Rédigé le 15 janvier 2025 | Lien permanent | Commentaires (52)
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Bientôt sera en ligne un entretien d'une heure avec Sarah Knafo, dans "Bilger les soumet à la question".
Éric Zemmour, intelligemment questionné, répond avec talent et conviction dans Valeurs actuelles.
Marine Le Pen, dans le Journal du Dimanche, se livre notamment sur Mayotte et de manière très émouvante sur son père.
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, continue d'obtenir un très large assentiment populaire. Malgré Laurent Wauquiez qui à l'extérieur s'acharne à plomber le gouvernement et donc aussi les ministres de son camp.
David Lisnard ne cesse de démontrer que, grâce à lui et à quelques autres, la pensée est passée à droite.
J'ajouterais volontiers à cette liste Gérald Darmanin, le nouveau garde des Sceaux qui a décidé de rompre avec l'image de lenteur et de fatalisme de la place Vendôme, si dans un entretien remarquable avec Darius Rochebin (LCI) il ne s'était pas encore qualifié de macroniste.
Essayons d'imaginer ces personnalités réunies dans un même espace politique. Au lieu de jouir de leurs apparentes contradictions - elles ne sont pas éclatantes ! -, elles coexisteraient et leur force serait que chacune, en quelque sorte, serait un contre-pouvoir pour les autres, avec un Premier ministre respecté. En effet, on ne peut jamais espérer la concorde sur l'essentiel quand les "je" et les "jeux" politiciens se battent hors de l'action gouvernementale.
Dans la mesure où de surcroît aucune de ces "vedettes" n'a jamais, dans la forme, traité les autres de manière indigne, rien sur le plan humain ne s'opposerait à leur entente efficace.
Je suis persuadé que si les uns et les autres étaient contraints à une solidarité imposée par un travail en commun, à une hiérarchisation des fins et des moyens, à la prise en considération de chacune des facettes de la droite, toutes les arguties formulées sur l'union des droites deviendraient vaines. Union désirée par une majorité de citoyens, mais récusée tactiquement par des états-majors qui n'ont que le souci d'hypertrophier leur pré carré d'ambitions et d'exclusions.
La question de savoir quelle force, quel parti devraient inspirer et dominer pour organiser l'union n'aurait plus aucun sens.
Pourquoi les hostilités, voire les haines paraissent-elles plus irrésistibles que le besoin, que l'honneur de créer les meilleurs outils possibles pour une conception partagée de la droite dans ses aspects fondamentaux ?
Nul doute que dans une authentique concertation gouvernementale, par exemple le "communisme" de Marine Le Pen - selon l'expression de Gérald Darmanin - serait vite ramené au bon sens et le régalien parfois trop brutal d'Éric Zemmour à plus de mesure.
Dès lors que le principe est acquis d'une unité des forces et des personnalités, il me semble qu'on trouverait vite le "Mitterrand" capable de mettre en musique concrètement ce dessein. Sur le plan politique on a tout fait pour l'empêcher, en masquant les similitudes profondes du fond et ce que serait l'incroyable apport de ces richesses humaines et intellectuelles soudées au service de la droite.
Qu'on me reproche tant qu'on voudra mes naïvetés. J'ose dire que, pour que des choses prétendument inconcevables se réalisent, il a toujours fallu que des naïfs y croient avant.
La recomposition du paysage démocratique, loin du dépassement macronien prétendu, pourrait ainsi s'effectuer grâce à une simplification opposant des camps clairement homogènes aisément identifiables. Une "dream team" à une autre. Avec ce président, la politique a perdu sa tête, la tête.
Une conclusion très égoïste, j'en ai conscience. Cette "dream team" me dispenserait, comme aujourd'hui, de devoir passer sous les fourches caudines du conformisme politique. Je ne serais plus obligé de préciser, si j'approuvais Éric Zemmour ou Marine Le Pen sur certains points, que je ne vote ni pour le RN ni pour Reconquête!.
Puisque LR et eux ne feraient plus qu'un !
Rédigé le 13 janvier 2025 dans Actualité, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (36)
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Le Premier Président et le Procureur Général près la Cour de cassation sont des magistrats de qualité et ont des personnalités estimables.
Mais de mon point de vue ils ne sont pas des chefs. Les chefs que l'institution judiciaire devrait avoir pour sortir de la grisaille et des gémissements. Sans doute pourrait-on m'objecter qu'on ne trouverait pas forcément de meilleurs qu'eux ?
D'abord je n'en suis pas sûr tant les choix dans le monde de la Justice me sont toujours apparus, pour le plus haut niveau, plus comme la consécration d'un clientélisme noble que l'expression d'une supériorité indiscutée. Ensuite, miraculeusement, notre système dégagerait-il les meilleurs du corps pour être à son sommet que rien ne garantirait qu'ils auraient cette vertu fondamentale d'être des chefs, d'avoir cette aptitude à la fois humaine et technique à diriger, à inspirer, à donner l'exemple, à gouverner la communauté judiciaire avec élan et enthousiasme.
D'aucuns me reprocheront cette idée répétitive qu'il ne peut y avoir de progrès et de considération à l'égard d'une institution (sans le bon fonctionnement de laquelle la démocratie serait orpheline) si ses chefs n'acceptent pas de se désaccorder d'un état d'esprit général pessimiste. Et d'un syndicalisme judiciaire qui a totalement oublié de célébrer la fierté d'exercer ce grand métier.
Dans leur traditionnelle audience solennelle, le premier président, Christophe Soulard, et le procureur général, Rémy Heitz, se sont seulement alarmés de "la justice en France qui va dans le mur". Ils ont raconté une justice au bord du burn-out généralisé, selon le Monde, et imploré le gouvernement de se doter d'un budget qui lui permette d'honorer les embauches prévues en 2025.
Loin de moi l'envie de minimiser ces difficultés budgétaires mais il me semble que ce propos déprimant tenu par les deux plus hautes autorités judiciaires n'est absolument pas de nature à revigorer le moral d'une justice qui se plaît au dolorisme. Pire, il aura pour effet de détourner de cet indépassable métier toutes les jeunes énergies, intelligences et sensibilités qui pourraient être tentées de le rejoindre.
Ce double discours a constitué les responsables de la Cour de cassation moins comme des chefs que comme des gestionnaires, plus pour des déçus et des aigris que pour l'incarnation d'une hiérarchie qui, si elle réclamait davantage de moyens, était cependant profondément fière de ce qu'elle apportait à la société et à la France.
Il y avait d'autant plus un paradoxe, dans ce lamento à deux, qu'il était proféré devant un nouveau garde des Sceaux dont le moins qu'on puisse dire est qu'il a appréhendé sa mission avec une lucidité et une espérance qui auraient dû au moins conduire cette double autorité judiciaire à s'appuyer sur cette résolution ministérielle. Non seulement pour combler les manques mais pour préparer le futur et dessiner de la magistrature un portrait plus exaltant.
La Justice ne peut pas se passer de chefs. Le rapport structurel qu'elle entretient avec la place Vendôme ne doit pas la dispenser d'être pour elle-même son porte-voix, de favoriser son illustration et de démontrer son utilité et sa grandeur.
Il est encore temps, pour Christophe Soulard et Rémy Heitz, de rattraper la fierté perdue !
Rédigé le 11 janvier 2025 dans Actualité, Gastronomie, Justice, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (40)
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Après avoir lu Nuit blanche de Bernard-Henri Lévy, aussi discutable que soit cette première impression, j'ai songé aux Mots de Jean-Paul Sartre.
Il y a en effet, dans la tonalité générale de ce livre, une introspection sans complaisance qui, toutes proportions gardées, m'a semblé relever du genre que Sartre avait magnifié en offrant, grâce à la littérature, un déchirant adieu à la littérature.
Nuit blanche, cependant, m'apparaît comme un objet littéraire non identifiable dans les multiples créations de BHL.
Le style est étincelant comme d'habitude mais il s'autorise plus de légèreté, des facilités délibérées, presque une décontraction qui s'adapte parfaitement au fond de cette oeuvre inclassable. J'apprécie qu'elle soit irriguée par une riche culture, omniprésente mais pourtant éloignée de toute ostentation, glissée avec simplicité dans des pages qu'elle enrichit mais sans jamais usurper la place de l'essentiel.
Cet essentiel pourrait ressembler à une comédie de Molière puisqu'il s'agit pour BHL de nous exposer les mille manières de ne pas dormir, de tenter de guérir ses insomnies, de nous présenter, avec une précision détaillée dont l'auteur s'amuse, une pharmacopée destinée à faciliter les endormissements, puis les réveils, à réparer les effets contrastés d'un sommeil trop lourd, d'une veille trop longue, dans des péripéties à la fois plausibles et burlesques.
On découvre un BHL extrêmement doué pour le comique, les scènes hilarantes (ses rapports avec le chat!) et, au-delà, pour la relation de sa quotidienneté, allant, avec beaucoup de délicatesse, jusqu'à évoquer ses liens et les modalités de leur union avec celle qu'il nomme A.
J'avoue avoir ressenti, comme une heureuse surprise, la découverte de ce BHL familier, presque prosaïque, sorti du ciel des idées et nous révélant, sans la moindre retenue ni volonté de se faire "bien voir", ses maux, ses faiblesses, ses limites, ses imperfections. Il échappe à ce qu'il pourrait y avoir d'artificiel dans ce type de narration, ne tombant jamais dans une sincérité faussement contrite ou un narcissisme feignant la modestie. Lui-même a dû, j'en suis sûr, éprouver comme une allégresse à ouvrir grandes les fenêtres du systématiquement sérieux, de l'implacablement grave pour s'abandonner moins à du futile qu'à une nostalgie pour une enfance, une jeunesse, des blagues, des joies collectives, des amitiés, des fraternités où le BHL d'aujourd'hui n'était même pas en germe.
UN BHL écrivant un livre, sans que la pensée, la politique et les tragédies internationales aient leur place, ne serait pas concevable. Mais sur ce plan également il n'hésite pas à changer de ton et à nous faire entrer en quelque sorte dans les coulisses de son esprit et de sa personnalité. On ne peut que se réjouir de l'effacement de ce qui souvent a pu agacer chez lui : une assurance, presque une arrogance qui excluaient toute contradiction parce que de son côté était le Vrai, le Beau et le Bien.
Alors que dans Nuit blanche il n'hésite pas, non à se fragiliser c'est le contraire, mais à s'expliquer, à exalter ses maîtres et ses inspirateurs, à évoquer des disparus qui me manquent également - par exemple Thierry Lévy.
Il se défend de tout manichéisme et avoue l'existence, en lui, au moins de deux BHL : l'un qui défend Israël et l'autre qui s'émeut en même temps de la mort des enfants de Gaza. Il dévoile ainsi les affres d'une personnalité que son indépassable talent pour l'écriture et l'oralité réduit parfois et prive de ses doutes, de ses complexités.
À l'issue de la lecture de ce petit livre enlevé, spirituel, brillant, intime sans impudeur, politique sans hostilité - pourtant il les connaît, ces ennemis acharnés, haineux qui veulent sa perte au point de le contraindre à une protection permanente ! -, je rejoins mon sentiment initial.
On a envie d'aller plus loin que ces pages et de rencontrer cette personnalité, cet auteur qui ont donné d'eux une belle image. De poursuivre le dialogue qu'il a entretenu avec lui-même.
Rédigé le 09 janvier 2025 dans Actualité, Art, international, Livres, Médias, parole, politique, Société | Lien permanent | Commentaires (46)
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Jean-Marie Le Pen est mort à 96 ans. Le fondateur et ancien président du Front national ne bénéficiera sans doute pas des quelques heures de décence qui suivent une disparition, même de quelqu'un d'assez largement honni.
En effet.
Des réactions honteuses de Jean-Luc Mélenchon, de Louis Boyard et de Philippe Poutou, alors que la classe politique dans l'ensemble s'est montrée digne et correcte.
