Dans les entretiens du garde des Sceaux, une fois la phase de stupéfaction dépassée, il y a toujours une idée, une réponse qui font réfléchir.
Stupéfaction en effet d'abord, quand on constate que le ministre, dans ses orientations et sa politique pénales, se trouve aux antipodes de ce que l'avocat défendait. Ce n'est pas interdit mais cela autorise qu'on s'interroge sur la conviction dans l'action au regard de ce contraste absolu. Où est le bon, le vrai, le sincère Eric Dupond-Moretti (EDM) ?
Ou faut-il considérer que son inconditionnalité à l'égard du président de la République lui a permis des synthèses miraculeuses ?
Le journaliste Timothée Boutry, dans son dialogue avec le garde des Sceaux, formule une dernière interrogation (sur son attitude au cas où il serait renvoyé devant la Cour de justice de la République pour prise illégale d'intérêts) à laquelle il va répliquer de la manière suivante : "J'ai exercé mon droit au silence durant l'instruction en attendant un renvoi quasi-assuré devant la formation de jugement pour y défendre les droits comme tout justiciable. Pour le reste, j'ai toujours dit que je tirais ma légitimité du président de la République et de la Première ministre et de personne d'autre. Cette mise en examen ne m'a jamais empêché de travailler" (Le Parisien).
Chaque fois qu'on met en doute son aptitude à exercer la charge qui lui a été confiée - de manière provocatrice et renouvelée -, EDM ressasse le fait qu'il n'aurait de comptes à rendre qu'au président et à la Première ministre. Il y a dans ce permanent rappel l'expression d'une déférence qui ne peut pas lui nuire : dans le monde de la macronie, il est bien porté de rendre hommage à ces deux personnalités, même si cette flagornerie institutionnelle ne démontre rien.
Parce qu'elle fait une confusion entre légalité et légitimité. La première notion se rapporte au processus qui l'a nommé et, aussi étranges qu'aient été son choix puis son renouvellement, il est irréprochable sur le plan constitutionnel. Le président avait toute latitude pour enjoindre au Premier ministre Jean Castex de prendre dans son gouvernement EDM au mois de juillet 2020 puis d'inviter Elisabeth Borne à le maintenir au mois de mai 2022.
Mais la légitimité renvoie à des exigences infiniment plus complexes qui ne sauraient se satisfaire de la validité apparente des mécanismes de nomination. Elle exige une adhésion, une confiance, une fiabilité, la réussite à des tests en quelque sorte quotidiens. Elle ne dépend plus du président sauf à considérer - et c'est malheureusement le cas - que ce dernier demeure insensible à tout ce qui devrait battre en brèche non pas la légalité de ses choix successifs mais leur pertinence.
La légitimité est, contrairement à la légalité tournée vers l'intérieur, consacrée par l'extérieur, par le peuple, par l'ensemble des citoyens, quelles que soient leurs orientations partisanes. C'est la réalité qui doit faire la preuve ou non de la légitimité, et non pas le bon plaisir du président et et de la Première ministre.
Si on admet que la légitimité n'est pas séparable de données objectives, concrètes et vérifiables, on est contraint d'admettre que cette grâce a été refusée au ministre de la Justice.
J'accepte de ne pas retenir à sa charge le fait qu'il a été désigné pour administrer un corps judiciaire qu'avocat il a toujours dénigré, ce qui est pour le moins infiniment paradoxal. Cette aberration est imputable directement au couple présidentiel.
Je mesure ce qu'a eu d'insupportable sa première visite aux condamnés qui l'ont acclamé quand tant de victimes auraient souhaité un geste symbolique de respect et de dignité. On aurait pu espérer une prise de conscience par la suite.
Je ne suis pas non plus sans savoir que c'est grâce à un nouveau directeur de cabinet qu'un climat apparent de normalité a été instauré, au moins avec deux organisations syndicales de magistrats. Contre la défiance absolue du premier mandat.
Je n'ose pas supposer que l'hystérie parlementaire anti-RN d'EDM (préférant insulter Julien Odoul, par exemple, plutôt que lui répondre), de même que son obsession épuisante d'avant le pluralisme à l'Assemblée nationale au point de laisser croire qu'il n'avait été mis en place que pour cette foudre haineuse et répétitive, aient pu à elles seules engendrer une quelconque légitimité.
