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« BHL demain 27 janvier... | Accueil | CNews : ce garde des Sceaux est venu et a convaincu... »
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« Une écoute attentive préalable puis des commentaires rédigés avec urbanité, sans mépris ni grossièreté, seront les bienvenus » (PB)
Avez-vous souhaité avant la mise en ligne de l’entretien à l’occasion duquel vous avez rencontré BHL himself pour la première fois, ce que votre invité n’a pas manqué de souligner à deux reprises à l’occasion notamment de la différence entre l’écrit et l’oralité de la parole, faisant observer au passage que Maurice Blanchot, par exemple, dont la pensée a eu une grande influence sur le post-modernisme à la française, autrement dit la notion de déconstruction dont l’un des tenants est Jacques Derrida, auteur en particulier de « La Carte postale », lettre ouverte où le secret paraît mais indéchiffrable, n’aurait jamais accepté d’interview. La vie de Blanchot ayant été en effet selon la notice de ses œuvres chez Gallimard, « entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre ».
J’ai donc opté pour une écoute flottante se laissant porter par le discours dans cette pénombre silencieuse qui prélude au sommeil, lequel m’ayant cependant saisie au bout d’un tiers environ du questionnement de l’agrégé de philosophie, l’indéboulonnable président du Conseil de surveillance d’ARTE, institution de l’image et de l’oralité s’il en est, par notre avocat général préféré, j’ai dû m’y reprendre trois soirs de suite pour arriver au terme de l’entretien.
Le troisième soir s’est abîmé dans un sommeil paradoxal qui invita l’invité dans un rêve.
BHL y était au piano, or je ne suis pas sans savoir par une interview de son épouse qui est selon l’époux, la très intelligente cantatrice qui entend l’obscure musique de la phrase que lui lit BHL en une ultime étape de l’écriture qui rappelle, dans l’idée, le fameux « gueuloir » de Flaubert, ne touche plus le piano depuis des décennies et s’est éloigné de la musique au point qu’elle s’oblige à répéter son chant dans une pièce suffisamment éloignée de celle où il se trouve, afin qu’il ne l’entende pas.
M’étant approchée dudit piano, je vois que la partition ouverte sur le pupitre ne comporte pas de notes mais seulement des lignes souples qui forment comme un pelage ou une chevelure clairsemée, celle de la cantatrice chauve peut-être bien, ou encore comme l’énonciation, annonciation, d’un renoncement dit en pensant à « Phrase » de Philippe Lacoue-Labarthe, passage dont l’obscurité ou apparente absurdité demande à être autopsiée ce, donc, à quoi se livre notre auteur dès lors que son épouse a attiré son attention sur tel ou tel, auquel il ne serait pas nécessaire de comprendre ce dont ça parle pour entendre que là - ça dit que ? - « quelque chose ne va pas ».
Le rêve, dont je ne me souviens plus en totalité, se clôt sur une image de cimetière militaire sous la neige où se profilent à perte de vue des croix latines noires tel l’ébène entre l’ivoire des touches d’un clavier.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 février 2025 à 10:59
BHL, la déprise ?
Je suis en train de me laisser surprendre par BHL en entrant dans ses livres. Se laisser surprendre, se méprendre et se déprendre, ce pourrait bien être le cheminement de tous ses lecteurs qui ne sont pas par principe ses adversaires idéologiques. Car pour se déprendre et reconnaître sa méprise, encore faut-il ne pas avoir un mépris de principe.
J’aborde la troisième partie de "Ce grand cadavre à la renverse" qui désigne la gauche où "sont entrés les ver(t ?)s", prédisait Sartre, et je lui vois faire l’apologie du libéralisme après l’ouverture du parti socialiste à l’économie de marché, car il y a une "métaphysique de l’argent". La critique du libéralisme s’est substituée à "la rupture avec le capitalisme" du cagoulo-socialio-pétainiste Mitterrand.
Voici ses deux dernières sorties entendues ce soir sur BFMTV.
1. "Voir la foule applaudir les prisonniers libérés est très inquiétant pour l’avenir de la société palestinienne"
Dont acte, voir une société applaudir ses libérateurs libérés est inquiétant. "La société palestinienne applaudit à la libération d’assassins", s’insurge Bernard-Henri Lévy. "Mais tous ces prisonniers ne sont pas des criminels de droit commun", ose opposer timidement Alice Darfeuille. Et pour cause : j’ai appris à Béthanie, par un patron de restaurant chrétien palestinien qui avait été lui-même incarcéré, qu’environ 45 % des Palestiniens avaient été enfermés dans les geôles israéliennes au moins une fois dans leur vie. "Mais les Palestiniens de compromis ne sont pas assez mis en valeur" avance encore Alice Darfeuille. "Qu’ils se mettent en valeur eux-mêmes !" réagit BHL. "Et comment donc ! Chaque fois qu’un chef d’État se rend dans la région, il rend visite à Mahmoud Abbas".
Selon BHL, un Palestinien de valeur est donc un collaborateur sans légitimité démocratique. Car il fallait absolument organiser des élections à Ramallah pour remplacer Yasser Arafat par Abou Mazen, tempêtait Israël, la seule démocratie de la région. Mais quand le Hamas les a remportées, il n’en a plus été question.
