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01 mai 2022

Commentaires

duvent

@ Savonarole | 11 mai 2022 à 11:53

C'est une triste chose de savoir que la nature parle et que les hommes n'écoutent pas. (Victor Hugo)

J'ajouterai que c'est une plus triste chose encore, de savoir qu'un homme parle et que les hommes n'écoutent pas...

Céline nous parle, et il me plaît de croire que vous l'écoutez...

Savonarole

@ duvent 10:35

Je vois que vous avez lu Ernest Renan…
“Là où coule le fleuve de l'oubli” (duvent)

“Un immense fleuve d'oubli nous entraîne dans un gouffre sans nom” (Renan, Prière sur l’Acropole)

En tout cas votre commentaire incite à lire ce dernier testament de Céline. Bravo.

duvent

Monsieur Céline, j'ai lu Guerre, il faut que je vous dise...

J'ai commencé, sans me méfier, comme ça, à la mord-moi-l’œil, et j'ai vite compris que ça n'allait pas, pas du tout. J'ai donc éteint mon portable, j'ai fermé à clé mon portail, j'ai tiré les volets, et j'ai plongé...

Vous et moi, c'est quelque chose que les autres ne veulent pas, mais enfin, cela n'a pas tellement d'importance, puisque vous et moi, c'est une histoire pas banale, non, pas ordinaire, pas conforme, pas joli-joli...

D'abord, on m'a interdit de vous lire, ce que j'ai fait en douce, puis on m'a expliqué qui vous étiez, ce qui n'a rien changé, puis on m'a dirigée vers d'autres ce qui a été amusant, puis on m'a oubliée et vous aussi, et voilà que vous revenez d'entre les morts, ça, ça arrive...

On dit beaucoup de choses, on en dit des vraies, des belles, des fausses, des laides, des qui ne servent à rien, des qui salissent en vain...

GUERRE

Ce titre fait mal ! Ce mot, comme une balle, entre bien dans la chair et le sang coule en glougloutant dans le fracas, Guerre, ça pénètre aussi dans les méninges, comme le fil dans le beurre, c'est net, précis et bien propre...

GUERRE, c'est un mot lourd, qu'il faut porter sans geindre pour faire son devoir, pour défendre sa patrie, pour faire connaissance avec la mort, pour danser avec elle, toutes ces nuits et tous ces jours, jusqu'à ce que l'esprit oublie ce que le mot PAIX veut dire, tandis que le corps s'accroche à un souvenir délicieusement fade, fané, presque éteint, et qui vous tient au chaud les douleurs...

Moi, je n'ai connu aucune guerre, je connais celle des images, celle des autres, je ne l'aime pas...

Vous me racontez ces choses que vous avez vues, vécues, senties, partagées, et qui sont inscrites dans votre tête, dans votre chair, dans votre âme, elles m'ont calcinée, et je suis maintenant toute dispersée, toute éparpillée, toute démolie, à moitié morte, sourde, sanguinolente, et remplie d'horreurs...

Je n'ai pas dormi, les trois nuits qui ont suivi cette lecture... Ce n'est pas que je n'en avais pas envie, c'est que je n'y arrivais plus... Et quand je vous dis : « pas dormi », je veux dire que je suis restée éveillée dans une acuité révoltante ! Je ne sais pas si votre but était de me faire perdre le sommeil, mais je l'ai perdu...

Monsieur Céline, là où vous êtes, et avec vos compagnons de misère, là où les femmes qui vous ont consolé ondulent, là où le vent dans les peupliers remue les feuilles d'argent, là où coule le fleuve de l'oubli, là où le bruit a cessé, penchez votre regard azur vers ce bas monde, et voyez-la, la GUERRE, ce jeu atroce dont les hommes ne se lassent pas...

Étrange, admirable Monsieur Céline, témoin sans fard, ami du genre humain, ennemi du genre humain, humain parmi tant d'autres, la douleur et la souffrance se promènent sans relâche sur les champs de bataille, où le sang coule à flot, pour le plaisir de la GUERRE, et les vies s'échappent par les yeux bleus, noirs, pers, les yeux que les femmes ont regardés dans leur profond désespoir !

Quand mon tour viendra, s'il vient, ce qu'à Dieu ne plaise, je penserai à votre GUERRE, comme à celle de Troie...

Pierre Durand

Un de mes événements proustiens

J'avais un copain surdoué, en particulier en latin-grec. Je ne l'ai connu qu'un an, après nos destins se sont séparés.
Il avait demandé à ses parents - son père était un marchand de bestiaux très aisé - de m'inviter une fin de semaine, et j'ai passé deux nuits chez lui. J'ai été très bien reçu et j'ai appris avec plaisir des choses intéressantes sur la viande et le commerce.
Il était plutôt de petite taille et replet. Il avait un visage rond, une fine moustache et des lunettes. Sous sa veste il portait un de ces gilets à boutons, échancrés en triangle à la base qui aujourd'hui font surtout partie de la tenue du marié.

Il était un peu plus de 16:00. Nous étions les deux seuls élèves qui restaient dans une des cours de l'établissement, celle plus petite et un peu à l'écart. La foule bruyante des élèves avait dû se volatiliser, mais élèves des "grandes classes" nous avions le privilège de pouvoir aller et venir plus librement.
Dans ce silence qui nous allait bien, nous arpentions la cour en conversant lorsque nous sommes passés près d'une grille de tout-à-l'égout dont émanaient des odeurs caractéristiques, que mon camarade a qualifiées de "méfitiques". Le mot n'avait rien de nouveau pour moi, mais de manière réflexe je lui ai posé la question : "au fait, méfitique ça vient d'où ?". Il m'a répondu tout en réfléchissant: "...je crois que ça doit venir de méfès" (sauf votre respect).

