Aimer lire, c'est aussi avoir le bonheur de collectionner les citations, c'est savoir goûter la pensée des autres.
J'en ai pris conscience tout particulièrement ces derniers jours où j'ai fini le livre si intelligent, profond mais brillamment accessible, d'Alain Finkielkraut (AF) "Pêcheur de perles". Où également j'ai pu prendre connaissance d'une citation, justement de AF, grâce à l'article d'Eric Naulleau démolissant le "Lilliputien" Geoffroy de Lagasnerie, qui ose dans son dernier livre s'en prendre au géant Kafka (JDD).
AF évoque dans son livre Jean Cau, qui avait dit que "l'âge adulte, c'était de l'enfance pourrie".
Et Eric Naulleau nous apprend qu'AF a écrit qu'"il y a deux antidotes à la disparition du particulier dans le général : la littérature et le droit".
Je n'ai jamais, avec rigueur et méthode, noté scrupuleusement ou compulsivement toutes les citations qui suscitaient mon intérêt. Je n'étais pas non plus de ces orateurs qui éprouvaient le besoin d'alourdir chacune de leurs phrases par une citation, comme Christiane Taubira le faisait systématiquement avec de la poésie.
Il faut tout de même accepter que l'oralité, si elle s'adresse à autrui, est cependant un exercice solitaire qui doit mettre à contribution le locuteur bien plus que ceux qui ont pu l'inspirer.
Reste qu'il n'y a pas de plus grand plaisir pour la réflexion, la dénonciation ou l'admiration que de se pencher sur une pensée, un propos qui surgissent dans votre espace et vous sollicitent. Comme s'il attendaient de vous une réplique, comme s'ils étaient voués à vous sortir de votre autarcie.
Je sais que Jean Cau sera approuvé par beaucoup, et d'abord par AF lui-même. Il n'empêche que pour ma part - et je me serais passé de cette contradiction - je suis presque tenté de soutenir que l'âge adulte a été pour moi la réparation, l'amélioration d'une enfance et d'une jeunesse heureuses malgré tout mais qui n'ont pas correspondu aux canons classiques. Je suis sur la ligne de Paul Nizan affirmant "J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie".
Mon enfance a été loin d'être "pourrie" même si l'absence de ma mère pendant trois mois, durant mes années de primaire puis de collège à Montargis, m'a donné un cafard que j'ai eu du mal parfois à surmonter. Elle arrivait quand elle le pouvait et chacun de ses départs était un déchirement tel que j'aurais parfois préféré qu'elle ne vînt pas.
L'âge adulte, même si j'ai adoré le "il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adulte" de Jacques Brel, m'est apparu comme le moment magique, la période où je n'étais plus seul, où je n'avais plus à attendre et donc à désespérer.
En revanche, comme AF voit profondément juste quand il souligne que la littérature et le droit sont en effet les deux seuls moyens pour éviter de faire tomber le particulier dans le général.
Parce que, dans un genre différent, l'invention de la première et la rigueur du second constituent une apothéose du singulier et de la nuance. Les deux représentent ce qui n'a de sens que dans les marges indisciplinées des règles, soit par la liberté s'abandonnant à la richesse d'une vie fictionnelle, soit par la volonté de ne pas apposer sur la complexité des situations et des êtres en contentieux le lourd marteau de principes abstraits et inadaptés.
Je mesure à quel point les pensées de Jean Cau et d'AF ont été stimulantes, comme toutes les citations qu'on a envie de noter ou de retenir, parce qu'elles ouvrent des perspectives. On ne peut pas se contenter de les approuver ou de les désapprouver, il faut les traduire pour soi, les actualiser, les adapter à ce qu'on est.
La pensée des autres comme un don qui nous est fait. Après c'est à nous de jouer, de penser !
@ sylvain | 24 janvier 2024 à 13:56
Comme, exceptionnellement, vous abandonnez le registre de l'insulte pour adopter un argumentaire rationnel (profondément erroné, mais rationnel), il va être possible de vous réfuter.
Votre commentaire est très intéressant, car il illustre parfaitement la façon dont, pour de nombreux Français, les mythes et l'idéologie ont remplacé l'attention aux faits. Les passions politiques relatives à l'agriculture sont particulièrement marquées par cette dérive. Vous dites :
"L'Europe de Macron veut la mort de notre agriculture, on est tous d'accord."
Premier mensonge. "Je pense que" se traduit par "on est tous d'accord". Vous n'allez pas convaincre grand'monde avec des procédés aussi ouvertement malhonnêtes.
"...mais on se souvient des premières PAC des années 50-60..."