Les enquêtes d'opinion confirment que ce ministre est perçu à son exacte valeur, donc très faible, probablement parce que malgré ses efforts et son souci de s'abriter sous un pouvoir complaisant à son égard il n'est pas parvenu à tromper la majorité des citoyens. Ceux-ci ont compris qu'un exceptionnel avocat dans les cours d'assises avec une philosophie de mansuétude obligatoire n'était pas plausible dans un nouveau rôle nécessitant une rigueur et un humanisme lucide. Pour l'avocat, l'insécurité n'était qu'un sentiment mais malheureusement le ministre a continué à penser cette absurdité.
Faut-il rappeler aussi le fiasco électoral dans les Hauts-de-France qui a révélé son peu de crédit dans l'exercice démocratique et populaire?
Convient-il de souligner qu'il a fallu confier aux Premiers ministres le soin de gérer les affaires sensibles qui auraient mis le garde d'aujourd'hui mal à l'aise face à l'avocat d'hier ? Ce qui manifeste l'entêtement d'autorités qui, malgré cette limitation pratique de son champ d'action, l'ont conservé dans sa fonction.
Est-il même besoin de mettre en évidence les probables déconfitures disciplinaires qu'il va subir à cause de sa posture trouble se servant du ministre pour faire payer les haines de l'avocat et de l'indécence de cette juxtaposition de la Cour de justice avec l'honneur formel d'être garde des Sceaux ? Apparemment le président et la Première ministre n'ont pas l'odorat républicain assez développé pour comprendre cette anomalie et y mettre fin (Mediapart).
Alors où est-elle cette légitimité dont EDM se pare par contagion ?
Des Etats généraux de la Justice organisés sur le tard et dont il a été contraint de ne pas se mêler pour qu'ils ne soient pas totalement vains ?
De ses attitudes scandaleuses face à la Commission d'instruction de la CJR qui ont donné un très mauvais exemple au justiciable de base, au citoyen ordinaire et de ses attaques contre le Procureur général près la Cour de cassation François Molins ? Manque de chance, celui-ci est respecté, et à juste titre.
De sa récente circulaire qu'une volonté répressive anime mais dont l'application se heurtera à des "petites contradictions" ? (Le Figaro)
Toute la légalité, alors, qu'on voudra pour EDM ministre mais pas l'ombre d'une légitimité. Au contraire la faiblesse d'un pouvoir exprimant sa seule force dans des décrets personnels injustifiables.
On peut regretter que le principal intéressé ait l'échine trop souple, contre toutes les impressions suscitées hier par l'avocat tonitruant et emblématique pour certains de ses confrères, pour tirer lui-même les conséquences de son absence de légitimité.
Nul ne met en doute la légalité de la présence de Dupond-Moretti place Vendôme. Il n’en va pas de même de sa légitimité et notre hôte décortique fort bien les différentes raisons qui conduisent à la nier, de ses conflits passés avec les magistrats à ses rapports confraternels avec les condamnés en passant par ses démêlés judiciaires pour cause de confusion entre ses rancœurs personnelles et ses exigences de ministre en matière d’enquêtes sur des personnalités de l’institution dont il est chargé d’assurer l’excellence.
Il me semble toutefois que Philippe omet un motif à cette absence de légitimité : les conditions de sa nomination en juillet 2020 et de son maintien à ce poste dans le gouvernement Borne. Proposé (officiellement) par celle-ci, nommé par Macron, il a été, dit-on, adoubé et imposé par deux fois par l’épouse de celui-ci, qui n’a ni titre ni fonction au sein de la République. S’il s’agit d’une rumeur, elle est néanmoins si forte et persistante que le Président se devait - et se doit - de la démentir clairement pour assurer un minimum de légitimité au garde des Sceaux... À moins que Bribri ne l’en ait définitivement dissuadé.
Dans son billet, Philippe se dit aussi « stupéfait » par le comportement de EDM. Personnellement, je suis inquiet sur deux points précis.
D’abord, je me demande si Dupond-Moretti, qui affirme à longueur d’entretiens qu’il n’a de comptes à rendre qu’à l’Elysée et à Matignon, a lu une seule fois le texte de notre Constitution. Dans son article 24, elle indique : « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. ». Le ministre de la Justice doit donc des comptes aux députés et aux sénateurs, représentants élus du peuple... Sa conception de la démocratie est donc erronée.