2. "Il faut contraindre le Hamas à reconnaître sa défaite"
Donc il faut le guillotiner symboliquement. Pourtant l’auteur de "La Barbarie à visage humain" se disait, non pas contre-révolutionnaire, mais opposé à la Révolution au nom de l’anti-dialecticisme, car la dialectique compte pour rien les vies humaines.
"En Israël, la vie n’a pas de prix. C’est pourquoi on a libéré mille prisonniers palestiniens en échange de la libération du soldat Gilad Shalit". La vraie traduction n’est pas : "En Israël, la vie n’a pas de prix" mais "Une vie israélienne vaut mille vies palestiniennes".
"Si j’étais israélien", soupire BHL comme s’il ne l’était pas, je ferais la révolution.
"Il faut dénazifier le Hamas" mais il ne faut pas dénazifier l’Ukraine. La société palestinienne n’est pas nazie et il y a des nazis en Ukraine, mais il faut dénazifier Gaza et il ne faut pas dénazifier l’Ukraine, car sa nazification est un faux prétexte de la guerre russo-ukrainienne. Et si la nazification du Hamas était un faux prétexte, non pas des horreurs de Gaza qui sont la riposte onze-septembriste israélienne au 7 octobre, mais du but de guerre affiché par Netanyahou : "éradiquer le Hamas" ? Désolé, Bernard, mais l’éradication, c’est nazi.
Israël est un territorialisme déguisé en universalisme pour ne pas prendre les habits du nationalisme. BHL aussi, qui peut défend les universaux, mais le masque tombe promptement, il suffit de le mettre en cohérence avec lui-même. BHL défend de même le libéralisme, car il a de l’argent, et BHL n’est pas contre "les intellectuels petits-bourgeois" qui faisaient passer des nuits blanches à Simone de Beauvoir car elle en était une. Il suffit d’un peu de honte pour la misère humaine dont nous sommes tous responsables, et il est normal que BHL soit un privilégié qui peut devenir la voix des sans-voix, comme s’il lui arrivait de penser contre lui-même.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 01 février 2025 à 21:59
@ Giuseppe | 29 janvier 2025 à 09:04
La franchise est une énorme qualité.
Pourquoi en effet se contorsionner à faire plaisir à une personne dont on ne partage pas le point de vue ou dont le propos s'attache plus à respecter certains codes (mondains) et donc à paraître qu'à servir la vérité ?
Comme quoi ce que l'on nomme urbanité a ses limites et comporte parfois une bonne part d'hypocrisie.
Pour l'anecdote, mon beau-père (homme dur et tyrannique) se prénommait Urbain et il terminait invariablement les lettres qu'il m'adressait avec ces mots : je vous présente mes civilités. Vouvoiement obligatoire et droit d'expression à sens unique sinon... À vrai dire son "urbanité" n'était que de façade et dans l'intimité c'était une sorte de despote.
Rédigé par : Axelle D | 29 janvier 2025 à 15:58
@ Lucile | 28 janvier 2025 à 23:09
Chère Lucile, ne vous sentez pas agressée, si BHL vous séduit eh bien tant mieux pour vous. Je pense qu'aujourd'hui, ici, le tour du personnage a été fait, qu'on l'aime ou pas il ne changera pas, et apparemment les avis sont invariablement et majoritairement péjoratifs, c'est ainsi.
Rédigé par : Giuseppe | 29 janvier 2025 à 09:04
Je me dissocie de genau, mon intuitivement vénéré confrère organiste - bien que je ne l'aie jamais entendu ni lui moi, il vaut mieux pour lui - quand il dit que cet entretien ne donne pas envie de lire BHL.
À moi si et c'est sans doute le plus beau compliment que je puis faire à Philippe, car rares sont les émissions qui m'ont donné envie d'acheter des livres, surtout à moi qui dois me les faire adapter pour me les rendre accessibles, de sorte que je vais au bout de la logique improvisatoire et affirme contre BHL que l'oralité d'un auteur contient au moins autant que ce qu'il a écrit, et ne le contient pas en sous-entendus ou en voix intérieure qu'une exposition du Centre Pompidou datant de 1986 avait entrepris de restituer, mais contient l'oeuvre en paroles, en prolongements, en rythme spontané, au point que l'université devrait consacrer des thèses à étudier comment s'articulent l'oral et l'écrit chez tous les auteurs qui ont parlé après avoir écrit, répondu à des interviews et greffé sur leur livre originel des paroles palimpsestes.
J'ai entrepris de lire BHL. J'en suis à la seconde moitié de "Ce Grand cadavre à la renverse". Écriture nerveuse, parfois somptueuse, entraînante, qui est loin de montrer que BHL "est une boussole qui indique le Sud", comme le dit bêtement Florian Philippot, mais n'en accuse pas moins ce qui n'est pas un moindre défaut : très jeune, BHL a eu des idées justes, mais une pensée de vieux. Les Nouveaux philosophes ont antéposé cet adjectif oxymorique pour cacher leur vétusté juvénile.
L'énergie que BHL investit dans son style transmue en or romantique un fond tristement réaliste. BHL héroïsait et romantisait son père pour ne pas entrer dans l'aventure. Quand on n'a pas voulu faire la révolution à quinze ans, on a plus sûrement manqué sa vie que si on n'a pas de Rolex à 50 ans. BHL est un Séguéla, un publiciste de la philosophie réaliste. Son style fait rêver, sa personne fait parler, mais ses idées ramènent sur le plancher des vaches.
