Ces passerelles qui unissent des personnalités apparemment différentes, et très estimables, m'enchantent.
J.K. Rowling (JKR) a déclaré sur Twitter : "Je sais que je devrais être dehors au grand air et dans ce magnifique paysage enneigé mais y a-t-il quelque chose de mieux que de pondre des milliers de mots ?"
Et François Sureau (FS) de répondre à Eugénie Bastié que "la littérature est un passe-temps, c'est-à-dire un moyen de passer au-delà du temps" (Le Figaro).
Qu'on soit à l'Académie française ou qu'on soit la créatrice d'Harry Potter, c'est la description de la même magie.
Quoique l'une évoque le besoin et l'allégresse d'écrire, telle une volupté qui dépasse ce que la nature peut offrir même de plus beau, et que l'autre glorifie la littérature qui, rassemblant les oeuvres universelles, projette les lecteurs dans un temps magique qui n'a plus rien à voir avec notre quotidienneté et son rythme.
Je rejoins JKR, avec toute la modestie qui sied, sur sa passion pour l'écriture. Celle-ci vient, selon le genre qu'on a choisi, servir l'imagination débridée, faire renaître le passé ou en donner les clés, enfin contraindre le rédacteur à clarifier, à préciser sa pensée.
Écrire est une activité jumelle de l'oralité. Écrire ajoute au caractère spontané et parfois désordonné de l'oralité la rigueur et la concentration. Même s'il arrive d'écrire comme on parle, ce qui est parfois le propre de ceux qui ont étudié les humanités, formation qui enrichit le verbe comme l'écriture.
La littérature qui est beaucoup plus en effet qu'un "passe-temps", est le moyen magnifique que l'humanité a trouvé, au regard de ses maîtres et de ses grands écrivains, pour s'évader d'elle-même, pour s'arracher à la pesanteur des choses, pour quitter le monde de l'utilité pour celui de la gratuité.
Ce serait une erreur de croire que l'art, les immenses auteurs, par exemple Shakespeare, Flaubert et Proust, sont dénués d'utilité. Il ne s'agit pas là de cette utilité pragmatique et efficace. L'utilité de la littérature se propose d'enchanter la vie, l'univers et, si on en a envie, de faire gagner du temps dans l'élucidation de l'existence, des idées et des sentiments qui généralement la structurent, et des choix à opérer. La littérature ne sert à rien d'autre qu'à mieux vivre, plus lucidement. Shakespeare, et on sait ce qu'est le pouvoir et ses tragédies. Flaubert, les rêves, les désillusions, la grandeur des simples, l'accablement de la bêtise, Proust, le temps, la mémoire, l'amour puis la déception, l'éternité de l'art.
Il est probable que JKR et FS ne se sont jamais rencontrés. Si l'opportunité, un jour, leur en était proposée, je suis certain que ces esprits et ces sensibilités sujets aux mêmes attentes et désireux des mêmes bienfaits s'accorderaient.
L'écriture, la plus modeste qui soit, porte en creux l'appel de la littérature.
Bonjour cher hôte,
Je n'ai jamais lu J.K. Rowling. François Sureau oui. À l'instar d'un des contributeurs, son style d'écriture me semble loin de la qualité de son expression orale. Ça ne retire rien à l'estime que je lui porte, nous ne pouvons pas tous être Frédéric Dard ou Hermann Hesse.
Dans le domaine de l'art, en général, j'aime bien revenir à cette maxime d'Oscar Wilde que j'apprécie particulièrement : "There are two ways of disliking art. One is to dislike it. The other is to like it rationally".
Avec François Sureau on est souvent plus proche de l'essai que de l'art. Donc cette pensée ne s'applique pas, à mon sens, à ce qu'il écrit. Il est difficile de se faire emmener "ailleurs" à la lecture de ses livres. On reste les pieds bien au sol, le cerveau attentif à la compréhension de ce qui se dit.
Ce qui a été tiré de ce qu'écrit J.K. Rowling me fait supposer qu'on est bien en présence d'art. Quelque chose qui vous emmène, vous fait rêver, vous fait voyager avec les personnages. Le premier film de cette saga - les autres ont trop d'effets spéciaux hollywoodiens pour que j'y prenne plaisir - est très poétique.
Cette capacité à emmener dans son monde le lecteur, l'auditeur, le spectateur est, c'est une sensibilité qui peut ne pas être partagée, la marque de l'art réussi.
Nous ne sommes, c'est trivial, pas tous sensibles aux mêmes choses. Mais, quels que soient nos goûts, quand une musique nous stoppe comme un chien d'arrêt, un film nous laisse pendant deux heures bouche bée, un livre nous fait imaginer les campagnes dans lesquels voyage un Goldmund, et que pour en sortir il est nécessaire de nous héler fort, on est en présence d'art.
Rédigé par : Jérôme | 20 janvier 2023 à 09:32
Et pendant ce temps Guillaume Musso, dont je n'ai jamais rien lu, vient en tête des ventes de livres en France.
