Un documentaire passionnant, le 29 juillet : "Joe Dassin : le roman de sa vie" de Pascal Forneri sur France 3 avec les interventions, pour compléter les propos du chanteur, de Maryse sa première épouse, de Jacques Ourevitch, de Pierre Delanoë et de Claude Lemesle.
Et ce soir d'un été français, tout est revenu, tout m'est revenu.
Réglons une fois pour toutes le faux problème d'un intérêt, d'une curiosité qui ne devraient pas s'attacher à cet artiste parce que ce serait puéril, plus de mon âge. Joe Dassin (JD) a répondu par avance à cette critique condescendante quand une femme lui a demandé pourquoi, avec son bagage intellectuel, les paroles de ses chansons n'avaient pas un meilleur niveau. Sans être vexé le moins du monde, il a répliqué que pour lui l'accessibilité, la simplicité d'une chanson étaient prioritaires, qu'il détestait "l'obscurantisme" et que ce qu'il chantait correspondait exactement à ses désirs d'artiste. Je reprends pour mon compte cette réflexion.
Cette conception de son art explique aussi pourquoi, avec une modestie lucide, JD a toujours refusé, quoi qu'en pense le citoyen qu'il était, de s'engager dans le domaine politique en profitant de l'aura de son succès. Cette vision aurait dû servir d'exemple à beaucoup enivrés par une influence qu'ils ne méritaient pas d'avoir.
J'ai bien conscience que mon envie irrésistible de regarder ce documentaire tenait non seulement à mon goût des mélodies composées par JD et à l'allant de ses chansons, mais davantage à une nostalgie qui faisait ressurgir les moments de grâce, de bonheur, toute une part de jeunesse et d'existence accordée à ces oeuvres à la fois sans prétention mais pourtant décisives pour l'humeur et la sensibilité.
JD était un artiste extrêmement intelligent - ce n'est pas fréquent - qui initialement ne voulait pas devenir chanteur. Cette intelligence a continué à se manifester dans la manière précise, rigoureuse, impeccable dont il a organisé sa vie de chanteur puis de vedette. Rien n'était laissé au hasard et comme il n'avait pas de dons naturels, par exemple pour la danse et la scène, il a travaillé plus que tout autre pour devenir remarquable dans ces domaines.
Le destin de JD ouvre un large champ pour la réflexion aussi bien artistique qu'humaine.
D'abord cette constante qu'on retrouve dans le parcours de pratiquement toutes les stars, quel qu'ait été leur genre. Leur carrière a décollé parce qu'au moment où elles ne doutaient pas forcément mais avaient du mal à franchir le mur qui les séparait de la reconnaissance et de la célébrité, elles ont rencontré une personnalité qui a su les orienter, les éclairer sur leur véritable nature. Pour JD, ce fut Jacques Plait, producteur et directeur artistique. Les Beatles ont eu Brian Epstein et on peut dire qu'avec Jacques Plait, JD a compris quel artiste il devait être.
Ensuite le rôle capital, pour le meilleur ou pour le pire, des femmes dans la vie d'une célébrité ou d'un groupe mythique. La première épouse de JD, Maryse Grimaldi, qu'il rencontra en 1963, épousa en 1966 et dont il divorça en 1977, sut à la fois l'aimer et le rassurer, le stabiliser sans l'étouffer, aider l'artiste et rendre longtemps heureux l'homme. Et ce n'était pas chose facile avec cet angoissé, passant d'instants dépressifs à des moments de vrai délire, avec cette psychologie et cet esprit critique toujours prompts à se dénigrer même au comble de la gloire du chanteur.
Pour le pire également. De même, pour en revenir aux Beatles, que la relation amoureuse et étouffante de John Lennon avec Yoko Ono constitua le premier grain de sable dans l'entente jusque-là exemplaire d'un quatuor indépassable, la rencontre de JD en 1976 avec une étudiante, Christine Delvaux, fut le début d'une dérive - alcool et surtout drogue - qui, malgré la naissance de deux enfants en 1978 et en 1980 (dont la garde lui fut confiée lors de la procédure de divorce toujours en instance à sa mort) ne fut sans doute pas sans incidence sur sa mort d'un infarctus, à Papeete en 1980, à l'âge de 42 ans.
Cette seconde partie de son existence fut au moins partiellement un désastre dans lequel, il est vrai, il a mis du sien.
Hélas trop tard, juste avant sa mort, il avait commencé à se ressaisir et à reprendre possession de son existence, nous dit Claude Lemesle.
Il y a trop d'exemples, dans un certain nombre de destinées, de l'influence bienfaisante ou non des changements dans les histoires amoureuses pour que je sois obligé d'insister. On ne change pas d'amour sans conséquences. Une femme qu'on quitte, une femme qu'on rencontre, c'est souvent un monde qui s'efface, un autre qui naît et se développe dans une joie durable ou alors avec des ombres de plus en plus pesantes.
Le paradoxe est que JD a connu cette métamorphose de son être, le débordement de sa nature - malgré Maryse - à cause du formidable et incroyable succès de l'Eté indien, en 1975, qui est devenu le tube de l'été, ce dont le chanteur rêvait. L'afflux de gloire et d'argent en résultant a déséquilibré le cours d'une existence à peu près maîtrisée jusque-là. Christine Delvaux est arrivée dans cet entre-deux.
Pourtant, que de mélodies demeurées dans les têtes et les coeurs avant : les Champs-Elysées, Salut, Siffler sur la colline, À toi, L'Amérique, On s'est aimé comme on se quitte, Il était une fois nous deux, Dans les yeux d'Emilie, Et si tu n'existais pas, notamment...
On comprendra aisément pourquoi ce documentaire a suscité chez moi un triple sentiment.
