Trois universitaires, Olivier Dard, Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois, ont dirigé une entreprise intellectuelle de haute volée ayant abouti à la publication successive de dictionnaires du conservatisme, des populismes et du progressisme.
Pour qui se passionne pour "le paysage politique et idéologique contemporain" (Le Figaro Magazine), ils constituent une mine inépuisable dont l'intérêt est de développer avec une totale exhaustivité les caractéristiques de ces familles de pensée, de pouvoir et d'action.
On comprendra que ce billet est destiné, comme souvent dans les débats médiatiques auxquels j'ai participé, à moins affirmer qu'à apprendre, à moins décréter qu'à écouter ou à lire. J'attends donc de tous ceux qui prendront connaissance de ce post un éclairage qui répondra à mes interrogations. Parce que rien ne serait plus absurde que d'opposer à la substance riche de ces dictionnaires un point de vue péremptoire et assuré d'être dans le vrai.
Il me semble bien percevoir ce que le progressisme signifie aujourd'hui, et au fond depuis que les lumières existent et que le concept de progrès est venu, telle une espérance, irradier même au sein des temps les plus sombres. Comme ce qui viendra forcément ensuite, après. Le rapport au temps du progressisme est central. Il répudie le pessimisme puisque pour lui il y a une évolution obligatoirement positive entre ce qu'était hier, ce qu'est le présent et ce que sera l'avenir. Le fil du temps est naturellement et par vocation progressiste.
Cette conception idéologique vient se lover avec délice dans un mouvement général qui ne pourra qu'engendrer des effets bienfaisants. On aurait tort de se moquer d'une telle naïveté historique et politique car au moins elle donne le repos de l'âme et de l'esprit à ceux qui la partagent.
Cette croyance enthousiaste dans le futur explique aussi pourquoi il est inconcevable pour les progressistes de se retourner pour sauvegarder ce qui, selon eux, a été négatif et ne méritait en effet que d'être dépassé par le flot du temps. Si je me suis qualifié de réactionnaire, c'est à cause précisément de la certitude inverse : rien n'est fatal. Qui pourrait interdire en effet à un pouvoir politique fort et exemplaire de choisir, dans le vivier d'hier, des trésors à restaurer ? Par exemple, l'autorité à l'école ? ou le retour de la morale publique ?
Le conservatisme, en raison de son nom, paraît simple à définir. Il serait la dilection politique de ceux qui, philosophiquement, socialement, ont pour ambition de maintenir, de conserver précisément. On ne touche pas à ce qui a été construit par le temps, les années et les traditions. Il y a une richesse dans la stabilité. Mieux vaut l'imperfection rassurante d'une réalité que le doute sur des réformes, des métamorphoses et un avenir qui, à les supposer bénéfiques, pâtiraient d'apporter du désordre aux fondements d'une société.
Je ne nie pas que dans le conservatisme il y ait aussi de la frilosité, une sorte de jalousie de propriétaire qui ne voudrait pas voir son capital (dans tous les sens) entamé. Ce qui me gêne dans cette approche est qu'elle exclut le mouvement et qu'elle va maintenir jusqu'à la catastrophe une société immuable, ossifiée, tranquillement injuste, donnant trop de place à ce qui est naturel, contre les coups de boutoir parfois légitimes de la modernité.
Enfin il y aurait des populismes. Je n'ai jamais craché, comme tant d'autres confortablement installés dans leur mépris, sur les populistes de chez nous, comme sur les quelques gouvernements qui sont stigmatisés comme tels. Trop souvent, il m'apparaît que le populisme est une manière pour la gauche, pour le progressisme, de disqualifier l'importance qu'on attache au peuple, au sentiment populaire. Mais aussi, pour la droite, de se réfugier trop volontiers dans le classicisme de promesses non tenues et de programmes si peu vertébrés à l'usage, qu'ils en deviennent fades, sans véritable identité.
Quels que soient les populismes, ils relèveraient moins de familles politiques singulières que de la mise en oeuvre d'une certaine manière de gouverner.
A-t-on le droit de les analyser comme des structures de pouvoir autoritaires mais validées régulièrement par des élections démocratiques (quelles que soient leurs insuffisances), au grand dam de ceux qui refusent de considérer ces légitimations comme acceptables ? Parce qu'il y a des choix, des votes, des peuples qui ne conviennent pas, il faudrait leur en substituer d'autres ! C'est une tentation permanente pour ces démocrates si peu fiables, hémiplégiques, et chez qui la moraline s'est substituée à la liberté de certains pays d'être maîtres chez eux.
Je n'ai pas la prétention, par ce billet, d'avoir ajouté quoi que ce soit à la substance savante de ces dictionnaires mais seulement d'avoir proposé quelques variations tirées d'elle et que mes lecteurs enrichiront.
@ Valéry
"Vous l'aurez compris, c'était sarcasme pour démontrer que, devant les vrais tourments de la vie, face à la réalité dans ce qu'elle a de plus crue et tragique, les éléments constitutifs du progressisme s'écroulent tel un château de cartes."
Au détail près que les gens en Ukraine se battent pour des structures démocratiques et un libéralisme politique et philosophique auxquels ils n'ont qu'à peine goûté.
C'est là le cœur historique des idéologies émancipatrices du 17e que certains se plaisent à caricaturer en "progressisme" et en fête du slip chez les hermaphrodites. (Je ne vise pas là les propos de notre hôte.)
Ces perspectives politiques et philosophiques se défendent bien par les armes.
Et c'est même quand la réalité est la plus crue et la plus tragique, au sein du regrès le plus noir, que le concept de progrès prend un sens plein et entier, au point que cela légitime sa défense par les armes.
"À méditer."
Ouais. C'est déjà tout médité. Depuis longtemps.
Depuis 1670: De la liberté de penser dans un Etat libre.
Ce texte procède bien de ce qu'il est légitime de qualifier de méditation.
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@ revnonausujai
"Ce qui est distrayant, c'est de voir un béotien pontifier sur des concepts qu'il ne connaît ni ne maîtrise !"
Suite du dernier épisode: je vous conseille d'analyser cette vidéo de l'attaque sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, vous qui affirmiez le 6 mars, que l'attaque russe sur Zaporizhzhia "est plutôt une réussite technique, le but n'étant évidemment pas de créer un cataclysme".
"Vous devriez vous borner à commenter l'influence des hallucinogènes sur la raison humaine, domaine que vous connaissez d'évidence, comme sujet d'expérience !"
