« De quelques nuances de mépris dans le macronisme... | Accueil | Jean Moulin : est-il honteux de manifester ? »

07 mai 2023

Commentaires

Patrice Charoulet

Cher Philippe,

Je me demande souvent comment vous avez pu faire la connaissance de vos invités.
C'est encore le cas pour le dernier invité. Il va sans dire que jamais je n'aurais pu converser une heure avec ce monsieur.
Sa conversation est instructive et vivante.

Le syndicalisme français, si on le compare avec quelques autres, dont celui de l'Allemagne, est particulièrement faible. Très peu de syndiqués en France. J'ai du mal à vous imaginer syndiqué, quand vous étiez magistrat.

Parmi les syndicats de salariés les plus connus : la CFDT, la CGT, FO...

Ce syndicat chrétien doit avoir des effectifs maigrelets. Souvent, sauf exception, il doit compter pour des prunes. Pour tout gouvernement, celui-ci comme les précédents, ce n'est pas la CFTC que l'on tâchait de convaincre. Dans le conflit actuel, tout le monde nous dit qu'il suffirait d'obtenir l'adhésion de la CFDT et que tout pourrait aller.

Je précise, pour des raisons démographiques et politiques, je suis totalement favorable aux projets du président Macron et de son gouvernement.

Axelle D

Evidemment qu'il est d'autant plus honteux de venir se montrer et manifester que l'on n'hésite pas pour réussir son coup tels les cégétistes sans scrupules actuels à saboter la commémoration d'un événement historique et le rappel glorieux du mérite et du sacrifice héroïque d'un résistant tel que le fut Jean Moulin.

Contraste choquant s'il en est avec d'un côté des profiteurs, quémandeurs et revendicateurs insatiables qui ne pensent qu'à leur estomac et à protéger leur pré carré et autres acquis à vie et de l'autre des personnages qui n'ont pas hésité à tout sacrifier pour le triomphe de la liberté et l'honneur de leur pays.

À noter qu'il ne me semble pas que des Georges Séguy et Krasucki qui furent eux d'authentiques résistants pourraient approuver ce genre de pratique choquante et honteuse de leurs minuscules rejetons tels que ce Martinez et la Binette qui vient de lui succéder et semble encore vouloir en rajouter dans l'outrance pour exister... Pauvre fille !

Serge HIREL

Au fur et à mesure de l’écoute de l’entretien entre notre hôte et Joseph Thouvenel, un regret s’est amplifié en moi : pourquoi n’a-t-il pas été réalisé voici un peu plus de trois mois, quand la réforme des retraites n’était encore qu’une épée de Damoclès qui menaçait la paix sociale ? Pourquoi maintenant, pourquoi si tard... Pourquoi trop tard ? Diffusée en janvier, cette émission aurait peut-être tout changé...

En donnant la parole à l’ancien vice-président de la CFTC, Philippe a permis de nous faire découvrir qu’un dirigeant syndicaliste pouvait non seulement ne pas être un enragé - ou, désormais, une enragée - vociférant ses anathèmes contre le pouvoir, mais, au contraire, un homme raisonnable, affable, vif, parfois drôle, qui tient un discours cohérent, présente une analyse pertinente de la situation et propose des solutions intelligentes. Un homme qui, de plus, a le sens de la concision, le courage de dire ce qu’il pense réellement et le don de se faire comprendre.

En vingt minutes chrono, Joseph Thouvenel explique clairement les enjeux de la réforme, dépeint en trois chiffres la situation exacte actuelle, ose dire que la lutte des classes n’a jamais été la solution, qu’il désavoue les violences lors des manifs, que cette réforme n’avait rien d’urgent, que le seul problème est le déficit récurrent des caisses de retraite des fonctionnaires et des régimes spéciaux, que patrons et syndicats réunis sont meilleurs gestionnaires que l’Etat et, surtout, que les méthodes de « dialogue » retenus par le Château et Matignon étaient les plus mauvaises que l’on puisse imaginer.

Soucieux à chaque instant d’être constructif, il ne craint pas d’indiquer une autre voie que celle retenue par le pouvoir, la négociation de deux réformes, l’une concernant le public, l’autre le privé, et une autre démarche : remettre du « spirituel » là où, pour l’instant, on ne parle que d’argent et d’avantages matériels.