Une admiration pour le talent du compositeur, de l'interprète et de l'artiste si merveilleusement à l'unisson avec les attentes populaires.
Une tristesse pour cette histoire humaine qui me touche parce qu'elle satisfait ma passion authentique et morbide pour les triomphes suivis de déclins, pour les sommets précédant les chutes. Ces violents contrastes sont souvent ce qui nourrit et sublime les grandes oeuvres de l'art universel.
Et ma conviction renforcée que Jean-Jacques Goldman a été et est une personnalité exceptionnelle, comme je l'ai toujours dit et écrit, parce qu'il a su résister à tous les poisons de la célébrité et tenir haut le défi d'une normalité battant en brèche les vulgarités et dérèglements quasiment fatals pour beaucoup de célébrités dépassées par elles-mêmes.
@ bernard | 22 août 2022 à 10:31
Excellent le medley !
Rédigé par : Axelle D | 22 août 2022 à 13:06
Plus de trois siècles d'accords "magiques".
I V vi iii IV I IV V
https://www.youtube.com/watch?v=JvNQLJ1_HQ0&ab_channel=VoicesofMusic
https://youtu.be/Pum3ee2Hyrc
https://www.youtube.com/watch?v=KnOddKxXLKs&ab_channel=FrankCotty
Je me demande maintenant si Pachelbel a copié sur quelqu'un.
Rédigé par : bernard | 22 août 2022 à 10:31
@ Patrice Charoulet | 17 août 2022 à 15:37
Vous avez omis de mentionner qu'Alain Souchon est l'auteur compositeur et interprète de Foule sentimentale.
Rédigé par : Axelle D | 17 août 2022 à 17:08
@ bernard | 06 août 2022 à 18:23
Ce n'est pas ce que vous cherchiez mais j'aime bien cette version du poème de Verlaine chantée et accompagnée à la guitare avec quatre accords faciles à suivre sur le manche et quelques arpèges :
https://youtu.be/IiKadCwvfIM
Rédigé par : Axelle D | 17 août 2022 à 17:01
Oh la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités d'choses
Qui donnent envie d'autres choses
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires car
[Refrain]
Foule sentimentale
On a soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
Il se dégage
De ces cartons d'emballage
Des gens lavés, hors d'usage
Et tristes et sans aucun avantage
On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend - faut pas déconner - dès qu'on est né
Pour des cons alors qu'on est
[Refrain]
Foule sentimentale
Avec soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
On nous Claudia Schiffer
On nous Paul-Loup Sulitzer
Ah le mal qu'on peut nous faire
Et qui ravagea la moukère
Du ciel dévale
Un désir qui nous emballe
Pour demain nos enfants pâles
Un mieux, un rêve, un cheval
[Refrain]
Foule sentimentale
On a soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
Foule sentimentale (la vie en rose)
On a soif d'idéal (le rose qu'on nous propose)
Attirée par les étoiles, les voiles (d'avoir les quantités d'choses)
Que des choses pas commerciales (qui donnent envie d'autres choses)
Foule sentimentale (on nous fait croire)
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
Foule sentimentale (On nous Claudia Schiffer)
On a soif d'idéal (On nous Paul-Loup Sulitzer)
Attirée par les étoiles, les voiles (Ah le mal qu'on peut nous faire)
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle.
(Alain Souchon)
Rédigé par : Patrice Charoulet | 17 août 2022 à 15:37
« Dans le grand compotier à cinq accords de la variété contemporaine »
Grand oui.
Compotier un peu trop péjoratif, je préfère marmite ou chaudron.
Cinq accords ? plutôt quatre.
Contemporaine ? Mozart et Bach ont bien usé avant Dassin et Cie de cette progression d’accords magiques appelée maintenant « 50s progression » (des années 50).
Do Sol Lam Fa
ou Re La Sim Sol ou Mi Si Do#m La
etc. etc.
suivant la tonalité que l’on se choisit.
Cette magie ne fonctionne pas à tous les coups évidemment car ce qui attire dans une chanson ce n’est pas seulement la progression harmonique, ou le nombre d’accords utilisés, mais le texte, le rythme, la mélodie, et bien d’autres facteurs que je savais mais que j’ai oubliés depuis le jour où j’ai rangé ma guitare qui me faisait soudain si mal aux doigts.
« Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les fill's en tomb'nt à mes g'noux »
Ma guitare.
Au début j’en ai chanté des chansons à un accord, il y en a de si belles et on me félicitait sans songer que les doigts de ma main gauche ne bougeaient pas sur le manche.
Puis je suis passé à deux accords, puis à trois, puis à quatre, les fameux magiques soi-disant si tubesques.
Puis à 5, 6, 7 etc. etc.
Tiens chantez donc « Le vieux Léon » de Brassens et vous verrez si c’est de la musique toujours pareille comme le disent certains.
Bien sûr j’ai chanté du Dassin, quels bons souvenirs, tous ces copains et ces copines qui donnaient de la voix tous en choeur avec moi, les soirs d’hiver ou les soirs d’été.
En ce moment, depuis ce post de P. Bilger, je cherche en vain les noms des accords du canon à trois ou quatre voix de « Ô bruit doux de la pluie ».
Y en a-t-il un seul ou un sur chaque note ? Si vous le savez ?
Viens, pluie viens !
Elle m’a dit d'aller siffler là-haut sur la colline, de l'attendre avec un petit bouquet d'églantines
J'ai cueilli les fleurs et j'ai sifflé tant que j'ai pu j'ai attendu attendu elle n'est jamais venue.
Elle viendra !
Rédigé par : bernard | 06 août 2022 à 18:23
Je remarque encore une fois que la musique n'adoucit pas les mœurs, témoin le ton qu'a pris la controverse pour savoir quel compositeur mérite la palme. C'est le spectacle qui apaise souvent les mœurs, mais pas toujours, voir certains spectateurs au foot.