Avec Internet, n'importe quel béotien peut aller dégoter les données à la racine. Je ne suis pas certain que vous ayez pris la mesure de ce changement de régime des flux informationnels. Que ce soit sur les centrales nucléaires sous feu, ou sur les effets positifs des nootropes comme les racétams et les ampakines sur la cognition humaine.
Il vous a peut-être échappé que les hallucinogènes impactent certes la cognition, mais que la rationalité est une notion somme toute assez décorrélée de la cognition. On la trouve dans les livres. Pas dans les substances...
En ce qui me concerne, puisque cela vous intéresse, la drogue que je prends de manière abusive et excessive, le café - un mathématicien est une machine pour transformer le café en théorèmes - semble avoir des effets sur la mémoire, bien qu'ils soient controversés, mais bien plus clairement sur l'attention.
"Depuis quinze jours, je m'efforçais de démontrer qu'il ne pouvait exister aucune fonction analogue à ce que j'ai appelé depuis les fonctions fuchsiennes ; j'étais alors fort ignorant ; tous les jours, je m'asseyais à ma table de travail, j'y passais une heure ou deux, j'essayais un grand nombre de combinaisons et je n'arrivais à aucun résultat. Un soir, je pris du café noir contrairement à mon habitude ; je ne pus m'endormir ; les idées surgissaient en foule ; je les sentais comme se heurter, jusqu'à ce que deux d'entre elles s'accrochassent pour ainsi dire pour former une combinaison stable. Le matin, j'avais établi l'existence d'une classe de fonctions fuchsiennes, celles qui dérivent de la série hypergéométrique ; je n'eus plus qu'à rédiger les résultats, ce qui ne me prit que quelques heures." -- Henri Poincaré.
Et avec l'augmentation du cours du café, la pénurie de théorèmes guettent. Mais peu importent les idées quand on a des armes pour défendre le droit d'en avoir...
Il y a toutefois d'autres vérités qui contreviennent aux consignes de santé publique, mais qui n'en demeurent pas moins des vérités: la nicotine n'a que des effets positifs en matière de cognition.
Mais si vous voulez jouer au chaud bouillant et au gros dur, je vous conseille des beta-carbolines, comme le 9-methyl-beta-carboline. C'est prouvé que cela rend organiquement moins con. Avec quelques effets secondaires... comme de l'anxiété suicidaire.
Quant à moi, je vous rappelle que vous n'apprendrez pas la rationalité dans la drogue. Les substances n'impactent au mieux que la cognition en ce domaine, et "cognition" n'est pas un synonyme de "rationalité". Les livres sont irremplaçables.
Rédigé par : F68.10 | 16 mars 2022 à 00:46
C'est étrange, je n'entends pas les progressistes et féministes de tous bords s’émouvoir du sort des femmes ukrainiennes, discriminées et forcées à fuir, au lieu de tenir courageusement tête et mourir face à l'envahisseur. Au même titre que les hommes.
Vous l'aurez compris, c’était sarcasme pour démontrer que, devant les vrais tourments de la vie, face à la réalité dans ce qu'elle a de plus crue et tragique, les éléments constitutifs du progressisme s’écroulent tel un château de cartes.
La parité homme/femme, le mépris de la souveraineté, des frontières, la mise au ban des "pas d'amalgame" et l'intolérance (je ne vais pas détailler pour ne pas donner de l'urticaire à qui l'on sait), autant de concepts qui soudainement, deviennent hors de propos. À méditer.
Rédigé par : Valéry | 15 mars 2022 à 20:11
@ Lucile
"En fait, Burke siégeait avec les Whigs et non avec les Tories, mais dans le groupe Conservateur des Whigs."
Je me suis toujours senti Whig.
"Le terme de « théoricien » ne lui convient pas vraiment ; il raisonnait surtout en pragmatique..."
J'appelle cela un théoricien. De mon point de vue, un théoricien ne peut jamais travailler sa théorie quand elle est déconnectée du réel, de l'expérience et du pragmatique. C'est une des critiques de fond que j'ai contre les intellectuels français de toutes obédiences. C'est pour cela qu'ils me déçoivent à peu près systématiquement.
Dernièrement, BHL a condamné Poutine en le comparant, horresco referens, à Trump. Je vous avoue que je répugne à prendre connaissance de l'argumentaire quand la déconnexion au réel est aussi totale...
"Il a toujours défendu la liberté. Il s’est rangé du côté de l’indépendance américaine, il était contre l’esclavage, pour le marché libre (contre la fixation des prix du blé par les autorités politiques), pour la limitation des pouvoirs du souverain, pour le parlement, pour la liberté religieuse."
Je peux signer chacune de ces propositions.
"Comme quoi on peut être la fois conservateur, ouvert d'esprit et libre."
Tout à fait. Je ne me considère pas particulièrement conservateur (plutôt pas, même) mais je trouve que la tendance qui consiste à faire taire les conservateurs sous prétexte d'antifascisme est profondément anti-démocratique. Les conservateurs démocrates sont plus des partenaires pour moi que des ennemis.
"Il affirmait fièrement tenir à ce qu’il appelait « ses préjugés ». Dont celui-ci : « To deliver an opinion is the right of all men » (Tout homme a le droit d’exprimer une opinion)."
C'est même là chose essentielle. Il y a beaucoup trop de chantage à la modération ou au doute pour renier ce droit à avoir une opinion et à la défendre. La Terre n'est jamais à moitié plate et à moitié ronde sous prétexte de tolérance.
En d'autres temps, j'aurais été plus sensible à ce chantage pour faire avancer les débats. L'actualité montre où l'indécision sous prétexte de tolérance mène. Il faut savoir avoir des opinions...
Mais le monde évolue désormais beaucoup trop vite pour que le conservatisme puisse se permettre de se confire dans l'immobilisme. C'est la principale critique que j'ai contre le conservatisme dans le monde moderne. Je ne sais ce qu'en penserait un Burke projeté en 2022...
Rédigé par : F68.10 | 14 mars 2022 à 00:03
CONSERVATISME
Jean Cau a publié une étincelante série de portraits ("Croquis de mémoire"). Sont dépeints Mitterrand, VGE, de Gaulle, Vian, Cocteau, Malraux, Queneau, Camus, Lacan, Welles, Genet, Berl, Aragon, Montherlant, Benda, Sartre et... Pompidou.