Joseph Thouvenel est en quelque sorte « habité ». Non par sa foi, qui est une affaire personnelle, mais par deux doctrines sociales, l’une, chrétienne et morale, l’autre, gaulliste et laïque, qui, toutes deux, placent l’homme au sommet, et non la classe sociale à laquelle il appartient. Bien sûr, certains, ne croyant qu’au combat, verront dans cette confiance en l’individu un risque de faiblesse. Mais elle est aussi la seule voie possible pour instaurer un dialogue apaisé menant à des solutions consenties par chacune des parties.

Quand on voit où a mené la méthode du passage en force et des émeutes de rue, on pourrait peut-être un peu réfléchir avant de sourire des convictions et des propositions de l’ancien dirigeant de la CFTC.

Un obstacle existe toutefois. Il est de taille : totalement obnubilés par l’aspect financier du dossier, Macron et son gouvernement de technocrates froids sont-ils susceptibles de comprendre que, pour un travailleur en fin de carrière, le problème de la retraite dépasse celui de la baisse de ses revenus ? Sont-ils réceptifs à la « spiritualité » ? Jusqu’à maintenant, ils n’ont jamais fait la preuve de leur capacité en ce domaine... Cet après-midi encore, à la prison de Montluc, le Président semblait ne pas être imprégné de l’horreur des lieux. Il jouait un rôle, le visage digne, le pas lent, le verbe mesuré, mais l’émotion n’était pas là...

Côté syndicats, aucun doute, la « spiritualité » n’est pas au programme de la CGT, pas plus qu’à ceux des autres syndicats issus du marxisme. Ce n’est heureusement pas le cas de la CFDT, en tout cas de Laurent Berger... Mais il est sur le départ. Le risque est donc que les « matérialistes » des deux bords continuent à mener la danse et se défient dans la rue... jusqu’au point de rupture.

Bel entretien donc, même réjouissant ! Bravo Philippe... mais un petit reproche tout de même. J’ai trouvé qu’il y avait une faille dans votre panoplie de questions qui a permis de bien cerner votre invité. Une question manquait... en tout cas sa réponse. La voici : pourquoi la CFTC est-elle entrée dans l’intersyndicale, y reste-t-elle, aux côtés d’un syndicat dont les options sont diamétralement opposées aux siennes ?

P.-S. : j’ai écouté l’entretien hier soir... et je me suis couché avec des rêves de Moustachu se balançant au bout d’une sangle sous le pont au Change... Des CRS entouraient le point d’ancrage de la corde et repoussaient en souriant une foule armée de ciseaux et de sécateurs... Sur le quai en contrebas, des écolos protestaient contre une possible pollution de la Seine...

Robert Marchenoir

@ Serge HIREL | 08 mai 2023 à 10:53
"Vous n’avez rien compris, ni à la doctrine sociale de l’Église, ni au gaullisme social. Pour que le reste de votre baratin devienne cohérent [...]."

Encore une saillie de Monsieur Péremptoire, qui, je n'en doute point, va corriger rapidement l'étrange omission qui fut la sienne, et nous expliquer, en détail, ce que sont la doctrine sociale de l'Église et le gaullisme social.

Éternelle malhonnêteté des idéologues de tout poil, qui, dès lors qu'on est en désaccord avec eux, prétendent qu'on n'a rien compris à leur sainte doctrine.

Pour votre information, je conchie dans leur totalité : la doctrine sociale de l'Église, le gaullisme, et, plus encore bien évidemment, le "gaullisme social". Qui n'est autre que le communisme sous une autre défroque.

Je vous l'ai amplement expliqué par le passé. Vous n'avez, visiblement, rien compris.

Vous poussez l'idiotie jusqu'à vous prétendre en accord avec ma dernière phrase, tout en déversant votre mépris prétentieux sur le reste. Il vous a échappé qu'il s'agit là d'un seul et même texte. Vous devriez réfléchir un tant soit peu à la cohérence de l'ensemble.

Une chose encore : il a fallu que vous salissiez cette page avec votre invective imbécile. On aurait pu croire qu'instruit et encouragé par la parole et la vie lumineuses de Joseph Thouvenel, vous ayez eu à cœur, l'espace de quelques heures seulement, de vous inscrire dans ses pas.

