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29 novembre 2022

Commentaires

Serge HIREL

@ sylvain | 01 décembre 2022 à 10:45
« Écouter cette maire de Paris Hidalgo qui propose au plus fort des combats et des meurtres... une piste cyclable... »

Des vélos pour l’Ukraine... Les bobos s’en pâment ! À noter qu’en 1944, les GI’s sont arrivés en France avec leurs Camel, leur Coca et leurs bas nylon... Bon, ils avaient aussi quelques canons. Anne a raison... Elle voit loin... C’est le prénom qui veut ça. Elle voit qu’à Kiev les rats festoient et que, les Ruskofs chassés d’Ukraine et elle, de Paris, Volodymir lui trouvera un emploi... Agent(e) de la circulation. CV parfait, excellentes références. Un carrefour, trois voitures, embouteillage 100 % garanti... Un seul défaut : un peu dépensière...

Serge HIREL

@ Marcel P | 03 décembre 2022 à 11:33

Votre vision de la justice me semble un peu trop manichéenne... Le procureur accuse le prévenu... Le juge condamne l’accusé... L’avocat défend son client... Avant tout, il le conseille... Et le bon avocat ne le laisse pas se fourvoyer dans l’impasse d’un déni quand les preuves sont accablantes. Les meilleurs vont même jusqu’à l’aider à soulager sa conscience (cf affaire Daval). Ce qui ne l’empêche aucunement de plaider ensuite l’indulgence du tribunal, bien au contraire. Comme il le fera aussi, avec la même conviction pour le violeur pris en flagrant délit. Qu’il plaide l’acquittement quand l’instruction a « laissé des portes ouvertes » n’est pas son droit. C’est son devoir... Le doute doit profiter à l’accusé.

Dans les trois cas, l’avocat rend service à son client et participe à la bonne administration de la justice, donc améliore la société. Et c’est aussi son cas quand, intimement persuadé que son client ment, il se retire pour éviter d’obtenir un acquittement que sa conscience ne saurait admettre. Vous avez raison de dire qu’en ce domaine, le secret professionnel interdit toute statistique... mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre le motif de tel ou tel retrait.

Quant à « la pression et la mode » qui pèsent sur les juges et leurs verdicts, il n’y a là rien de nouveau sous le soleil (cf affaire Dreyfus). Tout juste peut-on regretter que le talent des membres du « tribunal médiatique » d’aujourd’hui ne soit pas à la hauteur de celui de Zola...

Marcel P

@ Serge HIREL
« Ensuite, il est peu fréquent qu’un avocat, convaincu de la culpabilité de son client, ne se décharge pas de l’affaire. S’il croit à son innocence, c’est son devoir et son honneur de le défendre, y compris après le verdict. Je ne vois pas en quoi on pourrait affirmer que cet avocat-là, en respectant son client, ne participe pas à la construction d’« une société la plus juste possible ». »

Comment évaluez-vous le rythme auquel des avocats convaincus de la culpabilité de leur client se déchargerait de l'affaire ? C'est impossible par principe, puisque l'avocat trahirait ses engagements s'il s'exprimait à ce sujet. On ne sait rien des raisons qui poussent un avocat à cesser de représenter un client - désaccord de stratégie, etc.

Le principe du droit à l'avocat n'est pas restreint aux innocents. Même le pire criminel à droit à un avocat. Quand on le condamne, on doit avoir la certitude que c'est une condamnation au plus légitime, sans défaut, sans manque de défense. La présence de l'avocat participe, bien sûr, à la construction d'une société la plus juste possible, puisque nous donnant la garantie que le condamné ne l'est pas par malentendu.

Mais l'objectif de l'avocat n'est pas là. L'avocat est là pour défendre les intérêts d'une partie, d'une personne. Et si cet intérêt va à contresens de celui de la société, l'avocat ne va pas tourner casaque. Sinon, les avocats qui défendent des violeurs en série et des tueurs, qui ne nient pas même le crime, devraient faire des réquisitions et plus des plaidoyers.

« Il n’en va peut-être pas de même des magistrats qui rejettent un recours en révision sous prétexte de nouvelles preuves insuffisantes, alors qu’elles sont très sérieuses (affaire Omar)... Admettre que la justice s’est trompée, c’est aussi améliorer celle-ci et, donc, notre société. »

Ou alors ceux qui ont lu le dossier ont de bonnes raisons d'estimer ces nouvelles preuves comme insuffisantes, en dépit du battage médiatique. Et c'est peut-être là que se situe l'exercice le plus difficile dans notre société d'ultra-communication médiocre : juger selon le droit et les principes, et non selon la pression et la mode.

