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01 mai 2025

Commentaires

Lodi

D'abord comprendre le transgresseur, puis voir ce qui pourrait être sa peine ? Va contre l'idée que comprendre désarme, que l'empathie interdit les coups. Quoi d’étonnant ? L'être humain est un prédateur empathique, il se met à la place de la proie pour l'anticiper, la capturer et la tuer.
Tout cela, et bien d'autres choses, sont déroulées dans un livre passionnant, L'animal et la mort :

https://librairie-quilombo.org/l-animal-et-la-mort

L'auteur ne le dit pas, évidemment, mais il me semble que notre hôte et bien d'autres personnes se servent de cette caractéristique humaine fondamentale des plus refoulées chez ceux qui refoulent que l'être humain est fondamentalement en quête, de gibier pour commencer, et violent, vu que sauf dans les contes ou dans un monde coupé de la nature, l'animal, voire le plat cuisiné n'arrive pas sans qu'on doive le tuer.

Je pense que notre hôte a raison de ne pas nourrir d'illusion sur l'être humain et les dynamiques de groupe, et que cette lucidité ainsi que son côté prédateur empathique a dû l'aider et l'assiste encore dans Bilger les soumet à la question.

Et tiens, comme je suis d'humeur à ramener les comportements à la biologie, l'intranquilité me rappelle plutôt le comportement de la proie... Avec les humains, on ne sait jamais si on ne risque pas de se retrouver dans le rôle de proie. Me too ! pourraient dire bien des gens.

Il serait évidemment souhaitable que les humains ne s'en prennent pas les uns aux autres, et je comprends fort bien qu'en attendant, Valérie Thorin incite notre hôte à se retrancher loin des polémiques. Je n'ai, il est vrai, pas encore lu "il faut se battre pour des riens !" mais je présume qu'elle s'inquiéterait pour monsieur Bilger. Se battre, se battre sans fin, cela peut faire craindre burn out ou dépression. Quant à moi, je ne pense pas qu'il faille s'opposer aux vocations, si certains ont celle du débat, il faut leur souhaiter de s'y adonner, comme aux surfeurs d'affronter l'océan aux vagues engloutissantes.

À part la complicité entre notre hôte et son inquisitrice, tout cela était assez triste. L'état de l'Amérique actuelle aussi. Qu'est-ce qui ne l'est pas, le surf, la joie ?
https://www.youtube.com/watch?v=9D0fO6mWxeQ

Lucile

Après un ou deux jours de mise au repos mentale du décryptage de Philippe Bilger, j'y reviens parce que je pense qu'il manque un élément à l'étude (toute subjective) que j'en ai faite, mais qui n'est pas une découverte pour moi ; j'ai simplement oublié de l'intégrer à ma description.

Je perçois chez Philippe Bilger une forme de naïveté. Sur le plan politique, je me dis quelquefois qu'il est un peu trop facile à berner sur le moment, quand un de ces faiseurs qui nous gouvernent sait l'émouvoir par sa parole. Cette naïveté est liée à une capacité d'enthousiasme que je qualifie de "juvénile" : il ne laisse pas le vieil homme s'installer en lui-même. Donc qu'il la garde, pour notre bonheur à tous.

Bon, je me trompe peut-être, je m'avance peut-être un peu trop ? Je ne sais pas.

Michel Deluré

Lorsque vous dites qu'il faut accepter l'idée que l'accusé puisse aussi dire la vérité, il s'agit là d'un principe qui vaut, non seulement devant les assises, mais au quotidien dans notre rapport avec l'autre.

Nous avons un devoir d'écoute, d'interrogation, si nous voulons atteindre « cette obligatoire compréhension de l'autre » pour reprendre vos propres termes et pour porter un jugement sur celui qui évalue autrement que nous une situation quelconque, qu'elle soit morale, politique, professionnelle, en nous questionnant notamment sur les raisons qui poussent cet autre à un jugement différent du nôtre.

Nous ne devons pas perdre de vue que nous agissons souvent dans des conditions d'incertitude, d'ambiguïté, causes souvent de notre intranquillité et que cela doit nous inciter à une certaine prudence, à une certaine réflexion.

Tipaza

Mon inconscient m’a réveillé en pleine nuit pour me suggérer un addenda à mon commentaire précédent.

