Il fallait bien que je lise anéantir, le dernier roman de Michel Houellebecq (MH). J'en éprouvais d'autant plus le besoin que de manière totalement immodeste, je me sentais obligé de départager les enthousiastes, les très critiques et les plutôt réservés.
J'ai terminé ma lecture le 13 janvier à midi et je ne mégote pas : il s'agit d'un chef-d'oeuvre qui marque une évolution sensible dans l'oeuvre de ce créateur tellement génial que sa singularité est accessible à tous. Je me sens du côté de Jean Birnbaum que pourtant j'avais jugé dithyrambique, trop élogieux pour qu'on ne suspecte pas une trop vive complicité entre lui et MH (Le Monde).
Un roman tellement riche qu'il est difficile d'en épouser toutes les faces comme si MH, lassé par ses livres précédents à la fois remarquables mais centrés sur le registre inimitable d'une ironie sèche et drôle et d'un pessimisme brillamment sarcastique sur notre monde, avait décidé d'élargir sa palette, d'enrichir ses inventions et, d'une certaine manière, de nous démontrer, avec quelle force d'analyse et d'émotion, que rien de ce qui était humain ne lui était étranger.
Ce n'est pas à dire qu'on ne retrouve pas dans anéantir l'essentiel de ce que la multitude de ses lecteurs a toujours adoré chez MH : une incroyable force narrative, un talent exceptionnel pour raconter, sur un mode apparemment ordinaire, le cours d'une réalité, de réalités (diverses et contrastées dans ce roman) et la relation d'événements de toutes sortes. C'est véritablement le fait du génie que de savoir passionner, avec une telle économie de moyens, en mêlant le factuel, la matérialité, la psychologie intime, les opinions sur la France, les considérations philosophiques et politiques et, plus globalement, tout ce qui peut surgir de la tête d'un écrivain incomparable épris de beaucoup de disciplines.
Anéantir est un roman total, global.
Politique, avec de profondes analyses qui démontrent que connecté sur la société française, ses affrontements partisans, ses détresses et ses misères, MH est à la fois un chroniqueur de ce qui est et un visionnaire de ce qui sera. Il s'agit aussi d'une étincelante et limpide illustration du pouvoir et on aurait bien tort de prendre à la légère les admirables développement qu'il prête souvent à Bruno Juge, ministre inspiré par Bruno Le Maire. Le tour de force du romancier est de rendre vraisemblable tout ce qu'à l'évidence il a pris dans la personnalité de Bruno Le Maire - les qualités et l'intelligence de ce dernier le justifient - mais en même temps de n'avoir pas oublié d'en faire un personnage romanesque infiniment sympathique et singulier.
D'amour, avec les retrouvailles magnifiquement décrites, sur tous les plans (et MH, pour la sexualité et ses diverses manifestations, ne lésine pas, mais sans que jamais on puisse trouver un peu lourde cette insistance), du couple Paul et Prudence, désaccordés à l'origine et que la quotidienneté rapproche de manière infiniment subtile, délicate et émouvante. Ce retour vers le coeur et le corps et leur complicité retrouvée est décrit avec une grâce et une finesse qui, s'il en était besoin, feraient justice d'un MH présenté comme un cynique exclusif.
D'amour et d'affection encore, avec la focalisation sur les membres de la famille de Paul, notamment sa soeur Cécile et son beau-frère Hervé, Madeleine, la compagne de son père gravement diminué à la suite d'un AVC mais si présent par ses clignements d'yeux et les pressions de sa main, des personnages dont l'humanité, la naïveté parfois, ne sont pas moquées mais sur lesquels le romancier pose un regard d'absolue dignité et de total respect.
De finitude et de mort. Il n'y a pas que la splendide fin du roman qui baigne dans une tendresse conjugale amplifiée par la description détaillée d'un cancer au traitement devenu impossible, avec une mélancolie qui profite encore du présent et de l'amour en sentant peser le poids de l'absence à venir. Tout au long des 726 pages qui se lisent sans un zeste d'ennui, court, tel un leitmotiv, une sorte de désabusement parfois joyeux, un doute sur ce que vaut vraiment l'existence avec sa fin obligatoire qui n'obère pas les moments où l'étrange joie d'être vivant vous saisit.
De rêves et de nature. Paul Raison, le protagoniste de ce roman, rêve souvent, et MH nous raconte ses rêves sans omettre le moindre détail. Il faut voir cette intrusion de l'imaginaire dans le réel comme la démonstration que la vie des songes vient ajouter un supplément d'âme et de mystère à la quotidienneté brute. De nature, parce qu'elle est offerte comme une tranquillité, un apaisement, une harmonie qui rassurent les vivants et deviennent le seul bonheur de ceux qui vont mourir et n'ont plus que les arbres, les mouvements du vent, l'éternité des choses et la douceur mobile du monde sous leurs yeux pour durer encore.
Roman total, global, oui.
Ce que j'apprécie par-dessus tout chez lui, même si évidemment il veille à singulariser chacun de ses personnages, du plus humble au plus important, est la manière dont il sait offrir à son lecteur une littérature d'affirmation et de conviction. Je perçois toujours, derrière les péripéties romanesques et les évolutions des êtres, la voix inimitable de MH qui la plupart du temps me fait sourire, voire rire franchement tant il sait user de cette ironie de haut niveau qui le conduit à s'interroger lui-même et à répondre positivement à des questions parfois déprimantes que le commun ne se pose jamais. Il y a dans cette attitude qui ne se masque rien une lucidité supérieure qui ne cherchant jamais à se faire valoir par la pompe des mots (aux antipodes de son style) a d'autant plus de portée sarcastique, amère ou drôle.
Anéantir est un gros livre. Pour ma part, même si quelques digressions d'une précision maniaque sur tel ou tel thème auraient pu sans doute être évitées, j'ai goûté encore davantage ce livre que les précédents - dont aucun ne m'avait déçu.
Un mot sur une histoire qui revient régulièrement dans le livre et concerne les services secrets, des attentats, des mystères, avec des inspirations sectaires parfaitement organisées. MH en traite en connaisseur et j'ai été impressionné par le souci des détails et de la vraisemblance qui d'ailleurs fait le prix du livre sur beaucoup de ses autres sujets. Ces épisodes peuvent sembler, même avec leur retour régulier, périphériques d'autant plus que l'auteur nous fournit une clé qu'il n'a pas éprouvé le besoin de rendre très explicite. Ce n'est pas grave. Je ressens l'existence de ces terrifiantes menaces et parfois réalités comme la volonté de MH de montrer que notre monde n'est pas mis en péril que par lui-même mais par des forces obscures, un surnaturel effrayant et mortifère. De partout il est visé, ciblé.
Anéantir, quel beau titre pour ce roman qui nous comble. MH, découvrant la douceur des choses humaines, nous enchante et nous fait espérer avec son lyrisme retenu, corseté mais d'autant plus troublant et émouvant.
Le pire n'est pas sûr puisque l'amour existe.
« …l’on ne peut pas, tout le monde le sait, faire passer un cercle par trois points quelconques disposés au hasard ».
Ce qui est faux. Nous avons appris ça en 5e, mais pour certains, la 5e, c'est très loin... Et il a fallu qu'un ami m'en fasse la remarque.
Il suffit de tracer deux médiatrices pour avoir le centre de ce cercle.
Mais Houellebecq est tellement génial... Broutille...
Rédigé par : Jovien | 02 février 2022 à 18:22
@ duvent | 20 janvier 2022 à 18:11
Eh oui un chien ça aboie !
Savoureuse l'histoire de la biche aux abois ! À croire que Houellebecq n'avait jamais entendu parler de chasse à courre !
Taïaut ! taïaut !
Il est vrai que vu sa dégaine, on l'imagine mieux en sorcier déplumé perché sur un bouc puant et chassant le dahu avec Mémé Kalle du Piton de la Fournaise, plutôt que chevauchant un fier destrier dans les bois de Compiègne ou Chantilly...
