Eric Zemmour (EZ) a fait peur à beaucoup avant le premier tour de l'élection présidentielle et il a eu aussi des admirateurs, des inconditionnels et un public fervent.
Rétrospectivement on a eu, comme souvent, les lucides d'après l'action qui ont affirmé qu'ils avaient prévu son piètre résultat. Il était inévitable, paraît-il.
Pour ce qui me concerne, je n'ai jamais varié sur une double conviction. Même si une partie de sa campagne a été brillante, je continue à penser qu'il aurait dû rester l'analyste politique et la bête médiatique qui ont fait l'extraordinaire succès de CNews. Par ailleurs j'ai toujours dit que malgré nos liens amicaux je ne voterais pas pour lui. Il ne suffit pas d'avoir du talent, il fallait aussi savoir proposer aux Français un projet plausible alors que le sien, à cause de son extrémisme, n'était pas opératoire.
Le programme de Valérie Pécresse était le bon mais elle péchait par là où EZ s'illustrait.
Je n'en suis que plus à l'aise aujourd'hui pour dénoncer l'étrange climat dans lequel baignent les informations sur EZ. Une sorte de soulagement d'après la bataille. Comme s'il s'était banalisé. D'abord parce que, contrairement à ce qu'imaginaient certains, il a continué son chemin partisan avec Reconquête! Et il va se présenter, sans trop d'espoir d'ailleurs, dans la circonscription de Saint-Tropez. Sa trajectoire prend des couleurs plus acceptables, moins sulfureuses. D'une certaine manière on les entend murmurer : "Il est redevenu des nôtres" !
Avec quelle trouble satisfaction a-t-on accueilli, par rapport à l'intérêt de sa propre cause, sa demande d'alliance, avec un RN qui l'avait pourtant laissé loin derrière lui, sa violence verbale et humiliante à l'encontre de Marine Le Pen et du RN puis sa déconfiture, enfin son extrême maladresse pour réclamer une union pour les législatives, comme si elle allait de soi, en usant d'un ton qui laissait penser qu'il avait des droits alors que tout au plus il avait des obligations et sans doute, s'il en avait été capable, des excuses à formuler.
Mais, pour le meilleur comme pour le pire, cela n'a jamais été le genre d'EZ.
Toutes ses erreurs et ses humeurs ont rassuré ses adversaires : il n'était pas différent des autres.
Après son rêve effondré, auquel il croyait pourtant, on l'a découvert déçu, désarmé, hésitant. Il est trop bon commentateur politique pour se faire des illusions et fantasmer sur un futur qui lui offrirait une merveilleuse compensation au regard d'un présent déprimant. Il sent, il sait que pendant quelque temps au moins il va retomber sur le plancher des vaches et redevenir ordinaire.
C'est que je veux signifier par mon titre. Comme d'autres gagnent avec une odeur de sainteté, lui a séduit avec son odeur de diablerie, qu'il cultivait avec un soin tout particulier. Il n'ignorait pas en effet que c'était son originalité et sa chance dans un monde si bienséant. Il était persuadé de la justesse de son extrémisme global et de ses provocations que son art du verbe rendait efficaces et redoutables.
Cette odeur de diablerie l'a quitté, elle est derrière lui, il doit dorénavant composer avec un personnage qu'il a peu fréquenté : le EZ de tous les jours, moins dans la lumière médiatique et politique que dans l'intendance obscure et nécessaire d'une "reconquête" à faire fonctionner et durer.
Puis-je avouer que je n'aime pas trop cette débandade, ce mouvement centrifuge qui conduit des soutiens d'hier à revenir au RN et à brûler ce qu'ils avaient adoré chez EZ ! C'est la vie, c'est la politique mais pour être fréquent - on en connaît des exemples plus fameux et plus honteux - ce genre de désertion n'est pas plus acceptable.
Cette impression de terre brûlée, de ravissement républicain - quand on voit l'attelage NUPES ! - suscite chez moi un malaise. Comme Eric Zemmour leur a fait peur ! Au point qu'ils oublient ce qu'il avait d'unique.
Alors que sur le plan judiciaire il a connu une victoire justifiée en première instance et en appel pour ses déclarations sur le Maréchal Pétain - malgré un Parquet plus soucieux de démagogie que de liberté d'expression - il est bizarrement attaqué : "Bolloré et Zemmour ont perdu dans les urnes mais gagné sur le terrain médiatique" (Le Monde).
En effet, il paraît, pour Alexis Lévrier, historien des médias, que "dès la fin de l'été 2021, chaînes de télé et radios ont donné un écho disproportionné aux moindres faits et gestes d'Eric Zemmour". J'admets le terme "écho" mais pourquoi disproportionné ? Lors de la promotion de son dernier livre et durant une moitié de la campagne présidentielle, EZ a fait passer dans l'espace public, avec vigueur et presque crudité dans l'expression de la vérité et d'un constat alarmiste que personne n'osait faire aussi brutalement, un message sur la France, sa survie, son identité, l'immigration et les cités échappant à la République.
