Le crime passionnel est un genre criminel qui a toujours eu beaucoup de succès auprès des Français parce qu'ils y trouvent de quoi susciter leur indignation et stimuler, en même temps, leurs émotions.
Pourtant je ne suis pas sûr que le crime passionnel existe véritablement si on veut bien le définir par un meurtre ou un assassinat causé par le seul amour de la victime.
Alors qu'en réalité le ressort fondamental en est l'amour de soi, la douleur d'être abandonné, l'humiliation d'être méprisé.
Dans le magazine du Parisien, un remarquable article de Vincent Gautronneau a projeté un sombre éclairage sur Jérôme Gaillard qui, dans des circonstances ayant impliqué des tiers, a assassiné, au mois de février 2021, Magali Blandin en proférant dans le cabinet du juge d'instruction cette phrase terrifiante d'égoïsme et de vérité crue : "J'aimais profondément ma femme. Le seul moyen de garder Magali, c'était de prendre sa vie".
Étrange destin d’ailleurs, et signifiant, que celui de ce mis en examen s’ėtant par la suite suicidė en prison.
J'entends bien que par facilité on pourrait me rétorquer que tout crime, sortant de la froide catégorie des vols à main armée et des transgressions motivées par le seul lucre, est irrigué par la passion et que son auteur est forcément détaché de lui-même et de sa rationalité. Il me semble que ce serait s'écarter de la particularité de ces crimes prétendument inspirés par la perte d'un être qui ne serait pas soi mais en réalité motivés par le seul souci de soi.
Contrairement à ce qu'affirme Jérôme Gaillard pour donner un tour tragiquement noble à un amour à mort conclu par un crime, "il n'aimait pas profondément sa femme" mais banalement ne supportait pas qu'elle veuille le quitter en choisissant pourtant, pour résoudre cette intolérance, une solution extraordinaire : la tuer.
Jérôme Gaillard, prisonnier d'un conflit entre le soi honorable et le soi dévoyé et pervers, n'a pas su trouver d'autre issue que de se débarrasser sur Magali Blandin de son implacable dilemme.
Et il a qualifié son acte insensé et profondément égoïste de crime passionnel. Cela fait toujours mieux dans un cabinet d'instruction et plus tard face à une cour d'assises.
Mais celle-ci, avec les jurés qui sont revenus de cette apologie trop confortable, si complaisante à l'égard de l'auteur, si faussement apitoyée envers la victime, est de moins en moins dupe. Derrière le crime ils n'ont plus aucun mal à percevoir la passion de soi, derrière l'apparente sensibilité meurtrie, la perversion d'une malfaisance ne concevant pas que demeure vivant l'instrument de sa défaite humaine, saine et sauve la responsable de son extrême désillusion : n'être plus aimé et devoir s'accommoder de cela !
Dans ma carrière d'avocat général j'ai connu quelques affaires relevant de cet horrible registre mettant à mal définitivement autrui, parfois une famille.
Je ne cesse pas de m'interroger - alors que depuis onze ans j'ai quitté ce rôle d'avocat de tous les citoyens qui m'a comblé pour sa mission de compréhension et d'utilité sociale - sur ma curiosité jamais lassée pour les obscurités de l'âme humaine, les mystères de l'être. Le crime pousse au paroxysme ce qui gît en certains d'entre nous, il est un révélateur de ce que nous pourrions être, il nous fait entrevoir qu'il y a des voies interdites.
Puisque même les crimes passionnels n'en sont pas et se leurrent.
Je suis tout sauf misogyne. Je suis pour l'égalité hommes-femmes. Je n'ai jamais tué personne. Je ne comprends pas que l'on puisse tuer quelqu'un. L'acte de tuer quelqu'un s'appelle en français un homicide. J'insiste, cela ne veut pas dire le meurtre d'une personne de sexe masculin, cela veut dire le meurtre d'un être humain, de sexe féminin ou de sexe masculin. Pourquoi donc nous dire, je le lis dans le journal et je l'entends à la radio ce dimanche matin, qu'il y a eu en France un féminicide ? Il y a eu un meurtre ou un homicide.
Il y a eu 1 021 homicides en France en 2021, ce qui fait deux ou trois homicides par jour. Faut-il parler de chaque homicide ? Je pose la question.
J'incite, bien entendu, chacun à renoncer à tout projet de meurtre. Il y a mieux à faire !
Rédigé par : Patrice Charoulet | 21 août 2022 à 15:48
@ Marcel
"Vous voudriez qu'une mesure gravement attentatoire à la liberté d'aller et venir soit prise..."
Je m'étrangle.
Quand je lis cela, j'ai envie de coller tout le monde en chambre d'isolement pour leur faire les pieds. Avec les sangles.
Rédigé par : F68.10 | 13 août 2022 à 19:18
@ F68.10
""Une mesure d'éloignement, c'est une restriction claire à la liberté d'un individu."
Oui. Une restriction claire à la liberté d'un individu qui restreint la liberté d'autres individus. L'argumentaire moral en faveur de la légitimité de ce genre de mesures me paraît clair comme de l'eau de roche. "
La légitimité de l'existence d'une mesure est une chose. Son recours dans la cas évoqué tout autre. Aucun problème avec le principe de la mesure - uniquement avec son application au cas présent.
"Moi, quand j'entends cela, il me paraît assez légitime de prendre en compte une demande d'éloignement si elle se manifeste. Pas vous ?"
Dans la mesure où les deux personnes sont séparées, pas vraiment non. Tout ces éléments portent sur leur vie commune antérieure, aucun sur un potentiel harcèlement, menaces, etc., qui y sont postérieurs.
Mais, et c'est là l'essentiel : il n'y a pas de demande d'éloignement formulée. Vous voudriez qu'une mesure gravement attentatoire à la liberté d'aller et venir soit prise, sans jugement pénal, en administratif préventif, pour une durée supérieure à 5 mois, juste par hypothèse parce que le mari (et l'épouse) était très légèrement violent (aucune lésion, plus ridicule que les 5 jours de Michel Zecler) avant leur séparation ?
Vous vous rendez compte de ce que vous demandez ? Vous vous rendez compte du potentiel d'abus ? Vous devriez tout de suite entrevoir comment une telle proposition pourrait être utilisée contre des tiers, dans le contexte de séparations houleuses.
""Magali Blandin aurait reconnu avoir frappé son mari selon le procureur."
Ah oui. Et la femme violée portait une mini-jupe."
Aucun rapport. Porter une mini-jupe n'est pas une infraction.
Commettre des violences contre quelqu'un qui commet des violences, sans alléguer de légitime défense, c'est une affaire de violences réciproques, c'est bien infraction de part et d'autre, la balle au centre.
""Philippe Astruc décide de classer la plainte sans suite."
Et vous trouvez cela normal ?"
Oui. Si vous parveniez à obtenir une condamnation et des mesures restrictives de liberté sur cette base, telle que décrite, ce serait un scandale judiciaire.
"Mais on ne demande pas un "renvoi devant un P*T**N de tribunal correctionnel" pour un truc de ce genre !!! On éloigne les gens !! On arrête de se masturber avec de l'"égalitaire" !!"
Je ne vous comprend pas. Vous parlez d'hospitalisation contrainte détournée, bref des abus possibles de mesures administratives préventives, et vous en redemandez.
Non, personnellement, je ne pense pas qu'il faille demander, hors procès, hors exigence de preuve judiciaire, d'accroître les possibilités de restreindre la liberté des gens, en particulier dans le contexte de divorce ou très souvent tous les moyens sont détournés pour faire payer à l'autre la situation.
Donc, si, si on veut condamner, on demande un renvoi devant un tribunal. On ne fait pas sa tambouille en inventant un péril qu'absolument aucun élément ne suggère.