Rédigé par : caroff | 18 janvier 2023 à 18:20
De nos jours l’oral et l’écrit ont de plus en plus tendance à se rapprocher, voire carrément à se fondre l’un dans l’autre. C’est le cas notamment sur les réseaux sociaux, Twitter en particulier.
Nous trouvons aussi quelques cas sur ce blog de commentateurs qui déroulent des phrases sans véritable structure au point que l’on ne sait pas vraiment où l’auteur veut en venir.
D’autres au contraire, s’échinent à nous pondre des pensums abscons élaborés à partir d’une dialectique sophistiquée qui décourage les lecteurs désireux d’aller au bout de leurs commentaires.
Heureusement il y a aussi quelques belles plumes qui écrivent des commentaires clairs, concis, bien tournés, parfois un peu longs, mais qui se lisent sans déplaisir.
Je ne citerai pas leurs noms ou leurs pseudos car cela pourrait porter atteinte à leur modestie… même si chez certains celle-ci n’est pas toujours évidente à déceler. : )
Rédigé par : Achille | 18 janvier 2023 à 12:47
La page blanche est menacée de mort. La page vierge, immaculée, produite conjointement par la nature et les techniques humaines, va disparaître, violée, assassinée par l’écran, qui, chaque jour, perfectionne ses qualités pour, demain, envahir tout le champ de l’écrit. La clé USB, le « cloud » sont déjà des outils qui relèguent nos bibliothèques au rayon des antiquités et le journaliste ne prend plus de notes manuscrites, il pianote et clique...
Certains écrivains résistent, d’autres pas. Toute l’information scientifique a basculé dans l’océan de l’informatique, s’y complaît et s’y développe. Même la Poste, depuis l’an neuf, participe au meurtre du papier en téléchargeant les correspondances privées qu’elle reproduit et distribue tels des documents administratifs émanant d’un fonctionnaire anonyme. Demain, celui qui, pour retenir un rendez-vous, sortira son stylo plutôt que son smartphone sera montré du doigt, moqué, oublié...
Cette révolution, pourtant, n’atteindra pas l’essentiel : le plaisir d’écrire, le goût de ciseler un texte, d’offrir à l’autre un accès durable à ses idées, son imagination, son savoir. Certes, nous devrons faire notre deuil de cette jolie expression « coucher sur le papier », mais tout ce qui est littérature, de la lettre d’amour à l’épopée romanesque, du conte enfantin à la poésie débridée, du reportage de guerre à l’essai philosophique, continuera de se répandre dans l’immense humanité, pour son bonheur, hélas parfois aussi pour son malheur.
Le numérique transformera l’expression de la pensée, ici facilitera la publication d’un argumentaire démesuré, là obligera à la concision réductrice. La mouture originale couverte des ratures et d’ajouts disparaîtra et, avec elle, le cheminement de la pensée de l’auteur, pourtant si révélatrice des tourments de la création. Au milieu des moutons de Panurge répétant un même discours impersonnel, les réseaux sociaux, bien plus que les courriers de lecteurs, feront naître de nouvelles voies de réflexion, tout en les polluant sans vergogne par des messages vecteurs de haines inutiles. Des talents bienfaisants qui n’auraient pas trouvé d’éditeur dans le monde du papier rencontreront sur Internet des lecteurs jusqu’alors improbables, jusqu’au plus reculé des villages de la planète...
A contrario, il faudra apprendre à se débarrasser des écrits complotistes et pervers qui, déjà, nichent en troupeaux dans les recoins d’une technologie qui offre le meilleur, mais incapable, comme la presse typographique de Gutenberg, de repérer et d’éliminer ces profiteurs de la liberté d’expression.
On le sait, comme ce fut aussi le cas lors de l’invention de l’imprimerie, les bouleversements de la littérature provoqués par celle d’Internet n'en sont qu’à leurs débuts... et il sont prometteurs. Le papier a été, pendant des siècles, son indispensable support. Il doit être remercié, glorifié, tant il a permis l’expansion des cultures, le développement des idées... Aujourd’hui, il a fait son temps, comme, hier, la diligence et, demain, le moteur thermique. L’écrit a trouvé meilleure monture, voilà tout...
Qu’on ne s’y trompe pas ! Comme le proclamait Jean Miot, patron de la Fédération de la presse, dès les balbutiements du Minitel, « l’écrit aura toujours le dernier mot ». Parce qu’il est et restera le moyen le plus précieux pour l’art littéraire sous toutes ses formes de continuer à assurer sa prodigieuse mission que sont l’expression, la transcription et la transmission de nos idées, de nos espérances, de nos progrès. Et l’auteur, longtemps encore, à la fois angoissé et enthousiaste, affrontera la page blanche... que lui imposera son écran d’ordinateur.
Rédigé par : Serge HIREL | 18 janvier 2023 à 11:17
Merci à duvent et à Aliocha d'avoir mis l'accent sans se consulter sur la distinction entre l'"utile" et le "vital".
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@ Vamonos | 18 janvier 2023 à 04:24
"Le métier de l'écrivain a changé", l'écrivain "se livre à un exercice de parole", il se confie au "dictaphone"...