Serge HIREL

@ Marcel P | 01 décembre 2022 à 23:47

D’abord, de tels acquittements de meurtriers sont rarissimes, encore beaucoup plus que ce qu’il est convenu d’appeler les « erreurs judiciaires ». Ensuite, il est peu fréquent qu’un avocat, convaincu de la culpabilité de son client, ne se décharge pas de l’affaire. S’il croit à son innocence, c’est son devoir et son honneur de le défendre, y compris après le verdict. Je ne vois pas en quoi on pourrait affirmer que cet avocat-là, en respectant son client, ne participe pas à la construction d’« une société la plus juste possible ».

Il n’en va peut-être pas de même des magistrats qui rejettent un recours en révision sous prétexte de nouvelles preuves insuffisantes, alors qu’elles sont très sérieuses (affaire Omar)... Admettre que la justice s’est trompée, c’est aussi améliorer celle-ci et, donc, notre société.

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@ sbriglia | 01 décembre 2022 à 17:13

La bonne nouvelle est que Me Julienne, dont le mandat s’achève, quittera la présidence du barreau de Nantes début janvier. On peut espérer que son successeur, Me Emmanuel Follope, redressera la barre... Il a été président de l’Ecole des avocats du Grand Ouest... Est-ce bon signe ?

Marcel P

@ Serge HIREL
« Avocats et magistrats sont sur le même bateau et rament, certes, sur des bancs différents, mais vers le même objectif : que notre société soit la plus juste possible envers tous les justiciables, qu’ils soient accusés ou victimes. »

Étrange. L'avocat défend un client. Peu importe que notre société soit juste pour lui ou pas. Si l'avocat parvient à faire acquitter un meurtrier, c'est son travail, sa tâche, et pour autant on ne peut pas dire que la conséquence serait que la société soit ainsi devenue plus juste, ni pour le meurtrier ni, bien sûr, pour le défunt.

sbriglia

@ Serge HIREL | 01 décembre 2022 à 13:30
"Qu'en pensez-vous ?"

Fort heureusement vous n’avez pas écrit « Quand pensez-vous ? »
Je pense que cette bâtonnière est indigne de sa fonction.
Et que ce barreau nantais est bien mal nanti.

Serge HIREL

@ sbriglia | 30 novembre 2022 à 18:27
« Nous ne sommes pas dans le même bateau, avocats et magistrats : nous défendons des justiciables face à des hommes et des femmes qui les condamnent ou les relaxent, investis en cela d’une mission quasi surnaturelle. »

Il n’est jamais prudent de s’immiscer dans une querelle intrafamiliale... Mais permettez au justiciable et au citoyen que je suis, de prendre ce risque et de donner son opinion sur cette phrase d’un texte fort bien rédigé, mais qui néanmoins suinte une rancœur envers les magistrats qui n’est pas de mise, avocats, quelle que soit leur spécialité, et magistrats partageant théoriquement les valeurs communes qui définissent l’humanisme.

Avocats et magistrats sont sur le même bateau et rament, certes, sur des bancs différents, mais vers le même objectif : que notre société soit la plus juste possible envers tous les justiciables, qu’ils soient accusés ou victimes. Que des désaccords surviennent entre eux, rien que de plus normal, mais ils ne doivent pas atteindre des sommets qui mettent en péril l’embarcation, même quand un président de la République jette de l’huile sur le feu en choisissant pour ministre de la Justice un avocat qui a construit sa réputation sur des coups de gueule contre les magistrats.

Qualifier de « quasi surnaturelle » la mission des magistrats me semble quasi-injurieux à l’encontre de l’ensemble des citoyens qui forment le peuple... Ce fameux « peuple » au nom duquel, depuis la Révolution et l’abandon du droit divin, ils conduisent l’instruction et les débats, prononcent leurs sentences. Peut-être faudrait-il effectivement que le corporatisme qu’on leur reproche se fasse plus discret... et que, comme les militaires, qui, eux aussi, œuvrent au nom du peuple, le syndicalisme ne leur soit pas autorisée, en tout cas celui qui confine à l’expression d’opinions politiques (cf le « Mur des cons »).