"Vous avez là la preuve que l'approche actuelle ne marche pas. Ou, en tout cas, un élément de preuve. Et vous refusez de réfléchir à comment changer quoi que soit ? Et c'est pour cela que vous m'agitez Minority Report devant les yeux ??"
Vous voudriez qu'on punisse d'éloignement des personnes sur la base d'aucune demande, ni aucun élément matériel n'allant dans le sens d'une menace.
Si votre projet c'est d'empêcher le crime que rien ne permettait réellement d'envisager, vous êtes bien dans Minority Report. Seule des precogs permettaient de l'envisager.
Une fois encore, si l'histoire est bien celle que nous lisons dans la presse, il n'existait aucun moyen de prévenir ce crime (sauf bien sûr côté famille/tueurs à gage, qui eux auraient pu faire connaître l'existence d'un projet criminel).
Sandrine Rousseau a écrit un livre au sujet d'un homme tué à l'économe. Faut-il éloigner Sandrine Rousseau de tous les hommes ? (boutade)
"Certes. Je reconnais que la situation ne semble pas la même. Maintenant, je suis aussi assez persuadé (à peu près au même niveau que "la Terre est ronde" et "l'eau, ça mouille") que lorsque X ou Y demande sous une forme ou sous une autre quelque chose qui relève de l'éloignement, cela tombe dans l'oreille d'un sourd. C'est donc un sujet où je ne pars pas du principe que "absence de preuve" implique "preuve de l'absence". Pas noté ? Pas vu ? Pas pris... pas de preuve... tout baigne."
Clairement, lorsque deux personnes se séparent et se haïssent désormais, l'un et l'autre pourront chercher mille manières de rendre la vie de l'autre impossible.
Une mesure d'éloignement, comme toute restriction à la liberté, ça doit être fondé sur du concret, des preuves.
Si c'est administratif, hors jugement parce qu'en urgence, ça ne pourrait pas durer 5 mois. Sinon c'est le règne de l'arbitraire.
"Non. Pas vraiment. Monsieur Gaillard présentait nombre de "signes" et "symptômes" indiquant une dangerosité. J'en connais qu'on enferme pour moins que cela. Il était pour moi parfaitement justiciable d'une bonne hospitalisation d'office"
Je trouve ça hallucinant. Il me semble que vous disiez avoir été connu le cas d'une telle mesure injustifiée et vous la demandez, uniquement sur la base de ce que vous savez de la fin de l'histoire, sans aucun élément concret (quel signe et symptômes ? de quoi ?).
"Monsieur Gaillard représentait un "danger pour autrui" avant même son passage à l'acte."
Comment déterminez-vous cela, exception faite de la fin de l'histoire ?
Tous les jours, des clandestins qui se sont déjà montrés dangereux pour autrui gambadent librement dans nos rues. Et, dans ce monde-là, où l'on ne sait pas éloigner des clandestins dangereux, vous voudriez qu'on éloigne chaque divorcé. Curieux. Ni juridiquement satisfaisant, ni réaliste en terme de faisabilité.
"Veuillez pardonner le ton un peu carnassier de ma réponse. Je ne souhaite pas m'attaquer à votre personne, mais bien à la façon dont les gens jugent ce genre de situations. Elles m'énervent très profondément."
Il n'y a aucun problème. Je vois bien que le sujet vous énerve mais rien dans votre propos n'est injurieux ou même agressif - je ne ressens aucune attaque personnelle.
Je suis surtout perturbé par ce que je trouve de paradoxal dans votre propos. Les mesures administratives préventives sont toujours très contestées comme source d'abus ; vous semblez d'une part vous en défier et d'autre part en demander plus. Cela dépasse mon entendement.
Rédigé par : Marcel | 13 août 2022 à 10:02
@ Marcel
"Une "mesure d'éloignement", c'est une restriction claire à la liberté d'un individu."
Oui. Une restriction claire à la liberté d'un individu qui restreint la liberté d'autres individus. L'argumentaire moral en faveur de la légitimité de ce genre de mesures me paraît clair comme de l'eau de roche. Qu'on discute des modalités, je veux bien. Qu'on remette en cause le principe ou même la faisabilité sous prétexte de surcomplexitude, non.
"Rien de ce qui est publié dans la presse au sujet de ce crime ne va dans ce sens."
Ce n'est pas ce qui est publié dans la presse qui permet de juger si oui ou non c'est le cas. Ce que la presse publie, c'est les choses suivantes:
1. Madame Blandin a été tuée.
2. Madame Blandin a tenté de lever le lièvre.
3. La presse n'est pas une revue universitaire où on passe les cas similaires à ceux de Madame Blandin ou même de moindre dangerosité au peigne fin statistique pour établir des recommandations de ce qu'il convient de faire pour détecter ces situations.
4. La presse permet par contre de bien se rendre compte qu'on ne fait pas ce travail. Qu'on se la joue quand même un peu à l'ordalie.
La réalité c'est que 1. Mme Blandin a dit "y'a un problème" 2. qu'on dit "un problème ? Lequel ?"
Force Bleu: "Oh ! Mais que se passe-t'il ?"
Force Rose: "Mais que se passe-t'il ?"
Force jaune devant, marron derrière: "Oh ! Mais qu'est-ce qui se passe ?"
Nathalie "Je m'appelle Nathalie... sauvez-moi !"
Force Rose: "Toi ? Tu t'appelles Nathalie ? Avec tes yeux bridés et ta face de citron ??"
Je reprends votre article:
"Magali a annoncé à son mari qu'elle souhaite prendre un compte en banque personnel et cette décision ne lui aurait pas plu. Au cours de cette discussion, Jérôme Gaillard, décrit comme un homme robuste et athlétique, soulève le banc sur lequel son épouse est assise. Elle tombe sur les fesses en arrière. Le lendemain, Magali Blandin porte plainte à la brigade de gendarmerie de Montauban."
Donc... nous avons là une situation qui se termine en meurtre avec une personne qui a tenté de lever le lièvre. Analysons donc ce que "la presse" dit de la façon dont cela est géré: "Un certificat médical ne constate pas de lésions physiques."
Oh ? R.A.S., donc... Et si Monsieur Blandin l'avait collé en HP, il n'y aurait pas eu de lésion physique non plus, n'est-ce pas ? Et Mme Blandin aurait été soignée. Donc tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes dans lequel seuls les tampons font foi, n'est-ce pas ?
"Lors de cet entretien Magali Blandin évoque aussi les insultes, les bousculades, les dénigrements et les violences qui se répètent depuis 2005. Placé en garde à vue, Jérôme Gaillard reconnaît avoir soulevé le banc. Il se dit lui aussi victime de violences physiques."
Moi, quand j'entends cela, il me paraît assez légitime de prendre en compte une demande d'éloignement si elle se manifeste. Pas vous ?
"Magali Blandin aurait reconnu avoir frappé son mari selon le procureur."
Ah oui. Et la femme violée portait une mini-jupe.
"Philippe Astruc décide de classer la plainte sans suite."
Et vous trouvez cela normal ?
"L'intensité de ce fait-là ne justifie pas un renvoi devant le tribunal correctionnel. Etant donné l'approche égalitaire du droit, il aurait fallu naturellement poursuivre Mme Blandin pour les violences reconnues, qu'elle a pu exercer sur son mari," affirme le procureur de la République.
Mais on ne demande pas un "renvoi devant un P*T**N de tribunal correctionnel" pour un truc de ce genre !!! On éloigne les gens !! On arrête de se masturber avec de l'"égalitaire" !! On prend une décision pragmatique !! On ne se la joue pas zonzon ou HP pour cela !! On éloigne !! Seulement. Simplement. Pragmatiquement. Pour que cela cesse. Cela a l'air très très très compliqué, tout cela, hein ??
