Ce sujet me passionne et j'admets l'avoir déjà traité sur ce blog. Mais l'actualité est riche et des intelligences stimulantes existent qui permettent sans cesse de reconsidérer ce qu'on pense pour le contredire, le compléter ou l'approfondir.
Quand je lis, de la part de Sylvain Tesson : "Être conservateur pour s'épargner d'être réac" dans le Point, où par ailleurs il fait de brillantes variations dans une rubrique "Poésie et mouvement", je suis naturellement conduit à m'interroger. Même si j'ai toujours préféré me qualifier de réactionnaire plus que de conservateur. Il est évident que Sylvain Tesson n'est pas quelqu'un dont on puisse négliger l'incidence sur son propre esprit : il bouscule forcément le confort de certaines idées. Pourtant je persiste dans ma conviction personnelle.
Certes je n'ai pas envie - et ne serais pas capable - de développer les différences fortes qui opposent, sur le plan de la philosophie politique, l'état de réactionnaire à celui de conservateur. Mais depuis que je suis en position de m'intéresser à ces définitions dont chacun a besoin pour savoir où il est et quelle place il occupe dans l'immense champ des idées, je me suis senti viscéralement, presque physiquement, réactionnaire, avant que j'aie tenté de théoriser les motifs de cette option fondamentale.
Même si au sens large la pensée conservatrice ne m'est pas étrangère avec ses principes et ses valeurs essentiels, cela n'est jamais allé jusqu'à faire surgir en moi la conscience d'être conservateur, qui à tort ou à raison renvoie, selon moi, une image de fixité, une légitimité de l'étant, un culte de ce qui demeure, une validation de ce qui est. Comme s'il était hors de question de prendre à coeur l'intense et désordonnée rumeur du monde et de la vie, la multitude des relations humaines, des antagonismes, des fraternités, pour en tirer des conclusions contrastées. Le conservateur est lové au chaud dans l'immobile. Il y a chez lui comme une indifférence noble.
Le réactionnaire, au contraire, est volonté, changement, révolte, nostalgie, espérance, dénonciation et action.
D'abord il réagit. Rien de ce qui est humain, rien de ce qui est politique et social ne lui est étranger ! Il est aux aguets, en vigilance, en surveillance, en désir. Il est mobilité lui-même. Il ne peut pas demeurer en lisière, en surface. Il entre dans la mêlée. Il ne se comporte pas comme un sage qui aurait forcément raison puisqu'il saurait changer "ses désirs plus que l'ordre du monde". Il ne prend pas les choses, les êtres, l'univers comme ils sont.
Et, à partir de ces dispositions qui ne le font pas accepter sans frémir les injustices et les inégalités d'aujourd'hui, les misères et les richesses, les délitements collectifs, les faillites et les décadences singulières, qui le conduisent à regretter non pas le passé lui-même mais tout ce qu'il charriait de meilleur, il se bat. Il est persuadé que dans le présent imparfait on peut faire revenir, à force de lucidité et de courage, les forces du passé dans ce qu'elles ont eu d'exemplaire. Le réactionnaire ne pleure pas sur hier. Il l'analyse et est convaincu qu'une part de lui est prête à vivifier aujourd'hui. Le délitement des institutions, des services publics, de l'art de vivre, de l'urbanité n'est pas fatal puisqu'ils ont dégradé leur excellence d'avant. Le réactionnaire hait le fil du temps qui sert de prétexte à l'impuissance créatrice ou à la restauration volontariste.
Autre chose me paraît distinguer, par rapport à ma conception intellectuelle et médiatique, le réactionnaire du conservateur. Il me semble que le réactionnaire est beaucoup plus ouvert à l'imprévisibilité des opinions et qu'il ne répugne pas à s'enrichir parfois d'idées "appartenant" à la gauche et d'aperçus qui ne seraient peut-être pas accueillis favorablement par le conservateur. Pour le réactionnaire dont le profil est beaucoup moins homogène que celui, classique et stable, du conservateur, non seulement il n'y a aucun refus de la pensée adverse mais il la cultive volontiers, obsédé qu'il est par l'exigence de plénitude. Le réactionnaire n'a pas peur de s'aventurer dans des territoires qui ne lui sont pas immédiatement ouverts et accessibles. Il va vers l'inconnu quand le conservateur le fuit.
Le réactionnaire n'est pas friand des frontières, des ostracismes politiques. Il est parfois même prêt, par détestation d'être enfermé en lui-même, à se quitter pour humer un air nouveau.
Définitivement, mais modestement, je m'éloigne de la vision de Sylvain Tesson sur ce plan. Être réactionnaire pour s'épargner d'être conservateur ! On n'échappe pas à ce qu'on est.
@ hameau dans les nuages
Ma critique était par trop assassine. J’en suis mécontent. Elle simplifie exagérément. J’ai souhaité montrer par où Sylvain Tesson était de son temps. À l’instar de la plupart de ses contemporains, il est mû par un solide égoïsme qui lui fait désirer et quérir des jouissances rares pour son propre plaisir. La mornitude de l’air du temps tôt l’étouffe. Il a besoin d’espace, de se sentir vivre et de liberté. Il souhaite s’échapper, sentir en lui la sauvagerie du monde, éprouver son instinct et se libérer du corsetage de la société qui trop l’étrique. Les Américains appellent cet attrait « wildnerness ».
Cet égotisme raffiné est propre à son milieu social. Les adulescents de la bourgeoisie bohème ont presque tous de ces accès. Puis ils se conforment au rôle social que leur milieu attend d’eux, qui leur assurera une vie matérielle confortable. Ils s’autoriseront plus tard parfois des escapades de liberté qui les feront à nouveau frémir et les persuaderont qu’ils sont toujours vivants et point trop racornis.
Les fréquentations de son père ont probablement fait de Sylvain Tesson un être au goût plus extravagant et inhabituel. Sans doute aussi, était-il plus adolescent et plus inadapté que les autres, moins capable de se fondre. L’aurait-il voulu, il lui aurait été impossible de devenir exactement pareil aux gens de son milieu. Il devint écrivain. Quoi de mieux en effet que d’obtenir une telle place quand on n'en cherche aucune. Il y excelle. Il a beaucoup de talent.
Avant qu’il ne trouvât sa réplique, il revendiqua sans honte le qualificatif de réactionnaire. L’âge venant, il a bien dû admettre que l’ensemble de la société avait trop changé et que la réaction n’évoquait rien à personne. Avait-il même les qualités pour s’engager dans un tel vain combat ? Certainement pas. Sagement, il préféra être un témoin des vieilles émotions. C’est encore les faire perdurer que de les donner à aimer.
