Chacun a le droit, malgré le Discours de la méthode du génial Descartes, sublime incarnation de la rationalité française, d'avoir, dans son pré carré, son discours à soi et, en totale modestie, de se justifier face à des attaques lassantes à force d'être répétitives et jamais remises en question.
Je vais avoir la chance d'intervenir, le 5 février, devant le groupe de travail "Sécurité et Justice" d'Horizons et j'adore cette ironie d'avoir sans cesse défendu la cause, pour beaucoup désespérée, de LR mais de n'avoir évidemment jamais été convié à partager ma réflexion dans ce parti !
Pour cette prochaine opportunité, j'ai été amené à consulter mon blog en détail depuis la date de sa création en 2005 (sur le conseil de mon frère Pierre), pour rechercher un billet que j'ai en définitive retrouvé : je l'avais publié le 23 août 2022 et il a pour titre : "Changer l'Etat de droit pour protéger les Français..."
Cet inventaire qui a pris du temps m'a permis de dégager quelques orientations fondamentales de ce blog, qui, je l'espère, feront justice du grief me reprochant d'être une "girouette" alors qu'au contraire j'ai toujours privilégié l'unité de moi-même, pour le pire comme pour le meilleur.
Le premier constat est celui de la totale diversité de mes thèmes et sujets. Du dérisoire au banal jusqu'au sérieux, au grave et au tragique. Du futile au profond. De l'affirmation à l'interrogation. Du doute à la dénonciation. De la défense des minoritaires à parfois la mise en cause des puissants.
Le deuxième est celui de mon absolue sincérité dans l'instant. C'est une attitude que j'ai généralisée puisque j'en use de la même manière sur Twitter et sur TikTok. J'insiste sur cette disposition qui me semble capitale puisqu'elle ne m'a jamais conduit à rétracter le moindre de mes posts, de mes tweets et de mes monologues. Je n'ai jamais compris cette tendance actuelle visant de plus en plus, sous des pressions multiples, à contredire le lendemain ce qu'on avait exprimé la veille. Aucune justification pour cette lâcheté sauf à considérer qu'on n'attache aucune importance à ce qu'on écrit au moment où on le formule. Cela n'interdit nullement de préciser sa pensée ou son information mais rien qui ressemble à un reniement de confort ou de faiblesse.
Le troisième, qui découle directement du précédent, est celui d'une honnêteté intégrale qui m'incite à ne jamais dénigrer ou admirer en gros mais toujours à appréhender au détail, à partir d'une conception qui me rend moi-même mobile et équitable quand les cibles d'un jour ont modifié leur attitude le lendemain. Cette manière de procéder peut être très mal perçue parce que pour les esprits se flattant de leur fixité, elle ressemblerait à une forme d'opportunisme, d'adaptation permanente, d'insupportable pragmatisme.
Pour moi, elle représente heureusement l'inverse.
Le président de la République, globalement critiquable, pour sa personnalité comme pour ses évolutions tactiques semant la confusion, est aussi parfois quelqu'un de remarquable. Je ne succomberai jamais, en ce qui le concerne, à la facilité de le tourner en dérision quand ils ne sont pas nombreux à le valoir, ombres et lumières comprises.
Nicolas Sarkozy formidable en 2007 s'est fortement dégradé depuis. Il faut dire le début et le déclin.
J'ai pu estimer, admirer même l'avocat Dupond-Moretti, loué les débuts du ministre puis regretter les dérives de ce dernier tant pour des motifs objectifs qu'à cause de contentieux personnels. Quand le garde des Sceaux est revenu à une forme de normalité et de classicisme, je n'ai pas hésité à le reconnaître tout en regrettant la perversion du choix initial dû au couple Macron.
LFI est aux antipodes de ma conception politique, de ce que devraient imposer la qualité du débat public et la courtoisie républicaine mais cela ne m'a jamais empêché de sauver du naufrage général quelques personnalités singulières qui m'ont frappé par leur intelligence ou leur finesse. Par exemple Manuel Bompard, Ugo Bernalicis, Clémentine Autain...
Le couple Corbière-Garrido a eu une attitude digne au sujet de leur fille. Vais-je le nier au prétexte qu'ils sont des députés de LFI, d'ailleurs mis au ban par Jean-Luc Mélenchon ?
Je ne voterai pas pour Jordan Bardella mais Complément d'enquête lui a fait un sale coup avec des méthodes qui si on en usait pour tous les partis rendraient la démocratie irrespirable !
On pourra trouver sur ce blog mille contradictions assumées et notre cher commentateur Marc Ghinsberg n'aura pas besoin de faire un travail de Romain pour me les reprocher. Je les assume puisqu'à chaque fois ma perception a changé car l'autre, selon moi, a changé. Structurellement ou conjoncturellement.
Il n'est personne, aujourd'hui, qui ne se flatte de penser contre soi-même : la plupart du temps on préfère ne pas se quitter ! D'où le prix que j'attache, pour ma part, à ces apparentes désertions.
Le dernier constat est celui de pouvoir s'ébattre dans une irresponsabilité revendiquée. Je peux tout dire puisque je ne suis en charge de rien, sinon de ce blog qui me concerne seul pour ce qu'il a de positif ou de négatif. En politique on n'a pas à me demander de comptes. Se situer en dehors sur le plan intellectuel, quelle merveilleuse liberté pour critiquer ceux qui agissent, tous les Créon qui font ce qu'ils peuvent ! Sur ce blog je suis le roi et mon pouvoir est considérable. Les contradictions, les opposants, les ennemis sont ma richesse, la rançon de ma puissance.
Au fond c'est une question de justice. Puisque je n'ai jamais fui ni rien rétracté et que ma sincérité n'a jamais été mise en doute, je revendique d'avoir le droit d'affirmer que mes opinions et convictions sont heureusement, intelligemment je l'espère, révisables. Que je préfère l'honneur de l'équité et de la mesure à la perversion si reposante de l'opprobre ou de l'hyperbole en bloc est une donnée dont je n'ai pas à m'excuser. Et si sur beaucoup de sujets mon esprit passe d'un aperçu à l'autre, s'il se trompe, s'il s'égare, s'il confirme, s'il a raison, s'il soutient ou fustige, il a le mérite d'accepter la prodigieuse inventivité du réel et la richesse infinie des êtres qui du jour au lendemain sont au comble puis tombent, se trouvent en bas puis s'élèvent.
Celui qui ne s'enferme pas en lui comme dans une forteresse, qui est curieux de l'autre, qui l'écoute, qui ne pose pas sur la complexité des choses et de l'humain la roideur glaçante d'une pensée immobile est à féliciter.
Être une girouette signifie qu'on bouge par intérêt, pour se faire bien voir, pour complaire aux puissants, pour accabler les modestes, par une instabilité maladive.
J'ose dire que je suis aux antipodes d'un tel comportement. Est-ce à dire que je ne suis pas conscient de ce qui pourrait me menacer ? Le goût de la provocation, l'envie parfois de défendre l'indéfendable, une antipathie risquant de me rendre partial, dispositions que je sens en moi et contre lesquelles je lutte...
Mais désolé, tout ce qu'on veut, mais pas une girouette !
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