Par l'image et par les mots, la haine, aujourd'hui, se manifeste sans mauvaise conscience. Comme si on n'avait plus à avoir honte de cet extrémisme psychologique qui s'en prend à la personne au lieu de contredire l'idée qu'elle exprime.
Je m'en rends compte quand sur les plateaux, délibérément, je m'abandonne à une naïveté qu'on peut moquer mais qui a pour finalité précisément de distinguer l'homme de ce qu'il déclare. De séparer l'être de son opinion, de ses convictions.
Moi qui ne suis pas un béat dans ma vie personnelle, je ne me repens jamais, dans le domaine intellectuel, politique, de créditer le contradicteur ou la personnalité que j'évoque, quel que soit son camp ou la cause qu'il défend, d'une présomption de bonne foi et d'une sincérité minimale. Cela donne souvent à mes propos une tonalité complexe, d'aucuns diraient confuse, parce que je veux à toute force ne pas tomber dans le panneau d'une outrance qui confondrait le débat avec un massacre.
La haine est devenue la solution de facilité d'un monde qui refuse de penser. Le paradoxe est que cette détestation a dans beaucoup de registres une correspondance avec la position radicalement inverse, qui est l'inconditionnalité et la flagornerie.
Parce que remplacer la haine par la pensée, par une approche à la fois réfléchie et humaine du dialogue, n'est pas aisé du tout. Penser, c'est d'abord s'éprouver soi, se passer au crible, accepter d'arracher tout ce qui de près ou de loin, fond et forme compris, serait susceptible de favoriser une démolition personnelle... avec cette délicieuse et fatale propension à l'excès qui vous dépossède de vous-même et de votre lucidité, au détriment d'une controverse argumentée.
Je dois concéder que sans doute, en telle ou telle circonstance, j'ai failli à cette exigence de rectitude, tant il est difficile de s'abstraire d'une empathie ou d'une antipathie qui vous conduisent à donner forcément raison ou tort à qui vous plaît ou vous déplaît.
Mais je n'ai jamais oublié que haïr est la défaite la plus irrémédiable. Elle signe la déroute de l'esprit et promeut l'instinct, poison délétère.
Parce que penser n'est pas simple et enferme dans son infinitif tant d'obligations que la tentation du sommaire, du péremptoire, apparaît comme une délivrance ; pourfendre l'humain face à soi ressemble à un mouvement naturel et si légitime.
Parce que penser est une contrainte, presque une douleur. Il faut écouter l'autre, lui laisser sa place, le comprendre pour l'approuver ou le combattre, lui offrir l'opportunité de vous persuader, le remercier puisqu'il vous octroie le privilège de vous mettre en question, de constituer votre pensée comme une évidence qu'il convient parfois de discuter, voire de remplacer par une autre.
On aime haïr parce que les démons, un temps, ne nous obligent pas à nous tenir, à nous résister.
Mais un authentique humanisme doit reprendre le dessus.
@ hameau dans les nuages | 15 mars 2025 à 10:30
Don qui chochotte contre les moulins ! Il est vrai que vous êtes particulièrement doué pour brasser du vent !
Concernant les nuages, je préfère nettement être au-dessus ou au-dessous. Les yeux tantôt tournés vers le ciel ou braqués sur la terre afin d'atterrir au bon endroit. Question de vision.
Rédigé par : Axelle D | 15 mars 2025 à 18:04
@ Achille | 15 mars 2025 à 13:00
"Il a parfois tendance à "se la péter" mais dans l’ensemble c’est plutôt bon."
Je ne sais pas pourquoi, mais ces quelques mots me concernant me font penser au dépit décrit par Victor Hugo :
« Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là
Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;
Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile ;
Qui pour vous donnera son âme, s’il le faut ;
Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. » (Ruy Blas, II, ii.)
À être critiqué autant l'être pour quelque chose. ;-)
Bon et j'en resterai là, faut que je critique Emmanuel Macron dans l'autre billet. Y'a du boulot !
Rédigé par : Tipaza | 15 mars 2025 à 15:14
@ Michel Deluré | 15 mars 2025 à 10:59
« Vous avez frôlé Achille l'incident diplomatique avec Tipaza ! »
Juste une petite escarmouche sans gravité. Entre gens bien élevés ça ne prête pas à conséquence.
J’aime encore bien lire ses "divagations" (pour utiliser le terme qu’il a choisi). Il a parfois tendance à "se la péter" mais dans l’ensemble c’est plutôt bon. 😊
Rédigé par : Achille | 15 mars 2025 à 13:00
@ Achille 14/03/25 18:34
Vous avez frôlé Achille l'incident diplomatique avec Tipaza !
Rédigé par : Michel Deluré | 15 mars 2025 à 10:59
@ Axelle D | 14 mars 2025 à 20:46
J'avais lu. Je n'ai pas navigué en haute mer, n'ayant pas le pied marin malgré des origines en partie viking, mais j'ai navigué en haute terre, mettant ma vie parfois en péril (je reste dans le vague, vous m'accuseriez encore de narcissisme) mais tel Don Quichotte je m'aperçois que mon combat a été vain devant la bêtise humaine.
La tête dans les nuages mais les pieds bien sur terre.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 15 mars 2025 à 10:30
@ Tipaza | 14 mars 2025 à 23:32
« J'ai écrit un livre dans le style fantastique, tout mon entourage le trouve excellent, même ceux qui ne sont pas mes héritiers, et pourtant je n'ai pas trouvé d'éditeur. »
Vous devriez essayer d’utiliser l’influence de Philippe Bilger pour vous faire publier. Il vous doit bien ça !
Je suis prêt à acheter votre livre dès sa parution. :)
P.-S. : ainsi que le livre de Claude Luçon sur ses aventures au pays de l'or noir.
Rédigé par : Achille | 15 mars 2025 à 07:38
@ Tipaza | 14 mars 2025 à 23:32
Il vous reste l’espoir d’être reconnu à votre juste talent par un éditeur qui condescendra à faire imprimer et diffuser vos écrits à compte d’auteur.
Rédigé par : Vamonos | 15 mars 2025 à 03:31
@ Achille | 14 mars 2025 à 18:34
"Vous êtes passé par ChatGPT pour nous pondre ce post savant ou bien c’est du vrai Tipaza premier choix ?"
Le simple soupçon est une injure qui vous vaudrait ma haine éternelle ou mon mépris absolu, ou l'inverse.
Heureusement que vous concluez fort pertinemment par :
"J‘avoue que je suis impressionné !"
Vous êtes pardonné, et puis faut-il vraiment hiérarchiser les zones les plus sombres de l'âme humaine. ;-(
Je n'ai pas besoin de ChatGPT pour écrire mes divagations, par contre j'ai besoin d'un éditeur qui les accepte.
J'ai écrit un livre dans le style fantastique, tout mon entourage le trouve excellent, même ceux qui ne sont pas mes héritiers, et pourtant je n'ai pas trouvé d'éditeur.
Heureusement que mes commentaires sont acceptés ici. :-)
Rédigé par : Tipaza | 14 mars 2025 à 23:32
Petite réponse @ Exilé
Les Russes font tout pour exciter les divisions ethniques, religieuses, sociales, qui minent nos démocraties.
