception de l'Histoire, est qu'il semble au contraire friand de l'Histoire spectaculaire et royale, d'une chronologie illustre, de pompe et de gloire moquée par les historiens de gauche (ou progressistes : la même chose !). Ce qui pourrait signifier que le président de la République est un caméléon s'adaptant à chacun de ses interlocuteurs, ou que dans sa mission il est trop tenté de donner raison à ceux qui n'aiment la France qu'en état de contrition. Sûr ainsi de s'attirer l'approbation des intellectuels dits éclairés.
Il faut du courage pour assumer l'Histoire de la France, dans ses péripéties admirables ou discutables, nationales ou coloniales. Il faut déjà accepter que tout n'a pas commencé en 1789 et que, dans la multitude des débats et controverses suscités par l'imprévisibilité et l'ambiguïté des réalités historiques, pour le moins il ne conviendrait pas de faire peser sur la France une présomption de culpabilité systématique.
Demain aura-t-on encore le droit de se rassembler autour d'une personnalité, d'une victoire ou d'une fierté emblématiques de notre pays, ou serons-nous condamnés à continuer d'excuser la France ?
Rédigé le 19 octobre 2021 | Lien permanent | Commentaires (64)
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Depuis plusieurs jours, l'extrême gauche se distingue par l'expression d'un délire antipolice.
À Cachan, un conseiller municipal LFI ose déclarer que la police est armée "pour tuer la population" et la maire socialiste, toute honte bue, nie avoir entendu cette phrase, ajoutant donc un mensonge à cette outrance odieuse.
Quant à Philippe Poutou, il s'est lâché en souhaitant que la police soit désarmée "puisqu'elle tue, évidemment que la police tue et qu'elle est dangereuse"(France Info) et Gérald Darmanin a déposé plainte contre lui. Je ne doute pas que Poutou en sera honoré!
Si j'avais un comportement porté à l'indifférence, je ne réagirais pas, considérant que de l'extrême gauche on n'a rien de sensé à attendre et que la haine des instances et des services protecteurs de notre société est compulsive chez elle. Mais ce serait la traiter avec condescendance alors que, on peut le regretter mais c'est comme cela, ses absurdités touchent une part de notre peuple, même très faible, sensible à cet anarchisme violent et destructeur.
Sans prétendre établir une hiérarchie hors de propos, le mensonge de la maire socialiste me paraît représenter le comble de la turpitude car travestir le réel, en pleine connaissance de cause, revient à transgresser une règle d'honnêteté humaine plus qu'un impératif idéologique.
Quant aux délires du conseiller LFI et de Philippe Poutou, je pourrais d'abord regretter qu'ils formulent tel un constat ce qui est heureusement une rareté.
Les derniers temps ont démontré en effet que la police était poursuivie judiciairement quand les éléments de preuve le permettaient. Pour ma part, ayant toujours refusé de mettre en parallèle le monopole de la force légitime par la police et les quelques violences illégitimes commises par certains fonctionnaires, je ne peux qu'approuver le processus judiciaire qui vise à sanctionner les fautifs. Mais seulement si aucune présomption de culpabilité ne vient fausser la balance de la Justice à leur détriment.
Sans doute était-ce trop espérer de ces élus et militants révolutionnaires qu'une sorte de mesure les modère ! Mais n'aurait-on pas pu, alors, attendre d'eux une sorte de limitation qu'ils se seraient imposée en considérant le climat social, l'état de la France sur le plan de l'insécurité et des violences collectives, les forces de l'ordre de plus en plus attaquées par des voyous en nombre...
Pour eux, il est vrai que les seules "victimes" acceptables sont celles qu'ils imputent à la police lors des manifestations syndicales ou autres. Pourtant ce que la majorité des honnêtes gens subit au quotidien - et devant quoi la police est souvent dépassée - est une plaie républicaine. D'autant plus que cette insécurité affecte principalement les catégories les plus modestes socialement et économiquement.
Quand la police agit ou réagit, elle est peu soutenue par sa hiérarchie. Le dénominateur commun aux directions et responsables de haut niveau est assez souvent la lâcheté, dans quelque domaine que ce soit. Le judiciaire m'en a donné longtemps une éclatante illustration. Quand l'accomplissement d'une mission légitime crée du trouble et du scandale, les coupables sont ceux qui contraignent les chefs à trancher !
Le paradoxe saumâtre est que l'exigence démocratique de notre protection est coincée dans un étau implacable. D'une part l'extrême gauche, ses délires, son empathie révolutionnaire pour ceux qui s'en prennent à notre société et sont évidemment pour elle des victimes même quand ils perpètrent l'innommable, et de l'autre la faiblesse de ce pouvoir qui dans une démagogie frénétique, à la 25e heure, dilapide, distribue, promet tous azimuts, joue au foot, organise des états généraux de la Justice, multiplie les coups de menton à l'intérieur comme vers l'extérieur. Pour compenser, réparer, faire oublier. L'agitation pour se faire réélire en 2022 avec le souci cynique d'occulter les années d'impuissance ou d'amateurisme.
Le délire antipolice est criminogène : si on insulte la police comme cela a été fait, on sera responsable de ce que des malfaisants feront de notre folie contre la démocratie.
Quand on ne sait plus défendre la société dans les mille circonstances où ses citoyens sont agressés, volés, violés ou tués, si on ne juge pas vite et avec rigueur quand les causes le méritent, on est coupable.
Le pouvoir pourrait être sanctionné en 2022 pour non assistance chronique à citoyens en danger.
Rédigé le 17 octobre 2021 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (64)
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Qu'on fasse le compte.
LR a résisté à son président et à sa direction responsables d'une course de lenteur qui devrait se terminer le 4 décembre avec un candidat unique choisi par les militants. Il paraît pourtant qu'à deux reprises le bureau politique a validé à l'unanimité ce processus aberrant et qui aurait pu être suicidaire !
LR a résisté à l'envie éperdue de Christian Jacob de voir son ami François Baroin - qui n'en avait jamais manifesté l'intention - être le candidat LR pour 2022 et au blocage, par conséquent, de toute opposition durant un an.
