On peut avoir le plus grand respect pour les enquêtes d'opinion et les sondages mais savoir les relativiser quand ils sont effectués bien longtemps avant l'échéance qu'ils concernent.
Et douter de la fiabilité de la majorité qu'ils dégagent, sur la fin de vie, avant l'issue douloureuse qui confrontera chacun à un choix terriblement concret, et non plus à une interrogation abstraite autorisant une apparente sérénité.
C'est dire que, si je ne les juge pas inutiles, je les estime au moins dangereux. Ils constituent à force une sorte d'opinion dominante laissant entendre que l'obsession d'aujourd'hui est l'euthanasie et le suicide assisté, ce qui à l'évidence n'est pas le cas.
Le président de la République avait promis à Line Renaud d'avancer sur l'aide active à mourir. Mais apparemment sa propre conviction n'est pas encore forgée sur ce sujet infiniment sensible même si l'acte 1 de la Convention citoyenne pourrait être suivi par un acte 2. Emmanuel Macron s'est d'ailleurs engagé à ce qu'un "projet de loi soit bâti d'ici à la fin de l'été 2023, de manière à permettre de tracer les contours d'un modèle français de la fin de vie" (Le Monde).
En même temps, le président a annoncé "qu'il allait lancer un plan décennal national pour la prise en charge de la douleur et des soins palliatifs".
Qu'on m'entende bien : discuter la validité de ces processus et de ces réflexions collectives sur l'intimité ultime de nos existences n'est en aucun cas nier la réalité des souffrances parfois intolérables éprouvées au sein de familles éplorées et brisées par l'attente de l'inéluctable.
Je mesure aussi combien ces citoyens considèrent que leur fonction démocratique est importante et à respecter à l'issue de leurs travaux. À 76 %, les membres de la Convention sont favorables à l'accès au suicide assisté et à l'euthanasie "selon certaines conditions et au terme d'un parcours balisé".
Il me semble qu'ouvrir, sur la fin de vie, "le chantier d'un modèle français" représente un "en même temps" contradictoire dès lors qu'on va s'efforcer également d'amplifier les traitements palliatifs. Ce n'est plus tenir les deux bouts d'une chaîne, c'est feindre de supposer accordés et complémentaires deux bouts qui sont en rupture l'un par rapport à l'autre. Et provoquer inutilement avec l'un nuira à la validité de l'autre.
Les soins palliatifs, l'apaisement des souffrances, éventuellement des ajouts à la loi Claeys-Leonetti de 2016, au demeurant insuffisamment appliquée, relèvent d'un registre qui permet aux médecins non seulement de ne pas trahir leur mission mais au contraire de l'exercer encore plus dignement et efficacement. L'aide active à mourir en est la négation. Elle ferait rentrer la tâche de ces professionnels de la vie accompagnée le plus doucement possible jusqu'à la mort naturelle, dans un autre univers qui les conduirait à faire advenir cette dernière sur un mode forcé.
La pratique belge a beau défendre l'idée que l'éthique médicale n'est pas violée par cette aide active à mourir soumise à des garanties, la médecine française est réticente à changer sa volonté de préserver le plus longtemps possible le souffle de vie en une politique du pire avant l'heure.
Est-il permis de voir dans cet étrange débat, qu'on revêt artificiellement d'un caractère d'urgence, une diversion par rapport à des problématiques économiques, sociales, sanitaires infiniment plus impérieuses et préoccupantes ? Pourquoi cette obsession d'introduire, contre la normalité du processus actuel représentant une parfaite synthèse entre l'homme en voie de mourir et le médecin consacré à son bien-être final, un espace où on présume que chacun d'entre nous n'aura que ce désir : en finir le plus vite possible ?
La fin de vie, le suicide assisté sont des sujets à traiter avec infiniment de délicatesse. Je ne suis pas persuadé que la grosse patte législative qui s'immiscera dans les pensées, les sentiments, les douleurs des familles pour théoriquement leur simplifier la tâche ne les dépossédera pas de l'honneur et de la tragédie d'être seules face à un être humain qui heureusement, la plupart du temps, ne leur offrira pas le terrifiant confort d'une demande de départ anticipé.
Contre Line Renaud, qu'on me pardonne de préférer les pages fulgurantes de Michel Houellebecq dans une tribune écrite pour Harper's. Il avait déjà dans son dialogue avec Michel Onfray (dans Front Populaire) dit avec finesse et émotion tout le mal qu'il pensait d'une éventuelle légalisation de l'euthanasie dans notre pays (Le Figaro).
Dans la traduction de Harper's, il écrit : "Peu à peu, sans que personne n'y trouve à redire, sans que personne ne semble même le remarquer, la loi civile s'écarte de la loi morale qu'elle devrait avoir pour unique fonction de servir".
Il ajoute que la douleur causée par des souffrances physiques inhumaines sera de plus en plus apaisée par les progrès de la médecine et les soins palliatifs.
Enfin il craint le basculement dans une société à la "Soleil Vert" "où le recours à l'euthanasie serait le moyen de lutter contre les difficultés financières liées au vieillissement de la population.
Je voudrais terminer ce billet par la douceur tendre et mélancolique de ce propos qui émane encore de Michel Houellebecq, quand il imagine qu'on réponde à une personne désirant mourir : "Mais nous on t'aime, on tient à toi, on veut que tu restes"...
@ Lucile
« Sauf que dans un pays doté d’une Constitution (sauf quelques-uns) la Constitution est en amont de la loi, et a préséance sur elles. [...] La Constitution règlemente les droits plus que les interdits, elle énonce les droits du citoyen. Vous-même écrivez que "ce qui n'est pas verbalisé n'est pas". Ce qui veut dire que nous n'avons d'autres droits que ceux que la Constitution nous donne. »
Non. Vous inventez au fil de l'eau ?
La Constitution organise les institutions, notamment l'articulation des différents pouvoirs, et détermine le cadre de droits et libertés publiques par le renvoi à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 au préambule de la Constitution de 1946.
Garantir les libertés publiques, garantir des droits, cela passe par des interdits. C'est toujours lié.
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :
Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Interdiction de distinctions sociales non fondées sur l'utilité commune pour garantir l'égalité en droits.
Revenons à nos moutons. Vous écriviez que « sans Constitution, tout ce qui n'est pas interdit (par la loi) est permis ». C'était le coeur de votre raisonnement. Cela n'a ni queue ni tête. Préséance ou postséance, etc. Cela n'y change rien. À la rigueur, la seule différence entre un pays sans Constitution et un pays constitué comme la France, c'est qu'aucun gouvernant ne peut abolir le principe de légalité sans abolir la Constitution.
Ibidem
Art. 5. La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
C'est pourtant très clair.
-----------------------------------------------------------------
@ F68.10
« ...des cours qui ont vocation à arbitrer quand ces droits de l'homme sont en conflit. Par exemple, dans l'affaire "Momo le pédo", la Cour européenne des droits de l'homme a jugé que l'Autriche ne violait pas la liberté d'expression en punissant l'auteur d'un blasphème. Je suis en désaccord avec cette appréciation, mais il demeure que cela illustre le fait que les divers droits de l'homme ne sont pas des absolus, ne sont pas le Coran, mais sont à mettre en équilibre les uns avec les autres. »
La déclaration de 1948 est un fourre-tout de bonnes intentions. On peut repaver tout l'enfer à neuf avec. C'est très généreux et donc forcément très flou. Le droit se marie mal avec le flou, cela permet tous les abus, surtout quand le flou de ces grands principes généreux est utilisé pour attaquer le droit national très précis.
Tous les pays européens ont leur exemple, on peut mettre bout à bout et se rendre compte que, à l'instar d'autres institutions supra-nationales, c'est employé par ceux qui font du lobbying religieux ou politique intense. C'est utilisé contre la France au profit du terroriste revendicatif Jean-Marc Rouillan ou pour déstabiliser un modèle judiciaire qui pourtant subit un laxisme de fait par l'absence de moyens carcéraux, c'est utilisé contre les services sociaux d'autres pays laïques pour leur imposer la soumission à l'Islam alors même qu'il est question de protection de l'enfant, etc.
C'est une production de l'ONU. C'est à l'image de l'ONU. La raison d'être de l'ONU est d'éviter les guerres et le président de son conseil de sécurité représente un pays qui mène une guerre que l'ONU condamne. On voit bien que c'est une farce, une entité facile à duper, manipuler ou vider de sa substance.
1er article : « les êtres humains [...] doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Quid de la fraternité entre citoyens français s'ils sont frères de n'importe qui sur terre ?
Article 25
« 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »
Ca marche comment dans les pays en guerre ou sous-developpés ? Pas. Et cela implique quoi ?