Démaquillez-vous les yeux avant qu'ils finissent par vouloir vous dénazifier.
Rédigé par : Aliocha | 14 mars 2025 à 23:04
@ Exilé
"Voir par exemple les attentats dont ont été victimes deux professeurs de lycée qualifiés de « Russes » par un ministre"
Bof, un journaliste malin aurait pu le crucifier sur place en l’interrogeant, à son tour, à propos des centaines de djihadistes partis faire la Guerre Sainte, décapitations et viols à la clé. Représentent-ils la France ?
Rédigé par : Valéry | 14 mars 2025 à 21:14
@ hameau dans les nuages 14 mars 18:00
Lisez le commentaire de caroff qui me semble répondre "parfaitement" à vos interrogations (cf caroff | 14 mars 2025 à 18:38).
Autrement dit :
"Pour retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu - et vivre encore - en haute mer menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la crête des certitudes royales..." Etc. etc.
Rédigé par : Axelle D | 14 mars 2025 à 20:46
Petite question.
Alors que la xénophobie fait désormais partie de l'arsenal législatif utilisé en premier lieu de façon dévoyée et hypocrite afin de réduire la liberté d'expression des Français lambda, comment se fait-il que les hommes du Régime et leurs médias stipendiés puissent se permettre, eux, de se livrer à une xénophobie anti-russe ouverte et déchaînée, selon laquelle les Russes sont accusés dans un « russian bashing » délirant de tous les malheurs du monde y compris et la plupart du temps d'événements dont ils ne sont en rien responsables ?
Voir par exemple les attentats dont ont été victimes deux professeurs de lycée qualifiés de « Russes » par un ministre ignorant qu'il existe 190 nationalités et groupes ethniques en Russie, dont les Tchétchènes, afin par une association d'idées subliminale, d'instiller une défiance anti-russe.
Est-ce avec ce genre de méthodes indignes que nous augmenterons les chances de paix dans une région du monde dans laquelle la France, par la voix des gens qui se sont autorisés à parler à sa place, a prétendu qu'elle pouvait se substituer à l'ONU dont c'est la fonction première ?
Rédigé par : Exilé | 14 mars 2025 à 18:59
Il n’est point besoin de haïr pour détruire autrui. La dénégation par l’indifférence de tout ce qui importe à l’autre navre autant et parfois même plus qu’une haine ouverte et affichée. L’autre y est plus subtilement et perversement oblitéré en sa qualité d’être humain. La haine du vulgum pecus, telle la bave, coule de ses lèvres ou, aujourd’hui, se déversent en laids messages sur la toile. Le bourgeois précieux est plus raffiné. Il occultera, n’orera pas, ne verra pas, drapé dans sa superbe indifférence. Qui des deux est le plus haineux ? Le vulgaire ou le pervers ? Chez l’un la haine est une manière de crier sa souffrance, chez l’autre l’indifférence est un apprêt pour ne la point montrer.
À force de haïr la haine sans s’appliquer jamais à la comprendre, elle nous en deviendrait presque sympathique !
Rédigé par : Jean sans terre | 14 mars 2025 à 18:52
À propos de haine, j'ai été intéressé par les souvenirs du général François Lecointre dans lesquels il explique comment la formation des militaires s'emploie à bannir la haine de l'ennemi.
Il pointe la difficulté à donner la mort, surtout en combat rapproché et raconte qu'à Sarajevo, dans une mission "baïonnette au canon", il voit son lieutenant (il est lui-même capitaine) touché au front.
Une envie de se venger à tout prix se lit sur son visage à tel point que son caporal-chef le regarde d'une façon étrange. ("Entre guerres" Gallimard 2024).
À ce moment-là il comprend qu'il ne se maîtrise plus et qu'il est prêt en conséquence à bafouer la dignité du soldat doué d'éthique qu'il tente d'être.
Le regard de son caporal a suffi à maîtriser sa haine.
"Mais un authentique humanisme doit reprendre le dessus."(PB)
Le général Lecointre a avoué être catholique et que sa foi l'a inspiré durant toute sa carrière.
Rédigé par : caroff | 14 mars 2025 à 18:38
@ Tipaza | 14 mars 2025 à 15:01
Ouh là là ! Vous êtes passé par ChatGPT pour nous pondre ce post savant ou bien c’est du vrai Tipaza premier choix ?
J‘avoue que je suis impressionné !
Rédigé par : Achille | 14 mars 2025 à 18:34
@ Axelle D | 14 mars 2025 à 13:39
"Combattre un adversaire d'idées, voire un ennemi, sans haine est autrement difficile, mais nous permet de garder notre propre humanité, tout en ne niant pas, définitivement, la sienne."
Sympathique votre raisonnement. Ainsi donc l'ennemi pourra compter sur votre humanité. Ce qu'il va prendre pour une faiblesse et en abuser. Mais avec vos mots vous pourrez faire face à ses maux sans aucun doute. Et si un jour vous n'avez plus les mots ?
Rédigé par : hameau dans les nuages | 14 mars 2025 à 18:00
Très beau billet, Monsieur Bilger, qui conduit à une réflexion sérieuse et approfondie.
Je rejoins les commentaires de genau | 13 mars 2025 à 19:39, vamonos | 14 mars 2025 à 03:33 et Michel Deluré | 14 mars 2025 à 11:28 qui ont chacun abordé différentes facettes de la haine et de ses causes et effets.
Ce billet m'a rappelé l'achat assez récent d'un livre de Pierre B. Décaillet paru en 2019 aux éditions Mondial Livre et intitulé "Quand on n’a que la haine à offrir en partage". Son titre est parfaitement explicite : Lettre ouverte à Slimane Zeghidour à propos de son livre "Sors, la route t'attend".
Malgré quelques coquilles liées sans doute à une relecture insuffisante, le propos aborde un sujet très actuel : la haine de la France et des Français entretenue par le régime en place en Algérie depuis l'indépendance et dans laquelle, par une falsification de l'Histoire, les dirigeants algériens ont élevé leurs concitoyens, dès leur plus jeune âge, dans cette haine sans cesse recuite et qui se veut servir de ciment à une société qui subit un régime particulièrement autoritaire.
Il cite notamment un texte de Pierre Malek de mars 2018 :
<< « L'histoire des Pieds-noirs » a souvent été déformée, car totalement méconnue, remplacée par une histoire coloniale qui manipule des catégories, mais ne considère pas les vivants, les rapports qu'ils entretenaient et leur vie quotidienne en Algérie. Ces Français sont oubliés et souvent caricaturés quarante ans après un exode dramatique. Sont-ils difficiles à comprendre ? Ils sont certes différents, tous n'étaient pas colons au sens strict. Nombreux étaient ouvriers, enseignants, chefs d'entreprise, commerçants. L'ensemble des Français représentait l’infrastructure économique du pays. Il ne s'agissait pas de riches propriétaires comme certains clichés le laissent penser. Il existe une histoire réelle, importante, entre Français et Algériens, faite d'échanges, de fraternité, parfois de tendresse. Il faut désormais souhaiter que les historiens repensent, réévaluent le passé des « humiliés de l'histoire ». >>
Mais ce n'est pas la "réconciliation des mémoires" voulue par monsieur Macron et confiée à Benjamin Stora, pétri de son idéologie, qui y procèdera.