C'est quoi cette manie de prétendre qu'il faille soit coller tout le monde au trou dans ces situations ou mettre la victime en psychiatrie pour bien lui enlever les moyens de se défendre une foi que le coup de tampon lui colle au front ?? C'est quoi ce genre de faux dilemmes à deux balles ?? C'est pas possible d'agir pragmatiquement, sans tamponite aiguë, sans agiter le spectre du "tribunal correctionnel" à tout bout de champ et simplement, tout bêtement, éloigner les gens les uns des autres ??
"Il a finalement choisi de mettre en place un accompagnement social avec entretien avec un psychologue."
Ah ben voilà. V'là que la psy se ramène avec tout son fatras inutile, prétentieux, débile et morbide. Je bous...
Vraiment, rien que de lire l'article que vous me soumettez, je trouve cela parfaitement odieux.
Moi, j'en ai marre de devoir lever les bras au Ciel sous prétexte que personne ne souhaite changer de routine. Ou même simplement réfléchir à comment on pourrait changer de routine...
Vous avez là la preuve que l'approche actuelle ne marche pas. Ou, en tout cas, un élément de preuve. Et vous refusez de réfléchir à comment changer quoi que soit ? Et c'est pour cela que vous m'agitez Minority Report devant les yeux ??
"La victime n'a pas demandé l'éloignement de l'assassin. Ils étaient séparés. Elle ne pouvait pas se douter que c'était un dégénéré cherchant des tueurs à gages et capable de lui donner la mort avec une batte de baseball."
Certes. Je reconnais que la situation ne semble pas la même. Maintenant, je suis aussi assez persuadé (à peu près au même niveau que "la Terre est ronde" et "l'eau, ça mouille") que lorsque X ou Y demande sous une forme ou sous une autre quelque chose qui relève de l'éloignement, cela tombe dans l'oreille d'un sourd. C'est donc un sujet où je ne pars pas du principe que "absence de preuve" implique "preuve de l'absence". Pas noté ? Pas vu ? Pas pris... pas de preuve... tout baigne.
"Il me semble que c'est quand même très différent du terrible sujet des hospitalisations à la demande d'un tiers."
Non. Pas vraiment. Monsieur Gaillard présentait nombre de "signes" et "symptômes" indiquant une dangerosité. J'en connais qu'on enferme pour moins que cela. Il était pour moi parfaitement justiciable d'une bonne hospitalisation d'office. Car, si vous croyez que la maladie mentale, c'est une entité abstraite insaisissable ou un bidule identifiable dans des analyses de liquide cérébrospinal, vous faites fausse route: la psychiatrie est bel et bien faite pour traiter ce type de situations. Le mot clé, c'est "danger pour autrui". Monsieur Gaillard représentait un "danger pour autrui" avant même son passage à l'acte.
Si on veut se la jouer Minority Report et precog ou même Judge Dread, moi, je n'ai plus trop de complexes. Mais qu'on ne vienne pas me dire que c'est ce que je prône.
P.-S.: Veuillez pardonner le ton un peu carnassier de ma réponse. Je ne souhaite pas m'attaquer à votre personne, mais bien à la façon dont les gens jugent ce genre de situations. Elles m'énervent très profondément.
Rédigé par : F68.10 | 12 août 2022 à 23:09
@ F68.10
"Vous affirmez que les mesures d'éloignement seraient sans effet face à une personne décidée à tuer ? Qu'en savez-vous ?"
Non, rien de cela. J'affirme qu'absolument rien ne permettait d'affirmer cette personne décidée à tuer. Et notamment pas le contenu de la plainte de la victime.
(Mis à part faire des prédictions)
"Non, il y a plein de situations intermédiaires où une mesure d'éloignement serait pertinente"
Une "mesure d'éloignement", c'est une restriction claire à la liberté d'un individu. Ça suppose un vague début de commencement de quelque chose. Rien de ce qui est publié dans la presse au sujet de ce crime ne va dans ce sens.
"Les éloigner, ce fut ma demande pendant de nombreuses années. Réitérée. Lourdement. La réponse des autorités ? Menace d'internement à vie."
Sans minimiser l'importance et le poids de votre vécu, je ne comprends pas exactement ce qui le rapproche du crime évoqué (sous réserve de bonne compréhension de ce que la presse raconte). La victime n'a pas demandé l'éloignement de l'assassin. Ils étaient séparés. Elle ne pouvait pas se douter que c'était un dégénéré cherchant des tueurs à gages et capable de lui donner la mort avec une batte de baseball.
Il me semble que c'est quand même très différent du terrible sujet des hospitalisations à la demande d'un tiers.
Rédigé par : Marcel | 12 août 2022 à 19:18
@ Marcel P
"C'est pourtant exactement votre proposition [de faire juger Monsieur Gaillard avec des precogs puis de le faire condamner par Judge Dread]."
Pardon ? Vous interprétez tout à votre sauce, effectuant bien plus de raccourcis mentaux que moi sur ce type de sujet. Petite remarque préliminaire:
Vous affirmez que les mesures d'éloignement seraient sans effet face à une personne décidée à tuer ? Qu'en savez-vous ? On met bien des rambardes sur les ponts pour dissuader les gens décidés à sauter et les inciter à bien se poser la question s'ils sont bien décidés, non ? Et puis, non, il y a plein de situations intermédiaires où une mesure d'éloignement serait pertinente: il n'y a pas que la mort violente, dans la vie. Pour ma part, chaque fois que j'ai notifié que je voulais couper les ponts médicaux (et donc sociaux) avec une personne en particulier, je n'ai reçu que des sarcasmes psy, les coups et la chambre d'isolement.
Donc, non, je ne tolère pas qu'on joue à l'idiot en affirmant que des mesures d'éloignement qui consistent à demander à ce que certains mécanismes d'emprise puissent cesser soient assimilés et travestis en l'idée que je veuille me la jouer precog et Judge Dread avec mon propre entourage familial.
Qu'on soit en 2022, navré, n'y change rien. On ne peut fuir sa famille: la structure même du droit l'empêche. On peut abandonner ses gosses comme un gros crado, oui. On ne peut fuir ses parents s'ils sont têtus.
Les éloigner, ce fut ma demande pendant de nombreuses années. Réitérée. Lourdement. La réponse des autorités ? Menace d'internement à vie.
"Comment imaginez-vous qu'elle soit suivie ? Au-delà du tralala habituel qui a effectivement été réalisé (dixit l'article "accompagnement social avec entretien avec un psychologue, saisie de deux associations d'aide aux victimes et accompagnement de l'intervenant social en gendarmerie"), bien entendu."
Si vous saviez tout le mal que je pense des accompagnateurs sociaux, de ces psychologues, de ces associations d'aide aux victimes ainsi que de la gendarmerie... je vous affirmerais volontiers que ce sont des vampires qui se nourrissent des malheurs des gens sans jamais avoir à rendre réellement de comptes de leur actions.
Car ces acteurs, en effet, définissent les formes dans lesquels ils rendent des comptes. Tout ce qui ne rentre pas dans les petits clous mentaux de leurs esprits étroits, c'est du precog et du Judge Dread.
Ce qui ne les empêche, par contre, jamais ô grand jamais, de s'interdire de se la jouer precog et Judge Dread avec les gens qu'ils qualifient de malades mentaux. Ceux, d'ailleurs, qu'ils contraignent à leur demander de l'aide, chaque aveu de faiblesse réel ou imaginaire rapprochant chaque jour la victime de l'hôpital psychiatrique du simple fait que ces autorités ne peuvent voir ces problèmes "sociaux" que sous l'angle du pathologique et du misérabilisme.
"Vous habitez avec quelqu'un et vous souhaitez le tenir éloigné ? Déménagez ! Sauf si tous deux êtes des assistés sociaux..."
Ce que vous faites.