Mettre en transe permettre la contemplation de la beauté 1, cela peut arriver... Mais la musique ne protège certainement pas plus ses amateurs en dehors du moment précis de sa pratique ou de l'écoute que n’importe quelle autre pratique.
Seule la purgation compte !
Peu importe avec quoi elle est faite : tout peut apaiser, et je pense que l'art est plus étendu qu'on ne l'avoue, ainsi, la tauromachie peut être un art. D'un autre côté, le silence ou les bruits de la nature peuvent apaiser.
Je pense que l'élévation du spectateur à la plus grande participation à une oeuvre musicale est favorisée par des effets dramatiques, de même que le drame, par exemple cinématographique, est favorisé 2 par la musique.
Art total :
https://www.youtube.com/watch?v=O1f8ooxNJGU
1 Ou favoriser l'état mental désiré, comme la concentration...
2 On compte beaucoup de "peut" et "favoriser" dans le texte, mais l'effet d'un art varie selon la personne, le lieu, et l'âge du capitaine.
Rédigé par : Lodi | 06 août 2022 à 07:17
La machine à baffes reprend du service, les dames à bout d'argument sont ravies.
La mondanité est un infantilisme et chacun au salon révolutionnaire expose son vice, le débat ne sait plus que se réduire à l'insulte et à l'invective, Poutine a un boulevard devant lui et Mélenchon est chinois.
Vive la démocratie !
Allez, un peu de poésie pour savoir se dégager des codes de la mode pour toucher juste ceux qui ont encore en ce merdier un peu de cœur et de lucidité :
https://www.youtube.com/watch?v=uV-4kz4IFNg&t=72s
Rédigé par : Aliocha | 06 août 2022 à 06:46
@ Savonarole
Variations pour une porte et un soupir ? Oui, je connais. Il se situe sur le double album "Messe pour le temps présent". Celui où figure aussi Psyché Rock de Pierre Henry. Beaucoup plus écoutable. Et passé à la postérité.
Conclusion:
1. Pierre Henry, en 1963, invente la musique électronique en enregistrant tout et n'importe quoi, comme des grincements de porte, pour, justement créer un genre nouveau qui s'appelle désormais la musique électronique.
Vous pouvez vous faire plaisir avec "le voyage fluide et mobilité d'un Larsen" aussi, tant que vous y êtes. Car c'est justement comme cela que la musique électronique est née en 1962. En 1996, Joshua Paul Davis sort Endtroducing. La preuve que Pierre Henry avait bel et bien raison dans son approche, 34 ans avant. Ne vous en déplaise. Et depuis, oui, la musique électronique a gagné ses lettres de noblesse avec des créations tout à fait honorables.
2. Psyché Rock est depuis devenu un classique entre les mains de Fatboy Slim. La preuve que ce que faisait Pierre Henry avait une véritable valeur en terme de composition musicale. Car la valeur de la créativité se juge en large partie à l'empreinte qu'elle laisse: sa progéniture et postérité.
Donc, oui, Pierre Henry est un génie intemporel. Même si ses voyages de larsens et ses concertos de portes grinçantes n'ont plus qu'un intérêt historique et culturel et non plus musical. Mais oui, cela demeure la racine et source de la musique électronique contemporaine, et il convient d'être reconnaissant envers Pierre Henry pour avoir ainsi fait progresser les capacités musicales et culturelles de l'humanité.
Jean-Michel Jarre: "Pierre Henry est le grand-père absolu des tous les DJ dans le monde. À titre personnel, c'est évidemment une disparition qui me touche beaucoup, puisque cela a été un des mes mentors, un de mes professeurs, avec Pierre Schaeffer. Si je suis là aujourd'hui, c'est grâce à lui: c'est le premier qui, au fond, a dit, avec Pierre Schaeffer, que la musique n'était pas seulement faite de notes, fondée sur le solfège, mais était faite de sons, et qu'on pouvait sortir dehors, avec un micro, et aller enregistrer le bruit de la pluie, le bruit du vent, et en faire de la musique. Le bruit d'une porte, c'est encore de la musique."
Le temps a donné raison à Pierre Henry.
Pierre Henry ? Immense respect.
Vous n'arrivez même pas à apprécier vos propres génies nationaux. Triste. Vous vous retrouveriez en face de Leonard de Vinci, vous vous paierez sa poire en ridiculisant ses machines volantes inutilisables et impraticables. Pierre Henry est le Vinci de la musique électronique: il a imaginé la concrétisation de l'inimaginable. Et il a eu raison.
Rédigé par : F68.10 | 06 août 2022 à 01:31
@ Savonarole | 05 août 2022 à 23:41
Excellent !
Rédigé par : Axelle D | 06 août 2022 à 00:00
@ F68.10 | 04 août 2022 à 00:56
Vous préférez Pierre Henry à Pierre Boulez, je vous comprends, car je n’avais jamais entendu un tel pétomane succomber à une crise d’aérophagie, écoutez-moi ça.
Un tel concert explique nombre de vos interventions sur ce blog. Le pet interminable.
https://www.youtube.com/watch?v=CM9uOyNI_pg
Rédigé par : Savonarole | 05 août 2022 à 23:41
@ Savonarole | 02 août 2022 à 18:09
Merci Savonarole pour ce lien et d'être présent sur ce blog.
Rédigé par : anne-marie marson | 05 août 2022 à 17:59
@ Savonarole
Comparer Estas Tonne avec Pierre Boulez ? Non. Vous êtes idiot. Cela n'a pas grand chose à voir.