LR résiste à la tenaille qui croit l'emprisonner entre les tentations de trahison vers LREM et l'extrémisme assumé d'Eric Zemmour qui s'affirme de droite.
LR résiste à l'ambition d'Edouard Philippe - un Premier ministre qui n'a pas été irréprochable - qui avec Horizons propose "une nouvelle offre politique" et veut remettre de l'ordre notamment "dans la rue" mais soutient cependant Emmanuel Macron : comprenne qui pourra !
LR continue de résister à la condescendance, voire au mépris de Nicolas Sarkozy qui fustige ces médiocres, ces "nains" qui le 4 décembre vont oser se présenter aux suffrages des militants alors que lui-même, bien entendu, quoiqu'englué judiciairement, s'affirme bien placé pour donner des leçons. Oubliant qu'il a fait battre la droite en 2012 et qu'il a lui-même été sèchement défait lors de la primaire de la droite et du centre.
Rarement un parti aura dû tant subir de l'intérieur comme de l'extérieur mais, miracle, il a tenu.
Et, le 4 décembre, ce pourrait être le premier pas capital vers une présence de la droite au second tour de l'élection présidentielle. Enfin LR sortira d'une passivité qui aurait pu la plomber.
Eric Zemmour, quand il se déclarera candidat, à mon avis baissera dans les sondages. En attendant, il a réduit singulièrement le pourcentage du RN. Il faudrait d'ailleurs qu'il cesse d'user du même registre à l'égard de Marine Le Pen "qui ne gagnera jamais" et des candidats LR "qui ne gagneront pas". Indiscutable pour la première, cette certitude, heureusement, est rien moins qu'assurée pour les seconds.
Xavier Bertrand (XB) a choisi de participer au Congrès et il a bien fait.
Je vais m'attacher tout particulièrement à lui malgré l'estime parfois amicale que j'ai pour ses rivaux, à l'exception de Denis Payre que je connais mal mais dont j'ai lu quelques écrits. Il sera le porte-parole des entrepreneurs.
D'abord XB a du cran.
Il aurait pu se maintenir dans une posture suicidaire en ne tirant pas les leçons d'une évolution n'ayant pas totalement correspondu à ses attentes. Parce qu'il est conscient, comme ses concurrents, de l'obligation de proposer un candidat unique aux électeurs, il a surmonté ce qui pourrait apparaître pour certains comme un reniement - j'ai perçu d'emblée ce que son registre "gaulliste" avait de risqué - mais ne sera que le courage d'affronter des contradicteurs qui exploiteront sans doute son évolution pourtant nécessaire.
Qu'il n'ait pas désiré reprendre sa carte LR est une abstention qui relevait de l'évidence. Le faire aurait été du cynisme, aurait poussé loin le clientélisme tandis que l'impératif d'une candidature unique se rapportait à une exigence politique. En s'y pliant, XB se déjugeait moins qu'il ne devenait plus audible. Valérie Pécresse, reprenant sa carte LR, n'a pas eu la retenue élégante de XB.
(J'apprends que celui-ci a décidé de reprendre sa carte également. Je suppose que les modalités connues du Congrès n'ont pas été pour rien dans sa décision. Que les lucides rétrospectifs et les critiques d'après l'action m'épargnent leurs commentaires : ils auront de quoi faire et dire le 5 décembre ! Toujours après !)
Je devine déjà tout ce que les débats et les échanges du 4 décembre vont mettre en lumière, et pour les uns et les autres ce sera de bonne guerre. Sans être naïf, j'espère que les divergences toutes relatives entre les projets n'altéreront pas le climat de contradiction bienveillante qui paraît avoir été accepté par les cinq compétiteurs. Je ne doute pas qu'il sera possible de compenser le fléau d'un passé LR calamiteux par une urbanité stimulante et exemplaire. Pour faire gagner le ou la meilleure !
Puisque le Congrès laissera aux militants la mission et l'honneur de choisir leur champion, j'ose espérer que tous ces citoyens persuadés que la droite efficace et non extrémiste doit l'emporter auront pour seul objectif de promouvoir la personnalité qui aura le plus de chance de l'emporter en 2022, probablement face à Emmanuel Macron.
Il n'y a pas un argument qui sera opposé à XB auquel je ne saurais pas répondre si j'étais lui. En particulier celui d'avoir déserté LR à cause de Laurent Wauquiez. Il est navrant de devoir prendre acte d'un tel antagonisme alors qu'il y a là deux intelligences qui feraient mieux de s'accorder. Je forme le voeu que LW n'oublie pas son devoir au profit de son antipathie !
Est-il permis de formuler la même requête à Brice Hortefeux qui détesterait paraît-il XB, en lui suggérant d'user de son influence au sein du parti pour une autre cause que sarkozyste et en soutenant même qui il n'aime pas pour favoriser la victoire ?
Plus profondément, comment ne pas noter que certes XB a quitté le parti pour y revenir, poussé par une logique politique et - ce n'est pas honteux - par le désir des moyens qui pourraient être mis à sa disposition mais que deux personnalités emblématiques de LR, si elles y sont demeurées, n'ont pas brillé par leur engagement : LW, prudemment, attend 2027 et Bruno Retailleau, persuadé de perdre, a jeté l'éponge.
Cette double carence permet de relativiser le parcours de XB et de lui reconnaître ce mérite. Le courage, il l'a eu au bon moment et les élections régionales ont montré que même avec une armada de six ministres, il avait su conquérir sa victoire, sa réélection. Sans ces dernières, il abandonnait le beau métier politique. Un pari déjà gagné.
Psychologiquement, comme aucun président ne pourra être de Gaulle, il lui faudra éviter de singer Macron ! J'entends ici ou là les remarques acerbes, voire méprisantes sur XB, sur son apparence, son manque de flamme et ses prétendues limites.
Mais on a pu constater ce que devenait la France avec "le nouveau monde" qui nous avait été promis en 2017. Non pas une épopée mais du verbe à foison, la chienlit au quotidien, l'impuissance d'un Etat cherchant à faire passer ses coups de menton pour de l'action.
