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01 janvier 2025

Commentaires

Jérôme

Ceux qui conchient la magistrature sont les puissants, de droite ou de gauche, ayant affaire à elle à cause de leurs malversations.

Pour les autres, il est possible qu'ils confondent manque de moyens et laxisme. Un manque de lucidité encouragé par des médias serviles, CNews en tête, proche des puissants, aimant se donner des airs, peuplés d'incultes, de "je sais tout", n'invitant des personnes pertinentes que pour mieux les faire interrompre par une ridicule bande d'aboyeurs, prétentieux, P. Praud en tête.
Ce n'est pas, loin s'en faut, l'association de la carpe et du lapin mais des copains coquins dans une pièce de théâtre bien mal écrite.

La justice manque de moyens. C'est son principal défaut. On est en droit de penser que c'est voulu.

Aliocha

@ Serge HIREL

Que vous ayez besoin du wokisme pour justifier vos généralisations coupables indique qu'il est grand temps de dépasser ces délires et leur réciproque qui ne l'est pas moins, quand les professeurs sont des bastions indispensables à la nation, à qui il est trop souvent reproché de ne pas savoir pallier non seulement les démissions familiales, mais aussi les dérives idéologiques dont ceux qui sont conscients de leur mission ne tiennent pas trop compte, comme en témoigne P. Charoulet ou ceux que j'ai pu observer, et qui étaient les meilleurs pédagogues au sens où ils savaient intéresser leur classe à la matière enseignée.
Laissez donc le reste aux démagogues.

Serge HIREL

@ Aliocha | 03 janvier 2025 à 08:40
« un professeur qui a donné sa vie... »

N’avez-vous pas l’impression d’être un tantinet grandiloquent ? Il est vrai qu’à l’époque de la Révolution, son mépris du bas peuple lui aurait valu de monter dans la charrette. Aujourd’hui, il peut se permettre de le narguer. Il ne risque d’y perdre que son honneur.

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@ Achille | 03 janvier 2025 à 10:00
« Moi je trouve [Patrice Charoulet] plutôt attachant. »

Disons qu’il parvient trop souvent à être authentiquement odieux. Ce genre d’« expats » rend service au wokisme : il l’explique.
N’avez-vous pas remarqué que Monsieur le professeur, fier d’avoir eu des élèves « sages comme des images », n’éprouve pas le besoin d’évoquer l’essentiel de sa mission : les instruire et en faire des adultes capables d’être autre chose que des « boys » ? Ils étaient « sages »... voilà tout. Comme au bon vieux temps du colonialisme.
Convoquer Molière, Voltaire et Pagnol au chevet de Charoulet... N’est-ce pas trop ? Pour ma part, je me serais contenté de Courteline et de ses « ronds-de-cuir »...

Olivier

Administration qui fonctionne en mode dégradé, politisée et qui produit des délais de traitement ahurissants.

Comment en sortir ?

Juan Banco propose la suppression du métier d’avocat et ses arguments « se tiennent ».

Michel Deluré

La magistrature n'est plus ce qu'elle était mais n'en va-t-il finalement pas de même en toutes choses et notamment de la société dans son ensemble ? Le temps qui s'écoule s'accompagne de changements, d'évolutions, que nous appelons progrès, oubliant que ce dernier peut aussi se révéler parfois destructeur.

Le problème est que nous nous laissons trop souvent entraîner par ce courant sans réagir, sans être capable de faire le tri parmi ces changements ou de créer les conditions pour imaginer ceux qui seront à même de concourir à une réel progrès humain.

Nous vivons dans une société où nous ne visons plus un objectif d'excellence, où nous ne sommes plus mus par une recherche du progrès humain au sens qu'on lui donnait au siècle des Lumières mais où tout simplement nous luttons dans un environnement dénué de sens, essentiellement consumériste.

