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12 juin 2025

Commentaires

Jean sans terre

@ duvent

On survalorise beaucoup trop légèrement l’inanité philosophique et morale qui découle de l’esprit cabotin des Lumières. Dévidez-en le fil. Il ne reste que l’inaccessible quête d’un bonheur terrestre réduit à sa plus stricte dimension matérielle. Faites choir cette philosophie des cervelles de la noblesse raffinée et inutile dans celles de bourgeois bornés puis dans celle d’un peuple stupide et apathique : la société de consommation dans sa laideur horripilante émergera et couvrira de sa poisse visqueuse les appétits et le goût.

Nous autres, Occidentaux, nous prenons pour un tout et une fin. Nous ne sommes plus rien que des vieillards lascifs assoiffés de jouissance. Les jeunes personnes n’ont pas même mûri que déjà elles ont fané et paraissent toutes décrépites. Jadis encore, l’on exprimait sans pudeur et sans réserve le désir naturel de jouir de soi. Expression désuète et tombée depuis dans l’oubli qui pourtant n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui. Croyez-vous que l’homme en fut rendu meilleur ? Non, sa tête dérangée est remplie de frustrations inassouvies et l’homme y est minuscule et sans grandeur, disposé à toutes les petitesses et prêt pour la plus infamante servitude.

Ce vendredi, j’ai ouï le sieur Le Jolis de Villiers de Saintignon s’exprimer sur son souhait naïf d’un désir de France. Qu’il est benoîtement présomptueux d’imaginer que le Français contemporain puisse encore inspirer à l’étranger le désir de lui ressembler. Ils voudraient que l’étranger les aimât pour ce qu’ils sont. Se sont-ils seulement interrogés s’ils étaient toujours aimables ? Ils ne le feront pas, préférant rester sur un quant-à-soi moins angoissant.

Ce dont les Français manquent le plus est d’un miroir pour y contempler toute l’horreur de leur déchéance. Si au moins encore, il leur restait un zeste d’orgueil. Pas même. Ne désirent-ils pas mourir dans la dignité ? Pas d’inquiétude, ils seront contentés. La société de consommation : fille bâtarde des Lumières et de la Révolution. Peut-être ne sont-ce rien d’autre que nos désirs qui dégorgent à en crever de nos vices ? Attribuer tous les maux de la société à l’étranger tout en s’épargnant commodément l’introspection est trop facile. Si quelque chose est pourrie au royaume de Danemark, il faut en chercher la cause en dedans de nous et remonter tout le fil à rebours.

Lucile

Dans n'importe quelle civilisation, dire non pose problème à la plupart des gens car il est beaucoup plus difficile de mécontenter que de plaire, sauf pour une catégorie de personnalités qui prospèrent dans la dissension. Le pourcentage des "non", même face à des absurdités évidentes ou à des injustices flagrantes, est souvent plus faible que celui des "oui". C'est vrai en politique, mais aussi dans nos transactions quotidiennes.

Je me souviens d'un livre intitulé "je me sens coupable quand je dis non", qui donnait des conseils tactiques pour dire clairement non sans en éprouver de remords. Il y avait la technique du disque rayé (répéter inlassablement la même chose sous la même forme) ; la technique du "Je" ("je ne viendrai pas vous voir le 14 juillet" au lieu de "ça sera difficile de circuler le 14 juillet" ) ; et, si je me souviens bien la technique qui consiste à mettre en avant ses goûts et ses choix personnels plutôt que des raisons logiques, car personne ne peut dire ce que vous éprouvez à votre place. Bartleby pratiquait ces 3 techniques. Mais il n'en pratiquait pas une 4e qui est de différer sa réponse si on ne se sent pas capable de dire non immédiatement. Et pour cause puisque sa réponse était toujours la même.

Tout ça parce que peu de gens acceptent de bonne grâce un refus, même légitime.

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@ Tipaza

Si ça peut vous consoler, chez nous aussi la jeune génération est anti-MAGA quoique profondément déçue après-coup par les démocrates.

Achille

@ Giuseppe | 15 juin 2025 à 09:42
« Sans parler d’Anne Nivat et autres s'inventant des supputations pour tenir deux heures d'info, elle me fait penser à une vis sans fin... »

Anne Nivat je ne connais pas. Il semblerait qu’elle officie sur LCI et je ne vais jamais sur cette chaîne.
En fait je fais la navette entre France Info quand je veux des informations à peu près objectives et CNews quand j’ai envie de m’amuser un peu.
"L’Heure des pros" ressemble un peu à l’émission de Canal+ des années 90 "Les Guignols de l’info", à la différence que les sketches ne sont pas préparés à l’avance (encore que parfois on peut se poser la question).
Les personnages ne sont pas des marionnettes, mais par contre ce sont de vrais guignols (à l'exception de notre hôte, bien entendu ! :)

Giuseppe

@ Achille | 14 juin 2025 à 09:57

Excellent ! Ceux que vous citez sont parmi les plus prolifiques pour battre des blancs en neige toute la journée, des champions ! Du moindre grain à moudre ils en font une poche de pop-corn.
Sans parler d’Anne Nivat et autres s'inventant des supputations pour tenir deux heures d'info, elle me fait penser à une vis sans fin... L'art de dire pour parler et de ne rien dire, si ce n'est produire du vent. Elle m'insupporte de plus en plus.

