Au cours des nombreux entretiens consacrés à mes livres, à mes choix intellectuels, j'ai souvent été questionné sur ma devise favorite. Longtemps j'ai répondu que c'était, au choix, "exister c'est insister" ou "l'opposition qui s'appelle la vie", d'Honoré de Balzac.
Depuis que j'ai quitté la vie judiciaire et après la création de mon Institut de la parole, je n'ai plus eu le moindre doute : "l'opposition qui s'appelle la vie" est seule en lice et chaque jour je remarque comme cette disposition d'antagonisme assumé est accordée avec ma personnalité. S'il m'est arrivé parfois de m'en féliciter, je l'ai perçue davantage comme un écartèlement, un malaise plus qu'une chance.
Avant de tenter d'égrener la liste de mes oppositions, j'ai conscience que selon mon implication - suis-je directement concerné ou non ? -, je risque d'apparaître dans le premier cas comme un protestataire compulsif. Dans le second, si j'appliquais un peu de lucidité à mon égard, tel un pessimiste voyant systématiquement le côté noir de l'existence ou la part sombre des idées et des sentiments, tombant ainsi dans une mécanique aussi stéréotypée que celle inverse d'optimisme béat.
Il est vrai - je dois l'avouer - que non seulement mon premier mouvement est d'aller vers le pire, le suspicieux, l'amer mais que le comportement contraire me perturbe comme si j'étais personnellement victime des illusions dont autrui va se repaître.
Tant d'oppositions qui en moi se bousculent et qui dans leur effervescence me donnent en effet la certitude que j'existe.
Assez de ces hommages nationaux de belle allure sombre qui cherchent à faire oublier l'impuissance de la politique en amont et sa trahison en aval.
Assez de ce journalisme mondain ou narcissique qui vous noie dans le badinage ou vous impose l'effacement.
Assez de ces humoristes sans esprit se prenant pour des exemples quand ils ne sont que des histrions se surestimant.
Assez de ces haines intellectuelles, de ces détestations politiques laissant croire que la France est en guerre civile quand elle est incapable d'exprimer ses divergences sur un mode civilisé.
Assez de ces manifestations culturelles et artistiques ayant abandonné le partage de l'universel au profit du délire de certaines subjectivités se qualifiant de créatrices.
Assez de ces visions géopolitiques choisissant une part de l'univers contre l'autre, les horreurs des uns contre les crimes des autres au lieu d'assigner à chacun sa juste place.
Assez de ces criminels médiatisés et de ces victimes oubliées.
Assez de ces forces régaliennes négligées, mal traitées qui ne reviennent dans une tragique lumière qu'attaquées, meurtries ou assassinées.
Assez de cette pauvreté de la pensée et de cette infirmité du langage, la seconde expliquant la première et la première aggravée par la seconde.
Assez de ce mépris du peuple qui, derrière les faux hommages qu'on feint de lui rendre, ruera un jour dans les brancards républicains sauf si on lui donne ou redonne la parole.
Assez de ces citoyens s'abstenant mais s'en prenant avec bonne conscience à une classe politique qu'ils ridiculisent ou agressent.
Assez de cette dérision constante sur les religions, les institutions, les traditions, les rites, les honneurs mérités, les courages et les héros. Sur ce qui a fait la France.
Assez de ce soutien pervers à ce qui la défait.
Assez de cet humanisme hémiplégique qui sélectionne, divise, choisit ses cibles et ses victimes.
Assez de ce racisme et de cet antisémitisme qui préfèrent l'abjection à l'union. Qui prennent l'autre pour un ennemi et non plus comme un frère.
Assez de ces malfaisants qui tuent comme ils respirent.
Assez de ce délitement de la politesse, qui a laissé la courtoisie être remplacée par la grossièreté.
Assez de ces prophètes de malheur qui préfèrent nous désespérer sur le futur plutôt que se battre dans le présent.
Assez de ce désastre qui a subverti les valeurs, bouleversé les hiérarchies, mis les élèves à la place des maîtres, remplacé l'autorité par la complaisance et fait prendre la faiblesse pour une forme moderne de l'audace.
Assez de ces assez. J'aimerais tellement faire partie des enthousiastes sans nuance.
Mais si je suis mal dans l'opposition qui s'appelle la vie, au fond comme je suis bien !
Que voilà un billet titillant.
Je vais répondre à une question avant tout autre développement.
Erémitisme, anachorétisme, cénobitisme ?
Je préfère les cénobites tranquilles. C'est plus reposant.
Je vais essayer de coller à votre billet.