Serge HIREL

Pour que la justice retrouve son rang, à la fois son prestige, l’entièreté de son rôle et le respect qui lui est dû, l’idéal serait qu’une révision de la Constitution en fasse « le pouvoir judiciaire » et la place ainsi au même niveau que le « pouvoir exécutif » et le « pouvoir législatif », l’existence de ces trois « pouvoirs » et leur séparation constituant le fondement d’une démocratie.

La justice n’est aujourd’hui qu’une « autorité » parce que de Gaulle, en 1958, l’a voulu ainsi, se souvenant de sa collaboration sans honte avec le régime honni de Vichy. Une « autorité » privée même de juger les affaires impliquant exécutif et législatif, traitées par les tribunaux administratifs. On notera que, voici peu, lors du procès Dupond-Moretti, le président de la République lui-même a rappelé sèchement que la justice était « une autorité »... sans se souvenir que les termes « pouvoir exécutif » et « pouvoir législatif » ne figurent pas non plus dans le texte suprême...

Mais il faut ne se faire aucune illusion. Cette révision de la Constitution n’est pas pour demain, le fossé entre les politiques et la justice n’étant pas près d’être comblé. Depuis la création du PNF, qui a pris un malin plaisir à les poursuivre en qualité de justiciables soumis comme tous à la loi, il s’est même approfondi.

Alors, pour que la justice ne soit plus l’institution la plus malaimée des Français, il faudra en passer par des réformes plus subtiles que structurelles.
Qu’elle conserve toques, hermine et robes, soit - la justice a besoin de décorum - mais qu’elle entreprenne de se dépoussiérer ! Qu’elle abandonne ses habitudes du silence, du mystère, de l’entre-soi, qui sont d’un autre siècle et la font juger hautaine, insensible, loin du peuple.

La première des réformes à entreprendre est comportementale. Les procureurs sont encore trop peu nombreux à savoir s’exprimer devant les médias. Trop nombreux aussi sont ceux qui ne le font que contre eux, pour rétablir la vérité, disent-ils. Il ne s’agit pas de bafouer le nécessaire secret de l’instruction, de dire à chaque instant où en est l’enquête, d’accepter toutes les questions - posées parfois par des « charognards » - mais d’établir un dialogue avec les journalistes, qui sont là pour répondre aux attentes justifiées du grand public. S’il en était ainsi, les procs deviendraient l’une de leurs sources, la plus fiables. Et une source, ça se respecte... un « taiseux », beaucoup moins.

De même, lors du procès, avec les multiples précautions qui s’imposent, le ministère public devrait pouvoir, en s’exprimant librement, rééquilibrer la balance, trop favorable aux avocats, dont les déclarations médiatiques, bien souvent, n’ont pour but que de se servir de la presse pour conforter leurs plaidoiries. Est-il normal qu’au procès Pelicot, une avocate ait étrillé l’avocat général en pleine audience et que ce soit le président du tribunal, sans lui dire son fait sans ambages, qui ait mis fin à l’agression ? Est-il normal que l’avocat général soit resté silencieux pendant et après l’incident ?

Plus délicate à mettre en œuvre que cette nécessité qu’est désormais la prise de parole publique des magistrats, est la réforme de la composition de la magistrature. Là encore, il ne s’agit pas d’ouvrir les portes à tous vents, mais d’établir des passerelles entre les divers métiers de la justice. Elles existent, mais sont étroites. D’autant plus étroites que ce « troisième concours » oblige à un séjour à l’École Nationale de la Magistrature.

L’ENM ! Voilà le vrai problème ! Tant que tous les magistrats devront être obligatoirement passés par le moule de Bordeaux, non seulement le corporatisme tant critiqué persistera, mais surtout, les juges seront tous face au risque de se ressembler les uns les autres. L’ENM étant aujourd’hui gangrenée par le Syndicat de la Magistrature, la production de « juges rouges » n’est pas près de se tarir... Et ce sont eux qui, appliquant scrupuleusement leur idéologie laxiste, pervertissant leurs collègues, sont la principale cause du désamour entre la justice et les Français.