Même si le tableau était partagé par beaucoup, il n'avait pas forcément raison avec sa globalité sans nuance mais l'essentiel n'était pas là : avant que le pouvoir d'achat prenne la relève, EZ a été repris, magnifié ou décrié pour ce qu'il disait. Contre le ronron traditionnel et le verbe politique jamais clair, il avait imposé son ton, sa parole, il avait disait-on ringardisé tous les autres politiciens de droite comme de gauche. La normalité n'était pas son fort. Cela a été la principale raison de son triomphe d'un temps.
Reste à souhaiter pour lui que même sans odeur de diablerie il sache continuer à nous surprendre en inventant, en s'inventant. Il trouvera.
Notre beau pays est parfois dirigé par des autorités qui ne possèdent pas une once de pragmatisme. Résultat : les partis traditionnels n’existent plus, balayés non par une idéologie de l’extrême mais par un grand ras-le-bol de la population fatiguée de lutter contre des contraintes imaginées par des esprits ailleurs.
Quant à la holding Le Pen, je ne leur ferai jamais confiance même si je ne me reconnais plus dans la direction des partis traditionnels… Reste la bande à Mélenchon, vont-ils réactiver la Commune ? Entre les deux guerres ce fut paraît-il un grand bazar eh bien je pense que nous y sommes. Espérons que Henri Guaino se trompe lorsqu’il annonce (le Figaro) que nous marchons vers la guerre comme des somnambules… Reste-t-il un espoir ? Qu'en pense Monsieur Zemmour ?
Rédigé par : Louis | 13 mai 2022 à 10:27
Ce qui ne tue pas renforce, et le plus grand succès de Zemmour est d'avoir revivifié par ses diableries radicales les diaboliques radicalités d'une gauche autant à la ramasse que la droite divisée, tous ceux-là qui appellent courage leur volonté de ne pas se réformer au bénéfice de la faute morale de leur petit clan que tous osent nommer France, en désignant à la vindicte qui le riche ou le pauvre, qui le musulman ou le laïcard, qui le communiste ou le raciste, réunis en leur désir d’insurrection dont le bruit et la fureur tentent de couvrir la voie sereine et européenne de la réconciliation, celle qui à bas bruit a été réélue, et largement.
Il est donc en France un peuple évolué qui indique à ses édiles, s'ils savent l'entendre comme Ménard l'a éminemment écoutée, la voie moyenne de la raison qui sait emprunter le chemin qui pas à pas se découvre entre les excès partagé d'un Elon Musk, anarchiste civilisé qui estompe de plus en plus le rôle de l’État, et d'un Poutine autodestructeur, dont le duel mutuel et international à l'image des extrémismes politiques intérieurs menacent de détruire la démocratie.
Nous avons donc ici l'occasion de renoncer, puisqu'un audacieux a su prendre ce risque avec succès, renvoyant au trou qu'elle n'aurait jamais dû quitter, la faute morale qui précède et entraîne toutes les défaites politiques, de renoncer à la division sectaire qui ravale l’État de droit à l'expression brutale de clans mafieux, dont Mélenchon comme Zemmour sont les sinistres séides à l'image de Trump et de Poutine, répétant le feuilleton générateur d'audience qui maintient les peuples en leur infantilisme toxicomane et violent.
Nous avons ici et maintenant l'occasion d'inventer l'architecture moderne d'accession à l'âge adulte de l'humanité qui, surmontant les divisions archaïques des différences naturelles, saura formuler pour les faibles ce qui jusqu'à aujourd’hui n'était accessible qu'aux forts et permet d'assumer d'être les enfants de la liberté, émancipés du joug barbare par l'égale suffisance de la fraternité, ouvrant aux justes alors devenus multitude majoritaire le triomphe de la démocratie, cette potentialité inscrite au cœur de chacun de répondre favorablement à l'invitation divine du libre Amour, seul à même de définir en sa joyeuse complétude, l'identité du doux mot France.
Rédigé par : Aliocha | 13 mai 2022 à 10:27
@ Patrice Charoulet
Et vous, de qui plagiez-vous vos "pauvretés" ?
Rédigé par : Lodi | 13 mai 2022 à 09:46
Bonjour monsieur Philippe Bilger,
Eric Zemmour a fait peur à la caste politique qui s'est vu menacée de perdre ses avantages financiers et de devoir aller pointer chez Pôle emploi.
Toute la stratégie mise en place par les ripoux depuis 1981 volait en éclats... la France risquait de redevenir elle-même.