Tipaza

@ Lucile | 14 juin 2025 à 23:12
"Je ne trouve pas la formule ambiguë du tout, et pour un anglophone elle ne l'est pas. C'est même une fin de non-recevoir qui bat tous les records de politesse"

Vous avez raison... pour un anglophone... je dirais même plus, pour un biculturel, parce qu'il y a dans cette expression plus qu'une forme de langage, une forme de pensée, dans laquelle la négation brutale est incorrecte.

Cela m'a posé quelques problèmes de communication avec mes petits-enfants. Ma fille avait trouvé un bon job à Cambridge et ses enfants ont fait leurs études primaires et secondaires au King's College. Pourquoi pas ;-).
Un jour que je demandais au plus petit d'aller me chercher un objet de l'autre côté de la maison, il me fit une réponse alambiquée un peu comme celle de Bartleby, et comme j'insistais, il a fini par me dire "je ne suis pas ton servant" (sic).
Imaginez ma réaction de sudiste méditerranéen un peu simpliste.
À aucun moment, il n’a dit non explicitement. Discutant avec ma fille, j'ai découvert l'art subtil de la langue anglaise de bonne éducation, où tout doit être lissé.
La langue anglaise offre des possibilités de second choix dans ses formules, si je puis dire. Ce n'est pas une critique, un simple constat.

L'exemple emblématique de cette subtilité est la résolution 242 de l'ONU votée le 22 novembre 1967, à la suite de la guerre des Six Jours, demandant le retrait d'Israël... et c'est là qu'est l'os...
En anglais le retrait DE territoires occupés,
Et dans la version française DES territoires occupés.
Les deux parties arabes et israéliennes se battent encore, au propre et au figuré, sur la bonne version.

Bon voilà. Ceci dit le biculturalisme est une richesse pour l'individu, quelles que soient les cultures impliquées. Richesse à conserver précieusement.
C'est ce que je m'évertue à dire à mes petits-enfants qui après le King's College, sont passés par les universités californiennes et devenus de vrais Américains... anti MAGA... pffft... Nobody's perfect !

Julien WEINZAEPFLEN

"I wood prefere not to do" est le mot de l'à-quoi-bonisme contre lequel je dois lutter tous les matins avant de chausser mes braies pour apprendre ou espérer transmettre quelque chose, sans quoi ma vie ne vaudrait pas d'être vécue, me disait un ami. Les mauvaises langues vous diraient que c'est le mot de la Collaboration.

Mais c'est aussi - et là, c'est Roland Barthes qui reprend la main - le mot de l'épochè, de l'abstention de se prononcer, de l'indécision philosophique, en face de tous ceux qui vous demandent de pétitionner et de vous engager, le mot du "dégagement", dirait Régis Debray. Je ne sais pas si c'est un mot honorable, mais c'est le mot de la dépression, et la dépression n'est pas une maladie déshonorante.

Lucile

@ Tipaza | 14 juin 2025 à 18:35

Je ne trouve pas la formule ambiguë du tout, et pour un anglophone elle ne l'est pas. C'est même une fin de non-recevoir qui bat tous les records de politesse, de concision et d'efficacité quand elle est utilisée à bon escient ; une préférence, ça ne se discute pas.

Préférer s'abstenir n'est pas absurde en certains cas, et n'a rien d'ambigu. Simplement, on ne peut pas en abuser. Dans le cas de Bartleby c'est la systématisation de son attitude de repli qui le rend inadapté et le conduit à la mort. Mais c'est une création littéraire.

duvent

Oui, oui, oui... « Je préférerais ne pas », voilà une phrase à peu près aussi idiote que celle de Camus dont on nous abreuve sans répit qui est « un homme ça s'empêche. »

Voilà bien les hommes, il leur faut des phrases courtes pour que leur petit cerveau paresseux ne se cogne pas sur trop de mots, si on en met un paquet on va complexifier, et ça, c'est pas bon...

Alors, je vais vous dire M. Bilger, ce que j'en pense moi, de ce "je préférerais ne pas", ben, je n'en pense que du mal.

Faire de Bartleby un parangon de vertu est cocasse, car il est assez clair que la posture qui consiste à se comporter comme M. Patate pour bouleverser le monde est comment dire, un peu juste.

S'opposer en refusant, jusqu'à l'extrême, le système, est à la fois d'une grande stupidité et d'un grand repos, surtout d'un grand repos.

Il est vrai que pour ce qui est de se reposer, en art, comme en politique, comme en tout le reste "je préférerais ne pas » est suivi au pied de la lettre...

J'affirme que "je préférerais ne pas" est à peu près aussi intéressant que : « pense à me réveiller pour traire les vaches », ou « je suis extrêmement sensible épargne-moi mon Dieu », ou « quand je trouverai la fontaine de jouvence j'achèterai des actions chez Sanofi », ou « j'aime écouter le vent souffler dans les branches de sassafras », avec des sentences de ce calibre, on avait de la chance d'avoir Deleuze pour pondre ses œufs de repriseuse...