Rédigé par : F68.10 | 12 août 2022 à 13:20
@ F68.10
"Par contre, ce que je préconise, ce n'est pas la condamnation. Mais la prise en compte de situations insoutenables pour en protéger les gens. Une prise en compte un peu plus sérieuse de la phrase "je suis en relation familiale avec une personne que je juge dangereuse, j'aimerais pouvoir le ou la tenir éloigné de moi, même si, oui, c'est bien un membre de ma famille"."
Nous sommes en 2022. Mis à part dans certains contextes particuliers (familles musulmanes, pour être clair), il n'existe plus de contrainte claire à rester auprès d'un conjoint violent.
Le facteur principal, c'est bien souvent le propre choix de la victime.
Vous habitez avec quelqu'un et vous souhaitez le tenir éloigné ? Déménagez ! Sauf si tous deux êtes des assistés sociaux et que vous n'envisagez pas de devoir assumer une recherche de logement à votre propre compte. Dans ce cas, il faudra évidemment évincer l'autre, ce qui sera absolument impossible juste sur la simple affirmation que l'autre est dangereux - parce qu'il s'agit bien de demander à ce qu'on le mette à la rue.
"J'ai du mal à observer que 1. Mme Blandin a notifié du danger 2. Elle n'a pas été suivie. 3. Elle est morte. 4. On dit qu'on ne pouvait rien faire sous prétexte de Minority Report. 5. Tout va donc très bien, Madame la Marquise. Entre 1. et 4., puis 3. et 5., il me semble qu'il y a tout de même un certain décalage si ce n'est un décalage certain..."
Je ne sais pas bien comment vous "observez" cette affaire.
C'est quoi une "notification du danger" ? Le fait qu'elle ait déposé plainte pour violences conjugales, en ayant au passage elle-même affirmé avoir été violente, puis divorcé ?
(Au sujet du classement sans suite de cette plainte : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/magali-blandin-le-procureur-explique-pourquoi-sa-plainte-a-ete-classee-sans-suite-1616495236)
Comment imaginez-vous qu'elle soit suivie ? Au-delà du tralala habituel qui a effectivement été réalisé (dixit l'article "accompagnement social avec entretien avec un psychologue, saisie de deux associations d'aide aux victimes et accompagnement de l'intervenant social en gendarmerie"), bien entendu. Vous voulez mettre sous surveillance toutes les femmes divorcées et tous les hommes divorcés, qui n'habitent plus ensemble, dans l'hypothèse où l'un d'eux fomenterait un complot avec des mafieux transcaucasiens pour éliminer l'autre, ce pendant au moins 5/6 mois ?
Vous pensez, de manière réaliste (sans même parler de libertés publiques) que l'Etat français aurait les moyens d'une telle surveillance ? En postulant, sans difficulté, que ce n'est pas le cas, mesurez-vous que, lorsque vous exigez l'impossible à moyens constants, vous aurez uniquement un peu plus de travail bâclé à tous les niveaux ?
La réalité, c'est qu'il est impossible, sauf à vivre dans une société de l'ultra-surveillance - que nous serions complètement incapable de mettre en oeuvre concrètement - de prévenir tous les crimes, en particulier ceux qui font l'objet du débat du jour, ceux qui ne sont pas des professionnels du crime.
"Et pour savoir comment traiter ces situations, je préconise qu'on commence à faire la liste des situations où le droit et la police débloquent, comme dans ce cas"
Merci de détailler où le droit et la police débloquent dans le cas présent. J'ai déjà abordé l'angle du réalisme.
Si on parle de droit, je ne vois pas ce qui aurait justifié une surveillance H24 de Jérôme Gaillard.
"...pour pouvoir enfin commencer à analyser comment protéger les gens qui en ont réellement besoin. Ce qui, oui, implique d'arriver à les identifier de manière correcte et concrète. Et donc de réfléchir un peu sérieusement aux raisons qui font qu'on ne les identifie pas correctement comme dans le cas de Mme Blandin. Qui a notifié, comme elle le pouvait, qu'elle vivait une situation très problématique. Et qui n'a pas été écoutée."
Nous commentons sur la base de ce que la presse veut bien en dire, l'exercice est toujours délicat. Sur cette base, c'est-à-dire sur la simple plainte de la victime, rien ne permettait d'envisager un projet d'assassinat, avec le recours à des mafieux.
La victime a déposé plainte pour un fait unique de violences sans lésions, reconnaissant être elle-même auteur de violences. Cela aurait été différent si sa plainte était postérieure à la séparation et faisait état de menaces - différent et pourtant encore insuffisant.
"Il ne s'agit pas, comme dans Minority Report, de condamner Monsieur Gaillard avant qu'il ait commis un crime.
Il s'agit de prendre appui sur l'analyse de ces situations pour déterminer comment protéger des gens comme Mme Blandin. Ce qui ne nécessite pas la condamnation préalable de Monsieur Gaillard sans crime préalable. Simplement de décider l'éloignement. Ce qui me semble être un sujet traité un peu par-dessus la jambe."
Quel éloignement ? Sans jugement, sur la base d'une simple plainte pour un fait de violences sans lésions, dans un contexte de violences réciproques, alors que n'existe aucun danger matérialisé, vous allez arbitrairement décider d'éloigner un type ?
Où serait le droit et la justice ? Un tel programme est effroyable, sa seule justification réside dans le fait qu'on connaît la suite de l'histoire - une fois encore, une prédiction.
Rien dans les éléments connus ne justifiait de mesure restrictive de liberté à l'encontre de Jérôme Gaillard.
Et, enfin, une mesure d'éloignement serait sans effet face à quelqu'un de déterminé au point de commanditer auprès de la mafia l'assassinat puis de le réaliser en personne à coup de batte de baseball.
"Protéger Mme Blandin, ce n'est quand même pas exactement le même défi que juger Monsieur Gaillard avec des precogs et le faire condamner par Judge Dread dans la foulée, il me semble..."
C'est pourtant exactement votre proposition.
Rédigé par : Marcel | 12 août 2022 à 09:26
@ Marcel P
"D'autre part, son seul souci de soi s'inscrit parfaitement dans le cadre très rationnel de la légitime défense."
C'est bien ce que je dénonce: la facilité qui consiste à affirmer qu'un acte criminel (ou sérieusement délictueux) ne peut procéder que de dispositions égoïstes et donc immorales. C'est trop facile.
Mais si Mme Blandin avait pété les deux jambes de Monsieur Gaillard, soyons honnête, personne n'aurait retenu la légitime défense préventive car personne n'aurait réalisé la situation dans laquelle elle était.
"Cette dissuasion a surtout une logique pour ceux qui font un choix rationnel d'une vie de délinquance et de criminalité, pas pour les occasionnels du genre."
Exactement. C'est pour cela que je suis mal à l'aise sur le côté "punitif" ou "dissuasif". Je ne vois en effet aucune réelle raison de condamner autre que pour que la société signale et affirme clairement au reste de la société que de tels actes ne sont pas tolérables. Que le coup de tête ne peut excuser l'intolérable.
"Que suggérez-vous ? Façon Minority Report, qu'on prédise à l'avance et que l'on juge sur la base de cette prédiction ?"
Minority Report, c'est juger les gens avant qu'ils aient commis un acte criminel. Cela existe déjà, en un certain sens: les privations de liberté au motif d'un danger, c'est bien lorsque le fameux danger ne s'est pas encore concrétisé, car ce ne serait pas un "danger" sinon.
Par contre, ce que je préconise, ce n'est pas la condamnation. Mais la prise en compte de situations insoutenables pour en protéger les gens. Une prise en compte un peu plus sérieuse de la phrase "je suis en relation familiale avec une personne que je juge dangereuse, j'aimerais pouvoir le ou la tenir éloigné de moi, même si, oui, c'est bien un membre de ma famille".