Ils ont réussi à diaboliser Zemmour et à l'éliminer en rétablissant l'ordre qui veut que Marine Le Pen soit l'opposante attitrée au président sortant.
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Aujourd'hui comme depuis plusieurs années, sous la houlette de la franc-maçonnerie, d'Attali, de McKinsey et de l'oligarchie financière internationale, il a été décidé de créer un homme occidental nouveau, c'est-à-dire un zombi que l'on doit laisser en son état naturel tout en le nourrissant de fakes news et autres absurdités par l'intermédiaire des pubs, des émissions débiles, de tout un arsenal médiatique délirant sans oublier la contrainte de l'acceptation de modes de vie bestialement transmissibles. Ils ont cassé la famille, ils cassent les gènes.
Ils nous ont surendettés, ils nous mutent racialement et pour pouvoir s'en sortir ils nous préparent à la guerre, préférant celle-ci à la révolution qui s'approche. Le cours des monnaies s'effondrera, ce qui permettra de résorber les dettes nationales, et l'être nouveau sera repris dans leurs mains alors qu'il risquait de s'en échapper.
Apocalypse now. Tout le reste n'est que foutaise.
Rédigé par : Ninive | 13 mai 2022 à 09:18
Cher Monsieur,
Je suis vraiment déçu, voire peiné, que vous ayez été séduit par cet olibrius, gnome grimaçant de haine, qui ne doit sa célébrité qu'à sa pub orchestrée par CNews, promu telle une vulgaire lessive.
Rédigé par : Claggart | 13 mai 2022 à 09:04
« Reste à souhaiter pour lui que même sans odeur de diablerie il sache continuer à nous surprendre en inventant, en s'inventant. Il trouvera. » (PB)
Eric Zemmour a le grand mérite, un peu à la façon de l'enfant du conte d'Andersen s'exclamant que le roi est nu, d'être un empêcheur de tourner en rond et surtout de raconter n'importe quoi avec force idées reçues.
Rédigé par : Exilé | 13 mai 2022 à 08:46
Hubert Falco, soutien de Macron II à Toulon, déplore la candidature de Zemmour. Une élégante conception de la démocratie.
Rédigé par : Bill Noir | 13 mai 2022 à 08:41
"Il doit dorénavant composer avec un personnage qu'il a peu fréquenté : le EZ de tous les jours" (PB)
De temps en temps on trouve des diamants dans les billets. C'est ce qui en fait le charme d'ailleurs. ;-)
Il y a du Socrate dans cette remarque.
Que celui qui ne s'est pas insupporté un jour lève le doigt.
Rien n'est perdu, rien n'est jamais acquis définitivement.
Au-delà du flux et du reflux des vagues du quotidien, il reste la mer qui demeure éternelle.
Le combat continue.
Rédigé par : Tipaza | 13 mai 2022 à 08:30
« Après son rêve effondré, auquel il croyait pourtant, on l'a découvert déçu, désarmé, hésitant. Il est trop bon commentateur politique pour se faire des illusions et fantasmer sur un futur qui lui offrirait une merveilleuse compensation au regard d'un présent déprimant. Il a envoyé, il sait que pendant quelque temps au moins il va retomber sur le plancher des vaches et redevenir ordinaire. » (PB)
Entrer en politique à 63 ans, c’est un peu tard, même si l’on a passé l'essentiel de sa carrière à la commenter. Pourtant EZ ne lâche rien. Et même si pendant deux semaines les médias l’ont un peu mis de coté, il revient à la charge gonflé à bloc. Comme J-L Mélenchon, lui aussi croit en son troisième tour.
Il va falloir attendre le 12 juin et même peut-être le 19 au soir pour que le petit diablotin qui a semé une belle zizanie dans la campagne électorale présidentielle retourne enfin à son vrai métier, celui de polémiste.
Avoir opté pour Saint-Tropez comme circonscription, c’est plutôt un bon choix. Cela lui donnera l’occasion d’aller rendre visite à Brigitte Bardot qui s’ennuie un peu dans sa propriété de la Madrague. Ils ont beaucoup de sujets sur lesquels ils sont en parfaite harmonie.
Et puis s’il est battu, ce qui semble probable, Zemmour a son rond de serviette dans l’émission "Face à l’info" de Christine Kelly. La vie va pouvoir reprendre comme avant, enfin jusqu’en 2027 bien sûr, où Zemmour pourrait bien remettre le couvert... :)
Rédigé par : Achille | 13 mai 2022 à 08:07
C'est l'oint du soigneur, désormais.
Il mord l'éponge, en boit toutes les ultimes gouttes, de peur qu'il la lui jette au visage.
Il est dans les cordes, mais peut-être pourra-t-il en profiter pour se retendre, se réaccorder avec la dure réalité des lois électorales du moment.
