Certes il ne m'avait rien promis.
Quand le 12 juillet 2022 j'avais écrit un billet ("Antonio Ferrara : une espérance inquiète...") sur Antonio Ferrara alors qu'il avait été libéré quatre jours avant, je n'avais aucune raison d'être hostile à cette décision qui résultait d'une confusion de ses peines. J'avais cependant donné ce titre à mon post, ce qui montrait un optimisme très relatif...
Parce que je me rappelais une réponse qu'il m'avait faite lors du procès où j'avais requis contre lui. Quand je l'avais incité à mettre au service d'une existence honorable ses qualités évidentes, il m'avait répondu qu'il ne se voyait pas vivre avec le SMIC. Ce pouvait être de l'ironie mais la suite a malheureusement démontré qu'il s'agissait d'une vérité indiscutable.
Interpellé, avec d'autres, à la suite d'une surveillance internationale alors que cette association de malfaiteurs se proposait de commettre un braquage en Allemagne, il a contesté sa responsabilité mais on verra ce que valent ses dénégations !
Je crains que pour le pire il ait été incapable de mener une vie avec des moyens limités alors que ses activités criminelles lui avaient permis un mode d'existence somptuaire. Il faisait malheureusement partie de ces êtres chez qui la morale pèse peu face à l'adrénaline des transgressions et au profit qu'elles rapportaient. Probablement une addiction aux vols à main armée comme il y a des dépendances à la drogue. Le désir irrésistible de fuir une liberté sans fortune au risque de se retrouver emprisonné pour longtemps !
Avec de telles dispositions, il était fatal qu'Antonio Ferrara retombât là où d'autres plus vaillants, plus solides, plus volontaires auraient su résister aux tentations.
Ce qui sans doute a précipité sa chute, c'est qu'AF n'a pas coupé avec son milieu, n'a pas refusé les sollicitations de la malfaisance et des voyous, n'a pas créé une cloison étanche, hermétique entre lui et le monde d'avant.
C'était ce que m'avait déclaré André Bellaïche du gang des postiches quand je l'avais questionné : il m'avait répondu que la seule manière de s'en tirer pour un condamné libéré était, avec rigueur et même dureté, de fuir le poison et les virtualités dangereuses de l'univers d'avant. La moindre rencontre, l'appel le plus anodin, le secours le plus évident.
À l'évidence AF n'a même pas dû tenter l'esquisse du moindre mouvement de normalité.
Il avait été incarcéré durant dix-neuf années. Seulement, pouvait-on penser !
Maintenant qu'il va faire l'objet d'une information et qu'elle va durer et que peut-être un long futur carcéral l'attend, je ne peux pas m'empêcher de songer tristement à lui.
Il ne m'avait rien promis, jamais, mais pourtant c'est comme s'il m'avait trahi. Les étincelles d'espérance qu'on pose sur une destinée malfaisante ne devraient jamais être détruites.
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