Les hommages nationaux, d'accord avec vous. Moins de blabla, des actes. Des moyens à la justice, la police, pas besoin de 20 000 lois toutes plus inutiles les unes que les autres. Il y en a suffisamment d'existantes qui permettent de réprimer les crimes et délits. Il faut pouvoir se donner les moyens de les appliquer.
Sur la culture, évidemment, beaucoup d'ââârtistes qui n'en ont que le nom. Les moyens de communication permettent de s'exposer, musique, peinture, humour, écriture... là où il vaudrait mieux rester planqué dans sa cage d'escalier. Quoique, avec des moyens plus réduits, le monde ancien ne nous a pas donné que des chefs-d'oeuvre.
Les citoyens qui s'abstiennent, normal, on ne vote pas pour des cupides à la solde de leur personne.
Racisme, antisémitisme, ils vont de pair, le philojudaïsme affiché posturalement sert de cache-sexe aux apôtres des deux premiers. Nous avons des différences. Ne nions pas que chez certains elles servent de motif de combat, l'histoire, la religion... c'est idiot, je partage.
La courtoisie, que c'est agréable. Je ne doute pas un instant de la vôtre. Que de sourires glanés à l'être. Il y a sur Paname des irritations exacerbées chez beaucoup, mais aussi, chez certains qui ont l'air d'avoir compris, un petit regain de politesse et de sourire. Ça reste malgré tout très tendu dans l'ensemble. Les transports auront peut-être raison de mon goût du travail et me feront prendre une retraite que je n'avais pas envisagée malgré un dépassement de l'âge de péremption. D'un naturel assez flegmatique mais ayant encore un peu d'énergie et de tempérament, j'ai tous les jours envie de distribuer des droites, ce que m'a fermement déconseillé un ami commandant de police qui m'a expliqué que même si largement justifiées, elles ne me vaudraient que des ennuis judiciaires.
Bref, cher hôte, vous parlez d'or, mais je crains que la mesure, la courtoisie, l'humour pour rire, pas pour blesser, soient sinon totalement abandonnés, en passe de l'être.
Il nous faudra probablement devenir des barbares ou se retirer afin de contempler la nature et méditer. Les voies médianes semblent impraticables.
Rédigé par : Jérôme | 25 mai 2024 à 09:39
@ Tipaza
"...ce n'est pas le recours aux forêts, mais le recours au désert. L'idée est toujours la même, le repli sur le monde intérieur de l'individu, pour une projection vers un monde plus vaste, disons pour simplifier, le monde des Idées, mystiques ou pas."
Là, vous mélangez un peu tout : le retrait du monde au sens monacal ne relève pas du repli sur soi, mais bien au contraire de l'ouverture sur l'Esprit au sens propre de es-pri, ce qui est avant, d'où "spiritualité" ou encore mystique, et donc sur ce qui est hors l'espace-temps.
Prithou en est le dieu au sens de principe en Inde, et Ptha en Égypte ancienne.
Quant au monde des idées, ou émanation des dieux symboles de principes, c'est celui des énergies ou puissances d'inspiration de ces derniers, et symbolisées par des déesses ou anges.
Tout cela a été caricaturé en polythéisme par tous les pouvoirs qui y avaient intérêt, et évidemment par la Gueuse et les rationalistes dont le propre est de se croire les plus intelligents.
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@ Tipaza
@ Achille
@ Herman Kerhost
Eh oui, le photon... Il y a tellement longtemps que je m'étais intéressé à cela...
Par contre, que pensez-vous de la thèse selon laquelle le monde pourra être créé dans ce qui est le futur pour nous, mais hors l'espace-temps lorsque la vitesse de l'expansion de l'univers atteindra la vitesse de la lumière ?
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 24 mai 2024 à 13:38
@ Xavier NEBOUT | 24 mai 2024 à 06:28
"Si on coupe un photon en deux, les deux parties sont corrélées en dehors du temps et de l'espace. On ne peut donc par définition, comprendre."
Un photon, ayant les propriétés d'une particule élémentaire, ne peut être divisé.
Rédigé par : Herman Kerhost | 24 mai 2024 à 11:12
@ Xavier NEBOUT | 24 mai 2024 à 06:28
@ Tipaza | 24 mai 2024 à 09:31
On peut dire qu’avec la théorie des quanta on se rapproche des phénomènes surnaturels qui échappent au raisonnement humain, ce dernier reposant surtout sur la logique de l'observation. Mais pas complètement quand même.