Sur Pompidou, il écrit notamment : "Je me demandais parfois s'il n'était pas, profondément, d'ossature conservatrice et ne se disait pas : "Pourquoi changer un monde où j'ai si bien réussi ?"."
Bien vu. Quand tout va bien pour soi, je le crois, on n'a guère envie de tout chambouler. Heureux, cinquante ans, toujours et partout, je crois avoir été conservateur. Et j'ai grand mal à me servir de ce mot comme d'une insulte.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 12 mars 2022 à 14:31
@ F68.10 | 08 mars 2022 à 15:37
Merci.
En fait, Burke siégeait avec les Whigs et non avec les Tories, mais dans le groupe Conservateur des Whigs. C’est le meilleur théoricien du Conservatisme, au style vivant, tonique, parsemé de tournures bien trouvées, avec de remarquables qualités d’expression et une argumentation toujours solide pour ceux qui aiment le débat. Le terme de « théoricien » ne lui convient pas vraiment ; il raisonnait surtout en pragmatique, en historien, en économiste, en homme de loi. Il faisait primer l'expérience sur l'utopie. Ça ne l’a pas empêché de faire des prédictions politiques justes, par exemple sur l’avenir des États-Unis, l’avènement d’un empereur (« tyran ») pour clore la révolution française de 1789, le partage de la Pologne.
Il a toujours défendu la liberté. Il s’est rangé du côté de l’indépendance américaine, il était contre l’esclavage, pour le marché libre (contre la fixation des prix du blé par les autorités politiques), pour la limitation des pouvoirs du souverain, pour le parlement, pour la liberté religieuse. Il était aussi pour la paix et pour le bien-être économique des peuples. Comme quoi on peut être la fois conservateur, ouvert d'esprit et libre.
Il affirmait fièrement tenir à ce qu’il appelait « ses préjugés ». Dont celui-ci : « To deliver an opinion is the right of all men » (Tout homme a le droit d’exprimer une opinion).
Rédigé par : Lucile | 09 mars 2022 à 14:58
@ duvent | 08 mars 2022 à 10:45
Pour la 4L c'est fichu, mais je devrais pouvoir accéder à la demande.
Au cas où, je le précise, ne pas oublier d'enclencher la 4e vitesse, moins de frein moteur of course, pas trop pomper non plus avec "la pédale à pomper", c'est capricieux tout ça, car si vous noyez le tout, n'oubliez pas, il faudra pousser pour remonter la pente et recommencer.
Marcher est un bel exercice, en plus du dictionnaire, il me semble avoir conseillé à Bob de chausser son cerveau de brodequins, il paraît que c'est excellent pour les mollets.
Rédigé par : Giuseppe | 08 mars 2022 à 21:49
Et elle a disparu, dans un souffle...
Adieu, duvent.
Rédigé par : Aliocha | 08 mars 2022 à 17:11
@ Marc Ghinsberg
"Quoi qu’il en soit, au bout du compte, croire à la possibilité du progrès c’est refuser le fatalisme qui craint de déranger l’ordre harmonieux du cosmos, croire au progrès c’est croire à la possibilité de sortir de sa condition, c’est faire usage de sa liberté avec tous les risques que cela comporte."
MAGNIFIQUE !! Merci.
Rédigé par : HOPE | 08 mars 2022 à 16:22
@ duvent | 08 mars 2022 à 10:45
Bien noté toutes vos précieuses consignes... Justement, j'avais prévu de refaire le chemin de Compostelle en avril.
Au fait le berger basque, conducteur de brebis à longs poils, ce ne serait pas hameau dans les nuages par hasard ?
Comme le monde est petit !
Rédigé par : Axelle D | 08 mars 2022 à 16:08
"Il me semble bien percevoir ce que le progressisme signifie aujourd'hui, et au fond depuis que les lumières existent et que le concept de progrès est venu, telle une espérance, irradier même au sein des temps les plus sombres. Comme ce qui viendra forcément ensuite, après. Le rapport au temps du progressisme est central. Il répudie le pessimisme puisque pour lui il y a une évolution obligatoirement positive entre ce qu'était hier, ce qu'est le présent et ce que sera l'avenir. Le fil du temps est naturellement et par vocation progressiste." (PB)
Je récuse l'idée que le progressisme soit une espérance, ou qu'il se réfère à une évolution "obligatoirement" positive. Et qu'il répudie en soi le pessimisme.
Le progrès est pour moi un effort. Une épectase, comme diraient certains dans un autre contexte. Je soutiens le progrès: la perspective de faire en sorte que nous ayons dans le futur raison d'avoir honte des mœurs et idéologies de nos ancêtres. Sans pour autant oublier ce qu'on leur doit, sur lequel nous bâtissons jour après jour. Si je ne ressentais pas ma seule présence comme un blasphème, je visiterais avec plaisir des cathédrales...
Cette idée d'un progrès qui serait inéluctable, c'est une thèse qui relève de l'historicisme: l'idée que la science puisse prédire les trames et révolutions de l'histoire de la même manière qu'elle a pu prédire les révolutions des planètes autour du soleil. Comme si nous pouvions lire dans l'esprit des Parques. C'est là une splendide excuse pour s'interdire de régler les problèmes un à un en se reposant sur le fatum et en se dédouanant ainsi à peu de frais de nos responsabilités.
L'historicisme est une illusion. C'est la matrice de totalitarismes. Ce n'est pas là le progrès ni ce qui devrait s'appeler le progressisme.
Les détails techniques démontant cette conception du progressisme en tant qu'historicisme sont détaillés dans Misère de l'historicisme.
Toute personne souhaitant un réel progrès se doit de récuser cette conception historiciste du progrès. Ne faire du progrès ni une dérive idéologique ni une religion. Mais bien identifier le réel regrès et l'empêcher. Le régressisme, qui pullule à travers tout le spectre politique, et ce dans tous les pays, sous des formes très diverses, ne se limite ni ne s'identifie à ce que d'aucuns nomment la réaction. Ce qu'on appelle en France le wokisme est tout autant un regrès que la réaction, tous deux mâtinés de certaines bonnes idées qu'on instrumentalise à tort et à travers.