Rédigé par : Axelle D | 25 janvier 2022 à 15:21
Cette controverse m’a donné envie de lire l’ouvrage d’Éric Naulleau « Au secours, Houellebecq revient ! » (2005), extrêmement hostile aux œuvres de Houellebecq, auxquelles il dénie toute qualité littéraire (ce qui n’est pas mon cas). À vrai dire, l’ouvrage est très peu argumenté, et ne m’a pas intéressé. Écrit dans un style véhément et journalistique.
Je reste en manque d’un livre sur Houellebecq. (J’ai jadis passé pas mal d’heures à parcourir les deux-trois mètres d’une bibliothèque universitaire consacrés à Houellebecq sans rien lire qui m’ait intéressé.)
Rédigé par : Jovien | 24 janvier 2022 à 08:50
ADDENDUM
Il ne faut pas craindre de vérifier si l'on a été honnête, j'ai vérifié...
Ainsi, je ne voulais pas enfoncer le clou, mais ce clou-ci n'est pas douloureux, il s'enfonce dans le vide d'un volume indigent...
Je trouvais cette histoire de chèvre, chevreuil, biche, intrigante et par chance la suite de l'ouvrage allait me remplir d'aise, lisons plutôt cette prose magistrale :
« La petite sculpture de biche était toujours là, posée sur son appui de fenêtre ; oui, décidément c'était une biche.
Est-ce-qu'on pouvait dire qu'il s'agissait d'une « biche aux abois » ?
Qu'est-ce que ça voulait dire exactement être aux abois pour une biche ? Ça paraissait vaguement sexuel alors que là, non, elle avait simplement l'air inquiète ; mais c'était peut-être la même chose, les biches ne devaient pas avoir beaucoup d'expressions à leur disposition, leur existence n'était pas très variée. »
Page 277 du chef-d’œuvre de MH !
Je ne sais pas vous, mais moi, il me plaît d'apprendre que la sculpture est toujours là, elle aurait pu être ailleurs, dans la valise diplomatique de Bruno, ou dans le seau de la femme de ménage, ou sur l'étagère d'un indélicat visiteur, mais non, elle est là !
Quelle joie ! Et apprendre après moult péripéties, que c'était bel et bien une biche, ça, je ne vous le cache pas, ça m'a fait un bien fou !
Mais, oui, car souffrant d'une imagination débordante, après que ce monsieur écrivain de renom, a enclenché dans mon esprit délirant une hésitation quant à la bête, je me suis prise à déborder largement sur les spéculations, il faut dire que l'auteur a été avare de précisions, mais enfin, un instant je me suis tout de même demandé s'il pouvait s'agir d'un requin-marteau ??
Non, c'est une biche, toujours là !
Puis on atteint des sommets de perplexité, cette bête était-elle aux abois ? Comment savoir ? Je vous le demande ? Oui, comment répondre à cette question lancinante ?
Aux abois ? Quels abois ? Mettons sexuels ! Mais non ! Là ? Non !
Cette hypothèse évacuée, un mystère demeure, est-ce que par hasard une biche distingue entre le truc « vaguement sexuel » et la chose qu'on nomme habituellement « inquiétude » ???
Ben, ché pas trop, en fait ! À ce qu'il paraît, les biches semblent ne pas disposer de « beaucoup d'expressions à leur disposition, leur existence n'étaient pas très variée » !
Oui ! C'est comme ça ! Que voulez-vous, quand on est une biche et qu'on manque d'expression, et que par-dessus le marché on se permet une existence pas très variée, j'ai envie de dire : "Bien fait pour ta gue*le !"
C'est tellement génial ! Ce type se moque tellement bien de la gue*le du monde que je lui tire mon chapeau, car ce n'est pas grâce à son corps, ce n'est pas sa voix de ténor, ce n'est pas son derrière mélampyge, ni la liste de ses conquêtes, non c'est juste que la porte du néant est grande ouverte !
Ex nihilo, nihil !
Rédigé par : duvent | 20 janvier 2022 à 18:11
@ bernard | 19 janvier 2022 à 16:58
"Je suis d'accord avec vous, Houellebecq est un grand écrivain. Mais je sais aussi que de mon avis tout le monde s'en fiche, de la même façon que je me fiche complètement des avis péremptoires sur les goûts et les couleurs des Jovien, Giuseppe, Marchenoir et autres dans le sens du vent, et même d'Achille. Et c'est très bien comme ça."
Je crois que vous ne comprenez pas très bien le français. Péremptoire ne veut pas dire : avis tranché contraire au mien, mais que je suis incapable de réfuter. Péremptoire veut dire : avis tranché qui se contente de procéder par affirmations, sans être justifié par des faits et des arguments.
Autrement dit, c'est votre avis sur Houellebecq qui est péremptoire. Si vous regardez bien, plusieurs des avis contraires que vous avez cités sont tout, sauf péremptoires.
Figurez-vous que le jugement d'un livre, ce n'est pas "les goûts et les couleurs". C'est une réflexion basée sur des faits. La critique littéraire ne consiste pas à dire : ouais, moi, ça m'plaît. Sinon, à quoi bon ?
Et contrairement à ce que vous dites, c'est vous qui êtes dans le sens du vent, pas ceux qui trouvent Houellebecq consternant. Sauf erreur, Houellebecq est couvert d'honneurs, bénéficie de ventes spectaculaires, etc.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 20 janvier 2022 à 09:30
@ bernard
"Mais je sais aussi que de mon avis tout le monde s'en fiche."
Ben non. On ne s'en fiche pas tous. Vous avez le droit de partager votre opinion. Personnellement, je trouve assez intéressante la sociologie du lectorat de Houellebecq. Au départ, les gens qui le détestaient le détestaient parce qu'il ne racontait pas de jolies choses. Puis, il y a eu la phase où Houellebecq s'affirma davantage politiquement. Il récolta une nouvelle salve de la part de nouveaux contempteurs.
Moi, je me suis lassé de Houellebecq ; et autant je comprends qu'on n'aime pas et autant je cautionne qu'on soit en désaccord avec lui, autant j'ai du mal à comprendre qu'on lui nie sa qualité d'écrivain d'importance. Il a vraiment une force de frappe enrobée dans son style amorphe. Donc, non, moi, je m'intéresse bien aux gens qui apprécient Houellebecq, et je suis toujours un peu curieux de savoir pourquoi ils l'apprécient ou pas, et plus spécifiquement ce qu'ils apprécient chez lui.
Moi, Houellebecq me fait marrer depuis qu'un jour un ami décida de tous nous prendre de court et se mit à faire une lecture décomplexée à haute voix des passages les plus misérables et salaces des Particules élémentaires en plein milieu d'un restaurant parisien. Le sans-gêne total. Le service n'a pas aimé. Et je me suis mis à pouffer de manière incontrôlée en mangeant. Depuis, Houellebecq n'est pas exactement ma tasse de thé, mais continue de me distraire.
Mais non: tout le monde ne méprise pas les opinions des autres. Détrompez-vous.
"Mais où ça ne va pas, c'est quand certains vont jusqu'à nous traiter de cons. Mais pour qui se prennent-ils donc ?"
Il ne faut pas se mentir: il y a des gens qui abusent dans la stupidité. Et à un moment, il convient de le leur faire remarquer. De différentes manières.
Je ne me souviens pas vous avoir traité de con. Et d'autres, je sais pourquoi je les ai traités de X ou Y, et je suis loin de toujours le regretter.
Je suis poli avec les gens avec qui il n'est pas nécessaire d'être impoli pour mettre au clair nos différends. Pas avec les autres.
Rédigé par : F68.10 | 19 janvier 2022 à 19:06
@ M. Philippe Bilger
"J'ai terminé ma lecture le 13 janvier à midi et je ne mégote pas : il s'agit d'un chef-d'oeuvre..."
Je suis en train de terminer la mienne. Je lis environ 50 pages chaque soir, je suis heureux. Je suis d'accord avec vous, Houellebecq est un grand écrivain.
Mais je sais aussi que de mon avis tout le monde s'en fiche, de la même façon que je me fiche complètement des avis péremptoires sur les goûts et les couleurs des Jovien, Giuseppe, Marchenoir et autres dans le sens du vent, et même d'Achille. Et c'est très bien comme ça. On affirme ses goûts, rien de plus normal.
Mais où ça ne va pas, c'est quand certains vont jusqu'à nous traiter de cons. Mais pour qui se prennent-ils donc ?