Je suis immédiatement parti d'un éclat de rire. Une seconde plus tard il faisait de même, le temps de quitter sa réflexion sur l'étymologie du mot et de se rendre compte du gag involontaire. Moi, j'étais dans l'attente de sa réponse, donc ma réaction fut instantanée.
Habitué comme il était à - je prends mes exemples en latin - urbs urbis, humanitas humanitatis, ou dans le même champ lexical pestilens, pestilentis, et en l'absence de certitude il avait songé à un méfès méfitis. Ni le nominatif ni le génitif n'ont existé. J'ai appris bien plus tard que méfitique est d'origine latine, et non pas grecque.

Ce souvenir ne m'a jamais quitté, parce que j'ai régulièrement l'occasion de me le rappeler. Il aurait pu s'estomper puis disparaître, mais je l'ai conservé sans peine car il est un de mes événements proustiens.

Bill Noir

Proust, Céline… le Goncourt, le Renaudot… la grande littérature n'a pas de prix !

Giuseppe

"Guerre" de Céline vient de sortir, il va faire le carton de l'année, c'est évident.
Il existe deux visions de la guerre, celle de la Débâcle et celle de Volodymyr.
Encore un pied de nez des Anglo-Saxons à l'Europe, qui se gargarise de paroles.
Macroner ne fait pas un programme, l'intervenante ukrainienne ne fait pas dans la dentelle quand elle dit que Macron est le faire-valoir de Poutine.
Elle a raison.
Quand on a subi de telles destructions, le maire de Kiev en tête, Vitali Klitschko, ne cédera pas un arpent de son pays. "Céderiez-vous une partie de votre France pour négocier ?..." L'intervenante ne cèdera pas à l'amputation pour faire plaisir à un "boucher", s'alignant sur Biden.
Revenons au Voyage de Céline, dans la collection Folio il est toujours bon de reconnaître le terrain.
Je n'ai pas retenu le nom de ce colonel, mais il était très éclairant, l'amputation est souvent le dernier recours avant une mort certaine.

Bill Noir

Proust, Céline, la Littérature Française du XXe siècle... pour un pays qui n'a pas de culture !

Giuseppe

De tout ce que j'ai pu lire, quel document de lecture emmènerais-je sur une île déserte ? Une seule réponse est admise.

Aliocha

Ha ha ! En réalité, Mary-Axelle se nommerait marquise Renée-Élodie de Cambremer...

Pierre Durand

Voilà ce qu'on écrivait en l'an 62 avant JC :

(Cicéron - Plaidoyer pour le poète grec Archias dont le droit de cité à Rome est contesté, et, à cette occasion, un plaidoyer pour les Lettres)

"On s'étonnera peut-être de m'entendre parler ainsi d'un homme dont les compositions diffèrent de mes travaux, et dont la profession n'est pas celle d'orateur. Mais moi-même, je n'ai pas fait de l'éloquence l'unique objet de mes études : ne sait-on pas que toutes les sciences se tiennent par la main, et ne forment pour ainsi dire qu'une même famille ?"
...

"[6] VI. Vous me demanderez, Gratius, pourquoi Archias m'inspire un si tendre intérêt ? C'est que je trouve dans ses ouvrages de quoi délasser mon esprit fatigué du tumulte des affaires, de quoi reposer mes oreilles importunées des clameurs du barreau. Pensez-vous que nous pussions suffire à cette variété perpétuelle de discussions qui se renouvellent tous les jours à la tribune, si notre esprit n'était cultivé par l'étude, ou qu'il nous fût possible de supporter une application si constante, si nous ne trouvions dans l'instruction un agréable délassement ?

Pour moi, j'avoue que les lettres font le charme de mes loisirs. Ceux-là peuvent en rougir, qui s'ensevelissent dans les livres au point de n'en tirer aucun avantage ni pour l'utilité commune ni pour leur propre gloire. Mais en rougirai-je, Romains, moi qui, depuis tant d'années, me dévoue aux intérêts d'autrui avec un zèle que n'a point arrêté le soin de ma fortune ou de mon repos, que le plaisir n'a pu distraire, que n'a pu ralentir le besoin même du soleil ?

Qui pourrait donc me blâmer, qui pourrait se plaindre avec justice, si le temps que les uns accordent à leurs affaires, à la célébration des fêtes et des jeux, aux distractions de toute espèce, même au repos légitime de l'esprit et du corps ; si ce temps que les autres donnent souvent aux longs festins, aux dés, à la paume, je le consacre, moi, à la culture des sciences ? Ce goût m'est d'autant plus pardonnable, que l'étude sert à fortifier le talent même de la parole, ce talent, médiocre en moi peut-être, mais qui ne m'a jamais manqué dans le péril de mes amis.

En supposant qu'on attache peu de prix à ces avantages, en voici du moins d'une importance incontestable, et je sais dans quelle source je les puise. En effet, si les préceptes de la morale et l'étude des belles-lettres ne m'eussent appris dès ma jeunesse que les seuls biens à désirer dans la vie sont la gloire et la vertu ; que, pour les acquérir, il faut savoir braver tous les tourments, tous les dangers de l'exil, toutes les horreurs de la mort, me serais-je jamais exposé, pour votre salut, à tant de persécutions cruelles, et aux attaques journalières des hommes les plus dépravés ?

Mais tous les livres, toutes les maximes des sages, toute l'Antiquité, nous offrent une foule de nobles exemples qui seraient ensevelis dans les ténèbres, si le flambeau de la littérature ne leur prêtait sa lumière. Combien de portraits des grands hommes les écrivains grecs et latins ne nous ont-ils pas laissés dans leurs ouvrages, moins pour les proposer à notre curiosité qu'à notre émulation ! Quant à moi, dans l'administration de la République, je les avais sans cesse sous les yeux, et la seule idée de ces illustres personnages élevait mon esprit et fortifiait mon âme."