Donc, et pour ne pas encombrer l'espace, il serait heureux que l'homme vertueux se dispense de satisfaire les imbéciles en leur trouvant de quoi ruminer sagement. Bartleby est le prototype de la vacuité, qui ne saurait en aucune circonstance servir à qui que ce soit pour sortir de la nullité, laquelle est désormais affichée comme une philosophie de haut parage.

Dès lors, "je préférerais ne pas", c'est le choix de l'homme vide, qui ne s'oppose à rien, qui ne veut rien, qui n'envisage rien, et dont la peur a rongé les tripes, car il est évident que la peur est la clé qui coupe le contact, alors, entendez le bruit des hommes qui pensent, ce n'est pas tout à fait le même que celui des hommes "qui préféreraient ne pas".

La plupart des hommes sont des clowns pervers, qui "préféreraient ne pas" prendre trop de risques, pas trop penser, pas trop vieillir, pas trop respecter le monde, pas du tout respecter l'homme, et pas mourir, ça ils préféreraient ne pas...

La société de consommation a dissout l'homme dans un bain d'idées pourries, il ne reste rien, et rien c'est un oubli profond, silencieux et obscur qui entoure le héros « qui préférerait ne pas », car il existe ce jour où les clampins ont pris ce vide pour une nouvelle école de philosophie.

Tipaza

@ Marc Ghinsberg | 14 juin 2025 à 16:39

Merci pour l'info concernant Alan Watts que connaissais par son livre "L'Esprit du Zen", lu il y a bien longtemps.

L'article cité dans votre commentaire de 11:09 m'a vivement intéressé.

J'ai retenu en particulier ceci :
"Formule de l’ambiguïté s’il en est, puisqu’elle n’oppose pas un refus, un « non » pur et simple, mais laisse la possibilité du oui et du non, avec l’ouverture du « I would prefer » et la fermeture du « not to »."

Évidemment, je n'ai pas pu faire autrement que de relier cette analyse de la formule de Bartleby, avec une formule au moins aussi célèbre, le "en même temps" macronien.
À l'ambiguïté de la formule de Bartleby, la formule de Macron ajoute la confusion de l'impossible instantanéité dans l'action, et les deux formules aboutissent à la même inefficacité.

Bartleby finira par ne rien faire, et Macron au bout de huit années de mandat n'a pas fait grand-chose, ou si peu que pas, pour reprendre une formule des paysans de mon village.

Ceci dit l'article cité est passionnant, même sans faire le rapprochement forcément partisan que j'ai fait.

Marc Ghinsberg

@ Tipaza 14/06/25 12:57

La citation « La vie est le seul jeu dont l'objet est d'apprendre les règles du jeu » est attribuée à Alan Watts, philosophe et écrivain britannique connu pour ses travaux sur la philosophie orientale et la spiritualité.

xavier b. masset

@ Tipaza | 14 juin 2025 à 12:57

M'en souvenir, je préférerais ne pas.
Le souvenir mène à toute remembrance à condition de s'anéantir.
Un jeu à homme nul (nul comme un ange nu avec une seule aile).

Michel Deluré

@ Tipaza 14/06/25 12:57

Je ne vous fournirai pas la réponse, je l'ignore, mais Einstein, lui, y apportait un complément en précisant : "Il faut apprendre les règles du jeu et ensuite jouer mieux que tout le monde."

Achille

@ Michel Deluré | 14 juin 2025 à 10:58
« Je pense plutôt que l'humanité, comme elle nous en a hélas donné déjà de nombreux exemples depuis ses origines, loin d'être arrivée au bout du chemin s'est à nouveau écartée du droit chemin pour s'aventurer sur des terrains dangereux. »

L’humanité a réussi à survivre à ses erreurs car elle n’avait pas les moyens de commettre l’irréparable. Il n’en est plus de même aujourd’hui avec les apports de la science et de la technologie.
Nous ne pouvons plus revenir au XIXe siècle comme le voudrait bien Philippe de Villiers (*).
La société a changé, le monde du travail a changé, la démographie nationale aussi, les mœurs également. Impossible de revenir en arrière.

Et tout démontre que les humains ont de plus en plus de mal à s’intégrer dans le monde actuel à la technologie de plus en plus complexe, notamment avec l’IA qui va complètement bouleverser notre mode de vie professionnelle et privée (**).

Les générations futures (disons dans une trentaine d'années) vont vivre dans un monde complètement nouveau dont on ne saurait imaginer les conséquences sur la nature humaine.

(*) Voir à ce sujet son émission d’hier dans laquelle il évoque la cellule familiale avec le retour du père chef de famille, ceci sur une musique de fond bucolique. Difficile de faire plus dans le pathos.
(**) Revoir à ce sujet l’émission sur l'IA qui est passée sur LCP ce matin.

Tipaza

@ Michel Deluré | 14 juin 2025 à 10:58
"Il faut croire que le temps d'apprendre à vivre dont parlait déjà entre autres Montaigne et bien après lui Aragon est décidément très long !"

La vie est le seul jeu dont l'objet est d'apprendre les règles du jeu.
Je ne me souviens plus qui l'a dit.