Je préfère mille fois du Pierre Henry à du Pierre Boulez, voyez-vous. Le fait que certains de ses morceaux aient été repris par des gens comme Fatboy Slim montre bien que Pierre Henry fut non seulement indéniablement novateur mais aussi un compositeur qui vaut quand même quelque chose: la valeur de l'art et de la création se juge à la progéniture qu'elle laisse dans son sillage. Pierre Henry laisse Fatboy Slim derrière lui. Si vous jugez cela aussi sinistre que Pierre Boulez, c'est simplement que vous êtes en décalage avec des goûts pourtant assez mainstream (qui ne sont pas ou plus les miens).
Cela, oui, avec le temps, et l'âge, j'écoute de plus en plus d'instrumental pur (pli que j'ai probablement pris depuis ma première écoute, gamin, du concert de Cologne de Keith Jarrett) et généralement du assez peu nerveux. Qualifiez cela de sinistre si vous le voulez: cela vous permet simplement de mettre en forme votre détestation, qui se manifeste entre autres par votre référence décalée à l'Ukraine dans une telle discussion.
Je vous laisse retourner écouter Booba. Au moins, on ne pourra pas dire que c'est du Boulez...
Je préférerai toujours mille fois une réelle culture musicale ancrée dans la société comme en Irlande que la soupe qu'on fait passer pour de la musique en France.
Le but de mon commentaire précédent était d'insister sur le fait qu'Internet casse, à l'heure actuelle, les genres. Et que nous ne sommes pas du tout dans une régression en terme de créativité musicale, ce qui était en partie le propos de Giuseppe. Par contre, oui, la production musicale française qui arrive dans les circuits commerciaux est souvent assez décevante et pas vraiment au niveau: notre tropisme des chansons à texte tend à mon sens à dissimuler que nous avons des artistes quand même sympathiques dans le domaine instrumental. Nul doute que vous les jugeriez sinistres. Pour deux raisons essentielles: 1. vous ne pouvez pas me sentir depuis un petit bout de temps 2. c'est pratique de comparer n'importe quoi d'instrumental à du Pierre Boulez pour bien faire sentir que vous ne pouvez pas me sentir.
Ce qui ne me trouble pas beaucoup, je vous l'avoue. Et je n'ai aucun complexe à défendre un primat de l'instrumental sur le texte dans la définition de ce qui mérite le nom de musique.
Rédigé par : F68.10 | 04 août 2022 à 00:56
@ F68.10 | 03 août 2022 à 00:31
Vous avez des goûts sinistres, Pierre Boulez devrait vous convenir, je l’imagine composer un opéra métallique sur la destruction de l’Ukraine.
Rédigé par : Savonarole | 03 août 2022 à 22:03
@ Giuseppe
"Un grand pianiste de jazz peut jouer du classique, l'inverse n'étant pas toujours vrai."
Ils arrivent à jouer parfois n'importe quoi.
Je vous conseille donc sans réserve le polonais jazz Leszek Możdżer. Vous pouvez vous faire plaisir avec une reprise à quatre pianos de "Enjoy the Silence" de Dépêche Mode, parfois un peu brouillonne, mais très agréable. Ou ce scandale qu'est sa reprise de "Smells like Teen Spirit" de Nirvana au piano et en pizzicato de violoncelle. Ou ce duo de piano assez expérimental de Możdżer et Gloria Campaner qui se lancent des regards de complicité musicale presque si cochons que c'en est émouvant.
Ces gens-là arrivent vraiment à jouer comme Mike Dawes, n'importe quoi, n'importe comment.
"Une fois de plus, la musique de tous ces yéyés locaux de France n'aurait jamais eu autant de copistes si les réseaux sociaux avaient existé. La création à l'époque aurait été plus fructueuse et sans aucun doute de plus grande qualité."
Internet change en effet la donne. J'étais très fan de musique, jeune. Toujours un peu. Internet a vraiment éclaté les genres. Même dans le classique, on voit apparaître du néoclassique comme avec Roberto Terreiro Prado. Tout le monde n'aime pas, mais c'est indéniable qu'Internet casse les genres. Vous voulez du "Beat It" de Michael Jackson en bossa nova aerée et lounge ? Vous l'avez...
Il faut maintenant que le droit d'auteur s'adapte. Il n'est plus adapté, ni pour les consommateurs, ni pour les producteurs. Le fait qu'il n'y ait pas de fair use en droit français (hormis une pathétique exception au droit d'auteur au motif de la citation) est un frein à l'exploitation sociétale de la créativité qu'Internet permet de faire émerger. Que ce soit le label Gondwana Records ou la chaîne YouTube The Art of Listening, franchement, je prends tout...
Cela dit, les gens ont toujours écouté de la daube et continueront à écouter de la daube. Internet ne changera pas cela. Internet permet par contre aux gens qui savent se faire plaisir de vraiment se faire plaisir. Même si les algos tournent un peu en boucle.
Mais bon, je ne crache pas non plus sur les vieilleries. Mais il n'y a simplement pas de retour en arrière possible face aux mutations modernes du son: à chaque fois, on retrouve un truc encore plus dingue qu'avant dans les génériques de fin des séries Netflix... C'est sans fin.
Ce qui est par contre réjouissant, c'est qu'Internet a revivifié l'instrumental pur de manière marquée. Comme avec Estas Tonne, à la guitare et 97 millions de vues en jouant dans la rue. Jamais la radio n'aurait pu permettre cela. Même Couleur 3, qui était bien la meilleure radio musicale captable en France à la fin du 20e siècle. Ce qui prouve que les gens ne veulent pas écouter que de la daube. Booba, qui est une insulte à la musique, ne caracole en effet comparativement qu'à 106 millions de vue...
Rédigé par : F68.10 | 03 août 2022 à 00:31
Une fois de plus, la musique de tous ces yéyés locaux de France n'aurait jamais eu autant de copistes si les réseaux sociaux avaient existé.
