L'Omicron emporte tout sur son passage, suscitant une angoisse qui pourrait nous faire oublier que malgré lui la vie doit continuer. Il occupe pour l'instant notre pays et ne lui permet d'envisager le futur que sur le mode de la dépression sanitaire.
Pourtant la politique n'est pas morte qui donnera son verdict au mois d'avril 2022.
On a l'impression, ces derniers temps, qu'on discute plus volontiers des jauges dans les réunions que de leur substance, comme si l'avenir était anodin qui allait permettre à notre démocratie de changer ou non de présidence de la République.
J'entends bien que le titre de mon billet n'est pas consacré à la part importante de nos concitoyens qui vont à nouveau apporter leurs suffrages à Emmanuel Macron (EM) en 2022, aussi persuadés que moi que sa danse du ventre feignant l'hésitation est du simulacre puisqu'il fait tout pour nous démontrer, depuis plusieurs mois, qu'il est obsédé par sa réélection.
En revanche je voudrais tenter de convaincre que l'élection présidentielle, dont le report aurait été inimaginable, se présente simplement, sans fioritures démocratiques, pour tous ceux qui ont l'ambition civique de s'opposer au quinquennat renouvelé de cette étrange personnalité, rouée, intelligente, narcissique et dissimulant mal, sous un détachement apparent, une féroce envie d'en découdre.
Quelques données qui me paraissent incontestables.
La difficulté, pour certains jouteurs, d'obtenir leurs signatures pose non seulement un problème démocratique, avec l'anonymat qui rend frileux les maires, mais va avoir une incidence capitale, selon l'issue, sur le premier tour. Si par exemple Eric Zemmour (EZ) est éliminé avant même de concourir, mécaniquement le score pour accéder au second tour s'élèvera et rendra plus difficile, mais non impossible, la qualification de Valérie Pécresse (VP) pour le débat final. Le risque est aussi alors que le président se retrouve sur le terrain familier dont il rêve depuis 2017 et qui le confronterait une nouvelle fois à Marine Le Pen (MLP).
On aura compris que j'exclus l'hypothèse d'un EM absent du second tour à cause de l'éclatement de la gauche et malgré Jean-Luc Mélenchon (JLM) et Yannick Jadot (YJ) dont le score sera insuffisant pour bouter le président du second tour.
Ce serait encore plus vrai pour les personnalités désespérément à la recherche d'une primaire à gauche dans le but d'occulter le peu de crédit qui leur est attaché à titre individuel.
Au risque de m'abandonner à de la politique-fiction - qui n'est pas la plus désagréable manière d'en faire -, il me paraît évident que EM, opposé au second tour à quelque candidat que ce soit sauf VP, le battra. Qu'il s'agisse de MLP dont les progrès techniques, la normalisation contrainte et le le ton rénové ne seront pas, à mon sens, supérieurs à la peur que le RN inspire encore. EM sera réélu mais MLP, cette fois, j'en suis sûr, s'en sortira avec une défaite dans les honneurs.
Mon analyse est encore plus valide si EZ, ce qui est très peu probable, devenait le concurrent final du président. Celui-ci l'emporterait et l'écart serait clair et net. Autant, pour les prémices d'un premier tour, EZ a su ringardiser le verbe politique conventionnel, imposer quelque temps ses thèmes et le clivage en résultant, autant ces mêmes dispositions bloqueraient sa possible avancée au second tour.
Par honnêteté, avant d'en arriver à VP, ne laissons pas en friche Jadot et Mélenchon. Quelle que soit l'estime que j'éprouve pour le premier - avoir Sandrine Rousseau dans son camp est comme se faire aider par son pire ennemi ! - et la considération que le talent exalté et imprévisible du second m'inspire, je ne peux pas imaginer que dans le débat présidentiel l'un ou l'autre puisse empêcher la réélection d'Emmanuel Macron.
Alors la seule qui le pourra est Valérie Pécresse. Cela implique un certain nombre d'attitudes citoyennes. Tout faire pour qu'elle soit qualifiée pour le second tour. Voter au premier tour pour se faire plaisir est le moyen le plus sûr d'être déconfit au second.
Ne pas croire que nous aurons une candidate qui nous conviendra sur tous les plans. Ne pas commettre les erreurs dont j'ai pâti avec un Sarkozy porté aux nues après sa campagne éblouissante de 2007 puis partiellement décevant. Éviter le mirage du "nouveau monde" qui s'est effacé, avec EM, aussi vite qu'il a été exprimé.
Je vais bien me garder de m'abandonner à un maximalisme concernant Valérie Pécresse et mon sentiment personnel n'a pas à entrer en ligne de compte puisque je la connais. La maturité en politique est sans doute de faire preuve d'une adhésion à la fois convaincue mais relative. Sinon, l'exaltation d'aujourd'hui risquerait d'engendrer les inévitables déceptions de demain.
L'important est la rigueur et la cohérence de la politique qu'elle proposera, sa distinction nette d'avec le filandreux macronien et sa faiblesse régalienne, la certitude qu'enfin les engagements seront tenus et que la droite, pour être efficace, n'oubliera pas que l'intelligence n'est pas une tare. Ne demandons à VP que l'essentiel qui sera de nature à satisfaire une forte attente : moins de jouir de se regarder présider que de présider pour tous et, vraiment, de rassembler, demain, une France déchirée. Le pays est à réparer et à recoudre.
Je vais aller au bout de ma logique qui est d'espérer qu'elle mette toutes les chances de son côté pour assurer la relève et prouver que la droite républicaine n'est pas condamnée aux mots avant et à l'impuissance après.
L'équipe autour d'elle est rassurante. Ce n'est pas le roi Macron avec sa cour, ses inconditionnels talentueux ou non. VP doit se défaire de l'alternative droite dure/droite molle qui n'a aucun sens et songer que pour faire voter en sa faveur des citoyens qui ne seraient pas naturellement accordés à son camp, elle aura à démontrer au moins que sa manière de présider, son esprit collectif, sa tenue et son exemplarité dépasseront les clivages partisans. Avec un consensus dont on a perdu l'habitude.
Le grand avantage d'un quinquennat très imparfait - à cause des crises mais cherchant aussi à se dédouaner de tout grâce aux crises - est qu'il laisse un immense espace d'action et de transformation pour le suivant.
Mais que personne ne se fasse d'illusion : ce sera seulement Valérie Pécresse ou sinon encore Emmanuel Macron.
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