La force de XB sera précisément d'être par nature et par vocation un anti-Macron, pour moi dans l'idéal une sorte de Georges Pompidou, dans sa simplicité, son bon sens et sa préoccupation des Français. Ses adversaires, peu ou prou, sont plus accordés avec le genre "Macron" que XB. Pour moi, ce n'est pas le moindre de ses atouts.
Le livre de Gérard Davet et de Fabrice Lhomme - Le traître et le néant - révèle la capacité de séduction et de manipulation d'Emmanuel Macron avant son élection puis comme président. Inspiré prioritairement par le souci de soi et une indifférence concrète à l'égard du commun des citoyens. Le dépassement de la droite et de la gauche parce qu'au fond il n'habite nulle part et que le "en même temps" est une manière noble de faire de la psychologie à l'égard du réel au lieu de combattre ce qu'il a d'insupportable.
Mais l'élément décisif est que dans toutes les enquêtes d'opinion jusqu'à aujourd'hui, avec leurs déclinaisons variées, si XB n'a pas "tué le match", il reste cependant le candidat préféré de ceux que les instituts ont sollicités. Je connais par avance le discours justifié sur les sondages, leur fiabilité relative, les trop faibles échantillons (seuls ceux assurés d'aller voter) mais il n'empêche que la prédominance de XB n'en est pas affectée.
Surtout il est le seul qui pourra battre Emmanuel Macron au second tour assez largement si ce dernier, avec sa démagogie frénétique des derniers mois, ne parvient pas à rattraper par une distribution éperdue de crédits tous ses manques fondamentaux d'avant. "Soutenir Xavier Bertrand, c'est jouer la gagne" : Damien Abad a raison. Qu'on tourne cela en dérision tant qu'on voudra, il n'empêche que l'essentiel est là. Il serait paradoxal de briser par dépit ou ressentiment cet élan.
Le 20 novembre tous les candidats interviendront dans le cadre d'un bureau national avec une prise de parole pour chacun et questions-réponses avec la salle puis le 4 décembre LR aura un candidat. Enfin !
La résilience de ce parti a été exceptionnelle et ce n'est offenser personne que d'aspirer à ce que, après toutes ces épreuves, il sache sortir des préjugés pour privilégier avec objectivité qui en 2022 sera le plus à même de susciter un changement au profit non pas d'un "nouveau monde" - on a vu ce qu'il en a été ! - mais d'un pouvoir moralement impeccable, efficace et respectueux des citoyens.
Si mon choix personnel peut être discuté, la finalité est partagée par tous.
Rédigé le 15 octobre 2021 dans Actualité, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (67)
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Comme magistrat déjà, la conception française de l'État de droit m'avait toujours semblé immuable, fixiste, destinée seulement à offrir des garanties aux mis en cause sans prendre en considération les exigences de protection du plus grand nombre et la sauvegarde de la société. Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi notre démocratie se trouvait condamnée à cette approche trop restrictive et, pour tout dire, désespérante pour le commun des citoyens.
Le quinquennat presque terminé d'Emmanuel Macron nous a contraints de questionner la relation entre l'État de droit classique et la sécurité de la France.
Je n'aurais pas abordé ce thème, tant il crève les yeux et l'esprit de la multitude qui constate l'absence d'autorité régalienne de ce pouvoir et sa frénétique démagogie avant l'échéance présidentielle pour faire illusion, combler le vide et compenser ses faiblesses. Mais il y a eu en plus une offensive médiatique non seulement contre la Pologne mais pour pourfendre les candidats qui chez nous avaient la prétention de "s'en prendre au droit européen et de vouloir réviser la Constitution" (Le Monde).
Et sur quel ton, comme s'il s'agissait d'un crime contre la République alors qu'on aurait pu penser au contraire que le crime était constitué par la non-assistance à la République en danger !
Par exemple l'appel à des référendums constitutionnels est moqué ; le fait que "cette offensive se déroule dans une stupéfiante indifférence" est stigmatisé. Ce qui est faux. Car précisément sont vigoureusement attaqués ces projets consistant à se délier du droit européen seulement dans ce qu'il a de nocif pour notre nation, ou consistant à évoquer des modifications de notre Constitution pour mieux lutter contre l'immigration incontrôlée "qui n'est pas une chance pour la France"(FigaroVox, Patrick Stefanini) ou consistant encore à promouvoir le référendum pour battre en brèche les blocages parlementaires plus soucieux de la pureté des principes que de la protection des citoyens.
Comme si la seule éventualité de telles modifications représentait le comble de l'ignominie politique. Sont visés principalement Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Eric Zemmour et en partie Arnaud Montebourg dont le grand tort est de n'avoir pas totalement abandonné la perception du réel et des enseignements qu'il devrait imposer.
L'alternative est de plus en plus limpide, entre un respect inconditionnel de l'État de droit même dans sa définition limitée et inadaptée et l'acceptation de la défense de notre pays comme impératif prioritaire, qu'il s'agisse de toutes les délinquances ordinaires, de la criminalité et du terrorisme islamiste dans son appréhension judiciaire et dans la menace qu'il continue de faire peser sur notre société. Non plus la révérence pour l'État de droit au risque de laisser meurtrir la France mais la sauvegarde absolue de notre pays jusqu'à rendre l'État de droit compatible avec lui.
On peut choisir comme exemples tout ce qu'on voudra, les transgressions singulières ou collectives de notre quotidienneté, dans ces lieux pas forcément abandonnés mais où la certitude de l'impunité permet de s'abandonner au pire sans la moindre crainte, les agressions en bande, les massacres homophobes, les résistances violentes à l'autorité, à Montgeron comme à Combs-la-Ville, le lassant déroulement d'une chronique odieuse qui nous oblige à économiser notre indignation parce que demain elle sera encore plus sollicitée, le formalisme des enquêtes et des procédures, les interventions tardives de la police impuissante, une justice trop lente pour condamner quand elle le fait, trop faible pour ce qu'elle devrait avoir de rigoureux, un état de notre pays lamentable, et, face à ces dérives, seulement le très fragile bouclier de l'État de droit tel qu'on se vante de l'honorer, inchangé, alors que tout change et se dégrade autour de lui ?