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_archias/lecture/1.htm

Bill Noir

Proust, Céline… avant 14, après 40… tout le vingtième siècle !

Vincent

Magnifique texte de Monsieur Bilger que je ne connaissais pas il y a une heure. Ses mots sont les miens quand je repense à comment ces deux auteurs, il y a longtemps, m'ont bouleversé et changé de l'intérieur. Merci.

Lodi

@ Robert Marchenoir | 02 mai 2022 à 13:17

Comme c'est vrai !

Vamonos

La lecture de Proust m’a toujours donné irrémédiablement envie de dormir, désolé pour les fervents admirateurs de cet écrivain, je suis sûr que je rate quelque chose, j’en conviens.

Céline, c’est autre chose. J’ai une aversion profonde pour l’antisémitisme. Je ne supporte pas les insultes liées à l’appartenance à une religion. C’est au-dessus de mes forces.

La liste des auteurs est quasiment infinie, il faut que je fasse des choix car mon capital de jours à vivre est largement entamé. 30 000 jours s’enfuient vite, surtout les derniers milliers.

Axelle D

@ Claude Luçon | 02 mai 2022 à 15:37

Tout dépend dans quelles conditions l'on s'expatrie.
Quel rapport en effet entre un ingénieur, un technicien ou un fonctionnaire quelconque envoyé à l'étranger par sa firme ou missionné pour une tâche administrative précise et rémunéré bien mieux que s'il était resté en métropole (jouissant en outre d'attaches auxquelles il pourra s'adresser en cas de coup dur) et le particulier qui part à l'aventure en terrain inconnu avec seulement quelques dollars en poche, ne pouvant donc compter que sur personne d'autre que lui-même ?

Michel Deluré

« J'éprouve un respect naturel à l'égard de tous ceux qui n'ont pas eu à choisir entre leur métier ou leur passion » (PB)

Nombreux certainement sont ceux qui auraient effectivement aimé ne pas avoir ce choix à effectuer mais qui, par manque parfois de courage, d'audace, ou plus sûrement par simple crainte ou lucidité de manquer de cette prédisposition innée indispensable à la manifestation du talent, se sont résolus à abandonner la passion au profit du métier.

Reste alors a posteriori le doute pour ceux ayant choisi le métier au détriment de la passion quant à la réponse à apporter à cette question : me serais-je mieux accompli en donnant la priorité à ma passion plutôt qu'à mon métier ?

Claude Luçon

@ Tipaza | 01 mai 2022 à 23:19
@ Serge HIREL | 02 mai 2022 à 10:04

Récemment, Robert Marchenoir a écrit à Lucile : "Les Français qui s'expatrient sont justement différents des autres."
Rien n'est plus vrai, il faut du courage et l'esprit d'aventure, et ils sont surpris de le constater en se l'entendant dire en famille quant ils reviennent ! Du genre "T'as trop vécu avec les Américains, ça s'voit !" Et quand on sait ce que les Français sédentaires pensent des Américains, ce n'est pas une flatterie !

Ou ici-même: "Vous êtes schizophrène, allez voir un neuropsychiatre !"

Mais quand on est parti en 1954, qu'on se souvient des politiciens d'alors et qu'on se trouve confronté ensuite à des Mélenchon, Valls, Hidalgo, Zemmour, Le Pen et autres avec en plus des célébrités médiatiques espagnoles, suisses, libanaises, polonaises, égyptiennes... on en arrive à regretter d'être revenu !
Un grand remplacement monopolisant la communication sur nos médias avant l'autre, celui de Zemmour !
La France est si belle vue de loin, à la télévision ce n'est certainement pas le cas, ce ne sont que larmes et souffrances !

Mais il faut bien que des Français s'expatrient si nous voulons vendre nos produits à l'étranger, y construire des usines, des barrages, des routes, des ponts... des USA à l'Afrique et ailleurs.
Les Rafale ne peuvent pas être notre seule source de revenus à l'exportation, notre savoir-faire technique et scientifique nous rapporterait beaucoup plus si nous avions un ministère du Commerce extérieur digne de ce nom et des vendeurs qui sachent vendre.

Par ailleurs l'avantage de vivre parmi les anglophones est qu'on y apprend le sens de l'humour, chose rare pour ne pas dire inexistante en France !

De plus vous êtes vexants :) vous ne lisez pas toutes mes élucubrations. Car il y a quelques années j'avais suggéré ici que notre Président, François Hollande alors, défie, genre Kennedy et la Lune, défie donc nos scientifiques de casser la molécule de CO2 pour réduire la pollution de l'atmosphère, ce que Boyd Willat donne dans sa liste sous la forme (je suis sérieux de temps à autres !)

*A new ‘game-changing’ carbon capture technology could deliver a step change in our ability to remove carbon dioxide from the air.

à quoi il ajoutait :

*Researchers in Sweden found a promising way to use solar power to convert carbon dioxide into fuel… using ultra-fast laser spectroscopy.

Nous ne pouvons pas nous passer de la radioactivité comme source d'énergie, nous pouvons de la même façon continuer à utiliser le gaz, du CH4, quel que soit son nom : hydrocarbure gazeux, ou "naturel, ou de "schiste", grisou, de ville... en en tirant au moins du carbone, et de l'oxygène, mais aussi de l'hydrogène !