Pas du tout : faisant mine de le défendre, vous illustrez à la perfection ce contre quoi il s'est élevé dans cet entretien. Nous n'aurons même pas eu la grâce d'une seule journée de tranquillité, loin de la partisanerie hargneuse et des jets d'acide incessants qui se font passer pour un dialogue civilisé.
______

@ Tipaza | 08 mai 2023 à 09:48

En effet, la charité est individuelle, et non collective. Comment passer de la vertu personnelle au bien-être collectif, tel que la politique tente de l'instaurer ? Comment favoriser la première, sans la trahir sous le masque hideux de l'idéologie et de l'oppression étatique ?

Voilà la réflexion difficile à laquelle nous invitent les sages propos de Joseph Thouvenel. Un travail bien plus ardu que le sectarisme confortable et vindicatif auquel certains tentent de les assimiler.

Axelle D

@ Tipaza | 08 mai 2023 à 09:48

L'État de la Cité du Vatican, nation du Saint-Siège, est l'un des pays les plus riches au monde alors qu'il ne comptait en 2015 que 921 habitants !

Ce qui rend d'autant plus hypocrites les sempiternelles leçons de morale du pape et de la Curie romaine qui vivent dans les ors et le luxe en n'ayant manifestement aucune idée de ce que peut être la pauvreté, l'indigence, n'ayant jamais manqué de rien (voire du superflu), néanmoins invitant périodiquement et sans vergogne "leurs ouailles" à partager le peu qu'ils ont et à considérer la pauvreté comme une vertu évangélique et cardinale, plus l'accueil des migrants comme le nec plus ultra de la charité chrétienne sans lesquels il ne serait point de salut !

Giuseppe

@ xavier b. masset | 08 mai 2023 à 12:13
"...au rebours de celui de Louis Ferdinand Destouches qui commença à gagner sa vie comme grouillot de bijouteries parisiennes..."

Entre autres... entre autres... L'homme aux mille vies, parfois difficile de séparer la réalité du roman, je ne suis pas un spécialiste, mais il faut lui reconnaître un parcours extraordinaire.

xavier b. masset

Le pont au Change était le lieu où se pesait la teneur en or et argent des bijoux, où les changeurs comptaient leur monnaie, vrais banquiers sans en avoir encore le nom, syndics experts de l'échange, aujourd'hui repeints en vert, tous convaincus de la supériorité de la valeur de l'eau sur celle du diamant (Adam Smith est renvoyé dans ses foyers).

À chacun ses usages.

Étrange parcours d'un homme, fort honorable, au rebours de celui de Louis Ferdinand Destouches qui commença à gagner sa vie comme grouillot de bijouteries parisiennes, rendant de précieux services à son père, agent d'assurance, et qui finit médecin des pauvres, toujours prêt à déchirer les poches cousues de Gaston Gallimard qui le rémunérait, selon lui, avec un lance-pierres.

Sa démonstration (presque une défense et illustration) du syndicalisme chrétien comme force d'intégration paraît imparable, exprimée comme telle, elle devient un tranquille petit caillou dans la godasse de la République dont le laïcisme militant (pas entièrement mauvais) chausse les esprits d'une seule et même pointure pour tous.

La fille à la tête de la JOC du lycée, malgré son pull en laine de lama sauvage du Larzac et de ses Adidas en cuir bouilli, était la plus douce à l'oral, et la plus belle.

La spéléologie considérée comme un art de combat rhétorique, à la Gorgias, fait image dans le discours de Thouvenel, pas étonnant qu'il se soit bien entendu en amont avec un Sapin, lui-même versé dans la pratique d'un sport élitiste, la voile, comme Rocard.

Une sorte de refus de la lutte des classes en acte, entre gens de bonne compagnie, très rares dans une gauche française qui préfère retourner dans le boyau confortable de la grève générale, cette grotte fantastique de la confrontation mal tempérée, aux mille reflets narcissiques, qui mène à tout à condition de ne pas en sortir dès que dehors quelque chose d'une unité du peuple semble se faire jour.

Serge HIREL

@ Robert Marchenoir | 08 mai 2023 à 01:09

Vous n’avez rien compris, ni à la doctrine sociale de l’Eglise, ni au gaullisme social. Pour que le reste de votre baratin devienne cohérent, demandez à Patrice Charoulet de vous prêter quelques-uns de ses 180 dictionnaires...