Rédigé par : Robert | 14 mars 2025 à 16:55
« Pourquoi aime-t-on haïr ? » (PB)
La haine étant un sentiment, comment peut-on la mesurer et la quantifier de façon précise et objective depuis que la justice s'en est emparée, souvent de façon abusive et dévoyée, pour pénaliser certains propos qui relèvent généralement de la simple constatation sans connotation d'aversion, afin de restreindre la liberté d'expression des citoyens sur certains sujets de société qui dérangent un pouvoir en place et ses relais qui ne savent que s'enfermer dans le déni de réalité ?
Bref, le recours abusif à la qualification de « haine » ne relève-t-il pas d'une forme d'arbitraire ?
Rédigé par : Exilé | 14 mars 2025 à 16:41
@ Michel Deluré | 14 mars 2025 à 11:28
Je comprends très bien votre argumentaire concernant la supériorité - si je puis dire - de la nocivité de la haine en société, avec en plus la citation d'autorité de Freud.
Bon je vais essayer de formuler mon point de vue de façon différente.
Qu'est-ce qui est premier chez l'homme ?
Sa personne physique, son caractère social, Freud liant l'agressivité avec la vie de la société, ou sa conscience, ce qui fait qu'il est capable de se projeter dans l'abstraction d'un autre monde et donc d'une spiritualité qui fait sa spécificité ?
Abordant le problème ainsi, je suis évidemment en opposition avec Freud qui récusait le spirituel, objet de sa rupture avec Jung.
Il me semble que l'atteinte à la conscience, à l'esprit, à l'âme, choisissez le mot qui vous convient, définit le mal plus profondément que la seule atteinte à la personne physique et ses fonctions sociales.
L'un n'empêchant pas l'autre mais venant en aggravation du dommage physique et social.
C'est pourquoi le mépris porté à ses limites est un danger plus grave, car l'individu est touché dans ses profondeurs psychologiques, dont les blessures sont toujours très douloureuses, parfois plus que les douleurs physiques.
Et avec cela Freud est d'accord puisque la psychanalyse a pour objet de les réparer.
Le problème de la conscience se pose depuis la nuit des temps, formule qu'il amuse d'employer pour éviter de faire trop sérieux.
On peut considérer que tout chose, inerte ou vivante, végétale ou animale a une conscience.
C'est la vieille religion du chamanisme, en désuétude, ou encore du shintoïsme, antérieur au bouddhisme, qui a encore ses adeptes au Japon.
Et cette pensée, est de nouveau d'actualité en Occident sous une forme un peu différente, avec les mouvements vegan et antispécistes qui sont apparus ces dernières décennies.
Il ne s'agit pas de défendre le seul bien-être animal au nom d'une morale, mais au nom d'une conscience que possèderaient les animaux.
Dans un monde très matériel actuel, le fait que la conscience revienne à la surface, y compris sous des formes un peu caricaturales à mon goût, n'est pas neutre.
C'est la marque que l'expulsion de la religion traditionnelle chrétienne de la société, revient sous une autre forme, moins encadrée mais très prégnante chez ses défenseurs.
Quel rapport avec le sujet de la haine ?
Mais la supériorité dans le mal, du mépris à son extrême, parce qu'il touche au plus intime de l'être, à sa conscience, sur la haine dont je ne nie pas la dangerosité, évidemment.
Tout cela en quelques lignes d'un commentaire nécessairement schématique. ;-)
Rédigé par : Tipaza | 14 mars 2025 à 15:01
@ Michel Deluré
"Par suite de cette hostilité primaire des hommes les uns envers les autres, la société est constamment menacée de désagrégation."
Très juste.
Combattre un adversaire d'idées, voire un ennemi, sans haine est autrement difficile, mais nous permet de garder notre propre humanité, tout en ne niant pas, définitivement, la sienne. Or si l'autre n'est plus à nos yeux qu'une chose répugnante, un vil objet à détruire, à écraser comme un serpent venimeux, toute réconciliation, dialogue ou paix devient impossible. Ce qui revient à se haïr soi-même en recevant la haine en boomerang.
"Accepter d'être aimé... accepter de s'aimer. Nous le savons, il est terriblement facile de se haïr ; la grâce est de s'oublier. La grâce des grâces serait de s'aimer humblement soi-même, comme n'importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ.
"Encore faut-il avoir appris ce que tomber veut dire, comme une pierre tombe dans la nuit de l'eau ; ce que veut dire craquer, comme un arbre s'éclate aux feux ardents du gel, sous l'éclair bleu de la cognée. Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont les nuits ne furent jamais de tempêtes et d'angoisses ?"
"Pour retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu, - et vivre encore - en haute mer menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la crête des certitudes royales, l'amour alors peut faire son œuvre nous féconder, nous rajeunir."
(Paul Baudiquey, Méditation)
Rédigé par : Axelle D | 14 mars 2025 à 13:39
@ Tipaza 13/03/25 23:53
Il me paraît difficile de défendre que la haine n'est pas la « pire des attitudes », en regard par exemple du mépris, alors que l'on reconnaît qu'elle peut a minima nous amener à vouloir du mal à autrui, voire au pire à nous réjouir du mal qui lui arrive. La haine est bien, me semble-t-il, cette tentation de l'agressivité, de la violence, inscrite dans toute relation à l'autre et qui rend difficile, pour ne pas dire impossible, de la situer sur une quelconque échelle de valeur, par rapport à d'autres mauvais sentiments humains.
Sachant que la haine peut être source de violence et que la violence, secrétant du ressentiment, engendre elle-même en retour la violence, nous n'avons pas de peine à imaginer dans quel engrenage nous sommes alors entraînés. La haine n'est-elle pas finalement ce que Freud décrivait comme « l'existence de ce penchant à l'agression que nous pouvons ressentir en nous-mêmes, et présupposons à bon droit chez l'autre, (qui) est le facteur qui perturbe notre rapport au prochain (…). Par suite de cette hostilité primaire des hommes les uns envers les autres, la société est constamment menacée de désagrégation. »
Rédigé par : Michel Deluré | 14 mars 2025 à 11:28
@ Robert Marchenoir | 13 mars 2025 à 22:35
« Cette haine est-elle une faute morale ? À l'évidence non. »
À l'évidence vous ne distinguez pas bien votre haine de ce qu'est une faute morale.
Vous vous essuyez les pieds sur des millénaires de civilisation, au prétexte que vous croyez être le héros, ici, d'une grande guerre, ailleurs... Vous êtes sans doute le gardien et le protecteur de la haine et vous vous y livrez avec délices...