Mais, de la même manière qu'une économie administrée n'a pas la capacité cognitive d'assumer les tâches que les mécanismes de marché accomplissent, une autocratie n'a pas la capacité cognitive d'assumer les tâches qu'une démocratie, aussi imparfaite soit-elle, accomplit. Ce constat, c'est le progrès. Ce n'est ni un espoir, ni une croyance, ni l'illusoire confort d'un fatum plaisant et inéluctablement obligatoire. Seulement une vérité à défendre et de laquelle il convient de tirer les conséquences pratiques. Sans en faire pour autant un nouveau messianisme.
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@ Lucile
Je valide l'essentiel de vos propos sur Burke. Merci.
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@ Denis Monod-Broca
"Progressisme de l'Ouest et populisme de l'Est ont fait de l'Ukraine leur champ de bataille."
Le fait que vous voyez un "populiste" chez un dictateur qui verrouille les médias comme jamais montre que vous n'avez pas compris que la Russie est à la veille de ce qu'il est bien plus proche de qualifier de révolution à la française et non à la russe. Le populisme, en Russie, c'est l'Internet. C'est RuNet. C'est là où, depuis au moins bien dix ans, les Russes ont documenté jour après jour toutes les entourloupes et coups fourrés de leur dictateur. Un espace de liberté alors bien plus total que même chez nous en Europe ou même aux États-Unis à l'époque du Far West. Le populisme russe, c'est RuNet. Là où le complotisme a fait la preuve de la validité de ses thèses en accumulant jour après jour preuve sur preuve de la duplicité et de la corruption de leurs dirigeants. Tâche que le complotisme occidental n'a jamais réussi à accomplir.
Le complotisme russe est un complotisme noble. Le complotisme occidental est un complotisme du paresseux et du gueulard, qui se passe de preuves pour se permettre d'imaginer des complots là où cela l'arrange et de hurler comme un putois qu'on écorche vif tous les samedis contre les vaccins.
La différence est là.
Et c'est pour cela que ce ne seront pas les Ukrainiens qui gagneront la guerre. Mais RuNet qui guillotinera Poutine.
Tiens ! Je viens de voir passer le fantôme de Marie-Antoinette...
Pendant ce temps-là, les néonazis ukrainiens que Poutine chasse font max 3 à 5 % des voix en Ukraine. Pendant que Poutine soutient et finance une droite dure qui fait 30 % en cumulé en France et qui se plaint que le complotisme occidental est persécuté. Alors qu'on lui donne toute latitude pour s'exprimer et se prévaloir d'un titre beaucoup trop flatteur et beaucoup trop gentillet de populisme qu'il n'a jamais mérité.
Rédigé par : F68.10 | 08 mars 2022 à 15:37
Oyez ! Oyez ! Braves gens !
Oui, oyez bien ce que vais vous dire, car il se pourrait que pour toujours vous me soyez redevable...
J'ai, sur un autre billet, hier 7 mars 2022 vers 16 h 12, demandé au sieur Marchenoir, Expert en tout et le reste, une petite faveur.
Cette libéralité, je l'ai sollicitée poliment et avec grand respect, or, moins de 24 h plus tard, je n'ai toujours pas de réponse !
Je vous rappelle, braves gens, que je ne suis pas une habituée de la mendicité, mais le cas qui m'occupe est assez tragique, sans quoi je me serais épargnée cette humiliation...
J'ai cru que l'Expert en tout et le reste prendrait pitié et m'indiquerait le lieu où je devrais me rendre en cas de guerre nucléaire (je vous le dis, entre nous, rien que d'écrire ces mots me donne des nausées, premiers symptômes de l'intoxication...).
Il semble que Marchenoir se tamponne mollement le coquillard de mon futur, ou, et ce n'est pas impossible, qu'il espère mon « non-futur »...
L'inquiétude m'ayant incendié le bulbe, ma réflexion, qui chez moi est un réflexe, m'a (je ne vous ai pas confié que je suis une personne à haut potentiel...), grâce à Dieu au plus haut de cieux, ouvert les yeux et voilà que seule, abandonnée du Général Pieds de cochons grillés (nom de code de Marchenoir !), j'ai découvert ce lieu sur terre où tout restera sain, sécurisé, et parfaitement vivable pour des corps à 36°5, parcourus par un fluide rouge, se remplissant régulièrement d'air pur du bord de mer parfaitement iodé !
Voui ! Voui ! Voui ! Donc, prenez tout de suite les notes suivantes qui vont être détruites, nous pensons (me and myself...) par soit le Général Pieds de cochon grillés, soit par son pire ennemi le Russe bouffi, vite, je vous en prie faites vite !!
Plan de sauvetage secret :
1- Téléphonez à Giuseppe de ma part, il ne me connaît pas donc il ne se méfiera pas...
2- Demandez-lui les clés de sa 4 L, son réservoir est toujours plein...
3- Démarrez urgemment, si le gicleur est bouché, soufflez dedans plusieurs fois, ça devrait aller...
4- Si le moteur reste silencieux, débloquez le frein à main et suivez la pente devant vous...
5- Pompez légèrement à l'aide de la pédale dite de pompage, l'essence viendra vite...
6- Lâchez la pédale d'embrayage et dites bien à Giuseppe que vous revenez dès que possible...
Prenez la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, et là près du chêne de Saint Louis, sifflez, pas trop fort, l'air du Dies Irae du Requiem de Berlioz, alors viendra vers vous un berger basque, il connaît parfaitement les effets sur le corps des choses malsaines, et il vous conduira avec plaisir dans sa bergerie, où fleure bon l'odeur des brebis à longs poils. Faites-lui confiance, puisque je lui fais confiance !
Quand vous serez arrivé à cette étape, dites-vous bien que vous avez de la chance de me lire, vous voilà à l'abri... Et ce n'est pas Marchenoir qui vous aurait donné un tuyau de cette exceptionnelle qualité !
Je vous le donne, moi, car j'ai le sens du devoir accompli, je souhaite un peu, des fois ça m'arrive, la chair est faible, laisser une trace de mon passage dans la postérité, comme les escargots !
Adieu ! Et allez en paix ! Pas d'omelette aux champignons ! Un dictionnaire pour bagage !
Rédigé par : duvent | 08 mars 2022 à 10:45
L'époque actuelle confond souvent progrès et changement.
La confusion des mots entraîne celle des esprits.
Rédigé par : revnonausujai | 08 mars 2022 à 08:55
Difficile de commenter en quelques lignes trois dictionnaires qui se veulent des monuments des trois idéologies qui sous-tendent l'organisation des sociétés humaines.