Rédigé par : Achille | 24 mai 2024 à 10:38
@ Xavier NEBOUT | 24 mai 2024 à 06:28
"Erémitisme, anachorétisme, cénobitisme ? Les grands débats dont a été issu le monachisme chrétien, ont eu lieu en Égypte dans les premiers siècles."
C'est vrai et dans ce cas ce n'est pas le recours aux forêts, mais le recours au désert.
L'idée est toujours la même, le repli sur le monde intérieur de l'individu, pour une projection vers un monde plus vaste, disons pour simplifier, le monde des Idées, mystiques ou pas.
J'y avais pensé mais je n'ai pas voulu aborder ce sujet qui est "un peu" hors sujet par rapport au billet.
Par contre j'ai oublié de dire, et je rectifie, que le recours aux forêts n'a rien à voir avec le "courage fuyons".
Ça me parait évident, mais parfois il faut expliciter les évidences.
"Si on coupe un photon en deux, les deux parties sont corrélées en dehors du temps et de l'espace."
Il ne s'agit pas d'un photon coupé en deux, ce qui est impossible, mais d'une paire de photons.
Ce que vous décrivez c'est l' "intrication quantique", une énigme de la physique quantique par laquelle deux particules corrélées à la création le restent au-delà du temps et de l'espace.
Je vous suggère cet article de Wikipédia, facile à lire hors formulation mathématique. L'important étant la conclusion, à savoir que la physique quantique respecte le principe de causalité.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Intrication_quantique
Mais au fond le poète avait anticipé cette énigme moderne en écrivant :
"Toutes choses
Proches ou lointaines,
Secrètement
Sont reliées les unes aux autres,
Et vous ne pouvez toucher une fleur
Sans déranger une étoile."
(Francis Thompson)
Rédigé par : Tipaza | 24 mai 2024 à 09:31
@ Patrice Charoulet 23/05/24 14:45
N'affirmez point péremptoirement qu'aucun autre homme politique aurait fait mieux qu'EM puisqu'aucun autre homme politique n'ayant justement été à sa place depuis 2017 et dans les circonstance qui furent les siennes, vous ne pouvez donc étayer votre jugement sur de quelconques preuves. En revanche, il est parfaitement possible de juger les résultats de l'action d'EM.
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@ Exilé 23/05/24 20:12
« Mais que peuvent-ils (les citoyens) faire d'autre... »
Ils peuvent beaucoup, en votant par exemple plutôt qu'en s'abstenant, en exprimant au travers de ce vote leur jugement et leurs attentes, en se battant pour montrer ainsi qu'ils ne se désintéressent pas de la politique dont dépend leur quotidien.
Le Français serait-il un citoyen d'exception qui ne serait finalement gouverné que par des hommes politiques contrairement à lui imparfaits ? N'avons-nous pas en fait les hommes politiques que nous méritons ?
Rédigé par : Michel Deluré | 24 mai 2024 à 09:14
@ Tipaza
Erémitisme, anachorétisme, cénobitisme ? Les grands débats dont a été issu le monachisme chrétien, ont eu lieu en Égypte dans les premiers siècles.
Bien plus loin dans le temps, nous avons dans l'Inde éternelle, "TAT TVAM ASI" le maître mot de l'hindouisme - tu es cela.
Les penseurs du XXe siècle qui se sont cru malins à se situer au-dessus de la spiritualité, ne sont que des infirmes de la pensée.
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@ Achille
@ Tipaza
Si on coupe un photon en deux, les deux parties sont corrélées en dehors du temps et de l'espace. On ne peut donc par définition, comprendre.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 24 mai 2024 à 06:28
@ Patrice Charoulet | 23 mai 2024 à 14:45
Assez des militants macronistes qui portent atteinte au pluralisme des opinions et donc à la démocratie.
Pas de doute, la liste Hayer est à rayer.
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@ Achille | 23 mai 2024 à 22:42
Le taux d’audience n’annonce pas nécessairement le taux de confiance, ni celui d’adhésion, encore moins celui qui émerge des urnes. Démonstration de cela dès le 9 juin à 20h. Plus j’écoute le Prince, plus sa liste disparaît de mes intentions de vote...
Rédigé par : Serge HIREL | 24 mai 2024 à 02:01
@ Tipaza
« "Si vous m'avez compris, c'est que je n'ai pas été clair".
C'est ce qu'a dit un jour Niels Bohr, l'un des pères de la physique quantique, à la fin d'une conférence. ;-) »
Tout le problème est là. On n’est jamais sûr d’avoir compris. Surtout quand il s’agit de physique quantique, mais c’est encore plus vrai avec la politique où les promesses n'engagent que ceux qui les croient (cf. Jacques Chirac ou Charles Pasqua, je ne sais plus).