Je ne suis pas, loin de là, un adversaire des évolutions positives que notre droit, notamment administratif, peut susciter pour battre en brèche la passivité de l'Etat, par exemple dans le domaine pénitentiaire, et décréter le caractère inadmissible de certaines situations objectivement indignes.
Qu'on soit humaniste ou pragmatique - la conciliation des deux serait l'idéal -, le constat est vite fait. Aujourd'hui, s'ajoutant à la mansuétude d'un pouvoir plus préoccupé de se faire réélire (et pour certains de rester ministres et, plus tard, députés), il y a un décalage scandaleux entre un État de droit ressassé et une réalité qui le ridiculise au point de rendre son renforcement et, à la fois, sa simplification inéluctables si nos dirigeants avaient conscience de l'attente, de la peur et de l'espérance des Français.
Consentira-t-on encore longtemps à ce gouffre entre ce que la France exigerait et ce que l'État de droit interdit ?
Rédigé le 13 octobre 2021 dans Actualité, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (154)
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Je commence à en avoir assez. Je sais que je vais être accusé de mille maux, d'être puritain, bégueule, hypocrite, de ne rien comprendre à la séparation entre vie privée et pouvoir public et, en substance, de me mêler de ce qui n'intéresse pas les citoyens ou ne les révolte jamais.
J'entends bien que le Français a toujours éprouvé une sorte de considération ironique et presque respectueuse pour ses dirigeants qui, des rois de France - par exemple Louis XV, le bien-aimé - aux présidents de la République, ont manifesté à l'égard du beau sexe une attention constante, voire compulsive.
Pourtant je persiste et il ne me paraît pas indélicat, encore moins indécent d'aborder ce thème puisque le souvenir de François Mitterrand semble s'être résumé à ses amours, son courage devant la mort et à sa paternité tendre pour sa fille Mazarine.
Ses amours ? Qui, aujourd'hui, peut de bonne foi affirmer ne pas connaître, par exemple, les détails de sa vie conjugale singulière avec Danielle Mitterrand, de sa liaison avec la journaliste suédoise Christina Forsne - il a eu un fils avec elle -, de sa relation, de son histoire, de son existence commune durable et profonde avec Anne Pingeot (sans doute incomparable, au sens propre, par rapport à toutes ses autres péripéties amoureuses) et, depuis peu de temps grâce à un livre de Solenn de Royer "Le Dernier secret", de ses rencontres fréquentes de 1988 à 1996 avec "Claire", une jeune fille de 20 ans dont on ne pouvait imaginer qu'ils étaient amants à cause de leur différence d'âge de cinquante ans.
François Mitterrand a été président de la République du 21 mai 1981 au 17 mai 1995. Il est mort le 8 janvier 1996. Atteint d'un cancer dès le début de son premier mandat, soigné dans le secret comme le malade privilégié qu'il était, sa vie a duré au-delà de toute espérance. On a beaucoup admiré dans les dernières années de sa présidence son courage et sa résistance malgré l'épuisement puis les douleurs qui l'accablaient.
Dans cette épreuve qui concernait sa santé et d'une certaine manière son lien avec les Français qui l'avaient élu puis réélu (sans être au fait, pour la plupart, de l'existence de Mazarine, de sa mère Anne Pingeot et de ce que l'Etat faisait pour elles ; ni de ses capacités physiques amoindries par ce cancer qui leur était caché), François Mitterrand a consacré beaucoup de temps à ses amours, à sa correspondance amoureuse parfois magnifique, à ses mille occupations qui, dans le quotidien, car il n'était pas indifférent aux femmes qu'il avait séduites, devaient le mobiliser.
J'exclus par ailleurs son culte de l'amitié qui le conduisait, par exemple, à rendre visite à Michel Tournier en hélicoptère, et sa passion du golf.
Est-il sacrilège de formuler cette interrogation : quand travaillait-il ?
J'accepte l'idée qu'il n'était pas, de toutes manières, un président agité et omniprésent à la Sarkozy ou à la Macron mais tout de même ! Malgré son entourage élyséen et gouvernemental, avec des personnalités qui pouvaient être de qualité, il lui restait à l'évidence des tâches à accomplir, des arbitrages à opérer, des choix fondamentaux à effectuer.
Ces histoires intimes multipliées - il y en aura sans doute d'autres qui seront révélées : c'est une mine -, ce libertinage présidentiel facilité chez lui par la jouissance du séducteur comblé, les moyens de l'Etat et le caractère érogène du pouvoir, peuvent ne susciter aucune répugnance, pas davantage que de l'ironie ou des applaudissements de connivence.
En revanche, l'admiration que je sens sur ce plan de la part des mitterrandolâtres, m'étonne au plus haut point. Il avait suffisamment de qualités pour l'intelligence, la culture, les manoeuvres cyniques, la tactique politique et d'adhésion à quelques convictions fortes pour qu'on ne soit pas obligé de vénérer le séducteur patenté, le président distrait de l'essentiel.
D'abord parce qu'il me semble qu'il n'y a pas de quoi pavoiser ni pour François Mitterrand lui-même ni pour ceux qui lui avaient fait confiance, le croyant de gauche et l'imaginant moral.
Ensuite, et surtout, parce que, contre l'opinion commune majoritaire, je maintiens qu'on ne peut laisser croire à une frontière étanche entre certaines conduites privées et la vie publique.
Les premières n'ont pas été sans incidence, pour François Hollande, sur la seconde et sa politique a pâti du défaut de certaines vertus personnelles. Il serait indélicat de rappeler combien Nicolas Sarkozy a souffert, en politique, à cause de Cécilia et la manière dont il s'est couvert d'une gloriole ridicule en exposant sa relation avec Carla, qui paraît les rendre heureux l'un et l'autre aujourd'hui. Je considère que le caractère ostentatoire de la fusion du couple Macron - nous deux contre le reste du monde ! - explique quelques séquences politiques qui relèvent d'un tempérament présidentiel singulier, passionnant mais muré et narcissique. Il me serait facile de dérouler d'autres analyses allant dans le même sens.