Ensuite, elle me paraît tout aussi dévoyée lorsqu’il fait du combat contre le Rassemblement national une priorité de son action. Moi qui croyais que les ministres étaient au service de tous les Français, quelles que soient leurs opinions pourvu qu’elles soient démocratiques, qu’ils se devaient de les respecter, je suis tombé de haut... À moins que le RN ne soit pas démocratique... Dans ce cas, EDM est encore fautif : il se doit, en qualité de garde des Sceaux, de s’allier avec son collègue de Beauvau pour mettre un terme illico presto à l’existence qu’un parti qui viole la République... Inutile de vociférer, il suffit de faire passer un décret en conseil des ministres.
Bref, sans même évoquer les dérives de la politique laxiste vis-à-vis des délinquants qu’il préconise et met en place, Dupond-Moretti est un piètre ministre de la Justice. Son absence de légitimité le dispute à son incompétence.
Rédigé par : Serge HIREL | 27 septembre 2022 à 20:22
Bonjour,
Monsieur Bilger, je vous trouve bien sévère avec notre ministre de la Justice
Je me souviens d’une époque où, il me semble, vous en parliez avec une certaine admiration. Les temps changent.
Et si notre président préparait sa retraite de 2027, on se souvient tous d’un certain Nicolas qui traîne derrière lui une batterie de cuisine, lui-même aura-t-il peut-être une petite casserole nécessitant un bon avocat tout trouvé.
Un renvoi d’ascenseur en quelque sorte. En attendant, lorsqu’il quittera ces fonctions, la poignée de mains d’EDM passera de 500 euros à 800 euros.
Comme on dit dans le Sud : Quand on est près de la cheminée on se chauffe…
Rédigé par : alain | 24 septembre 2022 à 19:13
@ Giuseppe
Et lui, alors, votre Tartarin est un ange à côté :
https://www.lefigaro.fr/international/pour-berlusconi-poutine-a-ete-pousse-a-envahir-l-ukraine-20220923
On est chrétien, mais il y a des limites, allez, du goudron et des plumes !
Rédigé par : Aliocha | 24 septembre 2022 à 14:32
Son inconditionnalité à l'égard du Président ? Bien obligé. Il est coincé. Nommé à un poste inapproprié, il a mangé son chapeau. Et il n'a plus de porte de sortie sauf à redevenir avocat, c'est-à-dire manger son nouveau chapeau. Donc il s'accroche... après avoir montré que l'outrance n'est pas une politique.
Rédigé par : Solon | 24 septembre 2022 à 11:20
Lancer un débat sur la différence entre légalité et légitimité d'un ministre, quel qu'il soit, ne me paraît pas fondé.
Les ministres sont nommés par décret présidentiel contresigné par le Premier ministre.
Tout ministre, quel qu'il soit, est dès lors légitime à exercer le pouvoir qui lui a été conféré dans des formes parfaitement légales.
De ce point de vue, il n'y a donc pas, à mon sens, de différence entre légalité et légitimité.
Rédigé par : Michel Deluré | 24 septembre 2022 à 10:15
Oyez braves gens la complainte du migrant !
Bonne nouvelle pour les gens du Touquet, il n'y aura ni migrants ni éoliennes chez eux, ainsi quand les Macron et les Moretti feront bronzette sur leurs transats en écartant les poils des doigts des pieds, ils n’auront pas la vue horrible de ces épouvantails quichottiens écolos Nupes à l'horizon, ni ces pestilentielles odeurs de drogue, cannabis, crack, de leurs invités arabo-africains qu'ils distribueront dans tous les villages de France, future colonie islamique tant souhaitée par ses électeurs soumis collabos ; les villages Nupes étant volontaires demandeurs en priorité, BEN VOYONS !
Bien entendu tous ces migrants viendront de leur plein gré tirer la charrue dans les champs, promis juré craché, tout comme la Lili de Somalie et ses poubelles à Paris, BEN VOYONS !
Il est vrai qu’ils ont une résistance à toute épreuve : passer des heures et des journées entières à faire la queue et squatter les escaliers et salles d'attente des CAF, c'est un exploit olympique, BEN VOYONS !