« De même, est-ce une faute morale que de haïr le nazisme ? Hitler lui-même ? Doit-on condamner ceux qui éprouvent cette haine aujourd'hui ? Ceux qui haïssaient le nazisme, les nazis et Hitler à l'heure même où leur pays était envahi ? Était-ce une faute morale, pour un Juif, que de haïr le nazi qui était en train de le pousser vers la chambre à gaz ? »
Vous vous prenez pour un juif conduit vers la chambre à gaz ? Que savez-vous des sentiments qui l'habitait alors ? Comment osez-vous conclure que la haine fut ce sentiment ultime ?
« Certains sont parvenus à ne pas éprouver cette haine. Il existe certes des saints, mais ne pas l'être n'est pas, en soi, une faute morale. »
Votre argumentation est basse, elle utilise des procédés veules et sales, elle manque de respect aux suppliciés, et ne vise qu'à en faire des moyens.
« Non seulement l'esprit, la pensée, sont compatibles avec la profonde antipathie ou la détestation, mais il faut prendre garde à ne pas condamner l'instinct a priori et en bloc. »
Vous auriez pu ajouter ceci :
« Non seulement l'esprit, la pensée, sont compatibles avec la profonde antipathie ou la détestation, mais il faut prendre garde à ne pas condamner l'instinct a priori et en bloc.
En conséquence, il est bon de consulter les dictionnaires, dès lors que la réponse à faire à M. Bilger est délicate, et que lui donner raison est périlleux.
« L'instinct sexuel lui-même est indispensable à la survie de l'espèce. »
Vous êtes allez trop haut pour moi, je crois que je n'ai jamais entendu un argument pareil pour justifier la haine, c'est tellement puissant et vrai que les larmes giclent de mes yeux de vache impavide telle Héra, je suis illuminée par tant de subtile vérité...
La société humaine est pleine comme un œuf de monstres muets et aveugles, qui se déverseront sur la Terre, tout entier livrés à leur haine et vous serez leur lanterne dans cette nuit affreuse que vous appelez de vos vœux d'ignorant brutal.
Réfléchissez !
Rédigé par : duvent | 14 mars 2025 à 10:04
@Tipaza | 13 mars 2025 à 23:53
« Niant son humanité, ils pouvaient tuer sans aucun affect.
Plus que le crime, ce qui est terrible c'est l'absence d'affect parce que celui qui est tué n'est plus un homme, mais une chose, un objet, et encore chose ou objet peuvent avoir leur utilité. »
Cela ne vous rappelle-t-il pas ce qui se passe aussi en France depuis quelques dizaines d'années ?
Rédigé par : Exilé | 14 mars 2025 à 09:49
Je me répète donc et à nouveau souligne que le réel des humains n'est pas rationnel, mais relationnel, quand on aura enfin cessé de confondre la religion avec les institutions cléricales, toujours et encore complices des oppressions politiques, mais portant néanmoins les textes fondateurs jusqu'à nous.
"La religion c'est ce qui relie et rien n'est plus religieux que la haine: elle rassemble les hommes en foule sous la puissance d'une idée ou d'un nom quand l'amour les délivre un à un par la faiblesse d'un visage ou d'une voix."
Christian Bobin
Le Très-Bas
Vive la liberté.
Rédigé par : Aliocha | 14 mars 2025 à 07:31
La haine est devenue la solution de facilité d'un monde qui refuse de penser.
Cette phrase apporte une réponse approchée à la problématique énoncée dans le titre. La question porte sur l’inclinaison vers la haine. Il me semble que la volonté de faire souffrir, l’amour de la douleur d’autrui et donc de soi-même est un comportement à la limite de la bipolarité. Car conceptuellement, l’amour est opposé à la violence et à la haine.
Il est devenu habituel de haïr par facilité, parce que la flemme est une glissade vers la paresse, tandis que l’amour nécessite du courage, de l’abnégation, de l’empathie ce qui est à l’opposé des tons émotionnels tels que la haine qui emmènent vers la torpeur, l’anéantissement, la mort.
Pour ne pas sombrer, le cerveau reptilien contient des câblage neuronaux pour activer l’instinct de survie. L’individu remonte alors vers des tons émotionnels qui hélas contiennent de l’antagonisme, de la violence, de la haine. Il faut passer cette zone pour atteindre des tons émotionnels plus apaisés où l’intérêt pour autrui et le monde extérieur devient la priorité pour de nouveau construire une relation constructive.
Un monde qui refuse de penser, qui fait des copier-coller, qui accepte la soumission à des idéologies, qui répète les mensonges des maîtres à penser, un tel monde est en phase terminale, il meurt. L’anéantissement est un vaste sujet, Dans son roman « Anéantir », Michel Houellebecq a dressé des tableaux saisissants d’un tel monde.
Mais il est plus facile de haïr Michel que de lire ne serait-ce qu'un seul de ses livres pour se faire une idée personnelle. Mais pour cela, voyez-vous, il faut avoir le courage de lire, d'écrire et de travailler par soi-même.
Rédigé par : vamonos | 14 mars 2025 à 03:33
"Mais je n'ai jamais oublié que haïr est la défaite la plus irrémédiable. Elle signe la déroute de l'esprit et promeut l'instinct, poison délétère." (PB)
La haine est-elle vraiment la pire des attitudes à l'égard de l'autre ?
Je ne le crois pas. Haïr c'est quoi au fond ?
C'est reconnaître en l'autre un mal, Le Mal à éliminer et si on n'y arrive pas soi-même, à se réjouir de sa mort. Mais le mal est le symétrique du bien.
Et donc la haine reconnaît l'humanité de l'autre tout en souhaitant s'en débarrasser.
Plus terrible me paraît le mépris, qui est l'abaissement de l'autre pour à la limite le considérer comme un non-être.
Mépriser revient à nier la part d'humanité chez l'autre.
Toute l'histoire des camps de concentration raconte que ce n'est pas la haine qui motivait les SS, c'était le mépris.
Ces gardiens de l'horreur avaient pour principe la négation de l'humanité du juif. Niant son humanité, ils pouvaient tuer sans aucun affect.
Plus que le crime, ce qui est terrible c'est l'absence d'affect parce que celui qui est tué n'est plus un homme, mais une chose, un objet, et encore chose ou objet peuvent avoir leur utilité.
Tous les survivants le disent, le plus terrible c'était la déshumanisation qu'ils subissaient.
Perdant leur statut d'humain, ils descendaient au niveau animal, et ils perdaient en eux-mêmes tout lien avec la transcendance, qui fait la différence entre l'homme et l'animal.
Ce qui s'est passé dans les camps de concentration est un cas limite de mépris, mais le mépris peut, à des niveaux inférieurs, être également une dépersonnalisation de l'autre.
Lorsque Achille | 13 mars 2025 à 06:23 traite de saltimbanques Pascal Praud et Cyril Hanouna, il leur enlève leur statut de présentateurs et commentateurs politiques, il réduit leurs personnalité à un autre niveau, dont on devine qu'il le place infiniment plus bas.
Alors quid du mépris dans la société ?
Il a deux effets :
Un premier c'est d'engendrer la haine la plus profonde.
Le méprisé tient alors ce langage :
Puisque tu me rabaisses alors je vais te supprimer et cela me haussera au niveau que tu me refuses.