Une manifestation déplorable place de la République pour se réjouir de la mort d'un homme qu'on détestait. Qu'on puisse ainsi célébrer dans l'allégresse ce qui a endeuillé une famille et traiter aussi vulgairement ce qui aurait mérité au moins le silence est la marque, une de plus, du délitement de notre société, de la dégradation de notre civilisation, avec l'effacement de la retenue à l'égard de ceux qui ne sont plus.
J'ai un peu connu JMLP quand ministère public dans deux procès de presse (intentés par lui contre le Canard enchaîné et Libération qui lui avaient reproché d'avoir torturé en Algérie), j'avais eu affaire à lui. Il avait créé de manière très artificielle, avant même le début de l'audience contre Libération, un incident odieux destiné à me déstabiliser et qui pour être réglé avait retardé les débats de plusieurs heures. Je ne peux donc pas être suspecté de partialité à son sujet.
Sur le plan politique, je le percevais comme une personnalité dont on n'avait jamais le droit de dire du bien. À plusieurs reprises, alors qu'il avait raison, je n'ai pas osé l'approuver, comme si je validais l'interdiction dont la transgression aurait été un péché mortel, un opprobre démocratique.
Un homme d'une immense culture, un orateur incomparable dont les imparfaits du subjonctif ont fait partie de la mythologie française. Avec des prestations médiatiques éblouissantes, notamment celle de 1984 à l'Heure de Vérité où on l'a "découvert".
Le fondateur du Front national en 1972 avait prévu tout ce qui allait suivre pour ce qui se rapporte à l'immigration, à l'islamisme et au sentiment de dépossession qui en résulterait pour beaucoup de Français. Il avait vu et pensé juste avant tout le monde mais il était hors de question de se servir de sa lucidité puisqu'il était le diable.
En 2002, on a compris son désarroi quand il est parvenu à se qualifier pour le second tour. En réalité, n'étant pas prêt pour exercer le pouvoir, il n'aspirait pas à sortir de son rôle d'éveilleur et de trublion talentueux pour des responsabilités dont les qualités qu'elles auraient exigé ne lui correspondaient pas.
Il me semble d'ailleurs que c'est à cause de cette envie profonde de non-pouvoir qu'il s'est autorisé trop souvent des délires historiques, des provocations scandaleuses, qui ont culminé avec "le point de détail", à partir duquel il a perdu beaucoup de son crédit politique. Ils ne sont pas à mon sens survenus par hasard.
D'une part il y avait ce tempérament provocateur, tel un "potache" hors de contrôle, se plaisant à faire des jeux de mots antisémites et à prendre pour un détail ce qui était pourtant central dans l'extermination des juifs. D'autre part ils s'inscrivaient régulièrement dans un parcours qu'il ne désirait pas irréprochable et qui entravait, avec ses excès, les postures de dédiabolisation de sa fille Marine.
Ses extrémités choquantes ont beaucoup nui à sa crédibilité. Il s'en serait dispensé, il aurait été plus convaincant pour ce qu'il avait de prophétique...
On continuera probablement, malgré sa mort, à faire comme si Marine Le Pen ne s'était pas détachée de lui et n'avait pas renié ses élucubrations historiques. Son souvenir demeurera aussi utile pour ses opposants que le repoussoir qu'il était de son vivant.
Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas avec de la haine et de la moraline qu'on fera baisser le RN mais avec de l'argumentation et de l'impartialité. En effet c'est en lui donnant équitablement ses chances qu'on démontrera ses faiblesses et son inaptitude.
Je termine ce billet en songeant à cette part d'Histoire de France qui est morte avec lui.
Rédigé le 07 janvier 2025 dans Actualité, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (96)
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Le 6 janvier, le procès du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy va s'ouvrir devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Il durera jusqu'au 10 avril. Il met en cause, outre l'ancien président de la République, notamment Claude Guéant, Brice Hortefeux, Thierry Gaubert, Eric Woerth, Bechir Saleh, Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri. Tous les prévenus contestent les infractions qui leur sont reprochées à la suite d'une information ouverte par le parquet national financier, et d'une ordonnance de renvoi par deux juges d'instruction.
Je vais m'attacher, conformément au titre de ce billet, à la seule situation de Nicolas Sarkozy (NS), tant elle a inspiré de malentendus à mon sujet et, beaucoup plus gravement, au regard de l'administration de la justice à son égard.
Je laisse délibérément de côté la réaction critique mais courtoise, sur X, de Louis Sarkozy : "On peut désormais se demander si les magistrats ne ressemblent pas de plus en plus à ces politiques dont ils dénoncent les dérives". On ne peut pas demander à ce fils, aussi libre et intelligent qu'il soit, de considérer objectivement le sort judiciaire fait à son père.
Mon ami Pascal Praud n'est évidemment pas soumis à la même dépendance mais je ne m'arrêterai pas plus sur son éditorial de l'Heure des pros du 6 janvier, qui affirme en substance qu'il va s'agir "d'un procès sans preuves". Pour les multiples procédures ayant concerné ou concernant ou ayant condamné NS, Pascal Praud n'a jamais dérogé à sa seule et unique dénonciation de... la Justice.
D'autre part, si jusqu'au 10 avril on pourra évidemment débattre de la qualité des preuves, il est audacieux, au sujet d'une procédure d'une telle ampleur (ordonnance de renvoi de 557 pages !), d'invoquer une absence de preuves ; avec un talent qui à mon sens, ne parvient pas à masquer le préjugé ni la constance de cette apologie présidentielle...
Il n'empêche que Pascal Praud, à chaque fois que j'ai le bonheur médiatique d'être confronté à lui, illustre bien un reproche absurde qui m'est fait au sujet de NS : je serais animé par une exclusive hostilité, voire "haine", à son encontre. Je ne sais pas ce qu'est "la haine" en matière judiciaire et politique. Par ailleurs il est piquant de constater que les mêmes m'imputant cette scandaleuse partialité - alors que je connais un peu le sujet ! - ne cessent, contre toutes les évidences, de défendre par principe NS. Alors qu'ils connaissent mal le sujet, voire se vantent de leur ignorance !
Je suis prêt à admettre - l'humanité est ainsi faite et je suis tombé parfois dans le même travers - que le respect ou l'amitié peuvent conduire à des approximations, à des soutiens de pure fidélité. Mais qu'on assume alors ce comportement sans chercher à faussement l'objectiver avec des données qui ne pèsent pas lourd.
De l'autre côté il y a ceux, plus rares, qui ne doutent pas de la culpabilité de NS et de tous ses coprévenus et n'attendent, n'espèrent, que des condamnations dans le courant de l'année 2025. Par exemple les citoyens dont les idées politiques sont aux antipodes de celles de NS. Ou les journalistes de Mediapart, qui ont été aussi remarquables dans leur travail d'enquête sur cette affaire qu'ils sont détestables par leur idéologie par ailleurs...
Je ne me situe ni dans la première ni dans la seconde catégorie.
Pour être honnête, si j'ai toujours récusé le corporatisme judiciaire, mon premier mouvement, quand un procès d'envergure va s'ouvrir, quels que soient les prévenus ou les accusés, n'est pas de fustiger la justice et de chercher, avec une volupté que l'ignorance ou les approximations rendent dévastatrice, "les failles" (JDD). J'ai plutôt tendance à me féliciter de l'action de la Justice au lieu de la déplorer. Quelle que soit son issue à venir.
Sur ce plan je m'étonne qu'un certain nombre de médias soit plus obnubilé par leur soutien politique que par la réalité judiciaire et l'avancée démocratique qu'elle représente.
Devant ce procès du financement libyen, j'éprouve une double envie. D'abord celle d'une excellente administration de la Justice avec des débats faisant honneur à celle-ci. Je n'en doute pas, au regard de la réputation et de l'expérience de la présidente de ce tribunal correctionnel. Ensuite, celle de voir satisfaite mon intense curiosité à l'égard de l'argumentation des prévenus et de leurs ripostes aux accusations formulées contre eux. Quelle que soit, en définitive, leur portée dans la tête des trois juges.
Quand le jugement sera rendu, j'en prendrai acte. Ni joyeux ni triste. Si NS est relaxé, j'approuverai la Justice. S'il est condamné, je lui ferai confiance.
Ce ne sera pas davantage la défaite du PNF que celle de la défense. Mais la conséquence d'une justice exemplaire qui devrait échapper aux contestations partisanes d'où qu'elles viennent.
J'aimerais - mais c'est un voeu pieux - qu'on banalisât le pluralisme judiciaire de NS. Qu'à chaque fois, l'alternative ne soit plus entre la détestation ou l'inconditionnalité mais entre son innocence, le doute ou sa culpabilité. Entre sa relaxe ou sa condamnation.
Un prévenu, une justice, heureusement ordinaires.
Rédigé le 06 janvier 2025 | Lien permanent | Commentaires (37)
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La vie, dans tous ses registres, sous toutes ses latitudes, est un problème dont nous avons à trouver la solution, qui que nous soyons, où que nous soyons. Il y a une infinité de situations personnelles, familiales, amicales, professionnelles, politiques, médiatiques qui nous contraignent à formuler cette interrogation : Comment faire ? Comment résoudre ce qui, souvent, sur un mode grave ou dérisoire, nous oblige à nous questionner sauf à demeurer impavide face au labyrinthe de l'existence et à ses pièges ?
J'ai eu l'idée de ce billet, qui relève presque d'un arbitrage philosophique, en prenant connaissance des modalités de la visite de notre ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot en Syrie, en compagnie de sa collègue allemande. Le chef islamiste qui les a reçus n'a pas serré la main de la seconde, délibérément, alors qu'il l'a fait avec notre ministre (Le Point). Immédiatement mon sentiment a été que celui-ci aurait dû réagir pour dénoncer cette démonstration ostentatoire de mépris et d'inégalité mais, compte tenu des circonstances diplomatiques, comment aurait-il dû faire, quelle attitude adopter, de quel courage aurait-il dû faire preuve ? Il n'a pas semblé d'ailleurs être affecté par sa passivité lors du Grand Jury du 5 janvier (LCP).
Il est risqué d'induire de cet épisode spécial un enseignement général mais il me semble pourtant que sans cesse nous sommes confrontés à des péripéties intimes ou sociales qui pourraient nous conduire, si nous allions au bout de nous-mêmes, à des choix qui en définitive se résumeraient de la manière suivante : devons-nous tout accepter par principe, par bienveillance ou par lâcheté ou être un homme véritable imposerait-il au contraire que du plus anodin au plus préoccupant nous soyons sur le qui-vive, en état de combat permanent ?
Qu'on fasse le compte, dans les domaines intellectuel, politique, médiatique et artistique, des innombrables opportunités qui nous sont offertes pour nous éprouver sincères ou non. Dans mon parti, cette personnalité est médiocre et fait du tort : comment faire pour le lui dire ? Cet ami a écrit un livre qui n'est pas bon : dois-je me taire ou l'affronter et peut-être le perdre ? Il y a des journalistes, des animateurs, des chroniqueurs qui ne me plaisent pas : est-il honteux de faire comme si je les appréciais ou mon honneur serait-il de les critiquer de la même manière qu'eux auraient le droit de me fustiger ? Ce président de la République commet beaucoup d'erreurs : convient-il de le blâmer jusqu'à me brouiller avec lui ou au contraire la sagesse est-elle d'accepter ses imperfections et de ne retenir que la part positive ?
Comment faire, pour tous et partout, en ne cédant pas sur les ombres sans effacer les lumières ?
Sur le plan du coeur et de l'affection, est-il beau d'appréhender sa famille tel un bloc formidable par principe ou doit-on s'arroger le droit de la juger au détail au nom d'une authenticité louable quelles que soient ses conséquences ?