Je propose, afin de ne pas les priver de leurs bonnes habitudes, d'installer des guichets d’allocs et aides, même fictifs, sur la place du village, avec un tapis de prière, faut pas abîmer djellabas et burqas, ainsi ils pourront continuer à se prosterner devant leur veau d'or CAF bien plus généreux en espèces sonnantes et trébuchantes que leur dieu Allah qu’il est grand mais bien plus radin que notre système social qu‘il est encore plus grand.
Elle est bonne mon idée, n'est-ce pas les macronupes ?
Rédigé par : sylvain | 24 septembre 2022 à 10:13
@ Serge HIREL | 23 septembre 2022 à 22:29
« À l’affût dans les herbes folles, le futé Folamour version 2022 »
J’ai visionné pas plus tard qu’hier l’excellent film de Stanley Kubrick datant de 1964.
Déjà il y était question de guerre atomique, mais sur un ton badin avec un humour décapant, ridiculisant les deux grandes puissances qui dominaient le monde dans les années 60 et jouaient au poker menteur avec leurs ogives nucléaires.
Qui n’a pas ri en regardant cet excellent film ?
Aujourd’hui la guerre nucléaire prend les aspects d’une réalité à l’issue fatale. Et là, bien sûr, c’est beaucoup moins drôle…
Rédigé par : Achille | 24 septembre 2022 à 07:51
@ Giuseppe | 23 septembre 2022 à 14:09
Giuseppe, vous n’y êtes pas du tout ! À l’affût dans les herbes folles, le futé Folamour version 2022 prépare une lévytation pour élever son auguste pensée au-dessus de ce bas monde... Il serait bien sûr hautement condamnable d’imaginer que cet être superbe en escarpins vernis et col amidonné se planque parce qu’au loin le tonnerre gronde... Giuseppe ! Un peu de décence ! C’est du nouveau Platon dont il s'agit !
Rédigé par : Serge HIREL | 23 septembre 2022 à 22:29
Juste ce rajout : les intervenants donc venant ici en com’ ne font-ils que déposer leur obole chez vous monsieur Bilger et je ne dis pas en s’écoutant écrire, non non ou font-ils comme moi qui lis tout avidement en commençant par Achille et son talent dans les talons, les sbriglia quand il y en a sans parler des ah Marie si vous saviez ! Rassurez-moi, monsieur ! Un blog où vous déposez quotidiennement votre substantifique moelle et où nous venons égrainer nos épines... de cactus parfois oui oui !
Rédigé par : Cactus | 23 septembre 2022 à 21:00
J'espère que je serai pardonné, mais je n'ai pas pu résister devant la crasse médiocrité de notre Tartarin national.
Il se rêvait d'un destin mondial, héros, digne d'un Malraux, qu'admirait secrètement Mongénéral... Il n'est que nouille, nullité, fantoche qui me fait honte, instrumentalisé pour ce qu'il peut peut-être représenter.
Son courage à deux balles, qu'il le garde pour les imbéciles qui y croient, mais pour les autres il ne me représente pas, encore moins quand il parle en mon nom:
https://i.goopics.net/bqrtks.png
Il me fait honte.
Rédigé par : Giuseppe | 23 septembre 2022 à 14:09
@ etienne | 23 septembre 2022 à 11:08
Détendez-vous, avec ce qui nous attend dans quelques années, vous allez devenir un sylvain puissance 10.
Moi j'ai quelques neurones d'avance par rapport à vous, bande de bisounours, un peu comme JM Le Pen et Zemmour qui ont eu raison des décennies avant tout le monde mais qui ont été condamnés pour avoir dit la vérité.
Rédigé par : sylvain | 23 septembre 2022 à 13:50
@ hameau dans les nuages | 23 septembre 2022 à 10:33
Tiens, ça me fait penser que j’ai eu ma quatrième dose de vaccin contre la Covid-19 au début de ce mois et j’envisage de me faire vacciner contre la grippe fin octobre, comme tous les ans. J’ai reçu les feuilles de la sécu hier. :)
Rédigé par : Achille | 23 septembre 2022 à 11:55
@ sylvain | 22 septembre 2022 à 11:28
"On dit que le poisson pourrit par la tête, eux je pense qu'ils sont pourris de partout"
S'il y a quelqu'un pourri de partout, c'est bien vous ; quel que soit le post que vous commentez, ce ne sont qu'insultes, avec toujours les mêmes rengaines : islam, crimes et couleur de peau vont de pair avec vous...