Marc Ghinsberg

À propos de : « I would prefere not to do ».

https://laviedesidees.fr/Bartleby-le-prefere-des

Michel Deluré

@ Achille 13/06/25 12:02
« J'ai le sentiment que l'humanité est arrivée au bout de son chemin. »

Je pense plutôt que l'humanité, comme elle nous en a hélas donné déjà de nombreux exemples depuis ses origines, loin d'être arrivée au bout du chemin s'est à nouveau écartée du droit chemin pour s'aventurer sur des terrains dangereux.

Nous aurions pu penser que cette humanité aurait suffisamment appris de sa longue Histoire, mais il s'avère qu'il n'en est toujours rien. Il faut croire que le temps d'apprendre à vivre dont parlait déjà entre autres Montaigne et bien après lui Aragon est décidément très long !

Ayant apparemment beaucoup encore à apprendre, l'humanité en est ainsi toujours à commettre des erreurs mais rien ne permet pour autant d'affirmer que celles, graves, dont elle se rend coupable aujourd'hui sont le signe du terme du chemin plus que ne le furent celles, tout aussi graves, commises hier.

Exilé

« "Je préférerais ne pas". » (PB)

Par ces temps où les matamores moutonniers et autres fauteurs de guerre irresponsables attisent les braises d'une conflagration, peut-être que celui qui exposerait sa réticence à en souhaiter l'éventualité, alors que lui-même a déjà donné des preuves de son expérience sur des théâtres d'opérations extérieurs, représenterait alors autant la morale que la sagesse ?

Achille

Des gens qui "ne s’empêchent pas" on en trouve surtout sur les chaînes d’info continue et en particulier chez celle qui se targue d’être la première d’entre elles.

Certains journalistes (*) ne peuvent, en effet, s’empêcher d’étaler leur détestation envers Emmanuel Macron. C’est carrément pathologique
Ils reprochent au président de trop parler, mais eux parlent toute la journée pour dire toujours la même chose.

De quoi parleraient-ils si Emmanuel Macron n'existait pas pour satisfaire leur obsession ? :)

(*) Je citerai les plus "gratinés" : Yoann Usai, Gauthier Le Bret et Eliot Deval. Mais j’en oublie certainement…

stephane

Ce qui m'impressionne le plus dans la situation actuelle, c'est la capacité des gens essentiellement de gôche, anciens Premiers ministres, à vouloir conserver chauffeurs et garde du corps, sous prétexte qu'ils se sentent en insécurité. Élisabeth Borne en est le parfait exemple, mais on peut remonter à Jospin.

J'ai toujours un peu de compassion pour le chauffeur et le garde du corps qui attendent dans la voiture que leurs Thénardier ait fini de raconter leurs inepties à la télévision et préparer leur prochaine élection tant ils se sentent indispensables.

Finch

C’était un de ces jours gris où Paris semble retenir son souffle. La pluie perlait doucement sur les vitres de l’hôtel particulier de la rue Le Sueur, cet écrin bourgeois du 16ᵉ arrondissement, trop calme, trop parfait. Le docteur recevait peu. L’homme avait ce port discret des gens qu’on n’interroge pas. Et pourtant, dans son œil, quelque chose luisait — un éclat froid, clinique, calculateur.

Ce jour-là, il franchit le seuil du commissariat de quartier, le chapeau à la main, le regard humble, presque bienveillant. Il demanda à être reçu par le commissaire. Il avait un projet, disait-il. Une proposition d’utilité publique. Il souhaitait mettre ses compétences au service de la République : se rendre disponible, en toute discrétion, pour les autopsies, les accidents, les drames du quotidien. « Je suis médecin, et légiste par vocation, » déclara-t-il avec une voix d’autant plus assurée qu’elle ne tremblait jamais.

Le commissaire, un certain Max Fernet — homme de peu de mots, mais de beaucoup de flair — leva les yeux de son bureau. Il observa longuement le docteur. Il écouta, sans rien dire, les phrases bien tournées, les promesses de disponibilité, le goût du service. L’homme en face de lui parlait comme on écrit une lettre de condoléances : avec componction et le vernis exact de la bienséance. Et pourtant…

Quelque chose clochait. Une raideur dans les gestes, une trop grande maîtrise, une volonté de paraître trop parfaite. Ce genre d’homme n’était pas fait pour se salir les mains sur les trottoirs du crime. Il ne demandait pas à aider : il cherchait une clef. Un accès. Un passe.

Alors, Fernet eut cette réponse étrange, presque souriante :
— Je préférerais ne pas.

Le silence tomba. Pas un refus brutal. Pas une insulte. Juste cette phrase, nue, polie, presque mélancolique. Le docteur inclina la tête, salua, et disparut. Rien ne fut noté. Aucun rapport ne fut rédigé. Et pourtant, ce jour-là, la mort fut tenue à distance.

Des années plus tard, on découvrit l’impensable : dans la cave feutrée de l’hôtel particulier, des corps calcinés, des valises pleines de restes humains, des murs imprégnés du mal. La presse hurla. La France vacilla. Et Fernet, devenu entre-temps patron du 36, se souvint — non sans un frisson glacial — de l’homme au regard terne et à la voix posée qui voulait autopsier les morts pour mieux dissimuler les siens.