Ben non. Vous ne vous en souvenez pas, car si c'était le cas, vous vous répandriez en remerciements éperdus envers "l'Europe" -- ça s'appelait le Marché commun, à l'époque. Du moins si, comme vous en arborez la posture, vous défendiez réellement les intérêts des agriculteurs français.
À l'époque, figurez-vous, la "politique agricole commune" était un véritable racket en faveur des "paysans" français. Ces derniers étaient massivement subventionnés par "l'Europe". L'agriculture française a longtemps été le premier bénéficiaire net des subventions de "Bruxelles" -- au détriment, bien entendu, des autres pays. Subventions agricoles qui, elles-mêmes, constituaient l'essentiel du budget du Marché commun.
Les Français ont donc pris l'habitude de considérer "l'Europe" comme un robinet à pognon. C'était un droit Jacky qui leur était dû. Dès que la situation s'est un peu normalisée -- c'est à dire dès que d'autres ont commencé à bénéficier, eux aussi, de subventions, alors les Français ont grimpé au cocotier en hurlant que "l'Europe" les volait.
Ils auraient été plus convaincants s'ils avaient commencé par dire merci pour les bienfaits passés. Passons.
Aujourd'hui, les subventions agricoles demeurent (la France est toujours un gros bénéficiaire). Curieusement, à chaque prurit de mécontentement "paysan", il y a une revendication qu'on n'entend jamais : supprimez-nous les subventions.
Puisque l'Union européenne est, paraît-il, l'ennemi de l'agriculture française, alors la moindre des choses serait de refuser son pognon ? Ce n'est pas ainsi que fonctionne la mentalité de mendiant nationale. On tend la main, et on veut aussi avoir le droit de cracher sur celui qui vous donne.
Ça, c'est pour commencer. Mais la suite de vos réflexions est beaucoup plus intéressante.
"Il fallait vider les campagnes des mains-d'œuvre jeunes pour fournir les industries, les usines, les entreprises petites et moyennes péri-urbaines ; promesses de logements HLM équipés de sanitaires, chauffage et eau courante, plus modernes que ces vieilles masures de campagne dépourvues pour la plupart de tout ce confort, salaires décents garantis, avantages sociaux [...]."
"A suivi ensuite la distribution à tous ces paysans des premiers engrais providentiels, Duquesne-Purina entre autres, chargés d'améliorer les récoltes avec moins de fatigue physique à la clé et de meilleurs rendements [...]."
"Tout le monde a mordu à l’hameçon, les jeunes ont vidé les campagnes, les vieux ont survécu avec leurs produits miracles, la longue et inéluctable descente aux enfers de l'agriculture s'est enclenchée sans espoir de retour aux bonnes vieilles méthodes naturelles d'une agriculture saine et humaine, bio avant l'heure."
Votre simple description factuelle est exacte. En effet, l'exode rural a permis le décollage industriel, qui a lui-même amené la prospérité, la productivité de l'économie croissant.
En revanche, l'insinuation sur les motifs est fausse. Et le but politique que vous revendiquez irait à l'encontre des intérêts que vous faites mine de défendre.
Il est faux de dire qu'il "fallait vider les campagnes". Vous sous-entendez qu'un manipulateur maléfique (le capitalisme ? le libéralisme ? l'Europe ?) a contraint les paysans à quitter la campagne. C'est faux.
Les paysans ont décidé de quitter la campagne. Ils l'ont voulu. C'était leur intérêt. En allant à la ville pour travailler dans l'industrie, ils augmentaient considérablement leurs revenus. Vous êtes contre ? Vous auriez préféré qu'ils restent dans la misère ? Pourquoi pas, mais ayez l'honnêteté de le dire, alors.
Lorsque les premiers titulaires de HLM ont intégré leurs pénates, ils se sont, en effet, extasiés devant un confort qu'ils n'avaient jamais connu. À l'époque, c'était luxueux. Il ne fallait pas ? Vous auriez préféré les voir mariner dans "ces masures dépourvues de confort" ? Voire les taudis de la ville ? Pourquoi pas, mais ayez le courage de dire en face, aux "paysans" d'aujourd'hui, que votre programme politique prévoit qu'on leur retire l'eau courante, l'égout et l'automobile.
Personne n'a "mordu à l'hameçon". Les gens ont fait des choix rationnels qui étaient dans leur intérêt, et qu'aucun d'eux ne récuserait aujourd'hui.
Les engrais n'ont pas été "distribués" aux agriculteurs. À vous écouter, on croirait que ce sont des enfants, ou que nous vivons en pays communiste où les agents économiques se voient offrir des trucs par l'État. Les paysans ont acheté des engrais. Ce fut une décision de leur part.