Pierre Durand

La phrase de Proust demande de l'attention. On peut s'y promener comme dans un jardin anglais, mais il faut s'arrêter à chaque embranchement pour bien l'enregistrer.
Les carences les plus bénignes de la mémoire immédiate ne sont souvent que des troubles de l'attention. L'attention demande que l'on prenne le temps, avec l'habitude la mémorisation des embranchements deviendra un réflexe.

Ceux de ma génération qui ont été dressés en rechignant à la grammaire latine, savent aujourd'hui tout ce qu'ils doivent à ces premières années de lycée.

Après avoir étudié les rudiments, nous abordions rapidement ce grand styliste de la simplicité qu'était César, puis plus tard ce grand styliste de la complexité qu'était Cicéron, puis ces grands stylistes de la concision que furent Tacite et Salluste.

Je rappellerai à PB, pour son plaisir, et pour illustrer mon propos, quelques lignes d'une magnifique période (une seule phrase) de son collègue Cicéron, au sujet de leur art. Il convient, en effet, de faire une pause à chaque embranchement !

"Sed ne cui vestrum mirum esse videatur, me in quaestione legitima et in iudicio publico, cum res agatur apud praetorem populi Romani, lectissimum virum, et apud severissimos iudices, tanto conventu hominum ac frequentia hoc uti genere dicendi quod non modo a consuetudine iudiciorum verum etiam a forensi sermone abhorreat, quaeso a vobis ut in hac causa mihi detis hanc veniam accommodatam huic reo, vobis, quem ad modum spero, non molestam, ut me pro summo poeta atque eruditissimo homine dicentem hoc concursu hominum litteratissimorum, hac vestra humanitate, hoc denique praetore exercente iudicium, patiamini de studiis humanitatis ac litterarum paulo loqui liberius, et in eius modi persona quae propter otium ac studium minime in iudiciis periculisque tractata est uti prope novo quodam et inusitato genere dicendi." (Cicero, Pro Archia, 3)

Claggart

Je viens de relire "Casse-pipe", récit de son incorporation au 17ème Cuir du cuirassier Destouches ; illustration tragi-comique de la vie d'un quartier de cavalerie lourde à la veille de la Première Guerre mondiale.

Comique par les personnages, odieux et ridicules, des gradés tels le brigadier Méheu et le "maréchaogi" Rancotte, au langage fleuri :

"La bleusaille à la cadence... le 17ème cuirassier, cavalerie lourde... j'encule la légère... tous les jours ! Au manège comme en campagne ! Les miches en avant ! Le qui se monte sur les couilles je le passe au falot"

Tragique car quelques années plus tard la cavalerie lourde se fera massacrer par le mitrailleuses allemandes ; le cuirassier Destouches perdra son cheval, et piquera celui d'un officier anglais qui avait abandonné sa monture pour se soulager !

Sûr que je préfère cette littérature plutôt que l'ennuyeux Proust !

Patrice Charoulet

Proust ou Céline ?

La littérature française est vaste. Deux manuels de français excellents, le Lagarde et Michard et le Castex et Surer, indiquaient aux lycéens très utilement les plus grands auteurs français
Sans prétendre à l'originalité, je souscris aux choix opérés par ces deux manuels. Par siècle, des dizaines d'immenses écrivains à lire.

J'ai toujours été surpris par le culte rendu à Céline par certains, si on veut le comparer à ses confrères du même siècle. Le recours à l'argot est certes amusant, l'emploi du français oral peut séduire. Dans beaucoup de livres après les deux plus connus, "Voyage au bout de la nuit" et "Mort à crédit", l'abus perpétuel des trois points est lassant. Et bien sûr les tonnes d'insultes racistes ont de quoi rebuter.
S'il fallait proposer une hiérarchie des écrivains français, du point de vue de l'art littéraire comme du point de vue de l'excellence de la langue française, j'aurais bien du mal à mettre Céline au sommet.

J'ai lu les sept tomes de « La Recherche » in extenso, quand j'étais étudiant, au cours d'un assez long alitement. Je ne l'ai jamais relu. Trop long !

Aimant le français clair et court, je préfère à ce romancier, capable parfois de faire une phrase qui occupe toute une page !, les auteurs de maximes La Rochefoucauld, La Bruyère, Vauvenargues, Rivarol, Chamfort*, Joubert, Cioran.

J'y ajoute tous les auteurs clairs et courts : Retz, Molière, La Fontaine, Voltaire, Montesquieu, Stendhal...

En ayant avant tout le souci de la langue française, je tiens à attirer l'attention sur un fait qui pourrait surprendre. Le Littré (« la loi et les prophètes » d'après mon prof de fac vénéré, grand lafontainien) contient certes des milliers de citations de Molière, Corneille, Racine, Voltaire, Montesquieu... mais aussi, alors que Littré était un athée déterminé, une foule de citations des plus grands orateurs sacrés français : Bossuet, Fénelon, Fléchier, Bourdaloue, Massillon... Pourquoi ? Parce qu'il considérait, avec un jugement très sûr, que ces auteurs avaient écrit des phrases qui devaient servir de modèles. Littré a bien eu raison. Je ne suis pas sûr qu'un Littré actuel accorderait une grande place aux phrases d'un Céline.

*On lira avec profit la biographie de Chamfort signée par Jean-Baptiste Bilger, prof de prépa, aux éditions du Cerf.

Robert Marchenoir

@ Pierre Durand | 02 mai 2022 à 10:21
"Combien de grandes œuvres littéraires un homme a-t-il le temps de lire dans sa vie ? Et une femme ? Très peu. Trop peu. C'est désespérant."

Mais non. Prenez les choses dans l'autre sens : nous ne manquerons jamais de livres importants à lire. N'est-ce pas une merveilleuse certitude ?

C'est vrai pour la littérature, mais c'est vrai aussi pour le savoir.