Je lui reproche sa formule péjorative. J’ai quelque espoir qu’il ne voulut que céder à un jeu de mot facile et complaire dans un moment de fatigue à son milieu. Il me décevrait de ne plus voir en lui qu’un bourgeois bohème de Paris vieillissant confortablement. En tout cas, cela m’ôterait mes dernières velléités d’encore le lire. Je lui préfère Raspail et Camus. Eux ont brûlé tous leurs vaisseaux. Lorsqu’on a l’honneur de porter l’étendard, on fonce sans précaution.
Rédigé par : Jean sans terre | 18 novembre 2024 à 23:36
@ Michel Deluré | 17 novembre 2024 à 10:24
Dans votre commentaire du 16 novembre à 16 :49, vous écrivez que le politique ne doit pas renoncer à la morale et, dans celui du 17 novembre à 10:24, que, s’il enfreint une règle morale, le politique ne doit pas échapper au système judiciaire.
Étant en parfait accord avec votre première allégation, je n’ai pas éprouvé le besoin de la réaffirmer moi-même. Mais votre entrée en matière indiquait en creux que le procès judiciaire fait à Marine Le Pen, pour le moins, ne vous dérangeait pas. J’ai donc compris, avant même que vous l’affirmiez clairement dans votre second message, que, selon vous, la justice est habilitée à intervenir en matière morale. C’est pourquoi, devançant votre seconde affirmation, j’ai rappelé que morale et droit était d’ordre différent.
La justice n’est là que pour dire le droit et n’a strictement rien à faire de la morale. Seules les urnes doivent punir un politique immoral lorsqu’il n’a enfreint aucune loi. Si, preuves en main, il est démontré qu’elle a violé le règlement européen qui régit les activités des assistants parlementaires des eurodéputés, Marine Le Pen doit en répondre devant la justice. Sinon, c’est au peuple de la sanctionner s’il estime qu’elle a commis une faute morale, l’isoloir se faisant en quelque sorte confessionnal.
Pour ma part, je ne vois pas bien où est la faute morale d’un dirigeant politique qui utilise les failles d’un texte mal ficelé pour réduire les charges de son parti. Je ne me pose donc même pas la question de l’absolution à accorder ou non à Marine Le Pen...
Rédigé par : Serge HIREL | 18 novembre 2024 à 19:57
Cher Philippe Bilger,
Quelque brillante que soit votre démonstration, elle n’en est pas pour autant convaincante. On en veut pour preuve la personnalité à l’origine de ce billet : s’il ne devait y en avoir qu’un à correspondre parfaitement à votre définition du réactionnaire, c’est bien Sylvain Tesson, qui pourtant se définit comme conservateur.
La raison en est fort simple, le conservateur et le réactionnaire ne s’opposent pas, ils se complètent : mieux encore, la plupart du temps il s’agit de la même personne.
Faisons simple.
Un conservateur est une personne attachée à l’héritage culturel, religieux, linguistique, biologique, relationnel, éducatif, naturel, patrimonial, civilisationnel légué par l’ensemble des générations passées. Il admet volontiers l’évolution de la société à la condition expresse qu’elle préserve cet héritage tout en l’enrichissant.
Ce faisant, il s’oppose, non au réactionnaire, mais au progressiste qui s’inscrit dans une pensée où le mouvement perpétuel se nourrit de lui-même : toujours plus de droits individuels, d’égalité, d’ouverture, d’accueil, de partage, de mixité, d’énergies renouvelables, de remises en question. Cette machine devenue folle conduit mécaniquement à faire table rase de l’héritage évoqué plus haut et à effondrer tous les piliers de la société.
Le conservateur ne peut rester indifférent à ce saccage et se bat pour préserver cet héritage : il est alors traité de réactionnaire – et même de réac – par le progressiste, car il ose réagir contre le sacro-saint progrès qui est pour ce dernier l’alpha et l’oméga de l’évolution du monde, progrès dont il passe la disparition du passé par pertes et profits au service d’un présent naturellement supérieur et d'un futur lumineux et radieux.
Voilà pourquoi Sylvain Tesson, infatigable voyageur de l’improbable, de l’inconnu et de l’incongru, qui sourirait en apprenant qu’il serait « lové au chaud dans l’immobile », peut à juste titre se considérer comme conservateur.
Lorsqu’il dit que c’est pour « s’épargner d’être réac », c’est tout simplement parce que ce dernier vocable, institué par les progressistes pour discréditer toute pensée contraire, est désormais tellement chargé de connotations négatives que l’écrivain-aventurier est fatigué de devoir s’expliquer ad vitam aeternam avec des personnes de mauvaise foi : l’épisode du Printemps des Poètes l’a vacciné contre toute tentative de justification.
P.S. « Le réactionnaire, écrit Nicolás Gómez Dávila, n’est pas un nostalgique rêvant de passés abolis, mais celui qui traque des ombres sacrées sur les collines éternelles. »
Une définition pleine de poésie, évoquée hier sur Causeur par Didier Desrimais, et à laquelle, cher Philippe Bilger, vous devriez souscrire sans réserve.
Rédigé par : Florestan68 | 17 novembre 2024 à 14:26
@ Tipaza | 16 novembre 2024 à 20:27
« (...)vous aurez remarqué l'absence du libéral. »
Outre le « libéral », il manque aussi le « wokiste », qui, lui, agresse le passé, et... le « macronien », assemblage instable du « progressiste » et du « conservateur »...
Bref, tout cela ne nous fait pas avancer d’une pouce dans l’explication de l’existence dans nos banlieues d’individus qui, collectivement soumis à une religion voulant exercer le pouvoir politique sous sa forme la plus archaïque - ce qui en fait des « conservateurs » - n’en sont pas moins de purs individualistes dans leur comportement personnel, enfreignant la loi à tout instant et s’adonnant au plaisir, contraire aux règles du Coran, de ne porter que des vêtements de marques dans le seul but de se distinguer -ce qui en fait des « progressistes ».
À moins qu’ils ne pratiquent la « taqîya » et que ces accoutrements ne soient que le moyen de dissimuler leur appartenance à l’Islam modèle moyen-âgeux...
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@ Achille | 16 novembre 2024 à 21:38
Cette belle sentence, qui sent (aussi) le vécu, mérite que l’on rappelle une plaisante contrepèterie le concernant, publié par Le Canard enchaîné au début des années 30 : « Le maire de Riom a de belles élections. » Le tribun, se murmurait-il alors, n’est pas un saint en matière de vie privée...
Rédigé par : Serge HIREL | 17 novembre 2024 à 11:50
Vous êtes réactionnaire cher hôte.