J'aborderai le sujet par le petit bout de la lorgnette, c'est à dire l'homme, sujet et finalité desdites idéologies, en essayant d'être bref.
Par nature même, l'homme est conservateur.
Conservateur de sa vie d'abord, conservateur de son cadre de vie pour peu qu'il lui assure précisément les conditions de survie a minima, et qu'en même temps ces conditions soient suffisamment flexibles pour lui assurer des possibilités d'amélioration de sa vie.
Et c'est là qu'on arrive à l'autre idéologie, le progressisme, qui confond volontairement le progrès technique qu'il imagine avoir découvert, alors que celui-ci existe depuis la découverte du feu et la cuisson des aliments, avec l'organisation de la société.
Que le progrès technique soit une bonne chose, du moins dans certaines limites écologiques, est une évidence derrière laquelle s'avancent les utopistes qui veulent non seulement améliorer le quotidien de l'homme, mais l'améliorer lui-même comme être vivant.
Considérant que la seule et vraie amélioration de la création qu'ils jugent imparfaite, est d'améliorer l'homme, les progressistes veulent le changer.
Et c'est là qu'apparaît le caractère mortifère de tout progressisme poussé à ses limites.
Considérant que le matériau humain est tout aussi malléable que n'importe quel matériau vivant ou inerte, toutes les idéologies progressistes ont pour finalité de changer l'homme, il suffit de lire n'importe quel programme politique se revendiquant du progressisme.
Les premiers marxistes envoyaient les récalcitrants dans des camps de rééducation et autres goulags, quand ils ne les exterminaient pas comme le firent les Khmers rouges au motif que certains hommes ne sont pas modifiables, et que les réfractaires au changement ne méritent pas de vivre.
Les nouveaux progressistes vont plus loin dans l'odieux, ils se prennent pour des dieux (le jeu de mots est voulu ;-)) et sombrent dans le post-humanisme en voulant fabriquer, génétiquement pour le coup et pas seulement par l'idéologie, l'homme, merveille de vie qui essaie de survivre depuis des millions d'années.
Et c'est ainsi que la nouvelle biologie accompagne ce délire idéologique par la PMA, la GPA, les modifications génétiques pouvant fabriquer des clones répétant à l'infini l'homme "parfait", ou transférer des organes d'animaux à l'homme, j'en passe et des meilleures...
En conclusion :
Le conservatisme est un humanisme.
Le progressisme, et tout particulièrement sous sa forme ultime, le wokisme, est un post-humanisme mortifère.
Rédigé par : Tipaza | 08 mars 2022 à 08:49
Il y a aussi la connaissance de soi et l’apprentissage du pardon, de la réconciliation, acceptation de notre condition qui permet d'accéder à la joie.
En ces termes, la démence est un choix.
Rédigé par : Aliocha | 08 mars 2022 à 00:13
@ Achille 7 mars 15:36
L'idéologie woke nous vient certes d'outre-Atlantique (Etats-Unis, Canada) mais il serait à la fois inexact et simpliste de la résumer à une nouvelle forme de racisme anti-blanc. Le wokisme mot fourre-tout s'apparentant plutôt à une forme de gauchisme nouvelle vague regroupant des cohortes hétéroclites de contestataires ou éveilleurs de conscience sur les problèmes sociétaux les plus divers et souvent sans aucun lien entre eux : antiracistes, LGBT, militantes féministes, théoriciens du genre, vegans, écolos, pro GPA, wiccanistes, etc.
Je vous informe par ailleurs que le terme Apartheid (développement séparé qui a sévi en Afrique du Sud jusqu'en 1992) n'a jamais été utilisé aux USA pour désigner la ségrégation raciale. Laquelle n'a pris fin (officiellement quoique pas toujours dans les faits) qu'en 1968, avec les ultimes lois sur les droits civiques et l'abrogation des textes iniques interdisant, entre autres, les mariages interraciaux dans 16 états, dont le Texas, le Missouri, le Mississippi, la Caroline du Nord, la Virginie, la Floride, Alabama, Arkansas, Oklahoma, Tennessee, etc.
Rédigé par : Axelle D | 07 mars 2022 à 22:47
On échange sur ce sujet des propos très intéressants car il s'agit d'un sujet de fond.
Le progrès invoqué comme une icône pour justifier tout et son contraire n'a pas de vertu. Il n'est pas, EN SOI, une forme d'amélioration, et l'amélioration elle-même n'est pas obligatoirement une marche en avant. Comme l'écrit très bien Olivier Seutet, c'est l'avancée scientifique qui est la seule garante d'une avancée, et même, peut-elle très bien se transformer en cauchemar, tous les auteurs de fictions et les chercheurs, je pense à Jacques Testart ou Henri Atlan, nous ont dressé des tableaux très contrastés.
Le pire étant l'utilisation d'une avancée aux fins de falsifier la vérité, par malice ou idéologie ; l'affaire Lissenko ou Stakhanov, qui sont ruineuses, exactement comme le blé fut la perte de l'homme fourrageur, libre et relativement heureux.
Et si nous étions dans une simple phase évolutive où l'accélération des affrontements ne permet plus d'en bien discerner les contours ? Ce phénomène a existé en 1938 où la diplomatie européenne et mondiale a basculé devant la rapidité de la montée des dangers en relation avec une fin de guerre de 14 encore marquée par la morgue de la France, génératrice d'incendie non maîtrisable. On peut discuter l'histoire à l'infini mais aujourd'hui où on connaît très bien les réactions populaires, le populisme les contrarie et verse dans la nostalgie d'un passé glorieux ou mythique.
Alors qu'on ouvre les archives de l'époque stalinienne, on voit mal Poutine galvaniser les foules en leur faisant le coup de la patrie en danger. Ce qui n'empêchera pas la solution finale si les choses empirent.
Quant à la condamnation morale dont notre pauvre pays est entiché, elle est le résultat d'un salmigondis d'idées mal supportées, j'entends, mal justifiées
Tous ces "ismes" cachent une profonde réticence à admettre notre rôle de perturbateurs universels en essayant de cacher les anéantissements que nous avons commis, en raison de notre nature de prédateurs et de jouisseurs.
Mais cela, nous ne pouvons rien y changer et nous avons du mal à en greffer la portée dans le monde cruel et avide de la politique.
S'il faut subir une grande extinction, nous la subirons, sans conscience, mais cette fois il y a des chances pour que nous ne la surmontions pas, comme les précédentes d'ailleurs auxquelles nous n'avons pas été mêlés, alors que nous serons les auteurs de celle-ci.