Tout se tient, Monsieur Bilger, dites-vous dans un autre post.
Oui, un blog doit aussi se tenir. Vous êtes trop bon avec les insulteurs, ils finiront par pourrir puis achever votre blog.
Virez les insultes des commentaires, participez, vous aussi, dans votre domaine, à la remise en politesse, en civilité, des esprits.
Rédigé par : bernard | 19 janvier 2022 à 16:58
Philippe Bilger est un homme de goût mais peu lui importe, semble-t-il, que Houellebecq écrive avec ses pieds. Anéantir est une véritable purge que nous sommes obligés d’avaler car le Monde nous dit que c’est un chef-d’œuvre. On ne m’y reprendra plus.
Rédigé par : Merville | 19 janvier 2022 à 12:25
C'est un livre médiocre, à la hauteur de ses admirateurs et hagiographes !
Rédigé par : ram | 18 janvier 2022 à 15:33
"Non, les notaires ne prêtent pas serment dans un habit bizarre."
Babelio cité par Jovien | 17 janvier 2022 à 21:17
Si, assez drôle par ailleurs : escarpins vernis et bas de soie blancs sur pantalon genre knickers…
Les notaires faisaient partie sous l’Ancien Régime des « gens de robe » et ils portaient lors des événements professionnels ou officiels une robe noire et un bonnet carré.
À la Révolution, les notaires présents à la réunion des Etats-Généraux ont porté le costume du Tiers Etat, lequel a été adopté depuis par les notaires de Paris.
Les notaires parisiens le portent notamment pour aller prêter serment devant le Président du Tribunal de grande instance, lors de leur entrée en fonction, puis devant l’assemblée générale de tous les notaires de la Compagnie. Récemment, le costume a fait l’objet d’une version féminine.
Rédigé par : sbriglia@Jovien | 18 janvier 2022 à 14:33
Dans Babelio, je lis ces lignes : "Sauf une autre réforme judiciaire d'ici à 2026, les tribunaux de grande instance n'auront pas réapparu et Villié-Morgon ne dépendra pas des juridictions de Mâcon. Non, les notaires ne prêtent pas serment dans un habit bizarre. Le modèle de la voiture russe du père de Paul n'existait pas en 1977, mais ce n'est qu'un détail. Une relecture de ces longues pages aurait évité de placer en juin une scène en Bretagne quelques jours avant les élections en mai".
Rédigé par : Jovien | 17 janvier 2022 à 21:17
H. écrivain de notre temps, dont les héros sont des personnages caractéristiques de notre époque ?
Je dirai :
Quant au sexe, H. pratique et parle, et en cela il est contemporain, contemporain par exemple de ce qui se voit sur les écrans, sans originalité marquée.
Quant aux héros, il y a un personnage avec lequel H. consonne, c’est l’enfant-roi (dans une variante malheureuse et exaspérée) : celui qui s’attend à recevoir, et trouve qu’il ne reçoit jamais assez, et n’est pas disposé à donner.
Immémorialement on ne m’a pas aimé assez, on ne m’aime pas. Je suis le Grand Déserté, le Grand Morose.
Puisque je suis malheureux, je veux que tout le monde le soit, et déclare donc que tout le monde l’est : l’Occident est fini, peuplé de créatures désolées, désertées par la vie, de zombies qui croient vivre parce que les autobus roulent encore.
Pas d’enfants : Je déclare qu’un enfant est toujours l’ennemi radical de ses parents (sous-entendu : de son père, car sa mère s’intéresse à lui, au lieu de se consacrer exclusivement au service de ma personne). Un chien, car il te vénérera.
Je vomis bassement quiconque j’envie, les gens célèbres, les bien-portants.
H. c’est Alceste et le point de vue d’Alceste.
Ceci n’est d’ailleurs pas une condamnation de ma part. Thomas Bernhard vomit l’humanité et je trouve que c’est de la grande littérature. La voix du salaud, celle du traître, celle du misogyne, celle du raciste, etc. sont intéressantes en soi. Toute possibilité humaine est potentiellement intéressante, littérairement parlant.
Rédigé par : Jovien | 17 janvier 2022 à 12:52
Lu dans "anéantir":
"Il avait toujours envisagé le monde comme un endroit où il n’aurait pas dû être, mais qu’il n’était pas pressé de quitter, simplement parce qu’il n’en connaissait pas d’autre."
Rédigé par : vamonos | 16 janvier 2022 à 16:24
M. Bilger, j'espère que vous ne pensez pas ce que vous écrivez !
Cela me peine infiniment, oui, cela m'attriste profondément, de lire sous votre plume une analyse aussi erronée et aberrante.
Non pas que l'erreur et l'aberration n'aient pas leur place dans la critique d'un livre, que nenni !
L'erreur et l'aberration sont toutes deux bienvenues, il faut seulement que l'ouvrage en question soit légèrement écrit !
Écrire ! Écrire ! Tout le monde peut écrire, la preuve, page 42 (j'ai emprunté ce torchon...):
« L'animal, dont la musculature était rendue avec minutie, tournait la tête vers l'arrière. Il semblait inquiet, peut-être avait-il entendu quelque chose derrière lui, deviné la présence d'un prédateur. Il devait s'agir d'une chèvre, ou peut-être d'un chevreuil ou d'une biche, il n'y connaissait pas grand-chose en animaux. »
Je pense que si ma réaction à la lecture de cette prose lamentable est teintée d'une quelconque débilité, il conviendra de la tenir pour nulle et non avenue, mais enfin, elle me paraît recevable, comme toutes les autres faites par des professionnels honteusement vendus à la déesse aux cent bouches, ou celles des inconnus bavards tels que moi...
Dès lors, voilà ce qui retient mon attention, dans ce style pathétique et boursouflé de vacuité, la propension et même l'habilité à remplir des pages de signes, s'attacher comme un forçat à réduire ces signes à rien, est certainement un exploit, l'exploit que réalisent aussi les gouttes d'eau dans les grottes de Saint-Nectaire, un exploit qui naît de l'impuissance, de la répétition, de l'ennui quand aucun outil n'est à l’œuvre, quand le génie est absent, quand l'inspiration est morte...
Le hasard fait office de tout et de rien...
Pour être plus claire, car ici je me trouve obscure, je dirais que s'il peut être distrayant de regarder l'impuissance marquer son passage, que si l'attraction terrestre attrait, il n'en n'est pas de même avec le verbe !!
LE VERBE ! Monsieur Houellebecq l'ignore, usant et abusant de sa trogne répugnante, croyant qu'infuser cette même faiblesse physique dans les mots, sur des pages entières, y ajoutant une nonchalance, une désinvolture d'initié, est un but et que la finalité est atteinte quand le tapage fait son oeuvre...
Cet aride scribouillard n'a qu'un tort et il est immense, celui d'assécher délibérément les sources de l'Hippocrène au prétexte que notre monde est une poubelle à ciel ouvert, il ne les tarit pas par son talent, il les tarit en s'abreuvant tel un gouffre sans limites, de la part qu'il ne lui revient pas.
Il n'est pas heureux, l'homme qui nuit par désinvolture à la beauté de l'art, à l'esthétique du monde, à l'espoir des hommes, et c'est en cela qu'il répugne ! Il n'est pas heureux, mais il doit aux autres de l'être, à cause de son insatiable voracité et de son ennuyeuse prose.
Ainsi, il convient de ne pas s'incliner devant le néant !
Rédigé par : duvent | 16 janvier 2022 à 11:58
« À l’époque, déjà, je voyais les gens vibrer, se souvient l’auteur d’"anéantir". Au départ, je faisais ça pour plaire aux filles, voilà, c’est tout. Il s’agissait de montrer que j’étais quelqu’un d’intéressant, ce qui n’était pas évident au premier abord. Donc, faut pas non plus exagérer avec l’enfance, l’esprit d’enfance, tout ça. Fondamentalement, je suis une pute, j’écris pour recueillir des applaudissements. Pas pour l’argent, mais pour être aimé, admiré.
Après, faut pas prendre négativement le mot "pute". On est content de faire plaisir, en même temps. »
Jusqu`où peut aller le désir de plaire, Narcisse seul le sait, le pire n'est jamais exclu pour qui parle d'amour.