Pierre Durand

Combien de grandes oeuvres littéraires un homme a-t-il le temps de lire dans sa vie ? Et une femme ?

Très peu. Trop peu. C'est désespérant. Sans compter qu'arrivé à un certain âge on a plus de plaisir à relire qu'à lire.

Les gens qui ont du temps savent bien que c'est le vrai luxe d'une vie et que le "pouvoir d'achat" n'est qu'une expression obscène.

Le temps est, bien entendu, au centre de l'oeuvre de Proust.
La "recherche du temps perdu" - c'est une évidence pour tous - c'est tout simplement l'appel aux souvenirs.
Proust "évoque", c'est-à-dire rappelle les voix de deux sociétés de son temps (1871-1922): la sienne, une société bourgeoise de province, sa famille, et une autre qu'il a été amené à côtoyer, la société aristocratique du faubourg Saint-Germain à Paris. Ses voisins de Combray (les Swann et les Guermantes) sont le lien entre ces deux sociétés.
Il ne les décrit pas comme le ferait un historien ou un sociologue. Il ne retient que ce qui a été une expérience, un traumatisme souvent, pour lui-même.
Et "le temps retrouvé", c'est tout aussi simplement la découverte que de ces expériences et ces traumatismes est née une oeuvre, et qu'elle a donné un sens à sa vie.

C'est pourquoi on peut en effet concevoir qu'on ouvre une page au hasard, on tombera sur une expérience parmi les autres, mais à condition de ne pas perdre de vue le projet qui donne son sens à ce qu'on lit.

Ce que le lecteur a entre les mains, va à son tour, comme une expérience, contribuer à donner un sens à sa propre vie.
Mais il y a tant d'autres possibilités d'expériences littéraires qu'on en a le vertige.

Et pendant ce temps les Verts s'allient à Mélenchon.

Serge HIREL

@ Claude Luçon | 01 mai 2022 à 21:58

Un seul constat à tirer de votre insolence envers la francophonie : pour certains, l’herbe est toujours plus verte dans le pré voisin que dans le leur. Rien ne vous interdit d’aller vous ébattre ailleurs.

À noter toutefois que, là aussi, les œuvres des « gratte-papier » sont éternelles et abouties dès leur création, quand les inventions des scientifiques ne sont toujours que provisoirement le dernier maillon d’une chaîne qui relie l’homme au progrès matériel, lequel, par nature, ne peut atteindre son ultime stade.

Le scientifique est voué à l’oubli. Qui, en utilisant son portable, se souvient de Graham Bell ? Qui, en navigant sur Internet, se souvient de Vint Cerf ? Qui, en faisant le plein, se souvient d’Edwin Drake ?

En revanche, Platon, Ronsard, Molière, Hugo, Péguy, Proust, Céline... et des centaines d’autres intellectuels - écrivains, philosophes ou artistes - sont et resteront à tout jamais dans la mémoire de l’humanité. Deux intelligences, deux destinées...

Lodi

En fait, normalement, la science et la conscience vont ensemble. D'abord, pour chercher la vérité, il faut rejeter préjugés, mollesse, approbation des pairs. La vérité, il faut se marier avec !

Et si dans un couple, on peut décider que chacun peut aller voir ailleurs, ni la vérité, ni son amant ne doivent s'écarter l'un de l'autre dans la grande quête de la nature du monde.
Bien sûr, on a la droit de dire bonjour à des gens qu'on n'aime pas spécialement, même quand on est cash et non cash-cash, il faut se fixer des limites !

De plus, la science éclaire les choix moraux. Ainsi, ce qu'on fait aux victimes ne s'efface pas :

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-enfants-maltraites-gardent-des-connexions-neuronales-alterees_116800

Décortiquer le monde sauve. L'Homme a pris des outils plus puissants que les autres bêtes, donné des coups aux cadavres d'animaux et extrait moelle et cerveau de sorte que mieux nourri, il a développé le sien.
En décortiquant les mécanismes du monde, il se propose de lutter contre le vieillissement.

https://www.tf1info.fr/sciences-et-innovation/des-scientifiques-auraient-reussi-a-inverser-le-processus-de-vieillissement-de-cellules-humaines-en-laboratoire-2095690.html

Dans ces deux cas, la vérité, c'est la vie.

Cela veut-il dire que la science nous dispense de l'art ? Pas du tout, les deux sont des quêtes de vérité, et l'art assume si ce n'est la solution des problèmes, leur expression la plus belle.
Purgation, consolation, harmonie. Prométhée délivre les Hommes, Apollon les élève à la contemplation du monde.

Achille

Concernant Céline, j’ai lu "Voyage au bout de la nuit". J’ai apprécié l’histoire, le style de l’auteur bien plus fluide que celui de Proust. Mais vu le battage fait autour de ce roman, par les "critiques autorisés", j’avoue que j’ai été un peu déçu.
Bref le Voyage est un bon roman sans plus. Mais pas de quoi grimper aux rideaux.

Bill Noir

Proust, Céline… les grand-mères !

Tipaza

@ Claude Luçon | 01 mai 2022 à 21:58
"...l'obsession de ne parler que de Proust et Céline, quand ce n'est pas Camus, Onfray, Houellebecq... et autres gratte-papier..."

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (Rabelais)
Vous poussez le bouchon un peu trop loin.
Traiter les auteurs que vous citez de "gratte-papier" ne vous honore pas.

Lodi

Céline a fait des Juifs ses boucs émissaires, alors qu'il décrit bien ce processus dans le cas du passager civil mal vu par les militaires, entre autres, dans Voyage au bout de la nuit.

