Maître Jean-Louis Pelletier est mort le 11 octobre 2022.
Mon si cher ami a été enterré religieusement le 18 octobre à la suite d'une belle et émouvante cérémonie que le garde des Sceaux avait honorée de sa présence.
Sa famille, son épouse Bernadette, ses enfants, ses proches, dans une grande dignité, ont rendu hommage à cette personnalité exceptionnelle dont avec une tendre et délicate ironie ils ont souligné certains traits de caractère quasiment connus de tous.
Beaucoup d'avocats s'étaient déplacés et, parmi eux, quelques-uns, hommes et femmes, auxquels j'étais lié tout particulièrement et que, j'en suis persuadé, lui-même privilégiait.
Dans l'assemblée, au moins deux anciens magistrats, Didier Gallot et moi-même.
J'ai évoqué la messe dont l'ordonnancement et la tenue n'ont été perturbés que par la charge outrancière du vice-bâtonnier contre la magistrature en général, comme si c'était le lieu et le moment pour cela. Cette diatribe était aux antipodes du comportement habituel de Jean-Louis Pelletier, cet immense avocat qui n'a jamais confondu droits de la défense et détestation des magistrats.
Sa grande force était précisément de n'avoir pas besoin d'une hostilité systématique à l'égard de ceux qu'il avait à convaincre, magistrats et encore moins jurés, pour exprimer tout son talent et l'indépassable machine à convaincre qu'il était.
J'ai insisté sur la présence de Didier Gallot et la mienne pour compléter des propos et des aperçus qui auraient pu laisser croire que Jean-Louis Pelletier n'était qu'avocat, dans un registre certes brillant mais ordinaire. Alors qu'il était à mon sens bien plus et que, s'il a bien voulu m'accepter, nous accepter, mon épouse et moi, comme amis, c'était précisément parce que sa condition d'homme, sa qualité d'humain et sa lucidité de citoyen dépassaient largement le champ étroit et technique de sa mission d'avocat.
Cette remarque m'a toujours semblé pouvoir départager le barreau de haute tradition, des avocats seulement inspirés par le pragmatisme de vouloir gagner par n'importe quel moyen, au risque pour la société d'être à nouveau et rapidement victime.
Jean-Louis Pelletier n'a jamais oublié, comme Henri Leclerc, comme Hervé Temime, comme Jean-Yves Le Borgne, comme mon cher Thierry Lévy qui manque tant, qu'un avocat ne devenait vraiment exceptionnel que s'il était capable d'embrasser, bien au-delà de sa passion de défendre, avec toute la richesse de sa personnalité, de sa culture et de ses engagements, ces moments où il ne convient pas de plaider mécaniquement l'acquittement quand il est absurde, ou de plaider paresseusement une indulgence parfois inconcevable lorsque l'accusé est gravement coupable.
Jean-Louis Pelletier était la parfaite incarnation de l'avocat-citoyen, de l'avocat pour qui la morale était consubstantielle à son art et à sa volonté acharnée d'être celui sur lequel l'être dont il avait la charge pouvait compter.
La plupart des médias, à l'égard de ceux qu'ils qualifient naïvement de ténors, omettent radicalement cette part d'intégrité humaine et intellectuelle sans laquelle le barreau, quelle que soit sa fiabilité technique, ne peut se dire exemplaire.
Une anecdote qui démontre à quel point Jean-Louis Pelletier ne se rengorgeait pas parce qu'il était avocat mais faisait coexister en lui le plaideur indépassable et l'homme dégoûté.
Je me souviens d'un procès d'assises où il avait à défendre un père qui avait étranglé son enfant de six ans dans le cadre d'un divorce épouvantable. Avant que les débats commencent, comme il paraissait vraiment très sombre, je lui avais demandé s'il se sentait bien. Il m'avait répondu qu'il détestait son client...
C'était tout lui, cet écartèlement entre la défense et l'humanité, entre l'univers pénal et le monde de l'émotion, entre la rigueur du professionnel et l'indignation du père.
C'est pour cela que j'ai été si fier de le connaître et qu'il m'ait adoubé comme magistrat, comme ami.
Bien plus qu'un très grand avocat, un homme bien.
J’ai bien connu maître Jean-Louis Pelletier. Non il ne faisait pas du bénévolat... il défendait gratuitement des clients. Car il était plein d’humanité. Il parcourait des kilomètres pour defendre pour rien... Il avait beaucoup de charisme et était très humble. Je l’ai connu, j’avais 23 ans. J’ai beaucoup de peine. C’était un homme bon et c’était le meilleur avocat, le plus grand. Reposez en paix Maître. Vous étiez ma jeunesse.