Cela leur a permis, en effet, d'obtenir de meilleurs rendements et de diminuer leur fatigue. Vous insinuez que c'est mal. Pouvez-vous expliquer pourquoi ? Leur avez-vous demandé leur avis ?
C'est toute cette sortie de l'arriération économique que vous qualifiez de "descente aux enfers". Arriération, car la France, en effet, a longtemps été en retard, dans ses méthodes agricoles comme dans son développement industriel.
Saint de Gaulle en était bien conscient. Il a beaucoup exhorté les paysans à se moderniser. Il ne fallait pas ? Je croyais que les Trente Glorieuses étaient le paradis terrestre. Vous voulez les défaire ?
Nous en arrivons à votre conclusion, dont rien n'indique qu'elle soit ironique : vous voulez le retour aux "bonnes vieilles méthodes naturelles d'une agriculture saine et humaine, bio avant l'heure".
Avant les engrais, donc. Avant le développement industriel. J'ai du mal à suivre l'esstrêm'drouâte, des fois. Je croyais que l'une des tares suprêmes que nous a infligées "Macron", c'était la "désindustrialisation" ? Vous voulez plus, ou moins d'industrie ? Décidez-vous. Ça ne peut pas être les deux.
Et puis vous trahissez les paysans, à la fin. Avez-vous, au moins, prêté attention à leurs revendications ? Ils se tuent à dire qu'ils ont des revenus de misère : et vous, vous avez le culot de leur reprocher de chercher à gagner plus ?
Ils passent leur temps à se plaindre qu'ils sont écrasés de normes : celles de l'Union européenne, et celles de Paris qui accroît les exigences de Bruxelles, ce que les anti-européens omettent de dire. Mais dans quel sens vont ces normes ?
Elles tentent de leur imposer moins d'engrais, plus de jachères, moins de rendement. Elles tendent justement à les contraindre à "de bonnes vieilles méthodes naturelles d'une agriculture saine et humaine, bio avant l'heure", comme vous dites.
Et c'est contre ça qu'ils se révoltent ! Car, pour eux, cela signifie l'inefficacité, et donc la misère. Vos "bonnes vieilles méthodes naturelles", si on les appliquait, elles conduiraient directement à la famine. C'était ça, l'état normal de l'agriculture archaïque française que vous voudriez rétablir.
Et ce n'était certainement pas "la meilleure du monde", au sens stupidement chauvin qui est le vôtre, cette éternelle fascination française pour la "bonne bouffe", cette dégoûtante façon de se laisser mener par le ventre.
La "bonne bouffe" farcie d'AOC, figurez-vous, elle est intensément artificielle, intensément technique, elle suppose des tracteurs et des trayeuses et des laboratoires et de la recherche génétique et Internet.
Ce n'est pas avec les chevaux et les charrues de 1950 que les agriculteurs bloquent les routes en ce moment. C'est avec des tracteurs qui coûtent un pognon de dingue, qui marchent à l'essence et qui sont dirigés par des satellites.
En somme, vous êtes un écolo bobo gauchiste hors-sol fantasmant sur une "paysannerie" qui n'a jamais existé. L'agriculture, c'est le viol de la nature, ça consiste à artificialiser La Planète.
Vous ne seriez pas là à pérorer sur Zemmour, si l'extraordinaire amélioration de la productivité que nous avons connue depuis deux siècles, dans l'agriculture comme dans l'industrie, ne vous avait donné du temps libre pour déverser ici vos récriminations.
Si l'exode rural n'était pas intervenu, vous seriez en train de vous casser le dos pour déterrer des carottes à la main, afin de simplement survivre. Vous n'auriez pas une minute pour nous faire part de vos éminentes réflexions anti-capitalistes.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 26 janvier 2024 à 00:27
@ Tipaza | 24 janvier 2024 à 09:40
"Les pensées verticales et horizontales ne sont pas du tout les mêmes, pas du tout !"
Si vous parlez de pensées coquines vous avez raison :)
Rédigé par : Claude Luçon | 24 janvier 2024 à 17:41
Je pense donc je suis (verbe être)
ou
Je pense donc je suis (verbe suivre)
Tel est le dilemme !
Au suivant (Jacques Brel)
Rédigé par : Axelle D | 24 janvier 2024 à 16:20
« La pensée des autres comme un don qui nous est fait. Après c'est à nous de jouer, de penser ! » (PB)
Les grands esprits se rencontrent, dit-on.