La réforme de la formation des juges n’est pas envisageable dans l’état actuel du Parlement, mais il faut qu’elle figure dans les programmes des candidats de droite à la présidentielle. Il faut que, comme dans la quasi-totalité des autres grandes démocraties, plusieurs établissements, y compris privés, puissent former les futurs magistrats. Aujourd’hui, nous sommes sur ce point dans la situation d’un État totalitaire.

Si ces différentes mesures voyaient le jour, il est tout à fait probable que les Français auraient un autre regard sur les juges et la justice et que notre hôte retrouverait le goût de conseiller une carrière dans la magistrature.
Il est probable même que, la justice retrouvant la fermeté qu’on attend d’elle, il ne serait pas nécessaire d’en venir à une réforme controversée dans ses rangs, difficile à justifier - elle créerait une exception dans la fonction publique -, périlleuse à organiser : l’engagement de la responsabilité personnelle des magistrats lors de chacune de leurs décisions.

Si la chaîne judiciaire était exempte de maillons faibles -l’instruction et l’application des peines le sont aujourd’hui -, la magistrature, qui se plaint à juste titre de ne pas disposer des moyens humains et matériels nécessaires à sa mission, serait beaucoup plus entendue par l’opinion publique... et les politiques, qui sont les seuls responsables de ces déficits, devraient la satisfaire... quoi qu’il en coûte.

Le nouveau garde des Sceaux semble décidé à obtenir, dès cette année, les crédits indispensables à la première étape d’un chemin qui sera long. Mais ils seront inefficaces s’il ne parvient pas parallèlement à réduire la nuisance du SM. Il est hors de question d’interdire ce syndicat d’extrême gauche, mais il n’est pas interdit au ministre, outre les prisons, de tenter de « nettoyer » les parquets.

Robert

Je retiens de ce billet sans nostalgie mais qui fait un constat honnête et imparable :

"Un autre propos d'Alain Delon m'a touché encore davantage parce que je me suis rendu compte qu'au cours des multiples conférences et interventions que j'avais faites, spontanément ou questionné j'avais usé de la même argumentation que lui. "Si le jeune homme que j'étais venait aujourd'hui me demander mon avis sur son avenir, je crois que je lui conseillerais de tenter sa chance au football ou au tennis", avait-il confié. Pour ma part j'insistais sur le fait que, jeune étudiant, si j'avais à choisir un métier, l'état d'esprit de la magistrature actuelle et sa conception tristement prosaïque et décliniste de la Justice me détourneraient à coup sûr de celui de magistrat."

Il me semble que cela doit se retrouver dans la plupart des services régaliens de l’État où tout a été fait pour supprimer sa fonction d'autorité parce que nos "élites prétendues de gouvernement" sont depuis plusieurs décennies intellectuellement converties au choix post-national imposé par les États-Unis comme principe cardinal de la création de l'Union européenne et soumises à l'idéologie droit-de-l'hommiste et de "l’État de droit" dévoyée et mortifère qui sous-tend le fonctionnement de nos institutions.

Pour ce qui me concerne, j'ai fait une carrière dans la même institution régalienne que mon père. Lorsque j'ai embrassé cette carrière, mon père m'avait dit avoir connu une forme désormais perdue et donc m'a souhaité bien du plaisir.
Je n'ai certes pas été déçu par cette carrière, mais les évolutions qu'elle a connues depuis mon départ à la retraite ne sont plus celles qui avaient fait naître ma vocation.

Je pense donc qu'il s'agit de cycles liés à l'évolution des références institutionnelles, législatives, techniques, historiques comme des chartes professionnelles ou codes de déontologie qui font que, même en collant à l'actualité et en restant fidèle à l'esprit qui a justifié notre engagement, le décalage ne va que grandissant, ce que votre billet, Monsieur Bilger, illustre parfaitement.

Aliocha

@ Axelle D

Quand je comprendrai vos diagnostics, j'appliquerai vos remèdes, cher docteur...