Je rajoute que maître Pelletier défendait parfois gratuitement quand une cause le touchait, comme un de mes amis qui avait commis un délit et avait eu une enfance miséreuse ; sa fille était handicapée. Il était pauvre… Maître Pelletier ça l’avait touché et il l’avait défendu gracieusement… Bien sûr qu’il était payé pour défendre beaucoup de clients, mais pour d’autres c’était gratuit quand ça le touchait, comme je l’ai écrit. Il avait beaucoup beaucoup d’humanité et c’était une personne fidèle sur qui on pouvait compter.
Rédigé par : Lucette Guérin | 27 janvier 2023 à 01:26
@ F68.10
Oui à votre non, ce non à l'oubli de l'innocence bafouée des victimes.
Rédigé par : Aliocha | 07 novembre 2022 à 10:36
@ Aliocha
"Que celui qui n'a jamais péché..."
Merci pour la pierre. Qui dois-je lapider ?
"Ce n'est pas qu'en mangeant l'hostie que nous nous reconnaissons persécuteurs..."
Je sais bien, Aliocha, qu'il y a un peu plus au christianisme que les talents de boulanger et de sommelier des prêtres. Mais je ne pense pas que la situation actuelle se résolve par toujours plus de charité et de compréhension chrétienne. Nous vivons dans une société que je trouve bien plus agressive et prompte à juger à l'emporte-pièce que lorsque j'étais plus jeune. La situation actuelle ne peut se résoudre par toujours plus de tolérance car, dans le climat actuel, la tolérance devient de la complaisance. Il faut savoir dire Non. Il faut, aussi, savoir dire Non.
Rédigé par : F68.10 | 07 novembre 2022 à 10:06
Que celui qui n'a jamais péché...
Merci de ce témoignage, notre hôte, qui met en évidence la difficulté d'exercice de ce qu'est l'art judiciaire, qui rejoint chez les honnêtes comme vous et Maître Pelletier, l'art tout court :
"Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l’expérience, sous des mots quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, à chaque minute, quand nous vivons détourné de nous-même, l’amour-propre, la passion, l’intelligence et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher maintenant, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie. En somme, cet art si compliqué est justement le seul art vivant. Seul il exprime pour les autres et nous fait voir à nous-même notre propre vie, cette vie qui ne peut pas s’« observer », dont les apparences qu’on observe ont besoin d’être traduites, et souvent lues à rebours, et péniblement déchiffrées. Ce travail qu’avaient fait notre amour-propre, notre passion, notre esprit d’imitation, notre intelligence abstraite, nos habitudes, c’est ce travail que l’art défera, c’est la marche en sens contraire, le retour aux profondeurs, où ce qui a existé réellement gît inconnu de nous qu’il nous fera suivre." (Proust - Le Temps retrouvé)
Ce n'est pas qu'en mangeant l'hostie que nous nous reconnaissons persécuteurs, mais à chaque instant de la veille lucide qui permet de résister à la fascination des idoles, l'oubli de l'innocence bafouée des victimes.
Rédigé par : Aliocha | 07 novembre 2022 à 09:08
Petite parenthèse rugbystique. Hors sujet ? Non c'est ma religion préférée.
On doit la victoire à l'Australien qui a dégagé le ballon au pied depuis ses 22, un cadeau aux joueurs français qui étaient en position d'attaque.
Il a fait une faute très grave et a dû se faire souffler dans les bronches. Si les Australiens avaient gardé le ballon comme il faut le faire dans ces cas-là, on aurait perdu.
C'est enseigné dans toutes les écoles de rugby depuis les poussins, remonter le terrain par petits groupes, surtout ne pas se débarrasser du ballon.
J'aurais préféré qu'on gagne avec panache, hélas par la faute d'un Nupes 🤪 australien, la victoire est en demi-teinte.
Rédigé par : sylvain | 06 novembre 2022 à 11:38
@ Xavier NEBOUT
"Vous avez sélectionné le dictionnaire qui vous arrange un peu..."
Non. Le premier qui me soit passé sous la main. Sortez-m'en un autre si cela vous chante.
"Si ne tenir aucun compte de Dieu ou en nier l'existence n'est effectivement subtilement pas tout à fait la même chose, pour rendre la justice cela revient au même."