Qui dans sa vie, sur des sujets à dominante technique, scientifique, politique, historique, juridique ou autre, n'a pas eu lors d'une discussion portant sur une difficulté quelconque, l'occasion de constater que les participants parvenaient parfois à cerner simultanément la situation voire la solution, à partir de ressources intellectuelles communes non-dites ?
Au passage, le différentiel intellectuel, qui de nos jours tend à s'élargir pour des raisons principalement d'ordre culturel, entraîne de plus en plus souvent de graves difficultés de communication se traduisant parfois par des réactions violentes, du fait des incompréhensions ou des malentendus qui en découlent.
Mais ceci est une autre histoire...
Rédigé par : Exilé | 24 janvier 2024 à 14:11
Qu'en pensent nos penseurs et les autres qui pensent pas pareil ?
L'Europe de Macron veut la mort de notre agriculture, on est tous d'accord mais on se souvient des premières PAC des années 50 / 60 : il fallait vider les campagnes des mains-d‘oeuvre jeunes pour fournir les industries, les usines, les entreprises petites et moyennes péri-urbaines ; promesses de logements HLM équipés de sanitaires, chauffage et eau courante, plus modernes que ces vieilles masures de campagne dépourvues pour la plupart de tout ce confort, salaires décents garantis, avantages sociaux, passer sa vie à marcher dans la boue, ça suffit !
A suivi ensuite la distribution à tous ces paysans des premiers engrais providentiels, Duquesne - Purina entre autres, chargés d'améliorer les récoltes avec moins de fatigue physique à la clé et de meilleurs rendements, le tout vanté sur les radios TSF et les premières télés RTF caissons écran ovale en noir et blanc.
Tout le monde a mordu à l’hameçon, les jeunes ont vidé les campagnes, les vieux ont survécu avec leurs produits miracles, la longue et inéluctable descente aux enfers de l'agriculture s'est enclenchée sans espoir de retour aux bonnes vieilles méthodes naturelles d'une agriculture saine et humaine, bio avant l'heure.
Qu'il le veuille ou non, notre Macron se plie aux ordres de Bruxelles le tueur de notre agriculture, il oeuvre dans ce sens avec le zèle indéniable d'un premier de la classe malgré les bons sentiments et discours démagos envers les agriculteurs qui continueront à disparaître comme il est prévu dans le Plan européen de destruction de l'Europe ancienne : remplacement des peuples, des cultures, religions, histoire, coutumes et bien entendu de notre agriculture la meilleure au monde.
Pas besoin de Bardella ni de conseillers en com, ce ne sont que des pucerons face au rouleau compresseur de l'UE conduit par Macron, von der Layen, Michel. etc.
Ce mouvement a commencé comme celui des Gilets jaunes, blocages de ronds-points et de routes pacifiques, premiers décès dès le début, sympathie puis lassitude des citoyens bloqués, le pouvoir enverra ses casseurs déguisés en paysans afin de discréditer leur mouvement comme ils l’ont sans doute fait à l'Arc de Triomphe pour diaboliser les GJ ; les FDO auront enfin un alibi et tout aise pour démolir la révolte, les merdias girouettes aux ordres prendront fait et cause en faveur du pouvoir et de l'opinion publique lassée, les malheureux paysans n’auront plus qu’à retourner dans leurs fermes honteux et cocus affronter les huissiers, saisies, faillites, amendes salées les attendent, in fine la misère et les suicides vont se multiplier, les normes diaboliques européennes aussi.
La messe est dite, une bérézina humiliante attend le monde agricole, tous les penseurs pensent pareil.
Rédigé par : sylvain | 24 janvier 2024 à 13:56
Il est un fait que la citation d'Alain Finkielkraut est particulièrement fine -- et quelque peu obscure, ôtée de son contexte. Le fait que ce soit vous qui en fassiez l'éloge l'éclaire aussitôt.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 24 janvier 2024 à 12:32
"J'aime les paysans ; ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers"
Montesquieu
Citation ô combien actuelle découverte dans une lecture de Jean-François Parot : "Le Sang des farines". Sur fond des événements de 1775 qui pourraient ressembler à la bouillie actuelle...
Rédigé par : Louis | 24 janvier 2024 à 12:28
Corneille est plein d'auteurs antiques. La Fontaine ne craignait pas de dire sa reconnaissance à Maître François (Rabelais), à Maître Clément (Marot) et Maître Vincent (Voiture) et il a cent autres admirations. La Bruyère souhaite écrire « comme Bouhours ». Bouhours veut continuer Vaugelas.