Et pour savoir comment traiter ces situations, je préconise qu'on commence à faire la liste des situations où le droit et la police débloquent, comme dans ce cas, pour pouvoir enfin commencer à analyser comment protéger les gens qui en ont réellement besoin. Ce qui, oui, implique d'arriver à les identifier de manière correcte et concrète. Et donc de réfléchir un peu sérieusement aux raisons qui font qu'on ne les identifie pas correctement comme dans le cas de Mme Blandin. Qui a notifié, comme elle le pouvait, qu'elle vivait une situation très problématique. Et qui n'a pas été écoutée.
J'ai du mal à observer que 1. Mme Blandin a notifié du danger 2. Elle n'a pas été suivie. 3. Elle est morte. 4. On dit qu'on ne pouvait rien faire sous prétexte de Minority Report. 5. Tout va donc très bien, Madame la Marquise. Entre 1. et 4., puis 3. et 5., il me semble qu'il y a tout de même un certain décalage si ce n'est un décalage certain...
Il ne s'agit pas, comme dans Minority Report, de condamner Monsieur Gaillard avant qu'il ait commis un crime.
Il s'agit de prendre appui sur l'analyse de ces situations pour déterminer comment protéger des gens comme Mme Blandin. Ce qui ne nécessite pas la condamnation préalable de Monsieur Gaillard sans crime préalable. Simplement de décider l'éloignement. Ce qui me semble être un sujet traité un peu par-dessus la jambe.
Protéger Mme Blandin, ce n'est quand même pas exactement le même défi que juger Monsieur Gaillard avec des precogs et le faire condamner par Judge Dread dans la foulée, il me semble...
Rédigé par : F68.10 | 11 août 2022 à 22:51
@ F68.10
"Qu'aurait-on dit si Magali Blandin lui avait pété les deux jambes pour le fuir ? Pourrait-on alors dire [...] que "tout crime [...] est irrigué par la passion et que son auteur est forcément détaché de lui-même et de sa rationalité" et qu'un tel crime "serait [...] en réalité motivé par le seul souci de soi" ?"
On ne pourrait pas.
D'une part, de telles violences constitueraient un délit, pas un crime.
D'autre part, son seul souci de soi s'inscrit parfaitement dans le cadre très rationnel de la légitime défense.
"Cela étant, en ce qui concerne ces "crimes passionnels", il me semble illusoire de croire que la prison ait un quelconque effet dissuasif."
Cette dissuasion a surtout une logique pour ceux qui font un choix rationnel d'une vie de délinquance et de criminalité, pas pour les occasionnels du genre.
"Classée sans suite.
Magali Blandin a été trop respectueuse des règles du jeu."
Que suggérez-vous ? Façon Minority Report, qu'on prédise à l'avance et que l'on juge sur la base de cette prédiction ?
Rédigé par : Marcel | 11 août 2022 à 17:00
@ Olivier Seutet | 10 août 2022 à 18:08
En tuant quelqu'un qui ne vous a rien demandé vous feriez de l'autre un objet. Je vous rappelle le droit de propriété, on a le droit d'user d'un objet, de le vendre et de le détruire.
Les personnes qui étaient traitées ainsi étaient les esclaves, savoir ce qu'on considérait des objets animés.
Réduisez quelqu'un à l'état d'esclave, ou tuez-le, et vous le réifiez.
Pour autant, je ne traiterais ni les esclavagistes ni les amants massacreurs de l'être aimé de monstre car ce type de comportement est humain trop humain... Il revient dans toutes les civilisations, et est justifié de toutes les manières, en France par la passion amoureuse.
Les Anglo-Saxons ont évidemment raison de mettre notre fameuse passion sous le vocable moins noble de revanche. Etant quelqu'un de rancunier et sachant que quand on est invengé, on se dégrade, je ne peux diaboliser toute revanche... Mais l'idée de tuer l'autre car il vous aurait trompé est une profonde erreur. L'autre ne vous appartient pas, on n'a pas plus à le battre d'être allé voir ailleurs que de fouetter l'océan parce qu'il n'a pas porté vos navires jusqu'à la victoire.
Je suis seulement triste que la nature humaine et la société fassent croire qu'il existe une sorte de droit de monopole de l'autre, que ce soit au nom du mariage, de la passion ou des deux. Je pense que dans la passion partagée, le monopole se fait sans qu'on y prenne gare, et que quand la passion s'éteint, il doit rester du moins l'amitié, qui est une belle chose.
Il faudrait que chacun ait des égards pour l'autre, peut-être ne pas "tromper" l'autre si on a l'impression qu'il s'imagine abandonné, peut-être le laisser "filer", si on a celle de l'étouffer de sa passion. Même un chat, dont on est propriétaire, on ne le conquerra pas en le soumettant à ses caresses mais en le laissant venir et en clignant des yeux, ce qui est un sourire en langage chat. Et... mais laissons là les félins.
À plus forte raison, la personne aimée a droit à mille égards. Qui trouvera beau d'étrangler un chat parce qu'il préfère le voisin, mais la passion par procuration approuve qu'on estime avoir un droit de chasse sur qui vous a "trompé", enfin, c'est moins déloyal mais plus fondamental, s'est trompé soi-même en s'imaginant pouvoir s'engager à ne faire qu'un pour toujours avec soi...
Bien sûr, parfois de tels miracles arrivent : des couples où aucun des deux n'est infidèle, et plus fondamental encore, où aucun ne se blase de l'autre.
Mais ce n'est pas parce qu'il existe des duos sans fausse note qu'il faut tuer son partenaire parce qu'il écorche la partition.
Rédigé par : Lodi | 11 août 2022 à 06:07
@ Bernard l'Hermite de Gruyère
"Le seul "crime passionnel" est l'abréviation des souffrances d'un être aimé qui vous le demande ou pas jusqu'à en assumer toutes les conséquences. Le reste c'est de l'escroquerie pure et simple."
J'ai tendance à partager le point de vue.
Cela étant, pour revenir au cas de Magali Blandin et Jérôme Gaillard, qu'aurait-on dit si Magali Blandin lui avait pété les deux jambes pour le fuir ? Pourrait-on alors dire, en paraphrasant la prose de Monsieur Bilger (sans aucunement lui prêter ces propos dans ce cas d'espèce, ce qui serait de toute évidence déformer sans bornes sa pensée) que "tout crime [...] est irrigué par la passion et que son auteur est forcément détaché de lui-même et de sa rationalité" et qu'un tel crime "serait [...] en réalité motivé par le seul souci de soi" ?
Mon expérience de la vie m'inciterait à penser que, malheureusement, oui, ce type de propos psychologiques sur la nature du crime a tendance à mettre en avant une pensée toute faite assez largement partagée dans la société.
Si Magali Blandin avait employé les grands moyens pour fuir Monsieur Gaillard, bien évidemment qu'un tel crime aurait été motivé par le seul souci de soi. Encore heureux, d'ailleurs... pourquoi, sinon ??
En attendant, ce n'est pas Mme Blandin qui a tué.
Le crainte de transgresser des normes sociales est malheureusement parfois partie prenante de situations qui finissent en bien pire que celle qui, dans ce cas d'espèce, aurait consisté à prendre la poudre d'escampette de manière bien plus musclée que ce qu'elle n'a fait.
Je n'apprécie pas la logique qui consiste à affirmer que pour rester un honnête homme ou une honnête femme, il convient de jouer dans les règles admises du jeu jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Enfin, bref: je n'ai aucune tolérance pour les "crimes passionnels" du style Gaillard. Je n'en ai par contre pas beaucoup plus devant le prêt-à-penser qui voit dans les "blessures narcissiques", pour reprendre un vocable psycho, le prélude au meurtre de masse. Voir des meurtriers potentiels dans chaque personne qui a été profondément meurtrie dans son âme, c'est, pour moi, aussi moralement un crime que la société n'a pas trop de complexes à pratiquer.