De même, ce corporatisme met à mal l’estime portée aux avocats, déjà affaiblie par les comportements douteux de quelques-uns. Un corporatisme qui, de plus en plus, se cristallise autour d’une défense arrogante de la profession, qui serait, par essence, au-dessus de la loi commune (cf le secret professionnel versus l’autorisation d’écoutes téléphoniques dans le cadre d’une instruction visant un avocat) et d’un mépris affiché des magistrats.

Ajoutons à cela une bonne dose de convictions politiques qui, pour certains, l’emportent sur leur serment professionnel, lequel les oblige pourtant à « l’indépendance », et même sur leur devoir de confraternité... Un exemple tout récent : Me Christine Julienne, bâtonnier - « bâtonnière », dit-elle - du barreau de Nantes, a convoqué un jeune avocat, Kevin Dailly, afin de lui faire plus que des remontrances pour avoir signé un article dans « Valeurs actuelles » dénonçant les responsabilités de la municipalité (PS-Nupes) dans son déclin de la ville, notamment en matière de sécurité. Un article signé par « un Nantais de souche », et non par Me Dailly, avocat inscrit au barreau de Nantes... À noter qu’Aurélie Rolland, fille de la maire de Nantes, Johanna Rolland, et membre du gauchisant Syndicat des avocats de France, travaille au cabinet de Me Julienne... Qu’en pensez-vous ?

sylvain

Le LOL du mois, je pense qu’on aura du mal à trouver mieux avant longtemps :

Nous apprenons que de passage à Kiev, Hidalgo a exhorté les Ukrainiens à se déplacer à vélo.
Il est vrai que pour un pays en guerre, penser à être écolo est une priorité.
Pourquoi pas des chars électriques et des missiles en tissus recyclables ? 


En conséquence de quoi je pense sincèrement qu'il n'y a pas que Paris qu'il faudrait mettre sous tutelle mais également Anne Hidalgo et surtout conserver son cerveau pour faire avancer la recherche psychiatrique sur les mystères insondables de la folie de cette femme ; son cas est surnaturel.

Mais rassurons-nous. les bobos parigots revoteront pour cette dingo, elle est à leur image.


D’autres LOL et de taille :

L’hallucinant voyage scolaire organisé dans un camp de migrants à Calais, là on touche le fin fond des fosses septiques nauséabondes de l’EN gauchiste.
Heureusement que Zemmour et Reconquête sont intervenus pour dénoncer cette folie furieuse ; après leur LGBTisme pervers dégénéré, voilà que ces ignobles enseignants gauchistes se donnent pour mission divine de politiser à gauche et wokiser les enfants.

En même temps on apprend, sans rire, que les deux agresseurs de la mamie de Cannes feront six mois de plus dans leur centre de rééducation, NA !
Centres de rééducation passoires à racailles, pléonasme.

L e troisième agresseur multi hyper récidiviste, méga connu des services de police, de la justice, de tout le quartier, des voisins, des amis, des bandes de racailles, des caméras de surveillance, reste introuvable. MDR !

sbriglia

Étrange billet de votre part, cher Philippe.

Étrange billet de la part de celui qui n’a eu cesse de fustiger le déplorable « mur des cons » qui a certes démontré que vos anciens collègues savaient, hélas, se renouveler et qu’ils n’étaient jamais meilleurs que dans le pire…

Étrange billet de la part de celui qui ouvre largement sa chaîne YouTube aux avocats et laisse au bord du chemin vos anciens collègues.

Étrange billet de la part de celui qui adoube la mise sur écoute des avocats, au mépris du secret professionnel, mais déplore la mise sur écoute d’une magistrate du PNF…

Nous ne sommes pas dans le même bateau, avocats et magistrats : nous défendons des justiciables face à des hommes et des femmes qui les condamnent ou les relaxent, investis en cela d’une mission quasi surnaturelle.
Étrange vision qui semble ne s’attacher qu’à la justice pénale et oublie la justice civile, commerciale, sociale, administrative.
Certes, cette cérémonie est quelque peu convenue, comme le sont les discours de rentrée des cours d’appel et celle de la Cour de cassation.
Faut-il pour autant les jeter aux oubliettes ?
Il y a des avocats médiocres, il y a des avocats exceptionnels et certains sont de vos amis.
Il y a autant de magistrats médiocres et de grands magistrats.
Les corporatismes, inhérents aux deux fonctions, sont également partagés.
Et les deux savent se mettre en grève, les uns pour survivre ou défendre les droits de la démence, les autres pour défendre leurs avantages fonctionnels.