Quand on se vante, comme vous le faites, d'avoir éduqué (?) ses enfants en les giflant !
Je crois que vous êtes un pauvre type très mal dans sa peau, ne prenant du plaisir que dans l'insulte et la violence verbale.
Rédigé par : etienne | 23 septembre 2022 à 11:08
Monsieur Dupond-Moretti à propos du vaccin covid:
"Les prisonniers ne sont pas des cobayes".
Et il a bien raison le bougre quand on voit les résultats de pays qui ont été des prisons à ciel ouvert avec un confinement très strict et vaccinés à 95 %
https://www.smh.com.au/politics/federal/covid-complications-push-australian-deaths-to-highest-number-in-40-years-20220921-p5bjtm.html
Rédigé par : hameau dans les nuages | 23 septembre 2022 à 10:33
Ce qui me dérange un tantinet c’est l’écart de grandeur entre nos prisons et l’hôtel de la Grande-Chancellerie place Vendôme, parfois je me demande comment peut-on bosser dans de tels lieux avec les réductions de chauffage qui s’annoncent... Il serait temps de laisser ces lieux à l’histoire et d’investir quelques étages dans une tour en verre évidemment pour une question de transparence.
Rédigé par : Louis | 23 septembre 2022 à 09:57
Bonjour monsieur Bilger !! Si j’ai tout compris, à sa mort on écrira sur sa tombe « ci-gît Rouette », non ? Sissi !
Rédigé par : Cactus | 23 septembre 2022 à 08:59
« Chaque fois qu'on met en doute son aptitude à exercer la charge qui lui a été confiée - de manière provocatrice et renouvelée -, EDM ressasse le fait qu'il n'aurait de comptes à rendre qu'au président et à la Première ministre. » (PB)
Ben oui, les ministres sont choisis par le Président et le Premier ministre. Il en a toujours été ainsi dans la Ve République et ce n’est pas 74 ans après sa création que cela va changer.
La légitimité d’un ministre réside dans le fait qu’il a été jugé apte à occuper la fonction qui lui a été confiée par le pouvoir en place. Pouvoir légitimé par l'élection présidentielle et les élections législatives.
Ceci étant on peut toujours envisager de faire élire un ministre par la population, un peu comme cela se fait pour les shérifs dans les comtés du Texas ou de l’Oklahoma. Ainsi il disposerait d’une légitimité indiscutable car directement désigné par le peuple.
Mais pour cela il faudrait l’inscrire dans la Constitution, voire passer pas un référendum. Je pense qu'il y a des problèmes plus urgents à traiter en ce moment.
Rédigé par : Achille | 23 septembre 2022 à 07:03
M. Eric Dupond-Moretti a été légalement nommé par M. Macron sur proposition du Premier ministre qui est aujourd'hui Mme Borne. Sa présence dans le groupe des ministres de la République est tout à fait légale. La preuve ultime est que la seule juridiction apte à le juger est la Cour de justice de la République.
Nul besoin d’avoir fait Sciences Po, un simple diplôme d’ingénieur suffit pour détenir les bases de droit suffisantes pour comprendre que le principe de la séparation des pouvoirs est respecté en France. L’Assemblée nationale n’est pas légalement partie prenante dans le choix d’EDM comme personne physique détentrice des Sceaux de la République française.
La légitimité est une autre notion, différente de la dimension légale dans la mesure où la morale devient un paramètre prépondérant. L’éthique étant devenue de nos jours une notion qui se discute, une valeur à géométrie variable, il devient ardu de trouver une légitimité qui satisfasse à toutes les tendances politiques.
Pour l’instant, toutes les opinions et critiques sont admissibles. Mais enfin, si la Cour de justice de la République devait condamner EDM, alors sa légitimité serait sérieusement remise en cause.
Rédigé par : Vamonos | 23 septembre 2022 à 04:08
"Alors où est-elle cette légitimité dont EDM se pare par contagion ?" (PB)
Là :
"Le président avait toute latitude pour enjoindre au Premier ministre Jean Castex de prendre dans son gouvernement EDM au mois de juillet 2020 puis d'inviter Elisabeth Borne à le maintenir au mois de mai 2022." (PB)
Le Président élu de toute la République française, pas seulement haut fonctionnaire président d'un tribunal !