Pour François Mitterrand, cette compulsive façon d'aimer, à la fois profonde et superficielle, pour se prouver qui il est et ce qu'il peut, et aussi, pour Anne Pingeot, le besoin d'exprimer un amour unique malgré la multitude qui l'a précédé ou accompagné, a eu une influence sur les sinuosités d'une politique et ses modalités psychologiques, intellectuelles et techniques. Thierry Lévy disait qu'on a la parole de son corps. Je ne suis pas loin de penser qu'on a aussi la politique de son corps.
Alors on ne trouvera pas en moi un observateur ébahi des prouesses amoureuses et volatiles de François Mitterrand. Non pas au nom d'une quelconque rigidité ou intolérance - personne n'est parfait ni n'a de leçons à donner - mais parce qu'un président de la République n'aurait pas dû faire cela, ne devrait pas se comporter ainsi.
Si j'exclus évidement le général de Gaulle, j'ai beaucoup plus de révérence pour Georges Pompidou et, sans contradiction aucune, les engagements mais toutefois nets et clairs d'un Nicolas Sarkozy, le caractère exemplaire du couple Macron, que pour ces destinées qui prétendent nous faire croire que les vices privés n'entravent pas les vertus publiques.
Je mettrai cette illusion dans ce triste chapeau démocratique qui nous a trop démontré que la malhonnêteté, la corruption, les dérives personnelles non seulement ne gênaient pas l'électeur mais parfois le renforçaient dans son soutien jusqu'au-boutiste.
Il me plaît de finir ce billet par un propos de Bernard Tapie auquel on a rendu - ombres et lumières confondues - deux magnifiques hommages collectifs marseillais et parisien. En substance, il a dit que pour lui, la vraie virilité était sa fidélité à son épouse.
Si nos présidents, pour eux-mêmes, pour la France et les Français, pouvaient s'en inspirer, ce serait bien.
Rédigé le 11 octobre 2021 dans Actualité, international, Justice, Livres, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (61)
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Une histoire éditoriale qui m'a beaucoup fait réfléchir. Sur moi d'abord et quelques ombres.
Après la publication du Mur des cons chez Albin Michel, j'ai été saisi d'une sorte de stérilité littéraire que je compensais par l'écriture de mon blog et mes autres activités médiatiques. Pourtant j'éprouvais comme une mauvaise conscience et un jour, pour me réhabituer à une possible publication, je me suis mis à concevoir des "pensées" en vrac, caractérisées par un total pluralisme qui permettait à mon tempérament lui-même contradictoire de s'exprimer.
J'ai proposé l'idée à deux éditeurs que je connaissais mais ils l'ont aimablement refusée. Grâce à un ami, Thomas Clavel (fils du critique littéraire et remarquable esprit André Clavel, infiniment regretté), qui publiait à la Nouvelle Librairie (NL) de François Bousquet, j'ai pu obtenir l'accord de cette maison d'édition, chiche en moyens mais compétente, curieuse et cultivée.
Le livre a été publié le 30 septembre sous le titre "Libres propos d'un inclassable".
Pour aller à l'essentiel, j'avais pris l'habitude de changer presque systématiquement d'éditeur et ce n'était pas cette nouvelle opportunité qui me déstabilisait. Mais la réputation prétendument sulfureuse - à cause notamment de cette excellente et urticante revue Éléments - de la NL, qualifiée de droite, voire d'extrême droite, en tout cas très connotée politiquement, m'a mis un temps dans un état de malaise, presque de honte, qui s'est très vite dissipé.
Parce que d'une part j'ai remarqué tout de suite l'intelligence et la qualité d'écriture de cet éditeur - dans le travail qu'il a accompli pour classer ces pensées "inclassables" et l'étincelante quatrième de couverture, la meilleure jamais rédigée au verso de mes livres - et qu'un examen de conscience, d'autre part, m'a contraint à me juger très mal. En réalité, comme souvent sur les plans politique et culturel en ce qui concerne les convictions conservatrices, j'avais été gangrené par la pression diffuse d'adversaires de gauche qui ne valaient pas ceux qu'ils estimaient infréquentables. Une pierre navrante à jeter dans mon jardin de citoyen et d'essayiste qui s'imaginait totalement libre et détaché de ces entraves de la peur et du qu'en dira-t-on.
À vrai dire, j'avais déjà ressenti cette impression quand il y a longtemps j'avais passé quelques heures dans un Salon organisé par Radio Courtoisie, au demeurant une radio où j'ai toujours été parfaitement libre de mes propos, la laissant à ses slogans qui ne m'ont jamais entravé une seconde. Dans ce Salon, j'ai usé d'une démarche de guingois, à la fois présent et l'ayant accepté mais gêné aux entournures comme si je commettais une faute en dialoguant, à cet endroit et sous cette égide, avec les lecteurs et en signant des livres. C'était déjà un premier accroc dans la prétention dont je me flattais d'être un esprit libre et concerné seulement par ce qu'il avait à penser, à dire ou à écrire. Ce n'était pas vrai puisque sans raison je me blâmais d'être là où j'avais le droit et la liberté d'être. À cause de la puissante influence délétère de la gauche et de l'extrême gauche.
Je songe à ces deux familles politiques et j'admets que, si elles avaient l'idée de me convier à des colloques, des débats, des Salons ou des interventions - à titre personnel, penser contre mais en compagnie ne m'a jamais gêné -, obscurément je serais presque flatté, comme si leur adoubement avait du sens, alors que leur extrémisme, leur intolérance et leur dogmatisme devraient me les rendre, sur les plans intellectuel et politique, peu fréquentables. Mais elles ont encore de l'avance dans le registre culturel qui empoisonne les esprits. Elles jugent la droite et la droite en est tourneboulée. Et celle-ci n'est pas loin d'attendre un étrange et aberrant quitus de ces idéologies et pratiques qui ne représentent plus l'ombre d'une espérance. Encore une pierre virtuelle projetée dans mon monde.