Voltaire, dans son livre « Le Siècle de Louis XIV », dit tout ce qu'il doit à vingt écrivains du Grand Siècle. Rousseau, qui n'est jamais allé à l'école, devait lire à haute voix à son père les meilleurs écrivains antérieurs. Le jeune Victor Hugo voulait être « Chateaubriand ou rien ». Le jeune Montherlant plaçait Barrès « tout en avant et hors de comparaison ». La mère de Maupassant confia son jeune fils à son ami Flaubert qui le corrigea des années durant et conseilla l'écrivain novice. Le père du jeune Morand, pas très bon élève, confia son fils à un précepteur brillant nommé Giraudoux.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 24 janvier 2024 à 10:09
@ Claude Luçon | 24 janvier 2024 à 00:48
« On peut aussi penser couché ! Après avoir lu JaS sur son PC bien sûr :). »
Certes ! Cela m’arrive souvent. Mais comme le souligne le facétieux Tipaza, les pensées ne sont pas les mêmes ! :)
Rédigé par : Achille | 24 janvier 2024 à 10:07
@ Claude Luçon | 24 janvier 2024 à 00:48
"On peut aussi penser couché !"
Je crois que vous faites une mauvaise interprétation du titre du billet.
Les pensées verticales et horizontales ne sont pas du tout les mêmes, pas du tout !
Rédigé par : Tipaza | 24 janvier 2024 à 09:40
Il est tout à fait significatif que le mécanisme européen, né de l'échec total des nations, soit vu désormais comme ce qui les broie, un fruit mûr dont on attend qu'il tombe.
Et pour proposer quoi si ce n'est le refus de toute conciliation pour mieux répéter les désastres d'une domination, fantasme qui a déjà démontré qu'il n'a pour autre horizon que les destructions mutuelles dues aux désirs impériaux, caprices d'enfants rois devenus vieux sans accéder à l'âge adulte des maturités, ne sachant donc que répéter les erreurs qui les blessaient, plutôt que de savoir en eux-mêmes les corriger pour enfin dégager une peu de réalité.
Chaque souffrance devient alors l'occasion, non de se venger, mais de s'approcher un peu plus de la vérité, pas à pas sur le chemin sans chemin des humains, la si longue route obscure qui ne se supporte que par les espérances de la fraternité, cet éclair du visage de l'ennemi devenu cet autre si semblable, mais à qui on aurait pardonné le mal qu'on lui a fait à cause du mal qu'il nous a fait.
Rédigé par : Aliocha | 24 janvier 2024 à 08:05
@ Achille | 23 janvier 2024 à 16:39
On peut aussi penser couché !
Après avoir lu JaS sur son PC bien sûr :)
C'est idéal quand on est insomniaque.
Rédigé par : Claude Luçon | 24 janvier 2024 à 00:48
@ lucas | 23 janvier 2024 à 11:09
« Par exemple je suis effaré de la pauvreté de l'argumentation de Bardella : "L'Europe de Macron veut la mort de notre agriculture", ça c'est envoyé, le conseiller en com a été payé combien pour une telle bêtise ? »
Les faits parlent pourtant d'eux-mêmes.
Et si M. Macron n'est pas le seul responsable de ce désastre, qui touche d'autres pays d'Europe, il n'a rien fait pour dénoncer le mécanisme broyeur des nations qu'est le Machin bruxellois et la CEE.
Rédigé par : Exilé | 23 janvier 2024 à 19:59
Ahah, on voudrait faire croire que nous tirerions tout de notre propre fond ?
Vaste illusion, car nous ne sommes qu'imitation, et ne nous affirmons qu'en relation.
« Mais principalement parce que si notre amour n’est pas seulement d’une Gilberte, ce qui nous fit tant souffrir ce n’est pas parce qu’il est aussi l’amour d’une Albertine, mais parce qu’il est une portion de notre âme plus durable que les moi divers qui meurent successivement en nous et qui voudraient égoïstement le retenir, portion de notre âme qui doit, quelque mal, d’ailleurs utile, que cela nous fasse, se détacher des êtres pour que nous en comprenions, et pour en restituer la généralité et donner cet amour, la compréhension de cet amour, à tous, à l’esprit universel et non à telle puis à telle, en lesquelles tel puis tel de ceux que nous avons été successivement voudraient se fondre. »
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proust_-_Le_Temps_retrouv%C3%A9,_1927,_tome_2.djvu/47
L'autorité appartient à cette réalité, lentement dévoilée par le génie de ceux qui savent l'appréhender.
Rédigé par : Aliocha | 23 janvier 2024 à 18:45
Commentaire enrichissant de Monsieur Bilger. Cela console un peu des dernières actualités littéraires. Dans son dernier numéro (jeudi 18 janvier), le Figaro littéraire publie le classement des dix auteurs qui ont le plus vendu au cours de l'année écoulée. La nouvelle littérature se composerait de plusieurs types d'ouvrages (accrochez-vous):
- Feel good
- Romance
- Young adult
- Wattpad
- Chick lit.