Un seul point d’accord avec vous : vos quatre derniers mots. Mais je doute que ce soit pour les mêmes raisons. Cet entretien est le document le plus intelligent qu’il m’ait été donné de lire depuis le début de la crise de la réforme des retraites. J’y reviendrai.

Tipaza

@ Robert Marchenoir | 08 mai 2023 à 01:09

Pour Joseph Thouvenel, social veut bien dire charitable.
Et c’est là qu’est l’os, hélas !

La charité chrétienne qu’il défend est la meilleure et la pire des choses de notre monde.
La meilleure à titre individuel, sublime de générosité pour l’autre, rendant la relation humaine aussi empathique que possible.
La pire à titre collectif, mortifère charité, puisqu’elle annihile tout capacité d’auto-défense de nos sociétés.

On vient d’en avoir un triste exemple avec le sinistre sire qu’est François, pape de son état, qui dans sa détestation ou pire sa haine de notre civilisation, demande à l’Europe d’accueillir tous les traîne-savates du monde, sans distinction de nombre.

Les « malheureux » n’ayant pas réussi à bâtir un monde vivable à partir de leurs critères religieux viennent bénéficier de notre civilisation, avec l’objectif avoué de revenir à leurs fondamentaux sociaux et religieux.
Pour le coup, le social de ces immigrés n’a rien à voir avec le social charitable chrétien.
Il n’a rien à partager, seulement à prendre notre charitable, matériel, culturel et civilisationnel.

Et cela ne gêne pas François, pourtant en charge de la pérennité de la religion catholique, et au stade où elle en est de sa survie, dont il est le bien mauvais chef suicidaire.

Robert Marchenoir

Eeeeh ben voilà ! c'est pourtant pas bien compliqué...

Maintenant, pinaillons quelque peu ce brave homme dans les coins, puisqu'il le faut. Il se revendique de la notion de "social", tout en avertissant que le mot ne signifie pas socialisme, de son point de vue.

Mais c'est bien le problème : quand vous dites "social", tout le monde comprend : socialisme. C'est bien pourquoi la Constitution de 1958 est scélérate. Article premier : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale."

Qu'est-ce que ça veut dire ? Juridiquement, rien. L'adjectif social est totalement vaporeux dans ce contexte. C'est un mot "feelgood". Ça vous passe la main dans le dos et ça vous fait des chatouilles.

Mais concrètement, politiquement, ça veut dire quoi ? Rien. Personne ne peut dire, avec certitude, si telle ou telle loi subséquente est "sociale" ou non.

Car de deux choses l'une : soit ça veut dire : gentil et mignon, et alors on m'accordera que juridiquement parlant, ça n'a aucun sens. Soit ça veut dire : socialiste, et alors ça a un sens, hélas ! très précis. Devinez dans quel sens se fera l'interprétation ?

D'autant que le préambule de la Constitution de 1946 est en vigueur, selon les éminences qui nous dirigent. Or, son article 9 dit ceci : "Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité."

Autrement dit, la Constitution en vigueur instaure explicitement le socialisme pour une part cruciale de l'économie. Et lorsqu'on sait dans quelles circonstances cette constitution a été établie, il ne fait pas de doute que le but était d'arriver au communisme intégral.

Or, Joseph Touvenel est très clair. Pour lui, "social" se réfère à des vertus personnelles, librement assumées, et non à des mesures imposées par l'État. En gros, le "social", pour lui, c'est la charité -- au sens strict, au sens chrétien, pas au sens péjoratif popularisé par les ennemis du christianisme.

Mais si l'on pense que "social", cela veut dire : relatif à la société, relatif aux liens que les hommes entretiennent entre eux, ou, "pire" encore, propre aux vertus chrétiennes incitant au dévouement pour le bien commun, alors il faut se faire un devoir de ne jamais employer ce mot dans ce sens, étant donnée l'idéologie qu'il conforte.

De même qu'il faut se faire un devoir de ne jamais employer les mots "racisme" ou "anti-racisme", puisque, tels qu'il sont employés aujourd'hui, ils visent à instaurer le racisme anti-blanc, voire anti-juif.