Je vais tenter de me débarrasser, une bonne fois, de ces subtiles et impalpables lâchetés pour n'être pas obligé de me répéter tristement : on n'est jamais aussi libre qu'on le voudrait !
Rédigé le 09 octobre 2021 dans Actualité, Art, Livres, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (64)
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On avait vite compris qu'Eric Dupond-Moretti (EDM) choisi comme garde des Sceaux par le couple Macron - elle le lui ayant conseillé - aurait pour mission essentielle d'être la voix talentueuse de son maître lors des controverses, polémiques et durant la campagne officieuse puis bientôt officielle.
En ce sens, ses vitupérations sur Eric Zemmour (EZ) rentrent dans son mandat. Il l'a traité de raciste, de négationniste et a rappelé sa condamnation pour incitation à la haine raciale. Il a invité les citoyens à "ouvrir les yeux", ce qui est dangereux : ils pourraient se détourner vers une autre cible (BFM TV).
On est passé de "la voix talentueuse" dans une voie non plus engagée mais trop partiale pour être honnête. Pourtant on aurait pu espérer que sa déconfiture lors des élections régionales l'aurait préservé des excès et des outrances mais surtout des faussetés. Apparemment il n'en est rien.
Je lui en veux, sur le plan de l'honnêteté intellectuelle, parce qu'il contraint ceux qui ne sont pas animés par une hostilité sans nuance à l'encontre d'Eric Zemmour mais cependant éloignés de lui à cause de son programme extrême, à le défendre, tant certaines charges sont scandaleuses. Et celle de EDM l'est au plus haut point. Avec des propos aussi éructants, il est totalement contre-productif : il fait monter ce qu'il prétend détruire.
Ce genre d'attaque montre aussi qu'il est temps pour EZ de quitter une posture ambiguë qui pourrait finir par lasser : compter jusqu'à plus soif sur les lecteurs en retardant le plus possible la confrontation avec les électeurs. Se régaler de sa supériorité médiatique pour différer la contradiction démocratique.
D'une certaine manière sa démarche ressemble à celle d'Emmanuel Macron qui continue à profiter abusivement de son bouclier présidentiel pour se tenir à distance de la mêlée à venir où son aura aujourd'hui confortable et assurée pâlira, voire sera battue en brèche.
Comment peut-on, lorsqu'on est au moins nominalement ministre de la Justice, se comporter ainsi et user d'un langage et d'accusations qui, pour deux d'entre elles, sont délibérément mensongères et, pour la dernière, imposerait moins d'amnésie ? Quand on a l'honneur d'occuper une telle fonction, est-il convenable, pour se retrouver sur un terrain sans nuance qu'on affectionne, de travestir une réalité au lieu de l'exposer sereinement, fût-ce avec un zeste de partialité, comme Bruno Le Maire a su le faire ?
Le comble est que EDM sait au fond de lui - quand l'homme honnête qu'il est interpelle le ministre partisan - que EZ n'est ni raciste ni négationniste. Si ces mots ont un sens et si on ne se sert pas d'eux pour nier la caractère politique ou historique de certains affrontements afin de les constituer comme opprobre moral.
Je n'ai jamais entendu dire par EZ que les immigrés du Maghreb ou de l'Afrique noire relevaient d'une race inférieure et qu'il les stigmatisait en tant que tels. Le problème politique et social qu'ils posent, s'ils sont de religion musulmane, serait l'incompatibilité entre l'islam, qu'il assimile à l'islamisme, et notre démocratie, faute pour le premier de ne pas distinguer entre le temporel et le spirituel. On peut juger ce point de vue absurde et les solutions proposées extrêmes. Mais il s'agit d'un débat national qui n'a rien à voir avec la plaie du racisme. Sauf à prétendre interdire par principe toute considération critique sur l'état de notre société.
Il est encore moins négationniste si j'ose dire. Je ne tirerai même pas argument du fait qu'il est juif et sans doute pas masochiste au point de contester l'existence de l'Holocauste qui a gazé des millions de juifs. Jamais EZ ne s'est aventuré dans de tels délires et cette abstention rend insupportable le grief de négationnisme. Arno Klarsfeld, à l'Heure des pros 1, a admis cet élément capital alors que par ailleurs il a imputé à l'historien de graves falsifications historiques (CNews).
Que son analyse historique de Vichy et du fait que selon lui Pétain aurait sauvé les juifs français puisse non seulement choquer mais être réfutée par des chiffres incontestables, est une évidence. On ne comprendra jamais rien à EZ si on n'appréhende pas sa personnalité à la fois de conviction et de provocation.
Là où il passe, l'Histoire officielle doit d'une certaine manière trépasser. Et cette obsession dont il est persuadé qu'elle est historiquement irréprochable le conduit logiquement à formuler un jugement bienveillant sur Pétain, qui demeure, pour beaucoup, une personnalité globalement nuisible de notre Histoire, à peine dépassée par Pierre Laval dont l'exécution, avec ses modalités atroces, a un peu ému.
Cet appétit incoercible de provocation conjugué avec la certitude inébranlable de détenir la vérité ne peut qu'aboutir aux effets qui sont constatés. Beaucoup ne s'intéressent pas ou plus à Vichy mais EZ, s'il ne veut plus en parler maintenant, questionné sans cesse sur lui en a fait un sujet clivant, non pas au nom d'une tactique partisane mais parce qu'il ne supporte pas d'avoir tort dans une matière qui le passionne et avec laquelle il hérisse. Et, chez lui, ce n'est pas un déplaisir !
Mais du pire jusqu'au moins pire, pas l'ombre d'un quelconque négationnisme.
Sur le rappel de la condamnation de Zemmour, si le sujet n'était pas sérieux, je dirais que la remarque d'EDM mérite un peu d'ironie.