Do you understand le français ?
Tesson, Finkie et les auteurs évoqués par Monsieur Bilger ? Il semble que ce ne soit pas ce que les Français lisent vraiment.
Rédigé par : Solon | 23 janvier 2024 à 18:33
@ Tipaza | 23 janvier 2024 à 11:34
« Je vous recommande son dernier livre qui vient de paraître, "Avec les fées". »
J’ai entendu beaucoup d’éloges sur ce livre et je compte bien l’acheter dans les jours à venir.
""On ne peut penser et écrire qu’assis" (G. Flaubert)
"Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur." (Nietzsche)"
Je me suis laissé dire que Balzac écrivait debout. Mais je ne saurais le confirmer. Il écrivait beaucoup la nuit.
Rédigé par : Achille | 23 janvier 2024 à 16:39
Pouvons-nous vivre sans nourrir notre propre pensée de celle des autres, sans nous montrer accueillant aux idées des autres ? La réponse est évidemment négative. Renoncer à cette ouverture d'esprit, c'est nous isoler derrière nos oeillères, c'est refuser la confrontation pourtant enrichissante qui éveille notre réflexion et qui éclaire notre jugement soit en le confortant, soit en nous amenant à l'amender, voire en l'infirmant.
Montaigne l'avait parfaitement compris qui affirmait : « Je festoie et caresse la vérité en quelque main que je la trouve, et m'y rend allègrement, et lui tends mes armes vaincues, de loin que je la vois approcher. »
Nous nous situons toujours entre ignorance absolue et savoir absolu, dans cet espace habité par conséquent par le doute où doit alors s'exercer notre effort pour lever ces doutes et faire progresser nos connaissances. Admettons, toujours avec Montaigne, que « la peste de l'homme, c'est l'opinion de savor » et ouvrons-nous par conséquent à la pensée d'autrui pour essayer de vaincre cette peste.
Rédigé par : Michel Deluré | 23 janvier 2024 à 15:40
Un remarquable professeur de lettres, au collège de Tarascon, incitait les élèves, lorsqu'ils citaient, à le faire entre guillemets et sans référence à l'auteur afin, disait-il de contraindre votre esprit à cultiver l'honnêteté et la modestie tout la fois.
L'imprégnation devrait permettre de se passer de la citation sauf si elle sert de base à un rebondissement de l'intérêt du texte en cours, mais non à un appui d'autorité par le prestige du cité.
Dans le cas de Taubira, je ne sais pas, ce n'est pas un personnage très intéressant, menteuse volontairement par omission sur des questions de civilisation, donc suspecte.
Marc Ghinsberg pose la première pierre des commentaires de façon indémaillable.
Rédigé par : genau | 23 janvier 2024 à 15:35
@ Marc Ghinsberg | 23 janvier 2024 à 00:2
"L'art de la citation est l'art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-mêmes."
Voltaire
Le rôle d'une citation est par exemple de permettre à Marc Ghinsberg de donner du poids à ce qu'il pense de façon juste en s'abritant derrière Voltaire.
Rédigé par : Exilé | 23 janvier 2024 à 15:30
@ Achille | 23 janvier 2024 à 07:49
Je vous recommande son dernier livre qui vient de paraître, "Avec les fées". La dernière partie en particulier est un feu d'artifice d'intelligence directe sans affectation.
Sinon dans la collection Bouquins, sous le titre "L'Énergie vagabonde", vous avez un recueil des premiers titres, tous méritent d'être lus.
Et tous les autres, j'ai tout lu, tout est excellent.
J'ai un peu moins aimé "La Panthère des neiges", peut-être parce que c'est un homme d'action et que dans son affût de la panthère il n'y avait pas d'action.
Et puisque le thème du billet porte sur la pensée, voici ce que Sylvain Tesson cite en avant-propos de "L'Énergie vagabonde":
"On ne peut penser et écrire qu’assis" (G. Flaubert)
"Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur." (Nietzsche)
Combien d'entre nous pratiquent la marche méditative ?
Et d'ailleurs la vraie marche est-elle méditative ?
Je la crois au contraire un remède à la méditation, et ST a raison, les idées viennent toutes seules sans qu'on les appelle.
Mais pour cela, il faut que ce soit la marche dans la nature, en forêt de préférence. C'est celle que je pratique la moitié de l'année dans mon refuge de montagne à vaches. J'ai beaucoup appris des vaches ;-)
Si vous aimez les bandes dessinées comme je les aime, trois de ses ouvrages ont été transposés en BD chez Casterman.