Comment faire pour ne jamais occulter ce qu'on a envie de proférer, pour demeurer digne de l'image qu'on a de soi ? Comment procéder quand on a la certitude que son exigence de vérité entraînera des catastrophes et que son jusqu'au boutisme noble engendrera le pire ?
J'ai bien conscience qu'il y a des univers encore plus difficiles à gérer que d'autres parce que leur logique est plutôt celle du silence et de la discrétion que celle de la transparence et de l'exhibitionnisme. Pourtant, en dépassant l'exemple de Jean-Noël Barrot, il n'est pas simple, quand le scandale est trop éclatant pour ne pas être dénoncé, dans ce monde feutré, ouaté, où d'une certaine manière l'hypocrisie est un outil de travail, de se révolter et d'affirmer que l'intolérable, l'indignité humaine le demeurent même quand les conventions dicteraient l'abstention...
Mon tempérament capable d'excès sur ce plan m'inciterait à justifier, partout, quel que soit le secteur concerné, cette absolue et impérieuse exigence de vérité. En admettant que, si elle fait courir des risques, elle est en elle-même une telle valeur que tout devrait plier devant elle. Je suis cependant suffisamment lucide pour reconnaître qu'une telle conception poussée à la limite mettrait le monde à feu et à sang, sur ses registres géopolitique, international, national ou personnel.
C'est sans doute cette conscience que la civilisation est précisément l'art de ne jamais se laisser totalement aller qui a fabriqué, dans les domaines les plus divers et pour nous éviter le pire, des boucliers, des obstacles.
La politesse conseille de ne jamais s'abandonner à l'affirmation d'une vérité dont les dégâts seront beaucoup plus insupportables que le silence contraint.
Le refus du droit d'ingérence est une manière de prévenir ce que des caractères impétueux sur le plan international pourraient susciter.
Il y a ainsi, face à toutes ces interrogations sur le comment faire ?, des abstentions qui ne seraient pas des lâchetés, des délicatesses qui ne seraient pas des hontes, des silences qui ne seraient pas des reniements de soi ?
Dois-je aller jusqu'au bout profond et paradoxal de ce billet : Jean-Noël Barrot a-t-il eu raison de faire, en Syrie, comme si tout était normal ?
Rédigé le 05 janvier 2025 dans Actualité, Art, Cinéma, Education, international, Justice, Livres, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (49)
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À chaque fois c'est la même chose. Un reportage, un documentaire sur Albert Camus (AC), je les regarde, je les écoute et immédiatement l'envie me saisit d'écrire sur lui, sur ce que j'ai entendu, de faire un sort à ses propos, pour exprimer ma nostalgie, mon admiration, mon indignation inutile face au funeste destin qui l'a frappé si précocement.
J'ai déjà écrit deux billets sur lui. L'un, le 14 janvier 2020 : "Aujourd'hui on aurait eu besoin d'Albert Camus...", l'autre, le 6 mars 2024 : "La droite ne "déteste pas" Albert Camus !"
Mais cette immense, complexe et chaleureuse personnalité laisse toujours de la place à des approches renouvelées, à d'autres analyses, surtout quand un documentaire remarquable de Georges-Marc Benamou, en date du 23 décembre 2024, nous raconte "Les vies d'Albert Camus" (LCP).
Il reprend la célèbre formule de celui-ci, mal rapportée, quand répondant à une question vindicative le 14 décembre 1957 à Stockholm, à l'issue de la cérémonie de remise de son prix Nobel, on lui avait prêté ce propos : "Je préfère ma mère à la Justice". En réalité il avait affirmé ceci : « J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi le terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger. En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère".
J'apprécie qu'avec son exactitude, la citation d'AC rende plus claire sa pensée, et plus irréfutable son arbitrage. Dépassant les notions de droite et de gauche, elle démontre bien que dans certaines situations tragiques, il y a des horreurs abstraites, parce qu'on ne connaît pas les victimes, qui sont moins insupportables que l'horreur humaine, concrète, charnelle, immédiatement douloureuse, engendrée par la mort d'une mère. Interprété de la sorte, le sentiment d'AC ne peut qu'être approuvé et justifiée sa dilection pour le parti du coeur plus que pour celui des idéologies.
AC est un homme qui n'a rien voulu sacrifier, jamais, de son humanité : la plénitude n'est pas une option mais une obligation, une exigence.
Rien ne me paraît mieux mettre en lumière cette vision à la fois humaniste, artistique et politique, cette fusion du coeur et de l'esprit, que cette superbe déclaration d'AC voulant demeurer fidèle à la fois "à la beauté et aux humiliés". Sur les deux plateaux d'une existence exemplaire, d'un côté la gratuité, l'esthétique, cette incroyable importance de l'art apparemment inutile, l'irresponsabilité légère et frivole de la beauté cultivée quand le monde va mal et de l'autre cette sollicitude opératoire pour les blessés, les sinistrés, les pauvres de la vie, cet acharnement à défendre ceux que le destin a déjà malmenés, offensés, à donner la parole à ceux qui ne l'ont jamais eue, à assumer le devoir, la responsabilité de leur prise en charge.
AC incarne un "en même temps" qui aurait du sens. Non pas le sophisme et le confort d'une intelligence jouant avec sa propre agilité, en jouissant mais la hantise de ne rien laisser perdre de soi, de ce qu'on doit, de ce qu'on se doit, de sa passion du beau comme de sa révolte face à l'injustice et aux déshérités.
Si mon admiration pour AC ne cesse de s'amplifier, cela tient au fait que notre époque a plus besoin de lui que jamais. Les idéologues, les petits maîtres, les justiciers, les violents, les simplistes pullulent.
AC nous manque parce qu'il n'était aucun de ces éradicateurs ni de ces inquisiteurs et qu'il aurait su si bien leur répliquer. On entend sa voix : elle dit tout !
Rédigé le 03 janvier 2025 dans Actualité, Art, Education, international, Justice, Livres, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (16)
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Alain Delon a écrit un jour à son amie Brigitte Bardot, avec cette lucidité amère qui était devenue sa marque de fabrique, qu'ils étaient des dinosaures et qu'il n'y avait plus aujourd'hui que des nains.
Derrière ce contraste qui semble provocateur, on peut retrouver une attitude générale qui tend à magnifier le passé au détriment du présent, à s'imaginer indépassables face aux médiocres qui ont suivi. Admettre qu'il y a de la vérité dans cet antagonisme entre ce qui était et ce qui est, n'est pourtant pas tomber dans une nostalgie béate.
Mes souvenirs et mon expérience me démontrent que la magistrature elle-même pourrait être concernée au regard de quelques géants d'hier et de leurs épigones actuels.
J'ai longtemps cru l'avoir quittée sans regret, parce que j'en avais fait le tour et qu'elle m'avait donné tout ce que ce splendide métier était susceptible d'offrir. Pourtant le temps passe et à mille signes je perçois que je ne l'ai pas abandonnée, elle se rappelle sans cesse à moi. Parce que j'ai envie de la défendre contre ceux qui injustement l'attaquent, parce que je désire la porter haut contre trop de magistrats qui la banalisent et participent à la perte de confiance qu'elle inspire à beaucoup de citoyens et de politiques qui ne la connaissent pas, les premiers et les seconds la caricaturant dans un registre différent.
Je ne me lasserai jamais de célébrer sa grandeur alors que tant de juges s'abandonnent à ce jeu à la mode : tout dire et tout faire pour dissuader quiconque d'y entrer avec enthousiasme.
Un autre propos d'Alain Delon m'a touché encore davantage parce que je me suis rendu compte qu'au cours des multiples conférences et interventions que j'avais faites, spontanément ou questionné j'avais usé de la même argumentation que lui. "Si le jeune homme que j'étais venait aujourd'hui me demander mon avis sur son avenir, je crois que je lui conseillerais de tenter sa chance au football ou au tennis", avait-il confié. Pour ma part j'insistais sur le fait que, jeune étudiant, si j'avais à choisir un métier, l'état d'esprit de la magistrature actuelle et sa conception tristement prosaïque et décliniste de la Justice me détourneraient à coup sûr de celui de magistrat.
J'entends bien les objections à cette vision épique d'un service public dont l'honneur est de "raccommoder les destinées humaines" : on me reprocherait d'oublier le manque de moyens, la surcharge de travail, les dépressions et le quotidien pesant d'une profession dévaluée. Je ne tourne pas en dérision les plaintes, les gémissements, le corporatisme et l'obsession de la matérialité.
Mais je ne peux supporter que l'essentiel soit relégué. Qu'il n'existe plus, dans la magistrature, la moindre personnalité emblématique pour placer et promouvoir, sur l'autre plateau de la balance, l'orgueil, pour soi, d'être juge, l'utilité, pour tous, de l'être.
Ni nains ni dinosaures, juste des pacificateurs du quotidien et les protecteurs de l'innocence.
Rédigé le 01 janvier 2025 dans Actualité, Art, Education, international, Justice, Livres, Médias, parole, Police, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (24)
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Chers commentateurs, merci infiniment pour vos voeux qui me touchent, dans ce rituel de fin d'année et d'année renaissante. Je les reçois avec une reconnaissance que l'habitude n'a jamais altérée. Je vous transmets, pour vous et tous les vôtres, mes souhaits chaleureux de santé et de bonheur. Que 2025 vous comble autant qu'il est possible ! J'espère très égoïstement que vous serez de plus en plus nombreux sur ce blog à m'offrir approbations, critiques ou nuances mais dans une forme qui fera honneur à cette "justice au singulier".
Bien amicalement
Rédigé le 01 janvier 2025 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (18)
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Impossible n'est pas français : cette citation est prêtée à Napoléon.
J'admets qu'en certaines circonstances dramatiques elle a pu se vérifier. Par exemple, pour Notre-Dame de Paris restaurée magnifiquement en cinq ans alors que personne, sauf le président de la République, n'y croyait. J'espère qu'il en sera de même pour Mayotte dont le Premier ministre s'est engagé à la sortir du marasme en deux ans.
Malgré les quelques réussites exceptionnelles qui démontrent la lucidité napoléonienne, que de péripéties politiques ou sociales qui, au contraire, valident cette impression qu'impossible est français...
Ces derniers jours j'ai été frappé par le volontarisme du garde des Sceaux et les mesures que Gérald Darmanin projette, notamment à l'encontre des narco-trafiquants. Il souhaiterait "placer les profils à risque dans des conditions de détention drastiques", dans un état d'isolement comparable à celui des détenus terroristes qui n'ont jamais pu, eux, d'où ils étaient, inspirer et organiser des massacres. Le ministre aspirerait à un régime strictement identique pour les premiers.
Le constat qu'il a fait, révélant que trop souvent des "narcos" d'envergure avaient commandité des trafics et des assassinats de l'intérieur de la prison, était, avant sa nomination place Vendôme, partagé par beaucoup. Les professionnels de la police, de la justice et de l'univers pénitentiaire en prenaient acte mais rien de plus : c'était comme cela, un scandale, mais il n'y avait rien à faire ! (Exemple de la prison de Nantes-Carquefou : CNews)!
Ce qui hier était insupportable est devenu aujourd'hui tolérable parce que, paraît-il, sans solution pour le supprimer, trop compliqué en tout cas.
Il a suffi que Gérald Darmanin interroge la possibilité de remédier à ces terrifiantes défaillances de l'ordre, à ces graves anomalies qui pourrissent la vie carcérale comme la tranquillité publique, en imposant un isolement rigide à cette catégorie de transgresseurs dont il a demandé la liste à l'administration, pour qu'aussitôt la résistance s'organise (Le Parisien).
Le mal dénoncé auparavant ne devait pas être réparé ni éradiqué. Les criminels incarcérés mais demeurant actifs pour le pire devaient être laissés dans les conditions qui autorisaient leur malfaisance. La conclusion à en tirer était qu'on avait le droit de faire tous les constats du monde, de même que pour la prolifération des portables, mais que surtout il fallait bien se garder de s'en inspirer pour l'action, pour des réformes et des pratiques effectives, immédiatement opératoires. Comme si seul comptait le fait de savoir et de déplorer.