Il y a le "fatum", la dictature de l'ADN ou la pénitence dans d'horribles souffrances, conduisant à la perte de la raison.
Rédigé par : genau | 07 mars 2022 à 19:34
Prononciation
Cherchant l'éditeur de l'un de ces trois dictionnaires (un seul m'attire), je trouve ceci : "éditions du Cerf". Je saisis l'occasion pour observer que même sur France Culture (pas sur Skyrock), nombre de parleurs font entendre la dernière lettre "f comme dans "serf". C'est une erreur, on le sait.
Dans la foulée, j'entends une juge d'instruction (!) à la télé (pas un éboueur) prononcer "suggestion" comme "sujétion", faisant ainsi deux fautes d'un coup.
Certains le savent : dans "suggestion", le "t" se fait entendre et le début se prononce "sugg" et non "suj".
Rédigé par : Patrice Charoulet | 07 mars 2022 à 19:32
Tout d'abord à première vue, ces trois mots : progressisme, conservatisme, populisme paraissent antinomiques. De nos jours être désigné comme conservateur ou populiste, c'est avant tout apparaître comme vieillot et rétrograde, être contre des élites hors sol et donc avoir un jugement négatif sur un adversaire politique, c'est une injure pour manque d'intelligence, une sorte d'infamie.
Le progressisme a toujours existé tout au long des siècles, sinon nous en serions toujours au Moyen Âge. Evidemment nous ne vivons plus comme nos parents et nos parents ne vivaient plus comme nos grands-parents, et ainsi de suite. D'abord grâce aux multiples progrès scientifiques et médicaux. Ensuite grâce à des progrès sociaux et sociétaux progressifs.
Il paraît à l'évidence que ce dernier siècle a accéléré le progrès en général et en particulier grâce à l'informatique et aux réseaux Internet. Une révolution technique extraordinaire et irréversible, même si, de plus en plus, on constate une déshumanisation des services.
Toutefois, sans être un conservateur figé dans son monde d'hier, buté contre toute évolution, je pense qu'il reste nécessaire de garder un fond de conservatisme pour débattre des propositions avancées par des progressistes sans limites aux idées trop utopistes et des mégalomanes de tout poil.
Là, je pense à des lois sociétales dont il faut se méfier car, pour satisfaire une petite minorité (électorale souvent), elles pourraient s'avérer inhumaines par retour.
Le progressisme et le conservatisme, c'est un équilibre entre l'utopisme chimérique et le réalisme humain.
Quant au populisme c'est devenu l'anathème facile pour désigner ce qui ne convient pas aux néo-progressistes purs et durs.
À leurs yeux, le populiste c'est le petit peuple étriqué, un peu arriéré, franchouillard, qui est forcément contre le modernisme élitiste ou le progressisme multiculturel.
Là encore des nuances seraient appréciables car elles existent bel et bien. Aimer son pays ne veut pas dire détester les autres pays, aimer sa culture et son Histoire ne veut pas dire ne pas s'intéresser ou exécrer celle des autres.
Bien qu'elles paraissent incompatibles, ces trois catégories de personnalités sont souvent très entrecroisées en chacun d'entre nous.
Modernistes pour certaines choses et plus conservateurs pour d'autres, alors que des progressistes sociaux peuvent rester souverainistes et donc selon les critères d'aujourd'hui n'être que d'affreux populistes.
Je pense que les nuances sont beaucoup plus subtiles que cela, en toute bonne foi.
Le progressisme a toujours existé et c'est heureux, il s'est instauré naturellement générations après générations, mais aujourd'hui il est devenu sans restriction un gage de jeunesse, de "tout se vaut", de citoyen du monde cultivé et humaniste (voire), de bon dans un monde de méchants, de visionnaire sans limitation, bref, sans conteste le camp du bien. Qui voudrait freiner cette tendance en se disant conservateur ou populiste ? Il faudrait être un peu maso.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 07 mars 2022 à 19:07
"Il me semble bien percevoir ce que le progressisme signifie aujourd'hui, et au fond depuis que les lumières existent et que le concept de progrès est venu, telle une espérance, irradier même au sein des temps les plus sombres" (PB)
Ou, au fil du temps nous sommes passés d'Homo erectus à Homo sapiens, nous sommes en cours de passage au stade Homo universalus, un passage qui se fait bien plus rapidement que le précédent !
Les notions de conservatisme et de populisme prendront leur place avec les gravures rupestres des massifs de grès, calcaire et granit du Sahara, de Cro-Magnon et ailleurs !
Rédigé par : Claude Luçon | 07 mars 2022 à 17:05
Il me semble que le conservatisme tel qu’il est expliqué par Edmund Burke à la fin du XVIIIe siècle et par Sir Roger Scruton (qui est mort l’année dernière) ne se ramène pas à la volonté de ne rien changer.
Au contraire tous deux partent de l’idée que les changements sont permanents dans une société, par la force des choses et que l'on s'y adapte au fur et à mesure ; ils expriment l'idée que les coutumes et lois en vigueur sont testées chaque jour par cette nécessité permanente d'adaptation aux situations nouvelles.
Selon ces penseurs, ce qui dans les institutions a résisté au changement, ce qui a fait la preuve de sa durabilité, cela constitue ce qui marche le mieux - ou le moins mal - face aux secousses et aux aléas de l’histoire. Pour eux, l’usure du temps est un test sûr de fiabilité quand on manque de repères politiques dans des situations par rapport auxquelles on n’a aucun recul.
Face à l’envie récurrente des hommes de tout bazarder pour essayer quelque chose de nouveau, ils disent que les institutions ayant fait leurs preuves ne doivent pas être sacrifiées inconsidérément au seul besoin de renouvellement, parce qu’on ne pourra savoir ce qu’elles valaient vraiment que lorsqu’on en sera privé. Et alors il sera peut-être trop tard, il faudra des sacrifices inutiles et des années pour récupérer leurs bienfaits.
Le conservatisme est un mouvement de prudence face au progressisme, mais seulement lorsque ce dernier est érigé en doctrine politique, c'est à dire lorsqu'il est le fruit d'une idéologie et se radicalise. La nuance est importante. Le conservatisme s'élève contre la marche, forcée ou non, d'une société vers "le progrès" (devenu une abstraction ou une utopie), un tel mouvement étant porté à changer de fond en comble les structures politiques et sociales sans laisser la possibilité au temps d'opérer le travail de décantation qui est le sien.