J’ai appris à respecter la magistrature, sans cesser de tenter de lui apporter, parfois sans succès, ma part de vérité.
J’ai appris à admirer les meilleurs de mes confrères, en essayant de me hisser à leur niveau.
Et je sais que l’on n’a que vingt-quatre heures pour maudire ses juges… Passée la vingt-cinquième heure je reprends mes esprits.
Cordialement, comme disait ce cher boureau !

Louis

Lorsqu’on s’adresse à la justice (Tribunal administratif) pour une toute petite chose presque insignifiante en face d’un maire tout-puissant ayant « oublié » de respecter la loi qu’il est en charge de faire appliquer, on peut s’interroger sur l’état des victimes dans les affaires graves. J’en garde le souvenir d’une mauvaise pièce de théâtre jouée par des acteurs absents, sauf pour les honoraires.

Exilé

Mais à quoi donc les avocats, qu'ils soient parisiens ou pas, peuvent-ils donc encore bien servir puisque désormais, si vous êtes un « mâle blanc de plus cinquante ans » franco-Français éventuellement affecté d'autres supposées tares à la mode pour aggraver votre cas, votre cause sera entendue avant même que le procès ait seulement commencé ?

Xavier NEBOUT

Les grands débats d'antan portant sur l'opposition de l'immanent au transcendant, d'un droit dit naturel à celui inspiré par le juste, ont fait place à la harangue de Baudot, et la magistrature n'a pas encombré les médias pour s'en indigner.

Comment le pourrait-elle en ayant un niveau zéro en matière d'histoire de la philosophie du droit, et moins que zéro en matière de spiritualité ? République oblige.

Alors, les pompes à fric déguisées en prêtre font leur numéro existentialiste.

Aliocha

Voilà encore un billet qui donnerait raison à l'exclu, tiens donc, égalité sans liberté exciterait les rivalités, à qui il s'agirait de faire accepter de cheminer ensemble sur les chemins d'équité, la livre d'étain pesant physiquement le même poids que celle de pois chiche et la seule transcendance, acceptée même par les corporatismes ennemis, ne se mesurant qu'au fléau horizontal de la fraternité, seul terreau à même d'irriguer la verticale alors féconde du Droit.

Sinon, démocratie n'est plus que sa négation, et Hanouna recommencera sans fin à l'image de l'Occident à dévoyer son saint nom, au nom de la révolution qui ne sait, en marche, route, que retourner au point de départ des illusions de la domination :

Démocratie

« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
« Aux pays poivrés et détrempés ! — au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
« Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route ! »

http://abardel.free.fr/petite_anthologie/democratie.htm

Achille

Lundi soir, je regardais un film sur France 3, « Une intime conviction », retraçant l’affaire Viguier qui a défrayé la chronique dans les années 2000.
Éric Dupond-Moretti y était montré dans toute sa magnificence en brillant ténor du barreau.

Bref, un film à la gloire d’Aquittator qui va encore agacer quelques magistrats qui ne le portent pas dans leur cœur… :)

duvent

« Ce serait bien si les avocats parisiens - je suis certain qu'il y a là une spécificité touchant moins la province - se renouvelaient un peu. On a envie de leur dire, selon une formule célèbre : étonnez-nous ! » (PB)

Vous trouvez qu'ils ne sont pas étonnants, les avocats parisiens ?
Si, si, si, ils sont étonnants ! Je me demande où ils sont allés chercher ce petit air céleste, mais je ne me le demande pas longtemps, n'est-ce pas ? Faut pas pousser mémé dans les orties...

Les avocats en général, parce qu'ils arrivent dans la vie des gens au pire moment, se prennent pour Sainte Rita, sachant que la pauvre Rita, que je ne connais pas, est souvent très dépassée par le nombre de causes perdues, en outre, il convient de remarquer que si les causes sont perdues, eh ben, elles sont perdues... Ça, c'est moche, mais c'est vrai ! Les miracles par les temps qui courent se font presque inexistants, rares, disons ; excessivement rares...

Mais le plus hideux est que ces ordres, ces bâtonniers, ces clampins de comédie, n'ont pas assez de tenue pour faire accroire.

Vous les voyez, enfoncés dans leur importance, errant dans les couloirs des Cours, présenter leur chorégraphie d'une pauvreté qui décourage, entendez-les se gargariser dans un jargon de moins en moins obscur, car leur niveau n'est pas comme celui de la mer, non, il ne monte pas.