Il ne s’en vanta jamais. Il n’écrivit rien. Il n’en tira aucune gloire. Il préféra, comme toujours, s’effacer. Un homme de l’ombre, qui s’était contenté, un matin, de dire non.

Non à la facilité. Non à l’apparence. Non à l’idée que le bien se reconnaît à l’uniforme.

Et dans ce simple refus, presque timide, presque trop modeste, résonnait cette morale du moins — celle qui sauve parfois le monde sans en faire un bruit.

Car il arrive que le mal ne soit pas vaincu par les croisés, mais tenu en respect par un soupir, un froncement de sourcil, une intuition. Un “je préférerais ne pas”.

Et c’est peut-être cela, le vrai courage. Celui qui ne se voit pas, mais qui, dans les coulisses, empêche l’irréparable.

Aliocha

Sauf que la crucifixion n'est plus un sacrifice, même suprême, mais un don pour en dévoiler la farce, mettant la créature face à la fausse idée qu'il se fait de la morale, quels qu'en soient les dérivatifs qui lui permettent de justifier sa démission pour encore et toujours, déguisé en agneau, répondre à l'anathème par l'anathème, ce cruel manque d'imagination.

"7Réjouissons-nous et soyons dans l'allégresse, et donnons-lui gloire; car les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée, 8et il lui a été donné de se revêtir d'un fin lin, éclatant, pur. Car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints."

https://saintebible.com/lsg/revelation/19.htm

Et c'est ainsi que même le chamelier, quand personne ne répond à son salut, peut avancer jusqu'au fleuve du charpentier, conduit avec amour jusqu'à l'enceinte protégée où s'arrêtent les montures et où les tentes blanches, près de l'embouchure, sont plantées.

Il est aussi possible d'être prêt et préparé pour quand il sera l'heure d'embarquer.

genau

Couteaux, smartphones, interdiction. Comment ? Euh, eh bien, ma foi, verbalisation, qui, quoi ? Peu importe, la question est réglée, passons à la suivante, mais enfin, c'est inacceptable, moralement.

Et voici qu'en toute majesté, ressort la morale. Avec ou sans majuscule : celle qui a drapé tant de consciences, justifié tant de condamnations, entrelardé tant de lois.
Elle sert de rempart à tout manque d'explications, d'exosquelette à toute paralysie de la logique.
Ses incoercibles variations selon la latitude, l'époque et le régime en place sont supposées laisser subsister un fonds commun, puisé dans une divinité bienveillante, une autorité sereine et que nul n'est censé transgresser, autant par instinct que par implant.

Pour réaliser ce tour de force, il faut que la morale voisine (verbe), coexiste avec une toile de fond qui assure l'ordre de l'ensemble social, c'est-à-dire la politique d'État où la morale prend une coloration inattendue en passant de la maison close aux ONG escrocs.

Depuis très longtemps, les deux domaines coexistent, chacun empêchant l'autre d'aller trop loin dans le déni d'humanité. La difficulté est que l'humanité n'a aucune limite dans l'immoralité et la politique, les politiques, devrais-je dire, aucune limite dans l'absurdité criminelle, qui a elle-même, pour exposant le pouvoir.

On peut analyser gravement les causes de la Seconde Guerre mondiale, l'exposant "n" sera toujours le pouvoir. Et cela, y compris les magistrats français prévenus par leurs héroïques collègues allemands des buts de Hitler, ahuris, exclus du pouvoir de décision que les tenants du pouvoir, étrangement passifs et goguenards, ont laissé s'enivrer ou se droguer sans réagir, v. Marc Bloch, notamment, sur ce sujet.

Certes, tout ceci tient de la tautologie, les amoureux du pouvoir réunissent peur et servilité pour tricoter leur fonction, en y ajoutant un zeste de morale commune bien épaisse. Ils emploient des adjectifs étonnants comme "inacceptable", ce qui laisserait penser qu'on va se dresser, mais une fois tonné contre comme le suggérait Flaubert, on laisse tomber ou on met une taxe ou une interdiction.

Les actes graves, les engagements lourds (synonyme vulgaire) sont à l'écart de toute morale. Imaginerait-on que l'enseignement du Christ fût suivi à la lettre dans l'évolution de la chrétienté ? La crucifixion, sacrifice suprême, est la menace unipersonnelle, alors qu'elle a été appliquée à des milliers d'esclaves révoltés, de traîtres, de prévaricateurs dans un processus né de toute antiquité et sous diverses formes. Faire d'un acte individuel un signe universel ressortit à l'essentialisation du châtiment, indéfiniment adaptable aux contraintes morales du moment. On promenait la croix dans les champs aux Rogations, antidote risible à l'orage, on a sacrifié des animaux, brûlé aussi quelques malheureux au nom du crucifié.

Notre époque qui légifère ou règlemente de façon diarrhéique cherche des points d'ancrage moraux que les populations lui refusent et c'est ainsi que la morale mute en éducation, suspecte aux yeux des marxistes. Le bon sauvage n'existe plus, la rétribution sociale du comportement dispense de tout autre critère de "bona vita" et le politique l'encourage pour faire accepter ses arrangements avec la morale que la sagesse devrait lui dicter de révéler.