Chaque culture a sa formule pour désigner l’homme accompli.
En français c’est l’honnête homme.
En anglais victorien, c’est la réponse au « Si » de Kipling.
En espagnol il est une formule qui dit : « Un hombre hecho y derecho », dont la traduction littérale donne « Un homme fait et droit ».
Formule d’une platitude totale par l’absence de la rime riche qui donne sa force à l’espagnol.
Je propose comme traduction :
« Un homme de plénitude et rectitude », formule qui conserve l’esprit de l’originale en conservant la rime riche. Formule qui convient parfaitement à Philippe Bilger.
J’aime bien les formules qui densifient la pensée.

Mais je n’oublie pas « Sans la liberté de blâmer… » déjà dit. :-)

Robert Marchenoir

Je tire un autre enseignement de cet entretien, politique, celui-là. Ce que décrit Philippe Bilger de la façon dont il a exercé sa profession montre à l'évidence qu'il met la barre extrêmement haut. Il est manifeste, intuitivement, qu'il a été un magistrat d'exception.

Autrement dit, même s'il y en a d'autres, seule une infime minorité de magistrats sont capables d'en faire autant. Pour des raisons qui ne tiennent pas seulement au recrutement, à la formation, à l'effort sur soi, mais, tout simplement, à la génétique.

Je rapproche cela d'un thème souvent abordé dans ces pages, l'insatisfaction populaire vis-à-vis du fonctionnement de la justice.

En gros, l'essentiel des commentateurs tiennent que les juges sont des gros nuls, que la justice est laxiste, gauchiste jusqu'au trognon, etc.

Tandis que Philippe Bilger rejette cette thèse, affirme que la justice fonctionne bien mieux qu'on ne le dit, que les gauchistes n'ont pas l'influence que l'on croit, etc.

Bref, il prend la tête du parti anti-anti-petits pois, si je me fais bien comprendre.

D'où mon hypothèse : contrairement au soupçon un peu facile qui lui est immédiatement opposé, celui du corporatisme, il serait victime, dans son jugement supposé trop optimiste, de l'absence de vanité dont il fait état dans cet entretien.

En somme, il partirait du principe que tous les magistrats pourraient être aussi bons que lui. N'ayant pas suffisamment conscience de sa supériorité.

Si cette hypothèse est exacte, alors il est d'autant plus important que la qualité de la justice soit assurée, non pas seulement par une formation et un recrutement plus adaptés, mais par des règles de fonctionnement, une mécanique de l'institution, qui permettent de pallier les inévitables faiblesses humaines dont les magistrats eux aussi font preuve.

C'est, en somme, la thèse classique de la philosophie politique libérale, ou conservatrice, qui s'applique bien au-delà de l'institution judiciaire : la seule chose certaine étant l'imperfection de l'homme, celui-ci doit concevoir, et accepter, des institutions qui limitent ses propres dérives.

(Il est bien évident que l'on neutralise, dans ce raisonnement, l'influence des "moyens" : l'argument se tient à moyens égaux, puisqu'ils ne sont jamais illimités.)

Autrement dit : une bonne justice est anti-poutiniste, anti-trumpiste, anti-gaulliste, etc.

Tipaza

Un bel entretien, où la sincérité apparaît comme la qualité essentielle, ce qui en cette période n’est pas une mince qualité.
Lucile en fait un tel éloge qu’il paraît difficile d’ajouter quelques mots en plus. « Selon moi, Philippe Bilger est aussi un homme honnête » dit-elle, et elle a bien raison. Puis-je ajouter qu’il est aussi ce que l’on appelait autrefois un honnête homme.

La poésie étant ma seule boussole, je dirais que dans cet entretien il donne l’impression d’avoir répondu juste à tous les « Si » du fameux poème de Rudyard Kipling intitulé « Si », ou « If » en anglais, ce qui n’est pas rien.

Toutefois, comme « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur », je me ferai un plaisir de le contredire à la première occasion.

Lucile

Cette conversation ne change globalement pas la façon dont je vois Philippe Bilger quand je pense à lui, mais un petit peu tout de même !

Pour moi, Philippe Bilger est une sorte de sage, une figure tutélaire, un esprit mesuré parce qu'il s'entraîne constamment à ne pas en rester à une vision unilatérale des choses, et enfin un vrai défenseur de la liberté de pensée et de parole, ardent et sincère. Je n'avais pas besoin qu'il dise qu'on ne l'offense pas en ayant un avis différent du sien, j'en étais déjà certaine, et je trouve ça merveilleux. Tellement rare ! Selon moi, Philippe Bilger est aussi un homme honnête, foncièrement désintéressé, généreux, et, sinon optimiste, du moins positif comme le sont les actifs : il ne dit jamais que tout est perdu.