Absolument pas. L'essentiel de la justice n'a aucun besoin de trancher des questions métaphysiques pour pouvoir s'exercer. Sur les questions scientifiques, comme l'existence ou l'inexistence de Dieu, ou même la question du libre arbitre, c'est aux universitaires de faire le boulot de trancher la question. Je réclame d'ailleurs une séparation de l'État et de l'Université sur ce point, qui n'a toujours pas cours en France. Comme pour la séparation de l'État et de l'Église (car ce n'est pas bien différent sur le fond...).
"Dieu - Di et eu, lumière du ciel - n'a jamais été un père Noël dans les nuages que pour ceux qui le voient ainsi."
La théorie d'un Dieu qui soit une personnalité dotée d'une volonté personnelle, inscrite dans le temps, est bien un des fondements des monothéismes abrahamiques. Les abstractions ou métaphorisations de Dieu sont des choses assez récentes. Le fondement du christianisme, rappelons-le, c'est quand même qu'en mangeant l'hostie, vous mangez le corps de votre Dieu incarné et que cela vous lave du péché qui est la seule réelle cause de mortalité en ce bas monde. La vie éternelle y est donc considérée comme une notion absolument réelle et pas du tout métaphorique. Ce sont des affirmations de nature tout ce qu'il y a de plus factuelle, à prétentions, d'ailleurs, médicales. Et des affirmations fausses. Si vous ne croyez pas cela, vous n'êtes pas chrétien, peu importe à quel point vous osez mentir à vous-même.
"Se passer de Dieu le Père et de la religion revient donc à se passer de sa conscience, et l'orgueil, l'ignorance et la bêtise aidant, à lui substituer des idéologies dont celles qui infestent notre magistrature."
Non. Par contre, oui, la justice évolue en son temps en rapport avec les différentes idéologies qui animent la société. C'est un point où vous avez raison. Et c'est pour cela que le débat public, à travers, notamment, les médias, mais pas que, permet d'influencer ces idéologies et donc de critiquer le fonctionnement de nos institutions, justice comprise. C'est en cela que la société est souveraine et que les pouvoirs législatifs et judiciaires ne sont plus aux mains d'une caste intellectuelle contrainte à subir et à implémenter un dogmatisme prédéfini par un texte ou des textes dits sacrés. C'est cela que ce que j'appelle les théocrates (terme que vous n'appréciez pas - je vous laisse m'en proposer un autre) ont le plus grand mal à accepter.
Par contre, je suis d'accord avec les religieux sur un point: la morale n'est pas une question arbitraire. Et je critique donc de manière véhémente les laïques, agnostiques ou athées qui semblent croire que, depuis que Dieu n'est plus souverain, ben, c'est la fête du slip. Bien que je soutienne les thèmes d'évolutions sociétales sur les questions de sexualité, je ne peux cautionner l'esprit 68 pour cette raison. Ce n'est, de toute manière, pas ma génération, et je peine à comprendre cette époque, en toute honnêteté.
Mais il importe bien que nous convergions actuellement, à l'échelle du globe, le plus pacifiquement possible, sur les questions de morale et donc de philosophie morale ; et c'est là un point où je rejoins ceux que j'appelle les démagogues religieux. Y compris les mollahs iraniens.
"Enfin, si on ne le savait déjà depuis longtemps, on sait tout au moins depuis Planck que le hasard pur n'existe pas."
La question n'est toujours pas tranchée. L'interprétation de Copenhague postule, grosso modo, le hasard pur. La position de de Broglie et de Bohm reste déterministe avec un hasard relevant de l'illusion. Entre ces deux visions (il y en a une troisième), je penche pour de Broglie et Bohm contre Copenhague. Ceci n'impacte de toute manière absolument pas la question de l'incohérence intrinsèque de la notion de libre arbitre, à moins que ce ne soit pour mettre en exergue le point que nier le libre arbitre n'implique pas déterminisme et n'implique donc pas prédestination. C'est là ma position.
"Compte tenu de ce qui précède, me faire partir du "principe qu'une religion ne peut être qu'en relation avec ce fameux Dieu unique" constitue un tissus d'âneries."
C'est quand même vous qui m'affirmiez qu'areligiosité et athéisme sont identiques. C'en est alors la conclusion logique. Maintenant, je veux bien tenter de comprendre ce que vous me dites, mais, en toute franchise, j'ai l'impression d'avoir affaire à une resucée de zoroastrisme. Philosophie alors respectable, il y a 3 000 ans, quand ces sociétés tentaient d'imaginer une philosophie morale les sortant de logiques tribales mortifères.