Qu'importe la fraude aux prestations sociales, puisque le bénéfice politique est probable et surtout, pas question d'expliquer cette attitude par un pragmatisme cynique dont on munirait le peuple. Le caveçon de la morale y périrait et s'érigent ainsi les grands mensonges de l'histoire ou son interprétation monovalente en fonction des opinions de l'auteur. Ainsi, la France vit depuis 70 ans sous un marxisme larvé dont l'Allemagne, laminée, s'est débarrassée pour redevenir la puissance orgueilleuse des Hohenzollern, rois de Prusse.

Finalement, tout cela est banal, il n'y a pas de Dieu moral ailleurs que dans notre esprit tourmenté, les religieux n'ont que la morale du silence, au réfectoire ou aux offices. Les politiques n'ont aucune morale, ils y perdraient la vie sur-le-champ et la perdent parfois, ce dont on ne saurait trop se féliciter, pour la survie de la morale.

Jean sans terre

S’il est quelque chose qui apporterait un soulagement quasiment instantané et immédiat, qui se rapporte autant aux autres qu’à soi, ce serait de préférer ne point parler. Que l’âme harassée puisse se reposer de son outrecuidance débilitante.

Tipaza

Un billet dans le continuité du précédent.

Le "Je préférerais ne pas" est dans la suite logique du "être contre", dans une forme plus adoucie, moins conflictuelle, mais le refus, la négation et donc la contradiction finale sont bien présentes.

On fait un mauvais procès au "Non", en considérant qu'il est la négation, alors qu'il est au contraire la première affirmation du soi, de sa personnalité.

Quiconque a élevé des enfants, s'est aperçu que dès le plus jeune âge, et cela commence à deux ou trois mois, dès que l'enfant a un minimum d'autonomie physique par laquelle il peut manifester son opposition à ce qui lui est proposé, il le fait.
Si le lait ou la bouillie ne lui conviennent pas, il les rejette avec une obstination qui force l'admiration.
Voir une "petite chose" savoir déjà ce qu'elle veut et le dire avec ses moyens m'a toujours impressionné.

L'homme en devenir est déjà présent dès le départ dans la vie et il se manifeste par le refus de soumission avec ses moyens. Il sait ce qu'il veut et cherche à l'obtenir. C'est tout le problème de l'éducation d'amener cette volonté individuelle à s'intégrer dans le collectif de la famille d'abord et de la société ensuite.

La morale du non est de chercher à comprendre, en fonction de ses idéaux, sans se laisser entraîner par le mouvement de la foule ou des intérêts particuliers.

Il y a de la noblesse dans le refuznik, et plus généralement dans celui qui refuse le conformisme ambiant, et qui cherche à se définir lui-même hors de la doxa environnante.

Nous sommes enfermés et contraints par une pensée qui se veut unique et obligatoire.

Le "Je préférerais ne pas" est la forme policée qui s'oppose à la langue de bois politique reliée par les médias complaisants, et qui serait une autre façon de dire le refus du déni de réalité pratiqué par l'oligarchie qui nous impose sa volonté, en méprisant la volonté populaire exprimée par des référendums passés en attendant les référendums futurs.

Dans mon commentaire précédent, j'ai parlé du cordon ombilical qui reliait la fausse droite avec la gauche et qui apportait à cette fausse droite une moralité dont elle a peur de manquer.
Une morale qui vient de l'extérieur n'est jamais une bonne morale, la vraie, la seule morale est celle qui vient de plus haut, ou des profondeurs de l'être, ce qui revient au même.

xavier b. masset

Ce "Je préfèrerais ne pas" (le "I would prefer not to" original) est la formule que choisirent les gouvernements (sauf le suédois) pour dicter aux populations de rester chez eux.

Un "Je préférerais que tu ne sortes pas de ta maison" retourné comme un gant par Bartleby, pourtant un citoyen du dix-neuvième siècle.
S'il se téléporte sur les lieux de son travail, il s'en fait aussi un écran, un open space digne de Matrix qui semble physiquement le cerner de quatre murs invisibles.

Son ataraxie, qui le mènera jusqu'à l'inanition, est la nouvelle gourmandise des épicuriens et des stoïciens d'aujourd'hui, un mode de vie qui lentement s'impose, comme tendent à le noter les psychologues appelés à la rescousse après l'épisode de la Covid.
La douce bartlebysation des esprits et des actions semble un indéniable donné contemporain.

Comme une sorte d'Office des lettres non distribuées, pareil à celui des Dead letters du héros melvillien, l'intérêt du travail productif n'est plus exactement quelque chose de décisif, de transmissible, le cachet de la Poste ne fait plus foi.
Melville d'ailleurs avait plus en tête d'offrir une image de l'individualisme transcendantal d'Emerson, et du Christ souffrant sa Passion, qu'une critique du capitalisme naissant affadissant l'Homme.

La modernité aura réussi, c'est à contempler à son tableau de chasse, à faire mentir Melville (qui voyait son Bartleby comme désespérément respectable et incurablement triste), et à vous rejoindre philosophiquement.