"Le dictaphone" ne rend plus nécessaire à l'écrivain public de saisir méticuleusement tout ce que son "biographé" a dit. Dragone est passé par là. Il agit pour rendre inutile la retranscription par un J.S. Bach des partitions de ses prédécesseurs, grâce à quoi il est devenu le musicien de référence de la musique occidentale.
Le chirurgien se saisit de son dictaphone et dicte à sa secrétaire une lettre pleine d'aménité destinée à un de ses confrères à propos d'un patient dont il fera le diagnostic complet de tout ce qu'il sait de ses symptômes. Quiconque a entendu un chirurgien dicter tout d'un coup une telle lettre à une secrétaire absente en parlant comme un livre à son dictaphone en garde une impression inoubliable.
L'écrivain écrit, et puis il donne des entretiens. Je ne parle pas des entretiens promotionnels qui font la retape d'un livre et en donnent le synopsis, mais d'entretiens au long cours tels qu'on en donne sur "France Culture". Souvent, en les écoutant, je me dis qu'il y a des études universitaires à faire sur le statut de cette parole. Résume-t-elle le livre ? Le contient-elle ? Le condense-t-elle ? Qu'en retranche-t-elle, mais surtout, qu'y ajoute-t-elle ? Je ne sais pas si les entretiens de Paul Léautaud avec Robert Mallet ajoutent quelque chose à son "Journal littéraire", mais je suis persuadé que les entretiens de Jean Amrouche avec André Gide ou Jean Giono font partie de l'oeuvre de ses deux écrivains.
Notre société régresse-t-elle vraiment vers une tradition orale ? S'orientalise-t-elle ? S'africanise-t-elle comme sa musique au rythme répétitif, lancinant et pauvre ?
Un jour, m'en allant enregistrer un CD-maquette dans une association d'artistes aveugles, je devisais avec l'un des salariés et comparais notre situation avec celle d'illustres prédécesseurs (Jean Langlais, Gaston Litaize ou Louis Vierne pour viser haut), qui écrivaient eux-mêmes de la musique en braille entièrement mentalisée, quand nous, avec tout le matériel dont nous disposons... "écrivons de la musique de m...", m'interrompit mon camarade. Ben oui, malheureusement.
Notre société ne s'oralise pas tellement que ne se déploie une articulation différente entre l'oral et l'écrit. Ce n'est pas parce qu'on apprendra à un enfant à écrire directement sur son ordinateur que sa pensée va devenir squelettique. Du moins je veux le croire, contre tous les désillusionnistes qui assurent que la tenue d'un stylo est nécessaire à la pensée. Dans la frange de population à laquelle j'appartiens, les élèves lisent et écrivent de moins en moins en braille. Ils me paraissent pourtant mieux connectés à leur époque qui a moins d'orthographe, mais l'orthographe n'est pas une invention si ancienne.
L'intelligence des "enfants indigos" d'aujourd'hui est moins analytique, mais elle va droit au but. Ce n'est pas parce qu'on a fait ses humanités qu'on a plus d'humanité.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 18 janvier 2023 à 11:15
L'écrit exprime ce qu'on pense, le perfectionne, certes. Mais jamais assez ! Pour certains, les peuples restés à l'oralité ne sont pas tout à fait humains.
Folie ! L'être humain se distingue des autres animaux par le fait qu'il raconte des histoires. L'écrit n'est qu'une option ! Certes, une option très enrichissante. Mais le pauvre n'est pas moins un être humain que le riche.
L'écrit... Nous incline-t-il plus à la connaissance, à l'empathie et au rêve, ou à un orgueil injuste ?
Les peuples restés dans l'oralité ne sont pas moins humains que nous, nos ancêtres inventant les premiers récits aussi.
Je veux rendre hommage à tous les conteurs et auditeurs d'histoires, du premier balbutiement à l'ère d'Internet, qui n'est pas l'extinction des feux du récit, mais une nouvelle étincelle à ce feu jaillissant !
Mais seuls ceux qui étudient la généalogie des mythes et ceux qui écriraient l'histoire de conteurs se succédant de millénaires en millénaires dans une comédie du conte pourraient dire rendre un peu de tout ce qu'ils ont reçu des histoires.
Rédigé par : Lodi | 18 janvier 2023 à 10:36
Sans l'écrit, sans les écritures, que serions-nous ?
Ou que serions-nous restés ? des hominidés...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 18 janvier 2023 à 09:20
@ duvent
"La littérature c'est un chagrin d'enfant qu'entourent des épines, c'est une lumière dans la nuit, c'est la mort et les comptines, c'est la peur, et c'est un cri, c'est le rire derrière ces murs d'école, une prison sans fleurs ni poissons dans le bassin, c'est un espoir démesuré, c'est Pandore qui sourit..." duvent
J'aime ce que vous venez d'écrire.
Comme la chanteuse Barbara qui écrit à propos de son père ce qui suit à propos de ce "chagrin d'enfant qu'entourent des épines" !
