Cela fait longtemps que je désirais aborder ce thème. Ce qui me détermine à le traiter enfin, c'est que "l'animateur de M6, Stéphane Plaza (SP), est accusé de violences par trois anciennes compagnes" (Le Parisien). Il s'agirait "d'humiliations, de menaces et de violences verbales ou physiques".
SP conteste absolument avoir eu les comportements qui lui sont reprochés, il a porté plainte pour "harcèlement et cyberharcèlement" contre les trois femmes concernées. M6 a ouvert une enquête interne à la suite de l'article de Mediapart ayant mis en cause l'animateur.
Je n'ai pas à me prononcer sur le fond de ces affaires, pour l'instant incertain.
Je me souviens de Stéphane Plaza quand il avait été invité dans Les Vraies Voix sur Sud Radio il y a plus d'un an. Il nous avait enchantés par sa gentillesse, sa spontanéité et sa vivacité. Je l'avais trouvé le même que dans les émissions où il recherchait des appartements pour des couples qu'il faisait rire tout en ayant beaucoup de compétence dans ce domaine immobilier.
Quand j'ai vu apparaître son nom dans une actualité qui depuis MeToo ne cesse pas, qu'elle concerne des viols, des violences conjugales, des agressions sexuelles, je n'ai pas pas pu m'empêcher de penser que c'était cette fois son tour, qu'il succédait à une longue liste de personnalités plus ou moins médiatisées qui en France ou ailleurs, étaient soudain dénoncées, plusieurs années souvent après les faits.
Je ne ne crois pas qu'il soit vraiment nécessaire, de PPDA à Gérard Depardieu, de Nicolas Hulot à Roman Polanski, de Richard Berry à Luc Besson, de rappeler les péripéties judiciaires toujours en cours pour certains, les extinctions d'action publique pour d'autres à cause de la prescription, ou la délivrance d'ordonnances de non-lieu.
Ce qui fascine dans ce surgissement quasiment ininterrompu de culpabilités prétendues ou d'innocences invoquées, dans ce déferlement d'acteurs, de journalistes, de cinéastes projetés dans une lumière suspicieuse, dans un univers à charge, dans un implacable étau où la parole de celles qui révèlent des années plus tard des transgressions n'a même plus le droit d'être questionnée, c'est le caractère irrésistible d'une stigmatisation donnant l'impression que personne n'y échappera.
Qu'il suffit d'attendre pour que, jour après jour, son lot de surprises, d'indignations sincères ou non arrive vers nous. Nous nous repaissons avec une forme de sadisme, tout en jouant les belles âmes persuadées que c'est trop, que ce n'est pas possible !
Nous avons beau être saisis par les réactions souvent tardives des plaignantes, nous avons beau nous interroger sur le caractère collectif des doléances et des réclamations comme si, par une sorte de contagion, l'une ayant ouvert la porte de l'accusation, d'autres allaient suivre forcément, nous avons beau vouloir raison garder, ne pas constituer tout rapport de séduction tel un rapport de force, ne pas prendre systématiquement les femmes pour des fragilités livrées sans défense à l'appétit des autres, il n'en demeure pas moins qu'il y a dans notre stupéfaction, quand des noms tombent, comme l'amorce d'une intuition que nous aurions eue de longue date !
Notre société en est arrivée à un point où elle pourrait nous laisser penser qu'elle ne voue pas aux gémonies parce qu'elle voit juste et juge bien mais parce que stigmatiser est doux. Et que, quels que soient les puissants et les modalités de leur domination, les rabaisser console et rassure. On les a sortis d'une lumière éclatante pour les faire entrer dans l'obscurité contrainte et délétère où plus rien ne va de soi mais où ils ont tout à prouver.
Aujourd'hui c'est Stéphane Plaza qui se tient sur cette sombre scène. Qu'il soit coupable ou innocent.
Qui sera le suivant ?
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