La création à l'époque aurait été plus fructueuse et sans aucun doute de plus grande qualité.
Avec la Libération on découvre le jazz et ses monuments, des musiciens hors normes, instrumentistes protée, nous en étions resté à Mozart et Lully, en soi c'est une époque, mais un grand pianiste de jazz peut jouer du classique, l'inverse n'étant pas toujours vrai. Et puis c'était un élan nouveau, je ne vais pas réécrire l'histoire.
Un copiste est vite dévoilé, danser le twist et BB dépoussiéraient tout, on changeait de vie, on sortait le maillot de bain deux pièces, alors Dassin ou les autres c'était gentillet, le ciel, le Solex, le soleil, et la mer... C'était neuf, allongés sur le sable, la guerre était loin.
Rédigé par : Giuseppe | 02 août 2022 à 21:18
@ anne-marie marson | 02 août 2022 à 12:52
« Champs-Élysées »
Cette chanson de Dassin n’est qu’une copie.
Voici l’original:
https://www.youtube.com/watch?v=aKYUrxWRLHk
Rédigé par : Savonarole | 02 août 2022 à 18:09
En stage d'italien à Florence pendant plusieurs semaines, un enseignant avait demandé aux Français du groupe de trouver une chanson en français pour accompagner les trajets en car.
Quelqu'un avait choisi "Les Champs-Elysées" de Jo Dassin.
« Les Champs-Elysées » est la chanson la plus braillée et massacrée du répertoire de Jo Dassin. Dommage pour Jo Dassin dont certaines mélodies gagnent à être connues. Et puis vu ce que sont devenus les Champs-Elysées, c’est une chanson obsolète qui ne pourrait pas être réécrite.
Jo Dassin ne fait pas partie des chanteurs dont j'achèterais une compilation, mais heureusement, je ne l'ai jamais entendu dire que les Français était racistes, fascistes, antisémites, comme l'ont fait tant d'artistes, une fois qu'ils ont eu les moyens de rejoindre l'Amérique grâce aux billets achetés par les Français. Jo Dassin avait fait le voyage inverse.
Pour JJ. Goldman, la normalité c'est de vivre hors de France. Pour échapper au lynchage médiatique ?
De même le lynchage médiatique de PPDA, dont je n’ai jamais regardé un JT, mais dont on voit à profusion les photos dans les journaux people. Du temps de sa splendeur, toutes les femmes étaient amoureuses de lui, il en a profité. Maintenant avec #MeToo, elles l’accusent de viol. Je ne défends pas PPDA, mais pour les médias il faut faire croire que justice est rendue quand on dénonce.
De même faut-il parler de complicité matrimoniale entre Anne Sinclair et DSK, et TF1, entre Olivier Duhamel et les Kouchner, dont la reine Christine, et A2 ?
Rédigé par : anne-marie marson | 02 août 2022 à 12:52
@ Axelle D | 01 août 2022 à 21:09
"...ces genres musicaux font désormais partie intégrante de nos classiques ainsi que du patrimoine mondial de la musique."
Admettons.
Mais est-ce une raison pour nous imposer ce genre à tout propos ?
Rédigé par : Exilé | 02 août 2022 à 09:07
@ Michelle D-LEROY
Vous oubliez le scandale absolu de la nomination d'Agnès Buzyn à la Cour des comptes !! Ne manque-t-on pas de médecins à l'Hôpital ?
Rédigé par : Myrto | 02 août 2022 à 08:49
@ Exilé
La routine rythmique telle qu'illustrée dans "Champs-Elysées" un tube célèbre de JD, ou d'autres partitions interprétées sur des rythmes binaires (rock, pop) ou ternaires (blues) venus d'outre-Atlantique, dans lesquels d'illustres musiciens et chanteurs se sont illustrés depuis l'après-guerre, y compris chez nous, je ne vois vraiment pas en quoi ces artistes auraient démérité bien au contraire dès lors que ces genres musicaux font désormais partie intégrante de nos classiques ainsi que du patrimoine mondial de la musique.
Rédigé par : Axelle D | 01 août 2022 à 21:09
Joe Dassin: une époque désormais révolue, ayant cédé la place à des rythmes binaires stressants étrangers à notre culture, associés pour plus de pénibilité à des hurlements, à des borborygmes et à des vagissements de toute sorte tonitruants.
Rédigé par : Exilé | 01 août 2022 à 18:49
Mir geht es ganz genau, mon cher monsieur.
Obscur au sens dassinien, puisque Joe n'était pas pour accueillir dans ses chansons des références précieuses ou rares, "pour faire distingué", ni adepte du name dropping réservé à une certaine population pourvue d'un grand capital culturel ou symbolique, comme c'est rappelé par P.B. dans le billet.
Seul Dassin pouvait ce permettre cet écart, impeccablement introduit et chanté.
Prenez la Grande Sophie qui essaye de faire rayonner aujourd'hui le beau personnage humain de Maria Yudina, grande pianiste n'ayant peur de rien sous Staline.
Pas gagné pour Maria, les hit parades ont disparu.
Les aquarelles de paysages de Marie Laurencin, un peu à la Redon, sont agréables, zen en diable, bien que je pense que le côté pierrot lunaire des portraits - comme s'ils furent peints sur Mars avec les ocres rouges du coin - charment les Japonais en tout premier lieu.
Si Wilhelm Uhde, le marchand qui découvrit Séraphine à Senlis, dit du bien d'elle, qui serais-je pour le contredire ?
La bande à Roché, oui, hum, c'est Marcel Duchamp et Gertrude Stein qui en parlèrent le mieux, la grande catastrophe du transfert de l'École de Paris à NYC n'est pas due au hasard.