Au sens politique le réactionnaire est celui qui veut toujours retourner dans un passé fantasmé toujours mieux et meilleur.
Le réactionnaire est un irrascible qui ne voit rien de bon dans ce qui change son ordre. Pas cette personne que vous présentez comme ouverte.
Le conservateur au contraire du réactionnaire qui voit le passé comme un absolu, n'est souvent pas conservateur en tout. Il accepte la discussion, propose, suggère de conserver ce qu'il pense être bien.
Le réactionnaire pense que les bonnes femmes doivent rester au fourneau comme au bon vieux temps.
Que l'Algérie c'était un beau département français...
Le conservateur pense un art de vivre, un rapport au monde, à ce qui l'entoure, mais ne refuse pas de le voir changer.
Vous faites, je crois, un contresens.
Rédigé par : Jérôme | 17 novembre 2024 à 10:33
@ Serge HIREL 16/11/24 20:47
Je ne vois nullement en quoi je me contredis puisque, me référant à Pascal et à sa distinction des ordres, je reconnais dans mon propos que la politique n'est pas la morale et inversement mais que j'ajoute, point que vous laissez dans l'ombre, que cela ne justifie nullement que le politique renonce pour autant à la morale. Où se niche la contradiction dans cette dernière affirmation ?
Le politique, quel qu'il soit et parce qu'élu, pourrait-il alors s'affranchir de toute règle morale ? Son statut lui confèrerait-il sur le plan de la morale une totale immunité ? Et si, parce qu'étant dans un régime démocratique, il enfreint une règle morale, devrait-il alors bénéficier de cet immense privilège par rapport au commun des mortels d'échapper au système judiciaire et de n'être soumis qu'à la seule sanction du collège électoral qui l'a élu ?
Rédigé par : Michel Deluré | 17 novembre 2024 à 10:24
@ Michel Deluré | 16 novembre 2024 à 16:49
« Trop d'affaires, d'arrangements, d'accommodements, de libertés prises avec la loi, qui émaillent la vie politique et qui renvoient finalement de ceux qui en sont les acteurs une image dégradée. »
C’est Édouard Herriot qui a dit un jour : "La politique, c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop" :)
Rédigé par : Achille | 16 novembre 2024 à 21:38
@ Michel Deluré | 16 novembre 2024 à 16:49
« Certes, Pascal nous ayant enseigné la distinction des ordres... »
Vous apportez-vous-même l’argument qui contredit votre commentaire : politique et morale évoluent dans deux mondes séparés... en oubliant toutefois d’ajouter que c’est le cas également du droit et de la morale. Les procès « moraux » sont l’affaire des religions... et dans leur forme séculière, les dictatures. Dans ce dernier cas, on les dit « politiques ».
Quand un politique manque de moralité, dans une démocratie, c’est le peuple qui le dit, par les urnes. Si la justice intervient, elle doit le faire avec d’infinies précautions et surtout, posséder les preuves irréfutables d’une atteinte au droit.
Dans l’affaire des assistants parlementaires du FN/RN, le Parquet de Paris n’apporte pas de telles preuves, la nature disons complexe et parfois floue du règlement du Parlement européen concernant ces assistants ne permettant pas de les apporter. N’oublions pas que ce procès a été monté à partir de la réception d’une lettre anonyme et par Martin Schulz, qui en deux ans de présidence du Parlement européen, a accumulé les propos et les gestes sectaires.
Il ne fait pas de doute que le FN/RN n’a pas à subir les conséquences des failles de ce règlement. Il les a identifiées et les a utilisées pour optimiser le rapport productivité/charges des assistants de ses eurodéputés. Moral ou immoral ? La justice n’a pas à en décider. Si le Parlement européen estime avoir été floué, qu’il s’en prenne à lui-même et aux technocrates qui ont pondu un texte insuffisamment ficelé.
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@ Axelle D | 16 novembre 2024 à 15:57
Vous n’avez pas tout à fait compris mon commentaire qui avait pour but de dénoncer la manœuvre des gauchos et autres adversaires du RN qui, dès l’annonce des réquisitions, ont tout fait pour faire croire qu’il s’agissait du jugement.
Plus largement, l’un des principaux combats à mener contre eux, c’est de leur reprendre la suprématie en matière de vocabulaire. Ils en sont les maîtres depuis l’époque du Programme commun... et Macron en a plutôt favorisé l’emploi.
Rédigé par : Serge HIREL | 16 novembre 2024 à 20:47
Cher Philippe Bilger,
Au vu du nombre de commentaires et réflexions qui tournent autour du traitement de faveur de Marine Le Pen par la justice, l'envie de commenter un billet de votre part sur ce sujet explosif semble constituer l'urgence du moment.
Rédigé par : Florestan68 | 16 novembre 2024 à 20:34
N'ayant pas lu Le Point, j'ignore dans quel contexte Sylvain Tesson a fait sa déclaration : "Être conservateur pour s'épargner d'être réac".
Mais s'il s'agit de disserter sur les états de conservateur et réactionnaire, alors il convient d'ajouter à cette dualité un troisième état qui est celui de révolutionnaire, ce qui donne le triptyque : "conservateur, réactionnaire, révolutionnaire", correspondant à deux visions de la société.
Du moins c'est ainsi que les philosophes le présentent, en particulier Marcel Gauchet dans son nouveau livre "Le Noeud démocratique", auquel j'ai emprunté très schématiquement les quelques idées qui suivent.
Une société peut être classée, schématiquement, en deux classes différentes, les sociétés hétéronomes et les sociétés autonomes.
Dans une société hétéronome, l'unité est produite par l'altérité, c'est à dire que l'ordre humain a un fondement extra-humain, que celui-ci soit conçu comme ancestral, céleste ou divin donc soumis à un Autre invisible.
L'ordre ainsi définit procède d'un temps d'avant le temps humain, d'un temps des origines dont la suite des générations humaines n'a eu et n'aura jamais qu'à reconduire pieusement l'intangible héritage.
C'est dans cette société que s'inscrit le réactionnaire, société qu'il souhaite perpétuer ou y revenir lorsqu'elle a disparu.
L'exemple le plus clair de ce type de société est celui de l'Ancien Régime de droit divin et la prééminence de la religion dans son organisation avec éventuellement des guerres de religion pour la conforter.
Jusqu'au siècle des Lumières c'est ce type de société qui a prévalu avec une influence plus ou moins forte de la religion.
On peut remarquer que c'est encore le type de société qui prévaut dans certains pays islamiques.
L'autre type de société, la société autonome, est le résultat des progrès de la science et de la technique qui ont permis d'exclure la religion du champ politique proprement dit.