Je pourrais comprendre que, si on s'accordait absolument sur l'obligation de lutter contre ces dysfonctionnements carcéraux, on discutât telle ou telle modalité, on préférât celle-ci à celle-là. Mais ce n'est pas ce qui s'est produit à l'égard de l'initiative prise par le garde des Sceaux. "Avocats et magistrats ont été partagés" et même le personnel pénitentiaire a été moins convaincu que réticent.
On n'a même pas soutenu le ministre dans sa résolution forte d'aboutir malgré les obstacles, on a de tous côtés et à tous niveaux focalisé seulement sur les obstacles.
Comme s'il y avait, dans le désir élémentaire de mettre fin à un laisser-aller carcéral créateur de délits et de crimes au dehors, une forme de provocation.
Comme si le garde des Sceaux, en refusant la facilité et le confort d'une objectivité sans le moindre risque d'effet, donnait mauvaise conscience à tous ses prédécesseurs trop heureux d'avoir fait preuve d'une lucidité similaire mais d'une passivité jamais remise en cause.
On devrait se féliciter d'avoir, avec cet authentique couple régalien voulu par le Premier ministre, le miracle politique d'un duo cherchant à s'échapper de la perversion nationale : les mots pour dénoncer et promettre, l'immobilité pour ne pas courir le risque d'échec par les actes.
Aussi bien Bruno Retailleau que Gérald Darmanin, chacun à sa manière, remettent ainsi de la crédibilité dans un univers politique, de l'efficacité dans le comportement ministériel. Il n'y a pas de moyen plus sûr pour redonner confiance aux citoyens.
Changer ce qui va mal et faire renaître "Impossible n'est pas français".
Rédigé le 30 décembre 2024 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (57)
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Il y a les billets qu'on écrit quand la mort vient quasiment de frapper. Alain Delon (AD) nous a quittés le 18 août 2024 et le lendemain j'ai publié : "Alain Delon n'était pas que beau".
Plus de quatre mois ont passé depuis. Sortis de l'immédiateté, la nostalgie s'approfondit, le portrait s'affine et la réflexion se complexifie.
J'ai lu une remarquable et très détaillée biographie d'AD, "Alain Delon - Un destin français", par Philippe Durant. C'est elle qui m'a donné envie de revenir sur la destinée d’AD, tant elle est riche et éclairante sur l'homme et l'immense acteur. Un parcours avec ses ombres et ses lumières, surtout avec sa singularité, qui en a fait le dernier monstre sacré du cinéma français.
Qu'on l'ait aimé au-delà de toute mesure ou qu'on l'ait détesté, sa marque fondamentale était qu'il ne laissait personne indifférent. Il traversait l'histoire des gens, hommes et femmes, qu'il croisait, connaissait, appréciait, soutenait ou admirait, en apposant sur eux, pour le pire comme pour le meilleur, une trace indélébile. Peu d'êtres jouissent d'un tel sombre et magnifique privilège.
Jamais guéri d'une enfance chaotique, blessé par le sentiment de n'avoir pas été assez aimé, formé et durci par son expérience militaire en Indochine, impétueux, transgressif et peu discipliné dans ses jeunes années, il a découvert le cinéma par hasard, sans véritable vocation, en y étant conduit par son incroyable beauté qui lui ouvrait toutes les portes, séduisant tous ceux qui rencontraient son chemin et avaient, très vite, l'intuition qu'il serait un acteur hors du commun. Je songe notamment, à Edwige Feuillère et Bernard Blier qui ont aussitôt compris.
Il aurait pu s'engager sur cette voie royale et confortable, comptant sur son apparence unique et se laissant aller dans des oeuvres loin d'être impérissables. Mais il a su, par volonté et grâce à la conscience de mériter mieux et de devoir aller plus haut, au firmament de l'art, s'arracher à cette facilité. Usant de certaines personnalités comme de maîtres ou de pères - notamment René Clément, Luchino Visconti et Jean-Pierre Melville -, il a tout appris d'elles, s'est cultivé, s'est formé le goût, a, sous leur égide, offert dans des créations de très haut niveau, des prestations inoubliables. Plein Soleil, Rocco et ses frères, le Guépard, Monsieur Klein, la Piscine où il a retrouvé Romy Schneider, la femme mythique, passionnément aimée, jamais oubliée, et redonné un élan décisif à cette actrice à la fois superbe et fragile.
Producteur, il a été le maître d'oeuvre exclusif de Borsalino, avec Jean-Paul Belmondo, son très amical rival à l'époque dans le panthéon du cinéma français.
Il serait absurde de dépouiller AD de tout ce que sa destinée a aussi charrié de trouble. Il n'a jamais transigé sur ses amitiés et délétères ou non, il leur est demeuré fidèle, dans les bons comme dans les mauvais jours. À cause de cette propension à ne jamais lâcher personne, il a dû assumer un incroyable chemin de croix judiciaire - l'affaire Markovic dont on a appris plus tard que ses instigateurs n'avaient eu pour but que d'empêcher la candidature présidentielle de Georges Pompidou.
Mais quel caractère, quel tempérament, quelles dispositions contrastées !
Charmeur, sensible, susceptible, autoritaire, délicat, généreux, entier, reconnaissant, exigeant, perfectionniste, obsessionnel, orgueilleux, modeste face aux rares qu'il respecte et admire, patriote et gaulliste, sans concession sur ses valeurs et sur la conscience professionnelle, impitoyable à l'égard de ceux qui l'ont déçu, fidèle en amitié mais jamais en amour, dur avec sa progéniture, misanthrope au fil des années, solitaire, sarcastique sur le présent, magnifiant le passé dont il était le centre, un homme qui a vieilli diminué mais gardant son apparence fière et altière. Sa mort fut un choc pour tous.
132 jours après, son absence brille autant que sa présence éblouissait hier.
Rédigé le 28 décembre 2024 dans Art, Cinéma, international, Justice, Livres, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (26)
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La composition du gouvernement de François Bayrou (FB) a suscité des critiques parfois virulentes, dont la mauvaise foi et le parti pris ont fait douter plus que jamais de l'honnêteté politique. On a tout à fait le droit de ne pas l'estimer conforme à ses désirs mais on ne peut nier, qu'on apprécie ou non l'ensemble des ministres, qu'il a de la tenue, de la qualité, de la cohérence.
Pour qui souhaite sincèrement la réussite de FB, dans l'intérêt de la France, il suffit de se demander quel ministre nous manque dans ce gouvernement. Pour ma part je ne regrette que l'absence de Xavier Bertrand (XB) qui aurait dû accepter, selon moi, le ministère de l'Agriculture que le Premier ministre lui avait proposé. Il y a des susceptibilités et des polémiques qui ne me semblent pas accordées à la gravité de la situation ni acceptables au regard des personnalités concernées.
Je le dis d'autant plus volontiers que la particularité essentielle, le caractère profondément novateur de cette structure de gouvernement, est la constitution d'un couple régalien authentique. Il est composé d'un remarquable ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau (BR) - appréciation que valide une majorité de Français, ce que Jean-Jacques Urvoas évoquant "les têtes d'affiche" de ce gouvernement a paru oublier (Le Monde) - et d'un garde des Sceaux, Gérald Darmanin (GD) qui, pour avoir été en charge de la place Beauvau, est parfaitement légitime place Vendôme.
Depuis des lustres je pourfends cette volonté de faire croire à une obligatoire et nécessaire distance entre ces ministres, leurs administrations et les mondes dont ils ont la charge. Je n'ai jamais compris pourquoi la France se devait d'abriter, par respect d'une symbolique plus que du réalisme, deux ministères aux buts communs mais contraints de s'afficher méfiants l'un de l'autre.
Contrairement à ce que j'ai entendu d'Évelyne Sire-Marin, le 26 décembre, dans les Vraies Voix à Sud Radio, le ministère de la Justice n'a pas vocation à être un contre-pouvoir mais, pour la première fois, il sera une part fondamentale d'un espace intellectuel, politique et régalien dont l'esprit sera également celui du ministère de l'Intérieur.
Cette opposition stérile qui n'a cessé, comme dans un jeu de rôle, de confronter des postures ministérielles vouées paraît-il à être structurellement antagonistes, va s'interrompre. Au lieu d'avoir un affrontement, des philosophies diverses et contrastées, la France bénéficiera d'un couple déterminé à mener une action à l'unisson, pour la sécurité comme pour la justice pénale.
Il n'est pas absurde d'espérer de cette entente unique un remède à la relation souvent médiocre entre la police et la magistrature. Les deux ministres sont très au fait de ces dissensions délétères au point d'avoir pu entraver l'efficacité du combat contre la délinquance et la criminalité.
J'aime que GD ait affirmé vouloir concrétiser la feuille de route du peuple français, ce qui en effet constitue une manière lucide d'appréhender le futur de ses efforts ministériels.
Le nouveau garde des Sceaux est totalement adapté à la fonction qui lui a été confiée. Il ne déteste pas les magistrats, dont il administrera l'univers en cherchant à répondre à leurs attentes tant matérielles qu'humaines. Il n'aura pas pour impératif de se lancer dans un "Grand soir" à la fois utopique et inutile mais de veiller avec un pragmatisme intelligent, volontariste et réactif - c'est la marque de GD -, à pallier les dysfonctionnements immédiats, à réparer les manques et les pénuries trop criants, à se pencher sur l'univers carcéral pour faciliter l'exécution des courtes peines et pour résoudre le scandale de certaines prisons surpeuplées, tant pour remettre de l'ordre dans les établissements pénitentiaires que pour les "nettoyer" en se souciant au premier chef de la sécurité des surveillants, mise en péril par la violence des détenus faisant la loi, par les instructions criminelles émanant des caïds et par les trafics de toutes sortes. Avec les portables omniprésents.
En résumé GD veut des opérations "place nette" dans les prisons et des "maisons d'arrêt plus petites" (TF1).
Un travail colossal à accomplir mais qui appellera moins de déclarations partisanes, moins d'éructations anti-RN que de patience, d'obstination, de créativité et de modestie. Ce n'est pas d'une "grande gueule" dont la justice a besoin mais d'un ministre qui démontrera à chaque instant sa capacité de transformer le réel imparfait. Ni impuissance ni fatalité !
GD s'est rendu dès le 25 décembre au tribunal judiciaire d'Amiens et au centre pénitentiaire de Liancourt. Il a exposé ses objectifs. Il sera plus le ministre des victimes que celui des coupables. Il a donné son numéro personnel aux responsables des syndicats : de grâce, que ces forces de régression et de corporatisme ne l'inondent pas de messages inutiles !
Je ne pèche pas par naïveté. Une chance inouïe est donnée aux forces de l'ordre comme aux magistrats. Deux ministres de qualité et de fermeté, deux personnalités prêtes à entreprendre. Et qui ne seront pas désunies.
Enfin un vrai, un authentique, un miraculeux couple régalien.
Si j'ose, c'est Noël !
Rédigé le 26 décembre 2024 dans Actualité, international, Justice, Médias, parole, Police, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (58)
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Marc Bloch (MB), historien fusillé par la Gestapo en 1944 pour des faits de résistance, sera panthéonisé en 2025. Il a écrit un chef-d’œuvre sans la moindre complaisance, tout de réalisme et d’intelligence, « L’Étrange défaite » où, venant de la gauche républicaine, il dénonce les élites françaises et le système des partis (Jacques de Saint Victor dans Le Figaro).
Alors qu’avec Emmanuel Macron, les panthéonisations - parfois contestables - sont décidées à bride abattue, celle de Marc Bloch offre le singulier mérite d’être approuvée par tous. Tant à cause de son passé héroïque que de la justesse de son diagnostic sur hier, qui vaut pour aujourd’hui et pour demain. Il met en évidence et blâme cette perversion française qui face aux dangers, aux épreuves, a souvent préféré l’aveuglement voire la lâcheté. Tout donc, sauf la lucidité et le courage.