Article 27
« 1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent »
Faut-il commenter ?
« À qui il convient de rappeler que les droits de l'homme permettent la liberté de conscience et de religion, et donc sa liberté de conscience et de religion. Qu'ils la garantissent aussi aux hérétiques, comme moi, et qu'il n'est pas question qu'on lâche cela. »
La version de 1948 garantit leur manifestation publique. C'est un outil idéal pour les islamistes et un recul pour un pays comme la France où les affrontements religieux avaient cessé.
Rédigé par : Marcel P | 08 avril 2023 à 10:15
Je n'ai nul besoin de juge ou d'oracle pour affirmer sereinement qu'avant de se lancer dans un débat sur ce sujet, la moindre des choses serait de créer immédiatement des soins palliatifs dans tous les départements qui en sont dépourvus.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 07 avril 2023 à 14:15
@ Marcel P | 06 avril 2023 à 15:11
Sauf que dans un pays doté d’une Constitution (sauf quelques-uns) la Constitution est en amont de la loi, et a préséance sur elles. Autrement dit, la loi découle des normes énoncées dans la Constitution. La Constitution règlemente les droits plus que les interdits, elle énonce les droits du citoyen. Vous-même écrivez que "ce qui n'est pas verbalisé n'est pas". Ce qui veut dire que nous n'avons d'autres droits que ceux que la Constitution nous donne. D'où le danger de la surcharger en y inscrivant des droits trop précis et trop particuliers sans que ce soit nécessaire.
Quand il n'y a pas de Constitution, comme en Grande-Bretagne, la loi est un héritage sans cesse ajusté par la jurisprudence au fil des litiges et expériences de terrain.
https://www.vie-publique.fr/fiches/19550-la-place-de-la-constitution-dans-la-hierarchie-des-normes-juridiques
Rédigé par : Lucile | 07 avril 2023 à 13:07
@ Marcel P (@ Exilé)
"Personne ne vous a jamais demandé de bafouer les principes de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. [...] Le sujet, c'est vous qui vous plaignez que la véritable déclaration, celle de 1789, serait un fatras, parce que son contenu vous déplaît, alors que celle qui est un authentique poème à la Prévert vous plaît, parce qu'elle évoque votre petit sujet d'intérêt, même si c'est bien celle-là qui permet tous les abus que par ailleurs vous passez votre temps à contester."
Moi, perso, je n'ai rien contre la déclaration de 48. C'est un texte international, et il devait taper suffisamment large. Le "droit à la vie", entendu comme un athée comme moi l'entend, c'est OK. Évidemment, Exilé l'entend au sens le plus catholique du terme...
Le problème de fond, c'est qu'Exilé semble croire que la déclaration des droits de l'homme, c'est un Nouveau Coran. Une Nouvelle Révélation, dont Lafayette (ou Jefferson) est le prophète.
Ce n'est pas le cas. C'est une construction philosophique, révisable (contrairement au Coran et aux divers dogmes monothéistes, pour faire simple) qui a vocation à permettre à nombre de personnes, d'obédiences philosophiques ou religieuses diverses, de se mettre d'accord sur quelques principes fondamentaux. C'est fait non seulement pour tourner la page des horreurs de la Seconde Guerre mondiale (1948) mais aussi pour tourner la page des guerres de religion (1789).
Bien sûr, si on veut retourner aux guerres de religion, c'est compréhensible de vouloir nier les droits de l'homme et la liberté de conscience en premier lieu. Compréhensible, mais condamnable...
Les gens comme Exilé voient les droits de l'homme comme un concurrent religieux auquel il convient de s'opposer par devoir de piété. Pour rétablir leur vision d'un dogme. S'ils ne peuvent pas s'y opposer frontalement, ils tentent la cooptation sélective. Comme ici: utiliser "droit à la vie" dans la déclaration de 48 pour finasser et prétendre que cela interdit l'avortement et l'euthanasie. Ce qui n'est pas le cas: les droits de l'homme sont des droits qui peuvent tout à fait, dans les cas pratiques, être en conflit les uns avec les autres.
C'est pour cela qu'existent des cours diverses, nationales ou internationales, qui ont vocation à arbitrer quand ces droits de l'homme sont en conflit. Par exemple, dans l'affaire "Momo le pédo", la Cour européenne des droits de l'homme a jugé que l'Autriche ne violait pas la liberté d'expression en punissant l'auteur d'un blasphème. Je suis en désaccord avec cette appréciation, mais il demeure que cela illustre le fait que les divers droits de l'homme ne sont pas des absolus, ne sont pas le Coran, mais sont à mettre en équilibre les uns avec les autres. Et on le savait dès 1789, n'en déplaise à Exilé, qui nous le présente comme un nouveau Coran et un totalitarisme.
Nous avons d'autres manœuvres dilatoires en provenance du camp théocrate sur les droits de l'homme, dans la catégorie cooptation. Par exemple, nous avons des affirmations répétées de la part de l'Eglise catholique que les droits de l'homme ne sont pas des constructions philosophiques que les humains ont établies pour régler divers différends qui se sont manifestés, entre autres, dans les guerres de religion, mais bien un "don de Dieu". Ah bon ?? Ben ouais, la logique est très simple: si on arrive à pousser la trame narrative que les droits de l'homme dérivent de Dieu, le monde religieux récupère une autorité morale dessus et peut ensuite tenter d'influer dessus, de les coopter, et de tenir ainsi mordicus à sa lubie principale: faire dériver la Loi de Dieu. L'éternel programme théocrate. Qui n'est toujours pas mort en 2023, ce qu'Exilé illustre ici même.
Mais cette contestation des droits de l'homme n'est pas spécifique au monde religieux occidental, où la fracture entre Loi de Dieu et Loi des Hommes apparut de manière marquée il y a quelques siècles de cela. En effet: pourquoi l'ONU, cette nouvelle tour de Babel, suscite tant d'oppositions ? Certes, on connaît les délires russes ou chinois en la matière, mais connaissez-vous le délire afghan sur l'ONU ?
Les Afghans, donc, sont le plus peuple le plus génétiquement aryen sur Terre. Et se prennent pour des Juifs. (Hitler se retourne dans sa tombe, où qu'elle soit...) Et vous avez des gens qui ont tenu des positions officielles en Afghanistan sous l'occupation américaine qui proposaient de faire une seconde ONU où on remplacerait les droits de l'homme par la Torah...
Bref. Ce programme de réécriture sinueuse par insinuation répétée, que pratique Exilé, l'Eglise catholique ainsi que les Afghans même non talibans, sans parler des pressions musulmanes sur "blasphème = racisme" à l'ONU, c'est un programme politique théocratique qui n'a JAMAIS cessé.
Et nous sommes encore à nous opposer à cela en 2023, face à Exilé.
À qui il convient de rappeler que les droits de l'homme permettent la liberté de conscience et de religion, et donc sa liberté de conscience et de religion. Qu'ils la garantissent aussi aux hérétiques, comme moi, et qu'il n'est pas question qu'on lâche cela.
Les droits de l'homme protègent Exilé, tout comme ils me protègent. Il n'est pas question de briser cette symétrie au profit d'une asymétrie qui se fonderait sur les insinuations d'un Exilé visant soit à rejeter les droits de l'homme soit à les faire passer pour une Loi de Dieu qui s'ignore et qui protège le droit à la vie au sens où il l'entend mais pas au sens où je l'entends.
Et non. Le droit à la vie n'est pas le plus important des droits de l'homme. Le droit de l'homme le plus important, c'est la liberté d'expression, car c'est le seul droit à partir duquel il est possible de reconstruire en société tous les autres.
Perspective qui s'oppose de manière claire et carrée à l'idée que la source de droits de l'homme, ce serait Dieu, et qu'ils nous en aurait fait don. Comme le clame l'Église catholique.
C'est pourquoi il convient d'insister sur ce point: ne jamais laisser le droit à la vie prendre la prééminence sur la liberté d'expression et la liberté de conscience.
Car une fois que la liberté d'expression et de conscience passe au second plan, il n'est plus possible de discuter publiquement de ce que recouvre le droit à la vie.
Je note, sur ce sujet, une incohérence de fond d'Exilé: Exilé a passé les dernières années à nous bourrer le mou au sujet de la dictature médicale pro-vaccins. Bien... S'est-il opposé aux vaccins comme hameau dans les nuages au motif d'une conviction personnelle irréductible sur la nocivité des vaccins ? Non. Même pas. Il s'est opposé aux vaccins car il voulait s'opposer à une forme de médecine qui rejette l'ingérence de sa religion. C'est très différent. S'est-il opposé aux vaccins, comme je pourrais éventuellement le faire si j'étais d'humeur plus massacrante qu'à l'ordinaire, au motif qu'ils violent le consentement du patient aux soins ? Jugez-en vous même: il s'assoit sur le consentement ou le non consentement des patients qui, comme moi, vivent des situations médicales ubuesques, et ce au nom du droit à la vie. Au nom de la sacralité de la santé, du devoir de traiter son corps comme un temple à la gloire de Dieu, qui l'a créé. Au nom de la sacralité du sacerdoce du médecin.