Jean sans terre

@ Patrice Charoulet

L’envie ressentimenteuse est un vice banal et répandu à qui l’on doit la plupart des maux de la société.

Les hommes envient un bonheur imaginaire qu’ils supposent à tort réjouir autrui et dont ils se croient injustement dépossédés ; ce qui suscite à l’égard de ceux qui en seraient mieux pourvus qu’eux, dans le secret de leur cœur, une viscérale et inextinguible haine.

Patrice Charoulet

Sur YouTube, j'entends une dame, professeur d'université, grande connaisseuse de Montesquieu, et que j'aime beaucoup, dire soudain « une oxymore ». On ne peut tout savoir. « Oxymore » n'est pas un terme philosophique. Chacun son métier. Je tairai son nom.

stephane

@ Achille 03 janvier 2025 à 10:00 et aux autres

Achille, je vous rejoins sur certains points, mais en ce qui concerne votre évaluation de la sincérité de chacun, je vous trouve bien macronien.
Je pense que tous ceux qui vont sur ce blog sont sincères dans les commentaires qu'ils font, mais leur avis change.
Tenez par exemple, je trouvais Patrice Charoulet fatigant et hors sujet, sincèrement. Et puis j'ai changé d'avis. Je visualise en films ce qu'il raconte, l'imaginant déambuler dans les rues de Dieppe, évitant les trottoirs souillés.
Quant à sa prétendue modestie qui est une forme de vantardise, crdt sa personnalité. Au vu de son dernier commentaire, j'ai cru lire Patrick Balkany et ça m'a bien amusé.
Il s'en est mis plein les poches, tant mieux.

La question que je me pose est de savoir s'il faisait venir son poisson de Lutèce ou s'il s'est risqué à goûter du requin réunionnais.
Philippe Bilger détermine la ligne du blog, les commentaires de Patrice Charoulet sont étudiés et publiés. Rien à redire à cela.

Axelle D

@ Aliocha

« Or ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer, du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l'omoplate ; et parce que lesdites vapeurs... comprenez bien ce raisonnement, je vous prie ; et parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité... écoutez bien ceci, je vous conjure (...) ont une certaine malignité qui est causée... Soyez attentif, s'il vous plaît (...) qui est causée par l'âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs... Ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa, milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette. »

— Molière, Le Médecin malgré lui, acte II, scène VI

Xavier NEBOUT

La racine du mot « justice » est Jus, Dieu, car J et D, dans le cheminement des langues indoeuropéennes, se prononcent de la même manière.

Alors, la justice est l’œuvre de Dieu, mais on semble l'avoir bien oublié.
Mais quel est ce Dieu de « jus » ? Au-delà même de la conscience, avant : le verbe. Mais le di-able a ses ficelles : les honneurs, cette grandeur feutrée et silencieuse qui hante les palais, et dans lesquels tout est dans la subtile emphase dans le choix des mots pour tout corrompre.

Il en est pour qui un délinquant étant une victime de la société, c’est cette dernière qui devrait être condamnée. Alors on devrait le mettre dans un foyer aussi chaleureux que possible, lui donner l’éducation qu’il aurait dû avoir, et le faire profiter de vacances sur la Croisette en rattrapage.
Seulement voilà : la culpabilité ne s’évacue que par le sacrifice, consenti ou non. Et d’ailleurs, on punit, on protège la société, ou on réinsère ?

Il y eut la solution parfaite : la prison monastique. La cellule relayée à la chapelle par un canal auditif. Isolé du monde, le prisonnier n’entendait que les offices et le bruit de la trappe par laquelle on lui apportait sa pitance.
Régulièrement, le chapelain venait voir son aura. Quand cette dernière était « propre », il pouvait ressortir.
Est-ce cela que l’on apprend à l’école de la magistrature, à bien lire dans l’aura ? En réalité, ce sont les magistrats qui y sont manipulés par le diable, et le problème, c’est qu'on s’y plaît bien, en compagnie du diable.