Il n’est pas un passage de cette magnifique analyse de la personnalité, de la pensée et de l’action de MB qui ne devrait pas être cité. Mais je vais en retenir deux en raison de l’actualité tragique et politique.
Le premier concerne cette déclaration de MB : « Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite ». L’antisémite lui fait rejoindre son appartenance à en défense, par dignité et solidarité. Dans le monde d’aujourd’hui où l’antisémitisme augmente, rien ne me paraît plus salubre que d’affirmer hautement la détestation de ce poison et sa volonté de soutenir, autant qu’il est possible, la résistance d’Israël et son droit à une légitime défense, face à des groupes et des pays qui n’aspirent qu’à son éradication. En même temps que doit être reconnue la liberté de pouvoir critiquer, sans indécence, la politique de cette nation, cependant bouclier démocratique et des valeurs occidentales dans un environnement hostile.
Je me souviens, avec infiniment de modestie, MB au tout petit pied, d’un épisode judiciaire où j’avais été nommé chef de la section du droit bancaire au parquet de Paris. Cette promotion qui m’avait permis d’incarner tout ce à quoi je croyais pour le service public de la Justice, avait été vertement stigmatisée par une personnalité, magistrat syndiqué d’extrême droite, au motif que « j’aurais été juif et franc-maçon ». J’ai évidemment, par honneur, revendiqué de l’être, sur la première comme sur la seconde qualité, alors que ce n’était pas le cas, pour l’une comme pour l’autre.
L’autre affirmation de MB sur laquelle j’ai envie d’attirer l’attention est celle-ci : « Nous jugeons beaucoup trop. Il est commode de crier « au poteau ». Nous ne comprenons jamais assez ».
À titre personnel je ne m’exonère pas de ce grief. J’ai succombé parfois à ce simplisme vindicatif.
Sur le plan politique, je vois une très forte concordance entre ce que dénonce MB et la situation gouvernementale et parlementaire d’aujourd’hui. En effet, il me semble à la fois qu’on ne cherche pas à « comprendre » le Premier ministre François Bayrou et qu’on ne le crédite pas de son obsession à vouloir « comprendre » les autres, aussi éloignés qu’ils soient de lui.
Le 23 décembre, à la fin de son entretien sur BFM TV, il m’est apparu, non pas résigné mais conscient d’une mission à mener sans que personne d’autre ne la lui envie, tel un Créon assumant ses responsabilités contre toutes les Antigone de pacotille proférant « on ne veut pas de lui » ou « il n’y a qu’à ».
Il est extraordinaire de constater comme il y a des êtres qui échappent au temps. Ils sont rares, ces hommes et ces femmes pour l’éternité. Marc Bloch en est un et lui rendre hommage demain sera nous honorer nous-mêmes puisqu'il est des nôtres mais en sublime.
Rédigé le 24 décembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (58)
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Parce que je l'ai bien connu il y a des années et que je retrouve l'intrépide et obstiné centriste qu'il a été.
Parce que nous sommes trop peu à le soutenir, quel que soit notre registre, et qu'il m'est insupportable de voir tant de citoyens s'abandonner à une dérision facile et à des accusations jamais questionnées alors qu'ils ne le valent pas. Se moquer de ce qu'on n'est pas capable d'être est la pire des médiocrités.
Parce que je perçois, dans les moqueries à son encontre, notamment sur son oralité, des relents de mépris qui ne me plaisent pas, d'autant plus qu'ils émanent généralement de gens qui eux-mêmes maîtrisent très mal la parole.
Parce qu'il convient à toute force de le préserver, en particulier contre les échéances parlementaires énoncées avec une volupté sadique par un Jean-Luc Mélenchon prophète de malheur politique, et que ce n'est pas son niveau d'impopularité qui nous détournera de lui mais, bien au contraire, il nous incitera à nous mobiliser !
Parce que j'ai envie de rendre hommage, quelle que soit son issue, à une démarche fondée sur le refus absolu de la plaie française principale : le sectarisme et l'intolérance, et sur l'aspiration, rien moins que naïve, à ne pas imposer à notre pays une déperdition des énergies et des intelligences.
Parce que François Bayrou, depuis tant d'années, n'a cessé de nous alerter sur le montant aujourd'hui colossal de la dette française et que sa lucidité le rend plus qu'un autre légitime pour tenter de résoudre une équation qui semble au premier abord insoluble : éviter la faillite du pays sans augmenter les impôts et en sabrant un certain nombre de dépenses sociales et de structures inutiles.
Parce que les Républicains, malgré l'obsession de Laurent Wauquiez pour 2027 (et peut-être avant ?), sont décidés à participer à ce gouvernement et que j'augure le meilleur de l'intelligence modératrice du Premier ministre accordée avec le volontarisme actif et courageux de son ministre de l'Intérieur qui, aujourd'hui, est le vrai patron de la droite française.
Parce que le gouvernement qu'il proposera au président sera le meilleur possible, malgré les refus sectaires ou lassés, pour répondre à l'attente des citoyens. Et pour agir vite.
Parce que François Bayrou, dans cette passe unique pour notre vie politique et parlementaire, a démontré qu'il était capable d'imposer sa qualité et son autorité de Premier ministre à un président de la République épuisé, perdant parfois ses nerfs (même s'il avait raison sur le fond à Mayotte), fragilisé sur un plan politique mais d'autant plus enclin alors à des coups fourrés et à des rétorsions vicieuses.
Parce que ne pas défendre François Bayrou serait faire perdre sa dernière chance à la France en état de délitement depuis la dissolution et l'échec estimable du gouvernement de Michel Barnier.
Parce qu'on a le droit d'espérer que les forces naturellement désireuses de ne pas ajouter au désordre institutionnel et parlementaire le poison d'une politique du pire - j'aurais aimé pouvoir y inclure les socialistes mais il ne leur a pas suffi de se distancier de LFI pour tenir un cap responsable ! - sauront, mieux qu'avant, faire bloc pour offrir à un Premier ministre de bonne volonté et exemplaire par son esprit démocratique, la latitude pour relever tous les défis qui l'attendent et qui inquiètent tous les citoyens de quelque bord qu'ils soient.
Parce que François Bayrou, au-delà des reproches d'avoir trahi - ce n'est pas trahir que de faire passer ses convictions avant ses intérêts - a et est une personnalité suffisamment libre et singulière, dans cette période atypique, pour correspondre à ce dont le pays a besoin.
Parce que, tous clivages partisans laissés de côté, François Bayrou n'est pas indigne de la mission et de l'honneur d'avoir à gravir, selon sa propre expression, un Himalaya (budget, retraites, crise agricole...) pour redonner à la France espoir, vigueur et apaisement.
Parce qu'aujourd'hui il est redevenu celui qui m'a ému, celui que j'ai admiré, n'en déplaise aux pisse-froid de la politique.
Rédigé le 22 décembre 2024 dans Actualité, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (100)
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La crise politique s'amplifie jour après jour. Malgré qu’il fasse tout ce qu'il peut pour réconcilier les inconciliables, on peut craindre que le sort de François Bayrou soit bientôt injustement scellé par une motion de censure. Avec les conséquences présidentielles qui en résulteraient.
J’éprouve le sentiment déprimant d'un délitement de l'échelle intellectuelle et sociale, de bas en haut. Bien sûr je vais parler de la forme et de la dégradation de tous les moyens d'expression mis à notre disposition par la modernité, de la parole elle-même jusqu'aux réseaux sociaux.
Avant d'aborder ce thème qui me tient tellement à coeur, comment ne pas s'indigner des indécentes réactions à la suite de la condamnation définitive de Nicolas Sarkozy qui va bénéficier d'un bracelet électronique. La cour d'appel a souhaité cette modalité d'exécution de la peine, moins éprouvante qu'une incarcération. À quelques exceptions près, personne n'a relevé qu'il s'agissait d'une infraction formelle caractérisée dès le pacte téléphonique. Celui-ci n'avait pas à être protégé par le secret absolu régissant l'échange entre le conseil et son client puisque l'entretien traitait d'un délit à commettre, les conséquences (mise en oeuvre ou non) étant indifférentes...
Depuis le 19 décembre au matin, j'ai été confronté à une tâche épuisante qui dans un régime parfaitement démocratique n'aurait jamais dû échoir à qui que ce soit : démontrer que la justice a bien fonctionné (première instance, cour d'appel et Cour de cassation). Dans un monde normal, ce ne serait jamais aux autorités légitimes, aux institutions régaliennes d'avoir à se justifier mais à ceux qui ont transgressé leurs règles et mérité leurs sanctions.
Sur le plan judiciaire (évidemment tous les avocats coalisés !), politique (il faut à tout prix nier les évidences au profit de sa cause partisane) et médiatique (certains crachats sur la Justice et au bénéfice intéressé de Nicolas Sarkozy), tous se sont dressés contre ce scandale d'une bonne justice en oubliant que la coupable n'était pas elle mais Nicolas Sarkozy.
Beaucoup ne connaissent pas le droit. Ce ne serait pas si grave s'ils ne s'en flattaient pas. Comme si les défaillances qui hier auraient fait rougir de honte honoraient aujourd'hui !
Les procès unilatéraux, les accusations hémiplégiques, les charges injustes, sont insupportables.
Le président de la République à Mayotte reproche à ceux qui le huent leur ingratitude et de fait on n'est pas habitué à une telle perte de contrôle, à une colère aussi extrême. C'est un homme sans doute épuisé, qui n'en peut plus de voir le fil politique lui échapper et qui faute de trouver le mode d'emploi de sa renaissance (il exclut sa démission), tombe dans un ressentiment beaucoup plus ostentatoire que celui que la dissolution a révélé sur le mode calamiteux dont nous continuons à payer le prix.
Le Monde publie une série très informée sur sa présidence depuis 2017 et rapporte des propos "homophobes et racistes" qu'il aurait tenus : il en conteste certains.
Le président a une vie de fou, comme ses prédécesseurs. Le "sans dents" de François Hollande s'inscrivait dans la même logique où dans la sphère privée, on s'abandonne à un langage qu'on ne veut plus maîtriser. Emmanuel Macron a usé de ce verbe discutable dans un cercle politique tellement étroit qu'il devenait quasiment intime. Il a été comme tout le monde. Il ne s'est pas rappelé qu'on est condamné à être président à plein temps !
Quand nos politiques, les présidents surtout, perdent leurs nerfs, j'ai tendance à ne pas leur jeter la pierre. C'est grossier et malséant mais ils ont des excuses que nous n'avons pas.
J'ose dire que personne n'est innocent. Tout le monde est comme lui alors que la majorité des citoyens n'ont pas de justification pour salir le langage, user de mots grossiers parfaitement inutiles, dénaturer systématiquement la correction du verbe. Partout, au prétexte qu'on se retrouve entre soi, chacun se laisse aller. Journalistes, animateurs, artistes (Michel Sardou questionné par Nathalie Renoux sur M6, pour rester fidèle à sa légende, éprouve le besoin de placer quelques grossièretés, ce qui n'ajoute rien à son intelligence), commentateurs, sur ce blog même parfois, le commun des Français, par une sorte de fatale déliquescence, constitue la belle langue française comme une entrave à la libération de tempéraments éruptifs, haineux, excités.
Ce qui peut à la grande rigueur s'admettre chez des présidents à bout de nerfs devient intolérable lorsqu’au quotidien beaucoup d'entre nous se pensent désinvoltes, décontractés alors que nous sommes seulement vulgaires et immatures !
Cette merveille des réseaux sociaux - quoi de plus performant pour multiplier ses connaissances, amplifier son savoir, écouter et lire autrui, réagir et contredire, critiquer ou admirer ? - est en même temps un enfer. On est fondé à s'interroger : chez certains, l'ignominie personnelle préexiste et trouve le prétexte de X pour s'extérioriser...