Cette sortie a commencé sous l'action des révolutionnaires cherchant la tabula rasa, suivis des progressistes. Sur le fond il n'y a pas de différences de nature, seulement une différence de degré dans leur détermination de redonner à l'humain la primauté dans la construction de l'avenir.
Le sens de l'histoire est devenu la norme philosophique dans laquelle s'inscrit la pensée progressiste, et le principe d'action des révolutionnaires et autres progressistes.
Ce sens de l'histoire tend, pour ses partisans, à privilégier l'individu face au collectif du moins dans le principe.
On constate cependant chez les tenants du sens de l'histoire, une forme de retour à une société hétéronome dans laquelle ce sens de l'histoire devenait la nouvelle religion.
Et c'est entre ces deux positions, celle de la société hétéronome qui privilégie le collectif et celle de la société autonome qui privilégie l'individu, que se situe le conservateur.
En fait c'est le principe de liberté qui détermine la frontière entre les deux sociétés, une liberté maintenue dans le cadre collectif par le fait que l'ordre de la société est déterminé par des principes extra-humains transcendants dans un cas et une liberté qui se joue plus individuellement dans le cadre de la société où ce principe a été exclu.
Le conservateur accepte dans une certaine mesure le sens de l'histoire comme lié au progrès dont il ne nie pas les effets bénéfiques.
Il accepte évidemment que la liberté de l'individu ne soit plus contrainte par des règles définies par un ordre de principes extra-humains, mais il souhaite toutefois que le collectif ne soit pas effacé et qu'il se conserve par une liberté modulée dans les fondements de la tradition.
Respect et perpétuation de la tradition en ce qu'elle constitue un liant de la société.
Un liant dans le temps et l'espace assurant la continuité de la société et des générations qui a fait la preuve de sa force en maintenant une cohésion de la société.
Le conservateur essaie de maintenir un difficile équilibre entre la liberté individuelle, principe des sociétés modernes et la volonté de perpétuer la tradition, c'est à dire la suite des générations en ce qu'elles ont construit la société dans laquelle se développe la liberté moderne.
Il me semble de ce que j'ai lu de Sylvain Tesson, que c'est dans ce cadre qu'il se situe.
Réactionnaire, révolutionnaire ou progressiste, conservateur, vous aurez remarqué l'absence du libéral.
Le libéral est une autre histoire comme dirait le poète, encore que...
Rédigé par : Tipaza | 16 novembre 2024 à 20:27
Sous un régime pratiquant souvent l'inversion des valeurs, le contraire d'un conservateur s'efforçant de vivre selon des règles jugées comme bonnes pour avoir été validées par les générations l'ayant précédé au cours des siècles n'est-il pas le « progressiste » esclave des dernières modes sociétales plus que discutables dans lesquelles le grotesque le dispute parfois à l'abject ?
Rédigé par : Exilé | 16 novembre 2024 à 18:56
@ Achille 16/11/24 07:34
« Les réactionnaires sont dans tous leurs états depuis hier, et peut-être même aussi les conservateurs. »
Je crois en réalité qu'au-delà des conservateurs et a fortiori des réactionnaires, ce qui désole une fois de plus dans cette affaire, indépendamment de la personne qui en est au centre, c'est le lien étroit qui existe finalement entre politique et magouille.
Trop d'affaires, d'arrangements, d'accommodements, de libertés prises avec la loi, qui émaillent la vie politique et qui renvoient finalement de ceux qui en sont les acteurs une image dégradée.
Certes, Pascal nous ayant enseigné la distinction des ordres, nous savons bien que la politique n'est pas la morale et inversement mais ce n'est pas pour autant une raison pour que le politique, qu'il soit réactionnaire, conservateur ou progressiste, renonce à la morale et ne s'impose pas, plus que d'autres, un comportement vertueux, exemplaire.
Rédigé par : Michel Deluré | 16 novembre 2024 à 16:49
@ Serge HIREL | 16 novembre 2024 à 14:39
Marine Le Pen est la première à avoir parlé d'une condamnation politique mais bien sûr (selon vous) il ne faudrait surtout pas répéter que l'on ressent ces réquisitions comme disproportionnées et injustes eu égard aux faits reprochés.
En tout cas, quelle que soit l'issue du procès, MLP est dorénavant marquée au fer rouge ; les procureurs ont donc atteint leur but, sachant qu'en dézinguant le leader du RN, ils entendaient affaiblir, salir, voire porter un coup fatal à tout l'édifice. Et la dédiabolisation de son parti, à laquelle la fille de Jean-Marie Le Pen s'était attelée avec succès depuis des années, est désormais par terre. Et il faudrait être aveugle et d'une absolue mauvaise foi pour ne pas y voir un incroyable acharnement pour faire tomber une candidate devenue et désormais "jugée" trop dangereuse.
On nous avait déjà fait le coup avec Fillon et ça recommence ! Il serait temps que le peuple se réveille et ne se laisse plus ainsi manipuler, instrumentaliser et au final voler ses voix ou sa victoire et imposer un candidat choisi par une clique qui s'est approprié tous les pouvoirs, tire les ficelles et agit en bande organisée.
Rédigé par : Axelle D | 16 novembre 2024 à 15:57
Je suis inquiet, autant d'erreurs judiciaires qui se profilent à l'horizon, il ne va plus rester grand monde à droite réac ou pas réac pour aller se faire élire :
https://www.la-croix.com/france/affaire-ghosn-un-proces-requis-pour-corruption-contre-rachida-dati-et-carlos-ghosn-20241116
Avalanche de procès, Marine, Fifi, Rachida... Et j'en passe sans doute, je suis ému de tant d'incompréhension des juges, sont pas gentils les juges, ou alors cela doit être un peu vrai sans doute, me voilà rassuré on est en France. À écouter certains on pourrait penser que nous sommes au pays du Cinglé.
Rédigé par : Giuseppe | 16 novembre 2024 à 15:24
@ Giuseppe | 16 novembre 2024 à 10:58
« Le réquisitoire annonce du pillage en bande organisée »
Le réquisitoire n’est qu’un point de vue. Il n’est pas la seule vérité qui compte en droit, la vérité judiciaire, qui sera établie par le jugement.
Le règlement concernant les assistants parlementaires des députés européens est une usine à gaz, pur produit de la technocratie bruxelloise. Plusieurs lectures sont possibles. Il est précis sur certains points et confus sur d’autres, en particulier quand il s’agit de définir les activités possibles (ou interdites) de ces assistants. Il faut donc attendre le jugement pour savoir quelle lecture le tribunal choisira.