Achille

@ Serge HIREL | 02 janvier 2025 à 22:53

Patrice Charoulet n’est pas un mauvais gars. Il nous raconte sa vie, comme le font également certains sur ce blog. Il semble s’en être accommodé et tant mieux pour lui.
Il est un personnage complexe. On y retrouve le maître d’école de Marcel Pagnol, le Candide de Voltaire et aussi un peu l’Harpagon de Molière.
Moi je le trouve plutôt attachant. C’est certainement le plus sincère d’entre nous.

Aliocha

Les ravis zemmouriens trouveront toujours un professeur qui a donné sa vie pour partager les lettres françaises comme responsable de leur sectarisme endémique, laissant à penser que la France, si elle sait entendre ses vieux magistrats incorruptibles, de notre hôte à genau, évitera les lapidations qui ferait d'elle une Syrie et renoncera aux facilités dictées par la passion des colères, pour enfin construire ce qui ne dépend que de ceux qui incarnent l'autorité à savoir exercer cet art de ne pas rejeter l'essentiel de la démocratie, sinon offerte aux dinosaures infantiles des jeux barbares qui la détruisent.

Comme en a témoigné la lettre historique signée par les syndicats de patrons comme de travailleurs pour réclamer au personnel politique la responsabilité de savoir s'entendre pour voter un budget indispensable, il est demandé à la magistrature par les citoyens responsables qui représentent encore un bon tiers du pays d'assumer son engagement, pour lui éviter de passer ses nerfs sur telle ou telle catégorie, laissant tomber la pierre de toutes les lapidations pour mieux paver le sol d'une démocratie enfin adulte, enfin apte à exercer son devoir, la liberté de savoir discerner le vrai du faux, comme le mal et le bien.

Serge HIREL

Que ceux qui espéraient concourir au Prix 2025 du meilleur Ravi du blog fassent leur deuil. Moins de 48 heures après le début de l’année, il est déjà raflé par Patrice Charoulet... Je crois qu’il avait déjà conquis haut la main les trophées précédents.
Personnellement, il m’amusait, m’irritait parfois. Maintenant, Monsieur Content-de-lui m’exaspère. Comme disait un député RN, qu’il y retourne en Afrique ! Il pourra contempler le désastre provoqué par lui et ses semblables. Je le sens capable de s’en féliciter...

Axelle D

@ Patrice Charoulet, 2 janvier 20:09
"j'ai bénéficié d'un logement de fonction, de vacances (offertes) chaque été en France, avec un salaire double. Ma fin de carrière fut dans un bel établissement et une villa en quartier résidentiel, à Saint-Denis de La Réunion, avec un bon salaire, treize ans durant (température toute l'année : 30° et près des plages)."

Et voilà à quelle aune un parfait fonctionnaire planplan, ici professeur de lettres, juge de sa réussite !
Pas sans cause que le pays aille aussi mal !

Patrice Charoulet

Cher Philippe,

Vous faites bien de louer les magistrats. Je partage vos louanges. Les gens d'extrême droite, bien souvent, décrient les élites. On se demande bien pourquoi. « Élite » veut dire « les meilleurs ».
Faudrait-il préférer les pires ou les nuls ? Aux magistrats, j'ajoute les avocats, les écrivains, les penseurs, les philosophes, les médecins...

Tout en honorant les membres de ces professions, je ne veux pas dénigrer la mienne. J'ai eu toutes les chances dans ma vie, notamment celle de pouvoir exercer le plus beau métier du monde : professeur de lettres. Chance encore plus incroyable : dans l'enseignement secondaire, tout dépend du lieu de l'affectation, je crois savoir que certains souffrent d'être affectés dans des établissements épouvantables, avec des élèves armés, drogués, dangereux, nuls... Les fées ont été gentilles avec moi.
J'ai enseigné vingt ans dans des lycées d'Afrique francophone avec des élèves peu nombreux, sages comme des images, j'ai bénéficié d'un logement de fonction, de vacances (offertes) chaque été en France, avec un salaire double. Ma fin de carrière fut dans un bel établissement et une villa en quartier résidentiel, à Saint-Denis de La Réunion, avec un bon salaire, treize ans durant (température toute l'année : 30° et près des plages).