Joseph Touvenel déclare, dès le début, son opposition à la lutte des classes. Il se définit même, brièvement, comme libéral. Mais c'est pour dénoncer un mythique "ultra-libéralisme" qui aurait légitimé, pour les entreprises, la recherche du "rendement maximum".

Celui-ci consisterait à obtenir le maximum de profit avec le minimum de dépense. En conséquence, les individus eux-mêmes auraient pris l'habitude de ne pas en fiche une rame, d'où la dévalorisation du travail -- qu'il déplore à juste titre.

La confusion est à son comble. L'explication est grotesque. Pour commencer, qu'est-ce que le "rendement" ? Est-ce le profit, ou la productivité ? Et en quoi chercher à augmenter l'un ou l'autre serait-il nocif ?

Les entreprises les plus profitables, ou les plus productives, sont rarement des entreprises où les salariés peignent la girafe. Donc oui, les entreprises "ultra-libérales" (y en a-t-il d'autres ?) cherchent à augmenter le "rendement", si l'on veut, mais ce n'est certainement pas en encourageant la paresse. Au contraire, ce sont plutôt des entreprises où l'on fait des journées à rallonge.

Donc, ce n'est pas l'explication, à moins que Joseph Touvenel ne cherche à nous refourguer en douce une lutte des classes qu'il affirme rejeter haut et fort. Dans cette analyse, en effet, plus les salariés travaillent pour produire des profits, plus c'est mal, plus, en conséquence, ils appuient sur le frein et crachent sur le travail.

Ce que Touvenel déplore. Il faudrait savoir.

De même, il se proclame pour la liberté d'entreprendre, tout en ajoutant aussitôt qu'elle doit être régulée par l'État. Régulée à quel point ? Jusqu'où ? À partir de quel moment la "régulation" devient-elle tyrannie et annule-t-elle la liberté ?

La liberté d'entreprendre régnait dans l'Allemagne nazie, hier, elle règne dans la Chine communiste, aujourd'hui -- mais dûment régulée par l'État. Est-ce encore de la liberté d'entreprendre ?

N'allons pas si loin : l'activité économique est fortement "régulée" par l'État français. Les investisseurs étrangers font la queue au ministère de l'Économie, la casquette à la main, pour obtenir l'autorisation d'ouvrir des entreprises chez nous. En l'absence de toute loi les y obligeant.

Mais elles savent fort bien que si elles ne caressent pas l'État dans le sens du poil, celui-ci a les moyens de leur rendre la vie impossible.

C'est ainsi qu'on assiste au spectacle surréaliste d'un gouvernement qui ordonne aux hypermarchés de vendre un panier de produits de première nécessité à bas prix. On se croirait chez Poutine.

D'ailleurs, une anecdote narrée par Joseph Touvenel donne froid dans le dos. En tant que jeune syndicaliste, il avait été admis à mener des négociations clandestines avec le ministre de l'Économie lui-même. Il s'agissait de régler un conflit du travail dans une entreprise de droit privé (sauf erreur de ma part). Une fois l'accord conclu, un second jeu de négociations, totalement bidon, s'est déroulé pour la galerie au sein de l'entreprise. L'accord finalement signé a reproduit mot à mot celui conclu en secret à Bercy.

À part ça, nous ne vivons pas en régime communiste. Il n'y a pas d'État profond.

Joseph Touvenel illustre à merveille les ambiguïtés du catholicisme de gauche. L'homme est sympathique. Sur le papier, on signe des deux mains. Quand on commence à soulever le tapis, on se demande si c'est du lard ou du cochon.

N'oublions pas que la revue Esprit a, en son temps, explicitement soutenu le communisme soviétique.

Et au cas où je me serais mal fait comprendre : formidable et précieux entretien...

Giuseppe

@ Ninive | 07 mai 2023 à 11:55
"La formule la plus intelligente était de fusionner le Sénat et le CESE pour se débarrasser de l’un avec l’espoir d’en finir plus tard avec l’autre."

Tous ces machins inutiles, je pense si mes souvenirs sont bons que Mongénéral avait cette idée-là derrière la tête.

Avec les ronds-points et toutes ces agences et autres comités nous devons détenir les records du monde.

Le CESE est censé contribuer à l'élaboration des politiques publiques en émettant des avis et des rapports. Toutefois, son rôle et son utilité sont souvent remis en question.
Certains lui reprochent son coût élevé, son manque de représentativité, son influence limitée ou sa faible visibilité.