Alors, il faut supporter des tribunaux qui ressemblent à des asiles d'aliénés, d'où a été expulsée la grandeur d'une tâche si sublime, la solennité de la justice absente laisse voir sous les jupes des magistrats des guenilles d'une saleté repoussante...

Et ce n'est pas (sans offense, M. Bilger) grâce aux juges qui sont formés on ne sait pas bien par qui, ni comment, que l'édifice le plus nécessaire, le plus rassurant, le plus puissant qu'une nation doit à son peuple, se relèvera...

Voilà que ce monumental symbole est désormais une grande pétaudière, qui inspire autant de confiance qu'un dispensaire dans lequel on ferait des ponctions lombaires avec une paille en matière recyclable !!

Serge HIREL

Quelques réflexions d’un citoyen non bardé d’une kyrielle de diplômes de droit, mais, comme chacun, disposant de la faculté d’observation et d’un peu de bon sens.

- Pour que l’équilibre, toujours instable, d’une société - le « vivre-ensemble » dans le jargon de la gauche - soit assuré, il faut que les éléments qui la structurent - ses membres, leurs mœurs, les lois, la morale, les rapports sociaux... - évoluent de concert. Figer l’Etat de droit est une aberration. Applique-t-on à la circulation automobile les règles qui régissaient celle des carrosses ? Ces dernières années, notre société a évolué vers la violence, le chacun pour soi, le mépris de l’autre, rompant dangereusement sa cohésion. Nos lois doivent évoluer pour lui permettre de trouver le nouveau point de convergence et, si possible, s’y tenir. Si cela nécessite - c’est le cas aujourd’hui - de revoir en partie quelques dispositions de notre Etat de droit, lui-même déstabilisé par ces mutations, mieux vaut oser le faire avant que celles-ci le rendent totalement obsolète.

- Ce n’est ni aux juges, ni aux avocats, ni à l’exécutif, d’entreprendre le dépoussiérage de nos codes, a fortiori celui de nos règles fondant notre démocratie. Cette mission revient exclusivement aux représentants du peuple, le rôle du président de la République, lui aussi élu au suffrage universel, garant de l’unité de la nation, étant de stimuler leur détermination et d’assurer la mise en pratique de leurs décisions, y compris en protégeant l’autorité judiciaire des pressions extérieures, telles celles de la CEDH. Jamais le chef de l’Etat n’aurait dû signer un texte - la Convention européenne des Droits de l’Homme - instituant une cour disposant de prérogatives s’imposant à nos magistrats (1974, sous la présidence par intérim d’Alain Poher).

- Trois corporations de fait survivent en France, les deux premières - magistrats et avocats -, issues de l’Ancien Régime, la troisième - journalistes -, née de la défense de la liberté d’expression. Toutes les trois jouissent des délices de l’entre-soi. Il en existe d’autres - les dockers, les ouvriers du Livre... - mais, elles, ont été croquées par la CGT. Trois corporations qui, malgré des divergences idéologiques profondes entre leurs membres, maintiennent, chacune, une solidarité presque sans faille et, pour les deux premières, la tradition d’un combat acharné entre elles. Des prétoires et des « cérémonies solennelles de rentrée », celui-ci s’est étendu à l’espace médiatique, qui, depuis l’explosion des techniques numériques, est devenu le principal champ de bataille.

- Les grands avocats et les hauts magistrats de la génération qui disparaît étaient parcimonieux, usant peu des médias. Les temps ont changé... mais pas de manière identique pour les deux corporations. De l’avocaillon au ténor, pour un oui, pour un non, on se précipite sur les micros, on envahit les plateaux TV, on s’affiche sur les réseaux sociaux, alimentant ainsi le « tribunal médiatique » qui n’en demande pas tant... Les magistrats, eux, contraints par leur statut, restent en retrait, prenant des coups sans pouvoir les rendre. Et cette situation est d’autant plus déséquilibrée que, depuis quelques années, sont apparus des avocats qui plaident plus devant une caméra que face à un président de tribunal.
Sans pour autant ne serait-ce qu’égratigner le secret de l’instruction, règle indispensable à la sérénité et à la neutralité de celle-ci, peut-être faudrait-il que les procureurs, qui y sont autorisés, prennent la parole plus souvent et répondent aux questions des journalistes, quand elles sont compatibles avec le respect du droit. L’exercice est périlleux, exige une solide formation, mais serait probablement source d’un renouveau de l’estime accordée à la justice et d’un regard différent des médias. Un constat, rarement contredit, indique que le journaliste accorde généralement un crédit plus important à la version de celui qui l’informe le premier...