Rédigé par : Tipaza | 23 janvier 2024 à 11:34
Je crois bien que c'est le métier de magistrat qui fait tomber les œillères et "goûter la pensée des autres".
Être un magistrat attentif qui écoute des plaideurs avec leurs avis contradictoires est une discipline dont les effets se transposent dans la vie courante.
Il en résulte une ouverture d'esprit appréciable.
Même si je suis obligé de m'abstenir de la suivre quand elle va jusqu'à favoriser l'acceptabilité de l'extrême droite et de ses médias.
Par exemple je suis effaré de la pauvreté de l'argumentation de Bardella : "L'Europe de Macron veut la mort de notre agriculture", ça c'est envoyé, le conseiller en com a été payé combien pour une telle bêtise ?
Bardella se régale en débitant des sottises: punchline creuse et fausse. Franchement, qui veut intentionnellement la mort de l'agriculture ? En réalité, on attendait plus volontiers des critiques étayées et des propositions. Mais bon, il ne faut pas trop en demander.
Rédigé par : lucas | 23 janvier 2024 à 11:09
"La pensée des autres comme un don qui nous est fait." (PB)
Eh bien soyons généreux et offrons au Boss nos pensées en vrac ou en détail.
Au hasard du texte, cette citation :
"Alain Finkielkraut a écrit qu'"il y a deux antidotes à la disparition du particulier dans le général : la littérature et le droit"."
Pour le droit, on peut dire que les différents volumes des codes vont au particulier puisqu'ils prennent en compte des myriades de cas particuliers, chacun étant affecté d'un traitement particulier.
Mais voilà, ce droit qui particularise chaque comportement devient sacrément général lorsqu'il devient un État de droit et que devenant général il se rend particulièrement odieux à tous les amoureux de liberté individuelle.
Et écrivant "sacrément", ce n'est pas une vulgarité que je formule, c'est le fait que ce sacré État de droit est devenu un État de droit sacré à l'égal d'une religion sans dieu autre qu'elle-même.
Une religion de l'absurde qui se vénère elle-même à défaut de se hisser au-dessus d'elle.
Pour la littérature, ce cher AF, que j'apprécie dans ses tourments, est un peu généraliste dans sa formulation.
Il existe plusieurs formes de littérature.
S'il s'agit de la littérature romanesque, elle s'inscrit souvent dans le mythe des amours éternels et autres comportements humains qui n'ont pour spécificité que la transgression des dix commandements, à quelques variantes près.
Tristan et Yseult, Roméo et Juliette, se retrouvent dans tant de romans, que je sélectionne soigneusement mes auteurs, par exemple Jean Raspail et Sylvain Tesson, dont je découvre qu'ils sont deux mal-pensants, j'aime bien l'entre-soi dans ces conditions. Il m'arrive de relire quelques pages de Proust, mais là aucun entre-soi, garanti.
La poésie par contre s'extrait du général parce qu'elle exprime par essence même, l'âme unique du poète. Du vrai, pas du pétitionnaire anti-Tesson.
Je n'ai pas compris l'avant-dernier paragraphe, qui parle de la rigueur du droit, qui doit tenir compte de la complexité des situations et des êtres !
Le mot rigueur ne signifie pas la même chose pour un scientifique et un juriste.
Dès lors qu'on tient compte de façon subjective d'une situation ou d'une personnalité pour appliquer le droit, c'est que celui-ci n'est pas rigoureux et c'est tout le problème du droit.
Il est soumis aux états d'âme des juges dont on sait que l'objectivité est soumise à la harangue du juge Baudot, dont on mesure les dégâts quand il s'agit de sanctionner les racailles des banlieues.
Rédigé par : Tipaza | 23 janvier 2024 à 11:00
"L'art de la citation est l'art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-mêmes." (Voltaire)
Eh bien moi j’aimais bien mettre une citation au début ou à la fin d’une dissertation.
J’avais remarqué que cela me valait toujours une bonne note ! :)
Rédigé par : Achille | 23 janvier 2024 à 10:30
Une citation, donc :
"Tel petit chagrin, telle petite jouissance de l’enfant, démesurément grossis par une exquise sensibilité, deviennent plus tard dans l’homme adulte, même à son insu, le principe d’une œuvre d’art. Enfin, pour m’exprimer d’une manière plus concise, ne serait-il pas facile de prouver, par une comparaison philosophique entre les ouvrages d’un artiste mûr et l’état de son âme quand il était enfant, que le génie n’est que l’enfance nettement formulée, douée maintenant, pour s’exprimer, d’organes virils et puissants ? Cependant je n’ai pas la prétention de livrer cette idée à la physiologie pour quelque chose de mieux qu’une pure conjecture."