Il est établi que le FN/RN a profité des trous dans la raquette. Cette attitude est peut-être immorale, mais la justice dit le droit, ne dit que le droit. La question est donc : peut-on, en droit, condamner ce parti et ses dirigeants parce qu’ils les ont identifiés et utilisés ?
Ce qui constitue l’atteinte gravissime à la démocratie des deux procureurs, ce n’est pas la sévérité des peines de prison et d’amende demandées, pas même leur volonté de rendre inéligible Marine Le Pen, c’est de réclamer que cette peine complémentaire soit exécutable avant tout recours contre le jugement en premier instance. Cette exclusion de MLP du bénéfice de la présomption d’innocence jusqu’au jugement définitif, si cette demande était retenue par le tribunal, serait contraire à l’un des principes de notre République, protégés par l’État de droit (si cher aux détracteurs du RN...).
Il s’agit aussi de demander au tribunal de commettre une intrusion inadmissible de la justice dans le champ politique, cette intrusion ayant une conséquence directe sur une consultation du peuple, qui serait privé de choisir la candidate la plus proche de la victoire. Cette forfaiture serait pire encore que celle commise par le PFN quand, début 2017, il s’est précipité pour ouvrir une information contre François Fillon, alors candidat le mieux placé à la présidence de la République.
Par ailleurs, la procureure a demandé, sans en préciser la nature, une peine contre l’un des prévenus dont elle dit, dans la même phrase qu’elle n’a rien à lui reprocher, mais que « ça [lui] ferait mal » de proposer sa relaxe... C’est un aveu sans nuance de parti pris. Je pense que Gilbert Collard a parfaitement raison de conseiller aux avocats de la défense de demander au tribunal de se récuser, le ministère public, qui ne peut pas l’être, l’incitant clairement à piétiner la loi qui exige son impartialité.
Sur ce, bon match Giuseppe ! Ne comptez pas trop sur Achille. Il est occupé à fouiller les poubelles du RN.
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@ Axelle D | 16 novembre 2024 à 13:44
« ...la condamnation de MLP... »
Sans le vouloir, vous faites la preuve que les adversaires du RN ont réussi à faire croire que réquisition valait jugement. Certains s’y emploient même sur ce blog.
Vous n’êtes pas Madame Michu. Donc pas de danger que vous pensiez le procès plié... Mais il y a infiniment plus de Madame Michu que d’Axelle D.
Rédigé par : Serge HIREL | 16 novembre 2024 à 14:39
@ Achille | 16 novembre 2024 à 07:34
"Pour finir je dirai que la loi est la même pour tous les citoyens et ne saurait admettre d’exception pour une cheffe de parti dont le parcours ne restera pas dans les annales de l’Histoire."
Ah bon ? Même pour les LFI-Hamas qui cumulent leurs délits en toute impunité ? Ben non, ces députés délinquants sont immunisés contre toute action judiciaire, Macronescu se sert d’eux comme armes de destruction massive de notre société, ils sont les idiots utiles du pouvoir.
Rédigé par : sylvain | 16 novembre 2024 à 13:48
D'accord avec Serge Hirel. Rapportée aux seuls fait et à ce que l'on supporte d'autres en fermant les yeux sur d'innombrables magouilles, la condamnation de MLP est à la fois injuste et écoeurante.
En réalité, le parti de Marine Le Pen était devenu trop important au point de menacer faire une razzia lors de la présidentielle de 2027. Il fallait y mettre le holà par tous les moyens, y compris les plus tordus. Et quoi de mieux que de commencer par décapiter la tête. Un assassinat politique en règle et basta ! Dégagée Le Pen fille ! À qui le tour ? Et c'est ainsi que la peccadille de Marine, que d'ailleurs ses plus enragés accusateurs ont commise bien des fois, voire plus sournoisement et gravement parce qu'à leur seul profit contrairement à elle, fut jugée "un cas pendable".
Oui, honteux et écoeurant !
Rédigé par : Axelle D | 16 novembre 2024 à 13:44
@ Serge HIREL | 16 novembre 2024 à 11:00
« Marine est l’incarnation du RN. Vous frappez donc une femme à terre. Écœurant ! »
Allons bon, vous faites dans le féminisme échevelé maintenant ? Haro sur le patriarcat.
En politique le sexe n’a pas à être pris en considération. Cela vaut pour Marine Le Pen comme pour Mathilde Panot ou encore Sandrine Rousseau.
Ces femmes défendent des idées qui ne sont pas les miennes et donc je les traite au même titre que des hommes politiques, ce que d’ailleurs elles revendiquent.
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@ Giuseppe | 16 novembre 2024 à 10:58
Les Blacks ne font plus peur aux Bleus. Je suis sûr qu’Antoine Dupont et ses coéquipiers vont les bouffer tout crus.
Rien à voir avec les Bleus du football qui ont été très décevants lors du match contre Israël. Il est vrai que l’ambiance n’y était pas.
Le foot est désormais devenu une rencontre politique et plus du tout festive comme le rugby.
Rédigé par : Achille | 16 novembre 2024 à 12:33
@ Achille | 16 novembre 2024 à 07:34
« Les réactionnaires sont dans tous leurs états depuis hier, et peut-être même aussi les conservateurs. »
Non, tous les Français. Ces deux procureurs les défient... et vous aussi par vos bons conseils au RN.
Bardella a dit que le mouvement qu’il préside avait « un genou à terre ». Marine est l’incarnation du RN. Vous frappez donc une femme à terre. Écœurant !
Les macroniens pur jus ne valent pas plus que les wokistes : sans foi ni loi.
Rédigé par : Serge HIREL | 16 novembre 2024 à 11:00
@ Achille | 16 novembre 2024 à 07:34
Ce qui ne serait que justice, le réquisitoire annonce du pillage en bande organisée, et c'est elle qu'on voudrait à la tête du pays ? Comme tous les satrapes de la Russie du Cinglé qui s'empiffrent jusqu'à plus faim.
Bon là je vais attraper un ulcère si j’insiste, alors je me mets en pose.
Ce soir sera le match de la saison, les Blacks opposés aux Bleus, la situation va être rude, bon depuis le canapé pas de risques de rucks appuyés, juste un peu de stress sur le score, ça va être chaud, il faut se rappeler la Coupe du monde.
Terrain souple, pelouse rapide, et surtout Achille pour les placages vous ne manquerez pas de vous baisser, toujours offensifs...
Rédigé par : Giuseppe | 16 novembre 2024 à 10:58
Il y a certes dans une attitude réactionnaire de l'action, du mouvement mais qui va dans le sens d'un retour vers le passé, qui contribue en fait à ce que l'histoire avance mais peut-être, comme disait Marx, par son « mauvais côté » et non dans la bonne direction « vers le meilleur ».