« Il n’y a pas besoin de célébrer le Mal pour être un bon écrivain ! Dans mes livres, comme dans les contes d’Andersen, on comprend tout de suite qui sont les méchants et qui sont les gentils. Et s’il y a très peu de méchants dans "anéantir", j’en suis très content. La réussite suprême, ce serait qu’il n’y ait plus de méchants du tout ! »
http://www.pileface.com/sollers/pdf/houellebecq_aneantir_lemonde1.pdf
Un best-seller a toujours raison, nous dit Nabe (merci EMIN)
« On n’arrive jamais à imaginer à quel point c’est peu de chose, en général, la vie des gens, on n’y arrive pas davantage quand on fait soi-même partie de ces "gens", et c’est toujours le cas, plus ou moins. »
http://www.pileface.com/sollers/pdf/houellebecq_aneantir_lemonde2.pdf
Céline avait choisi l'enfer, Houellebecq est parmi les gens, nicotine et verre de blanc.
À l'endroit du péril, dit Hölderlin, grandit aussi ce qui sauve.
Rédigé par : Aliocha | 16 janvier 2022 à 08:38
En fait Michel Houellebecq me fait un peu penser à Pablo Picasso.
Ce dernier était arrivé à un tel niveau de célébrité qu’il pouvait dessiner n’importe quelle croûte sans aucune valeur artistique, cela n’empêchait pas que ses œuvres s’arrachent à prix d’or.
Il arrive un moment où la notoriété efface le talent (et ne parlons même pas de génie) !
Gageons que le prochain livre de MH s’arrachera, lui aussi, dans les librairies (et sur Amazon).
C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé Houellebecq lui-même. . Apprécions son cynisme à sa juste valeur !
Rédigé par : Achille | 16 janvier 2022 à 08:24
@ EMIN | 15 janvier 2022 à 18:26
Il faut l'avoir lu... Sur ce, je m'en vais me servir un fond de Nikka Yoichi, et puis cela me fait penser aussi que je vais en profiter pour relire le Charlie dont il avait fait la Une - la clope au bec et le chapeau pointu turlututu du mage (il me fait penser extérieurement au Pinuche de San-Antonio et son éternel mégot au coin des lèvres qui lui grille la moustache).
Allez donc savoir pourquoi, je l'avais conservé au milieu de certains Hara-Kiri et autres Crapouillot, ou encore la RTA de la Simca Aronde et 1500 (gris métallisé, intérieur skaï rouge, carburateur double-corps)...
Mon côté collectionneur de timbres sans doute, mécanicien dans l'âme, maçon de coeur, rêveur du regretté Ricardo Bofill.
Rédigé par : Giuseppe | 15 janvier 2022 à 22:07
Anéantir, c'est de gauche ! La preuve ? leur dernière inquisition anti-Zemmour.
Je dis : bravo Zemmour !
Encore un coup d'éclat de Zemmour sur le handicap ; là où ce génie de la réussite y voit de la logique, du pragmatisme, du réalisme, les vautours gauchistes hurlent à la ségrégation, pourquoi pas à l’apartheid, aux camps de concentration ?
La gauche c'est l'idéologie de l'échec, du rabaissement des valeurs, de l'éradication des têtes qui dépassent, plus rien ne nous étonne sur ces malfrats politiques de gauche qui interdisent la réussite, la gloire et la richesse.
En ce moment sur BFM TV tous les invités haineux rageux lui crachent dessus, c‘est bon signe, cette chaîne macronienne a pour mission de détruire la campagne de Zemmour, en vain.
Ce pays ne mérite pas Zemmour, c'est le seul en Europe encore gangrené par le crabe de l'idéologie socialo-communiste qui formate les citoyens en zombis assistés décervelés ignares incultes analphabètes suivistes aplaventristes.
Si on écoute tous ces tocards de gauche, bientôt sur les champs de courses du PMU, nous verrons se côtoyer sur la ligne de départ, des pur-sang, des chevaux de trait, des poneys, des bourricots, par souci d'inclusivisme paranoïaque schizophrène.
Ne riez pas, la gauche est égalitariste quitte à se priver des as, des champions, des leaders, des entrepreneurs, des élites, tous traités de fascistes ; son électorat troupeau doit continuer à patauger dans les caniveaux de l'échec.
Réussir c'est de droite donc facho, échouer c'est socialiste.
Rédigé par : sylvain | 15 janvier 2022 à 18:56
Houellebecq, on l'adore ou on le déteste. Les adorateurs peuvent difficilement louer son style, il n'en a pas, ce point n'est guère discuté. Peut-on être écrivain sans style ? À mon sens et au sens du dictionnaire, non.
Passé ma surprise que Philippe Bilger, un maître du style, puisse voir un écrivain en Houellebecq, on cherche ailleurs sa fascination. La structure du livre ? Pas de structure. Le thème ? Pas de thème, juste une juxtaposition de foisonnement de thèmes. Du sexe ? Quasiment rien, un petit bout d'organe de temps en temps, quasiment rien... Alors ? La mode ? Sans doute, il ne serait pas premier à avoir lancé une mode. Celle de la téléréalité appliquée à la "littérature".
Car qu'est-ce qu'un livre de Houellebecq à part un blog perso imprimé sur papier ? Pourquoi ? Avez vous essayé de vendre un blog lisible sur écran ? Marc-Edouard Nabe vous donne la clé de Houellebecq, allez, je vous la donne, et notez que c'est Houellebecq lui-même qui parle.
Marc-Édouard Nabe, Le Vingt-septième livre, Paris, Le Dilettante, 2009, 93 p., p. 9-10
« Houellebecq lui-même me l'avait bien expliqué: "Si tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau ! Fais de toi un personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que lui. C'est le secret, Marc-Édouard. Toi, tu veux trop soulever le lecteur de terre, l'emporter dans les cieux de ton fol amour de la vie et des homme s!... Ça le complexe, ça l'humilie, et donc il te néglige, il te rejette, puis il finit par te mépriser et te haïr..." Michel avait raison. Un best-seller a toujours raison.Dire qu'on habitait au 103, rue de la Convention, Michel et moi... Chacun dans un immeuble, face à face. On avait la même adresse ! »
Rédigé par : EMIN | 15 janvier 2022 à 18:26
Je n'ai rien lu d'aussi délirant et grotesque depuis le paragraphe que Jean Tulard consacre à Sharon Stone (Basic Instinct) dans son dictionnaire du cinéma. Houellebeurk ne s'est pas contenté d'exiger de l'éditeur un format spécifique, de toute évidence il a aussi obtenu que les pages soient imprégnées d'une substance hallucinogène !!
Rédigé par : Marc Binazzi | 15 janvier 2022 à 17:51
(J’ai mentionné la sinité secrète de Prudence. Dans ''Sérotonine'', l’odieuse compagne était une Japonaise (et même sur-Japonaise : une sorte d’attachée culturelle). On sait que souvent les Chinois ne peuvent pas blairer les Japonais. D’où l’explication probable de la japonité de l’odieuse. Autofiction, disais-je… Oui, et quelquefois assez bas de gamme, moralement parlant).
On me dira qu’auprès de beaucoup la sauce prend, la magie opère… Certes. Moi-même j’avais été transporté par ''Les Particules élémentaires''. Je crois maintenant que j’avais été un peu abusé et naïf. Mais surtout il me semble qu’il y a une énorme baisse de niveau. Les défauts étaient déjà là, mais très petits par rapport à ce qu’ils sont devenus maintenant.
Pourquoi cette baisse ? J’ai pensé il y a quelques années que H. s’est dit : Je suis maintenant connu, et il y a à ma portée un vaste public de c*ns que je ne peux conquérir qu’en baissant de niveau. Ajoutons du fric, du pouvoir [pour le sexe il était déjà là…], de la politique, de la télé, de l’esbroufe, des « idées », de la provoc. La qualité je m’en fiche, et, puisqu'elle est commercialement nuisible, je m’en passerai dorénavant.