"Apparemment le président et la Première ministre n'ont pas l'odorat républicain assez développé pour comprendre cette anomalie et y mettre fin (Mediapart)".
Mediapart ?
À propos d'odorat républicain, curieuse référence dans un billet traitant de légalité ou légitimité !
Rédigé par : Claude Luçon | 23 septembre 2022 à 02:20
@ Marc Ghinsberg
Encore une fois je trouve votre commentaire remarquable. Je suis d’accord avec vous jusqu’à la virgule. Merci.
Rédigé par : HOPE | 22 septembre 2022 à 23:48
"On s'interroge sur la conviction dans l'action au regard de ce contraste absolu. Où est le bon, le vrai, le sincère Eric Dupond-Moretti ? " (PB)
Henri IV dit le Vert-Galant (surnom qui lui vaudrait aujourd'hui les foudres de Clémentine, Sandrine et les autres) a été successivement :
- Baptisé catholique,
- Élevé dans la religion protestante, et devenu chef de la faction protestante,
- A abjuré le protestantisme en 1572,
- Continué à flirter avec le protestantisme,
- Pour finir par se reconvertir solennellement au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d'une cérémonie en la basilique de Saint-Denis, ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres.
À ceux qui se posaient, et lui posaient, de méchantes questions sur la qualité de ses convictions, il répondait avec la multiple sincérité qu'ont parfois les multiples convertis :
"Paris vaut bien une messe".
EDM n'est pas plus royaliste que le bon roi Henri.
Un maroquin de ministre vaut bien des retournements de veste et de multiples sincérités variables au gré du vent élyséen.
Un mot sur l'excellente photo illustrant le billet.
Le billet parlant de "l'action au regard de...", on peut voir que les deux yeux d'EDM regardent dans le même sens, ce qui semble un exploit compte tenu de ses changements de conviction ;-)
Rédigé par : Tipaza | 22 septembre 2022 à 16:37
Il y avait longtemps que l’on n’avait pas parlé d’Éric Dupond-Moretti. Juste après avoir commis un billet intitulé « Trop d’avocats généraux en France ! », notre magistrat honoraire engage un procès en illégitimité à l’encontre du garde des Sceaux.
Distinguant légalité et légitimité, sujet sur lequel tout ancien élève de Sciences Po a eu à plancher, Philippe Bilger fait fausse route lorsqu’il affirme que « la légitimité est, contrairement à la légalité tournée vers l'intérieur, consacrée par l'extérieur, par le peuple, par l'ensemble des citoyens, quelles que soient leurs orientations partisanes. »
Cette distinction est totalement erronée. En démocratie la légalité est aussi consacrée par le peuple (en fait par les citoyens, le peuple est une notion abstraite et le peuple unanime exprimant une même volonté générale une chimère). Ce sont les députés (en dernier ressort) qui votent les lois, ils sont élus au suffrage universel direct par les citoyens. En démocratie, il n’y a pas lieu d’opposer légalité et légitimité. Là où il peut y avoir divorce entre l’une et l’autre, c’est dans une dictature ou dans une monarchie absolue où il n’y a pas de citoyens mais des sujets. Pour légitimer une telle monarchie, il faut faire alors appel au droit divin, à la religion et le monarque tient son pouvoir de Dieu. La dictature, elle, légitime son pouvoir par le force, la loi du plus fort.
Philippe Bilger dresse la liste des griefs qu’il nourrit à l’égard du ministre. Et notamment que celui-ci se réclame d’une légitimité qu’il tiendrait du président de la République et de la Première ministre alors que selon la logique de l’auteur du billet la légitimité d’un ministre serait « consacrée par le peuple » et comme « les enquêtes d'opinion confirment que ce ministre est perçu à son exacte valeur, donc très faible », il ne serait pas légitime. On est en plein délire.
La popularité mesurée par des sondages ne saurait être la marque de la légitimité, elle est souvent la marque de la démagogie. Je soutiens qu’un ministre qui agit dans le bien du pays est souvent amené à prendre des mesures impopulaires et qu’il est bien plus légitime que celui qui tient sa popularité du fait qu’il ne dérange personne.