Robert

Excellent billet, Monsieur Bilger, sur la morale en politique : morale privée et morale publique sont le fondement du respect des citoyens pour apporter leur concours à ceux qui les gouvernent.
Cependant, l'action publique doit parfois passer outre à certaines considérations morales dès lors que le but transcende le quotidien et ce exclusivement dans l'intérêt général du pays, de la nation.

Le problème est que notre classe politique n'a plus aucune considération réelle pour la France et ce qu'elle a représenté. Et encore moins pour son peuple. C'est le cynisme et le nombrilisme qui règnent en maîtres, à savoir que maintenant n'importe qui se pense en mesure de présider la France et de la représenter dans le concert des nations, sans avoir cultivé les compétences nécessaires dans les allées du pouvoir...

Et sur le fond, je rejoins le commentaire de Lucile | 13 juin 2025 à 10:47

Michel Deluré

Il n'y a pas de petite ou de grande morale, il n'y a que la Morale. Être ne suffit pas, encore faut-il avoir cette volonté d'agir sur soi-même pour rendre concret dans notre comportement, dans nos actes, la préférence que nous accordons à ce que nous considérons comme bien par rapport à ce que nous jugeons comme mal.

En réalité, nous ne sommes pas libres chacun de vivre notre vie à notre guise, en nous en lavant les mains, en nous arrangeant avec notre conscience. Nous sommes confrontés en permanence, tout au long de notre existence, à cette opposition entre ce qui est bien et ce qui est mal et c'est à nous de décider du choix que nous faisons entre la première proposition ou la seconde.

Certes, « un homme ça s'empêche » (A. Camus) mais un homme, aussi et surtout, ça s'oblige et cette attitude morale atteste de la capacité de cet homme-là à s'élever.

Giuseppe

"Cette morale modeste des petits pas, presque frileuse, d'une audace tellement réduite qu'elle équivaut à rien, est parfois celle que le destin nous offre et que nous aurions tort de rejeter. J'avoue ne pas pouvoir mépriser ces vies qui pour être sans éclat ne sont pas forcément sans tenue ni dignité." (PB)

Oui... C'est beau comme l'antique, et parfois dur comme le bois d'ébène, pourquoi pas ? Aujourd'hui il faut reconnaître qu'Israël en a dans le calbut, le c*l entre deux chaises de notre pays qui veut se différencier en nation d'équilibre c'est la posture de la Débâcle, il faut relire, ce que je fais, "L'Étrange défaite" tout y est il suffit de se baisser un peu.
Les forums, les spécialistes les experts de tout poil qui nous racontent des salades, les belles Iraniennes cheveux au vent sont en liesse elles soutenaient ce souffle qui devrait les libérer, les paroles et promesses ça va un moment, Israël ne veut plus mourir et les Iraniennes veulent vivre libres, la morale ça pue parfois même à bas bruit.

Metsys

Bartleby, ce serait plutôt Oblomov ou l’Éloge de la fuite, la flottaison molle, quelque part entre Ponce Pilate et l’âne de Buridan. Mais c’est vrai qu’il a des émules aujourd’hui.
Le dernier exemple dont je me souvienne vient des députés LFI demandant une commission d’enquête parlementaire, début avril : l’autorisation du blasphème, mais voyons, nous préférons ne pas en parler pour ne pas désespérer notre électorat… Ce parti dématérialisé devient de plus en plus mi-chair mi-poisson, et, malgré toute sa ferveur rhétorique, encore plus tiède, irrésolu et insipide que la SFIO façon Guy Mollet.

Axelle D

Bassesses et tout le frusquin
D’indicible honte,
Temps gaspillé
Dans le sommeil factice
D’une ignorance feinte,
Posture ou imposture ?
Silence, prudence, indifférence :
Mots troués
Où pénètrent compromis et mensonges
Sournoisement bénis...
Va-t-en mort incertaine !
Voici venu le temps de sonner le clairon du réveil !

Achille

« Ce "je préférerais ne pas" me fait penser à cette phrase tellement exploitée du père de Camus : "Un homme ça s'empêche". » (PB)

Dans ce monde en ébullition, tant sur le plan national qu’international, on aimerait un peu d’apaisement, voire de sérénité.
Mais les faits démontrent qu’aujourd’hui les hommes ne "s’empêchent" plus. Bien au contraire ils se permettent tout, même les actes les plus fous.
C’est le cas notamment chez les jeunes qui semblent emportés par un délire que rien ni personne ne peut canaliser.
Le monde est devenu fou, le racisme, la haine bouleversent tout sur leur passage que ce soit en France ou à l’international.

J’ai le sentiment que l’humanité est arrivée au bout de son chemin.
Rien ne peut arrêter son naufrage et certainement pas les religions qui ne font de mettre de l’huile sur le feu.
Je ne vois pas quel homme providentiel, quel "Messie", pourrait nous sortir de cette situation qui est devenue incontrôlable. C'est sans issue !

sylvain

Pour ceux qui ont encore de la morale, du civisme et du respect envers ceux qui, "oubliés" par ces gouvernements pourritures collabos soumis lâches trouillards islamogauchistes complices de la barbarie terroriste islamiste, rappelez-vous :

Le 13 juin 2016, à Magnanville, deux policiers, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, étaient lâchement assassinés devant leur fils de 3 ans par un terroriste islamiste.