Une autre hypothèse que j’ai formée est que, victime de son succès, il s’adore, et croit encore faire de la littérature. Un élément qui plaide en faveur de cette hypothèse est sa navrante poésie, qui donne vraiment l’impression qu’il vénère et propose à l’admiration des foules tout ce qui sort de lui, même par son c*l.
Enfin il y a la possibilité que c’est moi qui suis un c*n. Ou, pour le dire avec plus de bonhomie, que je suis resté attaché à un stade antérieur, et largement suranné, du roman.
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Exemple typique : pour dire du bien du livre j’ai voulu citer une autre de ses meilleures phrases, extrêmement originale et très bien trouvée, celle relative à l’architecture du tribunal de grande instance : « […] comme s’il s’agissait, avant tout, d’en mettre plein la vue à d’éventuels extra-terrestres ». Je me suis alors demandé qui l’avait pensée. Une phrase typique de Paul, me suis-je dit… Eh oui, mais c’est Bastien, le gars de la DGSI (p. 14).
Bref, H. avait un bon mot à placer, il utilise alors indifféremment un personnage ou un autre… Évidemment, ça brille. Mais les personnages perdent en consistance ce que le roman gagne en bling-bling.
À part ça, je vois que ''L’Express'', ''Les Inrocks'' et France Culture ont eux aussi porté un jugement négatif sur ''anéantir''. Le culte a donc ses adorateurs mais les incrédules sont nombreux aussi…
Rédigé par : Jovien | 15 janvier 2022 à 15:39
Bonjour Philippe,
Sbriglia nous dit
"Je me sers un whisky et me bourre une pipe"
Il manque des mots là ? Non ?
Chaminadour, ça sent le fromage, je vais aller renifler.
MH, il faut que j'en cause, c'est le sujet du billet.
J'aime pas sa tête de névrosé condescendant.
Et comme j'aime pas lire...
H. Hesse disait qu'il n'y a pas un roman sur deux mille qui arrive à faire penser que ce sont les personnages qui parlent et pas l'auteur.
À chaque fois que je me paluche un Français j'ai affaire à un nombriliste pleurnichard.
Excepté F. Dard bien sur qui me donne le luxe de m'identifier à l'ineffable A.B. Bérurier, Charles Exbrayat et Guy des Cars, non j'déconne pour le dernier.
Rédigé par : Jérôme | 15 janvier 2022 à 14:33
Pour l’instant, je n’ai lu - attentivement - qu’une petite centaine de pages d’« anéantir », ce qui, de mon point de vue, ne m’autorise pas à porter un jugement sur cette dernière livraison d’un auteur adulé par les uns, hué par les autres. De toute façon, en matière de critique littéraire, le talent de Philippe dépasse de la tête et des épaules le mien, auquel je ne me suis jamais beaucoup essayé, et ceux de beaucoup d’autres. Son billet est un joli bijou, qui me donne envie de poursuivre ma lecture.
Une question, toutefois, dès maintenant : le 26 février 2356, si la Terre tourne encore, nos descendants célébreront-ils le 400e anniversaire de la naissance de Michel Houellebecq, comme nous honorons aujourd’hui les 400 ans de Molière ?
À quatre siècles de distance, l’un par le roman, l’autre par la pièce de théâtre, ces deux écrivains n’assouvissent-ils pas une même obsession, décrire les mœurs, les comportements et les fantasmes de leurs contemporains, des plus humbles aux plus illustres, l’un en s’en moquant, l’autre en les disséquant jusqu’au moindre détail, quitte à écrire une somme quand d’autres se contenteraient de deux ou trois adjectifs ?
Rédigé par : Serge HIREL | 15 janvier 2022 à 13:48
Je crois que je suis, à la lecture des commentaires, trop bon public. Je n'attends pas d'un écrivain qu'il soit un génie, un as du style, qu'il tourneboule mon monde. J'attends qu'il me secoue un peu dans mes pensées, qu'il me fasse rire, qu'il me communique quelques punchlines, qu'elles soient rhétoriques ou intellectuelles. Je sais alors ce que je lui dois. Ni plus ni moins.
Je n'ai donc jamais détesté Houellebecq, bien que je ne partage pas ses orientations esthético-idéologiques (car les deux fusionnent chez lui). Il m'a toujours fait passer un bon moment. Mais je ne suis pas du style à me ruer sur son dernier livre. Je ne peux donc commenter "anéantir".
Franc-Tireur résume, comme souvent, mon opinion du bonhomme:
"Star de la nouvelle année, Michel Houellebecq n'est pas un grand écrivain, mais il est un excellent essayiste. Son style est amorphe, il a reconnu lui-même puiser des paragraphes sur Wikipédia, mais sa vision de la France est toujours forte. Ce qui ne l'empêche pas d'être fausse." -- F.T.
Je trouve quand même le bonhomme sombre. On peut certes en faire un art, de la sombritude, mais il y a tout de même la possibilité de ne pas se complaire éternellement dans le sombre. Je plains donc bien plus Houellebecq que je ne le déteste. Et je ne le déteste pas parce qu'il remplit quand même son contrat d'amuseur, de provocateur et de poil à gratter à mon endroit.
Je pense par contre qu'il serait possible de propulser d'autres écrivains sur le devant de la scène.
Cela étant, à la lecture du billet, semble-t-il que Houellebecq ait réussi à se surpasser. Admettons.
Rétrospectivement, je ne pense pas qu'il ait volé son statut d'écrivain. Du tout. Je crains juste qu'on le survalorise.
Et je ne lui reproche nullement d'avoir su jouer des coudes dans le milieu littéraire français à ses débuts. Il l'a d'ailleurs fait avec génie, à l'époque.
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@ sylvain
"Houellebecq, Zemmour, Bilger, au s'cours ! Pire que Hiroshima, Tchernobyl et le Covid réunis, une grande catastrophe se profile à l'horizon : L'annonce de la candidature de Taubira à l'élection présidentielle !"
Avec un système à la suisse, vous auriez Macron pour un an, Zemmour pour un an, Taubira pour un an, Le Pen pour un an, Hidalgo pour un an, Pécresse pour un an, Edouard Philippe pour un an. Ce qui vous ferait un septennat bien rempli. Et je n'aurais alors pas peur de Le Pen, pas plus que vous n'auriez peur de Taubira.
Mais vous semblez aimer vous faire peur.
Dès que sort un remake de Chucky avec la poupée de Taubira, je vous invite et je vous paie le pop-corn. Et j'amène le défibrillateur avec moi. Par précaution. Ou par esprit joueur. C'est selon.
Rédigé par : F68.10 | 15 janvier 2022 à 13:37
Houellebecq, Zemmour, Bilger, au s'cours !
Pire que Hiroshima, Tchernobyl et le Covid réunis, une grande catastrophe se profile à l´horizon :
L'annonce de la candidature de Taubira à l'élection présidentielle !
Faites quelque chose bon sang, secouez-vous, débarrassez-nous de cet épouvantail hideux islamogauchiste !
C'est quand même incroyable de voir que nos élections deviennent des dépotoirs et déchèteries à racailles gauchistes opportunistes arrivistes démagos.
Hidalgo et maintenant Taubira, c’est un cauchemar !
Rédigé par : sylvain | 15 janvier 2022 à 11:49
La qualité littéraire de la critique de Philippe Bilger est certainement supérieure à celle de l'objet de son étude. Je suis plus enclin à croire les observations de Jovien.
En effet, ce qui frappe dès qu'on lit quelques lignes de Houellebecq, c'est sa désinvolture totale envers la vraisemblance. Non qu'un romancier doive se transformer en journaliste, bien au contraire. C'est ce qu'essaie de faire Houellebecq, ce en quoi il se plante. N'est écrivain que celui qui est capable de vous faire croire au monde qu'il invente, aux personnages qu'il crée, aussi éloignés soient-ils de la réalité.
Houellebecq s'emploie plutôt à se payer notre tête. Il a une approche pour ainsi dire poutinienne du problème. Mes personnages et mes situations sont parfaitement incohérents ? Riennafout'. Ça se voit ? Vous allez acheter le bouquin quand même. C'est vraiment du boulot mal torché ? Et alors ? je suis dans le droit fil de l'époque. Et ainsi de suite...