- Entre magistrats et avocats, quelques différences sont et seront difficilement à gommer. En matière d’accès à la profession d’abord, dans le domaine des revenus ensuite. Une simple « maîtrise » (Master 1) de droit... et vous voici peu ou prou avocat, fixant vous-même vos tarifs, d’autant plus élevés que votre réputation grandit, via vos succès dans les prétoires et vos prestations audiovisuelles. Le magistrat, lui, après de longues études, est rangé dans les cases de la grille de salaires de la fonction publique... Et c’est pourtant lui, par ses jugements favorables à vos clients, qui augmente la valeur de votre plaque...
Il ne peut être question de réglementer plus l’accès à la profession d’avocat, mais peut-être faudrait-il que les barreaux et l’Etat réfléchissent à établir quelques règles de bon sens pour que ce domaine ultrasensible des rémunérations ne reste pas le non-dit du conflit entre avocats et magistrats.

- Les pleurnicheries des avocats qui se plaignent de faire l’objet d’enquêtes, voire de poursuites, ne sont tout simplement pas recevables. Elles sont même écœurantes. Nul n’est au-dessus de la loi et encore moins ceux qui, professionnellement, doivent la connaître. Défendre un voyou ne peut en aucun cas passer par la complicité, pas même par un petit service illicite. Un avocat peut ne pas dire la vérité qu’il connaît, mais se met hors la loi s’il participe à sa falsification. Tout comme il doit savoir d’où vient l’argent liquide que son client lui remet sur un parking d’autoroute, le refuser s’il sait ou soupçonne qu’il est sale... Aucune dérive de ce type n’est négociable.
Sur ce point de la mise en cause des avocats marron, la ténacité des magistrats doit être saluée sans restriction... On peut en revanche ne pas être d’accord avec eux quand, par une indiscrétion savamment orchestrée, ils font savoir aux médias, à la veille du scrutin, qu’une enquête est ouverte visant l’ex-épouse d’un candidat à la présidence d’un parti politique, soupçonnée d’un détournement de fonds publics.

En conclusion, il serait grand temps que la Chancellerie, outre l’indispensable croissance des personnels et des moyens de la justice, se préoccupe de ces questions loin d’être subalternes, et un peu moins du bien-être des malfrats.

P.-S.: L’illustration... plus exactement l’écran géant placé derrière la tribune. Pourquoi insister à ce point sur le caractère « solennel » de cette réunion... qui est annuelle ? « Rentrée 2022 du barreau... » aurait largement suffi. Cette appellation superfétatoire donne l’impression d’une profession quelque peu arrogante...
Par ailleurs, dans les mêmes grands-messes, quand elles sont anglo-saxonnes, les avocats du cru font-ils preuve d’un même égard pour le français ? Ou faut-il voir dans cet inutile sous-titre en langue étrangère une allusion subliminale à un prochain procès de la francophonie, coupable, oseront tôt ou tard les « baveux » tendance « woke », d’avoir été utilisée par l’infâme colonisateur ?

genau

Equilibre ; effectivement, il est tentant de voir ainsi associés l'égalité et la liberté. Et démocratiquement, ça marche, c'est même beau. C'est pourquoi je n'irai pas chercher garouille à qui le lit ainsi.
Mais il se trouve que c'est tout autre chose, beaucoup plus prosaïque, comme le "marchand de Venise" pleure sa viande perdue. En latin, liber a de nombreux sens jusqu'à nos jours encore, mais le plus ignoré est celui de poids qu'on retrouve dans l'unité pondérale "livre" par allusion au libripens fonctionnaire chargé de vérifier le poids de l'étain donné en gage, en paiement ou en dot et qui n'a rien à faire avec le libre penseur. Vous me donnerez bien une livre de pois chiches pour ça, non ?
Quant aux discours d'ouverture solennelle, j'irai encore à celui de mes funérailles, mais après, qu'on ne compte plus sur moi.

Florestan68

Cher Philippe Bilger,

Magistrale (!) démonstration que la vôtre, notamment sur les limites de l’Etat de droit. On constate avec effroi combien il corsète la justice et favorise objectivement la délinquance.