Il y a dans la réaction, comparée au conservatisme, quelque chose de beaucoup plus excessif, de beaucoup plus définitif, allant jusqu'au rejet, parfois par pur principe, de toute évolution en quelque domaine qu'il s'agisse.
Être réactionnaire, c'est adopter par conséquent une attitude allant bien au-delà d'un simple conservatisme qui, lui, n'est pas systématiquement synonyme de recul, ne se refuse pas à toute évolution mais désire que ces évolutions se réalisent dans le respect de certaines valeurs immuables.
L'histoire se charge de nous enseigner que le progrès n'est certes pas systématiquement garanti mais ce n'est pas une raison suffisante pour y renoncer, ce à quoi s'attache pourtant avec plus d'ardeur la réaction que le conservatisme.
C'est pourquoi je partage totalement le propos tenu par Sylvain Tesson.
Rédigé par : Michel Deluré | 16 novembre 2024 à 10:49
@ Achille 07h34
"Alain Juppé a été condamné à une inéligibilité de dix ans, réduisant à néant ses ambitions présidentielles."
Ce qu'oublie Patrick Cohen c'est que la peine avait été réduite en appel à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour "prise illégale d'intérêt", contre 18 mois avec sursis et 10 ans d'inéligibilité en première instance.
Ensuite "l'exécution provisoire" n'avait pas été requise par le parquet.
Juppé ne s'était pas pourvu en cassation.
Bref, du Cohen...
Rédigé par : caroff | 16 novembre 2024 à 09:20
Les réactionnaires sont dans tous leurs états depuis hier, et peut-être même aussi les conservateurs.
Marine le Pen risque d’être inéligible pour la prochaine élection présidentielle.
À noter au passage que Marine Le Pen s'est ramassée trois défaites consécutives à cette élection.
Le mieux pour le RN serait de choisir un autre candidat (ou candidate) susceptible de l'emporter à la prochaine élection présidentielle et d’en finir enfin avec la dynastie Le Pen qui dure depuis plus d’un demi-siècle et qui commence à s’essouffler.
Ceci étant, Patrick Cohen rappelle quelques affaires et décisions prises à l’Assemblée nationale sur les élus coupables de délits qui ont conduit à l’inéligibilité de certains d'entre eux - et pas des moindres puisque Alain Juppé a été condamné à une inéligibilité de dix ans, réduisant à néant ses ambitions présidentielles.
Pour finir je dirai que la loi est la même pour tous les citoyens et ne saurait admettre d’exception pour une cheffe de parti dont le parcours ne restera pas dans les annales de l’Histoire.
Rédigé par : Achille | 16 novembre 2024 à 07:34
Le conservatisme prône la conformité de la politique à la nature humaine.
Il s'agit donc du système qui a prévalu depuis l'aube des temps civilisés dans le continent indoeuropéen jusqu'en 1789 : ls prêtres, la hiérarchie patriarcale des tribus, dite noble, représentée par un roi, et des guerriers lorsqu'ils nomment le roi à bâton pour partir en guerre ou en migration, et les habitants du pays ou paysans.
Sa fin était inéluctable avec celle de la prédominance du clergé régulier héritier des druides. L'Église commit en effet l'erreur fatale de nommer des prêtres ignorants, au sens de non-initiés, pour faire face à la brutale expansion démographique du XIIe siècle, et ce sont ces derniers qui finiront par la dominer, avec les cancres de Vatican II comme bouquet.
De là naquit la franc-maçonnerie avec la Macronie comme autre bouquet.
La seule lueur d'espoir pour revenir en arrière serait que la science se penche enfin ouvertement sur les EMI et par là même sur la sotériologie, mais la mafia intellectuelle veille au grain.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 16 novembre 2024 à 06:49
Ce sujet a déjà été traité sur ce blog et j’avoue que je cerne difficilement les limites de cet exercice.
Je me souviens de l’utilisation du mot reactionnaire dans le contexte bien précis du maoïsme qui n’est pas celui d’une analyse entre deux écrivains dont l’un voyage et l’autre est féru de Justice.
Quand Sylvain Tesson utilise le mot conservateur, il refuse de faire un pas en avant vers le vocable de réactionnaire, tel est mon ressenti.
Mao quant à lui voulait faire un grand bond en avant pour libérer la Chine. Les citadins sont partis vivre dans les campagnes et les paysans ont tous emménagé dans les villes. Une amie chinoise qui avait 5 ans à ce moment-là s’en souvient très bien et nous en parlons de temps en temps. Les récalcitrants étaient catalogués comme réactionnaires, ennemis de la décision du Parti communiste chinois. Il n’y avait pas de pitié pour les exploiteurs, révisionnistes, ennemis de la dictature du prolétariat.
La crème des réactionnaires a fui, s’est installée sur l’île de Formose qui s’appelle maintenant Taïwan. La Chine et son peuple désigne la même chose dans la rhétorique communiste. Elle revendique cette île au motif que « c’est à nous, halte aux réactionnaires ». Car il n’y a qu’une Chine, elle est dans le camp du bien. Les réactionnaires sont donc dans le camp du mal.
Voilà ce que je voulais dire sur ce sujet.
Rédigé par : Vamonos | 16 novembre 2024 à 01:42
@ Jean sans terre | 15 novembre 2024 à 17:17
Aussi du fait que j’habite sur le Chemin de Compostelle, j'ai bien aimé son livre "Sur les chemins noirs" :
"Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre." (S.T.)
Rédigé par : hameau dans les nuages | 16 novembre 2024 à 00:30
Il importe essentiellement d'affirmer et revendiquer fermement ce que l'on est et ce en quoi l'on croit et ne pas se laisser influencer ni stigmatiser par les donneurs de leçons gauchistes brandissant des principes et de nouveaux codes censés ringardiser les anciens et nous dicter notre conduite, à savoir celle de la bien-pensance qualifiée de progressiste et autres modes éphémères du moment.
Et que les donneurs de leçons aillent se rhabiller !
Rédigé par : Axelle D | 15 novembre 2024 à 22:28
« Réac »... « conservateur »... Notre hôte se dit « réactionnaire », je me définis « conservateur »... et, pourtant j’ai l’impression de partager peu ou prou la même approche que lui de mon rapport au monde, aux idées, à la modernité, au futur comme au passé.
Au fil de l’imposante littérature qui, depuis qu’ils sont utilisés, leur est consacrée, ces deux termes semblent mouvants, impossibles à définir avec précision. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, la croyant capable de les différencier. Celle de Sylvain Tesson est la dernière sculptée, mais, bien que finement ciselée, elle n’est pas la clé de voûte qui assurera la solution pérenne de cette querelle à la fois langagière et politique.