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@ Serge HIREL | 23 mai 2024 à 18:32
« Excellent Devos ! Mais son texte est authentiquement macronien... Ce n’est pas parce qu’il n’a rien à dire que le Prince se privera de discourir... »
Certes mais si l'on se fie au taux d’audience à chacune de ses interventions, il faut croire que, même quand il n’a rien à dire, les Français aiment écouter Emmanuel Macron.
Rédigé par : Achille | 23 mai 2024 à 22:42
Ma devise favorite, "l'opposition qui s'appelle la vie" (PB)
De quelle vie s'agit-il ?
La vie sociale avec les multiples interactions avec les autres, et en particulier ceux qui ont le pouvoir d'influer et d'agir sur la vie extravertie qui est une vie relationnelle ?
Celle-là de vie est-elle la vraie vie ?
On peut se poser la question d'autant plus qu'elle implique l'existence de l'autre, et que la réactivité, l'opposition, ne sauraient être une fin en soi, au risque de n'être qu'un miroir déformant de l'autre.
Dans cette opposition, la vie devient un dialogue stérile, chacun ayant besoin de l'autre pour exister.
À cette vie sociale, faite d'opposition devant tout ce qui va de travers, et qui ne saurait être corrigée parce que c'est le résultat de la nature humaine, on peut faire le choix d'une autre vie.
C'est la vie prônée par d'innombrables philosophes, et cette vie, c'est le recours aux forêts, recours symbolique par lequel le philosophe, le sage, l'esthète se désengage de l'implication sociale pour parfaire sa vie intérieure, accomplir la destinée de ses potentialités et suivre la formule de Nietzsche : "Deviens ce que tu es".
Formule qui fait l'impasse sur une quelconque vulgaire relation avec l'autre qui pourrait perturber ce devenir.
C'est le choix des plus grands depuis toujours, Démocrite par exemple, Ernst Jünger qui a écrit "Traité du rebelle" en choisissant comme sous-titre, précisément, "le recours aux forêts", refuge de l'homme libre ou du proscrit, qui sont souvent les mêmes.
Ernst Jünger est emblématique de ce comportement, lui qui a été capable de traverser le XXe siècle, portant une vision lucide des événements sans jamais s'être impliqué dans l'action tout en gardant la liberté de ses profondeurs.
La doxa de gauche le veut nazi, alors qu'il n'a fait, comme allemand, que son devoir comme officier.
On ne peut pas dire qu'il fut un esthète désengagé. Simplement comprenant l'inutilité de l'action à son niveau pourtant élevé, il a choisi son recours aux forêts.
Son livre, "Sur les falaises de marbre" qui est un des chefs-d'oeuvre de la littérature, tous siècles confondus, est un pamphlet esthétiquement superbe contre la violence barbare qui se produit lors de la décomposition des civilisations.
Ce qui prouve qu'une certaine action est possible, même dans le recours des forêts.
Alors faut-il choisir entre ces deux visions de la vie ?
Ce n'est pas si simple, chacun fait son choix en fonction de sa personnalité, de sa position sociale et de ce qu'il veut être, après tout le "Deviens ce que tu es" nietzschéen, laisse ouvert le devenir de chacun
Tout est possible, la seule condition est de faire ce que l'on fait en toute conscience.
Là est le secret de la réussite intérieure... et parfois extérieure.
P.-S. à l'attention d'Achille :
"Si vous m'avez compris, c'est que je n'ai pas été clair".
C'est ce qu'a dit un jour Niels Bohr, l'un des pères de la physique quantique, à la fin d'une conférence. ;-)
Rédigé par : Tipaza | 23 mai 2024 à 20:13
« Assez de ces citoyens s'abstenant mais s'en prenant avec bonne conscience à une classe politique qu'ils ridiculisent ou agressent. » (PB)
Mais que peuvent-ils donc faire d'autre face à des gens qui, trop souvent, se moquent d'eux quand ils ne se rendent pas coupables de haute trahison de la France et des Français et que leurs forfaits échappent à toute sanction populaire, dans un système pseudo-démocratique verrouillé de l'intérieur et contrôlé par des copains et des coquins qui s'échangent la rhubarbe et le séné ??
Rédigé par : Exilé | 23 mai 2024 à 20:12
@ Achille | 23 mai 2024 à 07:52
« Comme le faisait remarquer Raymond Devos »
Excellent Devos ! Mais son texte est authentiquement macronien... Ce n’est pas parce qu’il n’a rien à dire que le Prince se privera de discourir...