Un second est d'entraîner un processus, que l'on pourrait définir comme parfaitement réversible.
Au mépris de l'un répond le mépris de l'autre, les deux mépris entraînant une haine définitive.
Rédigé par : Tipaza | 13 mars 2025 à 23:53
Question philosophique traditionnelle. Il est aisé de montrer que votre point de vue est erroné.
Vous nous dites que la haine est mauvaise, et qu'elle l'est en toute circonstance.
Afin de montrer l'absurdité de cette proposition, montons aux extrêmes (comme dit la langue de bois en vigueur). Prenons un exemple tiré de la réalité récente.
Le 28 février dernier, lors de la conférence de presse où Trump a entrepris d'humilier Zelensky dans le Bureau Ovale, il a dit, avant le déclenchement de l'incident, une chose qui n'a pas été beaucoup commentée.
Désignant de la main le chef de l'État ukrainien assis à quelques dizaines de centimètres de lui, parlant de lui à la troisième personne comme s'il n'était pas là, il a répondu ainsi à un journaliste qui lui demandait s'il n'était pas trop aligné avec Poutine : "Voyez la haine qu'il [Zelensky] a pour Poutine. C'est très dur pour moi de parvenir à un accord avec ce degré de haine. Il éprouve de la haine à un degré extraordinaire, et je le comprends, mais je peux vous dire que la partie adverse n'est pas exactement amoureuse de lui, non plus."
C'est l'une des choses les plus indécentes que Trump, Vance et les journalistes trumpistes ont dites ce jour-là dans le Bureau Ovale. Le type représente un peuple qui depuis trois ans (onze, en fait) est envahi, massacré, violé, torturé et génocidé par les Russes, et Trump dit sous son nez, en parlant à quelqu'un d'autre, que c'est vraiment pas bien de haïr les gens qui vous font ça.
Trump a raison sur un point précis : il est tout à fait exact que les Ukrainiens, désormais, haïssent les Russes. Tous les Russes. Pas seulement Poutine, les soldats russes ou les militants pro-guerre. Il est tout aussi exact que cette haine n'existait pas avant la première invasion, en 2014, malgré les menées constantes de la Russie, depuis 1991, pour subvertir l'indépendance du pays et le mettre à sa botte.
Cette haine est-elle une faute morale ? À l'évidence non.
De même, est-ce une faute morale que de haïr le nazisme ? Hitler lui-même ? Doit-on condamner ceux qui éprouvent cette haine aujourd'hui ? Ceux qui haïssaient le nazisme, les nazis et Hitler à l'heure même où leur pays était envahi ? Était-ce une faute morale, pour un Juif, que de haïr le nazi qui était en train de le pousser vers la chambre à gaz ?
Certains sont parvenus à ne pas éprouver cette haine. Il existe certes des saints, mais ne pas l'être n'est pas, en soi, une faute morale.
Cependant, lorsqu'on observe les exemples que vous donnez à l'appui de votre exhortation, on s'aperçoit que leur champ est beaucoup plus restreint. Vous parlez d'individus en chair et en os avec lesquels vous dialoguez sur les plateaux de télévision. À la rigueur, de personnalités (politiques, intellectuelles...) que vous pouvez être amené à critiquer en leur absence.
Il apparaît donc que vous vous appuyez sur une définition très restreinte de la haine avant de la condamner en bloc. Vous parlez d'individus que vous rencontrez, ou que vous pourriez être amené à rencontrer personnellement d'un commun accord. Vous parlez de personnes qui, même si elles sont très opposées à vos convictions, font partie d'une certaine élite sociale.
Et au sein de cette cible raréfiée, vous énoncez une définition très restrictive de la haine : si je vous comprends bien, il s'agirait du contraire d'une forme de bienséance combinant la politesse, la réflexion rationnelle et la prise en compte des arguments d'autrui, permise par une présomption de sincérité de sa part.
En d'autres termes, la haine serait simplement le rejet des règles millénaires du débat intellectuel à l'occidentale, telles qu'elles existent depuis la Grèce antique.
Un synonyme de la haine serait le sectarisme, l'esprit partisan, le refus de la nuance et de la pensée indépendante.
D'ailleurs, vous opposez la pensée à la haine.
Mais qui vous dit que les Ukrainiens qui haïssent les Russes en général, ou tel Russe en particulier, ne l'ont pas fait après mûre réflexion, exercice de leur pensée rationnelle, examen attentif des arguments de la partie adverse et même de ses sentiments ?
Tout montre, au contraire, que c'est le cas.
Dans un accès de charoulétisme exceptionnel pour moi, j'ouvre mon dictionnaire et je lis, à l'article haine : "Sentiment de profonde antipathie à l'égard de quelqu'un". La suite des définitions (Trésor de la langue française) précise que le terme peut s'appliquer à un groupe de personnes ou à une chose.
Mais une antipathie peut être parfaitement réfléchie, voire expliquée.
Tandis que vous, vous dites : "Haïr est la défaite la plus irrémédiable. Elle signe la déroute de l'esprit et promeut l'instinct, poison délétère."
Non seulement l'esprit, la pensée, sont compatibles avec la profonde antipathie ou la détestation, mais il faut prendre garde à ne pas condamner l'instinct a priori et en bloc.
Après tout, sans l'instinct de survie, nous ne serions pas là à deviser agréablement. L'instinct sexuel lui-même est indispensable à la survie de l'espèce. Certes, il convient de le maîtriser, mais enfin avant qu'il ne soit sublimé par les mille raffinements de la civilisation, il nous permet, tout simplement, d'être. Il est par conséquent bon par lui-même.
Vous rejetez la haine, "cet extrémisme psychologique qui s'en prend à la personne au lieu de contredire l'idée qu'elle exprime".
Là encore, vous vous placez dans le contexte extrêmement étroit du dialogue intellectuel dans un cadre organisé. C'est oublier que les idées se transforment en actes. Allez-vous dire aux Ukrainiens qu'ils devraient se contenter de contredire les idées impérialistes et génocidaires des Russes qui s'apprêtent à les violer ou à les torturer, et se garder de s'en prendre à leur personne ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | 13 mars 2025 à 22:35
@ Patrice Charoulet | 13 mars 2025 à 18:48
« Ne pas haïr Staline, Hitler, Poutine, Trump...? »
Pour commencer :
Je crois me souvenir que les appels à la haine sont condamnables...
Ensuite, pourquoi voulez-vous absolument haïr MM. Poutine et Trump ?
Que vous ont-ils fait personnellement ?
Et en quoi la haine à leur encontre vous grandirait-elle, alors qu'elle tend plutôt à ramener l'homme au niveau de la bête ?
Ne serait-il pas plus simple et plus intelligent de rédiger à l'attention de chacun d'eux une lettre exposant vos griefs et de les faire transmettre par leurs ambassades respectives ?