Que tant d'énergie soit mise au service de tant de réalisme est pardonnable à l'âge qu'il a. Mais ce n'était pas un laisser-passer pour entrer dans la carrière. Puisqu'on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans et qu'on ne peut laisser dire à personne que vingt ans est le plus bel âge de la vie, vingt-huit ans, l'âge où BHL a publié "La Barbarie à visage humain", n'est pas l'âge d'être réformiste en chantant "On the road again" pour se donner des airs de Jack Kerouac à qui il a consacré un de ses blocs-notes du "Point" comme s'il en avait été le compagnon fidèle.
"La Femme de trente ans" dépeinte par Balzac en aurait cinquante aujourd'hui. Quand il commença sa vie publique, Jésus n'était plus un jeune homme. BHL a fait le jeune homme en se disant déjà désenchanté d'un Mai 68 dont il fut un des premiers à faire retomber le souffle libertaire avant que beaucoup trop d'épigones ne lui emboîtent le pas jusqu'à former une galaxie de nouveaux réacs.
Hier, BHL était un jeune vieux qui tintinnabulait de par le monde, comme le jeune reporter de guerre, en disant : "Calmez-vous les gars" et en se revendiquant de la tradition des Comités de vigilance ; aujourd'hui, il a plus de souffle, mais il n'a pas changé. Il n'a pas basculé comme un vieux de la gauche vers la droite. C'est un vieux jeune qui exprime avec juvénilité de vieilles idées qui n'ont pas l'intrépidité de l'avenir. La forme enjouée de ses textes écrits au cordeau, c'est sa folie qui remonte à la surface, mais elle est un peu seule.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 29 janvier 2025 à 06:40
BHL apporte une réponse au problème crucial de l’œuf et de la poule.
Est-ce que l’œuf a donné la poule ?
Est-ce la poule qui fit les œufs ?
Non c’est Bernard qui philosophe.
Avec un peu d’humour, de décontraction et surtout d’autodérision, les nuits seraient moins blanches et l’humeur moins noire.
Rédigé par : Vamonos | 29 janvier 2025 à 01:45
@ Giuseppe
"Mais il en existe des milliers dans ce style, question d'entraînement"
Non, il n'existe pas des milliers de BHL, il n'y en a qu'un seul, et quand Philippe Bilger l'interviewe, cela m'intéresse, bien que le profil de BHL et les cercles où il évolue soient éloignés des miens. Je comprends qu'il puisse déplaire ; pour ma part, j'ai une prévention contre le bruissement médiatique qui l'environne où qu'il aille, et qu'il contribue à entretenir, d'ailleurs à son détriment selon moi. Sans parler de ses choix politiques qui ne correspondent pas à mes préférences en la matière.
Cependant, à partir du moment où il est l'invité de Philippe, il est un peu le mien aussi ! Il est hors de question que je déshonore Philippe Bilger en accablant son invité. Cela dit, si j'avais trouvé à BHL un comportement antipathique, j'aurais réagi, mais ça n'a pas été le cas. Si je l'avais jugé inintéressant je me serais abstenue de tout commentaire. Or, excellente surprise, j'ai suivi le déroulé de l'interview avec un intérêt soutenu, tout en y trouvant une multitude de points de convergence et de sujets de controverse. C'est signe qu'il avait de la substance.
Par ailleurs, Giuseppe, je pense que la hargne contre une personne n'a rien à voir avec le courage ni avec la franchise.
Rédigé par : Lucile | 28 janvier 2025 à 23:09
@ Lucile
"En revanche son admiration pour Malraux l'a peut-être conduit..."
De Malraux il en a toujours rêvé, de sa vie, de la puissance de son oeuvre, de ses combats, tout le hante chez le premier, il en est secrètement jaloux, envieux, sans doute. Malraux est dans le coeur profond du peuple français pour toujours.
Mongénéral voyait en lui un semblable, un alter ego. Les quelques anecdotes croustillantes sur le côté olé olé de Malraux pour en faire une légende à tout jamais de la belle France, gravée dans le marbre à vie, pour le meilleur.
Que vous êtes gentille ! "Profil d'homme d'action qu'il maîtrise selon moi moins bien...". Je reconnais que tout salon doit être lustré, il faut bien des personnes pour cirer les parquets. BHL adore le papier glacé.
Le crédit est immense pour certains on peut s'interroger, mon banquier m'aurait rappelé à l'ordre en alignant mes débits, pour Malraux Mongénéral avait laissé la porte ouverte.
"...sache tourner ses réponses aussi brillamment qu'un orfèvre présente ses créations, l'oral laisse une part à l'improvisation, à la spontanéité et au détail comme il l'a dit lui-même"
Pourquoi pas ? Mais il en existe des milliers dans ce style, question d'entraînement, c'est aussi du sport la rhétorique, rien de nouveau depuis Protagoras et Gorgias.
Aristote en a écrit les fondements : l'éthos, le pathos, le logos. Pour les modernes Cicéron et Quintilien, si j'osais j'y aurais rajouté J6M (JeanMarieMessierMoi-MêmeMaîtreduMonde) qui m'avait époustouflé dans un exercice de confrontation avec un ensemble de syndicats venus pour le dévorer.
Rédigé par : Giuseppe | 28 janvier 2025 à 14:38
Plus BHL vieillit et plus son sommeil devient léger entre deux cycles. Donc il se réveille.