Laurencin n'a jamais pu franchir l'Atlantique, au contraire de Suzanne Valadon et Sonia Delaunay, son été indien elle le passa du côté d'Ermenonville dans la "Vallée des peaux rouges", subtile attraction des années soixante dans les murs de laquelle Dassin tourna le scopitone des "Dalton".
Sur ses liaisons amoureuses, encore une fois, d'accord avec vous, elle défricha, comme Colette et Cocteau.
Oscar Wilde se contenta, en 1900, d'être défriché, et déchiffré d'ailleurs, pour le bien commun.
Rédigé par : xavier b. masset | 01 août 2022 à 17:17
@ Giuseppe | 01 août 2022 à 10:17
Peu à peu les ex-ministres sont reclassés, soit en création de postes (Blanquer) soit par le jeu des chaises musicales.
C'est ainsi qu'Amélie de Montchalin (ex-LR) pourrait être nommée ambassadrice de France à Londres ou à Madrid, un poste très en vue, sans avoir jamais exercé de fonctions dans la diplomatie, qu'Emmanuelle Wargon devrait être nommée à la Commission de régulation de l'Energie après avoir travaillé ferme sur la fermeture de Fessenheim alors qu'elle était ministre du Logement (comprenne qui pourra) et que Mme Parly devrait rejoindre le Conseil d'administration d'Air France, sachant qu'elle a flingué la partie fret d'Air France pendant qu'elle y occupait la présidence d'Air France Cargo, avant de rejoindre la SNCF pour un salaire exorbitant, etc. etc.
Et encore il faut nous satisfaire du fait que toutes ces mutations ne sont pas liées à des conflits d'intérêt, ce qui parfois n'est pas si évident.
Il paraît normal que des hauts fonctionnaires rejoignent un grand corps d'Etat, ce pourquoi ils sont formés, je m'étonne toutefois de voir un médecin endosser un poste de comptable ou un administratif devenir au pied levé un diplomate. Sans doute ai-je l'esprit déformé.
Si ce genre de "recasage" a toujours existé, il faut dire que là, ça déborde ouvertement et sans complexes... le Président, bravache, attend qu'on vienne le chercher !
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 01 août 2022 à 17:13
Nullissime en matière de variétés, incapable de comprendre l'exhaussement de ces distractions au niveau de "fait de civilisation", je n'ai aucune qualité pour parler de M. Dassin, sauf qu'effectivement, fils de Jules, de bonne formation, il a laissé quelques airs intéressants dans le grand compotier à cinq accords de la variété contemporaine.
Quant à la vie privée de ces gens-là, au rebours de beaucoup, il me semble que ce voyeurisme, souvent recherché par ses victimes, met les curieux à un niveau regrettable de journalisme.
En revanche, ou plutôt de plus fort, car il n'y a pas de polémique en vue, je n'ai pas compris de xavier b. masset le qualificatif "obscure" apposé sur Marie Laurencin dont le cours de la vie est difficile à suivre mais qui a un intérêt en raison seulement des courants qu'elle a aidé à défricher ou des modes de communauté de vie qu'elle a affranchis du regard réactionnaire.
Simple interrogation.
En ce qui concerne les addictions de tous ces gens-là, ils font ce qu'ils veulent, en vivent ou en meurent, et qu'on déplore ou condamne ou approuve, cela est toujours aussi vide.
Rédigé par : genau | 01 août 2022 à 14:09
J'ai cru m'étrangler ce matin !
Je sifflais tranquillement sous ma douche - https://youtu.be/zN57ut5c4no après ma partie de manivelles - quand stupeur !
En France on adore les nuls... Et en plus on les récompense... Je suis écoeuré... Comme l'a dit Charles Consigny, qu'elle aille bosser à l'hôpital qui en a tant besoin... La gamelle à plus de 9 000 € a sans doute plus de saveur.
Avec des exemples pareils, vous voulez aller au front comme le font les Ukrainiens pour ces politiques qui vivent le c*l dans la graisse comme on dit chez nous ?!
Trop c'est trop. J'ai honte, ils me font honte, je ne voterai plus jamais.
"De retour en France, Agnès Buzyn va siéger à la Cour des comptes"
https://www.liberation.fr/politique/de-retour-en-france-agnes-buzyn-va-sieger-a-la-cour-des-comptes-20220730_Y7AGL4EAOFFODCAT3KC3AVKKGI/
Rédigé par : Giuseppe | 01 août 2022 à 10:17
Je pense que s’il était encore parmi nous, Joe Dassin ferait un remake de sa chanson "Les Dalton". Il lui suffirait pour cela de s’inspirer de J-L Mélenchon dans le rôle de Jo (le petit chef caractériel) et Manuel Bompard dans celui d’Averell.
Rédigé par : Achille | 31 juillet 2022 à 20:45
Il avait une belle voix, qui descendait bas dans les tons graves, sans effort et avec naturel. Mes petites-filles américaines connaissent "Aux Champs-Elysées", "Les petits pains au chocolat" et quelques autres chansons de lui par cœur. Quand on met un CD de lui dans la voiture, en voyage, elles s'animent et chantent en même temps. Il donnait et donne encore envie de chanter à tout le monde.
Rédigé par : Lucile | 31 juillet 2022 à 20:19
@ Patrice Charoulet | 31 juillet 2022 à 08:45
S’il fallait exiger de nos chanteurs qu’ils soient buveurs d’eau, hétérosexuels, mangeurs de merlans, possesseurs de tous les Littré et autres dictionnaires, non fumeurs, adeptes des ornières de la légitimité, monogames et bien-pensants, il ne resterait plus grand-chose de la chanson française… ni du répertoire mondial.
Rédigé par : sbriglia | 31 juillet 2022 à 18:58
Un très beau documentaire doublé d'un beau et nostalgique billet de Philippe Bilger.