Qui dit mieux ? Zéro problème, zéro chahut, zéro congé maladie, zéro grève, zéro dépression, zéro regret d'une autre profession. J'ajoute que j'ai peu tenu compte des consignes ministérielles et que j'ai privilégié La Fontaine, La Bruyère et quelques autres, en faisant connaître à mes élèves la meilleure langue française. Quelle meilleure vie ? Voilà pourquoi je n'envie personne.

Politiquement - nous sommes sur un blog politique - comment aurais-je pu être de gauche ?

genau

"La phrase nationaliste «sacrifier sa vie pour défendre sa patrie» est en outre remplacée par l’expression «sacrifier sa vie pour la cause de Dieu». Sont également annoncées des «modifications» drastiques des programmes d’histoire, de philosophie et d’éducation religieuse ainsi que la suppression de poèmes sur les femmes et sur l’amour."

Phrase tirée d'un article sur la modification des programmes scolaires en Syrie nouvelle.
Sans forfanterie, je me demandais par quel biais les intégristes religieux aux commandes commenceraient leur islamisation ; ça y est, par les enfants et leur éducation.
Quels sont les naïfs qui ont pensé qu'un État musulman gouverné par des gens intégristes puisse faire et dire autrement que la doxa qui l'anime ?

Secteur après secteur, l'étau va se resserrer, notamment sur les femmes et la vie publique pour finir aussi invraisemblable qu'un édit afghan.
Suivons la chose, ce sera un exercice de méthodologie passionnant et si je me trompe je le confesserai en place publique, au plaisir d'être lapidé.

Ellen

J'ai entendu un politicien dire sur un plateau TV il y a une semaine que 80 % des plaintes déposées au tribunal judiciaire sont classées sans suite par manque de temps pour les magistrats. Pareil pour les non-lieux délivrés sans motif sérieux ou pour cause d'insuffisance de preuves, ou d'une enquête non approfondie. Si l'avocat n'est pas tenace, la dossier part aux oubliettes (poubelle).

Si un tel constat s'avère véridique alors le délinquant peut dormir tranquille et recommencer sans se faire prendre, la victime n'aura plus qu'à raser les murs en rentrant chez elle par crainte que l'agresseur ne se retourne contre le (la) plaignant(e).

genau

Le moi est haïssable... et pourtant. Tel d'entre nous a dressé des catégories d'intervenants, de la neutralité à l'exécration. On ne sait pas où se placer. Quand l'existence s'achève, disons, à terme bref, on marche sur des oeufs, de peur de n'être pas secouru quand on sentira mauvais, de faire sourire quand on racontera et d'ennuyer quand on analysera pro et contra, enfin, quand on sera un vieil inutile, comme peut-être maintenant, dira certain.

C'était curieux de se dire "magistrat" avec un préfixe augmentatif au contraire de "ministre" qui implique une minoration, une diminution, c'est-à-dire "serviteur", comme Ruy Blas. C'est qu'on ne congédie pas un magistrat comme un ministre.
En revanche, le magistrat peut siéger les pieds dans le fumier sans démériter, le ministre péter dans la soie sans s'imposer autrement.

Tous ont des cellules dendritiques, mais pourquoi, grands dieux, ne prolifèrent-elles pas pour nous faire devenir Philémon ou Baucis ? sans doute parce que nous serions alors prompts à réclamer le chêne et méconnaître le roseau.

Serge HIREL

D’un métier à l’autre, la retraite n’est pas vécue de la même manière. Il en est quelques-uns qu’on ne quitte pas vraiment. C’est le cas du vôtre, Philippe. C’est aussi le cas du mien. En lisant votre billet, j’ai eu l’impression de l’avoir écrit tant je partage votre regret de constater comme vous, non seulement le peu d’estime portée à la belle et indispensable profession que j’ai exercée, mais aussi la piètre qualité d’un certain nombre de ceux qui, aujourd’hui, en apparaissent les meilleurs.