"Que les magistrats s'habillent avec une soutane de prêtre devrait susciter chez vous une réflexion lacanienne sur le rapport entre le signifiant et le signifié."
Nullement. 1. Je m'en moque, de ces idiosyncrasies historiques 2. Je hais Lacan et son instrumentalisation de Saussure 3. Il me semble que la robe des magistrats n'est pas d'origine religieuse 4. Ils peuvent venir en tongs et chemise hawaïenne délavée au tribunal tant qu'ils font bien leur boulot. À la californienne. Je m'en moque, même, que les juges fument ou s'ouvrent une bière dans l'enceinte du tribunal pendant le procès, pour tout vous dire. Les pieds sur la table, ça me va aussi. Cela me permettra d'admirer les tongs de designer que leurs indemnités de misère leur permettent de s'offrir. Je n'ai pas besoin de symbolique, et encore moins qu'on l'impose à ma vue. Mais je fais avec.
Je vous avoue qu'ayant un jour débarqué à Manhattan (à Vesey Street pour être précis), venant de Suisse avec mes costumes choisis par mon tailleur rital zurichois, la cravate bien comme il faut, j'ai été complètement décomplexé quand j'ai eu l'occasion d'admirer la mode costard-baskets. La vue est jolie, depuis le 250 Vesey Street, mais le costard-basket sortant, en face, du siège de Goldman Sachs ?... je vous avoue que j'ai eu un haut-le-cœur. Maintenant, je suis tolérant. Tongs et chemise hawaïenne pour les magistrats, ok, why not ?
"De même qu'enfants et parents séparés sont taraudés par leur incapacité à s'avouer leur amour filial..."
Ben voyons... vous m'en direz tant...
Rédigé par : F68.10 | 06 novembre 2022 à 10:48
@ Xavier NEBOUT | 06 novembre 2022 à 08:54
Il est 18 heures.La nuit commence à tomber et il pleut. Un homme, la quarantaine, marche seul dans la rue, sac à dos et bonnet péruvien sur la tête. Une rue bien calme d'un village bordé de jardinets et de corps de ferme.
Cet homme au regard peu engageant voit une tête dépasser d'une haie. C'est ma voisine Malou, femme âgée rentrant ses poules.
- "Bonsoir madame. Savez-vous où je pourrais dormir au village ?"
- "Chez moi ce n'est pas possible, chez mon voisin peut-être". Et ma voisine très curieuse de lui demander d'où il vient. "Je viens de Urt" (village basque).
- "Ah bon ! moi je suis de Saint-Laurent-de-Gosse !" (village dans les Landes)
- "Ah mais j'ai un grand copain qui habite ce village. Il s'appelle Jojo".
- "C'est mon frère !"
On dit que le hasard c'est Dieu qui se promène incognito.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 06 novembre 2022 à 10:33
« J'ai évoqué la messe dont l'ordonnancement et la tenue n'ont été perturbés que par la charge outrancière du vice-bâtonnier contre la magistrature en général, comme si c'était le lieu et le moment pour cela. » (PB)
Je suis peut-être vieux jeu, mais j'ai du mal à comprendre ce que vient faire un vice-bâtonnier - ou un autre personnage issu de la société civile - dans un office religieux qui devrait inciter à regarder plutôt vers le Ciel que vers la Terre et ses turpitudes.
Rédigé par : Exilé | 06 novembre 2022 à 10:08
On parle de religion ici, chacun nous donne des versions variées et surtout avariées de leur religion, ça en devient comique. Tout est religion, même un verre d'eau ! Alléluia !
Cékoiçà ce truc machin chose ?
"Reconnaissance par l'être humain d'un principe supérieur de qui dépend sa destinée ; attitude intellectuelle et morale qui en résulte" ; c'est pas de moi c'est d'un phare de la pensée sublimée.
Tout est dit et bien vérifié dans l'Histoire.
Exemples choisis au hasard, parmi des milliers d'autres :
La religion des droits de l'homme, de l'hommisme plutôt, est une religion dévoyée, un tri sélectif gauchiste de certains hommes choisis contre d'autres à éliminer.
Athéisme : une religion de non croyance imposée en réaction à la croyance officielle.
Les diverses religions des « biens du peuple » : communisme, socialisme, gauchisme, islamisme, islamogauchisme, etc. tous ces peuples qui les ont subies se sont sentis beaucoup plus mieux effectivement après avoir été exterminés.