"Je ressentis en entendant ces mots un immense soulagement. J’avais redouté quelque mise à mort imparable, mais ils m’offraient, puisqu’il parlait, le capitaine, une manière de leur échapper. Je me ruai vers
cette aubaine.
Toute possibilité de lâcheté devient une magnifique
espérance à qui s’y connaît. C’est mon avis. Il ne faut
jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l’étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d’une persécution dont on est l’objet. Y échapper
suffit au sage.
« Capitaine ! lui répondis-je avec toute la voix convaincue dont j’étais capable dans le moment, quelle extraordinaire erreur vous alliez commettre ! Vous ! Moi !
Comment me prêter à moi, les sentiments d’une semblable perfidie ? C’est trop d’injustice en vérité ! J’en ferais capitaine une maladie ! Comment ? Moi hier encore défenseur de notre chère patrie ! Moi, dont le sang s’est
mêlé au vôtre pendant des années au cours d’inoubliables batailles ! De quelle injustice alliez-vous m’accabler
capitaine ! »"

Chez lui, il semble que l'effort des personnages pour survire à la guerre, à la misère et au reste, disloque les phrases.

Chez Proust, il me semble au contraire que l'effort de faire revivre le passé les étend sans cesse, dans des ramifications de significations et d'images poétiques.
Le lecteur est sollicité pour faire quelque effort dans les deux cas. Je ne sais pas pourquoi, on parle du désir chez Proust, de l'homosexualité et de la longueur des phrases et de la psychologie, et pas du fait que son écriture est merveilleusement poétique. On peut le dire ! Quelle différence avec des poèmes qui riment moins avec les sonorités qu'avec l'ennui.

Comme le dit Kardaillac, pas besoin de rechercher, en lisant la Recherche, tout est parfait.
Alors que citer pour donner envie de le lire à ceux qui en aurait été rebuté dans, tiens, À l'ombre des jeunes filles en fleurs ?

"Parfois l’océan emplissait presque toute ma fenêtre, surélevée qu’elle était par une bande de ciel bordée en haut seulement d’une ligne qui était du même bleu que celui de la mer, mais qu’à cause de cela je croyais être la mer encore et ne devant sa couleur différente qu’à un effet d’éclairage. Un autre jour la mer n’était peinte que dans la partie basse de la fenêtre dont tout le reste était rempli de tant de nuages poussés les uns contre les autres par bandes horizontales, que les carreaux avaient l’air, par une préméditation ou une spécialité de l’artiste, de présenter une « étude de nuages », cependant que les différentes vitrines de la bibliothèque montrant des nuages semblables mais dans une autre partie de l’horizon et diversement colorés par la lumière, paraissaient offrir comme la répétition, chère à certains maîtres contemporains, d’un seul et même effet, pris toujours à des heures différentes, mais qui maintenant avec l’immobilité de l’art pouvaient être tous vus ensemble dans une même pièce, exécutés au pastel et mis sous verre."

Donner envie... Mais si on n'a pas envie, mieux vaut lire autre chose, regarder un bon film ou... regarder les nuages.

Aliocha

Proust c'est comme Macron, c'est ennuyeux comme la vérité.
Céline ne dit pas autre chose sur le génie qui a su être l'évangéliste d'après la mort des dieux :

"Ça fausse un peu le jugement qu'on peut avoir sur Proust, ces histoires pédérastiques, cette affaire de bains-douches, mais ces enculages de garçon de bain, tout ça, c'est des banalités... Mais il en sort que le bonhomme était doué... Extraordinairement doué... Ah oui, doué, doué, quand y voit ces gens qu'ont si changé, là... Et d'ailleurs, je crois qu'il a un peu piqué ça dans George Sand... George Sand, dans ses souvenirs, raconte qu'elle a vu les gens d'Ancien Régime... Vous avez lu ?... (...) Elle raconte... Elle dit : j'ai vu la jeunesse dorée qui faisait horreur... Parce que elle, elle était jeune fille, et elle voyait ces gens d'Ancien Régime, y z'avaient des manières à eux qu'étaient tellement spéciales qu'elle les voyait comme des vieux tableaux, pleins de grimaces... Y n'pouvaient rien faire... Quand y s'offraient une chaise, c'était tout une grimace (...) Y mettaient leur perruque dans leur gilet, puis enfin, ils faisaient tout un tas de trucs extravagants de procédure qui la remplissaient d'horreur, parce qu'elle allait au-devant de la vie, n'est-ce pas ? Et les gens croient qu'il a dû lire ça... Je ne dis pas que c'est ça qu'il a fait, mais enfin son très puissant tableau de la vieillesse prenant les gens et les faisant grimacer, ça, c'est un peu similaire... (...) Proust est un grand écrivain, c'est le dernier... C'est le grand écrivain de notre génération, quoi...

J.D : Avec vous...

L-F.C : Ah, non, non, c'est un tort... Y faisait autrement, lui...

J.D : Bien sûr...

L-F.C : Il avait pas beaucoup de style, d'ailleurs... Il était malade... Il était pas...

J.D : Si différents que puissent être vos styles et vos oeuvres, vous dites quelque part que la vraie défaite, c'est d'oublier.

L-F.C : Euh... Oui... Oui... Oui... C'est ça, oui... Mais Proust était maniaque, c'est -à-dire que, au fond, il était pas bien dans la vie... C'est l'histoire de tous les gens qui écrivent... C'est qu'y sont pas bien dans la vie... Quand vous jouissez de la vie, pourquoi la transformeriez-vous, hein ?... C'est ça qu'on se demande... Faut déjà être détraqué, hein ! (...)

J.D : On écrit par compensation...

L-F.C : Oh oui, uniquement, certainement, oui... On s'en rend pas compte...

J.D : Pour retrouver un équilibre ...