Joe Dassin était un artiste qui ne cherchait pas à influencer les autres en s'érigeant en donneur de leçons perpétuel et encore moins à les écraser par son savoir et son érudition. Quel bonheur que ce genre d'artiste, bien trop rares aujourd'hui.
"Ses chansons faisaient du bien à l'humeur". Un moment pour se retourner sur notre jeunesse, l'insouciance des années 70/80 et aussi pour comparer cette époque légère et pleine de promesses, une époque où les minorités ne faisaient pas les gendarmes à notre époque de plus en plus étouffante et sentencieuse.
En regardant ce documentaire, j'ai été particulièrement frappée par le fait que les familles d'artistes disparus ont cette chance de pouvoir regarder encore et encore leur cher disparu dans toute sa pétulance, au travers d'enregistrements ou parfois de films qui leur rappellent sa voix, ses tics, sa présence, bref sa vie.
Joe Dassin était un être tourmenté, sa carrière, ses divorces, la garde de ses enfants l'ont conduit à user de drogues et d'alcool, comme beaucoup d'artistes écorchés vifs. Mais je sais aussi qu'il avait un souffle au coeur ignoré ou occulté et que cela suffisait à le conduire à la crise cardiaque irrémédiable.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 31 juillet 2022 à 18:32
Tout petits à l'école
À la place de crayons ils avaient des limes,
En guise de cravates des cordes de lin.
Ne vous étonnez pas, si leur tout premier crime
Fut d'avoir fait mourir leur maman de chagrin.
Tagada, tagada, voilà les Dalton !
Rédigé par : F68.10 | 31 juillet 2022 à 14:51
Nous sommes dans un nombrilisme, toujours le même, des chanteurs du passé typiquement franco-français dont la réputation usurpée était souvent liée à la (déplorable) copie dont l'original venait des USA.
Qui a écouté Chuck Berry, Bo Diddley, Little Richard, Bill Haley, Eddie Cochran et les autres, Jerry Lee Lewis, Elvis Presley...? À l'époque naissante des Jôôôhnny et consorts, on comprenait vite qu'on nous vendait du recuit, pour les jeune Français de l'époque qui portaient leur premier Levi Strauss (j'y tiens) qu'un parent leur rapportait d'Amérique.
Par fainéantise on se contentait de "mâchouillages" locaux plus ou moins (très mal) adaptés.
Comme excuse, on quittait le monde de Tino Rossi et de ses geignardes ou mielleuses interprétation, pour une libération de style et de vie qui venait inspirée d'ailleurs, mondiale aussi.
Les Beatles et les Rolling Stones ont copié aussi:
https://youtu.be/ve9UFWdrzvs
https://youtu.be/6ROwVrF0Ceg
À trois heures de locomotive on ne connaît pas nos locaux, mais ce n'est grave, l'essentiel pour les curieux était d'aller voir au-delà des copistes.
Rédigé par : Giuseppe | 31 juillet 2022 à 14:29
@ PB
Vous parlez de la vie et des oeuvres d'un chanteur-compositeur en langue française dont j'ai entendu par hasard les grands succès à la radio en fond sonore mais qui n'a jamais suscité chez moi d'intérêt particulier, et encore moins pour sa biographie.
L'écoute de chansons n'occupe pas une grande part de mon temps.
J'aime beaucoup toutes les chansons de Brassens, Brel et Trenet.
J'aime assez Pierre Perret, Aznavour et Gainsbourg.
J'aime quelques chansons de Françoise Hardy, Souchon, Eddy Mitchell et Léo Ferré.
Et je n'aime pas du tout Hallyday, Claude François, Sardou, Renaud, Barbara.
Allez savoir pourquoi. Des goûts et des couleurs...
Rédigé par : Pierre Durand | 31 juillet 2022 à 14:27
Il n'alla pas jusqu'à refuser l'allusion aux aquarelles diaphanes d'une obscure Marie Laurencin, qu'il fit connaître à des millions de Français le temps de l'été 75, peintre qui devint "big in Japan" grâce à lui.
Sa chanson "L'Amérique" est un tour de force de transposition, lui-même était un parfait New-Yorkais, woody allénien dans l'âme, chaque auditeur savait qu'il se mettait dans la peau d'un Européen, sa peau à lui, admirateur de la NASA de l'époque, par exemple, des westerns, amoureux de la saga des Kennedy.
La Yellow River originale de Jeff Christie, un garçon de Leeds grand amateur de l'histoire de la guerre de Sécession, traduisait aussi cet amour des plus belles chansons de The Band, de Presley, Cochran, Lynyrd Skynyrd et Creedence Clearwater Revival.
La France devait s'adapter au monde nouveau, global, le village de la musique populaire suivit la tendance, vinrent les "adaptations" d'Aufray and Co.
Pas vilaines d'ailleurs.
Delanoë enfonçait peut-être un coin dans la doxa progressiste du moment, une façon de contester son magistère à la CGT anti-américaine par principe, une protestation voilée envers un certain milieu politique bi-partisan, conquérant, très vocal, jusqu'à l'Élysée.
Un moyen indirect de protester, plus doux que l'envoi de Michel Sardou et ses fameux "Ricains", de retourner aussi à son avantage l'image du protest singer habituel et historique bien installé dans ses dénonciations confortables.
Les cégétistes avouant écouter toute l'œuvre de Sardou sur cassette dans leurs meetings, pendant leurs piquets de grève, lorsqu'ils ne perturbaient pas carrément les concerts de l'artiste.
Du velours dans la voix qui nous donna du bien.
Je pense que tous ceux qui sont montés à bord d'un taxi moscovite (honnête ou pas) savent ce que ses "Champs-Élysées" (juste après "Les Misérables" d'Hugo) firent pour le retentissement de la culture française en Russie, comme disaient feux les techniciens du Quai, même si, c'est vrai, Savonarole a raison, seuls les pays francophones ou francophiles furent touchés par ces mélopées originales ou retravaillées.