Grâce à Philippe Bilger, on sent la sueur de l'amateur de ballon rond perler sur son front, "le football se joue à onze, le beau jeu simple est le style des Diables Rouges, et à la fin c'est toujours la Belgique qui perd", disait Gary Winston Lineker à Waterloo.
Eric Zemmour, après les avoir essuyés, reconnaîtra toujours ses classiques dans la fumée des batailles.
Se retrouver sur le sable de la plage privée de son premier soutien public est chose terrible, cela fait trop image, il a beau avoir esquivé les blagues pourries que chacun attendait lors de l'annonce de sa candidature à Saint-Trop', le retour du prodigieux enfant sauvage prodigue sur la terre d'élection de sa Brigitte à lui - son thödol, sa Renaissance des présidents tibétains morts pour la France, son Golfe-Juan, l'invasion par un seul homme d'un sol redevenu vierge, doté d'assez d'esprit de reconquête -, a quelque chose de pathétique, au sens sentimental du terme.
Il se voyait le Ferenc Puskás de la politique française, s'imaginait arrêter les scuds tel un Lev Yachine des lucarnes opposées, et voilà que les sportifs en chambre du commentariat politique le placent dans les chaussures d'un Sylvain Kastendeuch, avec les gants de Lloris un jour de boulette.
Les tribunes réservées aux reporters sont remplies de hooligans russes et de Hongrois méchants et partisans, d'accord avec vous, Éric.
Ne pas se donner le pouvoir d'acheter un autre thème que celui de l'immigration - à part celui, fugace, de la réindustrialisation - fut une très mauvaise option.
Comme souvent en France, on feint de comprendre la campagne électorale de n'importe quel vainqueur inattendu à la présidentielle américaine sans en analyser tout des prémisses et des conséquences.
Postériser sa stature (jusqu'à écœurer plus d'un auditeur à chanter les couplets de son ego-histoire, coupante comme une scie à la fin), la jouer fine dans l'exposition de ses motifs, rutiler de toutes ses plumes pour montrer la force décisionnaire qui serait sienne une fois élu, sonoriser un habitus prophétique déjà tonitruant, un brin emphatique, allaient contre les joies simples d'un public qu'il n'avait pas les moyens de viser (celui de ses sociologues pourtant préférés, celui de la construction poétique des prénoms à consonances étrangères ou pas, de la danse country sur les ronds-points, du Loto sportif, des animaux de compagnie, etc.).
Un muet écho des savanes françaises pour lui.
Beaucoup d'introspection conduite en public, une conception élitaire comme une autre, mais aussi le seul candidat qui aura vraiment saisi le cœur de son électorat providentiel, l'aura attrapé à la jugulaire, pour ne pas le lâcher, les votants se considérant avec leur consentement comme mordus, une frange filloniste ici, un morceau RN là, une galette de feuilles de votes à 7 %, à l'exact grammage, sans pertes ni gains devant l'impavide grossière union des droites, sans grain épais, presque idéalement transparente.
Le seul candidat que le réél rétribua à sa juste peine, ce qui n'est en effet pas rien.
Rédigé par : xavier b. masset | 13 mai 2022 à 08:05
Zemmour, pour une première participation a obtenu un score supérieur à LR. La droite divisée a perdu. Et les traîtres ont donné leur suffrage au socialo démagogique qui prône la révolution permanente, la réinvention perpétuelle.
Zemmour était interdit par le CSA alors qu’il n’était même pas candidat !
L’extrême gauche est au pouvoir, les casseurs sont protégés, les squatteurs bénéficient de la mansuétude de la Justice et de la protection des forces de police ! Mais le diable est personnifié sous la forme de Zemmour !
La France est malade.
Rédigé par : Vamonos | 13 mai 2022 à 06:06
"Eric Zemmour n'est plus en odeur de diablerie !"...
Mais il n'est pas pour autant en odeur de sainteté !
"dès la fin de l'été 2021, chaînes de télé et radios ont donné un écho disproportionné aux moindres faits et gestes d'Eric Zemmour". J'admets le terme "écho" mais pourquoi disproportionné" (PB)
Parce que ses gestes et faits étaient disproportionnés, c'était plus qu'un écho c'était le brouhaha original !
Poutine n'a pas seulement réveillé l'OTAN et l'UE, effrayé la Finlande et la Suède en attaquant l'Ukraine, où il compte faire un grand remplacement, dans sa confusion il nous a libérés de son ami Zemmour !
Rédigé par : Claude Luçon | 13 mai 2022 à 01:37
Eric Zemmour parle beaucoup du Peuple. C'est sans doute la raison pour laquelle il a choisi de se présenter dans la quatrième circonscription du Var : Saint-Tropez, Sainte-Maxime, Gogolin, Grimaud...
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 13 mai 2022 à 00:25