Plus il vieillit et plus il dort profondément au cœur de son cycle réparateur. Donc il est revigoré et il se rendort difficilement.
Tout est normal d’autant plus que normal commence par la lettre n et finit par la lettre l.
Pour avoir un bon sommeil réparateur c’est pourtant simple :
Boire une tisane de fleurs de lys séchées (tisane Louis XIV) à 20 h 30
Éteindre les ordinateurs à 21 h 30
Lire un peu.
Éteindre la lumière à 22 h 00
Pendant les insomnies, compter les respirations profondes, méditer sur l’air qui monte et qui descend. C’est tellement ennuyeux que le préposé se rendort en sursaut.
Un peu d’exercice physique le matin et c’est parti pour une excellente journée.
Rédigé par : Vamonos | 28 janvier 2025 à 14:35
Essayant d'être urbain, je peux quand même dire que je n'aime pas le personnage, trop bavard pour être sincère, à moins que les sincérités successives ne soient admises au panthéon de la littérature de salon.
Tout à l'air parfaitement construit chez ce personnage, et en même temps cette construction est trop artificielle pour être vraie.
Par exemple il se voudrait Malraux, c'est curieux comme modèle, alors que sa tenue vestimentaire et ses foucades politiques le rapprochent plutôt de Lord Byron.
C'est en hommage à ce grand poète, homme d'action, et aussi un peu, beaucoup, trublion de son époque, que BHL porte depuis toujours une chemise blanche avec un grand col largement ouvert... signe de virilité et d'action ??
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lord_Byron#/media/Fichier:Byron_1813_by_Phillips.jpg
Le rapprochement Malraux - Lord Byron n'est pas évident, mais bon, acceptons la loi des contraires.
Par contre je n'ai pas l'impression que BHL soit pleinement engagé dans le combat pour la libération de Boualem Sansal, je dirais même qu'il est plutôt discret sur le sujet.
La liberté pour laquelle Lord Byron et Malraux étaient prêts à mourir ne se divise pas, liberté de pensée, liberté de parole, surtout s'agissant d'un auteur enfermé pour ses idées.
Peut-être n'ai-je pas bien suivi l'entretien ? ;-(
Rédigé par : Tipaza | 28 janvier 2025 à 09:49
L'entretien peut et doit bousculer le sentiment immédiat envers BHL d'être le "gandin" de la philosophie, compromis dans le culte de sa personne. C'est le piège de cette émission qui ne demande que cela : qu'on parle de soi-même, fût-ce à travers l'opinion qu'on peut avoir des autres.
Morale protestante, peut-être, dans un pessimisme "éclairé" pourrait-on dire. BHL manie la langue avec modération, et tempère en permanence ses affirmations pour contrebalancer l'unicité du sujet de la conversation.
Au-delà, faisant l'éloge d'une approche modérée des phénomènes politiques, il assimile dans une même détestation LFI et RN, attitude qu'il justifie par le refus de prendre en compte l'arithmétique de la répartition des voix ; en cela, il opère une réduction chimique qui lui permet de sauvegarder son attitude de combattant multiparti, épris de la vérité, inaccessible, mais dont il perçoit l'existence. Le vieux mythe de l'étoile fugitive.
Le moment d'écoute fut excellent, convainquant comme justificatif du silence impudique de BHL sur l'aura de sa personnalité politique, démarquée de toute prise de position polémique sur l'exercice de la forme de régime que nous subissons, ou louons.
Pour autant, il ne donne pas au profane envie de lire ses livres en raison même des distances qu'il prend avec les convictions faute d'un étayage suffisant pour soutenir, même un fragment d'engagement. Il ne met pas le feu au discours.
Que l'individu soit riche, élégamment quoique systématiquement vêtu ne fait rien à l'affaire : il a défendu ses façons d'aborder le domaine politique et c'est, de toute évidence, une impasse. BHL reste un auteur de salon, ses efforts pour aller sur le terrain de la guerre sont sujets à interrogations et il n'est pas un menhir.
Rédigé par : genau | 27 janvier 2025 à 23:00
BHL me surprend toujours, et plutôt en bien, quand je l'écoute. Il a bien fait de se laisser interviewer par Philippe Bilger, qui m'a encore épatée par la qualité de son questionnement.
Bien que BHL soit rompu à ce genre d'exercice et sache tourner ses réponses aussi brillamment qu'un orfèvre présente ses créations, l'oral laisse une part à l'improvisation, à la spontanéité et au détail comme il l'a dit lui-même.
Au total, il m'est apparu comme tellement à l'aise dans son rôle d'intellectuel qu'il ne porte pas de masque et n'a pas besoin de forcer le trait dans ce domaine. Il y excelle naturellement. En revanche son admiration pour Malraux l'a peut-être conduit à valoriser son implication sur le terrain et à se donner un profil d'homme d'action qu'il maîtrise selon moi moins bien, mais qui fait maintenant partie de son personnage, au point peut-être de porter de l'ombre à sa création littéraire et philosophique dans l'esprit du public.
Maintenant je vais chipoter un peu sur deux points. J'ai été intéressée que BHL oppose au "mal" le "moindre mal", plutôt que le "bien". Mais il y a des cas où le bien est vraiment le bien, et non un moindre mal ou l'absence du mal. Et ça change tout. De même, quand BHL représente la vérité comme une étoile lointaine, s'il pense à la vérité abstraite, absolue, sans objet, je veux bien ; mais en réalité, entre le vrai et le faux, il y a une différence qui n'est pas seulement de degré.