Alors, pourquoi ne pas déposer la mienne ? Elle est certes grossière, quasiment rudimentaire, comparée à quelques petits chefs-d’œuvre de nos philosophes. Mais c’est mon opinion et, dirait André Santini, je la partage... Pour faire bon poids et justifier mon audace, j’y ajouterai mon avis sur deux autres espèces de l’homo politicus : le progressiste et le wokiste.
Le « réac » observe le monde, entouré d’un rempart contre toute réforme et, si l’une d’elles cherche à mettre en péril la moindre de ses convictions, il sortira de son donjon les armes à la main et la combattra jusqu’à l’entêtement. Jamais il ne sortira du dogme « C’était mieux avant ».
Le conservateur, lui aussi, se plaît dans un château un peu ancien, aime ne rien changer, mais, pour observer le monde, il met le nez dehors, avec méfiance certes, ouvert cependant à tel ou tel progrès, matériel, sociétal ou idéologique, à condition qu’il ait la certitude que celui-ci ne bouleversera pas ses habitudes et lui apportera un confort supplémentaire. Il rénove (un peu) l’intérieur de son moi, mais en conserve la façade...
Le progressiste est d’une tout autre nature. Le changement pour le changement le fascine, l’expérimentation, même inutile, le passionne. Pour lui, le passé existe, mais n’est utile ni au présent, ni au futur. Son obsession est d’observer le monde en mouvement, de se projeter dans l’instant d’après… quitte à se précipiter dans le vide si la voie qu’il emprunte est une impasse... quitte à prendre l’allure d’un « réac » si la doctrine qu’il vénère tourne le dos aux réalités du siècle.
Quant au wokiste, un spécimen heureusement encore peu courant et qui, espérons-le, le restera, il n’observe le monde, qu’il soit passé ou présent, que pour le détruire, et ne mise pas plus sur le futur puisque celui-ci, dès qu’il existe, entre dans le passé. Son Graal, pourrait-on dire, est d’atteindre le néant... qu’il s’évertuera à... anéantir.
Je vous avais prévenu, ce n’est pas une thèse de doctorat... « C’est pour faire avancer le schmilblick », m’aurait dit Guy Lux...
P.-S. : le fait que, dès qu’un débat tourne à leur désavantage, progressistes et wokistes transforment les conservateurs en « réacs », terme auquel ils ont donné une allure d’injure, m’est indifférent. En retour, il suffit de les traiter, comme il se doit, de « gauchos », de « cosaques » et, maintenant, d’« islamogauchistes ».
Rédigé par : Serge HIREL | 15 novembre 2024 à 19:25
La maxime de Sylvain Tesson lui convient parfaitement. L’homme m’apparaît comme un des derniers avatars d’une civilisation qui s’éteint, la nôtre, celle où les qualités de l’individu primaient sur l’ordre de la société. Son esthétisme de dandy parisien en conserve encore quelques traits. Le monde ne lui imposera pas ses goûts. Il se les choisira. On ne le verra pas se rebeller contre l’ordre du monde, ni se battre pour sauver quoi ce soit. Ce serait bien trop fatigant et vain. Il s’en est d’ailleurs toujours assez bien accommodé. Il trouve le monde globalement satisfaisant et confortable.
En plusieurs des entretiens qu’il a accordés, il a manifesté n’être pas en accord avec les mouvements de contestation. Il considère, somme toute, que l’on vit bien en France et qu’il n’existe pas de raisons sérieuses de se plaindre. Certes, le monde contemporain ne l’intéresse que peu. Il ne souhaite pas vraiment s’y fondre. Sa nature en serait trop contrariée. Il se contentera d’y faire à peine attention. Lui plaît plus un univers obsolète qu’il tentera de faire perdurer dans sa vie et des plaisirs désuets qu’il tentera de réaliser. Il sera content quand il mourra car il aura assez bien rempli sa vie. Après la mort, qu’importe ! Cela ne le concerne plus et de toute façon il n’avait rien à transmettre. Tout ce qui l’intéressait était d’à peu près bien vivre. Il y aura réussi.
Rédigé par : Jean sans terre | 15 novembre 2024 à 17:17
Les "ratagas" de la République. Ils nous donnent sans arrêt des leçons de maintien, les Raffarin, Villepin et Cie. Comme s'ils n'avaient pas de salaire et qu'ils pointaient comme des SDF, eux les miséreux de notre pays en déroute, à cause d'eux en partie aussi.
https://www.journaldeleconomie.fr/combien-coutent-nos-anciens-premiers-ministres-les-chiffres-qui-choquent/#google_vignette
Ils sucent les os jusqu'à la moelle, je ne suis pas conservateur mais d'un populisme exacerbé qui me choque. Alors on prend pour habitude de faire des comparaisons ailleurs pour atténuer leur voracité, disculper cette étrangeté... Seulement ailleurs ils ne sont pas en faillite. La Finlande a éliminé toutes ces raretés dignes d'une république noix de coco, de privilèges de dorés sur tranche.
Nous sommes fous d'accepter encore ces richesses d'un autre monde, que l'on assure un temps la sécurité d'accord, mais comme en Finlande l'ancien Premier ministre expliquait que tout était supprimé pour redevenir un pékin moyen.
https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/combien-coute-un-retraite-de-matignon-le-prix-exorbitant-des-anciens-premiers-ministres-a-letat-2086719
Ils coûtent les yeux de la tête... J'oubliais Jospin au passage et Cazeneuve, les qui font peuple... Si encore ils avaient hissé les résultats économiques au niveau de LVMH ou d'une major je pourrais l'admettre, mais non seulement ils nous ont menés à la commotion cérébrale mais en plus nous sommes confrontés à une cessation de paiement.
Ils continuent donc de passer à la tirette, nous en crevons. Mention d'honneur à Jean Castex qui a retrouvé un boulot confortable et qui a tapé très peu dans la caisse.
Villepin et son emphase creuse ne vaut pas un clou, il a beau nous raconter des sornettes, brasser du vent avec conviction, il est un de ceux qui profitent à fond de cette anomalie de ressource déguisée.
Assez de tous ces privilèges de goinfres qui donnent une image détestable de leurs convictions d'éthique et morale qu'ils affichent partout sans vergogne.
Nous allons être encore plus taxés, à cause d'eux ils y étaient, s'ils avaient été caution de leurs biens la musique ne serait pas la même, avec l'argent des autres les dépenses sont incalculables. Vire-moi tout ça! aurait pu dire Mongénéral quand il a convoqué Jacques Rueff.