L-F.C : Certainement... C'est une maladie... C'est un signe de maladie (...) Si vous êtes dans la vie... vous êtes avocat... vous êtes médecin... vous êtes... député, ce que vous voudrez... Vous prenez des plaisirs dans la vie... Tandis que, quand vous vous amusez à raconter des histoires, c'est que vous fuyez la vie, n'est-ce pas, que vous la transposez... "

https://proustien.over-blog.com/pages/Ils_ont_dit_de_Proust_ou_de_son_oeuvre-943118.html

Kardaillac

J'ai toujours eu un Proust en chevet dans un coin.
Dans un moment de baisse de pression, je m'en saisis, plante deux ongles dans la gouttière et j'ouvre la page, n'importe quelle page, que je lis avec ravissement pour le pur plaisir du texte.
Il est le seul auteur que je connaisse qui puisse être lu "en vrac". C'est ça le vrai génie littéraire.

Claude Luçon

Puisque nous sommes le 1er-Mai, jour de manifestation, j'en profite pour manifester contre l'obsession de ne parler que de Proust et Céline, quand ce n'est pas Camus, Onfray, Houellebecq... et autres gratte-papier, quand ce n'est pas d'une ex-Miss France ou présentatrice TV mal élevée...

Je manifeste en faveur des scientifiques qu'on snobe ici, je manifeste, en anglais, pour montrer ce que l'on trouve sur des blogs outre-Atlantique, là où l'optimisme n'est pas un défaut et où la science fait la fortune du pays !

From Boyd Willat
Just a few of many incredible achievements in the first 50 days of the year.
The world is far from perfect, but we shouldn’t forget that about 90% of all scientists that ever lived are alive today.
Never before have we had so many people whose sole purpose of work is to better understand how the world works.
2022 is shaping up to be a remarkable year in science and technology :

We’re just 50 days into 2022, and already…

* Nuclear fusion saw another major breakthrough… a ‘huge step’ in the quest for clean energy.

* A woman was cured of HIV through a breakthrough stem cell treatment.

* MIT engineers created an ‘impossible’ new material… stronger than steel but as light as plastic.

* An international team of scientists used supercomputers to unlock a ‘giant leap’ in the fight against antibiotic resistance.

*A new ‘game-changing’ carbon capture technology could deliver a step change in our ability to remove carbon dioxide from the air.

* Researchers set a new Guinness World Record for fastest-ever DNA sequencing technique… using it to sequence a human genome in just 5 hours and 2 minutes.

* A new breakthrough in spinal cord implant ‘could potentially allow paralysed people to walk again’.

* A ground-breaking new technology regrew a frog’s lost leg… and it might work on humans too.

* Surgeons completed the first-ever heart transplant with a genetically-modified animal heart… saving the life of a 57-year-old and taking a big step towards helping solve the global donor organ shortage.

* Biodegradable surgical tape has been invented… making some intestinal fixes as easy as ‘duct tape around leaky pipes’.

* James Webb, the awe-inspiring $10 billion space telescope 25 years in the making, took its first images… a huge scientific milestone.

*An autonomous drone carrying a defibrillator saved the life of a 71-year-old having a heart attack… a first in medical history.

*Researchers in Sweden found a promising way to use solar power to convert carbon dioxide into fuel… using ultra-fast laser spectroscopy.

SOURCE :
Willat, Boyd I. born on June 16, 1943 in Los Angeles, California, United States.
Bachelor, University San Jose, California, 1968. Postgraduate, University of California at Los Angeles, 1986.
Boyd I. Willat has been listed as a noteworthy inventor, designer by Marquis Who's Who
Member Binding Industry of America, Alpha Tau Omega, Alpha Kappa Psi
The NEW BIA, formerly the Binding Industries Association, a special interest group of Printing Industries of America, offering a broad range of value-added services allowing members to become more competitive and profitable.
The needs of the industry have changed. The fresh look of the NEW BIA reflects the refocus of the organization’s efforts to provide members with unparalleled networking opportunities, the latest information on technologies changing the industry, and educational resources to support and grow your business.

Achille

Excellente initiative Philippe Bilger, d’avoir, le temps d’un billet, oublié la politique. S’il pouvait y en avoir d’autres qui suivent, ce serait parfait.
Franchement Marcel Proust n’est pas ma tasse de thé. J’ai lu "La Prisonnière" il y a bien longtemps et je me suis forcé pour aller au bout.
N’étant pas un littéraire, sans doute ne suis-je pas sensible à la subtilité de son écriture. Mais si j’en juge pas le nombre d’admirateurs de cet écrivain, celle-ci n’est pas surfaite.

En ce qui me concerne, mes préférences en matière de littérature sont destinées aux auteurs suivants :
Victor Hugo, Honoré de Balzac, Émile Zola, Guy de Maupassant, Marcel Pagnol, Albert Camus auxquels je rajouterai Frédéric Dard dans un tout autre registre.
Bref rien de vraiment original, c'est vrai !

genau

Tiens, tiens, comme c'est étrange. À chacun son parcours, moins dense que la prose exhaustive de notre hôte.
Pour moi, je n'osais pas aborder Proust: élève des jésuites, ces grands castrateurs de la beauté et experts en dialectique, pensez, on n'étudiait Aristote que par accident, le docteur angélique lui damant le pion comme si l'enseigné tançait le maître, je mettais sur cet auteur tous les péchés du monde que nous étions censés conquérir.

Et puis, l'illumination: La prisonnière, lu en parallèle avec La fille aux yeux d'or (Balzac). Un éclair: une dévoration, puis dans un temps court, le Voyage, et Mort à crédit.
Fini, je ne penserai jamais plus comme avant, j'avais 17 ans.