Exilé n'a rien d'un rebelle contre la médecine. Exilé est une personne qui veut que la médecine redevienne inféodée à la religion via l'éthique médicale qu'il souhaite imposer. Au nom du droit à la vie.
Tout cela est bien sûr inacceptable.
Il n'est pas du tout certain que les médecins soient capables, ne serait-ce qu'intellectuellement, de conceptualiser comment pratiquer ou ne pas pratiquer des euthanasies correctes et propres. (J'en prends pour preuve les délires pro-euthanasie des gens qui ont publiquement défendu Bonnemaison alors qu'il tuait des vieux au curare !!!) Je ne suis donc pas folichonnement adepte de réformes en faveur de l'euthanasie (alors que je les souhaite dans l'absolu) car je suis à peu près certain qu'on va en faire n'importe quoi, et qu'il sera extrêmement difficile de critiquer ce qui ira mal.
Car la liberté d'expression, en médecine, hein... c'est quand même pas cela. Vu que le droit à la vie et l'obligation qui s'ensuit de se coucher à plat ventre devant les desiderata du premier médecin venu est une obligation de tout "citoyen" ou même manant... et que les médecins eux-même n'ont pas le droit de se critiquer publiquement vu que ce n'est pas "confraternel"... et vu qu'on condamne en justice des urgentistes qui ne font que décrire leur quotidien aux urgences au motif que leur expression publique porte atteinte à l'image de la médecine...
Mais on ne peut simplement pas laisser Exilé se comporter comme un corsaire de la "morale", au nom de Dieu.
Ça suffit. Ces décisions, c'est à nous de les prendre. Pas à Dieu. C'est cela que ça signifie, être un peuple souverain.
Rédigé par : F68.10 | 07 avril 2023 à 10:50
@ Michel Deluré | 06 avril 2023 à 16:49
Excellente réponse, parfaitement argumentée, avec le soutien explicite des plus grands.
J'avoue que de Lucrèce je n'ai lu que la partie concernant sa vision de la nature et de la matière, d'une pertinence surprenante.
Diderot, rien lu de lui... pas même l'Encyclopédie. ;-)
Je partage l'approche acceptant la vie avec tous ses aléas plutôt que le néant de la non-existence.
Connaissez-vous la légende médiévale, rapportée par Annick de Souzenelle, si j'ai bonne mémoire, ou Jean-Yves Leloup, peu importe.
En fait dans cette légende, la naissance n'est pas involontaire comme je l'ai mentionné. L'âme au paradis choisit de descendre sur terre ou pas.
Si elle choisit de descendre, elle a le choix de ses parents, et ses conditions de vie lui apparaissent.
Elle est alors porteuse d'une mission qui lui est très clairement explicitée et qu'elle accepte.
Une fois ces procédures effectuées, l'Ange lui donne un soufflet qui efface sa mémoire, et l'âme descend sur terre.
Moralité : Chacun de nous est porteur d'une mission qu'il ignore et qu'il accomplit sans le savoir, dit la légende.
Bon, vous n'êtes pas obligé d'y croire, mais elle a au moins le mérite de rendre la naissance moins passive et surtout non involontaire comme on le pense en général.
Rédigé par : Tipaza | 07 avril 2023 à 09:28
Excellent reportage d'Elise Lucet le 6-4-2023, dans Envoyé spécial.
https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/
On peut constater que la France est en retard par rapport à la Belgique.
Aussi, des personnes franchissent la frontière.
Les cas exposés dans l'émission méritent qu'on respecte leur décision. Il arrive que les conditions de fin de vie et de souffrance, sans aucun espoir, justifient pleinement d'anticiper quelque peu l'échéance inéluctable.
Un docteur belge disait: "Je diminue simplement le temps de l'agonie". Une patiente atteinte très gravement de la maladie de Charcot voulait absolument en finir.
Et elle a fini sa vie dignement, entourée de ses proches. Sa volonté a été respectée.
Rédigé par : lucas | 07 avril 2023 à 00:51
@ Exilé
"Pardonnez-moi, mais je ne lis plus vos diatribes."
Ouh là là !! L'Autorité Morale qui me congédie d'un revers de la main !!
J'me marre...
Quelle arrogance...
Rédigé par : F68.10 | 07 avril 2023 à 00:10
@ Tipaza 05/04/23 23:40
« C'est naître qu'il n'aurait pas fallu » Céline.
Cela aurait été se priver de l'expérience de la vie et de cette liberté qui nous est donnée de subir notre destin ou de le forger.
Ne pas naître, cela aurait été rester dans « le néant que fut pour nous cette longue période de l'éternelle durée qui a précédé notre naissance » et qui n'est que « le miroir où la nature nous présente ce que l'avenir nous réserve après la mort » (Lucrèce « de rerum natura »). Et même si le néant apparaît par évidence plus paisible que n'importe quelle vie, cette dernière ne vaut-elle pas cependant d'être vécue ?
« Naître, vivre et passer, c'est changer de formes » comme le soulignait Diderot. Et lorsque l'on en vient au stade où il est l'heure de passer, il est alors toujours possible de se consoler en s'inspirant de Nietzsche (le Gai Savoir) qui disait que franchir ce stade ultime était « le seul moyen de partager le privilège des morts » qui est « de ne plus mourir » !
Rédigé par : Michel Deluré | 06 avril 2023 à 16:49
@ Lucile
« De grandes démocraties comme la Grande-Bretagne n'ont pas de Constitution et préfèrent ne pas en avoir, avec comme argument l'idée qu'une Constitution rend illicite tout ce qui n'y est pas expressément stipulé, alors que sans Constitution, tout ce qui n'est pas interdit (par la loi) est permis. Cet argument me paraît solide. »
Non, il ne paraît pas solide. Cela s'appelle le principe de légalité des peines. Tout ce qui n'est pas explicitement interdit est autorisé. C'est évidemment un principe du droit français auquel la Constitution ne s'oppose pas.
Avec ou sans Constitution, dans un Etat de droit, tout ce qui n'est pas interdit est permis.
————————————————-
@ Exilé
« Le fait que la Révolution française ait bafoué les principes qu'elle a énoncés ne change rien à cette énonciation. Aucun contresens. »
Si, parce que cet exemple, non condamné, nous est régulièrement donné comme devant être suivi tout en ayant même été repris dans le préambule de la discutable constitution actuelle. »
Complètement farfelu. Rencontre du troisième type.
Personne ne vous a jamais demandé de bafouer les principes de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
« Quant à la déclaration de 1948 dont je suis le premier à reconnaître les imperfections, à commencer par parler d'individu - au sens statistique - au lieu d'évoquer la personne - qui implique une plus haute dimension et écarte l'animalité - elle a au moins le mérite d'évoquer le droit à la vie, qui n'est pas limité à sa modalité biologique. »
Ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est vous qui vous plaignez que la véritable déclaration, celle de 1789, serait un fatras, parce que son contenu vous déplaît, alors que celle qui est un authentique poème à la Prévert vous plaît, parce qu'elle évoque votre petit sujet d'intérêt, même si c'est bien celle-là qui permet tous les abus que par ailleurs vous passez votre temps à contester.
La boucle est bouclée : vous ne faites jamais le moindre effort de cohérence.
Rédigé par : Marcel P | 06 avril 2023 à 15:11
@ F68.10 | 05 avril 2023 à 21:11
Pardonnez-moi, mais je ne lis plus vos diatribes.
Je vous renvoie au dernier billet de Philippe Bilger « Quand ça bascule... », vous y trouverez probablement ce qui pourrait décrire votre façon de voir les choses.
Bonne journée.
Rédigé par : Exilé | 06 avril 2023 à 09:32
"C'est naître qu'il aurait pas fallu."
Céline, dans Mort à crédit.
J'avais pensé que cette citation, avec l'ironie amère doublée de lucidité désenchantée de Céline, pouvait être une conclusion possible du sujet sur l'euthanasie.
Et en réfléchissant j'ai trouvé que ça ouvrait un débat encore plus difficile au niveau philosophique ou métaphysique.
Celui de la naissance.
Personne ne nous a demandé notre avis, est-ce que nous étions d'accord ou pas, pour vivre.
Et pire, personne n'a demandé au foetus à naître s'il est d'accord ou pas pour être effacé par IVG.