"En réalité, dès 1959, l’Etat renouait avec l’équilibre budgétaire et d’année en année, les excédents allaient être de plus en plus impressionnants et notre commerce extérieur redevenir fortement bénéficiaire. L'économie française, assainie, retrouvait la confiance des épargnants. Ils allaient permettre un niveau d’investissement colossal, dont nous bénéficions encore dans les années 1980. Et la France pouvait renouer avec une souveraineté entamée – l’obsession du Général…" (France Culture)
Qu'on vire tous ces nuisibles qui se sont succédé, les solutions existent mais il faut du courage et pendant des années ce fut gaspillages et lâchetés.
Rédigé par : Giuseppe | 15 novembre 2024 à 14:04
À entretenir tous ces "parlementeurs", l'anarchisme de droite va s'imposer.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 15 novembre 2024 à 12:49
Si on regarde dans un dictionnaire, conservateur et réactionnaire sont des synonymes.
Alors certes on peut toujours chipoter sur le fait que le conservateur est d’abord attaché à ses coutumes, ses traditions, tolérant, malgré tout, celles des autres. Alors que le réactionnaire, lui, est plus sectaire car il s’oppose férocement à toute intrusion de culture étrangère dans le petit monde de ses habitudes.
Tout est une question de sociabilité, de tolérance envers les us et coutumes de son prochain.
Pour simplifier, disons que le conservateur sait faire preuve de sociabilité, le second est un sinistre enquiquineur. À l’exception de Philippe Bilger, bien sûr !
Sur ce point je serais plutôt d’accord avec Sylvain Tesson.
Rédigé par : Achille | 15 novembre 2024 à 08:12
"Être réactionnaire pour s'épargner d'être conservateur ! On n'échappe pas à ce qu'on est" (PB)
Je pense que Sylvain Tesson ne veut pas exactement dire qu'on échappe à ce qu'on est, il ne s'agit pas de renier une part de soi ou d'aller vers ce qui est hors de soi considéré comme un but à atteindre.
Dommage de décortiquer une formule qui sonne fort bien... Bref ! Je pense pour ma part, et n'ai pas de raison de douter qu'il comprend, évidemment, qu'en l’être humain peut cohabiter bien des choses, et ainsi, pour le cas qui nous intéresse, des tendances réactionnaires et conservatrices.
Et dans l'équilibre de sa psyché, il me semble évident qu'il est plus économique de s'adonner au conservatisme plutôt qu'à une aspiration réactionnaire.
L'arpenteur du monde réserve ses forces à ses périples ainsi qu'à l'écriture. Comment donner tort à une personne la consacrant à sa vocation ? C'est son devoir de suivre sa nature, tout comme un polémiste le serait de se donner à autant de combats qu'il trouve de lances à briser.
Ceci étant, rien ne me paraît corroborer qu'être conservateur serait moins difficile qu'être réactionnaire !
Ce n'est peut-être pas pour rien qu'il y a, carrément, un grand dieu se consacrant à cela en Inde : création, conservation, destruction, chacun a le sien, et l'univers vit selon ce cycle que certains scientifiques estiment être celui du cosmos.
En attendant la solution à ce passionnant problème, on peut voir le conservatisme dans tous les aspects de la vie, on se conserve en mangeant, faisant du sport, le pays se conserve en veillant sur ses frontières, le conservateur de musée préserve les œuvres, enfin, je ne garderais plus une seconde à moi si je devais lister tout ce qu'on défend contre la dégradation. L’impérieuse nécessité de préserver peut donc bien commander une sensibilité politique, par Vishnou !
Cependant l’être humain n'est pas condamné à n'être aspiré et inspiré que par la conservation, la destruction, on l'espère, du pire, et la création... Il me semble au contraire qu'en politique comme ailleurs, il serait bon que chacun s'avise de concilier les trois.
L'être humain ne vit-il pas dans le passé ? En percevant ce qui ne lui arrive qu'avec retard par la vision ? Dans un éternel présent, lui qui n'étant pas un Seigneur du temps comme le docteur Who, ne peut réécrire le passé ou poser sa griffe sur ce qui n'est pas encore.
Et dans le futur, son esprit agité, entre peur et espoir, soit qu'il tende à parer les dangers de ce monde et à en goûter les fruits, soit qu'il prétende à assurer ses fins dernières.
Alors, on peut considérer que s'adonner préférentiellement à un des trois aspects du monde constitue, selon ce qu'on préfère, une amputation, ou un surcroît de force pour la consacrer à ce vers quoi vous appelle sa nature.
La Trimurthi, qui unit les trois grands dieux bien connus que j'ai évoqués, a ceci de pertinent que son existence dans le champ cultuel et culturel rappelle les trois aspects de l'univers.
Mais même les hindouistes sont loin de se montrer tous capables d'harmoniser ces déclinaisons du monde.
Bien sûr, il faut espérer atteindre le meilleur par la comparaison du passé, du présent, ainsi que par l'anticipation du futur.
Chacun porte d'ailleurs un regard singulier sur ce déroulé selon ce que sa sensibilité lui dit de ce flux, type il faudrait détruire cet abus, présent, ne pas ouvrir à des abus futur en ôtant un contre-pouvoir, anticipation qu'on peut faire en sachant par le passé et le présent que tout pouvoir a tendance à aller vers l'abus comme un fleuve à déborder.
Mais aussi, le futur peut ouvrir à de l'inédit, quand malgré le fait que toute civilisation hiérarchisée ait produit de l'esclavage, les abolitionnistes ont œuvré à sa fin. De même la laïcité.
Et quand au lieu de refuser de considérer sérieusement l’électricité statique, on l'a étudiée, on a ouvert à bien des progrès de confort aussi bien que scientifiques.
Voyager, soigner, étudier les étoiles sans électricité ? Autant pour un humain préhistorique renoncer à la pierre qui heureusement abondait autour de lui. Qui sait si certains ne l'ont pas tenté, comme d'autres de renoncer au confort de l'ère moderne ?
Moins peut être plus si on n'est pas rejeté hors du monde mais qu'on y renonce... Cependant, pour cet acte, il faut bien qu'il y ait quelque chose a abandonner, ainsi ce qu'on a sert tant à constituer un socle de sa vie qu'à le sacrifier si on croit par là tendre à autre chose.
Comme il faut bien que le marbre existe pour qu'on le scuplte.
Je dois dire que je suis fasciné par les gens capables d'allier bien des choses, le grand Goethe par exemple : art et science, diplomatie et sincérité, responsabilités diverses et création, traduction, pensée sur la traduction, et avant tout, création.
Et ça intéressera sans doute, mais il unissait en lui classicisme et romantisme... Vive Goethe !
Rédigé par : Lodi | 15 novembre 2024 à 06:24