Pour les voyous, c’est open bar. Ainsi, les « éco-terroristes » des mégabassines s’en tirent avec du sursis, alors qu’ils avaient violemment attaqué des policiers. Dans un Etat de droit qui n’eût point perdu la tête, c’eût été le bagne avec effet immédiat.
Mais la peur de certains de voir l’arbitraire et la tyrannie s’installer les - et nous - conduit à refuser toute adaptation nécessitée par la réalité.

C’est ce même Etat de droit qui favorise le Grand Remplacement en cours.

Quant à l’islamisation galopante, rien ne semble en mesure de l’arrêter, ni à l’école ni ailleurs ; les dérives de Tiktok que vous dénoncez ne sont que la minuscule partie émergée de l’iceberg qui bientôt se dressera en pleine lumière : nous n’aurons alors, aveugles progressistes prisonniers de notre orgueil, que les yeux pour pleurer notre civilisation perdue.

Ce qui s’est passé à Bruxelles dimanche est notre destin. Mais il est urgent de n’en point parler.

Jérôme

Devant la complainte des avocats supposément maltraités, me vient une question, cher hôte.
Est il possible d'incriminer juridiquement un avocat au seul motif des turpitudes délictuelles que son client a, aurait commis ?
Il me semble, je ne suis pas un fin connaisseur, que non.
Les Ducon-Mojito et autres Francis "Pfizer", l'avocat de Paul Bismuth, ne sont mis en cause que parce qu'on les soupçonne d'avoir enfreint la loi, non ?
En quoi au prétexte de porter un tutu noir dans l'exercice de ses fonctions, devrait-on par défaut leur fout*e la paix ?
Que ce soit en participant aux méfaits d'un client, dans le cadre d'un conflit d'intérêt, suivez l'enflure médiatique, dans la dissimulation de preuves (est-ce un délit en France ?), qu'est-ce qui justifierait que l'on n'enquête pas sur le non respect de la loi au prétexte d'une fonction occupée ?

Ils me font penser aux politiques. Les juges ne devraient pas se mêler de leur vie. Ah bon ? S'ils commettent des infractions au droit ils ne seraient pas pour autant des justiciables comme les autres ?
Ils ne me semble pas qu'un motif de mise en examen soit : "n'a pas le droit d'avoir ses opinions politiques".
Inversement, tous ces justiciables "pas comme les autres" utiliseront le droit de façon la plus dévoyée s'il le faut pour essayer de s'en sortir, cf les tentatives du maire de Saint-Etienne contre Mediapart, les ordres de Ducon-Mojito...

Julien WEINZAEPFLEN

Avec l'inflation législative et l'exaspération normative, l'État de droit n'est-il pas avant tout l'État de procédure, dans une République qui a la religion de la loi et donc du droit avant même d'avoir celle des droits de l'homme ? Droits construits selon une logique antinomique à celle du Décalogue qui était avant tout un catalogue de devoirs essentiellement conservateur, ce qui m'a fait demander un jour sur le Forum catholique: "Le Décalogue est-il de droite ?".

André Chouraqui rapporte dans son livre sur les dix commandements que René Cassin voulait assortir la Déclaration universelle des droits de l'homme d'un pendant sur ses devoirs. Mais ce catalogue des devoirs est étrangement passé à l'as et n'a jamais vu le jour.

L'homme aurait donc des droits avant d'avoir des devoirs. Ce n'est pourtant pas ce que nous enseigne la nature. Mais "la nature est vide", disait Gisèle Halimi, l'une de nos grandes consciences devenue indiscutable à l'heure de la proposition de loi portant constitutionnalisation de l'IVG, dans un ancien article de journal sur lequel je suis tombé au hasard d'un résumé de texte à rédiger. On ne saurait parler de nature quand l'écologie nous "bassine" à propos de l'"environnement".

L'homme a des droits à faire valoir avant d'avoir des devoirs à accomplir. Ce doit être vrai de l'homme culturel. "Écartons les faits", l'homme est un fait culturel plein de revendications à soutenir.

J'ai étudié la Déclaration universelle des droits de l'homme pour y découvrir que cette charte construite de toutes pièces interdisait dans ses derniers articles que l'on éduquât les enfants d'une façon qui contredît les droits de l'homme. Ça me paraît un peu totalitaire.