Quand la conscience apparaît-elle pour l'agnostique ?
Pour le croyant l'âme est déjà dans la conception et se perpétue après la mort.
Laisser l'État désincarné se mêler de ces deux états extrêmes de la vie, naissance et mort par élimination du problème, car c'est de cela qu'il s'agit, est extrêmement dangereux.
Par contre laissons l'État organiser le système de santé pour préserver de la meilleure façon possible ce qu'il y a entre le début et la fin, mais qu'il ne se mêle pas de ces deux extrémités.
Rédigé par : Tipaza | 05 avril 2023 à 23:40
@ Exilé
"Ce qui est inexact."
Cela me semble pourtant exact.
"Je voulais seulement vous rappeler que par exemple le permis de tuer ne fait normalement pas partie des droits civiques d'un pays civilisé."
Non, Monsieur. Vous extrapolez l'interdiction du meurtre - qui est une règle de bon sens, me semble-t-il - en l'obligation de faire souffrir les gens. Et cette extrapolation, ne nous le cachons pas, elle dérive de votre vision religieuse des choses.
Vous ne vous contentez pas d'avoir une vision religieuse qui vous serait propre et sur la base de laquelle vous régleriez votre vie personnelle. Ce qui ne poserait aucun problème. Vous en faites une règle que vous voulez imposer à autrui en invoquant la "civilisation". Ce qui pose nettement plus problème.
Car ce n'est là qu'une mascarade pour nous expliquer que Dieu a dit "tu ne tueras point" (ce qui n'empêche nullement Moïse, une fois descendu du Sinaï, de génocider ses coreligionnaires) et dans la foulée nous expliquer que vous souhaitez nous imposer cette loi. Que vous souhaitez que Dieu, au fond, soit le législateur.
Alors, non. Nous vous informons que le législateur, c'est nous. Et que si jamais nous légalisons une forme d'euthanasie, ce sera fait justement au nom de la morale et de la civilisation.
(Je n'ai quant à moi aucune confiance dans le corps médical pour faire des euthanasies correctement... passons. Mais cela ne change nullement le cœur de l'argumentaire ci-dessus et ci-dessous.)
"Donc camp ou pas, le devoir de chaque être humain imprégné d'un minimum de conscience est de fuir un tel système, quand bien même il s'accoutrerait des oripeaux d'une démocratie qui serait en réalité un totalitarisme."
Et la guerre, c'est la paix ; les femmes sont des hommes ; les noirs sont blancs ; les juifs sont catholiques ; et la démocratie c'est le totalitarisme. Ben voyons...
Non, être doté d'un minimum de conscience, ce n'est pas se coucher devant un commandement divin. C'est réfléchir, longtemps, aux conditions dans lesquelles il faut mettre un terme à la vie d'une personne et aux conditions dans lesquelles il convient de ne pas mettre un terme à la vie de cette personne.
Vous, vous affirmez que l'euthanasie, c'est "jamais". J'affirme que votre morale est défectueuse.
Je pense, quant à moi, que le philosophe Peter Singer, dans Rethinking Life and Death, a raison. Il existe des cas où des nourrissons, pour diverses raisons médicales, sont confrontés aux seules trois issues possibles:
1. Torture médicale pour lui faire gagner quelques mois de vie avant qu'il ne meure.
2. Arrêt de l'acharnement thérapeutique sur nourrisson, et mort naturelle rapide.
3. Euthanasie du nourrisson.
Vous pouvez retourner le problème dans tous les sens autant que vous le voulez, mais devant de tels cas concrets, qui existent, la seule solution morale, c'est l'euthanasie du nourrisson. Dieu a tort.
C'est cela la morale. C'est cela la civilisation.
Rédigé par : F68.10 | 05 avril 2023 à 21:11
"Est-il permis de voir dans cet étrange débat, qu'on revêt artificiellement d'un caractère d'urgence, une diversion par rapport à des problématiques économiques, sociales, sanitaires infiniment plus impérieuses et préoccupantes ?" (PB)
Ben c'est simple !
Nous avons un gouvernement qui fait tout en même temps !
Le risque est de voir le droit de mourir légiféré à 64 ans !
Ou que l'euthanasie devienne une forme de retraite ?
Rédigé par : Claude Luçon | 05 avril 2023 à 21:02
Saint-Simon et Sido.
« Les vingt volumes de Saint-Simon se relayaient au chevet de ma mère, la nuit ; elle y trouvait des plaisirs renaissants.» (Colette, « La Maison de Claudine », chapitre « Ma mère et les livres »)
Rédigé par : Patrice Charoulet | 05 avril 2023 à 20:57
« Est-il permis de voir dans cet étrange débat, qu'on revêt artificiellement d'un caractère d'urgence, une diversion par rapport à des problématiques économiques, sociales, sanitaires infiniment plus impérieuses et préoccupantes ? Pourquoi cette obsession d'introduire, contre la normalité du processus actuel représentant une parfaite synthèse entre l'homme en voie de mourir et le médecin consacré à son bien-être final, un espace où on présume que chacun d'entre nous n'aura que ce désir : en finir le plus vite possible ? » (PB)
En fait, devant cette obsession de régler de vrais ou faux problèmes uniquement par la mort (sous la forme de ce qu'il faut bien appeler un meurtre) sans même envisager d'autres solutions dans le but évident d'aller à l'encontre d'interdits à caractère religieux vus comme des contraintes insupportables, alors qu'il s'agit plutôt de digues nous protégeant tous de certains débordements, nous pouvons nous demander qui se trouve à la manœuvre derrière tout cela.
Et puisque nous avons déjà mis en1975 le doigt dans cet engrenage mortifère voulu par un Baal de plus en plus exigeant sur sa ration de victimes, jusqu'où irons-nous dans ce qui se rapproche de plus en plus du suicide d'une nation ?
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 20:36
@ F68.10 | 05 avril 2023 à 18:30
« Vous prônez un système excluant des personnes comme moi de l'exercice des droits civiques élémentaires. »
Ce qui est inexact.
Je voulais seulement vous rappeler que par exemple le permis de tuer ne fait normalement pas partie des droits civiques d'un pays civilisé.
Donc camp ou pas, le devoir de chaque être humain imprégné d'un minimum de conscience est de fuir un tel système, quand bien même il s'accoutrerait des oripeaux d'une démocratie qui serait en réalité un totalitarisme.
Le reste reposant sur des sophismes du même genre, il est inutile que j'entretienne un dialogue de sourds.
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 19:35
@ Lucile | 05 avril 2023 à 14:18
« De grandes démocraties comme la Grande-Bretagne n'ont pas de Constitution et préfèrent ne pas en avoir, avec comme argument l'idée qu'une Constitution rend illicite tout ce qui n'y est pas expressément stipulé, alors que sans Constitution, tout ce qui n'est pas interdit (par la loi) est permis. Cet argument me paraît solide, surtout avec les tendances bureaucratiques de certains de nos faiseurs de lois, à Paris comme à Bruxelles. »
Parfaitement, on ne saurait mieux dire.
Et puisqu'un certain grand philosophe amateur de cigares revient à la mode, laissons-lui la parole :
“En Angleterre, tout est permis, sauf ce qui est interdit. En Allemagne, tout est interdit, sauf ce qui est permis. En France, tout est permis, même ce qui est interdit. En U.R.S.S., tout est interdit, même ce qui est permis.”
(Winston Churchill)
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 19:13
@ Exilé
"Quand sortirez-vous de votre logique de « camp »"
Je sortirai de la logique de camp vis-à-vis de vous quand je serai certain que vous acceptiez des normes démocratiques de base.
Ce n'est pas le cas.
Vous prônez un système excluant des personnes comme moi de l'exercice des droits civiques élémentaires. Vous ne pouvez donc pas prétendre que nous ne formons qu'un seul camp, qu'une seule et grande famille. Tant que votre obsession religieuse ne s'accommode pas de principes démocratiques de base, je prends les choses comme elles le sont: vous ne voulez pas faire société avec moi.
Ne me demandez donc pas de prétendre qu'il n'y a pas de "camps" dans ce contexte.
De plus, vous en revenez éternellement à 1789, explicitant de manière parfaitement limpide qu'un camp existe bel et bien pour vous. Vous avez beau jeu de prétendre que je divise la société française en camps quand vous êtes perpétuellement en train d'appeler à des réformes constitutionnelles complètement divisives... i.e. l'abolition de la République, l'abolition des droits de l'homme, l'abolition de la démocratie, le retour à une religion d'État.
Faut quand même pas pousser mémé dans les orties, hein...
Rédigé par : F68.10 | 05 avril 2023 à 18:30
@ Exilé | 05 avril 2023 à 13:23
Ne mélangeons pas tout.