On parle d'Ono, de mademoiselle Delvaux, mais Melina, la Mercouri, c'était quelque chose, de l'ouzo de contrebande.
Elle manque, des femmes comme ça, à la mâle voix, on n'en fait plus.
Rédigé par : xavier b. masset | 31 juillet 2022 à 14:17
« Les Champs-Elysées, Salut, Siffler sur la colline, À toi, L'Amérique, On s'est aimé comme on se quitte, Il était une fois nous deux, Dans les yeux d'Emilie, Et si tu n'existais pas, notamment... »
Et la bande à Bonnot alors, évoquant la montée de la criminalité consubstantielle à la conduite de voitures à pétrole ?
Rédigé par : Exilé | 31 juillet 2022 à 13:41
Comme vous j'ai beaucoup aimé ce documentaire émouvant et extrêmement bien fait... Il me semble avoir aperçu dans le générique que la productrice était Rachel Kahn... bravo à elle !
Rédigé par : Myrto | 31 juillet 2022 à 13:23
La superficialité du monde que l'on a inventé après la Seconde Guerre mondiale... en s'inspirant malheureusement beaucoup des États-Unis d'Amérique.
Rédigé par : philabeille | 31 juillet 2022 à 11:34
Joe Dassin a eu le mérite de garder son patronyme de naissance à une époque où nos têtes de gondole se faisaient appeler Dick Rivers, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, des noms invraisemblables et introuvables dans le bottin Yellow Pages des États-Unis (quoique j’ai dénombré 11 Eddy Mitchell aux States pour 400 millions d’habitants ; pour les deux autres je n’ai pas cherché dans les noms de cirques ambulants américains).
Mais Joe Dassin était un chanteur élégant doté d’une belle voix, avec une orchestration remarquable ; ses plus grands succès sont des adaptations américaines, on se pince pour trouver dans son répertoire une chanson de lui-même qui ait dépassé nos frontières. Contrairement à Claude François, Gilbert Bécaud, Jacques Brel dont quelques chansons ont été reprises par Sinatra, Elvis Presley et bien d’autres pointures américaines.
C’était la mode de l’époque, pomper le répertoire américain.
Voyez le tableau de chasse d’Eddy Mitchell, c’est assez hallucinant…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_chansons_d%27Eddy_Mitchell_adaptées_d%27une_chanson_étrangère
Rédigé par : Savonarole | 31 juillet 2022 à 11:10
Moi aussi j’étais un fan de Joe Dassin. Il était grand, il était beau, intelligent, cultivé et élégant dans son costume blanc immaculé.
Il possédait des qualités que l’on retrouve rarement dans le monde du show-business plus enclin à s'apitoyer sur la misère du monde alors qu'ils se retrouvent tous dans les palaces 5* et les restaurants huppés.
Mourir à 42 ans quand on est doté de toutes ses qualités, quel gâchis !
Rédigé par : Achille | 31 juillet 2022 à 09:14
Cher Philippe,
Je ne commenterai pas votre texte sur un chanteur quelconque et que je n'ai jamais apprécié.
Trois mots retiennent mon attention "drogue et alcool". Je n'y souscris pas, car les deux principales drogues sont l'alcool et le tabac. Ce sont celles qui tuent le plus. Je désapprouve, il va sans dire, la consommation de cannabis, de cocaïne, de morphine et le reste.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 31 juillet 2022 à 08:45
Si certains se droguent, c'est qu'ils en recherchent les effets.
Mais alors, pourquoi n'entendons-nous jamais un mot sur ce point, et de plus sans que personne ne s'en étonne ?
La réponse est simple : parce qu'ils tendent à l'extase - stricto sensu séparation de l'âme et du corps - et qu'il est de raison d'État athée que l'âme n'existe pas (ou plutôt, ne soit pas).
Et comme on peut raisonnablement penser que la civilisation commence avec la suite des prises de plantes hallucinogènes, les imbibés des valeeeeeurs de la ripoublique ne comprennent rien à rien.
Allez Macron roi de Bayonne, allez Macron roi des couillons.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 31 juillet 2022 à 07:45
Ethnologue de formation, Joe Dassin chercha un débouché professionnel. Ne voulant pas entrer dans le corps des enseignants, il choisit une voie artistique.
Les textes de ses chansons dégoulinent d’amour, de bonheurs simples et d’empathie. Il y a aussi de la nostalgie et des problématiques impossibles à résoudre mais tout cela reste dans le registre et le contexte de la variété des années 1970.
Sa génération a essayé de briser la fatalité qui considère que l’amour est une chose sale. Il suffit pour s’en convaincre de vérifier les noms savants dont sont affublés les organes génitaux, les nerfs et artères qui les stimulent et irriguent. Tout n’est que répulsion et honte. A contrario, Joe Dassin, John Lennon et d’autres vedettes ont choisi l’émancipation de leur corps et de leur âme.
Les femmes asiatiques en général et Yoko Ono en particulier ont une approche différente, l’amour est aussi naturel que la nourriture ou la respiration. Femme passionnée, sa responsabilité n’est pas avérée dans la dissolution des Beatles. D’autres faits sont au moins aussi importants, la famille de la femme de Paul avait construit un carcan juridique qui rendait le destin du groupe incertain.
John et Joe sont partis trop jeunes en pleine gloire, il reste leurs chansons. Un dimanche qui commence avec un petit pain au chocolat, c’est du bonheur qui s’installe avec entre les oreilles une ritournelle qui rappelle les chants yiddish.
Rédigé par : Vamonos | 31 juillet 2022 à 04:40