Dernière en date chez nous et qui a un succès fou : l'islamogauchisme, un nazislamisme fachogauchiste woke progressiste indigéniste raciste racialiste qui se répand très dangereusement sur la planète et nous annonce des lendemains désenchantés pour nous mais enchanteurs pour leurs adeptes sectaires Nupes et autres tarés dégénérés de gauche qui participent avec une foi très religieuse à notre épuration ethnique en vue d'un grand remplacement criminel programmé par nos leaders complices de ce massacre à venir.
Moi par exemple je pratique la religion extrémiste raciste fasciste d'ultra droite, aujourd'hui grande fête pour l‘élection de Jordan Bardella du RN, les saucissons pinard en guise d'hosties.
P.-S. : en parlant de "l'autre", il m'est venue une idée et ce sera ma pensée du jour et du jouir :
"Je suis pleinement favorable au mariage gay, mais seulement entre gens de gauche. Tout ce qui peut contribuer à leur non-reproduction est un bienfait pour tous".
Rédigé par : sylvain | 06 novembre 2022 à 10:05
@ F68.10
Voilà un débat en tout état de cause intéressant.
1/ Vous avez sélectionné le dictionnaire qui vous arrange un peu, mais si le préfixe "a" a le même sens dans une ligne et dans l'autre, a the, et privatif de thé, a religion est privatif de religion.
2/ Si ne tenir aucun compte de Dieu ou en nier l'existence n'est effectivement subtilement pas tout à fait la même chose, pour rendre la justice cela revient au même.
3/ Dieu - Di et eu, lumière du ciel - n'a jamais été un père Noël dans les nuages que pour ceux qui le voient ainsi. Dieu le père, le dieu des Indo-Européens ramené en Israël par Jésus, place l'amour filial au coeur de la conscience.
La religion étant le mode de relation avec sa conscience et ses degrés, dont un subconscient en rapport avec l'Esprit et donc la spiritualité.
4/ Se passer de Dieu le Père et de la religion revient donc à se passer de sa conscience, et l'orgueil, l'ignorance et la bêtise aidant, à lui substituer des idéologies dont celles qui infestent notre magistrature.
Enfin, si on ne le savait déjà depuis longtemps, on sait tout au moins depuis Planck que le hasard pur n'existe pas. Dans des termes de doctrine de l'Eglise, on dit que l'homme a un destin mais qu'il peut aller à l'Esprit pour le modifier et donc en être maître ; là est votre notion de libre arbitre, mais contrairement à ce que vous tentez de démontrer, lié à la spiritualité - l'une des trois formes traditionnellement attribuées à Dieu.
5/ Compte tenu de ce qui précède, me faire partir du "principe qu'une religion ne peut être qu'en relation avec ce fameux Dieu unique" constitue un tissus d'âneries.
6/ Que les magistrats s'habillent avec une soutane de prêtre devrait susciter chez vous une réflexion lacanienne sur le rapport entre le signifiant et le signifié. De même qu'enfants et parents séparés sont taraudés par leur incapacité à s'avouer leur amour filial et le désir de vivre ensemble, les magistrats sont taraudés par leur subconscient lié à... qui sait, Dieu peut-être, même réduit à une fiction.
Merci pour l'exercice.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 06 novembre 2022 à 08:54
"Donnez des cacahuètes à votre avocat et vous aurez un singe…"
Rédigé par : sbriglia@stephane | 05 novembre 2022 à 11:39
Comme y z’y va lui ! Si une ancienne ministre de la Justice vous lit, elle va vous tirer vos noreilles !
Donner des cacahuètes, quel gâchis ! plutôt des bananes, c’est le plat national là-bas.
Rédigé par : sylvain | 06 novembre 2022 à 08:22
Deux certitudes, deux questions.
J’ai la certitude, cher Philippe, qu’un ex-avocat, que certains disaient grand, d’autres « Gros », dont ma détestation ne va pas jusqu’à souhaiter son trépas, n’obtiendrait pas un même hommage en cette circonstance... Il est vrai qu’il n’est plus votre ami.
J’ai la certitude que la race de ces grands avocats est en voie d’extinction, bousculés qu’ils sont par l’obligation moderne d’avoir à quitter la robe et le prétoire pour satisfaire le tribunal médiatique, réseaux sociaux et journalistes compris. Devant celui-ci, qui condamne avant le débat, avant même la lecture de l’acte d’accusation, seule la plaidoirie à l’emporte-pièce, qui ne réclame que l’expression d’une défense bâclée, a de faibles chances d’être entendue.