Rédigé par : Serge HIREL | 23 mai 2024 à 18:32
Ne pas s’opposer, se taire, se contenter du présent, ignorer le progrès, c’est subir, se soumettre, se coucher, ce n’est pas vivre. Nos ancêtres étaient sujets, obéissaient. Mais certains, déjà, contestaient, osaient protester, développer le sens critique, s’opposer au Roi, au Seigneur, à l’Église, à l’ordre établi. Nous qui, grâce à eux, sommes citoyens, libres de notre parole, ce serait leur faire un affront impardonnable que de ne pas leur emboîter le pas, de rester coi bien qu’en désaccord, de proclamer, contre toute évidence que « tout est beau, tout est gentil ».
Et il n’y a que celui qui rêve de détenir l’antique pouvoir des Princes pour, un rien méprisant, nous qualifier de « Gaulois réfractaires ». Oui, nous sommes réfractaires, râleurs, jamais contents... Mais c’est la vie ! Il n’y a que lui pour ne donner qu’un mois aux Calédoniens pour mettre fin à leurs querelles vieilles d’un siècle et demi et les obliger à un improbable consensus, sous menace, au-delà, de n’en faire qu’à sa tête.
Bien sûr, la violence n’a pas sa place parmi les moyens de se contredire et personne ne doit mourir pour ses idées. Mais, pour le reste, hormis l’injure, tout doit être permis... et employé.
Philippe en a « assez » de ceci, « assez » de cela... et encore « assez » de dix ou vingt autres sujets, source de ses mécontentements qu’il exprime toujours, cette fois encore, avec la retenue lui semblant nécessaire. Il en a même « assez » des « assez »... Je suis comme lui ! J’en ai aussi assez de... parfois des mêmes comportements que lui, mais également d’autres sur lesquels, lui, n’éprouve pas le besoin d’abattre son courroux.
Par exemple, j’en ai assez des plumes et des langues macronistes qui annoncent le beau temps quand Jupiter a provoqué l’orage et l’apocalypse quand les Français retrouvent la force de combattre sa foudre. J’en ai aussi assez de ces vociférations contre « les » journalistes et même contre « les » politiques » quand ce ne sont que quelques-uns de ceux-ci et de ceux-là qui méritent l’opprobre. J’en ai aussi assez des « assez » qui dissimulent un combat d’ordre personnel ou la phobie maladive de telle ou telle idéologie.
À bien y regarder, nous avons tous notre charge d’« assez »... différents de ceux des autres. Ce qui, paradoxalement, fait que les Français, réputés ne jamais s’entendre, démentent cette idée reçue. Ils sont d’accord sur un point : hormis les leurs, il y a trop d’« assez » ! Faut-il en supprimer d’autorité, interdire une colère, tolérer l’autre, applaudir la troisième, au risque de moins s’opposer, de moins maugréer, de moins tempêter, et, ainsi, d’y perdre la vie... pire encore, notre spécificité ?
Bon, exceptionnellement en raison du sujet, mon propos est assez court... J’espère donc que, cette fois, il ne me vaudra pas le reproche habituel de quelques-uns : « Faites court ! Vos trop longs commentaires, j’en ai assez ! »...
Rédigé par : Serge HIREL | 23 mai 2024 à 18:16
Perso chui pour la paix et le bonheur, l’accès à l’eau potable et toutes les choses qui font que la vie est agréable, pour les dix milliards d’habitants du monde, les petits les grands les jaunes rouges noirs blancs les femmes les hommes les animaux et les végétaux les optimistes et les pessimistes les athées les àcafé les àricard les autres aussi les obèses les ceux qui baisent pas les voilés et les à vapeur et surtout que l’horloge parlante nous donne l’heure encore longtemps longtemps longtemps après que les pouët pouëts ont disparu... poil au...
Rédigé par : sylvain | 23 mai 2024 à 17:43
Ce sont justement ces oppositions qui constituent pour vous, Philippe, mais aussi pour nous tous, le sel de notre vie, qui nous donnent le goût de vivre.
C'est la cohabitation en nous de ces oppositions qui nous rend la vie passionnante, nous la fait finalement juger bonne. Que serait notre vie sans le piment de ces oppositions ? Aimerions-nous la vie si nous n'avions pas à affronter les difficultés inhérentes à ces oppositions, à ces contradictions ?