Cela étant, en ce qui concerne ces "crimes passionnels", il me semble illusoire de croire que la prison ait un quelconque effet dissuasif. Ce n'est qu'en faisant évoluer les normes sociétales qu'on peut influer dessus. La condamnation dans de telles histoires me semble n'avoir pour but essentiel que de poser des marqueurs moraux à la société. Elle n'a guère d'autre sens, à mes yeux. La preuve: Monsieur Gaillard s'est suicidé. Ce type de crimes, c'est donc gâchis sur gâchis.
"Les enquêteurs en charge de la disparition de Magali Blandin ont rapidement constaté que cette dernière était en instance de divorce avec son mari, Jérôme Gaillard, avec qui elle avait quatre enfants. En outre, la quadragénaire avait quitté le domicile familial en septembre dernier, suite à une plainte pour violences conjugales. La plainte avait été classée sans suite." -- Planet.fr, 29.03.2021.
Classée sans suite.
Magali Blandin a été trop respectueuse des règles du jeu.
Elle ne me semblait pas avoir beaucoup de portes de sortie, de toutes façons.
Rédigé par : F68.10 | 11 août 2022 à 01:06
"Pourtant je ne suis pas sûr que le crime passionnel existe véritablement si on veut bien le définir par un meurtre ou un assassinat causé par le seul amour de la victime." (PB)
Le seul "crime passionnel" est l'abréviation des souffrances d'un être aimé qui vous le demande ou pas jusqu'à en assumer toutes les conséquences. Le reste c'est de l'escroquerie pure et simple.
Rédigé par : Berrnard l'Hermite de Gruyère | 10 août 2022 à 23:49
Beaucoup a été dit sur le crime passionnel, on pourrait développer en abordant le caractère fusionnel de certaines amours où les deux peuvent se fondre en un seul ou au contraire l’un peut dévorer l’autre et la rupture devient alors une perte de lui-même pour celui qui reste. Ce qui explique le désespoir et le crime.
Le crime passionnel est un crime d’abord et si la passion est en cause, il faut se souvenir de l’injonction du père d’Albert Camus : « Un homme, ça s’empêche ».
Si on change de point de vue et si on aborde la relation amoureuse du point de vue de l’islam rigoriste, alors ce qui est considéré comme un crime passionnel en Occident devient un crime d’honneur.
Les mots ont un sens, et si « un homme ça s’empêche » en Occident dans un certain Moyen-Orient « un homme ça s’oblige ».
L’honneur oblige dans cette civilisation, l’homme, le mari, le père ou le frère a l’obligation de laver l’affront fait à la famille, au clan, à la tribu. De tels crimes d’ « honneur » sont souvent présentés dans les médias, et malheureusement il n’est pas rare d’en observer dans les territoires perdus de la République.
On mesure toute la distance qu’il y a entre ces deux civilisations en mesurant la distance qui existe entre le « ça s’empêche » de l’une et le « ça s’oblige » de l’autre.
On pourrait multiplier les exemples de faits divers sociétaux, plus ou moins tragiques comme ceux-là, pour comprendre que ces deux civilisations ne sont pas miscibles, qu’il est vain d’en espérer une synthèse syncrétique tant que l’islam n’aura pas fait une relecture de textes révélés (pour ceux qui croient à la révélation) en considérant que ces textes ont été révélés en un temps donné et à des hommes de ce temps-là, qui n’est plus le nôtre.
Je ne comprends pas l’obstination de nos mondialistes immigrationnistes à vouloir à tout prix dissoudre notre civilisation dans une autre non miscible répétons-le.
Rédigé par : Tipaza | 10 août 2022 à 18:14
Je ne supporte pas la trahison et les traîtres. Je me sens prédisposé à tuer ceux qui me trahissent. Ceux qui me trahissent dans mes sentiments. Ceux qui me trahissent dans ma confiance et dans l’amour que je porte à tous mes proches. Il est probable que je ne tuerai jamais, par lâcheté, du fait d’un respect trop ancré de la loi, mais qui sait.
Je respecte la passion qui est le dépassement de soi. Je ne comprends même pas les remarques qui font de celui ou de celle qui est aimé un objet. Explications psychologico-psychiatriques qui transforment celui qui aime en monstre s’il veut tuer l’idole de sa vie.
Triste époque qui transforme la vie en une succession de consommations, de renoncements, de pardons. Qui peut pardonner sinon Dieu, qui peut renoncer sinon le veule, qui peut consommer sans attachement sinon le goinfre. Les niaiseries de l’Obs sont bien loin d’Othello.
Rédigé par : Olivier Seutet | 10 août 2022 à 18:08
Comment admettre qu'il soit possible de tuer ce que l'on prétend aimer ? De deux choses l'une, soit on tue mais alors on n'aime point, soit on aime mais alors on ne tue point. Tuer et aimer sont antinomiques.
Celui qui se justifie d'avoir tué par amour ment, n'ayant en fait agi que par pur égoïsme, par amour sans doute mais simplement de soi et non pas d'autrui, par frustration d'avoir échoué à avoir su se faire aimer.
Rédigé par : Michel Deluré | 10 août 2022 à 16:21
Voilà qui fait suite au sujet précédent, car selon l'islam, l'époux de la femme infidèle a le droit de la tuer.
Comme à Rome, d'ailleurs,
Comme en somme à peu près partout il n'y a pas si longtemps.
Et si on se penchait un instant sur la philosophie d'une telle pratique ?
Et si le principe selon lequel la vie est sacrée relevait d'une ignorance crasse sur le sens même des mots ?
Impossible, car dans notre pays de liberté, on a pas le droit de poser les questions qui fâchent. Délit d'incitation à tout ce qu'on voudra.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 10 août 2022 à 15:21
Au milieu d'une actualité désastreuse, enfin une bonne nouvelle !
Evergrande, le géant immobilier chinois au bord de la faillite, repris en main par Pékin.
Sa dette de plus de 250 milliards d’euros fait frémir la planète finance qui entrevoyait un scénario à la Lehman Brothers. Mais après un défaut de paiement, Pékin a annoncé, lundi 6 décembre 2021, reprendre les rênes du géant de l’immobilier. L’avenir semble s’éclaircir, même si la restructuration sera lourde.
Il vont sans doute serrer le kiki à leur allié russe, et comme ils sont sans pitié derrière leur sourire éternel...
Rédigé par : Giuseppe | 10 août 2022 à 12:26
Remarque orthographique, ou grammaticale : s’il n’y en a pas, s’il n’y en a aucun, pourquoi écrire « crimes passionnels » au pluriel ?
En vrai, il y en a, il y en a beaucoup, des crimes passionnels, ne le sont-ils d’ailleurs pas tous ? Du point de vue du criminel, les explications par la passion laissent un goût amer, elles ont du mal à convaincre. Mais, du point de vue de la victime, c’est tout le contraire, toutes les victimes souffrent une Passion, au sens biblique du terme. Derrière l’arme qui la tue, il n’y a pas seulement le meurtrier, il y a toute la société qui, par ses errements, par son aveuglement, par son inconscience, par sa violence, rend possibles, et si fréquents, autant de « crimes passionnels »…
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 10 août 2022 à 09:57
Analyse très intéressante.
Le crime passionnel est ainsi décortiqué et on découvre qu'il n'a pas pour déclencheur principal l'amour, la passion, portés à la victime, mais un sentiment d'être abandonné, de perdre son image de soi.
Ceci ne pourrait-il pas laisser une place à l'analyse objective d'une situation ? "je n'ai plus les mêmes sentiments à ton égard. je ne te remets pas en cause, nos chemins vont se séparer". C'est tout de même mieux que supprimer la vie de son ex.
À cet égard, Ouest-France a publié un texte de séparation paisible:
"Le temps est arrivé où nos chemins vont devoir se séparer.
Je voulais te souhaiter bon courage pour la suite.