Certes, le journalisme d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. L’informatique, le numérique, l’électronique ont bouleversé les habitudes, de l’écriture à la diffusion. Demain, l’IA fera de même. Mais, sur le fond, rien ne devrait avoir changé, rien ne devra changer.
La déontologie professionnelle, la rigueur dans le contrôle de l’information, l’honnêteté dans le rapport des faits, le sens de la mesure dans le commentaire sont les piliers du monde des médias.

Tout cela n’est plus toujours respecté à la lettre... Trop souvent, la recherche de l’audience, une concurrence parfois malsaine, un goût trop prononcé pour le spectaculaire mettent à mal ces règles et conduisent le grand public à confondre médias et réseaux dits « sociaux ».

Comme vous, je ressens un manque de grands professionnels, de personnalités qui s’imposent par leur sens aigu de la mission de leur métier et leur excellence dans sa pratique. Mais, sur ce point, le constat diverge entre la magistrature et le journalisme. La première manque de têtes connues, le second en déborde... Elles sont une trentaine souvent à se chamailler, parfois à se congratuler, sur les plateaux TV, offrant aux téléspectateurs une sorte de comédie sans fin qui, d’abord les amuse, mais, finalement, leur met dans la tête que le journalisme n’a rien de sérieux... La trop grande proximité de ce « club des sachants » avec les politiques ajoute à ce rejet de l’ensemble de la profession (*).

C’est cette globalité imméritée dans l’opprobre qui m’enrage. « Les » journalistes... Non ! Quelques-uns, peu nombreux, ne sont plus respectables. Mais la quasi-totalité des professionnels des médias, y compris dans l’audiovisuel, exercent leur métier en en appliquant scrupuleusement les règles, respectent ceux à qui ils s’adressent, et sont passionnés par leur rôle dans la société.

De même que « les » magistrats, qui, si pour l’instant ils ne comptent plus dans leurs rangs des têtes qui dépassent, n’en sont pas moins pour la plupart - hormis les idéologues du SM -, des professionnels à qui il convient de rendre hommage.
Qui n’a pas admiré, sans connaître son nom (Roger Arata), le président de la Cour qui a jugé Dominique Pelicot et ses co-accusés ?

(*) Seul, Guillaume Roquette me paraît au-dessus de ce lot de « vus à la télé »...

Achille

« Alain Delon a écrit un jour à son amie Brigitte Bardot, avec cette lucidité amère qui était devenue sa marque de fabrique, qu'ils étaient des dinosaures et qu'il n'y avait plus aujourd'hui que des nains. » (PB)

Alain Delon a toujours eu une très haute opinion de lui-même au point, paraît-il, de parler de lui à la troisième personne comme le Général.

Mais, avec le recul on ne peut le lui reprocher.
En effet, rares sont les personnalités charismatiques aujourd’hui, que ce soit dans le monde artistique, littéraire, journalistique et surtout politique où l’on a atteint l’étiage.
Seul le sport offre encore quelques stars : Antoine Dupont au rugby, Léon Marchand à la natation, Teddy Riner au judo, Kylian Mbappé au football...

L’inconvénient quand on prend de l’âge c’est que l’on a tendance à se référer au passé qui paraît toujours mieux.
Déjà quand j’étais gamin j’entendais les "vieux" me dire "de mon temps c’était mieux".
Il est vrai que c’était l’époque des "yé-yé", des Beatles, de Johnny, à mille lieues des flonflons et des valses musettes de nos aînés.

Marc Ghinsberg

Tous mes vœux de bonne année. Aux immodestes qui se croient dinosaures, aux niais qui s’ignorent et à tous les autres qui ont comme ambition d’être à la hauteur de leur humaine condition.

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