Très peu de choses sont dévoilées pendant très longtemps « Moi qui ne me souviens jamais d’un passé qui m’importune… », puis le rideau se déchire brutalement dans ses mémoires posthumes :
« Les enfants se taisent parce qu’on refuse de les croire. Parce qu’on les soupçonne d’affabuler. Parce qu’ils ont honte et qu’ils se sentent coupables.
Parce qu’ils ont peur […]
De ces humiliations infligées à l’enfance, de ces hautes turbulences, de ces descentes au fond du fond, j’ai toujours ressurgi. Sûr il m’a fallu un sacré goût de vivre, une sacrée envie d’être heureuse, une sacrée volonté d’atteindre le plaisir dans les bras d’un homme, pour me sentir un jour purifiée de tout, longtemps après… »
Rédigé par : Isabelle | 18 janvier 2023 à 08:19
Le métier d’écrivain a changé ces dernières décennies comme tant d’autres professions. L’irruption de l’informatique dans la société moderne a considérablement modifié les habitudes des écrivains.
La feuille de papier et le stylo Montblanc appartiennent à un monde en voie de disparition. Le dictaphone a fait illusion, l’écrivain le confiait à sa secrétaire qui lui donnait des pages à relire.
Actuellement, l’écrivain se livre à un exercice de paroles si bien que son esprit n’est pas entravé par une main, un stylo et une feuille. La pensée coule et part chez le Claude. C’est une manière de désigner le nuage, le Cloud. L’écriture devient facultative, l’oral reconquiert la primauté.
Il est tout à fait imaginable que l’intelligence artificielle remette en forme et ajoute des paramètres judicieusement choisis par l’éditeur, les commerciaux et les clients habituels.
La première mouture est prête, le « manuscrit » va être imprimé et l’ouvrage pourra s’en aller vivre sa vie de livre, une nouvelle aventure commence.
Rédigé par : Vamonos | 18 janvier 2023 à 04:24
L'écriture est le miroir de la pensée réfléchie, des sentiments, du vécu de la personnalité. Quant à l'écriture manuscrite, elle demeure vitale. Fort heureusement, on ne l'a pas encore remplacée dans nos écoles par le tout-numérique, bien que l'on en prenne le chemin et que de plus en plus d'apôtres de la décadence et de la robotisation tous azimuts semblent appeler de leurs vœux sa disparition totale, qu'ils ont l'outrecuidance de qualifier de progrès !
Les gens lisant d'ailleurs de moins en moins, ce qui demande un esprit critique, plus une contribution et un effort de l'attention non négligeables et se montrant de plus moutonniers et asservis à une pensée unique, par indifférence, paresse ou lâcheté ou un peu des trois, l'on comprend pourquoi il serait temps de prendre conscience des dangers qui nous guettent, notamment la disparition de ce qui a fondé notre culture et la qualité de notre littérature plurimillénaire...
Dangers auxquels ont succédé en moins de cinquante ans par effet d'influences néfastes ou de modes décadentes toute une série de mesures visant à la négation "totale" de notre héritage chrétien et à l'amoindrissement ou à la ringardisation de notre magnifique langue française, parlée, lue ou écrite.
Rédigé par : Axelle D | 18 janvier 2023 à 01:16
J.K. Rowling a écrit un cycle de romans d'apprentissage qui donnent aux enfants une confirmation de leur émerveillement devant le monde par le biais de la magie aussi bien qu'envie de grandir avec les héros.
Et aux adultes elle offre de redevenir des enfants. Un auteur peut enchanter ou désenchanter, voire faire les deux, avant et après Ovide, la littérature est métamorphoses.
La littérature est toujours un voyage dans les mots, souvent dans une histoire, une approche du réel le décapant des illusions, une déprise des routines, un exercice d'empathie et une ouverture vers l'imaginaire...
Bien sûr, tout cela à des degrés divers selon les auteurs et selon les livres.
Et selon la capacité du lecteur à le percevoir. Il y a affinité élective entre certains lecteurs et certains livres, des livres dont la perte, pour peu qu'on envisage qu'un livre vous soit non seulement pris mais qu'on ne puisse le retrouver nulle part, soit comparable à une perte de paysages et de proches, d'idées et de sentiments qui seraient devenus les vôtres et dont vous vous retrouveriez amputés.
"Quoique l'une évoque le besoin et l'allégresse d'écrire, telle une volupté qui dépasse ce que la nature peut offrir même de plus beau, et que l'autre glorifie la littérature qui, rassemblant les oeuvres universelles, projette les lecteurs dans un temps magique qui n'a plus rien à voir avec notre quotidienneté et son rythme."
"Quand la musique est bonne, quand elle ne triche pas", dit Jean-Jacques Goldman.
Quand quelque chose advient, le créateur parvient à un état qui rend tout le reste fade, d'où le râle frustré de celui qui n'a pas encore connu cette grâce et le pressent ou celui qu'elle a quitté. En sport, il y a un état bien connu où on va au-delà de soi. Dans la création aussi. Dans les deux, on parle d'efforts, mais il y a aussi cela, auprès duquel tout le reste n'a pas plus de sens que, pour prendre une autre comparaison, le reste auprès de l'amour pour ceux qui sont percés par la flèche de Cupidon.