Je voulais aussi que tu saches que j'ai apprécié ta compagnie pendant ces derniers jours, semaines, mois et il est certain que je me rappellerai encore de ces bons moments passés ensemble dans quelques années.
J'espère que nous aurons l'occasion de nous recroiser dans le futur.
Bonne continuation !
Bien à toi
Rédigé par : lucas | 09 août 2022 à 19:49
« Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Si je t'aime prends garde à toi
Prends garde à toi
Si tu ne m'aimes pas
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Prends garde à toi
Mais si je t'aime, si je t'aime
Prends garde à toi »
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 09 août 2022 à 18:42
Il me semble, Monsieur Bilger, qu'il faille revenir aux cinq articles du code civil que le maire lit obligatoirement aux futurs époux, à savoir :
"Art. 212 : Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance.
Art.213 : Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille. Ils pourvoient à l'éducation des enfants et préparent leur avenir.
Art. 214 : [...] Si l'un des époux ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint par l'autre dans les formes prévues au code de procédure civile.
Art. 215 : Les époux s'obligent mutuellement à une communauté de vie.
La résidence de la famille est au lieu qu'ils choisissent d'un commun accord..."
Le vrai problème pour nombre de futurs mariés est qu'ils ne perçoivent pas qu'il s'agit là d'un contrat civil qu'il s'engagent à respecter.
Pour certains, seul compte le mariage religieux, notamment celui qui fait de la femme l'obligée de l'homme, soumise à la volonté du mari.
Pour d'autres, il y a une confusion entre les obligations des dispositions du code civil et leur conception de l'amour qui les portent à considérer que l'autre lui appartient de manière absolue. Ils auront tendance à considérer l'obligation de fidélité par le code civil dans un sens si restrictif qu'ils n'intègrent pas les autres obligations et trouvent là le champ d'expression d'un sentiment exacerbé de jalousie.
Le crime dit passionnel s’inscrit donc dans ces erreurs d'interprétation, les auteurs confondant allégrement obligations au sens du droit et négation de la liberté de l'autre, tout litige devant alors être traité conformément aux dispositions du code civil et non selon la volonté de l'un ou l'autre des membres du couple qui se croit autorisé à contraindre l'autre jusqu'à lui enlever la vie...
Toutefois, j'ai souvenir que la Justice à une certaine époque retenait en quelque sorte la notion de crime passionnel pour "offrir" au condamné un séjour au centre de détention de Casabianda en Haute-Corse, centre qui avait la caractéristique d'être ouvert avec quasiment aucune évasion de la part de ce type de condamnés.
Rédigé par : Robert | 09 août 2022 à 17:17
Le crime passionnel, pour les Anglo-Saxons, est une spécialité française, au même titre que la baguette et le béret basque. D'ailleurs, pour tout bon détective américain, 3 motifs seulement sont à l'origine de crimes :
- money (l'argent)
- revenge (la vengeance)
- sex
Votre billet de ce jour ma rappelé qu'il y a bien longtemps, j'avais été chargée par le prof de philo, lorsque nous étudiions la passion, de faire un exposé sur le crime passionnel. J'avais choisi comme exemple l'assassinat de M. Gaston Calmette, directeur du "Figaro" par Mme Henriette Caillaux, femme d'un important politicien, M. Joseph Caillaux, le 20 mars 1914.
Bref rappel des faits : Henriette Caillaux est l'épouse en seconde noces de Joseph Caillaux qui a divorcé pour l'épouser. À cette époque, M. Caillaux, qui est ministre des Finances, veut imposer la création d'un impôt sur le revenu progressif, impôt auquel s'opposent vigoureusement le Figaro et ses lecteurs. Le quotidien s'est lancé dans une campagne de calomnie contre le ministre qui atteint son point culminant quand, le 10 mars 1914, Calmette annonce qu'il va publier la correspondance privée de M. Caillaux, détenue par son ex-épouse. Affolée par les conséquences prévisibles de la publication de ces courriers sur la carrière de son mari, Mme Caillaux décide d'empêcher à tout prix cette divulgation. Le 16 mars, introduite dans le bureau de M. Calmette, elle sort un pistolet Browning de son manchon et abat l'homme de 6 balles.
Le procès, qui fait courir le Tout-Paris, s'ouvre le 20 juillet 1914 (admirons au passage la célérité de la justice) devant la cour d'assises de Paris. Mme Caillaux est défendue par l'un des meilleurs pénalistes de l'époque, Maître Labori, qui fut, entre autres, le défenseur du Capitaine Dreyfus et d'Emile Zola. La partie civile est représentée par Maître Chenu qui choisit de plaider le crime politique alors que Maître Labori, lui, présente ce crime comme celui de la passion amoureuse que nourrit Mme Caillaux pour son mari.
Le 28 juillet, le verdict tombe : Mme Caillaux est acquittée, le jury, uniquement composé d'hommes, ayant donc pris en compte le crime passionnel.
À noter que, le 28 juin 1914, soit quasiment un mois avant l'ouverture de ce procès "médiatique", eut lieu un événement qui ne fit pas la une des journaux... l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand de Habsbourg et de son épouse (morganatique) à Sarajevo.
Le jury, parlons-en, il faudra attendre 1971 (et non pas 1945, comme je le pensais) pour que les femmes puissent être jurées.
Je profite de cette occasion pour vous soumettre cette citation tirée du rapport du substitut du procureur général de la cour d'appel de Paris (M. Charles Dubost) à M. le Procureur général de cette même cour, en date du 17 novembre 1955 : "Sauf exception, les femmes d'une part sont inaptes à exercer nos fonctions d'autorité et, d'autre part, nuisent au prestige du corps judiciaire".
Rédigé par : Lonicera | 09 août 2022 à 16:49
@ Patrice Charoulet | 09 août 2022 à 13:43
"Quant à tuer un être humain... ! Mille fois non ! Pour rien au monde."
N'en soyez pas aussi certain. La vie est capricieuse et peut vous faire basculer en un claquement de doigts. L'âge ne fait rien à l'affaire.
Rédigé par : glw | 09 août 2022 à 16:44
@ Patrice Charoulet | 09 août 2022 à 13:43
« Je fais partie des gens pour qui il a été toujours été inimaginable de tuer quelqu'un, par arme blanche, par arme à feu ou par poison. Je ne vais pas m'y mettre à 77 ans. »
Si j’avais l’esprit taquin, je vous demanderais si vous avez essayé par ennui ?
Mais je ne le ferai pas, j’apprécie trop vos commentaires.
Rédigé par : Tipaza | 09 août 2022 à 14:15
"Et je n'ai jamais tué personne"
Rédigé par : Patrice Charoulet | 09 août 2022 à 13:43
Il y a tant et tant de manières de tuer des âmes…
Rédigé par : sbriglia | 09 août 2022 à 14:08
Un billet qui mérite réflexion.
En bonne logique, il serait à la rigueur concevable de qualifier de crime passionnel le fait de se débarrasser (d'une manière ou d'une autre) de celui ou celle qui vous a pris votre conjoint ou conjointe.
C'est pourquoi un homme qui tue sa propre épouse en prétendant l'aimer est avant tout un psychopathe qui croit dur comme fer exercer jusqu'à l'ultime son "droit de propriété". Idem pour une femme qui agirait de même ; bien que ces dernières auraient plutôt tendance à s'en prendre à leur rivale, parfois avec les moyens les plus retors.
Or dans les deux cas on a affaire à des personnes immatures et déséquilibrées, incapables d'accepter la réalité d'un amour mort et d'en faire le deuil. Incapables de surmonter leurs sentiments de souffrance, d'injustice voire d'humiliation du moment, puis de reprendre après un laps de temps plus ou moins long (eu égard au traumatisme réel d'un abandon ou d'une trahison) le cours de leur vie.