Le petit plus qui maintenant se superpose à ma vision de Philippe Bilger, c'est le sentiment de décalage q'il évoque et dont j'avais sans doute minimisé l'inconfort et l'aiguillon que cela représente pour lui.

C'est aussi quelque chose de jeune, de passionné, un élan et une intensité qui corrigent, sans l'effacer complètement, l'impression de sérénité que je lui attribuais.

Quelle bonne idée de nous avoir offert cet entretien. On n'y pensait pas, mais on se dit maintenant qu'il était indispensable. Merci à l'intervieweuse et à l'interviewé.

Axelle D

On sent chez Philippe Bilger un bouillonnement difficilement contenu, une faim d'entendre et de comprendre les êtres, mais en même temps une insatisfaction permanente. Peut-être parce que le monde qu'il côtoie le déçoit, moins en raison de son conformisme que de sa tiédeur et son impossibilité à se livrer jusque dans ses tréfonds.

Ce que la journaliste a nommé intranquillité serait donc un esprit sans repos et à la recherche de lui-même tout en sondant les autres, à commencer par les plus obscurs et atypiques.

L'écoute de cet entretien en multiples points d'interrogation et qui mériterait une suite, m'a d'ailleurs donné l'idée de me procurer un ouvrage de Fernando Pessoa : "Le Livre de l'intranquillité".

Robert Marchenoir

Bel exercice de corde raide entre la subjectivité et l'objectivité. Et prolongement bienvenu des articles autobiographiques de ce blog : l'usage de la voix donne à l'introspection une dimension qui dépasse largement celle de l'écrit.

Vous ne devriez pas regretter d'avoir embrassé la carrière de magistrat au lieu de celle d'écrivain. C'est à l'oral que votre mode de pensée se déploie pleinement.

Malheureusement, la société contemporaine offre peu d'espace à ce mode d'expression si difficile. La parole publique est reléguée à la démagogie politique et au caquetage médiatique.

C'est l'agora athénienne qu'il vous aurait fallu. On me pardonnera de penser que Sud Radio et CNews en sont des substituts bien imparfaits.

Pour terminer sur une remarque bas de gamme, je relève que la directrice de Fréquence protestante, conformément à l'image d'austérité qui s'attache à sa religion, utilise le stylo bille le moins cher du monde, le plus ancien et le meilleur : le Bic transparent à capuchon.

Une multinationale frôncése, Môssieur, qui fait rayonner le génie national bien au-delà des frontières. Un authentique "fleuron" qui n'a pas besoin d'être nationalisé par les ordures communistes de la CGT, ni "bradé" aux méchants Américains gentils copains de Donald Trump.

En conséquence de quoi, nos amis rouges-bruns n'en parlent jamais. Ils n'en ont que pour Alstom, qui sent bon la sueur de militant du PCF.

Achille

Philippe Bilger "soumis à la question". Voilà un entretien intéressant dans lequel il évoque les grands procès où il a été amené à requérir en tant qu’avocat général.
Il nous parle également de son addiction aux plateaux télé et notamment ceux de CNews, même si parfois il est chahuté par le maître des lieux.

Il est vrai que contester le propos de l’animateur de l’émission "L’heure des Pros", ce n’est pas toujours facile car il est coriace le bougre.
Mais certains y parviennent, malgré tout. Je pense notamment à G-W Goldnadel qui remis à sa place PP avec une petite pointe d’énervement.

On aimerait que les autres invités en fassent de même de temps en temps, mais je doute que notre hôte, profondément pacifique, nous fasse un jour une petite colère, fût-elle saine. :)

Tipaza

Coup de théâtre au centre droit !
Un postulant inattendu surprend tout le monde et semble vouloir arbitrer la compétition entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Il commence déjà à donner des interviews prometteuses, dans lesquelles il a l’intelligence de ne pas dévoiler ses intentions, ce qui rend le suspense insoutenable.

P.-S. : à dire vrai je n’ai pas encore écouté la vidéo. La préparation de la pancarte pour le défilé des retraités "zézés" qui refusent d’être lésés m’a pris plus de temps que prévu. Je reviendrai après l’avoir écoutée.

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