Ces lectures miraculeusement groupées m'ont ouvert les portes des univers où on effleure les extrémités de l'esprit ou des moeurs. En revanche Bagatelles est tombé de mes mains car il faut franchir deux échelons de décryptage en passant par les litanies éructantes que je n'ai pas supportées.
Expériences d'adolescent mûrissant, renouvelées dans le calme à l'âge adulte, mais dans le contexte d'un esprit rebelle, toujours indécis, droite ou gauche ? trouvant dans ces assomptions le goût de penser comme on n'écrit pas. Autrement dit, d'avoir une pensée ennuyeuse.

On ne peut pas se calquer sur un de ces auteurs maudits. Encensés par des thuriféraires empanachés ou défendus par des remparts de marbre blanc, on oscille.
Il y a des passerelles presque vertueuses: Albert Paraz, truculent polémiste, grand ami du Dr Destouches, Léautaud, grinçant sur les appas du Fléau, de connivence sarcastique avec Benda, pourtant ennemi de clan, amoureux pouilleux mais poudré de Marie Dormoy, tous ces gens sont un syncrétisme de la difficulté d'être.

Dans la même rivière, au cours soudain lisse, nageotent des révolutionnaires, des idolâtres d'une idée nationale obligatoirement partagée, mais eux font problème et forcent l'esprit à se renier plusieurs fois, ils vous dressent, pour peu que vous les lisiez avec trouble. Léautaud vers 1935 parlant du Proust comme d'un fouillis, ce qui est étrange, banalement c'est un labyrinthe.
"L'approbation des siècles et des millénaires n'est pas l'approbation du moment, n'est pas la vile approbation de la masse ravie à bon marché", ainsi Hermann Broch dans la Mort de Virgile.
Mille excuses pour ce déballage et merci pour votre sonate à quatre temps, cher hôte, qui nous a délivrés des scories politiques (au fait, qui a été élu ?????).

Pierre Durand

À chacun son expérience de Céline et de Proust. La mienne n'a rien de particulièrement intéressant mais j'en dis quelques mots simplement parce qu'elle est différente, et que je lirai avec curiosité le récit d'autres expériences particulières sur ces deux auteurs.

J'ai entendu parlé de Céline au tout début des années 60 par un collègue qui avait pour particularité d'appartenir à l'extrême gauche libertaire (il attendait chaque publication de sa revue Socialisme ou Barbarie) et d'être violemment antisémite. Ils avaient ça en commun. Donc un drôle de coco. Il me rebattait (clin d'oeil pour initiés) les oreilles avec "Bagatelles pour un massacre", et "D'un château l'autre".

À cette époque Céline, à juste titre, était un auteur qu'on ne devait pas lire. Un peu comme "Le Deuxième sexe" dans les lycées de jeunes filles.

J'ai quand même feuilleté "Le Voyage" comme disent d'autres initiés. J'ai été étonné d'y retrouver une élaboration littéraire d'un parler que je produisais naturellement. L'atmosphère morbide m'a vite fait refermer le livre.
Je suis tombé ces jours derniers sur les pages de "Guerre" dont vous parlez, avec Céline en képi. Comme dans mon bon vieux temps, j'ai sauté. Il y a des habitudes qui ne se perdent pas.

Mon premier contact avec Proust remonte à la même époque. Ce fut par les abondants "Morceaux choisis de Proust" de Dominique Fernandez. Plus tard j'en ai lu davantage.

Le grand projet de bandes dessinées de Stéphane Heuet, commencé en 1998 (!) dont 7 volumes sont déjà lentement parus, est une intéressante curiosité qui suscite un débat. Les gardiens du temple de l'oeuvre de Proust ont plutôt approuvé, des universitaires ont crié au sacrilège. Il serait dommage de laisser croire qu'elles pourraient remplacer la lecture de l'oeuvre, même pour les personnes qui veulent seulement en parler dans les dîners, mais elles en facilitent l'entrée, en particulier si l'on a déjà été rebuté par sa lecture.

PB évoque les monographies sur la Recherche. Elles ne sont pas à mettre entre toutes les mains, simplement parce que le risque qu'elles en tombent est très grand.
Il est plus facile et plus efficace pour un non spécialiste de lire l'opuscule que la collection Profil d'une oeuvre lui consacre, et/ou l'analyse de l'oeuvre dans la collection "Les guides Pocket Classiques", pour quelques euros.

Proust a renouvelé l'art du roman. La Recherche est si originale qu'aucune des tentatives de la porter à l'écran n'a convaincu jusqu'ici. On attend toujours. À quand une série de Netflix ? Cela me paraît le format idéal pour tenter de relever ce défi.

La lecture de Proust m'apporte un plaisir esthétique, la version audio meuble mes insomnies, mais elle ne me guide pas.

Jérôme

Cher hôte, Proust, je n'ai pas réussi plus de deux pages. C'est d'un ennui.
Lors d'une Heure des pros, je réentends Pascal Praud et l'ensemble de ses invités dire : Proust qu'est-ce que c'est chia*t, mais il faut l'avoir lu.
Une forme de coquetterie en somme.

Axelle D

Imagine-t-on Bardamu grimé en dandy de salon à la recherche du temps perdu ?

Tipaza

"La littérature des maîtres ne remplace pas la spontanéité et la liberté de nos propres existences. Elle nous fait gagner du temps en révélant, avant ou après, parfois trop tard, ce que l'opacité des jours a été susceptible de nous masquer." (PB)

Comment voulez-vous faire un commentaire après deux phrases pareilles.
Il ne reste plus qu'à prendre la position du lotus et faire zazen.

En principe Pentecôte devait arriver le 5 juin, j'ai l'impression que le vent Paraclet est en avance !

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