Quant aux autres griefs, ils me semblent plus relever du règlement de comptes entre avocats et magistrats que du souci de servir la Justice. Ils sont en tout cas totalement abscons pour le commun des mortels.
Concernant la légitimité, je serais beaucoup plus dubitatif sur le cas d’un député qui se mettrait en retrait du travail parlementaire tout en considérant qu’il n’est pas tenu de renoncer à son mandat.
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 22 septembre 2022 à 15:07
Quel réquisitoire, cher Philippe ! Je conviens que vous avez eu quelques années pour vous exercer à cela. Les avocats s'il y en a, n'auront pas la partie facile. Je ne m'y risquerai pas.
Une remarque, pour le dire en passant. Un chef de gouvernement (parfois vivement aiguillonné par le chef de l'Etat) choisit, dans un assez vaste vivier, les ministres qu'il veut. Libre à chaque Français de juger ces choix. Vous venez d'user de cette liberté.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 22 septembre 2022 à 13:07
« Eric Dupond-Moretti : légalité ou légitimité ?
Vous êtes décidément très sourcilleux sur le choix des gardes des Sceaux.
Si j’ai bonne mémoire :
- Lorsque Michèle Alliot-Marie a été nommée garde des Sceaux de Jacques Chirac, vous l’avez critiquée.
- Lorsque Rachida Dati a été désignée garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, vous l’avez aussi critiquée.
- Lorsque Christiane Taubira a été choisie par François Hollande pour devenir garde des Sceaux, vous l’avez critiquée.
- Lorsque Éric Dupond-Moretti a été sélectionné pour devenir garde des Sceaux et qui plus est confirmé dans ses fonctions par Emmanuel Macron pour le second mandat, vous l’avez critiqué.
Je pensais au départ que c’était un problème lié au fait que les gardes des Sceaux étaient des femmes, mais apparemment non. Voilà qui est rassurant !
Reste maintenant à connaître qui serait à vos yeux un garde des Sceaux "légitime".
Quelqu’un qui vient du corps des magistrats sans doute, mais surtout pas un avocat, bien sûr ! :)
Rédigé par : Achille | 22 septembre 2022 à 13:04
La joie de Dupond, même cachée, fait toujours plaisir à voir.
Si l'homme paraît insécure, le ministre garde des sentiments pour la Justice alors que certains de ses attendus pourraient lui glisser sur le cou "comme une légère fraîcheur".
Quelle étrange mélancolie pénétrante.
Élu-maintenu par le couple présidentiel, leur Tapie à eux deux, il couve du regard la fonction, authentique onction de passage à frotter tous les matins comme une lampe à huile en argent avec un gant doublé de fibres d'amiante, tout en restant modeste, pas du genre à jouer les Fouquet au Touquet, à transformer Vendôme en Vaux.
Il irait bien jusqu'à se visiter lui-même à Pignerol, derrière un masque de fer, si d'aventure.
L'esprit de citadelle assiégée, toujours, récepteur de jouissances infinies et d'extases célestes, privilèges des honnis qui s'ignorent, état mental qui vous redonne le barreau d'un coup de bambou magique, à volonté.
Rédigé par : xavier b. masset | 22 septembre 2022 à 12:53
EDM, ministre des criminels, a pris une superbe gifle dans le Nord lors de sa chasse minable au RN ; bouffi d'orgueil, de suffisance et d'arrogance, il a été reconduit par Macronéron par provocation et vengeance contre ce parti qui, selon le catéchisme macronien, représente un grand danger pour la France.
Le score mortuaire est le suivant :
- RN = zéro crime
- Les électeurs islamistes de Moretti = des milliers de coups de couteau, de blessés, de morts, de violeurs hyper-récidivistes, cherchez l'erreur.
Qu'il continue à aller se faire applaudir et jouer au baby-foot dans les prisons, ainsi le RN, de 89 députés passera à plus d'une centaine.
C'est peut-être le but recherché, ils sont tellement machiavéliques qu'ils joueront à nouveau la carte des bruits de bottes, des heures sombres du fascisme revenu pour faire peur à ce peuple cocufiable à volonté.
On dit que le poisson pourrit par la tête, eux je pense qu'ils sont pourris de partout.
Rédigé par : sylvain | 22 septembre 2022 à 11:28