Il n’est pas question d’aller contre la volonté d’une personne qui, bien que lourdement handicapée, refuse qu’on l'aide à mourir dans la mesure où elle souhaite continuer à mener sa vie jusqu’à son terme naturel avec l’aide de soins palliatifs pour atténuer sa souffrance.
Marie-Caroline Schürr, bien que lourdement handicapée physique, possède toutes ses facultés intellectuelles et donc peut mener une vie certes peu enviable, mais à peu près normale dans la mesure où elle est capable de communiquer avec ses proches, les aimer, être aimée de ceux-ci et avoir une activité professionnelle qui ne la coupe pas de la société.
Mais ceci ne l’autorise pas à décider pour d’autres personnes dont la souffrance est sans commune mesure avec la sienne.
Chacun est libre de choisir sa fin de vie quand celle-ci devient insupportable.
Rédigé par : Achille | 05 avril 2023 à 17:29
Décret Rivotril : compassion, euthanasie ou meurtre sur ordonnance ?
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/decret-rivotril-compassion-223015
« C’est à partir de débuts insignifiants que les valeurs d’une société entière peuvent être renversées ». Il [ Dr Leo Alexander, Nuremberg, 1949] a souligné que bien avant l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, un changement dans la culture médicale s’était déjà produit « ouvrant la voie à l’adoption d’un point de vue hégélien utilitariste avec une littérature traitant de l’euthanasie et de l’extermination des personnes handicapées dès 1931. »
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 14:42
@ Marcel P | 05 avril 2023 à 12:34
"Le principe même d'une Constitution est de constituer pour fonder un corps civique : verbaliser, écrire dans du marbre des principes fondateurs, consubstantiels.
Ce qui n'est pas verbalisé n'est pas".
De grandes démocraties comme la Grande-Bretagne n'ont pas de Constitution et préfèrent ne pas en avoir, avec comme argument l'idée qu'une Constitution rend illicite tout ce qui n'y est pas expressément stipulé, alors que sans Constitution, tout ce qui n'est pas interdit (par la loi) est permis. Cet argument me paraît solide, surtout avec les tendances bureaucratiques de certains de nos faiseurs de lois, à Paris comme à Bruxelles.
Rédigé par : Lucile | 05 avril 2023 à 14:18
@ Marcel P | 05 avril 2023 à 12:34
« Le fait que la Révolution française ait bafoué les principes qu'elle a énoncés ne change rien à cette énonciation. Aucun contresens. »
Si, parce que cet exemple, non condamné, nous est régulièrement donné comme devant être suivi tout en ayant même été repris dans le préambule de la discutable Constitution actuelle.
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
(Albert Einstein)
Quant à la déclaration de 1948 dont je suis le premier à reconnaître les imperfections, à commencer par parler d'individu - au sens statistique - au lieu d'évoquer la personne - qui implique une plus haute dimension et écarte l'animalité -, elle a au moins le mérite d'évoquer le droit à la vie, qui n'est pas limité à sa modalité biologique.
C'est uniquement en ce sens que je l'ai citée, sachant que le reste n'est pas d'un niveau plus élevé que pour celle de 1789.
Mais le prétendu universalisme atteint vite ses limites.
----------------------------------------------------------
@ F68.10 | 05 avril 2023 à 12:50
« Je vous rappelle que c'est VOTRE camp... »
Quand sortirez-vous de votre logique de « camp » en cherchant à pratiquer un affrontement brutal à propos de tout et de n'importe quoi, en vous asseyant vous-même sur l'aspect « soft » que vous préconisez, en interdisant par là toute discussion au profit d'un sectarisme un tantinet totalitaire ?
Et je vais vous faire une confidence, je ne suis pas obligatoirement en faveur de n'importe quel type de roi car une République respectant certains principes moraux serait préférable à la monarchie d'un roi seulement « éclairé » qui s'en affranchirait.
Cela vaudrait également pour n'importe quel autre homme/femme politique dont les idées pourraient pourtant en partie rallier mes suffrages.
--------------------------------------------------------
@ Achille | 05 avril 2023 à 07:10
« Aimer c’est d’abord accéder à la volonté de celui qui souffre et veut que ça s’arrête. »
Que vaut la vie de Marie-Caroline ?
https://youtu.be/IlGA3n5aWtk
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 13:23
@ Exilé
"Vous vous contredisez car ce sont bel et bien ces mêmes révolutionnaires qui ont les premiers allègrement foulé aux pieds les principes qu'ils ont proclamés."
Je vous rappelle que c'est VOTRE camp qui s'opposait à ces principes. Il a fallu utiliser la violence pour imposer ces principes de bon sens.
Vous auriez pu faire une évolution soft à l'anglaise, et conserver une royauté en inscrivant les différents droits de l'homme dans une jurisprudence à valeur constitutionnelle. Comme les Anglais.
Votre camp a préféré l'entêtement, le raidissement, l'alliance avec l'étranger au profit de la trahison par la royauté du peuple.
Dans ces conditions, tout cela ne peut déboucher que sur la violence, et vous le savez très bien.
Un ordre constitutionnel de type dogmatico-théocratique comme le fut la France de Louis XIV (ou comme l'est l'Iran de nos jours) ne peut évoluer autrement que par la violence qui s'oppose aux dogmes. Vous auriez été plus souple avec vos dogmes inspirés par la religion, vous auriez encore un roi, et nous aurions un laïcité soft à l'anglaise qui cautionne l'expression publique des religions.
Vous avez tout fait foirer.
Et vous venez vous plaindre un quart de millénaire plus tard ???
Franchement...
Rédigé par : F68.10 | 05 avril 2023 à 12:50
@ Exilé
« Il vous a probablement échappé que ce droit était tellement évident que personne n'aurait pu seulement imaginer qu'il eût été besoin de le préciser »
Le principe même d'une Constitution est de constituer pour fonder un corps civique : verbaliser, écrire dans du marbre des principes fondateurs, consubstantiels.
Ce qui n'est pas verbalisé n'est pas.
« pourquoi la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 »
Choisissez votre camp. Vous ne pouvez pas passer votre temps à vous plaindre des institutions européennes qui sabrent la démocratie française et vous féliciter du texte fondant le démembrement et la dislocation de la démocratie française.
Vous prenez en exemple ce qui est justement la Constitution type nourrie de bonnes intentions complétement détournées ensuite par quelques juges européens pour imposer leurs vues aux parlements nationaux.
« Vous vous contredisez car ce sont bel et bien ces mêmes révolutionnaires qui ont les premiers allègrement foulé aux pieds les principes qu'ils ont proclamés. »
De quel contresens parlez-vous ? Le fait que la Révolution française ait bafoué les principes qu'elle a énoncés ne change rien à cette énonciation. Aucun contresens.
Si on veut parler d'incohérence, vous êtes pas mal : vous vous plaignez de 1789 qui énonce des principes clairs et immédiats, bafoués par la suite, qui seraient un fatras, mais vous vous référez au poème à la Prévert du texte du 1948 qui depuis permet tous les détournements.
Rédigé par : Marcel P | 05 avril 2023 à 12:34
La mort donnée - voire imposée - systématiquement est-elle la seule solution à la souffrance ? Par exemple, dans le cas des souffrances causées par le cancer, l'attitude positive allant dans le sens de la vie n'est-elle pas de poursuivre la recherche médicale plutôt que d'obliger les médecins à renier leur serment d'Hippocrate en transformant les défenseurs de la vie qu'ils devraient être en exécuteurs des basses œuvres suscitant l'inquiétude voire l'effroi ?
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 11:31
@ Xavier NEBOUT | 05 avril 2023 à 08:25
Lorsque l'on parle de voyage sans retour et d'espérance (qui se lève) ainsi que je l'avais écrit dans mon post d'hier, il me semble que l'on fait plus qu'envisager.
Quant à nos religions et croyances respectives, comme tout le reste, elles resteront sur la Terre et nous partirons nus comme au premier jour. Tandis qu'un grand souffle nous emportera !
Rédigé par : Axelle D | 05 avril 2023 à 10:53
@ Marcel P | 05 avril 2023 à 08:10
« Donc si un peuple se donne une Constitution, un ensemble de lois, il devrait donc consacrer en priorité le droit à la vie. Curieux qu'aucune Constitution historique, du temps où les peuples se constituaient et fondaient des principes existentiels, n'en fasse état. »
Il vous a probablement échappé que ce droit était tellement évident que personne n'aurait pu seulement imaginer qu'il eût été besoin de le préciser, avant que les crimes commis par la Révolution française et ses avatars dont le soviétisme et le nazisme n'en aient indiqué la nécessité.
Par exemple, à votre avis, pourquoi la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, certes non normative, a-t-elle cru bon de le mentionner en dépit de ses limitations ?
« Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »
«...mais la déclaration des droits de l'homme de 1789 prévoit bien de nombreux gardes-fous qui condamnent les crimes révolutionnaires : sûreté, ne pas nuire à autrui, peines strictement et évidemment nécessaires, interdiction de rigueur non nécessaire pour s'assurer de la personne d'un suspect, liberté d'opinion, etc. »
Vous vous contredisez car ce sont bel et bien ces mêmes révolutionnaires qui ont les premiers allègrement foulé aux pieds les principes qu'ils ont proclamés.
Et l'obsession criminelle imbibe toujours leurs sectateurs actuels, qui s'appliquent encore et toujours avec un cynisme pervers à faire passer le Mal pour le Bien en diverses circonstances.
Rédigé par : Exilé | 05 avril 2023 à 10:43
Il n'est pas certain que l'exclusion du roitelet aide chacun à exercer sa liberté. Les confinements récents, pour préserver avant tout la vie des plus âgés, ont abouti au suicide de nombre d'adolescents, et entraînent le refus de travailler deux ans de plus pour régler le coût invraisemblable de l'opération.
Tout est affaire de choix et d'en assumer les conséquences, sans céder à la facilité de ses indécisions, n'ayant pour certitude que de désigner à la vindicte celui qui tente d'éclairer la zone brumeuse des désirs d'immortalité payés sur la vie d'autrui.
À chacun de se déterminer quand il est encore conscient, usant de sa liberté que la loi encadrera par les conditions nécessaires à la force de la communauté, qui est le bien-être des plus faibles, vieux moribonds, déments séniles comme jeunes déprimés ou polyhandicapés.
On appellerait cela la démocratie, quand enfin on saura partager que le sentiment de la misère humaine, dont l'idée de la mort est le premier joyau, est une condition indispensable de la justice et de l’amour, au risque sinon de ne savoir maintenir la paix que par la force qui de nous vivants fait des choses mortes avant notre mort.
Rédigé par : Aliocha | 05 avril 2023 à 09:19
Il est désespérant de voir que même dans ce blog, personne ne veut envisager que la mort soit un passage vers autre chose.
Nous avons pourtant quelques millénaires de religions diverses qui en attestent, et maintenant les EMI dont les témoignages sont irréfutables.
Pauvre civilisation perdue.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 05 avril 2023 à 08:25
@ Exilé
« Si une Constitution ne devait comporter qu'un seul article, ce serait celui affirmant le droit à la vie »
Ah bon ?
Donc si un peuple se donne une Constitution, un ensemble de lois, il devrait donc consacrer en priorité le droit à la vie. Curieux qu'aucune Constitution historique, du temps où les peuples se constituaient et fondaient des principes existentiels, n'en fasse état.
Ne voulez-vous pas plutôt parler du cas d'une Constitution-poème à la Prévert n'ayant aucune utilité concrète que de permettre des recours via des entités internationales - donc extra-constitutive - mal maîtrisées ?
« Or dans le fatras d'articles constituant le préambule de 1789, rien de tel ne figure, ce qui a expliqué tout le reste à commencer par les crimes sanglants des révolutionnaires jusqu'aux crimes légaux actuels camouflés sous un prétexte médical, sous un régime qui ne considère l'homme que comme de la matière. »
Les crimes légaux actuels ? L'homme comme de la matière ? Vous vous relisez ? J'ai l'impression de lire du Raël ou de regarder un épisode de Strip-tease sur France 3. Entre ça et l'autre qui écrit, sans rire, que Macron aurait pour but de faire mourir plus vite les gens, le niveau de certains commentateurs sur ce blog devient ahurissant - un asile, où il ne s'agit plus de personnes avec des convictions bien arrêtées mais dont le mode de pensée n'a de sens qu'associé avec la certitude de vivre sous le joug d'un grand complot mondial.
Le droit à la vie, cela veut dire tellement de choses que cela ne veut rien dire : on ne peut garantir de droit à un phénomène biologique. Et l'absence de notion de « droit à la vie » ne signifie pas l'autorisation de tuer.
Vous l'ignorez ou feignez de l'ignorer, mais la déclaration des droits de l'homme de 1789 prévoit bien de nombreux gardes-fous qui condamnent les crimes révolutionnaires : sûreté, ne pas nuire à autrui, peines strictement et évidemment nécessaires, interdiction de rigueur non nécessaire pour s'assurer de la personne d'un suspect, liberté d'opinion, etc.
Rédigé par : Marcel P | 05 avril 2023 à 08:10
« Moi je t'aime, je veux que tu restes »
En citant par deux fois cette phrase, cet avocat qui plaidait pour la Condition humaine gagna son procès contre la mort.
Rédigé par : Bill Noir | 05 avril 2023 à 08:00
@ F68.10 | 04 avril 2023 à 23:29
« Et ce n'est pas un droit à la vie que vous prônez, mais un devoir de souffrance inutile. Or, la souffrance inutile, c'est probablement ce qu'il y a de plus maléfique sur Terre. »
Entièrement d’accord. Il est certes douloureux d’accepter la mort d’un être proche.
Mais la mort n’empêche pas de continuer à l’aimer. Il est toujours présent dans notre cœur et dans nos souvenirs.
Ce refus de la réalité est certes humain, mais il est parfaitement égoïste. Aimer c’est d’abord accéder à la volonté de celui qui souffre et veut que ça s’arrête.
Rédigé par : Achille | 05 avril 2023 à 07:10
"Fin de vie : plutôt Michel Houellebecq que Line Renaud..." (PB)
Plutôt Michel Houellebecq ! Ou le 49.3 pour "Renaissance" passé en force comme d'hab ? Drôle de nom pour un parti qui veut la mort assistée.
Si Line Renaud veut partir, libre à elle. La Belgique et la Suisse c'est juste à côté. L'UE est très tolérante. Il suffit de faire la demande et sous huitaine la demande est acceptée moyennant les frais de deux jours en hospitalisation.
En France, chacun doit être libre de disposer de son propre destin. On n’a pas besoin de Line Renaud, l'influenceuse par copinage, ni d'E. Macron pour nous assister dans nos choix personnels et familiaux.
Qu'en pense Brigitte Macron, 70 ans le 13 avril ? Bon anniversaire et longue vie.
Rédigé par : Ellen | 05 avril 2023 à 06:27
@ Exilé
"Si une Constitution ne devait comporter qu'un seul article, ce serait celui affirmant le droit à la vie."
Non.
On sait comment ce "droit à la vie" devient un "devoir à la vie" et est utilisé pour écraser des droits plus fondamentaux encore, tels que la liberté d'expression.
Votre droit à la vie sans la liberté de hurler comme un putois qu'on est en train de vous le nier, il ne sert strictement à rien.
Et ce n'est pas un droit à la vie que vous prônez, mais un devoir de souffrance inutile. Or, la souffrance inutile, c'est probablement ce qu'il y a de plus maléfique sur Terre.
Rédigé par : F68.10 | 04 avril 2023 à 23:29
Je suis complètement convaincue par la conclusion de Philippe Bilger, et je la trouve très belle.
----------------------------
@ Michelle D-LEROY | 04 avril 2023 à 17:28
"Je tiens à dire que ces comités Théodule mis en place non pas par le peuple mais par la volonté du roitelet, court-circuitant ainsi les élus et les Français qui pourraient s'exprimer par voie de référendum, démontre une fois encore le mépris du Président pour les institutions".
Entièrement d'accord avec vous.
Rédigé par : Lucile | 04 avril 2023 à 21:35
@ Achille | 04 avril 2023 à 07:47
« Onze années en état végétatif pendant lesquelles la vie n’a plus aucun sens. »
Ce n'est pas à vous d'en juger.
Savez-vous qu'il a existé plusieurs cas semblables de personnes considérées en état de mort cérébrale et qui un jour sont sorties de leur coma et ont appris à leur entourage que lorsque des gens parlaient près d'elles elles entendaient et comprenaient tout, alors qu'ils les considéraient comme des objets ?
----------------------------------------------------------
@ bob | 04 avril 2023 à 19:05
« Je n'ai jamais compris que d'autres que moi puissent décider, pour moi, de ce qui m'est le plus inaliénable au monde : MA vie. »
Si une Constitution ne devait comporter qu'un seul article, ce serait celui affirmant le droit à la vie.
Or dans le fatras d'articles constituant le préambule de 1789, rien de tel ne figure, ce qui a expliqué tout le reste à commencer par les crimes sanglants des révolutionnaires jusqu'aux crimes légaux actuels camouflés sous un prétexte médical, sous un régime qui ne considère l'homme que comme de la matière.