Rédigé par : Michel Deluré | 23 mai 2024 à 16:42
"Tant d'oppositions qui en moi se bousculent et qui dans leur effervescence me donnent en effet la certitude que j'existe." (PB)
Alors notre hermine n'est pas candidate à la paix intérieure promue par le yoga, le zen et je ne sais quoi encore.
Je pense que la colère est plus précieuse pour notre hôte, qui se sent exister dans le confit intérieur, et je m'avance peut-être, avec le monde. Enfin, la colère n'est pas diabolisée par tout le monde, heureusement :
"La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l'âme, si elle n'échauffe le cœur ; elle doit donc nous servir, non comme chef, mais comme soldat."
Aristote
Moi, j'avoue que je préférerais que mes capacités soient augmentées, tant pis si seules certaines le sont et que cela déséquilibre. Mais je n'aurais rien non plus contre plus d'équilibre.
Ou contre un monde paradisiaque, sans plus de mort, de souffrance, où l'intelligence minimum soit de niveau Turing, et la plus grande même pas appréhendable par nos cerveaux mort-nés.
Que dans le monde qui est le nôtre, savoir fait de tombe et de bombes, il y ait plus ou moins de malheur ne me semble pas prioritaire. Disons que c'est comme traiter d'un symptôme, et non de la maladie elle-même, je ne dis pas que ce soit inutile, mais pas exactement capital.
"Assez de ces assez. J'aimerais tellement faire partie des enthousiastes sans nuance."
Le monde n'est enthousiasmant que comme une photo : pour cela il faut sélectionner le bon angle comme la bonne lumière, et peut-être le sujet ? Ce dernier point est trop complexe et entraînerait trop loin.
C'est par l'art qu'on peut voir le beau.
Et d'autres choses, mais il me semble que là, on parle du beau.
Bon, la politique, on en parle tout le temps ailleurs.
Au niveau individuel.
C'est par l'admiration, l'amour ou l'amitié qu'on peut être comme illuminé par quelqu'un. Si finalement il rend le mal pour le bien, poubelle, chacun, sauf à vouloir s'intoxiquer, doit recracher le poison.
"Assez de cette dérision constante sur les religions, les institutions, les traditions, les rites, les honneurs mérités, les courages et les héros. Sur ce qui a fait la France." (PB)
Cette phrase me paraît mélanger un peu tout, comme la lumière de l'aube bénissant également toute réalité, ce qui est bien beau pour la poésie et avoir un minimum d'indulgence, mais enfin, il ne faut pas tomber dans le piège de son lyrisme et de ses fidélités.
Les religions s'attirent une dérision bien méritée, tout au plus peut-on dire qu'il y aurait plus de courage de s'en prendre à l'Islam qu'au christianisme voire au judaïsme, cette forme de monothéisme parasitée par les deux autres. Les religions monothéistes ont craché tant et plus sur l'irréligion et sur le paganisme, mais après un triomphe bien immérité, l'expérience monothéiste montre qu'elle a rendu le monde plus divisé que jamais.
Il est bien temps, ailleurs, que notre hôte critique les gens qui divisent, de nos jours !
Le monothéisme n'a jamais cessé de diviser le monde, dégage, dit aux païens, dans ton ghetto, aux Juifs. Et les présumées sorcières au bûcher, en plus des guerres de religions, font partie de l'histoire de notre pays et de ceux du même genre.
Bien, tout ce qui fait partie de nous n'est pas bon, ou si on veut être plus gentil, tout doit être rédimé, non par la lumière éphémère ou prophétique de la poésie, mais véritablement, en émergeant de ses abîmes plutôt qu'en prétendant les dissimuler comme la poussière sous le tapis.
Sinon, les allergiques à la poussière ou à la tartuferie, pour les uns toussent, pour les autres, se mettent en colère.
"Assez de ces haines intellectuelles, de ces détestations politiques laissant croire que la France est en guerre civile quand elle est incapable d'exprimer ses divergences sur un mode civilisé."
On peut être irascible mais pas haineux.
Si on s'en prend aux idées, et non aux personnes, aux abus, et non à la légitimité de tout ce qui n'est pas criminel d'exister.
Si on préfère le salut du monde au plaisir d'avoir raison en le voyant s'effondrer.
Si on préfère l'émulation pour la recherche du mieux au guet des trébuchements de l'autre afin de mieux le faire tomber.
Si on ne déteste pas les boiteux par peur de la chute par crainte de glisser, si on ne ferme pas les yeux à la beauté du crépuscule par refus de la fin. En un mot, si on ne prend pas quelque symbole humain ou pas pour faire payer à de fragments du réel de nous rentrer dans la gorge.
Bref, si on ne perd pas son chemin.