Les parents ou les enfants frappent les professeurs. Les députés, nombreux, ne sont plus honorés de nous représenter mais se déshonorent en polluant honteusement la représentation nationale.
Des féministes vindicatives et haineuses présentent le pire des visages à un avocat qui maladroitement est venu à leur rencontre. C'est cette humanité qui soutient la digne et estimable Gisèle Pelicot ?
De la même manière que, selon François Bayrou, "penser tous la même chose n'est plus penser", prendre toute contradiction pour une offense, pour un droit à hurler, voire à frapper constitue aujourd'hui le pire d'une civilisation qui s'engouffre avec volupté dans le reniement d'elle-même.
Le racisme et l'antisémitisme augmentent parce que le langage dévoyé est à leur disposition.
Plus personne n'est innocent en France : sur tous les plans, nul recours possible.
Rédigé le 20 décembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (55)
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Loin de moi l'idée de mythifier la Corse en oubliant les violences, les meurtres, les assassinats et le terrorisme qui ont tragiquement endeuillé des familles et dévoyé cette île magnifique.
Mais comment ne pas être saisi par l'empathie et une forme d'estime, voire de respect que les Français éprouvent de plus en plus pour la vie en Corse, ses grandeurs, son honneur, ses vertus anciennes ?
Ce pape obstiné qui a préféré la foi populaire et cette immense et intense ferveur corse à la solennité officielle, splendide autrement, de Notre-Dame de Paris, a sans doute tout compris de ce qu'il y avait d'unique sur ce territoire, cette croyance naïve, sans apprêt, pour les symboles religieux et l'évidente relation du catholicisme avec cette île. Fi, ici, des doctes scepticismes, d'une conception intégriste de la laïcité, du refus des crèches, de cette volonté d'éradiquer tout ce qui de près ou de loin renvoie aux origines chrétiennes de la France. La Corse m'est apparue en ces derniers jours comme la revanche de l'émotion simple, spontanée, heureuse de s'exprimer sans la moindre honte ni la plus petite réserve, sur la rationalité contente d'elle-même.
Comment passer sous silence le culte de ces qualités tellement intériorisées parfois qu'elles se passaient de mots, qu'elles n'avaient besoin que de ces visages et de ces mains accordés ? La confiance, la fidélité, l'amitié, le goût et la protection de l'enfance, la dignité, le souci des personnes âgées et de leur expérience.
Longtemps, sur le plan de la sécurité, il y a eu en Corse des personnes auxquelles on ne touchait pas. Les viols étaient inexistants et les enfants sacrés. Les personnes âgées également. Une sorte d'immunité laissait à l'abri tout ce qui relevait de la vie intime, de l'existence familiale. Les délits et les crimes se situaient dans un autre monde, une autre sphère. Les choses ont un peu changé dit-on mais je continue à penser que la Corse échappe encore à cette terrifiante dérive du continent où plus aucune limite n'existe, où plus aucun frein n'est mis à la libération des pires instincts. Avec une précocité de plus en plus constatée et une voyoucratie arrêtée par rien, et pas seulement dans le domaine de la drogue et du narcotrafic.
La Corse ne cesse de se battre pour rester elle-même. L'identité n'est pas un gros mot, là-bas. Qu'on se rappelle certains incidents, des affrontements dans les cités, sur des plages, où pour défendre leur communauté contre ceux qui prétendaient imposer leur loi et leur force, les Corses unis ont mis le holà. Et les avertissements ont été compris. Là où le continent trop souvent cède par faiblesse ou fatalisme, la Corse est trop fière de ce qu'elle est pour laisser se perdre ce qui la constitue. Avec la conscience que sa résistance est légitime.
Je ne pousserai pas la provocation jusqu'à considérer que même dans la criminalité corse, il reste des éléments la distinguant. Il ne faut pas abuser de cette pente trop française, cultivée médiatiquement, qui cherche à donner du lustre à l'odieux ou à l'ignoble.
Nous n'avons pas besoin de cela pour aimer la Corse, sa population, ces êtres parfois sombres d’apparence, ne s'abandonnant pas à une amabilité facile mais attendant que le temps ait construit, démontré, fait son oeuvre. Mais alors c'est pour la vie !
La Corse est une France qui n'a pas encore pris l'habitude de plier. Loin d'être dépassée, j'espère qu'elle annonce ce qu'un jour nous pourrons redevenir.
Si les touristes nombreux qui s'y rendent et admirent ses magnifiques paysages et ses points de vue inouïs pouvaient aussi s'imprégner de ce que je n'hésite pas à nommer sa morale, ils y gagneraient en humanité vraie.
Rédigé le 18 décembre 2024 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Religion, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (48)
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Un matin, dans l'Heure des pros, je me suis reproché d'avoir fait preuve d'une condescendance coupable à l'égard d'un propos de Pascal Praud vantant la politique pénale du Salvador et sa rigueur carcérale. J'avais eu une réaction presque indignée devant le régime très dur mis en oeuvre par le président Nayib Bukele.
Celui-ci, élu en 2019, a été reconduit brillamment avec 84 % des voix au premier tour. Pour la raison principale qu'il avait réussi à faire de ce pays, où par exemple un assassinat par heure était commis entre 2017 et 2018, l'une des nations les plus sûres de l'Amérique centrale.
La violence des gangs a été éradiquée grâce à la mise en place d'une Cour spéciale pour juger les criminels et à la parfaite collaboration des pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif.
Grâce aussi à la construction en moins d'un an de la plus grande prison d'Amérique latine (JDD).
Lors d'une visite en France, le vice-président de la République du Salvador, Félix Ulloa, a exposé l'essentiel de ce qui a permis l'éradication des gangs, admise par tous les observateurs de bonne foi. Cette politique a suscité l'intérêt des pays confrontés, sur un autre registre, à l'augmentation de la délinquance, et qui ne parviennent pas à trouver la solution comme le Salvador l'a fait.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, dont j'espère qu'il sera maintenu à Beauvau, s'était rendu dans ce pays pour en tirer des leçons pour la France.
Il y a des méthodes salvadoriennes qui seraient facilement adaptables dans notre pays si les forces régaliennes, quel que soit leur niveau, de la plus basique à la suprême, conscientes du but à atteindre, se coalisaient pour amplifier leur efficacité. Si notre démocratie était plus soucieuse de se défendre et de protéger ses concitoyens que de cultiver avec une naïveté désarmante les délices d'un État de droit fait pour les transgresseurs plus que pour les honnêtes gens.
Je ne méconnais pas que notre humanisme collectif serait révolté par les conditions carcérales salvadoriennes et par l'absolue sévérité régissant l'univers de la répression, sans la moindre complaisance pour ce qui chez nous entrave toute lutte contre les voyous, les trafiquants et les criminels de toutes sortes. Nous nous félicitons des garanties que nous leur offrons quand le Salvador se réjouit des atteintes décisives qu'il continue à leur porter.
Il ne s'agit pas - ce serait impossible - d'importer le système salvadorien mais de retenir son enseignement capital. On n'arrivera à rien dans ce domaine si on ne met pas en oeuvre des dispositifs suffisamment rigoureux pour qu'entre la délinquance et son contraire, le choix ne s'attache qu'à la sauvegarde des biens et des personnes. Il faut persuader le criminel que le crime sera moins rentable pour lui que l'honnêteté. Aujourd'hui, en France, je ne suis pas persuadé que l'arbitrage irait dans ce sens.
Je me suis blâmé pour ma réaction médiatique. On a toujours tort de se moquer des exemples étrangers qui ont réussi. On doit les questionner, les adapter, les adopter. Surtout ne jamais les juger inconcevables chez nous.
S'il convient de trancher entre une France enfin sûre et la douceur de notre État de droit, je n'hésite pas à tout réclamer pour la première.
Comme le Salvador l'a fait pour lui.
Rédigé le 17 décembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (62)
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Que François Bayrou (FB) ait été nommé Premier ministre dans la matinée du 13 décembre est loin de me déplaire par rapport à ce qu'on pouvait craindre des élucubrations présidentielles.
Mais la manière vaudevillesque dont la chose s'est faite, le passage de Sébastien Lecornu à FB dans la tête du président en quelques heures, montre à quel point, depuis sept ans, les nominations et les promotions ont plus relevé d'un jeu de hasard, d'une reconnaissance clientéliste que de choix mûrement réfléchis et acceptables. Certes sur un mode moins caricatural mais il n'empêche que rétrospectivement on ne peut qu'avoir froid dans le dos à l'idée des risques qui ont été pris.
FB, dans un rapport de force qu'il a gagné, s'est imposé au président de la République. Pour l'un et l'autre, il va s'agir de leur dernière chance.
Pour Emmanuel Macron, cela va de soi. Si FB échoue, si une motion de censure renverse son gouvernement, je vois mal ce que le président pourra opposer aux blocages cette fois irréversibles dont la responsabilité initiale lui revient et à la constatation que son départ anticipé serait le seul remède.
Pour FB, ce sera aussi l'ultime possibilité de démontrer ce qu'il vaut vraiment. Sans qu'on puisse douter de ses ombres ou de ses lumières : les unes et les autres ne prêteront plus à discussion.
François Bayrou, âgé de 73 ans, est moqué par certains parce qu'il n'aurait rien accompli durant quatre ans au ministère de l'Éducation nationale puis comme haut-commissaire au Plan. D'autres l'accusent de trahisons, lui reprochant d'avoir voté, à titre personnel, pour François Hollande en 2012 au détriment de Nicolas Sarkozy dont le quinquennat l'avait déçu, et choisi, en 2017, Emmanuel Macron contre François Fillon.
Outre qu'il est toujours navrant de voir des citoyens tourner en dérision des responsables politiques qui les dépassent de cent coudées, l'outrance avec laquelle on appréhende le bilan de FB et certaines de ses positions est injuste. Pour ces dernières, on oublie le courage qu'il lui a fallu pour les faire passer avant le conformisme et la solidarité automatique qu'on attendait de lui.
Par ailleurs, pour qui connaît le parcours de FB et sa vocation centriste depuis le début, il conviendrait par honnêteté de placer sur le plateau positif de sa balance le lanceur d'alerte qu'il a été, notamment pour la gravité de la dette ainsi que pour le scandale démocratique de l'arbitrage Sarkozy-Tapie-Lagarde. Et son attachement constant pour une vie républicaine apaisée qu'il n'estimait possible que grâce à un dépassement de la gauche et de la droite.
Aussi la haine de Simone Veil à son encontre avait été mal comprise !
Quand FB a permis à Emmanuel Macron d'être élu en 2017, son soutien était parfaitement cohérent avec ce qu'il avait sans cesse pensé et martelé. Au point qu'on pouvait parfois questionner la validité d'une politique qui semblait ne s'attacher qu'aux modalités du débat public. Il faut convenir qu'il est demeuré un homme, durant les sept années de macronisme, à la fois libre, indépendant mais fidèle. Parfois critique mais argumentant souvent en faveur du président. Il avait un passé à faire valoir pour arracher Matignon à la force de son désir...
Sa volonté acharnée de faire sortir le centrisme de l'opportunisme et de l'inconsistance programmatique doit lui être reconnue. Sa vision du centre était pugnace, sans concession et, de fait, infiniment plus difficile à assumer que le confort de s'abandonner aux extrêmes. J'ai particulièrement apprécié le FB de cette époque, qui avait su redonner leur fierté à une cause et à un camp trop longtemps discrédités pour leur mollesse.
François Mitterrand a abusé de ces attaques faciles.
En même temps, F. Mitterrand qui était avare de compliments - même si tactiquement il disait à chacun de ses soutiens et de ses fidèles qu'il était le meilleur, même Jean-Luc Mélenchon en a bénéficié ! -, n'a jamais hésité à faire part de son estime pour la personnalité de FB, parce que celui-ci brillait par le verbe et la culture, ayant dominé courageusement un bégaiement.