D'autres estiment qu'il est inutile de maintenir une troisième chambre qui n'a pas de pouvoir législatif ni de contrôle du gouvernement. Ainsi, le CESE apparaît comme une institution dépassée et inefficace, qui ne répond pas aux attentes des citoyens ni aux enjeux actuels.

J'attends E. Macron sur sa proposition de réduire le nombre d'élus de "30 %" dans les deux chambres, tant qu'il y est il pourrait faire le tri de ces institutions qui n'en finissent pas de s'empiler et qui coûtent deux bras.

Au point où on en est, toutes les économies sont bonnes à prendre, le CESE picore un peu dans tous les domaines et vient en doublon parfois de multiples structures en place.
Nous aimons beaucoup dans notre pays tous ces trucs qui occupent le terrain, on en voit partout le résultat.

Leur efficacité est inversement proportionnelle à leurs volumes généreux, conseils, agences etc. Tout cela ne fait que cacher la misère.
On voit où en est l'hôpital, c'est un exemple, quand on pense que l'ARS de l'Est compte près de 900 salariés et incapables un temps d'avoir des masques.

https://fr.euronews.com/2020/03/26/coronavirus-le-cri-de-colere-d-un-medecin-contamine-et-confine

Notre pays oublie vite, comme ailleurs je suppose, alors vogue la galère, bien qu'il existe tant à faire ailleurs.

F68.10

@ Ninive
"Le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) est contesté par tous mais indestructible comme toutes les structures inutiles de l’administration française."

Il n'est pas "contesté par tous". Il est contesté par certains.

Moi, je ne vois pas bien l'utilité de ce machin, mis à part permettre à l'État d'adouber des associations comme étant des associations d'État. Ce qui est absurde.

Mais non, le Conseil économique et social n'est pas "indestructible". Il suffit de faire une réforme de la Constitution à cette fin. Donc: bien choisir vos maires, qui choisissent vos sénateurs, qui, eux, ont le pouvoir de bloquer des réformes constitutionnelles.

Conclusion: il convient d'arrêter de faire une fixette sur Macron, et de se mettre à faire des fixettes sur les maires.

Lucile

J'ai beaucoup apprécié l'entretien, et de plus en plus au fur et à mesure de son déroulement. À vrai dire je me suis dit au départ que ça risquait d'être ennuyeux ; encore un syndicaliste... (En plus, chrétien patenté, il va faire de l'angélisme). Eh bien pas du tout. Son explication de la réforme des retraites a emporté mon adhésion par sa clarté lumineuse, sa justesse de vue, et le fait qu'elle tienne en quelques mots et quelques chiffres, alors que quand les politiciens ou certains journalistes en parlent, on se demande s'ils y comprennent quelque chose ou si c'est juste qu'ils ont l'esprit brouillon.

Cet homme m'a fait penser à un philosophe moderne s'intéressant aux questions morales et politiques, dont j'ai oublié le nom. Ce penseur décrit tout un corpus de valeurs et de croyances qu'il appelle "pré-politique", sur lesquelles la majorité des gens doit à peu près s'entendre pour constituer une société viable : préservation de la famille comme unité sociale de base, primauté de la loi, lutte contre la pauvreté, dialogue social, résolution des conflits par la concertation, effort d'éducation auprès de la jeunesse, salubrité, santé publique, protection du territoire national etc. À l'évidence Joseph Thouvenel me semble guidé par ce compas moral et social. Mais se rend-il compte que le compas ne semble plus guère en usage de nos jours auprès d'une partie non négligeable et bruyante, quoique minoritaire, de la société ?

Achille

Je ne connaissais pas Joseph Thouvenel dont le parcours est atypique.
Il prouve que sans faire de hautes études, alors qu’il en avait la possibilité vu le statut social de ses parents, il a su prendre l’ascenseur social pour devenir un responsable syndical comme on aimerait qu’il y en ait davantage.
Il a bâti sa démarche syndicale sur ses propres convictions et non à partir d’un dogmatisme politique qui n’a jamais réussi à convaincre. Certains syndicats, et notamment la CGT, allant même jusqu’à utiliser leur pouvoir de nuisance pour faire prévaloir leurs exigences.
Bravo à ce monsieur qui a tout mon respect !

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