Note : pour éviter tout incident diplomatique, évitez d'inverser les courriers...
https://www.youtube.com/shorts/O8vIrm9e3gc
Rédigé par : Exilé | 13 mars 2025 à 20:53
Cher Philippe,
"On fut indigné, en vertu de cette haine que provoque l'avènement de toute idée parce que c'est une idée, exécration dont elle tire plus tard sa gloire, et qui fait que ses ennemis sont toujours au-dessous d'elle, si médiocre qu'elle puisse être."
Aussi difficile de sonder la profondeur de Gustave Flaubert que de suivre votre cheminement personnel. La haine est le poids de celui qui ne sait pas prendre de distance, analyser une situation ou trouver une médiation.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 13 mars 2025 à 20:27
@ Patrice Charoulet | 13 mars 2025 à 18:48
Exhaustivité et objectivité auraient dû vous conduire à ajouter (entre autres) Macron et von der Leyen à votre liste ; quant aux fonctionnaires bornés en retraite, le mépris est largement suffisant !
Rédigé par : revnonausujai | 13 mars 2025 à 20:10
@ Antoine Marquet | 13 mars 2025 à 18:09
« Votre position est noble, mais... pourquoi traiter Pascal Praud, journaliste, de "saltimbanque" ? Tant que vous y êtes pourquoi pas de clown ?! »
Certains lui refusent le titre de journaliste, lui préférant celui "d’animateur", ce qui me paraît plus approprié. Surtout si l’on considère qu’il utilise la même source que Marine Le Pen pour rédiger ses éditos.
Reste à savoir qui a copié l'autre... :)
Rédigé par : Achille | 13 mars 2025 à 20:04
Allez, Adolf, Rudolf, Hermann, Heinrich, je ne vous hais point.
C'est osé, pour peu qu'on le dise en litote.
Odiant ut metuerint, Lebon, si je m'en souviens, ne le cite que par hasard. Ici, la haine est prise comme une composante mineure de son objet : le pouvoir, et se trouve exonérée de connotation morale dans la mesure où elle s'exerce contre un sujet qui l'admet car elle a une contrepartie : la crainte, donc, c'est une manifestation incluse mais négligeable ; ça, ce sont les subjonctifs qui le disent.
SI on quitte la sphère du pouvoir : Antigone ne hait pas Créon, on en vient à un sentiment personnel, attaché à une personne, pour un motif quelconque dont il serait prétentieux de vouloir circonscrire la nature.
En effet, une virulence, une animadversion marquée contre un groupe quelconque passe vite pour une prévention, dénuée de fondement mais se cantonnent le plus souvent à une dérive de nature politique où le sujet individuel est englobé, souvent de façon excessive. C'est très près du contresens commis en permanence en France contre ce qu'il est convenu, à tort ou à raison, d'appeler l'extrême droite. Les circonlocutions adoptées pour en parler ont un référentiel commode : le nazisme en utilisant les points décrits comme communs :
- le recours au capitalisme en négligeant que toute société peu ou prou organisée qui n'y a pas recours reste dans les limbes du progrès technique si cher aux simples citoyens que nous sommes.
- la différence du socle de pensée entre gauche et droite, sans relever qu'aucun pays n'a jamais réussi à unifier la richesse ou la modestie parmi ses membres sans tenir compte de ses qualités "productives", Stakhanov restant de nos jours encore un détournement regrettable de la vertu exemplaire sociale en germe chez Lévy-Bruhl et achevée chez Lévi-Strauss.
Par voie d'adoption plénière, on a le droit de haïr le nazisme, mais pas le communisme chinois ou soviétique ou poutinien, d'ailleurs, parce que le second reste teinté d'une gigantesque escroquerie intellectuelle, tenant, non à ses théoriciens, mais aux hommes qui l'ont commise.
En regard, les considérations morales et individuellement accessibles sont de petite envergure : journalistes prétentieux, hommes qui se pensent politiques parce que retors, animateurs de banlieue diffusant des idées tronquées, détenteurs de digestes historiques sans avoir jamais lu une analyse exhaustive.
La où la haine a une véritable consistance, c'est dans le rapport personnel avec un déterminant originel puissant : l'affect domine alors.
On ne peut pas être partisan d'une extraction de ce sentiment sans qu'un fatalisme des puissants, ou une envie d'élimination ne reste chez ceux qui en sont affectés. Pensons à un crime comme celui exercé contre ce professeur : la pureté de la réaction de sa famille est instantanément ternie par la référence politique (au sens fort du terme) qui l'a englobée, relativisée et plongée dans le bourbier des choses discutables mais affirmées grâce à un fondement qui trouve sa haine dans l'engagement partisan.
Il est vain de croire à une domestication de ce comportement. Il est aussi vain de penser à une amélioration quelconque de la nature humaine. Pensons à Coffinhal "la république n'a pas besoin de savants", agissant par légalisme mais surtout haine des institutions monarchiques, rappelant que Lavoisier avait une charge de fermier général.
La haine colore l'acte d'un gris métallique, qui ne se dilue ni dans un chimérique sentiment d'amour ni de dialogue raisonnable. C'est une vertu de domination dont l'espèce humaine détient le secret.
C'est la définition de Shere Khan qui réfute la présence de Mowgli dans la meute d'Akela car le petit d'homme va bouleverser l'ordre naturel de l'indispensable violence pour vivre, en un système de valeur qui effacera toute pureté.
Rédigé par : genau | 13 mars 2025 à 19:39
Ne pas haïr Staline, Hitler, Poutine, Trump...?
Rédigé par : Patrice Charoulet | 13 mars 2025 à 18:48
À l'inverse nous connaissons ce slogan « vous n'aurez pas ma haine ! », slogan des lâches.
Le pire slogan alibi de tous les lâches, les veules, les soumis, les traîtres, les pleutres, les collabos, en bref, les de gauche comme toujours.
On baisse les bras, on a la trouille, on est des tocards gauchistes mais on a un slogan génial qui fait passer notre couardise pour un acte humaniste, généreux, repentiste, agenouilliste, aplaventriste.
"Vous n'aurez pas ma haine", le cri des c*ls tendus, c*ls en fleurs, c*ls en l'air sous les fourches caudines de leurs tyrans.
Rédigé par : sylvain | 13 mars 2025 à 18:44
@ Achille | 13 mars 2025 à 06:23
Votre position est noble, mais... pourquoi traiter Pascal Praud, journaliste, de "saltimbanque" ? Tant que vous y êtes pourquoi pas de clown ?!
Rédigé par : Antoine Marquet | 13 mars 2025 à 18:09
@ Ugo | 13 mars 2025 à 15:55
« Toutes les guerres sont le fruit de la haine »
Pas nécessairement.
Il peut exister des gens capables de vous trucider froidement sans éprouver la moindre once de haine envers vous si les intérêts de leur pays l'exigent.
Rédigé par : Exilé | 13 mars 2025 à 17:46
@ Exilé | 13 mars 2025 à 14:15
Darmanin est un âne qui souffle la propagande qu'on lui enseigne... Il vient bêtement d'insulter la mémoire de Samuel Paty et c'est triste...
Rédigé par : Ugo | 13 mars 2025 à 17:40
La naïveté est un état d'âme rassurant.