Pour ma part, je ne dirai pas que je l'ai bien connu - ce serait outrecuidant - mais suffisamment côtoyé toutefois pour pouvoir offrir un témoignage sur sa tolérance et son souci de la liberté d'expression. À plusieurs reprises, il m'a convié à faire un discours à l'université d'été du MoDem, à Guidel, En pleine conscience du caractère libre et imprévisible de mon propos public. Je me souviens de son écoute et de son attention. Quand plus tard il a affirmé, devant un autre parti, que "penser tous la même chose ce n'était plus penser", j'ai retrouvé avec bonheur et nostalgie un état d'esprit dont il m'avait fait bénéficier.
Premier ministre, comme il l'a déclaré en réponse à Michel Barnier il va affronter "un Himalaya de difficultés". Sa tâche est immense. Tout ce qu'on est en droit de demander, de la part de ses adversaires comme de ses alliés, est qu'on le traite comme il le mérite : gravement, sérieusement, avec respect. Sans les moindres dérision ni abaissement.
Qu'on n'oublie pas que ce sera la dernière chance, au président comme à lui, pour la France et les Français.
Rédigé le 14 décembre 2024 dans Actualité, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (106)
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Durant des années, j'ai trop privilégié l'intelligence.
Dans mes relations professionnelles et amicales comme dans mon existence familiale.
Selon la définition très personnelle que je donnais à cette qualité qui la constituait d'abord comme une chance d'imprévisibilité et d'inventivité.
Ayant le grand bonheur d'avoir six enfants - trois garçons et trois filles - qui tous ne manquent pas d'intelligence, j'ai été conduit à réviser ma position et à considérer que le plus important est moins cette disposition qu'une certaine aptitude au bonheur et à l'élan de vie, une volonté d'enthousiasme et d'entreprise.
Qu'on m'entende bien, avec un peu d'ironie, on souhaiterait parfois que l'intelligence existât davantage chez certains !
Ce qui m'a fait réfléchir, bien au-delà de mon univers familial et amical, est la conscience que dans le domaine politique, en particulier sur le plan présidentiel, l'intelligence indiscutable de chacun des titulaires de la charge suprême n'a pas forcément démontré qu'elle était un gage de réussite, d'efficacité et d'exemplarité. Mais qu'au contraire d'autres vertus étaient nécessaires, la force du caractère, l'énergie de l'action, l'envie de la décision. La vigueur et la réactivité d'un tempérament.
Je n'ai pu que conforter cette perception avec les mandats d'Emmanuel Macron, dont le second est en cours avec des interrogations sur sa conclusion, normale ou anticipée.
Ce président qui continue à susciter une hostilité très singulière, s'attachant moins à ses oeuvres qu'à une image dégradée dans l'opinion publique à cause de ce qu'il est, nous offre la preuve, en forçant le trait, que l'intelligence peut être une calamité si elle n'est pas accompagnée par d'autres qualités fondamentales.
Quand on appréhende le bilan d'Emmanuel Macron, sa manière de présider, ses erreurs, ses surprises, ses mauvais choix ministériels, sa procrastination, ses décisions parfois aberrantes, cette propension à fuir le banal bienfaisant au profit d'incongruités provocatrices, cette conscience de soi qui le fait se préférer aux conseils même les plus avisés, ses pensées alternatives aboutissant à de l'impuissance, quelles conclusions peut-on en tirer sinon que ce président n'a cessé de pâtir d'une extrême intelligence ! Elle a été directement responsable de tout ce qui est déplorable dans ces sept années. En particulier, comment ne pas percevoir dans l'extrême lenteur de la plupart de ses démarches, quasiment une répugnance à trancher ! L'intelligence d'une certaine manière comme un antidote à l'action, l'intellectuel se tenant en surplomb de la réalité au lieu de plonger en elle pour la modifier !
Quel que soit le jugement sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy, en dépit de ses attitudes personnelles qui ont parfois détourné de lui, l'ancien président avait cette vertu capitale de l'aptitude à la décision. Il avait cette volonté de ne pas demeurer immobile face à un réel douloureux, désespérant ou imparfait mais de s'en saisir au contraire avec enthousiasme pour le transformer.
J'espère qu'en 2027 la démocratie aura la sagesse de choisir, parmi les candidats présentés à ses suffrages, celui ou celle qui saura que l'intelligence n'est pas tout.
Rédigé le 13 décembre 2024 dans Actualité, Education, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (47)
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Un sondage (Fiducial-Sud Radio) fait après la motion de censure, place Marine Le Pen au premier tour de la future élection présidentielle, avec 36 % face à Édouard Philippe qui serait à 25 % ; et à 38 % devant un Gabriel Attal à 20 %.
Nous sommes encore loin de 2027 mais ce sondage est éclairant pour peu que les bouleversements et les incertitudes politiques ne conduisent pas le président de la République à jeter l'éponge avant l'heure. Même s'il l'a totalement exclu récemment, cela n'avait pas toujours été sa position.
Ce sondage semble démontrer qu'il faut davantage faire confiance aux personnalités publiques en lice pour demain qu'aux analystes et aux politologues. Il est clair qu'avec son intuition, MLP a mieux perçu les humeurs et les désirs de son électorat que tous ceux qui, en chambre, bâtissaient des théories et concluaient péremptoirement que le vote de la motion de censure par le Rassemblement national allait lui faire perdre sa respectabilité durement conquise et décourager une part de ses militants. Apparemment c'est l'inverse, sans surestimer le caractère évidemment très ponctuel de ce sondage.
Il est facile de comprendre l'erreur assez constante des journalistes politiques dans leur approche du RN. En effet, à quelques exceptions près, ils sont enclins à confondre leurs désirs avec la réalité. Ils perçoivent mal celle-ci parce qu'elle a le grand tort de ne pas se plier à leurs voeux. C'est un mouvement subtil qui, paraissant ne pas exclure lucidité et bonne foi, les conduit pourtant souvent à faire passer leurs convictions avant les froides constatations qui devraient être les leurs.
On me pardonnera mais les émissions où les analyses les plus pertinentes ont été faites sur MLP, le vote de la motion de censure et ses conséquences possibles, ont été celles de CNews, notamment à l'Heure des pros 1, par Gérard Carreyrou.
Il me paraît malheureusement inéluctable que la manière étrange dont le RN est traité - il n'a pas été convié aux échanges élyséens auxquels MLP dit qu'elle ne se serait pas rendue : la dignité affirme refuser ce qui ne lui a pas été proposé ! - va amplifier son influence et lui donner, comme sa candidate l'a affirmé, la médaille d'or de l'opposition. Quoi de mieux pour un parti qui, tout en cherchant à se normaliser - au point parfois de se banaliser - se retrouve, grâce au président de la République qui n'est plus à une volte près, gratifié du statut de dissident et d'exclu !
Ce sondage dément les analyses des spécialistes parce que les citoyens mêlent à leur adhésion une infinité de considérations (soutien au RN, hostilité à l'encontre d'Emmanuel Macron, médiocrité des autres partis, volonté éperdue de changement) qui ne sont pas appréhendées dans leur globalité. Mais il ne garantit pas que MLP sera élue en 2027.
Si elle est remarquable tactiquement et politiquement pendant le trajet, je continue à penser que sa limite est de ne jamais l'être le jour J, arrivée à destination. Comme s'il y avait quelque chose chez elle qui la perturbait, la peur de gagner ? Non pas qu'elle ne le veuille pas, comme son père il y a des années, mais l'imminence de la victoire à portée démocratique l'entrave au lieu de la stimuler.
J'ai toujours éprouvé dans la vie intellectuelle, judiciaire, politique et médiatique une certaine méfiance à l'égard des prétendus sachants, des experts qualifiés, des doctes journalistes, de tous ceux qui prétendent nous enseigner ce que notre esprit, notre sensibilité et notre culture nous ont déjà appris.
Ce n'est pas ce sondage qui me guérira.
Rédigé le 11 décembre 2024 dans Actualité, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (49)
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Le conflit entre Laurent Wauquiez (LW) et Bruno Retailleau (BR), au sein des Républicains, est révélateur et a une longue tradition politique qui pourrait concerner beaucoup d'histoires partisanes. Si on accepte de ne pas tomber dans le byzantinisme pour faire croire à une noblesse des affrontements, ce qui oppose ces deux personnalités est, pour l'une, son appétence pour les coups fourrés, les magouilles et les exclusions et, pour l'autre, sa passion des actes et sa volonté de transformer une réalité insupportable pour les Français.
En effet, BR désirerait rester au sein du prochain gouvernement - si celui-ci a de la cohérence et que gauche et extrême gauche demeurent à l'extérieur et sur ce point seulement, accord total entre LW et BR (Le Figaro). Non par narcissisme personnel, de la part de celui-ci, ou ambition déplacée mais, tout simplement, comme pour tout bon artisan qui a commencé son travail, par l'envie de le terminer pour que la France aille mieux.
Qu'on ne me dise pas que je m'illusionne sur BR, avec cet air de pessimisme trop heureux de me donner tort... Mais je peux facilement objecter que le ministre de l'Intérieur qui, je l'espère, le sera à nouveau, a démontré, avant la motion de censure, à quel point son verbe et ses actions étaient indissociables. La droite a mis en valeur, enfin, dans l'exercice du pouvoir, un homme d'une droite authentique qui n'avait pas peur de s'affirmer ainsi et de le démontrer. Jusqu'à lui, nous n'avions connu, peu ou prou, que l'inverse.
Quant à LW, je n'aurai pas l'indécence de tenir pour rien son prestigieux parcours universitaire mais en politique, nous constatons que l'intelligence, aussi bien armée et dense qu'elle soit, ne garantit rien. Il y a, dans le pouvoir et sa périphérie, des obsessions, des tentations, des hostilités, des connivences, d'étranges et surprenantes solidarités, des antipathies subtiles qui n'ont rien à voir avec les capacités intellectuelles au sens classique mais tout avec la répudiation de valeurs humaines essentielles : courage, volonté, fidélité, obstination, lucidité et reconnaissance.
Après la catastrophique dissolution et le résultat dénaturé démocratiquement des élections législatives, nous avons été conduits à douter de la transparence politique et parlementaire de LW, aussi bien lors du choix du Premier ministre que de la composition du gouvernement. Il s'agissait déjà de tailler des croupières à BR qui pâtissait sans doute à ses yeux d'avoir été préféré à lui par le Premier ministre, pour Beauvau.
On sait aussi que LW a tout fait pour écarter David Lisnard des postes ou fonctions qu'il aurait mérité d'occuper dans cette période troublée où on n'aurait pas dû se permettre des ostracismes scandaleux.
Comme président du groupe parlementaire de la Droite Républicaine, LW ne s'est pas distingué par la clarté, la clairvoyance de ses choix et l'efficacité de ses tactiques. Sa complicité avec Gabriel Attal (qui a fortement écorné son image durant le mandat de Michel Barnier) a fait plus de mal que de bien à son camp. On a découvert un LW directif, autoritaire, avec une unique finalité : ne rien faire qui puisse léser ses ambitions présidentielles.
Comme s'il était assuré en 2027, ou avant si le président de la République préférait la dignité à l'impuissance, d'être le seul candidat de la droite. On en est loin. Il a eu beau tenter une table rase, ils sont plus que jamais là ceux qu'il trouvera sur sa route : David Lisnard, Bruno Retailleau (je l'espère, sa tâche accomplie), Xavier Bertrand, et d'autres qui sortiront du bois républicain...
En attendant, alors que le nom du successeur de Michel Barnier n'est pas encore connu, que LW, de grâce, cesse cette petite guerre médiocre seulement destinée à faire gagner la droite des magouilles contre celle des actes.
À faire perdre cette dernière au bénéfice de l'autre.