Rédigé par : Exilé | 04 avril 2023 à 21:03
La photo du billet m'a touché.
Une main dans la main qui accompagne les derniers pas de l'adulte avant la mort.
En miroir de la main bienveillante et aimante qui accompagne les premiers pas de l'enfant.
Entre les deux mains, la vie simplement et pleinement.
Ce qui pose la question que l'Homme s'est toujours posé.
Y a-t-il quelqu'un qui nous tient la main entre le début et la fin ?
Je me garderais bien de répondre à cette question essentiellement personnelle,
Si j'en parle c'est que la spiritualité est absente de toutes les réflexions, et pourtant elle ne peut être esquivée.
Spiritualité ne signifiant pas religion, mais plus modestement, le fait que nous ne sommes pas seulement des usagers de services publics, fût-ce l'hôpital, des pièces d'un puzzle social ou des éléments statistiques d'un sondage.
Nous sommes des êtres pensants comme disait l'autre, et même plus, des aimants et souffrants et pas seulement physiquement.
Pour tout cela je suis définitivement contre ce qui nous est proposé, et je rejoins les arguments de Michelle D-LEROY et Michel Deluré.
Rédigé par : Tipaza | 04 avril 2023 à 20:51
@ Isabelle
"Après avoir obligé les Français à travailler plus longtemps, E. Macron veut les aider à mourir plus vite !"
Ben voyons...
Rédigé par : F68.10 | 04 avril 2023 à 20:00
Je n'ai jamais compris que d'autres que moi puissent décider, pour moi, de ce qui m'est le plus inaliénable au monde : MA vie.
Rédigé par : bob | 04 avril 2023 à 19:05
J'avoue être extrêmement partagée.
Avant tout, je tiens à dire que ces comités Théodule mis en place non pas par le peuple mais par la volonté du roitelet, court-circuitant ainsi les élus et les Français qui pourraient s'exprimer par voie de référendum, démontre une fois encore le mépris du Président pour les institutions.
Au-delà de la politique et pour en revenir au suicide assisté, je suis à la fois pour et à la fois contre.
Pour, parce que comme pour l'IVG, selon ses convictions personnelles ou religieuses, personne ne serait obligé d'y recourir.
Et parce que prolonger indéfiniment des cas de coma artificiel où le malade n'a plus du tout de vie, plus du tout d'espoir de retrouver une vie normale, n'est pas plus humain que de l'aider à partir, on l'a vu récemment avec l'affaire Lambert.
En cas de souffrances insupportables et de fin de vie, je peux comprendre que le malade puisse vouloir partir un peu plus tôt, mais qui aujourd'hui en France finit dans d'atroces souffrances ?
Contre, car une fois la loi mise en place, même très encadrée, il pourrait y avoir des abus et des dérives à son utilisation parce qu'une fin de vie écourtée deviendrait la norme médicale et qu'elle aurait un but économique pour la Sécurité sociale ou pour les héritiers.
Mais aussi contre parce qu'une histoire familiale m'a toujours interrogée sur ce sujet depuis mon adolescence. Ma grand-mère, en 1965, atteinte d'un cancer de l'estomac, souffrait le martyr la nuit malgré les anesthésiques prescrits à l'époque. Elle se levait et se tordait de douleur, réclamant la mort. Je dormais dans la chambre voisine et j'étais effrayée. Sauf que dans la journée où curieusement, elle souffrait beaucoup moins, elle était visiblement calme et heureuse, entourée de ses enfants et petits-enfants, elle ne souhaitait plus du tout mourir.
Contre encore, car j'ai vu plus tard des personnes de ma famille, jeunes ou plus âgées, mourir dans la dignité, tous pourtant dans des hôpitaux bien différents, car les médecins faisaient tout pour empêcher leurs souffrances, ils étaient très entourés par un personnel médical de grande qualité, humain, respectueux, discret et formé à la fin de vie.
Contre aussi, parce que ce n'est pas le rôle des médecins d'abréger la vie, c'est un cas de conscience indéniable qui remet en cause leur serment d'Hippocrate.
Mais là encore je m'interroge. J'ai constaté, après un accident, quel que soit l'âge du malade, que les médecins ayant vérifié que des centres vitaux sont irrémédiablement touchés, débranchent de leur propre chef les machines qui assistaient le blessé et ne semblent pas se poser de questions. Est-ce bien différent de débrancher un appareil ou d'administrer une dose létale ? Entre routine et cas de conscience, quelle différence ?
Après tous ces questionnements personnels, je vais lire Michel Houellebecq.
Rédigé par : Michelle D-LEROY | 04 avril 2023 à 17:28
Débat passionnel s'il en est que celui sur la fin de vie.
Autant d'arguments recevables de la part de ceux qui, au nom du respect de la vie, voient dans l'euthanasie ou le suicide assisté une atteinte au fondement même de notre civilisation que de ceux qui, au nom du droit à mourir dans la dignité, y voient ce que l'on peut considérer comme étant l'expression de notre liberté ultime.
Force est de reconnaître qu'en France les choses ont sur ce sujet évolué dans le bon sens depuis la loi Leonetti, en offrant des solutions juridiques satisfaisantes, auparavant inexistantes.
Ne perdons jamais de vue que ce qui importe avant tout c'est la vie, la mort n'en étant que « son bout » comme disait Montaigne et non « son but ». Mais de quel droit l'Etat s'immiscerait-il dans ce qui nous avons de plus intime et viendrait-il limiter en cet instant ultime la liberté de disposer de notre être alors que cette liberté ne porte nulle atteinte à celle des autres ?
Rédigé par : Michel Deluré | 04 avril 2023 à 16:56
Dernière minoute :
Après des grandes nétudes sérieuses très poussées, nos crânes de zoeufs ont conclusionné que l’espérance de ne pas cesser de vivre est vouée à l’échec ; ça alors !
On peut vivre autant qu’on veut, on finit quand même par mourir, c'est ballot !
Pour parler clairement, vaudrait mieux parler du recul de la mort, plus la vie avance plus la mort recule.
Ensuite viendra le temps où des nétudes encore plus sérieuses se pencheront sur la question de savoir si le temps où on sera en vie sera plus long que celui où on sera mort.
Vaste programme ! et qui dit mort dit moratoire.
---
Ce n'est ni un poisson ni un gag ni une blagounette mais un signe de dégénérescence mentale suite à une euthanasie de QI trop précoce : Mme Tondelier de EELV, parti pyromane qui passe son temps à jeter de l'huile sur le feu, accuse Darmanin d’être un pyromane qui jette de l'huile sur le feu.
Ces Nupes sont imbuvables et fous à lier, il faut les cataloguer définitivement dans la catégorie des partis néofascistes extrêmes gauchistes dangereux haineux violents complices des crimes de leurs amis antifanazis ; ils se moquent totalement de l'écologie à laquelle ils ne comprennent rien, ce sont bel et bien des députés délinquants pyromanes qui jettent de l’huile sur le feu.
Rédigé par : sylvain | 04 avril 2023 à 15:31
"Pourquoi cette obsession d'introduire, contre la normalité du processus actuel représentant une parfaite synthèse entre l'homme en voie de mourir et le médecin consacré à son bien-être final, un espace où on présume que chacun d'entre nous n'aura que ce désir : en finir le plus vite possible ?" (PB)
Accompagner ce désir, accompagner lucidement ce désir par ceux qui en ont été acteurs actifs et liés jusqu'au bout de la vie.
Pas besoin de loi, l'intelligence dans la beauté de la décision entre amoureux de ce qu'a été le vécu. Tout le reste est verbiage.
Rédigé par : Giuseppe | 04 avril 2023 à 14:33
À l'aube du voyage sans retour, puisse la musique qui m'a toujours habitée, réconfortée, nourrie, m'accompagner jusqu'au bout et mes petits-enfants auxquels je lègue l'espérance chanter et jouer pour moi :
"Sous le poids des souffrances se lève l'Espérance et l'arbre de douceur..."
(Graeme Allwright)
https://youtu.be/g-x31z-cj7s
Rédigé par : Axelle D | 04 avril 2023 à 13:45
Après avoir obligé les Français à travailler plus longtemps, E. Macron veut les aider à mourir plus vite !
Rédigé par : Isabelle | 04 avril 2023 à 13:02
Déconseillons à Michel Houellebecq d'aller tourner des films de lit dans des hôtels borgnes en Ontario ou partout ailleurs au Canada, un pays qui passa en 2021 le Bill C-7, la loi C -7 sur l'aide médicale à mourir (AMM, ou MAID en anglais).
On y autorise les dépressifs d'un jour (même chez les plus marqués, cela fluctue, comme toute émotion humaine), y compris les ados, à demander l'assistance du médecin de famille ou de l'hôpital pour les faire disparaître.