Voilà un avocat qui n'a pas cessé, brillamment et avec roublardise, de défendre des accusés, d'avoir fait acquitter, je l'espère, quelques innocents mais aussi des coupables, d'avoir tout plaidé pour faire réduire les sanctions requises pour les crimes même les plus atroces, voilà un ministre qui n'oublie jamais qu'il a été avocat, qui vient s'indigner face à un jugement ayant condamné EZ !
EDM sait pourtant que dans cette matière des infractions de presse, on n'est plus dans la délinquance ordinaire et qu'elle ne permet pas les certitudes liées aux infractions de droit commun.
Comme EZ, contrairement à ce qu'il croit, va avoir du mal à passer de la promotion médiatique à la confrontation politique, EDM est sans arrêt rappelé à ce constat que l'aura judiciaire ne fait pas miraculeusement la réputation et la mesure politiques.
Rédigé le 07 octobre 2021 dans Actualité, Justice, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (69)
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J'ai toujours beaucoup apprécié le sociologue Gérald Bronner (GB), parlant de ses livres ou proposant ses analyses toujours fines et pertinentes sur la société française.
Sa mesure, son intelligence, la profondeur de ses aperçus et la qualité de sa vision démocratique garantissaient à chaque fois, pour le lecteur ou l'auditeur, une réflexion stimulante et impartiale.
Aussi je n'ai pas compris - j'écarte d'emblée tout narcissisme de sa part - pourquoi il a accepté de "conduire une mission sur la diffusion des théories complotistes et la propagation de la haine sur Internet". Je ne sais si la composition de la commission a relevé de sa responsabilité mais il semble déjà que l'un des membres, Guy Vallancien, pose un problème sérieux même si par ailleurs d'autres personnalités estimables ont été choisies (Libération).
Comment GB a-t-il pu ne pas manifester un sentiment de défiance à l'égard de cette initiative venue de l'Elysée ? En vertu de cette donnée élémentaire qu'à l'approche d'une échéance capitale pour le pouvoir, celui-ci ne pouvait pas avoir une démarche innocente dans un domaine concernant la liberté d'expression au sens large. Accepter cette mission revenait peu ou prou à mettre la main dans un engrenage dont GB n'était plus le maître puisque son inspiration émanait du chef de l'Etat. Il n'était même pas nécessaire de soupçonner le pire pour se garder d'intervenir sur une matière qui, en aucun cas, n'avait à tolérer l'immixtion du pouvoir, mû par une apparente bonne volonté.
Cette volonté prétendant lutter contre les "fake news" est perverse par nature. Elle paraît oublier que la liberté d'expression, en parfait esprit républicain, non seulement n'est pas contradictoire avec les dérives qu'elle peut entraîner mais qu'il y a là une rançon qui démontre qu'en amont il y a eu la source d'une liberté. Chercher préventivement, avant la seule intervention légitime qui serait judiciaire, à épurer, à discriminer, à filtrer pour chasser le faux en ne conservant que le vrai, est une démarche qui n'a plus rien de démocratique. Par l'entremise de cette commission, l'Etat veut pouvoir poser sa grosse patte sur une effervescence et un débridement qui ne devraient pas le regarder.
Il est regrettable que GB n'ait pas perçu, derrière cet apparent honneur et la superficialité des motifs invoqués, la manoeuvre politique dont le seul but est de démontrer que, puisque ce pouvoir rejette les fake news, il est forcément dépositaire de la vérité et de l'honnêteté. Ce qui est infiniment discutable.
Depuis des semaines, LREM, des ministres, des conseillers cherchent à faire entrer dans la tête des citoyens qu'Emmanuel Macron est l'incarnation de la raison et de l'équilibre et qu'au fond la cause est entendue. Il faut bien mesurer cette arrogance qui à quelques mois de l'échéance de 2022, avec un président officieusement en campagne depuis des semaines, se permet de surcroît d'installer une commission avec une visée exclusivement partisane.
Je suis frappé de constater à quel point ce président qui n'est pas différent de ses prédécesseurs sur le plan du comportement public, a tout de même, en plus, le culot de ne rien dissimuler, d'afficher avec une sorte de réalisme cynique que tous les chemins sont bons pour revenir à l'Elysée.
Quel tintamarre politique et médiatique aurait suivi une telle initiative impulsée par Nicolas Sarkozy ! On aurait quasiment crié au dictateur.
Emmanuel Macron se permet tout parce qu'on lui passe tout.
Et ses affidés, inspirés par l'exemple, traitent Eric Zemmour de virus, ravalant l'humain au rang de microbe.
Plus j'y songe, plus l'implication de GB dans cette mauvaise affaire me navre.
Qu'est-il donc aller faire dans cette galère ?
Rédigé le 05 octobre 2021 dans Actualité, international, Justice, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (67)
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Irmgard Furchner, 96 ans, est accusée de complicité de meurtres commis entre 1943 et 1945. Elle était secrétaire dans le camp du Stutthof. Elle ne s’est pas présentée devant le tribunal qui devait la juger.
En 2020, l’ex-gardien de ce même camp, 92 ans, avait été condamné par le tribunal de Hambourg à deux ans et demi de prison avec sursis (Le Figaro).
En effet, depuis un changement de jurisprudence opéré en 2011 par la Cour constitutionnelle, les « petites mains » du nazisme, si on peut dire, peuvent également être poursuivies.
Je ne discute pas la légalité ni la légitimité de ces procédures à l’encontre de personnes très âgées, incriminées, et pour l’une sanctionnée, à cause de leur implication dans le processus mortifère nazi.
Je n’ai toutefois jamais aimé les courages rétrospectifs ni les résistances en chambre qui s’affirment si aisément de très longues années après les faits guerriers et tragiques. De Gaulle s’est moqué, lors de la libération de la France, de cette multitude de prétendus héros sortis de l’ombre dans laquelle ils s’étaient glissés précautionneusement. J’éprouve la plus vive admiration pour les vrais résistants de l’origine, les plus discrets, et je suis très compréhensif pour la masse qui s’est contentée de tenir et de survivre en s’efforçant au moins de ne pas nuire à autrui.