Une image usée jusqu'à la corde ? Oui, mais elle exprime aussi que quelque chose qui semble venir de loin traverse. Et comme l'être humain a tendance à voir des intentions dans ce qui l'atteint, il y a la tendance à voir l'oeuvre d'une divinité ou d'une autre dans ce genre d'état... À vrai dire, rien ne semble plus digne d'une divinité que d'attirer vers des états dépassant l'ordinaire de la condition humaine.
Bref, et si l'auteur parvient à créer un univers attirant les autres comme lui a été aspiré par la création, on peut dire que tous communient dans le même monde.
Mais il ne faut pas qu'un lecteur n'ait qu'un livre ou qu'un auteur, ce qui le priverait de tant d'autres ! C'est le multiple qui donne la liberté et la vie, comme les étoiles le scintillement d'une lumière nous libérant de la chape de plomb que serait autrement la nuit.
Et de même, l'auteur doit tout faire pour ne pas se laisser enfermer dans ce qu'il a écrit, stérilisé par la sensation d'accomplissement ou d’inaccomplissement, épuisé par l'effort, sidéré par sa propre oeuvre.
Auteur ou lecteur, il faut partir, et parfois revenir, que ce soit pour relire, ou pour écrire une suite à ce qu'on a déjà commencé, que ce soit une comédie humaine, divine, ou dans le cas de Rowling, sorcière.
Rédigé par : Lodi | 17 janvier 2023 à 23:49
Je suis gêné par vos enthousiasmes pour Rowling que je n’ai jamais eu envie de lire et Sureau dont j’ai parcouru le dernier roman « Un an dans la forêt ». Je ne dirai rien de la première que j’ignore. Je vais exprimer toute ma colère sur le second : enthousiasmé par ses talents oratoires, j’ai cru nécessaire d’acheter sa dernière œuvre ; son assassinat de Cendrars, sujet qu’il avait choisi, prouve qu’il y a une différence fondamentale entre l’oral et l’écrit, qu’un talent dans la parole n’implique rien dans la maîtrise d’un récit, que l’étendue d’une culture n’excuse pas le bavardage et l’absence de poésie. Pourquoi n’avoir pas choisi parmi les académiciens (pour se limiter à cette tribu) Cheng ou Makine, eux de véritables maîtres des mots ?
Rédigé par : Olivier Seutet | 17 janvier 2023 à 16:48
Quoi ? Que lis-je ?
Mais, M. Bilger, vous voulez de colère me faire mourir, ou mourir de colère me faire, ou me faire mourir de colère, ou bien ? Ce n'est pas très gentil !
Vous voilà, enamouré de ce scribouilleur de Sureau et de cette dame, que je ne n'ai jamais lue, et que je respecte puisqu'elle écrit pour les enfants qui en deviennent heureux...
Mais je vous pardonne ces dilections hasardeuses...
Sur le plan de l'écriture, ce que vous pensez est faux, sur le plan de la littérature ce que vous croyez est faux, et sur le plan de l'utilité, de la gratuité et des affinités aussi !
Imaginons que vous laissiez passer ce commentaire, ce que je crois possible, imaginons que vous ne jugiez pas bon de censurer ce qui suit, ce que je crois envisageable, imaginons aussi que vous-même conceviez que « l'écriture, la plus modeste qui soit, porte en creux l'appel de la littérature », oui, faisons cette hypothèse, alors, je serais contrainte, suite à toutes ces extrapolations, de livrer ici une ribambelle de mots qui vont bouleverser ou peut-être même faire s'écrouler votre échafaudage...
Donc, et si vous êtes assez fou pour ne pas vous défiez de moi, vous verrez dans ce qui suit une sorte de création séduisante, comme l'enfer est séduisant...
La littérature n'est pas une œuvre utile, pour deux raisons principales, la première étant que la littérature n'est pas œuvre, et la seconde étant qu'elle n'est pas utile...
Ceci étant posé, voyons de plus près ce qui est utile, et prenons des exemples simples afin d'être comprise par le plus grand nombre ; manger est utile, boire est utile, dormir est utile, écrire c'est différent, écrire c'est vital !
Il existe une petite nuance qui échappe en général, et ce fait étrange qu'elle échappe en général nous laisse de marbre...
La littérature ne se propose pas d' « enchanter » la vie, non elle ne sait pas ce qu’elle propose, mais ce qui est certain c'est que ce mot dégoulinant de pensée magique n'est pas le but de la littérature, ni le premier ni le dernier... la littérature ne sert pas davantage « à mieux vivre, plus lucidement », certes non !
Vous allez me dire : Mais alors, quoi ?
Ce à quoi je vous répondrai : Quoi, quoi ?
Vous me répondrez à juste titre : Que voulez-vous dire, qui est jusqu'ici abscons ?