Depuis, certaines voix s'élèvent pour réclamer d'autres escamotages, comme celui des plus de soixante ans, par exemple, pour citer des Verts canadiens radicaux.
Bientôt le retour de "L'Âge de cristal" (Logan's run, 1976), beau film de Michael Anderson sur un scénario de Bill Nolan.
Sinon, la loi Leonetti répondait bien à la question, on entend souvent le dire dans les couloirs, à juste titre.
La façon dont s'y prit le gouvernement pour faire tomber le "oui" dans son escarcelle n'est pas noble ni très recommandable.
Une médiocre scénographie de parlementages en plastique pour une démocratie peu sûre d'elle et de ses textes déjà dûment promulgués.
Les morts qui surviennent à l'hôpital sont plus ou moins toutes reléguées-déléguées à d'ultimes soins qui décident, sans forcément la prévoir, de l'issue.
Un dernier épais dosage de paracétamol, une sédation définitive, et tout est fini, presque par hasard, chose vue et vécue.
"Dieu se délègue", comme disait un auteur dramatique encore en cour avant 1950.
Est-ce moins digne que de mourir chez soi ?, comme de façon frappante nous le rappelait le Farrebique de Rouquier, tourné en 1946, lorsqu'il montrait la grand-mère de la famille, sentant la fin proche, exténuation vissée sur son corps et sa raison, calmement choisir de monter dans sa chambre, de s'allonger sur son lit et d'attendre le passage vers l'autre monde. Je ne le pense pas.
Personnellement, horreur de la situation belge et hollandaise -- pays qui firent beaucoup d'efforts pour le bien-être des enfants et des adultes handicapés moteurs, par ailleurs -- sur le sujet.
Je me souviens de la fête d'adieu d'Hugo Claus sur son lit de mort, célébrée par tous ses amis, quelque chose que je ne trouvai pas à la hauteur d'un tel mec, d'un écrivain de ce calibre.
La mort n'est pas une fête mouvante qu'on essaye de fixer, pour moi. Elle arrive.
Rédigé par : xavier b. masset | 04 avril 2023 à 12:29
Emmanuel Macron, perdu dans son costume de Président,
semble également perdu dans les grandes questions existentielles.
Son bougisme incessant, son progressisme permanent, sont à l’opposé de ce qui, à mon sens, manque le plus en France : la profondeur dont savait faire preuve un homme comme Pompidou par exemple !
Avant de voter, il devient urgent d’observer le parcours de nos gouvernants, leur épaisseur humaine, leur culture que l’on confond aujourd’hui avec les diplômes… et surtout, surtout, arrêtons ces ignobles « Conventions » de toutes sortes : nous voudrions instaurer le fascisme que nous nous y prendrions de cette manière, le mot fasciste ne veut-il pas dire un tout petit groupe ?
La loi Leonetti, le développement des soins palliatifs dans tout le pays, voilà une situation qui semblerait particulièrement humaine…
C’est pourquoi il faut que les « modernes technocrates » viennent troubler les débats qu’on ne peut s’empêcher de prendre pour des dérivatifs politiciens : quelle pitié !
Entre Michel Houellebecq et Line Renaud, excusez-moi de ne pas hésiter !
Rédigé par : Celtapiou | 04 avril 2023 à 12:00
Il n'appartient pas au médecin de donner volontairement la mort. Il ne lui appartient donc pas d'aider au suicide d'autrui, mais bien de limiter les souffrances, le cas échéant d'abréger les affres quand elle précèdent la mort.
Si une personne veut se suicider parce qu'elle ne veut plus vivre pour toute cause psychologique, ce n'est donc pas au médecin d'y aider directement. Alors, on entre dans la prescription pharmaceutique d'un produit létal. Juridiquement ne s'agirait-il pas d'une forme d'empoisonnement ?
Où l'on rejoint l'encadrement de la prescription et de la liberté de conscience du prescripteur à qui personne ne saurait imposer d'y procéder.
L'approche houellebecquienne me semble donc la plus humaniste, ce que notre société a oublié d'enseigner depuis de nombreuses années, se contentant de prétendre à la bienveillance, donc à la permissivité et ouvrant la porte à toutes les déviances sous prétexte de moraline.
Rédigé par : Robert | 04 avril 2023 à 11:23
Cher Philippe Bilger
Pardon d’être aussi brutal, mais il serait peut-être temps que nous fassions preuve d’un minimum de cohérence.
Vu de l’étranger, on a beaucoup de mal à comprendre notre différence de comportement envers les hommes et envers les animaux.
Ainsi nous nous torturons le cerveau et la conscience, nous nous poussons du col à l’infini afin d’être irréprochables sur le plan éthique par rapport à des personnes qui soit souffrent le martyre, soit sont transformées en quasi-légumes.
C’est certes l’honneur d’une civilisation de permettre à chacun de vivre jusqu’à son dernier souffle naturel, mais lorsque la vie se résume au seul espoir de libération, on est en droit de s’interroger sur la pertinence de l’acharnement thérapeutique.
Nonobstant, un tel questionnement ne peut se justifier que si par ailleurs nous nous montrons dignes de cette exigence morale.
On a effet le sentiment que pareille exigence morale a pour objectif premier de nous dédouaner de notre comportement vis-à-vis des animaux, et en premier lieu de la barbarie qui consiste - pour notre jouissance - à torturer les animaux à travers la corrida.
Et quand il s’agit d’y mettre fin, comme cela fut le cas l’an dernier, tous les mauvais prétextes sont avancés pour refuser ce retour à la civilisation.
Qu’on commence donc par mettre les bœufs devant la charrue !
On ajoutera que cet acharnement à vouloir rester en vie à tout prix montre à l'évidence que, au-delà des postures affichées, personne ne croit véritablement à un éventuel au-delà : pourquoi s'acharner à souffrir le martyre alors que le paradis nous tend les bras ?
Rédigé par : Florestan68 | 04 avril 2023 à 11:12
« La fin de vie, le suicide assisté sont des sujets à traiter avec infiniment de délicatesse. » (PB)
Et la mort ? Horresco referens...
La mort est bien le sujet, non ?
Combien ils sont frileux les hommes, ils redeviennent des enfants, et comme Harpocrate, posent l'index sur la bouche. Ce qui a pour effet de les rendre aussi aveugles et sourds...
N'ayant pas lu l'article de Houellebecq, ne connaissant rien à ce que dit Mme Renaud, ne m’intéressant pas aux sondages, je crois que je peux aisément affirmer qu'ils ont tort, mille fois tort.
En cela, M. Bilger, vous ne pouvez que suivre mon raisonnement que je vous livre en vrac, car je n'ai pas encore trouvé le temps de mettre de l'ordre dans mes idées sur cette question épineuse (bientôt Pâques, les épines sont de rigueur...) de la mort que vous appelez de façon inappropriée « la fin de vie », et je n'aime pas ces façons de contourner, d'éviter, de déguiser, de maquiller ce qui est inexorable.
La mort, donc, ce qui a l'air de surprendre les vivants, les accompagne comme une ombre impitoyablement maléfique, elle suit silencieuse leurs pas, elle caresse leurs épaules, elle convoite sa proie avec envie, quelquefois, sournoise, elle souffle sur son cou son haleine empoisonnée et alors, parce que les humains sont stupides, ils se précipitent dans les bras de l'agitation, du bruit et du chaos, pour un peu d'oubli, ils vendraient père et mère...
Nul oubli, ici-bas, où dès le premier jour un cri porte en lui celui du dernier jour, dont il est dit qu'il s'exprime dans un souffle presque inaudible, c'est un soupir inconnu qui s’exhale et tue !
Mourir ! Il le faudra, n'est-ce pas M. Bilger ? Non avete paura !
Bien vivre c'est possible, bien mourir c'est difficile...
Vous et moi, nous voudrions savoir comment éviter d'être là, et si vraiment il le faut, pourquoi ne pas trouver un autre et le charger de la tunique de Nessus ?
Oui, je vous le demande ? Pourquoi ?
Peut-être parce qu'il est simple et bon de s'occuper de la douleur, puisque la mort n'a pas de remède, et c'est heureux !
Si la mort n'a pas de remède, il n'est pas impossible qu'elle-même soit le remède !
Aussi et pour ne pas se tourmenter inutilement, il serait bienvenu, en admettant que la souffrance et la douleur puissent être abolies, de soumettre votre ami Houellebecq à cette question, beaucoup plus pertinente : Que faire quand la mort rôde (et elle rôde tous les jours pour tous et chacun) ?
Dites bien à votre ami que j'ai une réponse, et elle n'est pas sans intérêt !
Rédigé par : duvent | 04 avril 2023 à 10:55