« Mais je n'ai jamais oublié que haïr est la défaite la plus irrémédiable. Elle signe la déroute de l'esprit et promeut l'instinct, poison délétère. » (PB)
"C'est une réflexion profonde sur la nature de la haine et ses conséquences sur l'esprit. La haine peut effectivement obscurcir notre jugement et nous éloigner de la raison. Cultiver des émotions positives et chercher à comprendre plutôt qu'à haïr peut mener à une paix intérieure et à des relations plus saines.
Pour avancer vers la paix, il est essentiel de promouvoir le dialogue, la compréhension mutuelle et des solutions qui respectent les droits et les aspirations des deux peuples. C'est un sujet délicat et sensible, mais le dialogue reste la clé pour surmonter la haine.
Toutes les guerres sont le fruit de la haine ou de l’ambition de chefs mal nommés qui tentent de conserver un pouvoir qu’ils risquent de perdre en temps de paix et cette année 2025 en fourmille d’exemples.
En attendant la prochaine guerre qui viendra obligatoirement obscurcir l'Europe !"
Rédigé par : Ugo | 13 mars 2025 à 15:55
« Par l'image et par les mots, la haine, aujourd'hui, se manifeste sans mauvaise conscience. Comme si on n'avait plus à avoir honte de cet extrémisme psychologique qui s'en prend à la personne au lieu de contredire l'idée qu'elle exprime. » (PB)
En clair, c'est la constation que la haine a désormais droit de cité en France, souvent d’ailleurs du fait de gens qui ne cessent de mettre en avant la trilogie des « valeurs de la République » dont la dernière serait la fraternité...
Mais quitte à nous répéter, toutes ces affirmations pompeuses qui ressemblent de plus en plus à des carabistouilles ne donnent lieu en pratique qu'à de pures fictions prouvant qu'il y a tromperie sur la marchandise...
Devons-nous attaquer l’État pour publicité mensongère ?
Rédigé par : Exilé | 13 mars 2025 à 15:54
La haine, la vraie, celle qui conduit à souhaiter en son for intérieur la mort de quelqu’un, sans même parfois l’exprimer, celle qui fera se réjouir lorsque celui-ci sera mort, physiquement ou socialement, est un sentiment bien plus rare que ne le laisse supposer l’emploi de plus en plus fréquent de ce terme extrême. Notre hôte a exercé un métier qui la prévient, la combat, la condamne, l’apaise. Par nature, il est un homme de dialogue. Qu’il s’en émeuve plus que d’autres, qu’il la soupçonne de gagner du terrain, qu’il alerte sur les dégâts irrémédiables qu’elle fait commettre, voilà qui est normal, sage et nécessaire.
Oui, la haine progresse quand le Hamas menace l’existence du peuple juif, quand Rima Hassan transforme les terroristes en « résistants », quand, en France, les islamistes multiplient les assassinats au couteau avec le djihad pour unique motif...
Oui, la haine progresse quand les dirigeants d’un parti politique et les députés de son groupe les approuvent, tout en se gardant bien de franchir la ligne qui interdit l’apologie de leurs crimes, quand ce parti, dans un but exclusivement électoral, attise les ressentiments et les envies d’en découdre d’une communauté qui, déjà, par ses mœurs et sa religion, vit « côte à côte, demain face à face » avec le reste du peuple national.
Oui, l’antisémitisme et le racisme, quels qu’il soient, sont des expressions de la haine. Oui, les visages « juivisés » de Hanouna et de Praud affichés hier sur les murs de Paris sont des relents du nazisme.
Mais non la haine n’a pas envahi les plateaux TV. Les échanges y sont parfois très vifs, les propos pas assez contrôlés, les postures bien trop caricaturales, les énervements visiblement exagérés, les attaques ad hominem trop souvent utilisées faute d’argumentation construite... Mais non, aucun débatteur n’a jamais voulu abattre son adversaire - « neutraliser », dit-on aujourd’hui dans cette société qui n’ose plus affronter la vérité des mots.
Seuls quelques spécimens, plus militants que journalistes, regroupés en colonies malfaisantes autour d’un même micro, s’adonnent à la haine de l’autre et, sans s’étendre sur le désaccord d’idées qui les sépare, font de l’adversaire un ennemi.
La liberté d’expression leur permet ces outrances. Leur répondre sur le même ton, c’est tomber dans leur piège, leur offrir de la visibilité et, finalement, faire progresser la haine. Mieux vaudrait que les journalistes et chroniqueurs de CNews, qui sont leur principale cible, les ignorent, exercent sans broncher leur mission d’information et fassent appel à la justice - la vraie, pas l’Arcom - quand l’un ou l’autre d’entre eux, aveuglé par sa hargne, dépasse les limites de la loi.
Le seul souhait à formuler est, non pas que ces morveux se taisent, mais que CNews offre longtemps encore des débats où seules deux attitudes ne sont pas admises : la langue de bois... et la haine.
Rédigé par : Serge HIREL | 13 mars 2025 à 15:04
@ Ellen
La Gaîté Lyrique ? Contrairement à vous je suis hyper-heureux de ce qui leur arrive, ce ramassis de gauchistes pro-migrants anti-RN récolte ce qu’ils sèment : leur collaboration avec ces envahisseurs migrants pour provoquer et narguer l’esstrêmeuh drouaaaate et passer pour des humanistes antifascistes.
Qu'ils cassent détruisent brûlent tout ce cloaque gauchiste ça me satisfait et me procure une joie intense, beau retour de bâton !
Mais je suis sûr que si on leur pose la question sur ce qu'ils pensent de cet événement, ils vont réciter leur catéchisme gauchiste habituel : « Tout ce qui arrive dans le pays c'est la fôôôte de l’eSStrêêêêmeuh drouaaaaate ».
Allez-y chers migrants, régalez-vous, continuez à nous donner le plaisir de voir ces gauchistes incurables patauger dans leur fange.
Rédigé par : sylvain | 13 mars 2025 à 14:30
Jusqu'où ces gens-là iront-ils dans le n'importe quoi ?
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-attentat-contre-mon-frere-ne-peut-servir-vos-interets-la-reponse-cinglante-de-mickaelle-paty-au-gouvernement-sur-la-russie-et-le-terrorisme-20250313
«C’est l’État français qui a refusé d’expulser la famille du terroriste qui a tué Dominique Bernard».
Mickaëlle Paty
Rédigé par : Exilé | 13 mars 2025 à 14:15
Haïr peut-être pas mais détester copieusement, pourquoi pas !
Des motifs de détester copieusement ci-dessous :
« À côté de ce que propose Poutine, ce que la France a vécu de 40 à 44 avec les Allemands, c’est peace and love »
Le général Yakovleff qui enchaîne les âneries...
LCI et tous ces généraux de plateaux TV, quelle horreur.