Rédigé le 09 décembre 2024 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (60)
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Le 7 décembre, Sarah Knafo - députée européenne depuis avril 2024 - a été questionnée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio.
Elle a été remarquable dans cet entretien, sur le plan de la forme, de l'argumentation, de la maîtrise de soi, en particulier quand elle a expliqué pourquoi, contrairement à Marine Le Pen et au Rassemblement national, elle n'aurait pas voté la motion de censure.
On peut être tout à fait en désaccord avec elle, ce qu'elle pense et ce qu'elle représente, sans que soit justifiée la rareté de ses interventions dans les médias publics (France 5 et France Inter ne l'ont jamais sollicitée).
J'ai choisi l'exemple de Sarah Knafo mais celle-ci est accompagnée par d'autres dans cet ostracisme que seules les campagnes officielles, avec leurs règles, battent en brèche. Éric Zemmour, Jordan Bardella, Philippe de Villiers et Michel Onfray par exemple, s'expriment et dialoguent ailleurs mais cette compensation ne rend pas moins insupportable, pour eux également, l'abstention des médias publics à leur égard. Irrigués pourtant avec l'argent du contribuable, ils opèrent des discriminations qui offensent une conception normale du pluralisme.
Je n'ai pas envie de discuter leur hiérarchisation des faits de société et le peu de place qu'ils octroient à des drames, à des délits et à des crimes pourtant révélateurs de l'état déplorable de la France mais aux antipodes de leur vision hémiplégique.
Le temps d'un billet, je vais me mettre à leur place et tenter de comprendre ce qui, de leur point de vue, légitimerait les exclusions qu'ils opèrent.
Il serait d'ailleurs possible de déborder le champ politique et social en appréhendant le registre culturel et littéraire. En s'étonnant, par exemple mais il y en aurait d'autres, du fait qu'un excellent écrivain français, styliste hors pair comme Thomas Morales, ne soit jamais convié chez Augustin Trapenard, Léa Salamé ou autres émissions du service public largement promotionnelles. Je n'ose croire que cette mise à l'écart puisse venir du fait qu'il écrive dans Causeur et exprime son amour de la province et sa nostalgie d'une France oubliée ou disparue !
Revenu dans la sphère où les partialités sont les plus criantes, quels seraient donc les ressorts interdisant aux médias publics d'accomplir leur mission ?
Une approche totalitaire de celle-ci, leur confiant le droit de vie ou de mort sur les personnalités dignes d'être invitées ? Si cette tentation existe, elle ne sera jamais avouée ni assumée. Dans un débat qui avait fait beaucoup de bruit sur ce que devait être le journalisme, il m'était apparu que Frédéric Taddéï l'avait largement emporté sur Patrick Cohen. Les journalistes ont un rôle d'inclusion et non d'exclusion. Tant que la loi est respectée dans le débat.
Ce n'est pas non plus le manque d'intelligence, de finesse et d'aptitude à l'oralité qui pourrait motiver le refus des médias publics à l'égard de certains: en effet Sarah Knafo et ceux que j'ai cités avec elle me semblent, au contraire, particulièrement briller dans ces dispositions. Au point que je m'interroge : ne donneraient-ils pas un complexe d'infériorité à ceux qui n'ont que la ressource de les récuser pour se croire meilleurs ?
Serait-ce alors que les médias publics se considéreraient comme personnellement offensés par l'affirmation de certaines convictions, par des opinions qui seraient contraires à leur propre corpus idéologique ? Si c'était le cas, ce serait grave.
D'une part, tout ce qui n'est pas interdit dans et par une démocratie est validé de ce fait même. D'autre part quelle légitimité supérieure auraient les médias publics pour s'arroger le droit de censurer ce qu'une part de la société a approuvé ? À quel titre pourraient-ils projeter de l'opprobre, de l'immoralité sur ce qui relève seulement de la contradiction politique et de la diversité républicaine ?
Les médias devraient s'honorer de leur obligation d'universalité au lieu de la nier. Sans parler de l'étrange passivité de l'instance de contrôle qui préfère s'en prendre aux excès du privé plutôt que sanctionner les offenses incontestables au pluralisme.
Quel que soit le regard porté sur toutes ces personnalités jamais agréées par le service public, elles manquent au débat politique et le condamnent à être inachevé, incomplet, mutilé.
Une Sarah Knafo ou un Michel Onfray qu'on laisse délibérément de côté par un décret impérieux d'une humeur médiatique orientée, ne sont pas remplaçables ni interchangeables. Les citoyens, alors, en sont scandaleusement privés.
Qu'on me fasse la grâce de croire que ma révolte serait la même si étaient répudiées par principe des paroles et des intelligences antagonistes.
Rédigé le 07 décembre 2024 dans Actualité, Art, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (80)
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Après le vote de la motion de censure, Ségolène Royal (SR) a écrit au président de la République pour lui proposer de la nommer Premier ministre. "Au nom des femmes et des petites filles".
Avec la réactivité qui caractérise L'Heure des pros, Pascal Praud, en début d'émission ce matin du 5 décembre, l'a invitée à nous rejoindre, à sa convenance.
Trois quarts d'heure plus tard, elle arrivait. Et de toute sa singularité, durant le temps qui restait, elle a été éclaboussante.
J'entends déjà les sarcasmes et la dérision. J'avoue n'être pas objectif à l'égard de cette femme qui, sur tous les plans, m'inspire de l'estime, parfois même de l'admiration (voir mon Entretien du 18 juillet 2020).
Questionnée par Pascal Praud, elle a expliqué les raisons pour lesquelles elle avait fait cette offre de candidature. Parce que sinon, parmi toutes les éventualités politiques, on n'aurait jamais évoqué son nom. Puisque, d'une certaine manière, la démocratie aujourd'hui contraint encore les femmes à faire preuve d'une extrême assurance ou à ne pas exister.
Pour n'être pas favorable au dogmatisme d'une parité intégrale, je considère cependant qu'il y a des femmes qui valent mieux que certains hommes de pouvoir. Parmi elles, on ne peut pas mettre sur le même plan SR, à la légitimité évidente, et Lucie Castets condamnée à faire sa propre promotion.
Au cours de l'entretien, SR, sans fuir l'interrogation sur ce qu'elle ferait à l'égard de LFI et son programme politique, a répondu que son seul souci serait de servir la France et que les partis la rejoindraient ou non. Elle ne dépendrait pas d'eux. On aurait eu tort de prendre cette affirmation de soi pour de l'arrogance. L'expérience acquise, les épreuves subies, ne la rendaient pas ridicule quand, avec une tranquillité sûre d'elle, elle se déclarait à la hauteur de la mission si elle lui était confiée.
Le plus touchant se rapportait à sa sensibilité de femme et de mère, qui la conduisait à exprimer l'affection qu'elle éprouvait pour ses quatre enfants, la fierté que leur parcours lui inspirait et le fait que c'était grâce à eux qu'elle avait surmonté tout ce qui aurait accablé une personnalité moins courageuse et résiliente qu'elle.
Évidemment Emmanuel Macron ne la choisira pas comme Premier ministre. Elle le sait mais cela lui importe peu. Cette volonté qui l'a toujours animée de ne rien céder au conformisme et à l'inégalité des sexes l'incite à dire qu'elle est là, qu'il n'y a pas de raison pour qu'on l'oublie et que, mise au pied du défi politique, elle accomplirait le travail aussi bien que les hommes prioritairement nommés et assumerait, comme eux, les devoirs de la charge.
Il est déplorable que le talent, la force, le courage, le respect du peuple, doivent être assénés, quand c'est une femme qui les possède, au risque de ne jamais être remarqués même s'ils ont été éclatants dans notre histoire, dans nos souvenirs.
Je ne peux m'empêcher de me rappeler que SR s'est retrouvée au plus haut dans le coeur des Français, quand un échec politique s'est conjugué avec une douleur intime et qu'elle a avec pudeur et dignité dépassé le premier et dominé la seconde.
Rédigé le 05 décembre 2024 dans Actualité, Education, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (58)
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On peut évidemment s'imaginer que le désir présidentiel de durer jusqu'en 2027 et l'ingéniosité d'Emmanuel Macron lui permettront de trouver une solution et d'échapper à ce qui pour l'instant, et de la part de voix savantes aussi bien qu'engagées, ressemble fortement à une impasse républicaine.
Il est en effet permis de le souhaiter puisque le 4 décembre une motion de censure, réunissant le Nouveau front populaire et le RN, sera probablement votée, mettant ainsi fin au gouvernement de Michel Barnier aussi vaillant qu'il a peut-être été un maladroit tacticien.
Si on suit Charles de Courson et Jean-François Copé, il n'y aurait plus d'autre solution que la démission du président de la République. À cause de cette catastrophique dissolution qui a enclenché un processus politique mortel pour le pays. Je ne rejoins pas Franck Louvrier qui considère qu'il y aurait eu de toutes manières une dissolution et que cette dernière n'est pas la cause de tout. Il oublie que décidée de manière absurde ou accomplie dans la période budgétaire, comme c'était envisagé, elle n'aurait pas engendré les mêmes résultats pour les élections législatives (Mediapart).
On a entendu des analystes généralement pertinents et avertis de la chose politique s'accorder sur le fait que, quel que soit le futur Premier ministre, il y aura un blocage comme pour Michel Barnier. En creux, cela implique un départ du président de la République. Yves Thréard l'a développé le 2 décembre, et questionné par Eric Brunet (BFM TV) et Jérôme Jaffré sur la même ligne le 3 décembre il a déclaré "qu'il n'y avait pas de solution politique en vue. Quel que soit le prochain Premier ministre, il se heurtera aux mêmes problèmes à l'Assemblée nationale, à l'absence de majorité, à l'opposition vigoureuse de la gauche et au jeu d'hostilité du RN".
J'entends bien qu'il est confortable, l'échec constaté, de relever ce qui l'a rendu possible et ce qui aurait pu l'éviter.
La conséquence est qu'il a donné l'impression sur la fin de céder quelques piécettes de manière précipitée en permettant au RN de se camper en bourreau jamais satisfait.
On a reproché à Marine Le Pen d'avoir été irresponsable en plongeant le pays dans la crise. Il me semble assez paradoxal d'avoir toujours répugné à faire entrer le RN, malgré sa multitude d'électeurs, dans le jeu politique classique comme s'il avait la peste - et quelle complaisance en même temps à l'égard de LFI ! - et en même temps de réclamer du parti le plus important à l'Assemblée nationale qu'il se comporte comme s'il était traité sur un mode équitable. Cette discrimination explique sans doute cette attitude, pour le RN, de baroudeur imprévisible et inconséquent, blessé et frustré plus que lucide dans ses desseins parlementaires.
Le président de la République voudrait, pour une fois, aller vite et nommer dans les meilleurs délais un nouveau Premier ministre. Il est peu probable qu'il se tourne vers la gauche. Même celle de François Hollande et de Bernard Cazeneuve. Un gouvernement technique est trop souvent une fausse bonne idée. Emmanuel Macron se décidera-t-il pour François Bayrou assez consensuel et qui piaffe d'impatience pour démontrer qu'il sera l'homme de la situation ? Ou pour Sébastien Lecornu, habile, plein d'entregent, subtil mais, pour certains, trop proche du président ? Ou un(e) autre, surgi(e) des profondeurs de la personnalité présidentielle et validé(e) par Alexis Kohler ? Il est sûr, en tout cas, que personne, même parmi les macronistes les plus fervents, n'aspire aujourd'hui à voir le président reprendre des forces, de la maîtrise et du pouvoir. Qu'il s'estime déjà heureux de pouvoir demeurer jusqu'en 2027 !
Mais sortira-t-on de l'impasse démocratique ? Il y a des miracles qui surgissent au milieu du pire, voire parfois du pire lui-même.
Rédigé le 03 décembre 2024 dans Actualité, international, Justice, Médias, parole, politique, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (95)
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