Voilà. Cet entretien stimulant m'a intéressée par sa qualité. Je remercie BHL et Philippe Bilger de nous l'avoir offert.
Rédigé par : Lucile | 27 janvier 2025 à 22:18
@ Serge HIREL | 27 janvier 2025 à 18:24
La radioscopie est parfaite, l'IRM n'apporterait guère plus d'éléments et serait sans doute d'une inutile dépense.
"Il reproche à ses détracteurs de préférer l’humilier plutôt que s’en prendre à ses idées..."
Ce qui est parfaitement faux, la bibliographie à ce sujet est pour le moins abondante sur ses idées.
Une fois de plus BHL adore sa posture de victime, il est vrai et je vous rejoins il est imperméable à la critique qui lui est indifférente, elle glisse comme l'eau sur les plumes du canard... pardon... du cygne, il faut au moins ça ! C'est le luxe que peuvent se permettre tous ceux qui ne sont jamais dans le besoin, les natifs avec "la cuillère en argent dans la bouche".
Il est un personnage amoureux de sa propre image, besogneux quand il le faut pour vendre ses écrits, il paye de sa personne, il voltige donc de plateaux en plateaux, il adore ça aussi, malgré tout, ses tirages s'essoufflent aussi peu à peu comme s'essouffle une image de lui usée dont les premiers fils de la trame apparaissent.
Que restera-t-il de lui ? Je n'en sais rien du tout, il semble courir après la reconnaissance, celle de la postérité, et vouloir être une égérie de son temps... Difficile compromis.
J'aurais aimé être Malraux et sa ferveur du peuple et pour la puissance de ses écrits, "L'Espoir" et "La Condition humaine" pour l'éternité, et le pilote même égaré de la guerre d'Espagne.
Rédigé par : Giuseppe | 27 janvier 2025 à 20:46
Je ne suis sans doute pas assez chrétienne pour l'écouter sans broncher et trop juive pour l'entendre.
Rédigé par : Axelle D | 27 janvier 2025 à 19:32
Notre avocat général préféré n’a pas perdu la main. Il a mené là une belle enquête de personnalité et réussi à dévoiler un BHL moins lisse que celui qui, ces jours-ci, de plateau TV en plateau TV, chemise blanche et verbe courtois, vend ses « Nuits blanches ».
Finalement, au milieu de la conversation, l’accusé a avoué : « J’aime essayer de changer les choses », a-t-il dit, estimant qu’en ces temps mouvementés, le philosophe se doit de délaisser la métaphysique et de confronter ses concepts au réel. Bref, il le reconnaît, la politique ne lui est pas indifférente... En fait, l’habillant adroitement de quelques considérations morales, elle est son plat préféré.
On le savait, mais l’entretien en apporte une éclatante confirmation : BHL est atteint des mêmes défauts que quelques-uns des personnages qui, aujourd’hui comme hier, gravitent dans les sphères du pouvoir. Il est indifférent aux critiques, se déclare animé par « la volonté de vérité » plus que par la conquête du pouvoir, se dit « homme de dialogue », mais rejette aussitôt hors de la République LFI et le RN, soit près de la moitié des électeurs, qu’il qualifie de « faux amis de leur pays », il reproche à ses détracteurs de préférer l’humilier plutôt que s’en prendre à ses idées, souhaite le compromis, mais se félicite d’avoir des « positions « tranchées »...
Séduit par la qualité de l’entretien, ce n’est qu’après l’avoir écouté de bout en bout que l’on s’aperçoit qu’au-delà de cette facette de crypto-politicien, BHL est aussi doté d’un exceptionnel ego, d’un remarquable savoir-faire en matière de promotion de ses œuvres et d’un formidable don pour se faire valoir. Ne parvient-il pas, en se disant inspiré par eux, à se glisser parmi les grands philosophes des siècles derniers ?
Quant à la fausse modestie dont il fait preuve à propos de son influence sur quelques personnalités politiques, dont aucune ne s’est grandie en l’écoutant, elle est particulièrement malvenue ces jours-ci, le procès du financement libyen de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007 faisant ressurgir le souvenir des dégâts humains et géopolitiques de l’équipée militaire qu’il avait suggérée.
En résumé... Le paon faisait la roue, bien avant BHL.
P.-S. : l’allusion de BHL à son plaisir d’être président du conseil de surveillance d’Arte depuis 31 ans n’est pas due au hasard... Il a été réélu à ce poste pour la huitième fois en octobre dernier, après une modification des statuts du groupe audiovisuel franco-allemand qui limitaient à 70 ans l’âge maximum du titulaire de cette fonction. Modification et réélection controversées, BHL étant âgé de 76 ans... mais aussi propriétaire d’une société de production, déjà financée plusieurs fois par Arte... C’est dit, BHL n’est pas un « homme d’affaires ».
S’il parvient à se maintenir dans la place, peut-être pourrait-on lui demander de se souvenir du principe « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Au cours de l’entretien avec notre hôte, BHL indique que, dernièrement, il est allé aux Etats-Unis et y a affronté des nids de « wokes » dans une quinzaine d’universités. Inutile d’aller si loin pour les chasser ! « Sa » chaîne en est pourvue, notamment au sein de l’équipe de « 28 minutes »...