Ce à quoi je vous répondrai ceci :
- Ce que j'ai à dire M. Bilger, c'est que depuis que la littérature est devenue un fonds de commerce comme un autre, depuis que les accointances dirigent, purgent, vident, équarrissent et choisissent le verbe, les métaphores grotesques, les aventures qui se déroulent principalement dans un nid douillet, les souffrances qui découlent de l’assignation du sort, depuis ce temps qui est désormais ancien, la littérature est devenue une sorte de dépotoir !
Et ce dépotoir est malheureusement d'une pauvreté qui conduit à se curer le nombril pour voir s'il s'y déroule quelque épopée !
Or, et c'est ici que le merveilleux commence, la littérature, c'est un Monde, qui ne trouve d'excuses à personne, c'est un truc qui roule pour lui seul, c'est un machin qui casse tout sur son passage, c'est un bidule qui se moque de vous, de moi, d'aujourd'hui et de demain, c'est E = mc2 !
La littérature c'est un chagrin d'enfant qu'entourent des épines, c'est une lumière dans la nuit, c'est la mort et les comptines, c'est la peur, et c'est un cri, c'est le rire derrière ces murs d'école, une prison sans fleurs ni poissons dans le bassin, c'est un espoir démesuré, c'est Pandore qui sourit...
Rédigé par : duvent | 17 janvier 2023 à 16:14
"Ô miracle d'une communion assurée par le verbe. Il a fallu des siècles et des siècles pour arriver à cet état privilégié."
François Cheng, "Une longue route pour m'unir au chant français"
Utilité est un terme trop trivial pour qualifier ce qui est vital à notre humanité.
Rédigé par : Aliocha | 17 janvier 2023 à 16:12
@ Louis
Si on suit votre propos, vous parlez des dispositions en vue des JO de 2024. Partagez donc avec nous votre analyse concrète des libertés dont a pu jouir le public du Stade de France qui s'est fait dépouiller et agresser par des "supporters anglais" récemment. Comment les libertés peuvent-elles exister sans un mimimum de sécurité ? Militez-vous pour préserver la liberté de nuire à autrui ?
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@ Isabelle
Doit-on être surpris que vous n'appréciiez guère les descriptions répétitives de Sylvain Tesson ? Ou encore que vous estimiez que le fait d'être isolé dans une montagne serait un "sacré doigt d'honneur" au confinement ?
Rédigé par : Marcel P | 17 janvier 2023 à 14:39
Zweig…
Zweig, encore…
Zweig, toujours !
Rédigé par : sbriglia | 17 janvier 2023 à 13:36
@ Tipaza | 17 janvier 2023 à 11:11
Un de mes maîtres d'orgue compare l'"exécution" d'une pièce à l'escalade d'un sommet où "quand le vin est tiré, il faut le boire" en s'efforçant de soutenir un tempo dont on soit capable après avoir toujours "privilégié le travail lent".
Mais dans la réappropriation d'une pièce instrumentale, je redoute toujours que l'interprétation devienne exécution, au sens propre et au sens figuré.
Un de mes amis écrivait lors du premier confinement que la littérature et la musique était les meilleures nourritures de l'âme. Cela peut paraître banal, mais je le rehausserai de ce qu'un autre ami, qui a réconcilié mon âme religieuse qui se méfiait du savoir, avec la culture comme une activité non sacrilège, disait de celle-ci: "Quand j'étais un embryon poussant au sein et milieu de ma mère, je lui dérobais sa nourriture pour me gaver d'un amour dont je devais sentir au fond de moi qu'elle ne pourrait jamais me le donner. Et pourtant j'étais impardonnable de lui voler sa substance pour y trouver ma pitance. Plus tard, j'ai demandé à la culture la nourriture organique qu'elle ne pouvait plus me donner."
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 17 janvier 2023 à 12:47
Lorsque parfois j’écoute les bruits de l’Assemblée qui me parviennent par leur chaîne (je vous rassure c’est mieux que Dallas), mes cheveux se dressent. On entend parler de police privée pour contrôler des citoyens, d’escadres de drones pour encore surveiller des citoyens, de créer un super fichier médical au service de… mais respirons il serait au service des citoyens.
Bref, c’est toujours bon chic bon genre.. des Madame la Présidente par ci… des rappels à la loi par là… celui-ci accepté, l’autre retiré, une vraie cuisine avec pour plat principal nos libertés individuelles, incroyable.
Or comme le rappelle François Sureau ("Sans la liberté", éd. Gallimard), « Lorsque Chateaubriand déclare que « sans la liberté il n’y a rien dans le monde » ce n’est pas seulement un propos de littérateur. Il exprime cette vérité trop souvent oubliée que « sans la liberté » il n’y a pas de société politique, seulement le néant de ces individus isolés auquel l’État porté à l’autoritarisme et à l’ordre moral a cessé d’appartenir ».
Pour moi, ces deux intellectuels, J.K. Rowling et François Sureau, représentent à l’énoncé de leur nom deux grands défenseurs de cette belle idée qu’est la liberté...
Rédigé par : Louis | 17 janvier 2023 à 11:37
La littérature, Monsieur Bilger, est certes pour certains auteurs un passe-temps ou un besoin irrépressible d'écrire. Ou même une activité principalement lucrative par une littérature, souvent facile, destinée à être vendue à plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'exemplaires, notamment par le truchement de certains prix littéraires.