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Baudelaire_-_Petits_po%C3%A8mes_en_prose_1868.djvu/325
Rédigé par : Aliocha | 23 janvier 2024 à 08:18
« En revanche, comme Alain Finkielkraut voit profondément juste quand il souligne que la littérature et le droit sont en effet les deux seuls moyens pour éviter de faire tomber le particulier dans le général. » (PB)
N’ayant pas étudié le droit, matière qui ne m’a jamais vraiment passionné et dont je m’efforce seulement de connaître les principaux textes, je me limiterai à la littérature, bien que, là aussi, ce ne soit pas l’orientation que j’ai choisie dans mes études.
J’ai appris à connaître les principaux écrivains, poètes et philosophes sur les bancs de l’école, mais dans ce domaine je suis un simple autodidacte, lisant un peu tout: des grands philosophes, de brillants écrivains, jusqu’aux romans de gare, abordant tous les sujets, biographie de célébrités, essais philosophiques, économiques, politiques, et autres.
Je n’ai lu aucun livre d’Alain Finkielkraut, mais j’aime bien l’écouter lors de ses interviews. Qu’il soit un philosophe classé à droite par l’intelligentsia ne me gêne nullement car ses propos ne sombrent jamais dans la propagande et sont toujours d’une grande sagesse.
Ceci m’amène à parler de Sylvain Tesson, qui fait l’objet, d’une pétition par de soi-disant intellectuels de gauche , pour la plupart totalement inconnus.
La pétitionnite a décidément le vent en poupe en ce moment, voire la délation si j’en juge par ce post de Libé sur X qui rappelle les heures sombres de la collaboration.
J’ai lu deux livres de Sylvain Tesson, : "Un été avec Homère" et "Dans les forêts de Sibérie" et je ne compte pas m’arrêter là. J’y ai vu un style éblouissant et absolument pas du racolage pour les idées de droite.
Il serait temps que nos intellectuels auto-proclamés de gauche se ressaisissent un peu car là je crains qu’ils n’aient touché le fond !
Rédigé par : Achille | 23 janvier 2024 à 07:49
À mon avis, l'âge gris est celui de son malheur, l'âge doré celui de son bonheur, après, chacun peut enrôler des auteurs de l'un ou l'autre cas. Bon, il y a aussi des malchanceux qui n'ont vécu, ne vivent, et ne vivront, probablement, rien d'heureux : ils pourront donc dénigrer la vie en général, comme chacun dans ses moments les moins fortunés.
Bref, l'auteur comme le droit cisèle le plus souvent un cas, et non une vérité générale.
"Je n'étais pas non plus de ces orateurs qui éprouvaient le besoin d'alourdir chacune de leurs phrases par une citation, comme Christiane Taubira le faisait systématiquement avec de la poésie." (PB)
Charge trop lourde, Taubira est un bon orateur, ce qui n'est pas très fréquent, de nos jours.
Ses effusions poétiques me semblent aussi inévitables que le mot d'esprit assassin chez les polémistes, chacun suivant sa pente...
L'idéal serait d'être capable de tout et de le faire avec pertinence.
Et puis, il y a des gens qui aiment citer, à l'écrit ou à l'oral : l'important pour Taubira est de savoir coudre deux choses : la prose et la poésie, son style et celui d'un autre.
Elle s'en tire bien, surtout vu la difficulté de l'exercice.
Par contre, certains auteurs en citent d'autres qui les valent un million de fois, ce qui peut réveiller quand on s’endort sur livre pas très bon, et décider à le fermer une fois pour toutes.
Peut-être l'auteur croyait-il se sauver, ou peut-être sa pensée ne pouvait-elle pas suivre une autre voie - ou voix ? - sans parler d'une gratitude, qui comme tout sentiment, peut causer votre perte.
Ou bien tout ça ? C'est en tout cas un accidenté des citations.
"La pensée des autres comme un don qui nous est fait. Après c'est à nous de jouer, de penser !"
Oui, en en extrayant un morceau, soit de façon plus globale, ou bien avec un mélange des deux.
Cependant, la pensée de l'autre peut mener loin de l'autre et loin de soi, la pensée c'est Protée sur les routes.
Rédigé par : Lodi | 23 janvier 2024 à 07:03
"L'art de la citation est l'art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-mêmes."
Voltaire
Vertigineux jeu de miroir où l'on cite Voltaire pour dénoncer l'usage de la citation.
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 23 janvier 2024 à 00:22