Quelle force de caractère faut-il à deux amis pour parvenir, dans le prétoire, à batailler l’un contre l’autre sans se consentir la moindre concession, parce qu’elle serait immorale, contraire à leur devoir ? Dans le journalisme, en tout cas celui que pratique la caste « parisienne » toutes opinons confondues, la connivence, qui conduit à « la pensée unique » et au « politiquement correct », est la règle...
Comment faire en sorte que plus de deux magistrats assistent aux obsèques d’un avocat au milieu de « beaucoup » de ses confrères ? Pourquoi ces deux professions, au service l’une et l’autre d’une même cause, la justice, se haïssent-elles à ce point ? Peut-être est-il trop rare pour qu’un magistrat et un avocat adoptent une même démarche, l’un et l’autre se rencontrant dans leur quête, non d’une condamnation sévère ou d’un acquittement inaccessible, mais d’une peine juste, qui tienne compte du degré d’humanité de l’accusé sans ignorer la détresse de la victime ou de sa famille, ni l’importance du préjudice subi par la société.
En conclusion, cher Philippe, cet hommage à votre ami est un modèle du genre. Sobre et pourtant vibrant. Suffisamment tardif aussi pour éviter le poids de l’émotion de l’instant de la disparition et profiter de la force du souvenir qui se construit. Chacun aimerait pouvoir écrire le même...
Rédigé par : Serge HIREL | 06 novembre 2022 à 01:18
@ Xavier NEBOUT
"Avant de faire le kéké en philosophie pour tenter de discréditer le petit camarade que vous n'aimez pas sans qu'il sache pourquoi, consultez un dictionnaire, car athée et areligieux sont synonymes."
Extraits du Larousse:
Areligieux: Qui n'appartient à aucune religion.
Athée: Qui ne croit pas en Dieu, nie l'existence de Dieu, de toute divinité ; incroyant.
Donc, non, cela n'a pas le même sens. La justice est areligieuse, au sens où, oui, elle n'appartient à aucune religion. Elle n'est pas athée car elle ne nie pas l'existence de Dieu, rejetant simplement la question hors des tribunaux et jugeant les athées et les croyants sans avoir à prendre position sur de telles questions sur le fond pour se permettre de juger.
Donc, non, vous malaxez le sens des mots. Et, même sans recourir au dictionnaire, le fond de mes propos reste clair: la justice ne présuppose nullement l'athéisme. Si elle le faisait, cela se manifesterait, par exemple, par un refus de partir du principe que le libre arbitre existe. Or, c'est bien là un héritage religieux avec lequel elle n'a toujours pas rompu. Et avec lequel il serait de toute manière difficile de rompre tellement cela serait contre-intuitif pour notre société.
Donc, non, je n'ai pas à retirer un seul mot de mes propos: la justice n'est pas athée.
"...tant on voit mal comment ne pas croire en Dieu (athée) ou n'avoir aucune relation avec Dieu (areligieux) serait différent."
C'est bien le problème: vous voyez très mal en la matière. Déjà, parce que vous partez du principe qu'une religion ne peut être qu'en relation avec ce fameux Dieu unique. Ensuite, parce que, non, il est possible de créer une justice qui n'ait nul besoin de se référer à la religion pour établir un quelconque code moral ou légal. Nous pouvons décider, nous, la société, de nos lois et de notre morale.
C'est en cela que nous sommes souverains. Et que la religion ou Dieu ne l'est pas. Et c'est très bien: en France, la société est souveraine. Du moins sur ce plan. Du moins au niveau théorique. Ce qui est mieux que de légalement le nier, comme vous le suggérez.
"Quant au "libre arbitre", s'il n'est, c'est qu'il y a prédestination."
Non. C'est simplement que la notion de libre arbitre est une notion intrinsèquement incohérente.
Il n'y a même pas besoin de présupposer un quelconque déterminisme pour nier le libre arbitre: si c'était un hasard pur qui était à l'origine de vos actes, il n'y aurait pas plus de liberté d'arbitrer provenant d'un hasard pur dont vous seriez le pantin. Mais, dans le cas du hasard pur, il ne peut y avoir de "prédestination", comme vous le dites, car la nature même du hasard réfuterait la notion. La négation du libre arbitre n'implique donc pas intrinsèquement une quelconque forme de prédestination. Ce qui, d'ailleurs, ne me troublerait pas vraiment non plus.
"Là je vous suivrais si vous y compreniez quelque chose, ce dont il y a tout lieu de douter de la part de quelqu'un qui me qualifie de théocrate."
Vous l'êtes: vous souhaitez que la justice soit religieuse. C'est, en soi, l'archétype de la définition de la théocratie.