Les conservateurs anglais ont toujours manifesté une certaine répugnance à à bousculer leur système politique pour anticiper sur le progrès. Il y a bien sûr eu la parenthèse de l’appartenance à l’Union européenne, mais son issue montre l'attachement des Anglais à leurs institutions.
Au total, ils ont eu peu de révolutions, peu de changements de régime, ils n’ont pas écrit et réécrit et voté de nouvelles Constitutions, ni de codes législatifs. Mais ils ont toujours participé au progrès des sciences, et ils ne sont pas plus en retard que nous dans ce domaine ou dans celui de l’éthique politique.
Rédigé par : Lucile | 07 mars 2022 à 16:54
Le progrès, c'est une évidence, constitue la tendance dominante de l'histoire depuis l'origine de l'homme.
Depuis que l'histoire s'écrit, nous pouvons donc en déduire que, politiquement, l'homme est progressiste, ce qui n'est nullement contradictoire avec le fait que, culturellement, il soit conservateur.
La politique qui est en charge du présent et prépare l'avenir et qui a pour objectif de permettre à la société de progresser, ne peut cependant y parvenir qu'à la condition d'éduquer, de transmettre, ce qui est affaire de culture et ressort donc du passé.
Notre avenir a-t-il une chance de constituer un progrès par rapport à notre présent si nous sommes incapables de transmettre ce que notre passé a produit de meilleur ou de tirer les leçons de ses pires échecs ?
Rédigé par : Michel Deluré | 07 mars 2022 à 16:34
@ GERARD R. | 07 mars 2022 à 11:50
« L’ère nouvelle est au progressisme, à l'inclusion, au wokisme »
Le wokisme est en fait un racisme anti-blanc qui nous vient des États-Unis en réaction à l’apartheid qui sévissait dans ce pays jusque dans les années 60.
Rien à voir avec le progressisme.
Rédigé par : Achille | 07 mars 2022 à 15:36
Personnellement je pense qu'un homme ou une femme équilibré est tissé de contradictions, de sympathie et d'élans qui suivant les circonstances, son âge, son expérience et son propre vécu peuvent le rapprocher ou l'éloigner de telle ou telle conception toute faite et rigidifiée sortie brut de décoffrage du dictionnaire des idées reçues.
Aussi ce qui importe, nonobstant nos propres choix ou préférences du moment, est de garder toujours l'esprit ouvert et un sens critique acéré étant donné que nul n'est à l'abri des préjugés. Et d'autant moins celui obsédé par les "ismes" qui passe son temps à dénaturer, caricaturer et affubler son contradicteur ou son adversaire de qualificatifs en istes. Sachant que seuls les sectaires cherchent à tout prix à classifier les gens et les mettre dans des petites cases hermétiquement et définitivement fermées comme ils le sont eux-mêmes !
Rédigé par : Axelle D | 07 mars 2022 à 14:27
Je ne comprends absolument pas de quoi vous parlez, Denis Monod-Broca, quand vous écrivez « Progressisme de l’Ouest et populisme de l’Est ont fait de l’Ukraine leur champ de bataille. Ils s’y affrontent en une guerre idéologique sans pitié ni merci, forme actualisée de la guerre de religion. »
Jusqu'à preuve du contraire, il est coutume en France de taxer de populiste la plupart des pays d'Europe centrale, y compris ceux qui ont toujours dénoncé le péril russe.
Ensuite, l'Ukraine ne se bat pas pour imposer des quotas ethniques d'Africains dans les films historiques, pas plus que la Russie ne se bat pour défendre une guerre voulue par son peuple alors que ses propres soldats découvrent sur place de quoi il en retourne.
Merci de nous épargner un relativisme foireux (« L’oubli des grands principes, l’obscurantisme, sont bel et bien des deux côtés ») qui en découle.
Pour le reste, je ne vois guère l'intérêt de sortir trois livres séparés, sur la base de termes connotés positivement et négativement, qui se comprennent les uns par rapport aux autres.
Rédigé par : Marcel P | 07 mars 2022 à 14:12
Cher hôte, vous posez une question centrale à laquelle il est difficile, pour moi, d'apporter autre chose que des interrogations.
Si le progrès, le progressisme, sont synonymes d'augmentation du bonheur, faut il penser que le conservatisme serait celui du malheur ?
Le conservatisme se cache-t-il, parfois, souvent, sous les élans progressistes ?
Le conservatisme est-il une manifestation de la volonté de se protéger, au détriment de l'autre ? Comme le progressisme ?
Je ne sais pas bien ce que l'on peut à coup sûr qualifier de progrès.
Populisme ? Rien de "choquant". Être à l'écoute, faire partie du peuple. Bon. Rien de très critiquable.
Démagogue me semble moins flatteur.
Est-on progressiste en exécutant quelqu'un en le passant à la guillotine ou en le finissant à la petite cuillère ?
Est-ce du progrès que la PMA, la GPA ? Pas que pour les homosexuels, dans l'absolu ?
Les végans ne veulent plus qu'on se serve des animaux pour se nourrir. Un progrès ?
On arrête la recherche médicale. Quand ils auront leur petit cancer refuseront-ils les médicaments issus d'une recherche qui tue des millions d'animaux ?
Progrès, barbarie ?
Le progrès, pour l'homme, est bien souvent ce qui lui donne l'impression que la mort s'éloigne.
Pour le reste, je ne sais pas trop.
Rédigé par : Jérôme | 07 mars 2022 à 13:18
@ Marc Ghinsberg | 07 mars 2022 à 11:27
« Quoi qu’il en soit, au bout du compte, croire à la possibilité du progrès c’est refuser le fatalisme qui craint de déranger l’ordre harmonieux du cosmos, croire au progrès c’est croire à la possibilité de sortir de sa condition, c’est faire usage de sa liberté avec tous les risques que cela comporte. »
Le problème est que cette philosophie du progrès, qui n'est qu'une utopie, peut mener à des catastrophes quand elle est imposée à des peuples au lieu de rester confinée aux seuls modes de vie propres à ceux qui en sont les partisans.
La révolution de 1789, qui a transformé en crimes monstrueux les rêveries de Jean-Jacques et de ses alter ego, en a été un exemple.
Le pire est que nous en subissons encore les effets, pour notre plus grand malheur.