Rédigé par : Axelle D | 09 août 2022 à 14:02
"J'aimais profondément ma femme. Le seul moyen de garder Magali, c'était de prendre sa vie".
Phrase d'un criminel que vous citez.
Deux observations.
Aucun mari n'est propriétaire de sa femme. Et aucune femme n'est propriétaire de son mari.
D'autre part, je fais partie des gens pour qui il a été toujours été inimaginable de tuer quelqu'un, par arme blanche, par arme à feu ou par poison. Je ne vais pas m'y mettre à 77 ans.
Et même de tuer un animal. Sauf une fois. Professeur dans un lycée, en Mauritanie, à Rosso, sur le fleuve Sénégal, ma femme et moi avions décidé de manger du poulet. À cet endroit, il fallait, pour ce faire, aller acheter un poulet vivant chez un éleveur de poulets. Ma femme m'a demandé de tuer le poulet et m'a donné un couteau. J'ai eu un mal fou à tuer l'animal et cet acte m'a mis dans un tel état que je me suis mis au lit une bonne heure pour me rétablir. Je n'ai jamais voulu re-tuer un autre poulet.
Quant à tuer un être humain... ! Mille fois non ! Pour rien au monde.
On me dira que les militaires de carrière ont dû parfois le faire. J'ai choisi une autre profession où je n'ai eu à tuer personne. Et je n'ai jamais tué personne.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 09 août 2022 à 13:43
Certains hommes pensent que leur épouse, leur compagne, leur appartient. Les uns par simple égocentrisme "puéril" mais d'autres parce qu'ils sont schizophrènes, c'est-à-dire qu'ils peuvent avoir des bouffées de jalousie les amenant à la violence, jusqu'à tenter de tuer. (J'ai hélas rencontré des hommes de cette espèce dans ma vie : mais si l'on est averti, si l'on comprend le mécanisme de leurs attitudes, il est tout à fait possible d'échapper à leur emprise...)
Le crime passionnel est en effet un leurre à mes yeux.
Rédigé par : Françoise Boulanger | 09 août 2022 à 13:05
Toute la complexité de l’amour ou plus concrètement de la relation amoureuse, car c’est bien de cela qu’il s’agit, a été exprimée par le poète.
Voici quelques extraits d’un poème de Louis Aragon mis en musique par Georges Brassens :
Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
…/…
Il n'y a pas d'amour heureux.
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux.
Rédigé par : Tipaza | 09 août 2022 à 11:03
Les psychanalystes de tribunal à la barre parlent encore souvent de blessure narcissique mal soignée.
Je pense que pour certains, voire beaucoup, de ceux qui se voient franchir le pas - considérant que le coup de sang, la frappe incontrôlée et incontrôlable, en un mot le meurtre réflexe, a quelque chose d'une sanction consciente, qui agirait comme une espèce de marteau personnel, juge suprême d'une infime, mais complète, expression d'un plaisir à peine honteux, presque artiste, le font avec à la fois le souci et la vision d'un aiguisement des sens, dans le passage vers cet émoustillant inconnu, seuil électrique qui soudain les éclaire, le Mal choyant - et cela remonterait à perpète - la clarté de ses oxymores obscurs comme la prunelle de ses yeux de chat qui déshabillent la nuit.
C'est le cas, je crois, de la majeure partie des tueurs en série qui parfont en eux des capacités sportives, sécrètent une adrénaline spéciale.
Comme on affûte une lame, ou sculpte un bout de bois, leur être n'est plus qu'une pointe tendue vers autrui.
Tout meurtrier d'occasion étant à une marche ou deux de la requalification de ses actes en crimes sériels, il sait comment ça s'arrête mais jamais comment cela commença.
L'affaire d'une infirmière disparue, dont le mari, emprisonné, reste d'une certaine façon, lui aussi 'introuvable', illustrerait bien la chose, comme le fit à son tour le documentaire de J-X. de Lestrade sur le cas Peterson.
Il faudrait redire aussi, en appui, que le nombre de fois où la main vengeresse se gela dans l'air, la plupart du temps dès l'éclosion d'une pensée mauvaise, doit être énorme.
Les exemples de libres arbitres salvateurs, justiciers à la racine, doivent abonder, c'est à l'honneur de l'Homme.
La magnifique plasticité du cerveau humain en est la cause, qu'elle fasse sienne le "Tu ne tueras pas" de la morale judéo-chrétienne ou pas.
Quoique cela puisse l'aider dans sa réflexion, même à l'état de souvenir.
Rédigé par : xavier b. masset | 09 août 2022 à 10:05
Remarquable mise en lumière de ce qu’un humain est capable de faire pour satisfaire son ego.
Rédigé par : UHRWEILLER | 09 août 2022 à 09:43
« Alors qu'en réalité le ressort fondamental en est l'amour de soi... » (PB)
C'est en fait trop souvent, même sans crime à la clé, une des tares de l'amour humain.
Rédigé par : Exilé | 09 août 2022 à 09:08
« Pourtant je ne suis pas sûr que le crime passionnel existe véritablement si on veut bien le définir par un meurtre ou un assassinat causé par le seul amour de la victime. » (PB)
Je peux parfaitement concevoir que l’on puisse mourir d’aimer. Que de romans et de films ont été réalisés sur ce thème. Nous nous souvenons tous de ce film d’André Cayatte réalisé en 1971 qui avait défrayé la chronique car inspiré d’un fait réel, avec Annie Girardot dans le rôle principal et une chanson de Charles Aznavour qui avait atteint les sommets des hit-parades.
Par contre tuer par amour est le comportement d’un être bouffi d’orgueil et d’égoïsme.
D’orgueil d’abord car il se sent terriblement frustré de ne pas ou plus être aimé, au point d’éliminer la personne coupable de cet affront.
D’égoïsme ensuite car il refuse à quiconque le droit d’être aimé par celle (ou celui) qui est l’objet de son amour exclusif.
Quand on lit qu’environ 300 femmes chaque année meurent sous les coups de leur mari, je doute toutefois que chacun de ces crimes soient le fait d’une jalousie maladive, et encore moins d’un amour insatisfait, mais plutôt d’un comportement, au demeurant assez courant chez les mâles un peu trop imbus du rôle qu’ils se sont attribué d'autorité dans le ménage.
Rédigé par : Achille | 09 août 2022 à 08:08
Le crime pour motif qualifié de passionnel est certes comme le développe avec talent M. Bilger une preuve de l’égoïsme face à la séparation inéluctable. Il devient inimaginable de renoncer à entendre l’être aimé, son parfum va disparaître, sa silhouette ne sera plus dans le champ de vision, il faudra se résoudre à oublier le goût unique de sa peau, les deux corps ne se toucheront plus. Pire encore, c’est une autre personne qui partagera avec l’être aimé toutes les voluptés procurées par les cinq sens.
D’un point de vue technique, il convient de définir si le mobile est l’égoïsme, l’argent ou la passion.
L’égoïsme exacerbé dans notre société est en train de phagocyter tout le reste. Tout disparaît au profil de l’individu et de son nombril qui est le centre du monde à lui personnellement. Et les femmes sont très fortes à ce jeu.
Dans cette affaire qui ne sera pas jugée puisque le présumé coupable est mort sans passer par le tribunal pour répondre de ses actes, il reste malheureusement la photo d’une jolie blonde qui avait décidé de suivre un destin dans lequel le Gaillard n’avait plus sa place. Magali avait choisi égoïstement. Le garçon a lui aussi fait preuve d’individualisme jusqu’à la mort.
Rédigé par : Vamonos | 09 août 2022 à 03:10
"Puisque même les crimes passionnels n'en sont pas et se leurrent." (PB)
Kipling, traduit par Malraux, l'avait exprimé autrement :
"Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
...
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
...
Tu seras un homme, mon fils."
Rédigé par : Claude Luçon | 09 août 2022 à 01:24