"Par ailleurs, quand on se cache lâchement derrière un pseudo, on devrait s'interdire de s'en prendre à qui que ce soit."
Je vous prends de face, sur le fond, Monsieur. Je ne pratique pas des attaques personnelles à votre encontre. Pas plus que je n'ai fait d'attaques personnelles à l'encontre de Monsieur Charoulet. Pas plus que je ne viens d'attaquer personnellement Madame Axelle D. J'ai au contraire défendu Monsieur Claude Luçon et Monsieur Marchenoir contre des attaques que je jugeais injuste. J'insiste. Je persiste. Et je signe. Vous voulez vraiment mon nom ? Et le nom des membres de ma famille ? Votre niveau d'indécence descend vraiment si bas ? Tout cela parce que vous ne digérez pas qu'on vous contredise sur le fond. Qu'on persiste à prétendre que, non, la justice française n'est pas une justice athée mais seulement divorcée de la religion. Qu'on s'oppose à votre insistance à tout confondre pour pratiquer une forme de théo-hooliganisme visant à remettre la loi de Dieu à l'ordre du jour, comme l'indique vos incessantes apologies de l'Iran et des régimes musulmans contemporains.
Vous ne manquez pas d'air.
Rédigé par : F68.10 | 05 novembre 2022 à 23:51
@ F68.10
Avant de faire le kéké en philosophie pour tenter de discréditer le petit camarade que vous n'aimez pas sans qu'il sache pourquoi, consultez un dictionnaire, car athée et areligieux sont synonymes, tant on voit mal comment ne pas croire en Dieu (athée) ou n'avoir aucune relation avec Dieu (areligieux) serait différent.
Quant au "libre arbitre", s'il n'est, c'est qu'il y a prédestination. Alors il y aurait des athées qui ne croient pas en Dieu mais en l'Esprit. Là je vous suivrais si vous y compreniez quelque chose, ce dont il y a tout lieu de douter de la part de quelqu'un qui me qualifie de théocrate.
Par ailleurs, quand on se cache lâchement derrière un pseudo, on devrait s'interdire de s'en prendre à qui que ce soit. P.C. (initiales)
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 novembre 2022 à 22:21
@ Vamonos | 04 novembre 2022 à 23:02
"Il faut être gentil et bon pour faire confiance à des menteurs"
Un petit bémol. Mon avocate dans une affaire successorale donc au civil en rajoutait une couche dans ses dires en argumentant faussement. Elle chargeait la barque et je lui en ai fait la remarque. "Monsieur, tous les avocats sont des menteurs" me répondit-elle.
Je n'ai jamais su si c'était un deal entre avocats pour faire durer le plaisir.
Finalement, quatorze années de procédure et des parties exsangues...
Rédigé par : hameau dans les nuages | 05 novembre 2022 à 17:55
Grand avocat avec une forte personnalité et d'une amabilité exceptionnelle. Je l'ai rencontré deux fois à Paris à la sortie de l'audience. Les meilleurs nous quittent.
Rédigé par : Ellen | 05 novembre 2022 à 16:14
Avocat, un "métier", un art peut-on dire au pénal ? Fascinant.
Un client a violé puis tué un enfant. Il vous le dit, dans le secret du "confessionnal". Comment fait l'avocat pour le défendre ? Si, bien sûr, l'accusé n'avoue rien et choisit l'innocence comme ligne de défense.
Ça me fascine toujours.
Rédigé par : Jérôme | 05 novembre 2022 à 15:37
Quelqu'un pourrait-il m'éclairer ?
Rédigé par : stephane | 05 novembre 2022 à 07:19
Donnez des cacahuètes à votre avocat et vous aurez un singe…
Rédigé par : sbriglia@stephane | 05 novembre 2022 à 11:39
@ Xavier NEBOUT
"Nous avons une justice tenue d'être athée."
La justice n'est pas athée. Elle n'est pas fondée en la religion. Ce n'est pas une justice athée. C'est une justice areligieuse et sécularisée.
Une justice athée, ce serait cela:
Article 1: le libre-arbitre n'existe pas.
Je suis pour.
Mais, pour la paix des ménages et la paix avec les théocrates comme vous, on se contente d'une justice areligieuse. Le reste, cela concerne vous et Dieu dans le confessional. Mais pas le reste de la société, à qui vous n'avez pas à imposer vos croyances par le biais de la justice. Ou même de la médecine.