Dépassant le cas de la France, je voudrais réfléchir sur les régimes totalitaires, hitlérien ou stalinien, en me demandant ce que chacun aurait fait ou non, plongé dans cette horreur de l’époque. À partir du moment où il était inconcevable de refuser, sous peine de mort, une fonction qui vous était imposée, il ne me semble pas indécent ni sacrilège de nous questionner aujourd’hui : aurions-nous été des soumis ou des révoltés, aurions-nous fui ou obéi quitte à accepter de mettre la main, même de manière bureaucratique, dans les atrocités qui étaient commises ?
Je sais bien qu’il n’est personne qui aurait le front de s’afficher modeste et peureux, en admettant ne pas savoir ce que dans ces anciennes circonstances tragiques il aurait eu le courage ou non d’accomplir.
Pourtant cette interrogation est capitale qui nous renvoie aux crimes et aux tragédies de l’Histoire et à notre destin face à eux si nous les avions subis.
Autant pour la délinquance et la criminalité ordinaires il est possible, sans trop se tromper, de se dire qu’on ne serait jamais pris dans leur étau, autant, pour ces condamnations historiques, en se plaçant au niveau du citoyen de base, il faut toujours, si longtemps après, se questionner : moi, qu’aurais-je été, qu’aurais-je accompli, qu’aurais-je refusé ?
Honnêtement, on ne le sait jamais sauf à être d’une forfanterie sans limite.
C’est la chanson de Jean-Jacques Goldman sur Leidenstadt.
Certains rares disent non, beaucoup font le gros dos.
En rêve on est tous des héros.
Puis on retombe.
Rédigé le 03 octobre 2021 | Lien permanent | Commentaires (97)
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Nicolas Sarkozy a été condamné, dans l'affaire Bygmalion, à un an d'emprisonnement à exécuter sous bracelet électronique alors que le ministère public avait requis à son encontre un an dont six mois avec sursis. Il arrive que les juges dépassent le Parquet. Ses coprévenus ont été sanctionnés également.
NS a relevé appel, il est donc toujours présumé innocent.
Pourtant, d'emblée et au surplus, une déclaration choquante de sa part, selon laquelle "le droit aurait été une nouvelle fois bafoué". Étrange comme cette dénonciation revient trop souvent pour être crédible !
Une défense solidaire et corporatiste par une droite ayant perdu tout sens de la dignité démocratique. Elle aurait dû au moins s'abstenir.
Des échanges passionnés et passionnants à l'Heure des pros 2 le 30 septembre sur la condamnation de Nicolas Sarkozy. D'un côté Elisabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel et bien sûr, sur ce sujet, Pascal Praud notre animateur et de l'autre Jean-Louis Burgat et moi-même (CNews).
Je considérais comme une avancée démocratique le fait que l'institution judiciaire instruise sur les affaires politiques et sur des infractions qu'elle n'avait pas inventées mais dont elle avait été saisie. Il n'y avait aucune raison de pourfendre par principe toutes les sanctions prononcées dans ce domaine en traitant d'idéologues et de partisans les magistrats qui en étaient responsables. Pour ma part, j'attends l'arrêt à venir de la cour d'appel et j'en prendrai acte, quelle que soit sa teneur. Ce qui nous distinguait de nos contradicteurs est que nous n'estimions ni légères ni dérisoires les transgressions qui avaient pu être commises par un président de la République en campagne en 2012.
On a trop parlé de Nicolas Sarkozy le 30 septembre alors que le destin judiciaire de tous les Français m'importe au plus haut point. D'autant plus que le pouvoir macronien se désintéresse de cette banale, éprouvante, insupportable et parfois tragique justice au quotidien. Et que le garde des Sceaux, plus à l'aise pour vitupérer les opposants que pour réformer ce qui devrait l'être, en est réduit à nous faire prendre ses petites modifications pour une entreprise capitale.
Un sondage CSA révèle que pour 68 % des Français la justice est "trop laxiste", pour 93 % "trop lente" et pour 69 % "opaque". 53 % des citoyens n'ont pas confiance dans la Justice et pour 34 % elle est cependant efficace.
Les critiques formulées par une large majorité sont fondées, en tout cas pour la lenteur, car j'estime avec nos concitoyens que c'est le péché gravissime du fonctionnement judiciaire. Le service public qu'est la Justice (elle doit être d'abord cela avant de réclamer d'être un pouvoir, elle n'est nommée qu'autorité dans la Constitution de 1958) ne peut que susciter la défiance quand on est contraint d'attendre trop longtemps des jugements dans un climat généralement alourdi par l'indifférence et le manque d'information, quand ce n'est pas le défaut d'écoute et de politesse.
La Justice n'est pas aussi laxiste qu'on le prétend. Elle peut en donner l'impression car elle n'est pas d'une constance et d'une cohérence égales et souvent laisse apparaître une sensibilité trop vive pour les dossiers ayant suscité un émoi médiatique.
Il est évident qu'un authentique ministre de la Justice aurait été celui de l'abstention législative et du pragmatisme à la fois modeste et opératoire. Les envolées lyriques à la Taubira, on s'en est moqué, les polémiques partisanes à la Dupond-Moretti, on s'en moque.
D'autant plus que le vivier de gens satisfaits par la Justice n'est pas négligeable et constituerait pour un pouvoir intelligemment régalien un terreau à exploiter. Car on sait bien que dans ce service public si particulier, il est rare que toutes les parties s'accordent - celle qui a gagné mais pas assez, celle qui a perdu mais trop - pour émettre une appréciation favorable sur l'institution judiciaire et ceux qui la servent, le plus souvent avec compétence et honneur.
Nicolas Sarkozy a été le héros judiciaire malheureux de cette journée du 30 septembre.
Je comprends qu'il attende avec impatience l'appel et qu'il espère un arrêt infirmatif.
Il me pardonnera mais la multitude qui m'importe est celle abandonnée par le pouvoir.
Rédigé le 01 octobre 2021 | Lien permanent | Commentaires (78)
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