Rédigé par : Lodi | 23 mai 2024 à 15:37
"Assez de ce délitement de la politesse, qui a laissé la courtoisie être remplacée par la grossièreté." (Philippe Bilger)
La presse : "En conseil municipal, Anne Hidalgo, qui avait activement participé en 2017 à l’obtention des Jeux olympiques de 2024, a fait savoir son « ras-le-bol à tous ces peine-à-jouir qui n’ont pas du tout envie qu’on puisse célébrer quelque chose ensemble »."
Donc je suppose que désormais, si l'on a quelque critique politique à adresser à Annie Dalgo, il est permis de la traiter de "mal b..." (*).
À moins qu'elle ne soit, ce qui est plus probable, une adepte de la Axelle-D School of Rhetoric, ce qui la conduirait, en pareil cas, à se déclarer mortellement offensée en sa féminitude, et honteusement persécutée par la masculinité toxique du Blanc résiduel en notre belle République laïque et sociale.
(*) Qualificatif qui serait, si vous regardez bien, un poil plus courtois que celui qu'elle a elle-même employé.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 23 mai 2024 à 14:59
Assez de gauchisme (NPA ou LO), qui veut encore enchérir sur le PCF.
Assez de PCF, qui ose encore se réclamer du communisme après un siècle d'horreurs communistes.
Assez de mélenchonisme dingo, premier parti antisémite de France.
Assez de PS, infichu de trouver une seul dirigeant socialiste pour diriger sa liste et forcé de trouver son homme dans un microparti lilliputien, inconnu de tous les électeurs.
Assez d'écolos, tous plus fanatiques et sectaires les uns que les autres.
Assez de LR, qui se réduit comme peau de chagrin, et qui tend vers zéro.
Assez de cette myriade de doux dingues qui sont fiers de voir leur nom en haut de l'affiche et qui ne dépasseront pas un pour cent des votants.
Assez de Dieudonné, qui réunissait les publics les plus antisémites de France sous prétexte de rigolade, et qui, chassé par la porte est revenu par la fenêtre, en figurant sur une liste de (mauvais) chanteur.
Assez d'extrême droite (RHaine ou zemmouriste) ripolinée, menteuse, attrape-tout, vantée du matin au soir sur CNews (bollorisée) et dans le nouveau JDD, qu'il est déconseillé d'acheter.
Assez de tous ces politiciens du centre ou du centre droit qui trouvent « arrogant » (!) le président Macron, alors qu'il est supérieur à tous égards à tous ses concurrents. Qu'on me cite un seul du bloc central qui aurait mieux fait que lui. Ne cherchez pas : vous ne trouverez pas.
Conclusion : il faut voter aux européennes (scrutin de liste à un seul tour) pour la liste macroniste.
Il n'y a pas photo.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 23 mai 2024 à 14:45
Au fond du fond, cher hôte, vous êtes juste, réapprenant sans cesse ce grand don de la liberté qui conduit à la vraie vie du bien qui est la paix.
C'est vous et ce n'est plus vous, la France réconciliée à l'ennemi, autant dire à elle-même.
Rédigé par : Aliocha | 23 mai 2024 à 07:58
Ben si on retire tous les sujets polémiques que vous avez listés, de quoi va-t-on parler ? Je crains même que certains contributeurs de ce blog n’aient plus rien à dire.
Le problème c’est qu'on a tendance à ne parler que de ce qui va mal, notamment sur les plateaux télé et sur les blogs.
Ainsi que vous le dites vous-même : "Assez de ces assez".
Comme le faisait remarquer Raymond Devos , même si on n’a rien à dire, il faut le faire savoir.
Rédigé par : Achille | 23 mai 2024 à 07:52
Et moi, j'en ai assez des faux-culs de tous ordres.
Je vois la fin d'un documentaire sur une affaire Dutroux à l'issue de laquelle on ne sait toujours pas qui a menti ou n'a pas menti ; et combien y a-t-il d'affaires de ce genre ?
Or, il suffirait de solliciter le premier monastère venu pour réquisitionner le moine qui voit le mieux les auras, et ils les voient presque tous, pour le savoir.
Alors moi, cette clique de journalistes hypocrites et cette magistrature de faux-culs en robe de prêtre, j'ai envie de leur filer des baffes, d'autant que si elle faisait bien son boulot, nous aurions une classe politique qui sentirait davantage la rose, et même un roi à sa tête.
Ah mais la spiritualité, c'est que c'est l'ennemi public de la démocratie ! Pas un mot !