Mais chaque lecteur répond aussi à ses propres aspirations ou besoins intellectuels. Pour ce qui me concerne, je ne suis guère friand de romans, sauf en ce qu'ils analysent et décrivent la société du temps, un peu à la manière de Balzac ou d’Émile Zola par exemple.
Je recherche bien plus les essais dans de multiples domaines, notamment en histoire.
Par intérêt personnel et compte tenu de mon origine de Français d'Algérie, je suis en cours de lecture du livre d'Henri-Christian Giraud : "Algérie : le piège gaulliste - Histoire secrète de l'indépendance".
L'on pouvait craindre que son état de petit-fils du général Giraud, d’ailleurs exilé à Mazagran par décision du général de Gaulle chef du GPRF et victime en août 1944 d'un attentat issu des milieux gaullistes d'Alger, n'entache son ouvrage d'un parti pris anti-gaulliste. Cependant il n'en est rien car, s'il retrace le cheminement de la pensée du général de Gaulle sur l'évolution de l'Algérie, il cite des sources incontestables, très nombreuses, en extrait des citations très éclairantes et toujours replacées dans leur contexte.
Il en résulte un ouvrage d'historien qui, pavé de près de sept cents pages et à plus de soixante années de distance, permet effectivement de comprendre les choix opérés, leurs fondements et de dresser une synthèse peu contestable par tout esprit non partisan.
Rédigé par : Robert | 17 janvier 2023 à 11:26
« La littérature ne sert à rien d'autre qu'à mieux vivre, plus lucidement. » (PB)
Disons plutôt de façon générale que la culture, dont la littérature n'est qu'une des composantes, permet à l'homme, au-delà de toute considération d'ordre utilitariste, de s'accomplir pleinement, parfois en découvrant des horizons imperceptibles à ses contemporains.
Rédigé par : Exilé | 17 janvier 2023 à 11:12
"La littérature qui est beaucoup plus en effet qu'un "passe-temps", est le moyen magnifique que l'humanité a trouvé, au regard de ses maîtres et de ses grands écrivains, pour s'évader d'elle-même, pour s'arracher à la pesanteur des choses, pour quitter le monde de l'utilité pour celui de la gratuité." (PB)
"LE" moyen magnifique, vraiment ?
Poser la question c'est y répondre, évidemment NON !
C'est UN des moyens, pas le plus performant, et encore moins le plus idéal. Quel est l'art qui répond à ces critères, c'est la musique bien sûr.
Et si "La littérature ne sert à rien d'autre qu'à mieux vivre, plus lucidement. Shakespeare, et on sait ce qu'est le pouvoir et ses tragédies. Flaubert, les rêves, les désillusions, la grandeur des simples, l'accablement de la bêtise, Proust, le temps, la mémoire, l'amour puis la déception, l'éternité de l'art." (PB)
Il est non moins vrai que la musique s'extrait des platitudes terrestres, humaines trop humaines pour s'élever au-delà et pénétrer par son abstraction les profondeurs de l'âme et les arcanes de l'esprit. "La musique, échappant à la nature, est libérée de la nécessité de puiser dans le monde extérieur les formes extérieures de son langage."(Kandinsky)
On pourrait ajouter que la musique est le seul art qui joue avec le temps, qui se joue du temps, et qui est le seul art qui en est si dépendant.
Pour n'importe quelle oeuvre d'art, peinture, sculpture, on peut la regarder longuement, rester en contemplation, en un mot avoir l'illusion de la maîtrise du temps, et, plus que tout, l'illusion d'une relation directe avec l'oeuvre, oubliant le créateur dans certains cas.
Ce n'est pas le cas avec la musique qui nous impose son rythme, le tempo, et qui n'est accessible que par le truchement de l'interprète qui en donne une nouvelle création à chaque interprétation.
Si la littérature n'a qu'un créateur, la musique en a plusieurs, chaque interprète lui donnant une forme personnelle.
Proust ne s'y est pas trompé, elle représente pour lui un idéal esthétique qui active les forces de la mémoire et dispose ses auditeurs, par sa résonance profonde, à prendre mieux conscience d'eux-mêmes.
La sonate de Vinteuil joue le même rôle que la fameuse madeleine, avec la différence fondamentale qu'elle apparaît de façon récurrente dans "Un amour de Swann", où elle révèle le lien amoureux de Swann avec Odette, et la façon dont se lien se forme et se délie avec le temps. Chaque écoute de cette sonate évoquant pour Swann une perception différente de son amour, ce qui lui permet de prendre conscience de son évolution.
Proust l'évoquera également dans d'autres volumes, montrant l'importance qu'avait pour lui la musique, dont on devine qu'il la plaçait au-dessus de la littérature.
Bon, c'était juste pour le plaisir de la disputatio universitaire façon des débats scolastiques d'autrefois.
Je remarque qu'il devient de plus en plus difficile de commenter les billets.