Toutes ces invraisemblances relevées par Jovien m'en rappellent une autre, gratinée, dans La Carte et le territoire. Le héros, artiste contemporain, décroche un mécénat de Michelin. Le PDG de la boîte l'invite, lui déroule le tapis rouge et lui tient le discours suivant (je cite de mémoire) : vous autres, les artistes, comment faites-vous pour vous financer ? Vous travaillez avec des gens qu'on appelle des galeristes, je crois ?
Le type est censé être PDG de l'une des plus grosses sociétés françaises, et il ne sait pas ce qu'est un galeriste. Alors qu'il vient de lancer un programme de mécénat dans son entreprise.
Mais l'essentiel, bien sûr, c'est de faire comprendre que les riches sont de gros bourrins qui ne connaissent rien à la culture...
Vous diffamez Hergé en suggérant que c'est du Tintin, Jovien. Les albums de Tintin sont dix fois mieux documentés et plus proches de la réalité que ça.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 15 janvier 2022 à 11:19
Petit rappel pour ceux qui comme moi n'aiment pas les pavés, les vrais et les littéraires, exception faite pour Proust, Montaigne, et quelques autres :
"La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer." (Antoine de Saint-Exupéry)
J'ai diagonalisé "anéantir", je persiste et signe, je n'aime pas Houellebecq. Il y aurait beaucoup à retirer pour que ce livre soit parfait ;-)
Rédigé par : Tipaza | 15 janvier 2022 à 10:15
L’intrigue ? Pas difficile de trouver son origine.
Au départ d’un livre de H. il y a l’Esseulé, l’Abandonné, le Déserté par l’Humanité entière, Grand Morose.
Comme tout un chacun je sais par ailleurs que H. a épousé une femme bien moins âgée qu’il n’est. Il commence à se faire vieux. Il a envie qu’elle prenne soin de lui jusqu’à la fin (et ensuite, que chaque matin elle vienne dans le jardin se prosterner devant son mausolée en compagnie de Jean-Marie (leur cocker)).
Donc le Grand Esseulé rencontre Amour et meurt dans ses bras ? [quand je dis dans ses bras, je laisse à mon lecteur le soin de corriger ce que mon expression a d’incorrect anatomiquement parlant…]
Mais ce serait insuffisamment sociologique, insuffisamment spenglerien [Spengler : « Le Déclin de l’Occident »], H. est de ces gens « qui prennent leur mal de dent pour la fin du monde ». Grand Esseulé va donc être marié tout en étant seul. Il n’a pas plus de relation humaine avec sa femme qu’il n’en a avec leur aspirateur. Au sein même du mariage, l’Occidental (Voltaire et Rousseau ayant accompli leur sinistre œuvre…) ne croise sa femme que de trimestre en trimestre, par hasard dans un couloir.
Donc Grand Esseulé marié rencontre Infirmière-Baiseuse et meurt dans ses draps ?
Mais ce n’est pas encore assez radical, assez grandiose, assez Houellebecq le Spengler de notre temps : une seule personne se révèle successivement être l’Aspiratrice et l’Infirmière-Baiseuse.
Vous direz que pour un lecteur normal l’histoire ne tient pas debout et, partant, ne présente aucun intérêt ?
Là, j’hésite un peu. Je dirais quelque chose comme ceci :
Il y a l’imbécile qui ne remarque même pas le problème. Il y a le lecteur gavé de séries télé qui est habitué à voir les personnages se modifier au fil de la série. Enfin il y a le lecteur averti, de plain-pied avec l’autofiction, qui prend un roman pour une succession de rêveries ou de phantasmes de l’auteur et n’est pas ému par Paul et Prudence mais par H. se racontant à travers Paul et Prudence (à la destination de ces lecteurs supérieurs je fais remarquer que la femme de H. est d’origine chinoise et que les prénoms féminins chinois, crois-je, ont souvent une signification. Pivoine, Fleur du matin… Prudence ?).
Tout étant mêlé en ce bas-monde, tout houellebecquophile est probablement un composé variable des trois…
Ajoutons que H., probablement, malgré ce qu’il veut faire croire n’est pas tellement accro à la chaîne Animaux mais est drogué aux chaînes d’infos, où l’animateur donne son avis sur l’actu, surtout politique, dans sa variété microcosmique. Grand Esseulé sera donc intime du quasi prochain Président, et nous fera part de ses idées sur Bruno, François, Paul et les autres. Le fait que cette intimité ministérielle cadre mal avec son caractère de Grand Esseulé ne gênera aucun houllebecquophile : ils en ont vu d’autres !
Enfin, comme souvent chez H. l’histoire apparaît deux fois dans le roman. En majeur entre Paul et Prudence, en mineur entre le père de Paul et Madeleine. Ceci au cas où le lecteur n’aurait pas bien compris le Thème, l’Idée pour le dîner en ville… [Houellebecq connaît le niveau intellectuel de ses lecteurs, diront les mauvaises langues…]
Et voilà l’intrigue du grand œuvre constituée ! Ne reste qu’à l’écrire, ce que H., je l’accorde, fait avec un certain art.
Rédigé par : Jovien | 15 janvier 2022 à 09:29
« Tout au long des 726 pages qui se lisent sans un zeste d'ennui… »
Je crois qu’il faut être proustien pour se taper un pavé de 726 pages en si peu de temps, surtout lorsqu’il s’agit de Houellebecq.
Il est clair que ses romans ne se lisent pas comme un San Antonio de Frédéric Dard.
Surtout si l’on observe toutes les activités annexes de notre hôte :
- un billet tous les deux jours sur son blog Justice au Singulier,
- un entretien sur Présence protestante environ tous les mois,
- les débats quotidiens dans les Vraies Voix sur Sud Radio,
- les débats dans l’Heure des Pros et la Belle équipe sur CNews,
- des articles entre autres dans Causeur, la revue d'Elisabeth Lévy.
- un petit clip sur TikTok tous les jours.
- des interventions à l’Institut de la parole,
- les déjeuners ou dîners du soir avec ses amis
- Sans compter qu’il doit bien aussi voir de temps en temps ses nombreux enfants et petits-enfants.
Il doit dormir 4 h par nuit.
Rédigé par : Achille | 15 janvier 2022 à 07:24
Les lecteurs qui sont à la fois houellebecquophiles et intelligents, je suppose qu’ils ont bu comme de l’eau fraîche – voire comme du petit lait - les pages 706-709 de l’opus. Moi qui ne possède aucune de ces deux qualités je dois dire qu’il m’a fallu peut-être cinq lectures pour en venir à bout. On y voit le surdoué ministre Bruno le Maire - pardon, Bruno Juge - y soutenir la thèse suivante : le nazisme est un phénomène satanique comme, avant lui, la Révolution française (ainsi que l’avait vu de Maistre). D’où la vitalité, la créativité des générations nées de la victoire contre ces deux phénomènes, génération du baby boom après le nazisme, génération romantique après la Révolution. C’est la faute à Voltaire et à son « hideux sourire », a déclaré Musset. Musset se montre là d’une indulgence coupable envers Rousseau, déclare Bruno le Surdoué, lecteur de Taine, Renan, Toynbee et Spengler.
Un ministre français de centre-droit qui trouve que l’analogue du nazisme, c’est la Révolution française, et que les Lumières françaises - Voltaire et Rousseau - c’est le Diable en acte, ou tout au moins l’ennemi, c’est tellement peu plausible que mon esprit limité faisait un contresens à chaque relecture, avant que tout ne s’éclaire enfin…
La lecture de Houellebecq est contre-indiquée aux gens de QI trop faible. Ils ne peuvent pas comprendre, ou comprendre seulement après d’immenses efforts…
Rédigé par : Jovien | 15 janvier 2022 à 02:11
@ Axelle D | 14 janvier 2022 à 21:54
Oui !
Mais à un âge très avancé quand on voit mal pour lire, c'est plus une vue de l'esprit que de l'optique :)
Rédigé par : Claude Luçon | 15 janvier 2022 à 00:25
Et finalement le mystère pour moi ce sont les houellebecquophiles intelligents : vous ne pouvez pas ne pas remarquer les invraisemblances, les niaiseries (puisque vous êtes intelligents). Mais comment faites-vous pour les accepter ?
