On a beau tourner dans tous les sens la confrontation entre la justice et la police, sous l'oeil d'un pouvoir accumulant les banalités et heureux de voir un conflit secondaire passer avant sa responsabilité capitale, les conclusions sont simples pourtant et je ne peux que confirmer mon billet du 24 juillet : la police a tort mais vive la police !
Frédéric Veaux et Laurent Nuñez ont forcé le trait en soutenant, le premier confirmé par le second, qu'avant tout procès, fors les atteintes à la probité, un policier ne devrait pas être incarcéré. Au regard de l'État de droit et de la procédure pénale, ils ne peuvent être approuvés. Pas de justice d'exception surtout, et rien ne serait pire, d'ailleurs, que des juridictions spécialisées souhaitées par certains syndiqués...
Mais il faut partager leur révolte, et celle de l'ensemble des fonctionnaires de police si on veut bien considérer tout ce qu'ils subissent depuis des années, et encore plus sous les mandats d'Emmanuel Macron qui donne l'impression de soutenir les forces de l'ordre un jour sur deux, l'autre étant plein de mansuétude pour leurs agresseurs ! Il convient donc de relativiser les hauts cris d'une partie de la magistrature tentant de constituer en Himalaya une fronde pourtant compréhensible...
Dans cette confusion et ces lâchetés solennelles, bravo au ministre de l'Intérieur pour avoir apporté un soutien sans équivoque à la police et rappelé qu'elle ne souhaitait pas "l'impunité mais le respect" (BFMTV).
Il est rassurant qu'avec cette effervescence, où un extrémisme politique se voulant subversif et un large soutien médiatique pleurnichard en se trompant de coupables s'en donnent à coeur joie, le peuple, lui, ne s'égare pas puisque 70 % des Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron pour garantir l'ordre public (CNews).
Désaveu d'autant plus cinglant qu'on a encore dans l'esprit et l'oreille "L'ordre, l'ordre, l'ordre", cette répétition du président de la République cherchant à nous assurer, de Nouméa, qu'il était le mieux qualifié pour être notre bouclier. Il s'est abandonné à un enthousiasme un peu naïf sur la tranquillité publique revenue en quatre jours seulement, feignant d'oublier le rôle décisif sur ce plan de la connivence entre imams, trafiquants de drogue et émeutiers...
Le macronisme, structurellement gangrené par le "en même temps", fort avec les faibles mais sans vigueur contre les forts, cherchait à faire illusion en affichant dans son verbe une autorité régalienne pour tenter d'obtenir les soutiens qui lui manquaient. Derrière cette façade, l'implacable lucidité des Français n'était pas dupe et voyait la préoccupante réalité : un pouvoir de mots, une inaptitude profonde à prendre la mesure d'une délinquance et d'une criminalité ne cessant de croître avec, en certains quartiers, des communautés face à face où des minorités imposent leur loi bien davantage que la police qui ne peut plus les investir.
Il y a quelque chose qui défie l'entendement dans la plupart des propos du Président : sa manière de poser un voile rose, une constante autosatisfaction, sur l'ensemble qui indigne, désespère ou meurtrit notre pays, ajoute au désarroi des citoyens qui non seulement observent ce qui est et dont ils pâtissent mais doivent supporter le déni présidentiel.
Comme l'indique l'excellent Arnaud Teyssier sur la situation politique française, "il ne reste guère au président que les ressources de la rhétorique" (Le Point). Ces ressources sont les seules dont il dispose pour faire croire que la lutte contre l'insécurité et l'immigration clandestine, la restauration de l'ordre républicain et le soutien aux forces de l'ordre font partie des priorités de ce gouvernement de bric et de broc qui, s'il donne un peu d'espoir pour de rares ministres, globalement paraît peu armé pour affronter les défis et les dangers de demain.
En même temps qu'Emmanuel Macron s'imagine nous leurrer en traitant notre pays qui va mal comme s'il allait bien et en tentant, par calcul, de s'afficher de droite sur les sujets régaliens, une forte majorité de Français est en état de défiance, sent la comédie en dessous et avec une implacable lucidité dénonce le roi qui est nu derrière l'illusionniste.
Il ne faudrait pas que l'opposition républicaine soit plus naïve que ces Français-là.
Les commentaires récents