Autrefois, quand ils parlaient de politique, c'était simple pour moi, il me suffisait de dire : "Zemmour a raison, tous les autres ont tort", d'agrémenter cette vérité première de quelques phrases redondantes, et l'affaire était faite.
Maintenant il faut être maître en philosophie, littérature et pire que tout en foot. Dieu sait que je suis nul en foot, et disant cela je ne dis pas que je suis fort dans le reste, loin de là, d'ailleurs je ne suis pas agrégé en philosophie, c'est dire. ;-)
Rédigé par : Tipaza | 17 janvier 2023 à 11:11
@ Exilé | 17 janvier 2023 à 09:56
« Mon percepteur est alors probablement un futur prix Nobel de littérature »
Il ne sera pas pire que le prix Nobel de littérature 2022 ! 😊
Rédigé par : Achille | 17 janvier 2023 à 10:38
"L'écriture, la plus modeste qui soit, porte en creux l'appel de la littérature." (PB)
Je crois qu'elle en porte la nostalgie, car tout être qui écrit voudrait entrer dans la transcendance de l'écriture que le passage du langage fait devenir littérature, avec ce qui en constitue la principale surprise: par rapport à l'oralité, le passage à l'écrit nous fait coucher sur le papier ce qu'on ne savait pas qu'on voulait dire, ce à quoi le texte est irréductible en nous, ce qui ne nous fait pas nous reconnaître en lui, mais le fait, au contraire, nous présenter à autrui et à nous-mêmes.
François Sureau doit dire quelque chose de ce genre quand il étend le "passe-temps" au-delà du simple loisir où cet après-midi on aurait "atelier d'écriture" comme on aurait "peinture", à ce qui nous fait passer "au-delà" ou à travers le temps, à ce qui rendrait nos pensées intemporelles ou inactuelles, car seul l'art pris au sérieux et non comme un divertissement nous fait échapper à l'à- quoi-bonisme.
La surprise de la littérature comme de la représentation en général est de nous confirmer que la philosophie pas plus que la rationalité ne suffisent à élucider adéquatement le réel. Le réel veut faire l'objet d'une expérience transformiste et transformante pour nous être délivré dans sa tension entre hasard et nécessité.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 17 janvier 2023 à 10:07
« L'écriture, la plus modeste qui soit, porte en creux l'appel de la littérature. » (PB)
Mon percepteur est alors probablement un futur prix Nobel de littérature.
Rédigé par : Exilé | 17 janvier 2023 à 09:56
"Je sais que je devrais être dehors au grand air et dans ce magnifique paysage enneigé mais y a-t-il quelque chose de mieux que de pondre des milliers de mots ?" J. K. Rowling
Je viens de terminer le livre « Blanc » de Sylvain Tesson.
Un peu lassant parfois à mon goût car descriptions répétitives de ces longs périples à travers les montagnes. Mais peu à peu, on se laisse griser par tout ce blanc qui finit par nous apaiser.
Une chose à retenir : « Il y aura toujours l’eau, le vent, la lumière. Rien ne passe après tout si ce n’est le passant ». Aragon.
Le passant c’est nous !
Ou comme on dit chez moi : « Après nous, les mouches » !
Ces péripéties dans les montagnes furent aussi un sacré doigt d’honneur au confinement Covid !
Rédigé par : Isabelle | 17 janvier 2023 à 09:02
« Quoique l'une évoque le besoin et l'allégresse d'écrire, telle une volupté qui dépasse ce que la nature peut offrir même de plus beau, et que l'autre glorifie la littérature qui, rassemblant les œuvres universelles, projette les lecteurs dans un temps magique qui n'a plus rien à voir avec notre quotidienneté et son rythme. » (PB)
En matière de littérature j’aime tout : le bon polar à la Frédéric Dard ou James Hadley Chase, l’évasion dans la science-fiction avec Asimov, Bernard Werber, l’étude de la nature humaine avec Balzac, Zola et Hugo (*) ainsi que les œuvres de philosophie par des grands penseurs du calibre de Bergson, Spinoza ou encore Kant.
Je ne dédaigne pas non plus les bandes dessinées : Tintin et Milou, Astérix et Obélix, Blake et Mortimer.
La lecture est une évasion salutaire qui nous permet d’oublier pour un temps les tracas du quotidien. L’écriture aussi qui nous permet de faire travailler notre imagination et d’apporter notre vision du monde tourmenté dans lequel nous vivons.
On peut juste regretter qu’aujourd’hui les grands penseurs soient devenus très rares. Les philosophes de notre époque: Michel Onfray, Alain Finkielkraut, BHL, Raphaël Enthoven pour ne citer que ceux que l’on voit régulièrement sur les plateaux télé sont tous politisés, les uns à gauche, les autres à droite. Ils ne nous apportent plus que leurs convictions qui sont souvent discutables, voire carrément contestables.
La puissance intellectuelle régresse parmi nos beaux esprits au point que c'en devient alarmant.
(*) Personnellement je les préfère à Shakespeare, Flaubert et Proust, mais c’est une affaire de goût…
Rédigé par : Achille | 17 janvier 2023 à 07:57