Rédigé par : F68.10 | 05 novembre 2022 à 11:31
@ stephane (suite sur les honoraires d'avocat)
Les avocats honnêtes qui vous disent "donnez-moi tant pour la consultation et restez-en là car vous allez perdre" sont plutôt rares.
Les demi-honnêtes et les pompes à fric sont plus nombreux ; les premiers dérapent souvent vers les seconds, et ils y sont bien aidés par une justice très aléatoire au gré de juges idéologues et qui ne vont pas passer des heures à s'emme*der avec votre affaire.
Par ailleurs, si les honoraires d'avocat sont généralement fixés au temps passé, il faut savoir qu'ils n'osent souvent pas dire combien de temps il leur a fallu pour rédiger consciencieusement une page de conclusions ou cogiter leur plaidoirie. Les heures passent vite à fouiller textes et jurisprudence pour faire du "clair précis concis".
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 novembre 2022 à 10:31
@ stephane
Nous avons une justice tenue d'être athée mais habillée avec la soutane du prêtre de l'ancienne justice ecclésiastique. Dans un pays où la notion d'honneur n'existe plus depuis longtemps (à ne pas confondre avec l'honorabilité), ça ne choque plus personne.
Il s'agit de conserver le lien d'attachement au sacré de l'inconscient collectif, juste une escroquerie intellectuelle, mais la ripoublique n'en est pas à un détail de ce genre près, et les magistrats s'y roulent avec jouissance.
Et donc pour répondre à votre question, l'avocat de la justice ecclésiastique ne demandait pas d'honoraires. Son client donnait par la suite ce qu'il voulait à l'Eglise.
Par ailleurs la justice ecclésiastique qui était compétente dans ses seigneuries et notamment dans les quartiers entourant les églises dans les villes, recherchait la conciliation pour la paix des âmes comme le fait encore la justice traditionnelle africaine.
Dans cette justice, on ne ment ni ne triche, car le juge est nommé en fonction de sa capacité à voir les auras... un autre monde.
C'était une justice si vénérée que dans les grandes villes, une maison valait plus cher lorsqu'elle était située dans son ressort.
Rien d'étonnant à ce que les imposteurs tiennent à en conserver la tenue, et que les "révolutionnaires" s'en soient débarrassés - et les parlements autant que possible avant eux...
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 novembre 2022 à 09:03
"C'est pour cela que j'ai été si fier de le connaître et qu'il m'ait adoubé comme magistrat, comme ami.
Bien plus qu'un très grand avocat, un homme bien. » (PB)
Si vous le dites on vous croit, car tout le monde ici vous connaît pour votre franchise, votre honnêteté et le choix des vrais gens bien.
Il était avocat et pas un magistrat à qui les Français ne font plus confiance, cette institution est la plus détestée de toutes, la plus laxiste, la plus gangrenée par ces syndicats idéologues gauchistes qui, tel le SM mur des cons passent plus de temps à faire de la politique nauséabonde que leur vrai travail de justice.
Rédigé par : sylvain | 05 novembre 2022 à 08:15
Je suis toujours fasciné par la manière qu'ont les avocats de donner l'impression qu'ils font du bénévolat.
Qu'en est-il de leurs honoraires ?
Un présumé innocent à le droit d'être défendu mais à quoi bon défendre un égorgeur qui a été pris en flagrant délit ? Quid du paiement des honoraires ?
Autre cas, la famille de la victime prend un avocat. Ça coûte. Alors déjà que leur vie est brisée, l'avocat les ruine ?
Quel avocat choisir si on est mis en garde à vue ?
Comment fait-on pour prendre un avocat ?
On va à l'étude et on demande un rendez-vous et ensuite on a SON avocat ?
Quelqu'un pourrait-il m'éclairer ?
Rédigé par : stephane | 05 novembre 2022 à 07:19
Maître Pelletier savait charmer son auditoire. Un jour, après avoir relaté de multiples exemples d’escroqueries commises par ses clients, il avait conclu par ces mots :
« Les escrocs sont des gens redoutables dont tout le monde y compris les avocats doit apprendre à se méfier. »
Il avait dit cela en toute simplicité avec la conviction de celui qui l’avait appris à ses dépens et les exemples qu’il avait donnés étaient particulièrement significatifs, puisque dans certains cas truculents, il s’était lui-même fait escroquer. Or, il faut être gentil et bon pour faire confiance à des menteurs, voleurs, usurpateurs, escrocs notoires.
Donc Maître Pelletier était effectivement un homme bon.
Rédigé par : Vamonos | 04 novembre 2022 à 23:02