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 23 mai 2024 à 06:16
Invitant à la réflexion. La Vie nous a-t-elle promis quelque chose ? non. Alors pourquoi le pessimisme ou même l'optimisme puisque nous n'avons aucune mesure du but ? On se juge durement ou paresseusement, mais par rapport à quoi ? Le bonheur ? Personne n'a pu en donner une définition. Seule votre énergie réactionnaire, au sens propre, Philippe, vous honore.
Rédigé par : Patrick EMIN | 23 mai 2024 à 02:44
Cher Philippe,
J'imagine (vu l'heure, je serai peut-être le premier à vous le dire, mais certainement pas le seul) que votre devise "l'opposition qui s'appelle la vie" se réfère au postulat de Bichat : "La vie, c'est l'ensemble des forces qui s'opposent à la mort".
Je vous propose cette courte balade, avec variantes questionnaires :
Si exister, c'est insister, vivre, ne serait-ce pas accepter ? Mais accepter une opposition ?
Vivre, ce serait consentir, comme le Christ qui, selon saint Paul, n'est que "oui et amen".
Mais accepter, c'est se dissiper dans l'écartèlement crucifiant d'être le jouet de ces forces qui s'opposent sans jamais nous poser, ni dans le sentiment océanique où tout se dissout dans le divin en toute quiétude et sans combat, ni dans le sentiment ontologique où la joie de se sentir être la baille belle à la joie de faire quelque chose.
Vivre est une dissipation sans dissolution où jamais rien ne se résout. Car la vie est un problème sans solution. Et pourtant il ne faut pas aimer les problèmes, il faut aimer les résoudre.
L'amour du problème pour le problème est problématique. Vivre est un problème.
Si vivre, c'est accepter ou consentir à une opposition qui nous écartèle, vivre oui, mais à quel prix ?
Peut-on aimer une vie qui est d'abord un manque, souscrire à un tel consentement, où le combat spirituel n'est pas optionnel. On ne peut pas déclarer forfait au combat spirituel.
Mais exister pour quoi faire ? Pour briller et devenir quelqu'un aux yeux des autres ou pour jouir de son développement interne et du sentiment de l'existence ? Pour devenir vaniteux ou narcissique ?
Le "prodige d'exister" balaye l'angoisse existentielle.
Pour moi, exister, c'est mouliner, c'est turbiner, et c'est aussi me sentir faire corps avec d'autres qui cherchent, dans un corps de recherche, une intelligence collective, qui tâche de résoudre l'énigme à mesure que l'horizon s'écarte et qui suit l'horizon sans jamais pouvoir le rattraper.
Vivre, c'est rester et s'empêcher, car il ne faudrait pas mener une vie transgressive ou dissolue. Exister, c'est faire bouger ses lignes mentales.
Ce n'est pas partir, c'est se mettre en route, pas en marche. C'est marcher, avec le sentiment de ne pas être encore arrivé où l'on se fixe, où l'on est réduit à l'effigie, où l'on n'est plus que la statue de Condillac, machine expérimentale donnant l'idée de comment s'éveillent les sens en commençant par le "tact" et non par la vue.
Exister est sensuel, être et vivre sont spirituels.
Je rêve d'une spiritualité qui soit sensuelle, car "l'enthousiasme est un écrin qui contient Dieu".
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 23 mai 2024 à 02:26
Monsieur Bilger a choisi de continuer à travailler après avoir fait valoir ses droits à une retraite bien méritée de magistrat, il est désormais magistrat honoraire.
L’opposition qui s’appelle la vie nous emmène vers le domaine des choix dichotomiques mais il convient de ne pas se tromper de cible.
Dans ce monde, il y a deux sortes d’existence, le périssable et l’impérissable.
Le périssable est le visible.
L’impérissable est la substance invisible du visible.
L’opposition oui, à la condition de résolument choisir de se tourner vers le succès et d’envisager toutes les facettes d’une situation, ce qui est visible et l’invisible, l’éphémère et le durable, le périssable et l’impérissable.
L’opposition oui, à la condition de savoir se taire pour éviter de dire des mauvaises choses, de maîtriser parfaitement l’art de ne pas écouter les bruits parasites et par-dessus tout, il faut se protéger des visions maléfiques en regardant ailleurs.
Pour moi, la retraite est une phase de l’existence sur laquelle on peut compter pour se dire que tout va bien, la vie est merveilleuse et le coucher de soleil incomparable.
Cela n’empêche pas de prendre ses responsabilités et d’aller voter en son âme et conscience. Le corps suit.
Rédigé par : Vamonos | 23 mai 2024 à 01:23