PSA en perdition triomphante en moins de cinq ans après que le ministre a personnellement choisi les designers de Citroën, ça vous rappelle Tintin et donc vous trouvez ça très bien ? Paul, inspecteur des finances qui estime qu’une maison à Arras doit valoir dix mille euros, ça ne décrédibilise pas le personnage à vos yeux ? Le même Paul bras droit du ministre de l’Economie qui ne reconnaît qu'avec difficulté le ministre de l’Intérieur, vous ne voyez pas à, travers le personnage, l’auteur, qui a envie d’exprimer son mépris pour le personnel politique, mais alors il ne reste à peu près rien du personnage mais ça ne vous gêne pas ? Prudence et Paul qui ne se sont jamais disputés apparemment mais ne se croisent même pas, tout en habitant dans le même appartement, vous prenez ça pour un phantasme de Houellebecq, alors, que ce soit à peu près impossible ne vous importe pas ? L’évolution de Prudence, qui passe du mariage heureux à une cohabitation où elle ne croise même plus son mari, puis à l’amour cosmique, ceci toujours avec le même inchangé Paul, sans que jamais une explication ne soit donnée, ou cherchée par Paul, c’est quelque chose à quoi vous parvenez à vous intéresser ? Vous n’avez pas besoin de pouvoir y croire pour pouvoir vous y intéresser ? Vous pouvez vous intéresser à cette Prudence qui n’est qu’une marionnette ou une abstraction ? Vous pouvez être ému ou intéressé par l’amour cosmique qu’elle porte à Paul à la fin ? Et vous croyez à la croyance en la réincarnation de cette énarque néo-païenne végane abonnée à "Sorcière magazine" ? Nous renaîtrons tous deux et nous marierons de nouveau (ensemble). Ceci au cours d’une succession infinie de réincarnations...
Oui, le mystère, pour moi, ce sont les houllebecquophiles intelligents…
Rédigé par : Jovien | 14 janvier 2022 à 22:26
@ Claude Luçon | 14 janvier 2022 à 19:17
"Après avoir lu son Plateforme la question se pose, sa pensée s'égarant souvent dans l'entrejambe !"
Voir l'entrejambe où se situe le pubis (ou arcade pubienne) c'est avoir la vue qui baisse !
Rédigé par : Axelle D | 14 janvier 2022 à 21:54
736 pages ! Houellebecq est sans pitié pour les grands seniors.
Certes c'est un exercice physique pour les bras et les épaules et un contrôle de l'acuité visuelle mais est-ce réellement un exercice intellectuel ?
Après avoir lu son Plateforme la question se pose, sa pensée s'égarant souvent dans l'entrejambe !
Rédigé par : Claude Luçon | 14 janvier 2022 à 19:17
Je lis le post de PB : je vais le commander…
Je lis Assouline : je vais m’abstenir…
Je lis Marc G et Jovien : je maintiens que je vais m’abstenir…
J’écoute ma conscience: « tu peux pas te faire ton avis toi-même, avocaillon de mes deux ? »
Je me sers un whisky et me bourre une pipe : mon temps est désormais trop compté pour ingurgiter 750 pages…
Charoulet a raison : à partir d’un certain âge il faut relire ses classiques…
Mais bon, Chaminadour avec un bic, un calepin et trente dicos sur la table…
Je me ressers un whisky…
Rédigé par : sbriglia | 14 janvier 2022 à 18:10
@ Jovien
"Très mauvais. Un roman pour les imbéciles"...
Moi, comme vous écrivez dans votre première "tartine", qui suis un imbécile, j'ai beaucoup apprécié cet exceptionnel bouquin.
Comme j'apprécie la superbe critique de Philippe Bilger.
Rédigé par : PR CALGUÈS | 14 janvier 2022 à 17:59
Quelques détails supplémentaires…
Dans "L'Obs", Caviglioli pointe le caractère puéril, et grotesque, de l’histoire du père de Paul. Celui-ci est à l’hosto incapable de faire connaître sa volonté. Ses trois enfants et sa compagne veulent qu’il sorte. Ils sont obligés de recourir à un commando qui le kidnappe.
Comme si la volonté des proches unanimes ne permettait pas de faire sortir quelqu’un de l’hosto…
On est dans Tintin, vous dis-je…
(En ce qui concerne le commando, il y a un bon passage, qui rappelle que H. a du talent :
« Il tourna la tête avec affection vers ses hommes de main, qui commençaient à caler sur leurs assiettes texanes et leurs bouteilles de Morgon : de bons gros bœufs paisibles, plutôt des racistes nationaux au départ, mais tout à fait prêts à s’engager pour la cause de la morale judéo-chrétienne. »)
« La vraie raison de l’euthanasie, en vérité, c’est que nous ne supportons pas les vieux. » Comme si parmi les partisans de l’euthanasie il n’y avait pas au premier rang des vieux qui craignent par-dessus tout que, le jour où ils seront hospitalisés et où il se révélera qu’ils ne sortiront plus, ils seront prolongés indéfiniment, sans aucune possibilité de mettre fin à leurs jours.
Un roman peut aborder une importante question. Dans "Les Thibault", de Martin du Gard, il y a une discussion fascinante sur les différentes attitudes possibles face à la guerre de 14. Houellebecq a le droit d’être hostile à l’euthanasie. Mais mettre en scène cette opposition de cette manière-là… Sur un sujet pareil se contenter d’un seul argument, délirant au demeurant, est même passablement répugnant… Quand vous entendez parler du penseur Houellebecq, vous pouvez rigoler...
Résultats de la présidentielle : RN 27 %, Sarfati 20 %, les Ecolos 13 % (ce qui fait 60 % si je sais toujours compter). Aucun autre candidat n’atteint 5 %. J’en déduis que les 40 % de voix qui restent doivent se distribuer sur au moins huit candidats. Comme c’est plausible… Mais il s’agit, pour Houellebecq, de manifester son mépris pour les « anciens partis de droite et de gauche » et je suppose qu’il suppose que ses lecteurs sont suffisamment paresseux pour ne pas faire d’addition.
Etc. etc. etc. Un roman pour les esprits en culottes courtes ou alors tellement sophistiqués qu’ils me surpassent considérablement.
Rédigé par : Jovien | 14 janvier 2022 à 17:10
Je me dispenserai, cher Philippe, de votre "génie", je vous cite.
Amazon vient de m'expédier, ce vendredi, Jouhandeau, Chaminadour, contes, nouvelles et récits, Quarto Gallimard, 1397 p, avec une préface de Richard Millet.
Mon cahier d'écolier est prêt, mon stylo bille noir à pointe fine m'attend, mes trente dictionnaires favoris sont devant moi. J'en ai pour un bon mois, dans la compagnie d'une des meilleures plumes du XXe siècle. Je vais me régaler. En voilà un qui connaît notre langue !
Rédigé par : Patrice Charoulet | 14 janvier 2022 à 15:30
J'ai parfois du mal a suivre les élans de notre hôte, il a des airs de soufflé au fromage sorti du four, vite à consommer sinon c'est trop tard, le soufflé retombe aussi vite qu'il a monté. Houellebecq... Houellebecq... Houelle... Hou... H... Trop tard le coup est passé.
Rédigé par : Giuseppe | 14 janvier 2022 à 14:46
Je suis péniblement arrivé à la moitié du pavé de Michel Houellebecq.
Impossible de me passionner pour cette histoire de piratage informatique. Les personnages me paraissent stéréotypés : le père mystérieux, sa sainte compagne, la sœur catholique radieuse, le beau-frère cucu, le jeune frère fragile, la méchante belle-sœur, l’invraisemblable épouse, la nièce, escort girl épanouie qui taille des pipes comme d’autres taillent des crayons.
Plutôt que « anéantir » ce livre aurait pu, me semble-t-il, s’appeler « L’ennui » si Alberto Moravia n’avait déjà utilisé ce titre.
Peut-être que la deuxième moitié du livre me fera changer d’avis, peut-être ne suis-je pas au niveau du génie de l’auteur pour l’apprécier à sa juste valeur.
À moins que…
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 14 janvier 2022 à 13:59
@ Achille | 14 janvier 2022 à 07:32
"Il est bon de chasser la morosité ambiante.