Boycott de cette chaîne. Stop aux abrutis qui croient avoir la science infuse !
https://x.com/arnoklarsfeld/status/1900101761345462635
"Il s’agit là d’une contestation et d’une relativisation de crimes contre l’humanité sur LCI sans que personne ne réagisse. Je rappelle que 80 000 Juifs ont été déportés de France sous l’occupation dont 11 000 enfants dont presque tous ont été gazés. Non LCI, l’occupation allemande n’a pas été « PEACE AND LOVE » !!" Arno Klarsfeld
Rédigé par : Isabelle | 13 mars 2025 à 13:42
@ Ellen | 13 mars 2025 à 06:44
« Le grand remplacement d'étrangers illégaux s'installe et c'est à nous, les Français, de partir de notre propre maison !! »
Mais chère Ellen, c'est l’État de droit, l’État de droit à la française vous dis-je, qui fait rire tous les malfaisants du monde entier...
Rédigé par : Exilé | 13 mars 2025 à 13:17
« Que l’homme perde sa faculté d’indifférence : il devient assassin virtuel » écrivait Cioran. La haine dérange parce qu’elle oublie la nuance essentielle, elle idolâtrise une idée simplifiée, elle s'accompagne de violence incongrue. La haine est un emportement qui pousse vers les autres pour les convaincre au plus vite, pour les enrôler dans des troupes fanatisées : un humanisme dévoyé. Toutes les idées sont quelconques, le seul intérêt de les défendre est de les ciseler, les mettre en correspondance, les mettre en doute.
Rédigé par : Olivier Seutet | 13 mars 2025 à 12:26
« Pourquoi aime-t-on haïr ? » (PB)
Excellente question, cher monsieur Bilger.
En fait, il convient de distinguer la haine que nous sommes susceptibles d'éprouver de nous-même, telle que vous la décrivez ici, de la haine résultant d'un conditionnement politico-médiatique collectif, employé avec abondance par les pires dictatures du XXe siècle mais hélas aussi par les « démocraties » ou prétendues telles qui souvent ne rechignent pas à recourir à certaines techniques modernes de manipulation des foules, étudiées par Gustave Le Bon en 1895 et ayant fait l'objet de l'ouvrage « Psychologie des foules », que chacun devrait posséder dans sa bibliothèque pour comprendre certains phénomènes liés à l'actualité qui nous échappent :
https://www.infoamerica.org/documentos_pdf/lebon2.pdf
« Les foules organisées ont toujours joué un rôle considérable dans la vie des peuples ; mais ce rôle n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui. L'action inconsciente des foules se substituant à l'activité consciente des individus est une des principales caractéristiques de l'âge actuel. » (Introduction de l'ouvrage)
Sur quels leviers les manipulateurs peuvent-ils jouer pour imposer leurs desseins à une foule ?
Le principe général est simple : si nous pouvons utiliser des arguments rationnels pour convaincre un interlocuteur avec qui nous pouvons discuter, il n'en va pas de même face à des « masses » ou simplement des groupes imperméables à toute rationalité.
Le plus simple est alors de jouer sur les émotions et les parties les plus basses de l'âme humaine pour manipuler les groupes ciblés, donc en jouant par exemple sur les peurs (peur de la guerre ou peur d'un virus) ou sur la haine (haine d'un ennemi réel ou supposé ou d'un adversaire politique diabolisé) pour arriver à ses fins.
Dans son roman « 1984 », Orwell qui avait acquis une expérience des méthodes marxistes-léninistes de conditionnement des « masses », a bien décrit l'instrumentalisation de la haine avec « les deux minutes de haine ».
Notons que de nos jours, l'effet de contagion rencontré chez des foules physiques peut aussi être obtenu chez des foules virtuelles (individus isolés mais en communication via des réseaux sociaux).
Rédigé par : Exilé | 13 mars 2025 à 11:51
Pourquoi aime-t-on haïr ?
Peut-être parce que, confronté et se comparant aux autres, l'homme prend alors conscience soit de sa supériorité, soit de son infériorité par rapport à autrui. Dans le premier cas, il entre dans une bonne estime de soi-même, dans le second il éprouve à l'inverse jalousie, envie. Mais finalement, qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre hypothèse, il est presque impossible qu'il n'en résulte pas rivalités, ressentiments, qui ne peuvent qu'engendrer une haine ordinaire pourrissant les relations humaines.
Une haine qui habite surtout les hommes qui, comme l'affirmait Blaise Pascal, sont convaincus par leur nature, qui est plus forte que tout, de leur grandeur là où la raison, à l'opposé, les convainc pourtant de leur bassesse.
——————————————————————-
@ Tipaza 13/03/25 09:06
Je suis sincèrement sensible à votre délicate attention qui vient illuminer ma journée. Vous conviendrez avec moi qu'il serait plus que bénéfique actuellement que la pensée de Montaigne illumine aussi les esprits de nombre de nos gouvernants ! Il ne vous aura cependant pas échappé qu'aujourd'hui j'ai fait une infidélité à mon directeur de conscience Montaigne pour Pascal.
Rédigé par : Michel Deluré | 13 mars 2025 à 11:41
Nous avons la haine des voleurs de salaires et avantages de hauts et petits fonctionnaires bien pourris, contre les travailleurs indépendants qui votent très majoritairement à droite, et celle des escrocs mi-fonctionnaires mi-politicards contre ceux qui voudraient dénoncer leurs gratifiantes carrières sous couvert d'être des défenseurs du bien public.
La haine est la vengeance de l'abaissement ; elle est le propre de la racaille, contre ce qui est pour eux inaccessible: l'honneur.
Ceci dit, c'est sans haine que j'en mettrais bien un beau paquet en taule, ne serait-ce que pour se faire du bien.
Rédigé par : Xavier NEBOUT | 13 mars 2025 à 11:37
Je saisis l’occasion de ce billet pour condamner de la façon la plus ferme les affiches de LFI mettant en scène Cyril Hanouna et Pascal Praud.
Quels que soient les désaccords que l’on puisse avoir avec ces deux personnalités, rien, absolument rien, ne peut justifier de tels procédés. J’espère que leurs auteurs auront à en rendre compte devant la justice.
Rédigé par : Marc Ghinsberg | 13 mars 2025 à 10:07
@ Ellen | 13 mars 2025 à 06:44
"Le grand remplacement d'étrangers illégaux s'installe et c'est à nous, les Français, de partir de notre propre maison !!"
Eh oui les fameuses "populations nouvelles" dont parlait, sans définir l'expression, la responsable locale de l'urbanisme lors de réunions publiques.
C'est au sens propre et non pas figuré qu'elle parlait de recenser les maisons vacantes ou insuffisamment occupées.
Mais cela ne suffit pas. Alors que le migrant bénéficie des soins gratuits, les héritiers doivent payer l'ASH (aide sociale à l'hébergement) de leurs aînés.
https://www.larepubliquedespyrenees.fr/societe/social/hebergement-cette-aide-sociale-que-les-heritiers-doivent-rembourser-23445471.php
Oui j'ai la haine, malgré que je ne sois pas concerné. Une haine saine renforcée par les quatre années de covidisme ayant saccagé les corps et les esprits.
Et que font nos politiques ? Rien, que dalle, oualou, kutchi, peau de balle… La politique du chien crevé au fil de l'eau.
Rédigé par : hameau dans les nuages | 13 mars 2025 à 10:03