Rédigé par : Serge HIREL | 27 janvier 2025 à 18:24
Cher Philippe Bilger,
Merci de nous avoir offert cet entretien avec BHL.
Je suis de ceux qui n'ont jamais détesté cet homme.
Je viens d'apprendre plusieurs choses.
Il recommande la lecture de l'article de Claude Lefort « Droits de l’homme et politique » (article consacré au thème d’une des rencontres organisées par la revue Esprit, « Les droits de l’homme sont-ils une politique ? ») et celle du livre de Claude Lanzmann, « Le Lièvre de Patagonie », « chef-d'oeuvre absolu ».
Sa femme est sa première lectrice.
Il est président du Conseil de surveillance de la chaîne de télévision Arte.
Il a 76 ans.
Il songe à écrire ses mémoires.
Il a eu le courage d'affronter les étudiants de plusieurs universités américaines pour tenter de changer leurs idées fausses sur Israël.
Il a deux aversions : LFI et le RN.
Moi aussi. Je crois qu'il leur préfère, de très loin, le président Macron, sans le dire. Moi aussi. Moi, je le dis.
Rédigé par : Patrice Charoulet | 27 janvier 2025 à 18:19
Il s'exprime toujours parfaitement dans un langage châtié et il porte des habits onéreux.
Non pas milliardaire en € mais en Francs.
Je n'ai jamais compris qu'il se définisse (entre autres) comme philosophe??
A-t-il conçu un système cohérent d'explication du monde, autour d'un concept original et novateur?
Sans doute s'est-il dissous dans trop de vies différentes, butinant le métier d'essayiste, de cinéaste, de romancier, de reporter...
Avec un succès mitigé.
Peu importe, mais même commentaire que Tipaza (à 9h20).
Rédigé par : caroff | 27 janvier 2025 à 14:09
Bernard-Henri le vent.
Rien, zéro, nada, pas une idée, "un look".
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 27 janvier 2025 à 14:06
@ Julien WEINZAEPFLEN | 27 janvier 2025 à 10:27
Cher Julien je vais faire plus court, j'ai beau tenter de l'écouter je décroche très vite et pourtant j'y mets de la bonne volonté même après votre commentaire de texte littéraire.
Je ne développerai pas ce qui suit, un livre n'y suffirait pas.
Style prétentieux ou inaccessible, ses œuvres manquent de profondeur ou de substance. Et de se présenter comme un intellectuel sans avoir les compétences ou la rigueur académique nécessaires, ou comme un penseur sans avoir une véritable base théorique. Falsification de certaines prises de vues, manipulation ou déformation des faits pour servir ses arguments, notamment dans ses analyses politiques ou historiques.
Son engagement dans des causes politiques est perçu comme opportuniste. Il semble qu'il utilise des crises pour se mettre en avant plutôt que de défendre réellement les causes qu'il prétend soutenir, c'est une impression prégnante qui parfois transparaît.
Présence médiatique excessive où il chercherait plus à être une célébrité qu'à contribuer de manière significative au débat intellectuel, son côté people sur papier glacé.
Attitude et discours peuvent être perçus comme élitistes, ce qui peut aliéner une partie du public qui se sent exclu de ses réflexions.
Peut-être suis-je subjectif, sans doute un peu, ici quelqu'un le concevrait comme un La Fayette, Malraux ne se vexera pas.
Rédigé par : Giuseppe | 27 janvier 2025 à 13:30
Bien entendu, par respect pour Philippe Bilger et pour son invité, nous éviterons de polémiquer sur ses diverses actions politiques et leurs conséquences parfois peut-être quelque peu discutables, mais il est trop tôt pour juger.
Nous pouvons parfois quand même, et sans y voir une intention inamicale de notre part mais uniquement en le taquinant, nous demander si BHL ne s'est pas parfois pris pour La Fayette ?
Ceci dit, puisque BHL a tenu à rendre des hommages, rappelons le plus beau et le plus grand qu'il ait pu rendre, à savoir celui ayant concerné le Pape Pie XII injustement accusé d'avoir gardé le silence, alors qu'il a été quasiment le seul chef d’État mondial à s'exprimer, à ses risques et périls, sur cette question dramatique de l'extermination dont les Juifs ont été les victimes.
https://www.piexii.com/20100210pie-xii-bhl-persiste-et-signe/
Rédigé par : Exilé | 27 janvier 2025 à 11:38
Après avoir écouté l’entretien, même si je trouve BHL agaçant pas son côté "m’as-tu vu", je dois avouer que je partage certaines de ses idées, notamment concernant LFI, le RN, Donald Trump et même Michel Barnier qui dégage une classe naturelle et n'a pas démérité. Mais qui n’a pas voulu négocier avec le RN, ce qui a causé sa chute. Dommage !
Rédigé par : Achille | 27 janvier 2025 à 11:35
Entretien du plus grand intérêt de par la qualité des questions et le niveau des réponses.
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 27 janvier 2025 à 11:10
Rencontre exceptionnelle de chercheurs de vérité qui souligne que nous savons discerner le souverain bien d'une relation apaisée, quelles que soient les différences de vue, quand deux êtres partagent les questionnements de leur humanité.
Véritable antidote face aux vains retours de la barbarie, la seule réponse courageuse est la démocratie, merci à vous deux d'avoir ici su l'illustrer.