Bon, Tipaza, c’est bon pour le vocabulaire ?"
Presque parfait, vous avez utilisé la totalité de votre vocabulaire !
Et vous avez même utilisé un mot dont je me demande si vous en connaissez vraiment l'étymologie : morosité.
C'est un mot de vieux, très vieux français, il vient de maure.
Autrefois lorsque les Maures, appelés aussi Barbaresques ou Mahométans, venaient sur nos côtes piller, rançonner, prendre des esclavages francs, la population était déprimée, mélancolique, anxieuse.
Elle voyait son avenir en noir.
On disait qu'il y avait de la maurosité dans l'air.
Avec le temps, l'orthographe s'est simplifiée pour donner morosité, et on a oublié la signification initiale (*).
Avec votre chasse à la morosité, que j'approuve vous pensez bien, vous risquez d'avoir des ennuis en macronie avec le politiquement correct.
(*) Si no è vero, è ben trovato ;-)
Rédigé par : Tipaza | 14 janvier 2022 à 13:39
Je suis restée trop idéaliste pour me complaire dans le néant et Houellebecq me déprime tout autant que Sartre avec "La Nausée et "Les Mains sales". C'est dire !
Je reconnais néanmoins que j'ai pris énormément de plaisir à lire votre critique en raison de vos tournures de style et de votre prose riche et imagée !
Rédigé par : Axelle D | 14 janvier 2022 à 13:24
Certe, optime magister et doctor Philippe de Bilgero, de gustis et coloribus non est disputandum. Tamen...
Je crois que vous faites la même erreur que ces critiques du XVIIe siècle, qui mettaient d'Urfé et Scudéry, auteurs de pavés pas mal écrits mais pas trop digestes, au-dessus de Corneille ou de Scarron.
À votre décharge, il n'y a plus de Corneille, ou alors elles croassent.
Ne confondez pas le talent et le génie : il ne faut pas assimiler Michel Houellebecq à Julien Gracq.
Rédigé par : Metsys | 14 janvier 2022 à 13:12
Philippe Bilger, vous remplaceriez avantageusement certains critiques littéraires !
Depuis son premier roman publié en 1994 (Extension du domaine de la lutte), je ne manque jamais de lire MH. Pour les mêmes raisons que vous exposez ; donc je ne m'étalerai pas plus.
Parfois, j'établis une correspondance entre la littérature et la musique: les mots et leur arrangement font un bruit qui résonne différemment dans chaque oreille.
Pour ma part je comparerais la musique de Houellebecq à celle d'Erik Satie. Une musique minimaliste qui ne déconcerte pas l'auditeur mais dont le rythme (les Gnossiennes par exemple) attire irrésistiblement l'oreille.
Comme dans MH c'est un langage simple, dépouillé, lancinant dans ses répétitions alliant dissonances et fragmentations.
La sophistication c'est de faire croire au simplisme !
Rédigé par : caroff | 14 janvier 2022 à 12:37
Moi, sincèrement, et à regret, j'ai trouvé ça de la série B. Très mauvais. Un roman pour les imbéciles, auxquels les invraisemblances et les niaiseries échappent. Je me suis senti assez exprimé par l'article de Pierre Assouline https://larepubliquedeslivres.com/aneanti-par-le-nouveau-houellebecq/ encore qu'il n'ait pas relevé l'invraisemblance radicale de la relation principale (celle entre Paul et Prudence), et donc l'inconsistance de ces deux personnages. Ils s'aiment, puis pendant dix ans ils cohabitent sans échanger un mot ni même se croiser depuis cinq ans, puis ils s'aiment de nouveau d'un amour éternel. Qu'est-ce qui fait passer d'un état à l'autre ? H. espère que le lecteur ne se posera pas la question. Et, dans l'état 2, comment font-ils pour ne pas se croiser, même le dimanche ?
Tout ça prétexte pour exprimer à tout bout de champ des idées absurdes sur l'actualité la plus superficielle. De temps en temps un trait d'humour mais souvent peu plausible dans la bouche de celui qui l'émet.
Houellebecq n'est pas un romancier. Il ne croit ni à son histoire ni à ses personnages. Le roman est un moyen qu'il utilise pour exhaler sa mauvaise humeur et dispenser ses traits d'esprit.
Pourquoi plaît-il ? Il me semble, parce que les imbéciles abondent, et aussi ceux qui veulent "des idées" dans un livre.
Le critique de ''L'Obs'', David Caviglioli, a justement épinglé un dialogue. Paul, bras droit de celui qui depuis cinq ans est le génial ministre de l’Économie (Bruno), lui dit que le chômage n’a pas reculé. Oui, répond Bruno, il faudrait peut-être créer des emplois d’artisans et de dépannage à domicile. Mais ça requiert des sommes immenses. Je vais y réfléchir.
Comme si en cinq ans le ministre et son confident avaient pu ne jamais parler du chômage…
Mais comment font-ils se demandent les lecteurs enthousiastes ? Ils sont vraiment c*ns à ce point ?
Quarante autres exemples. Paul ne sait pas distinguer chèvre, biche ou chevreuil, mais, 100 pages plus loin, on voit qu’il se finit usuellement le soir en regardant la chaîne ''Animaux''.
Il est bras droit du ministre de l’Économie mais quasiment incapable de reconnaître le ministre de l’Intérieur.
Sa femme est vegan, lui fumeur enragé, ça n’a pas l’air de poser de problèmes.
Il n’a jamais pu appeler sa femme par son ridicule prénom (Prudence) mais quand on le voit lui écrire il suscrit ''Ma chère Prudence''.
Le génial ministre a choisi lui-même, personnellement, les designers de Citroën et maintenant (en moins de cinq ans) la firme s'est redressée et snobe les constructeurs allemands. L'industrie française (toujours en cinq ans du génial ministère) talonne l'industrie allemande.
La maison de la sœur de Paul à Arras (qui est mariée avec deux enfants) vaut dix mille euros. Dix mille euros le prix d’une maison à Arras habitée par quatre personnes de classe moyenne…
Mais comment font-ils pour être c*ns à ce point ?
Rédigé par : Jovien | 14 janvier 2022 à 09:12
Ce qui est remarquable chez Philippe Bilger, c’est que lorsqu’il admire quelqu’un il ne lésine pas sur les superlatifs. Quel dithyrambe !
À noter que quand il n’aime pas quelqu’un, les mots pour le décrire sont tout aussi percutants.
Nous avons pu nous en apercevoir dans quelques billets, notamment quand il dresse le portrait d’Éric Dupond-Moretti ou de Christiane Taubira. Ça déménage !
Je pense que je vais acheter le roman "Anéantir", comme d'ailleurs j'ai acheté les précédents roman de MH. D’autant qu’il a introduit un personnage qui s’inspire de Bruno Le Maire et moi j’aime bien le ministre des Finances actuel. Sa prestance, son élocution, sa plume. Il a de la classe ! Rien à voir avec un certain candidat dont je tairai le nom, mais que tout le monde aura reconnu... :)
Ceci étant, je ne vais pas le lire tout de suite car avec Michel Houellebecq c’est un peu comme avec Émile Zola, on ne peut pas dire que l’on baigne dans la joie de vivre et en ce moment, il est bon de chasser la morosité ambiante.
Bon, Tipaza, c’est bon pour le vocabulaire ?
Rédigé par : Achille | 14 janvier 2022 à 07:32
Dans anéantir, je vois néant, ce qui aurait tendance à me faire monter la transpiration à la tête, par conséquent, je ne suis pas décidé à acheter le nouveau pavé de MH. Mais 750 pages, par paquets de 50, cela devrait aller vite et puis il faut bien trouver quelque chose pour éviter que la serviette ne s’envole sous les filaos et les cocotiers.
Rédigé par : vamonos | 14 janvier 2022 à 03:18
Rien qu’à lire la critique de Philippe Bilger, je vais acheter ce livre, épatant résumé.
Merci, ça nous évite de lire les autres qui vont lui chercher des poux dans la tonsure avec l’évocation voilée de Bruno Le Maire.
Serait-il notre nouveau Céline ? En tout cas il en a la trombine…
Rédigé par : Savonarole | 14 janvier 2022 à 00:30