L'égalité est au centre du triptyque de ces droits opposables. Il ne saurait y avoir d'équi(égal)-libre(liberté) entre ces deux valeurs polarisées que sont la liberté et l'égalité. L'égalité veut une justice distributive rabotée et non équitable. Elle excite la comparaison et la rivalité mimétique. La fraternité devrait occuper la place centrale de l'égalité dans le triptyque et reléguer l'égalité... à l'extrême droite. Ce serait beaucoup mieux pour la paix des sociétés.

Patrice Charoulet

Ces temps-ci, dans son émission « Avec philosophie » chaque matin sur France Culture, Géraldine Muhlmann termine son émission par « Vive la curiosité ! ».
Je préfère entendre ça que « Allez les bleus ! » ou « Vive le foot ! »

Tipaza

De plus en plus la référence à l'État de droit provoque chez moi la même réaction de mépris et d'ironie que l'appellation de République populaire et démocratique des régimes communistes.

Régimes qui ne sont ni populaires, ni démocratiques, pas plus que l'État de droit n'est en mesure de faire régner la loi et l'ordre dans l'intérêt de la société, comme il devrait le faire.

La réalité travestie par des mots qui disent le contraire de ce qu'ils ont la prétention de dire.

Ex abrupto

Le propos de Philippe Bilger est illustré par une photo sur laquelle apparaît une inscription en anglais ! Faut-il que l'anglais soit partout, même à la cérémonie de rentrée du barreau de Paris... On se demande bien pourquoi ! Décidément, la bêtise anglomaniaque est un abîme insondable.

Achille

« Même si je perçois la différence de position et de comportement entre le magistrat et l'avocat, la distinction de leur statut, on pourrait finir cependant par être lassé de la sempiternelle mise en cause de la magistrature lors des cérémonies solennelles de rentrée du barreau. » (PB)

On connaissait déjà les petits énervements entre la Police et le Justice, la première reprochant à la seconde de libérer deux jours après, parfois même dans la journée, des délinquants que ses équipes avaient interpellés après avoir essuyé moult caillassages et parfois des tirs de mortier. Mais il ne faudrait pas oublier bien sûr les rivalités entre magistrats et avocats, en particulier lorsqu’un ténor du barreau est nommé garde des Sceaux.

Chacun y va de son tacle perfide devant micros et caméras, le tout sur des positions politiques affirmées dans lesquelles le gouvernement sert de bouc émissaire. L'argument est souvent lourd, mais il fait chaque fois son effet.

Alors qui est le plus à plaindre dans le monde judiciaire, avocats ou magistrats ? Je me garderai bien de prendre position pour les uns ou pour les autres, mais je dirai simplement que nos juges ont un peu trop tendance à jouer les Calimero , surtout depuis quelque temps.

Vamonos

Robe noire, jabot blanc, visage fermé, lèvres crispées, bijoux minimalistes, l’apparence du bâtonnier ressemble à celle des inquisiteurs de triste mémoire.

Cette posture intransigeante permet d’occulter les polémiques qui pourraient surgir au sujet du financement et de la gestion de l’ordre des avocats.
Selon la Cour des comptes et le sinistre volatile innommable, le budget annuel de l’ordre parisien des avocats s’élève à près de 100 millions d’euros. Cette somme semble considérable mais n’est rien en comparaison du flux de plus de 10 milliards d’euros qui transite annuellement par ses comptes.

Le parquet est en guerre, un armistice serait étonnant.

Robert Marchenoir

"La bâtonnière Julie Couturier (...) a souhaité le renforcement de l'autorité judiciaire, "la seule qui ait toujours, à travers les siècles, protégé les uns du pouvoir arbitraire d'un exécutif tout-puissant, les autres de l'obscurantisme, les derniers de la vindicte populaire"." (PB)

Cette sacralisation de l'autorité judiciaire me gêne beaucoup. Prétendre qu'elle est "la seule qui ait toujours, à travers les siècles, protégé les uns du pouvoir arbitraire d'un exécutif tout-puissant, les autres de l'obscurantisme, les derniers de la vindicte populaire", c'est vraiment lui attribuer un mérite et un rôle qu'elle n'a pas.

Les juges seuls capables de protéger contre l'obscurantisme, vraiment ? S'ils étaient toujours capables de rendre la justice comme il convient, ce serait déjà bien...

Dans cette lignée, pas étonnant que les avocats, eux aussi, revendiquent leur propre sainteté, d'autant plus pure qu'elle s'affirme face à celle des juges. On aimerait un peu moins de gros mots, un peu moins de corporatisme et un peu plus de professionnalisme.

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