Rédigé par : Aliocha | 27 janvier 2025 à 10:34
J'ai déjà écrit dans ces colonnes que BHL était l'homme de France que chacun se donnait le loisir, la facilité et la liberté de détester sans craindre d'avoir à récuser un procès en antisémitisme que cet homme a l'élégance de ne pas faire à ses détracteurs et cela doit être dit en préambule, alors même qu'il fait partie de ces vigilants qui ont toujours lutté contre la montée de l'antisémitisme quand il touche aux autres mais pas contre leur propre personne, qui en sont vaccinés.
BHL accepte d'être détesté parce qu'il reconnaît écrire des livres clivants qui lui valent de voir accumuler contre lui des réprobations farouches et des haines tenaces de la part d'adversaires à qui il reconnaît la qualité de ne pas être amnésiques.
Ce n'est pas seulement à cause du charme de son expression, mais à cause de cette honnêteté intellectuelle que, pour ma part, je n'ai jamais détesté BHL même s'il avait un titre à ma détestation : il a entraîné la France dans la guerre de Libye par une sorte d'"ingérence humanitaire" à la Kouchner, et lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, j'avais anticipé qu'il devrait choisir entre ce que j'appelais l'axe bernard-henri-lévy-kouchnérien et le védrinisme dont la suite a démontré que ce pouvait être un vichysme déguisé.
Car la tectonique des plaques a fait qu'Hubert Védrine tout comme Roland Dumas ont glissé vers une géopolitique d'extrême droite qu'à titre personnel, je ne suis pas loin de partager, essentiellement par pacifisme, pacifisme qui encore une fois est mon seul titre à réprouver BHL pour autant que, selon le mot de Gilles Deleuze, "écrire, ce soit sortir du rang des criminels".
Or un écrivain qui entraîne son pays dans une guerre prend la responsabilité de commettre des crimes, un peu comme un candidat à devenir père de la nation doit non seulement s'assurer d'avoir les qualités libidinales et fécondantes y afférentes, mais savoir qu'en contrepartie, il ne fera pas que faire naître, il fera mourir. Écrire et entraîner son pays dans une guerre, c'est prendre cette responsabilité au moral et surtout au physique. Pas étonnant que cela empêche de dormir et je suis insomniaque, car avoir une conscience, c'est avoir des remords.
Du temps de ma précoce adolescence où je m'escagassais que d'autres éditorialisent sans que je puisse mettre mon grain de sel ni avoir voix au chapitre sur l'agora, je m'agaçais qu'il y ait de grandes consciences face auxquelles nous autres anonymes n'avions qu'à fermer notre clapet ostracisé en acceptant leurs oracles qui étaient d'autant plus insupportables qu'ils étaient rationnels.
BHL est une de ces consciences qui aiment l'influence, qu'ils préfèrent au pouvoir, mais qui sont mues par l'anthropologie pessimiste chère au protestantisme qui est loin d'avoir enfanté les Lumières dans leur culte de la raison dont Luther parlait, rien de moins, comme de "la putain du diable".
Ce qu'on suppose des Lumières est un optimisme qui guide la plume de Rousseau, mais que dément sa mélancolie native et son antiprogressisme viscéral. Les Lumières, c'est le kantisme et sa critique de la raison pure ou de la faculté de juger. Le pessimisme de l'anthropologie protestante, BHL le résume bien en disant qu'il ne croit pas au bien et que le totalitaire est celui qui croit s'en saisir.
BHL ne distingue pas entre le bien et le mal. Il se borne à distinguer entre le mal et le moindre mal. Car comme Luther, il croit qu'au commencement de l'homme dont la nature est entièrement déchue par la chute, qu'au commencement était le mal, qu'il ne faut raconter qu'une "Histoire du mal" (Guillaume de Tanoüarn), que le Léviathan est un animal fabuleux qui a entre autres qualités de diminuer l'hostilité des hommes à défaut de pouvoir instituer l'amitié politique.
La ruse de l'anthropologie protestante est d'avoir un élan qui nous fait oublier son pessimisme originel et BHL participe de cette ruse qui fait croire que les Lumières postulent que "l'homme est naturellement bon" et que c'est la société qui le rend mauvais avec ce qui, chez Rousseau, ne procède nullement d'une naïveté bénigne, car l'homme n'est à ses yeux "un tout parfait et solitaire" que s'il chasse tous ses semblables qui ne sauraient concourir à sa vie. L'état de nature rousseauiste est celui du chasseur qui veut faire place nette pour être libre et asservir la nature à ses souhaits.
"Atchoum !", n'éternue pas BHL à ma prose indigeste, car s'il n'est pas anodin que Philippe Bilger l'interroge sur "Fréquence protestante" afin qu'il puisse faire oublier que son anthropologie est pessimiste et ne croit pas au bien, l'excuse à la ruse de son élan d'influenceur est qu'il cherche la vérité et se résout par avance à la vouloir, si avant qu'elle s'éloigne telle l'étoile ou l'horizon, mais si peu aimable soit-elle que la philosophie ne puisse se permettre de se déclarer de préférence "amour de la sagesse" que "recherche de la vérité", ascèse à laquelle s'est toujours soumis Sartre, ce nihiliste déconstruisant l'idée de vocation et le faisant dans ses mémoires, un des premiers maîtres dont BHL s'est essayé à retracer le "siècle" et à qui il a rendu hommage dans l'exercice de sa philosophie sans devoir s'arrêter en face d'un autre "passant considérable" qui aurait laissé une moindre trace, tel Rimbaud si Verlaine ne s'était pas intéressé à lui pour recueillir ce qu'il avait à dire au genre humain.