Rédigé par : Exilé | 07 mars 2022 à 12:03
@ Achille | 07 mars 2022 à 08:43
Vous avez entièrement raison. Populisme, patriotisme fascisme, nationalisme, tout ça c'est usé, dépassé. L’ère nouvelle est au progressisme, à l'inclusion, au « wokisme » Et déjà, voilà qu'émerge cet irrésistible bonheur de l'Humanité, que partout elle exprime dans le monde, en marchant inlassablement dans la rue, en vociférant cette immense joie qu'Elle ne peut contenir...
Rédigé par : GERARD R. | 07 mars 2022 à 11:50
Conservatisme, progressisme sont des notions qui se prêtent rapidement à la caricature et à la polémique, celle de populisme me semble relever d’une autre catégorie.
Ainsi Philippe Bilger peint-il le progressiste comme un optimiste naïf et béat qui renierait le passé : « Cette croyance enthousiaste dans le futur explique aussi pourquoi il est inconcevable pour les progressistes de se retourner pour sauvegarder ce qui, selon eux, a été négatif et ne méritait en effet que d'être dépassé par le flot du temps. »
Rien ne me semble plus inexact, en tout cas dans l’idée que je me fais du progrès.
Le progrès naît de de la transmission des expériences et des connaissances accumulées (c’est cette capacité de transmission qui distingue essentiellement l’homme de l’animal). Dans cette conception le progrès est une évolution qui cherche le dépassement, le passé en est une composante majeure. Cette évolution se déroule parfois suivant un processus dialectique fait d’oppositions et de contradictions. Que l’on pense aux querelles d’écoles littéraires : celle des classiques et des romantiques. Parfois cette évolution aboutit à des impasses: toujours en littérature, quelle trace a laissé l’école du Nouveau Roman ? Certains pensent qu’au moins en Occident, cette évolution va vers la décadence, le nihilisme (Michel Onfray).
Quoi qu’il en soit, au bout du compte, croire à la possibilité du progrès c’est refuser le fatalisme qui craint de déranger l’ordre harmonieux du cosmos, croire au progrès c’est croire à la possibilité de sortir de sa condition, c’est faire usage de sa liberté avec tous les risques que cela comporte.
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 07 mars 2022 à 11:27
Le populisme n’est-il pas la tentation du mensonge ? Si confortable dans l’instant pour un dirigeant, si dangereux dans le futur. Il est malheureusement le fumier sur lequel prospèrent tous les régimes. Il laisse croire que le chef peut tout ou rien dans les régimes autoritaires, ou que le peuple est un souverain aimable dans les régimes populaires.
Le progressisme n’a pour moi de sens que dans l’acceptation du progrès scientifique, et n’est que mensonge lorsqu’il prétend deviner une évolution dans les mœurs : je ne crois pas à un quelconque modernisme moral, artistique, physique, intellectuel.
Le conservatisme est un vilain mot quand il est malthusianisme, déclinisme, pessimisme : il nie l’espoir. Il est acceptable quand il signifie qu’il existe des acquis qu’il faut transmettre, des leçons qu’il faudrait avoir en tête, des pierres sur lesquelles on bâtit.
Il faudra que je consulte ces dictionnaires pour tenter de comprendre pourquoi ces mots sont si nébuleux, ne se laissent pas enfermer dans une définition précise et pourtant peuvent être des tiroirs commodes dans lesquels ranger les autres.
Rédigé par : Olivier Seutet | 07 mars 2022 à 11:27
Parce qu'il y a des choix, des votes, des peuples qui ne conviennent pas, il faudrait leur en substituer d'autres !
« Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple. »
(Bertolt Brecht)
Rédigé par : Exilé | 07 mars 2022 à 09:55
Progressisme de l’Ouest et populisme de l’Est ont fait de l’Ukraine leur champ de bataille. Ils s’y affrontent en une guerre idéologique sans pitié ni merci, forme actualisée de la guerre de religion.
Le monde dit « judéo-chrétien » se déchire une nouvelle fois.
L’oubli des grands principes, l’obscurantisme, sont bel et bien des deux côtés.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 07 mars 2022 à 08:51
« Cette conception idéologique [le progressisme] vient se lover avec délice dans un mouvement général qui ne pourra qu'engendrer des effets bienfaisants. On aurait tort de se moquer d'une telle naïveté historique et politique car au moins elle donne le repos de l'âme et de l'esprit à ceux qui la partagent »
Je ne vois pas en quoi le progressisme serait de la "naïveté historique et politique" dans la mesure où le progrès nous apporte des avantages considérables dans des domaines aussi divers que la médecine, mais aussi celui des transports, de la communication et participe grandement à l’amélioration de notre qualité de vie. Les appareils électroménagers, la voiture, notre smartphone dont nous ne pouvons plus nous passer désormais, en sont le meilleur exemple.
Alors, certes, le progrès nous oblige à être plus réactifs, à nous adapter en permanence aux nouvelles technologies et le numérique notamment laisse beaucoup de gens, surtout des personnes âgées, complètement désemparés. Mais leurs enfants, leurs amis sont là pour les aider à suivre cette évolution de notre mode de vie, qui est, qu'on le veuille ou pas, inévitable et dépasse largement le cadre de notre cadre de vie personnel.
Si certains Français refusent le progrès, ils devront le subir de toute façon car les pays étrangers et notamment asiatiques sont à fond dans ce mouvement irréversible.
Ceci n’empêche pas bien sûr de conserver certaines valeurs intangibles du passé que ce soit dans les domaines éducatifs et sécuritaires où effectivement le progrès a introduit une déviance qu’il convient de corriger. Ce qui est tout à fait possible, avec un peu de détermination de la part des nos élus et moins de clientélisme.
Quant aux populismes de tout poil, de gauche, de droite ou d’ailleurs, ils sont totalement pernicieux car ils font appel aux mauvais instincts de chacun, nous empêchant d’utiliser notre esprit d’analyse et pour tout dire notre intelligence pour nous proposer une idéologie utopique.
Tout populiste est d’abord un sectaire.
Rédigé par : Achille | 07 mars 2022 à 08:43
Ces trois livres sortent en même temps, cette somme contient trois classes d’individus. Choisis ton camp camarade, choisis ton ennemi camarade, mets-le dans la case de ton choix, discrimines-le, jette-lui des insultes, des excréments et des bombes.
Rédigé par : Vamonos | 07 mars 2022 à 04:18