Silence assourdissant de toutes les gauches à l'époque des faits, le terroriste étant un de leurs électeurs ils ont préféré accuser le RN, Zemmour, l'extrême droite, responsables de racisme, d'islamophobie et de créer un climat de haine dans la société, ben voyons !

Lucile

"Je préférerais ne pas" est peut-être la traduction de "I'd rather not", qui est une manière polie de dire non à quelqu'un qui cherche à vous imposer un choix ou une action qui ne vous plaît pas. Je l'applique donc à toutes ces politiques, ces réglementations, ces modes de pensée, ces programmes, ces bouleversements systématiques auxquels le citoyen moderne se sent obligé d'acquiescer et de participer sans les vouloir le moins du monde.

Et je vous rejoins Philippe, ça ne sert sans doute à rien de dire non, qui se soucie de notre avis ? Mais tant qu'on peut encore faire savoir qu'on ne préférerait pas, il faut continuer à le dire, haut et fort, si modeste que puisse être l'expression de nos réticences.

Lodi

Je pense qu'en chacun, il y a une part de destructivité.... Et franchement, je ne vois pas comment l'annuler ni même être sûr de la maîtriser, quant à s'opposer au monde mauvais, n'en parlons pas ! Tout le monde n'est pas un héros.

Alors d'accord pour le moindre mal, mais sans oublier le reste du dispositif. Pointons qu'il faut que chaque personne en capacité de le faire prévienne la montée au pouvoir des gens les plus susceptibles de nuire, s'il appartient aux héros de pratiquer le tyrannicide dans les régimes où les dirigeants ne sont pas à peu près interchangeables.

Bien sûr, j'ai plutôt tendance à défendre le suicide pour ceux qui ne veulent pas se retrouver piégés et broyés par le monde, pour la double raison du fait que cela doit être plus courant et qu'il est plus facile de s'y identifier.
Mais il me paraît aussi bon que toute personne fortement tentée de s'en prendre à des innocents se suicide. Changer ? Je ne dis pas que ce soit impossible, mais il est par contre certain que si on se supprime, on ne nuira pas aux innocents.

Or qu'est-ce qui compte le plus, l'espoir dont le mythe de Pandore montre qu'il est le pire des maux, la vanité, ou le salut des victimes ?

Mais les gens préfèrent se flatter de l'illusion qu'ils auraient sauvé les malheureux, alors que leur agenda et tant d'autres raisons ne leur en laissent pas le loisir, ou bien condamner les transgresseurs, quand ils ont failli, savoir quand il est trop tard.

Des gens disent "pourquoi pas" pour leur destructivité ? Parce qu'en ne faisant pas aux autres ce qu'on n'aimerait pas qu'ils vous fassent, on fait preuve de justice et empathie qui attestent qu'on ne vaut pas moins que des animaux supérieurs comme les chimpanzés, les corbeaux, et à plus forte raison, les humains.
Qui fait n'importe quoi déchoit... Et attention, il ne s'agit pas chez l'être humain que de maintenir son rang !

L'être humain a une histoire, il cumule les expériences, a une culture qu'il perfectionne en perfectionnant, entre autres, son sens moral. Donc en suivant la morale, et si possible en l'affinant, on participe à une grande oeuvre collective aussi bien qu'on s'affirme comme individu, tandis qu'on fait le contraire quand on régresse. L'accumulation culturelle est d'ailleurs liée à la morale, comme l'illustre, entre autres, les destructions culturelles perpétrées notamment par les régimes totalitaires.

À propos de morale et de son perfectionnement, on n'agit pas pour la récompense, comme l'illustre le "je préférerais ne pas". Le chef ne va pas vous promouvoir, avec votre absence de zèle, et on ne pourra pas être reconnu comme un héros, avec cela.
Et tous les morts au combat pour défendre la France dans la boue des tranchées, et les Ukrainiens continuant à se battre aujourd'hui, seront oubliés, comme autrefois la masse des héros morts aux Thermopyles ou à Platée. Et même leur courage collectif sera de plus en plus effacé des tablettes. Cependant, je voudrais rendre un hommage respectueux aux gens se cantonnant au moindre mal, et un admiratif pour les héros dont les connus sont l'écume, et la masse des oubliés la profondeur sur laquelle leur gloire s'élève.

Xavier NEBOUT

La fuite du spirituel nécessite beaucoup de talent, pour ne pas parler du souci de la sauvegarde de son âme face aux exigences du temps.
Dans l'ordre métaphysique, un autre évoquait le souci d'être là, face à l'être, le dasein.

Vamonos

Les sapeurs-pompiers qui sont bloqués par des barbares préfèrent ne pas prendre des faisceaux laser dans les yeux. Ils voudraient juste faire leur travail, fidèles à leur devise qui est sauver ou périr.
Si on demande aux barbares pourquoi ils bloquent les camions de sapeurs-pompiers, alors ils répondent : "Et pourquoi pas".
Mais dans une société de l’État de droit, les barbares ne sont pas les auteurs des faits, la réalité est globale, maximale fantasmée.

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