BHL, ici interrogé sur "Fréquence protestante", est un patriote de cette confession demeurée fidèle à "l'Esprit du judaïsme" et partisan du libéralisme, de la "droite libérale", de la "gauche libérale" disait-il hier dans "le Grand rendez-vous", et de "la démocratie représentative" que juifs et Grecs ont inventée, ceux-ci pour l'avoir pratiquée et avoir théorisé ou chroniqué cette pratique dans l'âge d'oranti-trumpiste d'Athènes au Ve siècle, ceux-là, non seulement pour s'être perçus comme un "peuple élu" afin de représenter l'humanité, mais avant tout pour s'être fait vertement tancer par Dieu lorsqu'ils exigèrent un roi auprès de Samuel, car alors ils allaient devenir une nation comme les autres, qui serait opprimée comme les autres nations par un roi dont la plaie de l'idolâtrie suppurerait sur tout le peuple et sa volonté politique mi-figue mi-raisin, la "pureté" étant "dangereuse".
"Je veux bien qu’on invente autre chose que la démocratie représentative, mais toutes les tentatives que nous avons vues de pratiquer la démocratie directe, la démocratie sans médiation ont toutes tourné au désastre", affirme BHl qui concède que le populisme fait écho aux "angoisses d'un peuple malheureux", angoisses qui "ne se résoudront pas en sortant les sortants par le dégagisme généralisé et par le branchement de gouvernants qui seraient l’expression non filtrée des humeurs du peuple, car un peuple n'a pas seulement une volonté, il a surtout des humeurs".
BHL est sans doute un sioniste, mais ce n'est pas un binational et il se définit comme un patriote français, au patriotisme que je prends le risque de caractériser comme protestant. Il me plaît de l'entendre dire: "J’aime la France. C’est mon pays, je n’en ai pas d’autre et je n’en aurai jamais d’autre". Je partage pour des raisons esthétiques son désamour de ce qu'est devenue la gauche soumise à la France insoumise et à son analphabétisme de la conflictualité tous azimuts là où l'alphabétisation du clivage ouvre au dialogue dans la plus pure tradition philosophique.
Comme lui, je trouve à Michel Barnier plus d'allure qu'à François Bayrou qui s'est montré meilleur tacticien (mais le temps a joué en sa faveur) de vouloir tenir par le parti socialiste que de se remettre pieds et poings liés entre les mains du Rassemblement national à l'irresponsabilité duquel on a désormais goûté, nous l'avons essayé, il est coresponsable de la dissolution et de la censure qui a fait tomber le gouvernement Barnier et de l'instabilité politique qui règne aujourd'hui en France.
BHL semble "n'appréhender la politique qu'à travers la morale", note Philippe Bilger. Le judaïsme se revendique d'un fonds et d'une responsabilité éthique qui ne résiste pas toujours à l'épreuve de la politique, mais qui, chez l'écrivain BHL, devient une leçon d'écriture. "J’écris facilement et je travaille énormément. Ce qui compte dans l’écriture, c’est la justesse, le rythme, la percussion. Une forme réussi conduit l’émotion et la conviction. Le travail qui consiste à créer une langue bonne conductrice de rhétorique, de conviction et de vérité. Aragon était un immense improvisateur, mais c’est une grâce. Claudel était un improvisateur".
La preuve est que ce dramaturge qui commença par étudier Shakespeare pied à pied comme Brassens s'imprégna des fables de La Fontaine à son retour du STO avant d'écrire ses chansons longues comme des cigares, ce dramaturge (Claudel) capable de dresser cette plus grande des fresques du monde qu'est le "Soulier de satin", rêvait d'écrire des Mémoires improvisés. L'improvisation est l'élan de ceux qui en demandent trop à la vie et qui préfèrent ce trop qui n'est pas à leur portée à tout ce qu'ils pourraient avoir s'ils n'étaient pas fâchés avec les limites ou savaient s'en donner. J'en parle à mon aise, je suis de ceux-là.
"Les écrivains sont tous des laborieux. En tout cas moi j’en suis un. Je n’ai jamais eu l’idée d’une œuvre à accomplir, mais j’ai eu l’idée de ce à quoi devait ressembler ma vie et je n’ai pas été trop infidèle à l’idée que je m’en faisais. C’est plus important que le bonheur"
Chacun place le curseur de son sentiment de réussite où le mène le tempérament de son corps au vent de son époque.
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | 27 janvier 2025 à 10:27
"J'ai rien à dire
Il était beau
J'ai rien à dire
Ou alors trop
Mais ça serait bien triste
Et long
Mais ça serait bien triste
Mais ça serait beaucoup trop long..."
Extrait de la très belle chanson d' Anne Sylvestre : "J'ai rien à dire", sortie en 1963.
Bernard-Henri Lévy avait 15 ans et BHL n'était pas encore né.
Moralité : toute ressemblance avec le sujet du jour ne serait que pure coïncidence. ;-)
Rédigé par : Tipaza | 27 janvier 2025 à 09:20